Victor Desarzens (Chef d'orchestre)

  • français
  • 1984-05-23
  • Dauer: 00:52:51

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Beschreibung

Voué à son art de toutes ses fibres, il crée l'Orchestre de Chambre de Lausanne et en fait un ensemble de réputation internationale, renouvelant le répertoire romand et permettant au public, pendant la guerre, de découvrir Monteverdi. La musique, sous sa baguette, s'est élevée jusqu'aux registres de la «vraie vie», sur le chemin d'une espérance tout illuminée par les fins dernières.

00:00:00 – 00:01:39 (Séquence 0) : Générique du début du Plans-Fixes consacré à Victor Desarzens, chef d'orchestre, et tourné à Aran-sur-Villette le 23 mai 1984. L'interlocuteur est Bertil Galland.
00:01:39 – 00:04:25 (Séquence 1) : L'interlocuteur rappelle que Victor Desarzens a été à la tête de l'Orchestre de chambre de Lausanne, pendant les années 1940 et la guerre. Il a fait découvrir au grand public les œuvres de Monteverdi, il lui demande à ce sujet de situer cet artiste dans l'idée qu'il se fait du développement de la musique. Desarzens explique vouloir attirer l'attention du public sur le fait que pendant la pré-Renaissance, les compositeurs écrivaient des musiques objectives, exemptes de sentiments, comme "La messe de l'homme armé". La grande révolution artistique a eu lieu pendant la Renaissance, marquée par les œuvres de deux personnalités. Victor Desarzens raconte d'abord l'histoire du Comte Gesualdo, un noble vénitien qui écrivait des madrigaux, dans une solitude totale, après avoir tué sa femme adultère. Il révèle ensuite que le deuxième personnage est Claudio Monteverdi.
00:04:26 – 00:05:37 (Séquence 2) : Victor Desarzens retrace une sorte d'histoire de la musique autour de la figure de Monteverdi. Il explique que ce dernier et Wagner abordent le même problème qui consiste à pratiquer une forme d'égotisme stendhalien, mettant en avant les sentiments humains dans la musique. Desarzens revient à Monteverdi pour démontrer qu'il est très différent de ses contemporains, comme Roland de Lassus.
00:05:39 – 00:07:42 (Séquence 3) : Victor Desarzens parle de Roland de Lassus, un compositeur de la Renaissance, contemporain de Monteverdi, et explique que les deux sont très différents en ce sens que la musique de Lassus ne peut être rapprochée de celle de Wagner au même titre que celle de Monteverdi. Lassus n'aborde en effet jamais les questions affectives ni n’exalte les émotions à travers sa musique comme l'ont fait Monteverdi, puis les Romantiques Schumann et Wagner.
00:07:44 – 00:11:57 (Séquence 4) : Victor Desarzens résume une histoire de la musique et parle de Frank Martin, qui fait l'objet d'une exposition lors de l'ouverture des fêtes des semaines musicales de Lucerne, le 17 août 1984. Il le situe dans l'histoire de la musique en le décrivant comme un "homme de la garde", car allant à contre-courant de la pensée de l'époque selon laquelle l'homme s’imagine posséder des pouvoirs exceptionnels ; cependant, celui-ci est victime d’une erreur grossière. Selon une suggestion de Frank Martin, Desarzens place l’homme sous le "sceau du cheval noir de l'Apocalypse", présent dans l’oeuvre "In terra pax" de Martin. Cela signifie que Desarzens pense que l'époque que l’on vit est apocalyptique, car il n’y a plus de relation de chair et d’idée, ni de relation à la transcendance. Pire : l'homme se sert mal de la technique, qui s’inscrit en faux contre elle-même. Desarzens donne un exemple : dix ans auparavant, pour le 80e anniversaire de la naissance de Frank Martin, il lui avait rendu hommage. Il avait visité une galerie pilote au Musée de Lausanne, à l'époque de Berger et a détesté la banderole "art" suspendue en travers du Palais de Rumine, ce qui va pour lui contre la transcendance qu'amène l'art en général.
00:11:59 – 00:13:54 (Séquence 5) : Victor Desarzens revient sur la banderole comportant le mot "art" en travers du Palais de Rumine à l'époque d'une exposition au Musée de Lausanne. Il rapproche cela de Sartre et son livre "La nausée" : ces objets exposés au musée dans leur réalité, présentés dans leur matérialité, lui ont fait penser à la race de désespérés dont parle Sartre dans son livre. Victor Desarzens cite cet auteur pour parler de la relation à la transcendance et du désespoir de l'avoir perdue. Il affirme avoir décidé alors de reprendre le flambeau pour cesser cette profanation de l'art qui l’indignait comme au Musée de Lausanne.
00:13:57 – 00:16:45 (Séquence 6) : Victor Desarzens continue à voguer dans l’histoire de la musique, après Gesualdo et Monteverdi. La première figure historique marquante qu'il voit après eux est Jean-Sébastien Bach, "le grand architecte". En utilisant ce terme, il fait référence à Dante, Ezéchiel, Jacob et Moïse, dont les textes montrent que Bach est le grand architecte. Victor Desarzens aborde le testament de Bach, à savoir "L'art de la fugue", et le fait que les lecteurs de ce texte se questionnent depuis lors sur cette énigme musicale. Desarzens soutient l'opinion que Dieu a rappelé Bach à lui pour qu'il ne perce pas des mystères non destinés à l'humain en finissant "L'art de la fugue".
00:16:49 – 00:17:59 (Séquence 7) : Victor Desarzens poursuit son histoire de la musique après Bach et parle de ses trois fils qui appartiennent déjà à une période décadente et ouvrent la porte au baroque, que Desarzens trouve éminemment ennuyeux. Il en profite pour critiquer l'industrie de la musique qui n'hésite pas à descendre au plus bas pour vendre de la musique médiocre.
00:18:03 – 00:23:43 (Séquence 8) : Victor Desarzens passe au prochain temps fort de son histoire de la musique : Beethoven, un être, selon lui, très personnel et qui se trouve à l'apogée de la notion classique de la musique. Desarzens le décrit comme une personne assumant les deux tendances de l'être humain, la bonne et la mauvaise, ainsi que la responsabilité, le tragique et la misère qui l’accompagnent. Il voit en Beethoven la réconciliation d'éléments semblant contradictoires et qui ne sont vraiment que corrélatifs au sens philosophique du terme. C'est pourquoi il accorde une très grande place aux quatuors de Beethoven, dont il s'attache à décrire les opus 132 et 135. Le premier comporte un mouvement très lent, ce qui rend l'interprétation très importante, car le mouvement est de l'ordre de celui des astres. Pour Victor Desarzens, seul le quatuor Busch a su restituer le texte de Beethoven. L'opus 135 est de l'ordre de l'ineffable car le mouvement lent pose la tonalité en deux mesures, réparties entre le violoncelle, l'alto, le second violon et le premier. Desarzens explique que pour lui, la tonalité est la couleur du temps vécu. La suite de l'opus 135 comporte 4 variations qui amènent à chaque fois un élément nouveau s'incrustant sur l'élément premier. Pour Desarzens, cela permet un voyage unique de l'auditeur. Il rapproche donc Beethoven de Frank Martin avec la phrase du quatuor "Muß es sein? Es muß sein".
00:23:47 – 00:25:04 (Séquence 9) : L'interlocuteur interroge Victor Desarzens sur son apprentissage de la musique avec son père quand il était enfant. Originaire de Boncourt (vers le lac de Bienne) et fervent de musique, son père était boulanger de profession au Pays-d’Enhaut, puis à la Coopérative de Château-d'Oex. Desarzens raconte qu'il avait été impressionné quand, montant sur la colline de l'église de Château-d'Oex, il avait vu l'expression "au nom de Dieu, donnez aux pauvres" dont le "au" était effacé, ce qui lui avait paru quelque peu irrévérencieux.
00:25:09 – 00:25:55 (Séquence 10) : Victor Desarzens dit que son père chantait et jouait du violon. Il faisait partie de la société chorale "La Récréation", dirigée par Alexandre Denéréaz à Yverdon. Il était aussi gymnaste et avait fondé une société d'athlétisme. Victor Desarzens ajoute que son père lui offrit un violon quand il avait quatre ans.
00:26:00 – 00:28:21 (Séquence 11) : L'interlocuteur demande à Victor Desarzens de parler de sa réputation de petit virtuose. Desarzens explique qu'il avait un professeur à Yverdon très mal perçu par la société, car comme Gilliard à Lausanne, il défilait dans les cortèges du 1er mai. Desarzens apprenait le violon avec lui en suivant la méthode Suzuki, c'est-à-dire en jouant directement sans assise théorique. A l'âge de neuf ans, quand ses parents déménagèrent à Lausanne, il leur fut suggéré d'initier Desarzens à la technique de la musique. Il assista alors aux leçons de la professeure Hélène Mayor, la femme du directeur de chant du Conservatoire de Lausanne.
00:28:27 – 00:29:48 (Séquence 12) : Victor Desarzens parle de sa rencontre décisive avec José Porta, un violoniste espagnol réfugié en Suisse pendant la première guerre mondiale. Il déclare que Porta lui a révélé le sens profond de la musique, puis émet des digressions sur sa mère et son ascendance bernoise.
00:29:55 – 00:30:56 (Séquence 13) : Victor Desarzens parle de sa mère, qui avait pris la décision de compléter sa formation en lui faisant donner des leçons de musique par madame Mayor. Elle lui expliquait le solfège de manière imagée : le triolet devenait un parapluie abritant des poussins et les quintes des wagons que l’on décrochait et raccrochait.
00:31:03 – 00:33:56 (Séquence 14) : Sur demande de l'interlocuteur, Victor Desarzens parle de son professeur José Porta. Cette rencontre fut décisive car Porta le trouvait merveilleux. Ce dernier l'avait auditionné et Victor Desarzens avait joué entre autres, un caprice de Paganini. Porta lui demanda d'acheter "Des Sonata da chieza" de Corelli et d'apprendre la troisième sonate, ce que Desarzens trouvait très simple. Or, Porta le détrompa et lui fit tout reprendre pour lui expliquer le sens de la musique.
00:34:04 – 00:36:58 (Séquence 15) : Sur demande de l'interlocuteur, Victor Desarzens parle de son professeur José Porta et de son rôle spirituel pour lui. Desarzens se décrit comme un être tragique qui ne se contente pas de ce qui satisfait normalement les êtres. Il cite Hölderlin par rapport à l'homme coupé de ses racines et de son livre Hypérion pour affirmer que l'homme cherche à retrouver l'unité première. Victor Desarzens explique que Porta lui a donc fait replonger ses racines dans cette transcendance dont il se sentait coupé. Il met cette coupure sur le compte du protestantisme. S'il se sent chrétien, il pense que le protestantisme l'a conditionné. Il en profite pour annoncer qu'il va partir à Jérusalem pour aller sur les traces du Christ. C'est Porta qui l'a rattaché au catholicisme et par là, à ses racines.
00:37:06 – 00:41:16 (Séquence 16) : Victor Desarzens parle des dérives politiques, religieuses ou musicales auxquelles peuvent conduire l’application d’un dogme. L'interlocuteur relève ici une allusion à la dodécaphonie et Desarzens s’exprime sur cette musique. Pour l’évoquer, il s’arrête sur un passage du "Vin herbé" de Frank Martin, œuvre qu’il a souvent dirigée. Rempli d’émotion, il résume le passage où Tristan et Yseult réalisent qu’ils vont boire la potion. Puis il explique que c’est à la dixième exécution de cette pièce qu’il a réalisé que le thème qui situe ce moment de l'histoire est une série dodécaphonique stricte. Il l'a signalé à un tenant dogmatique du système dodécaphonique en lui expliquant les impressions que donne cette série. Son interlocuteur lui a rétorqué que cette série n’était pas dodécaphonique parce qu’elle évoquait des fonctions tonales dans son parcours.
00:41:25 – 00:42:49 (Séquence 17) : L'interlocuteur évoque d’abord la période où Desarzens jouait comme premier violon sous la direction d'Ansermet pour l'Orchestre de la Suisse Romande, fonction qu’il quitte brusquement, puis la création de l’Orchestre de chambre de Lausanne, avec l'appui de personnalités comme le docteur Fernand Cardis. Bertil Galland lui demande ensuite de parler de la réaction d'Ansermet. Desarzens raconte que le docteur Blanchod, l'explorateur, était furieux de sa décision, alors qu'Ansermet n'y a vu aucun problème.
00:42:58 – 00:44:01 (Séquence 18) : Victor Desarzens raconte que plusieurs années après qu’il eut quitté l'Orchestre de la Suisse Romande pour fonder l'Orchestre de chambre, Ansermet lui fit remarquer qu’il était resté avec lui le temps nécessaire pour apprendre ce qu’il maîtrisait bien ou moins bien. Ansermet lui révéla cette pensée quand Desarzens l’avait invité pour diriger un concert de l'Orchestre de chambre de Lausanne. Desarzens précise que leurs rapports étaient marqués par une courtoisie, une déférence et un respect mutuel absolus.
00:44:10 – 00:45:54 (Séquence 19) : L'interlocuteur dit à Victor Desarzens que sa musique a toujours été entourée par d'autres arts – car il est un grand lecteur. Il évoque les amis de Desarzens : Charles Albert, Alexandre Cingria et Lélo Fiaux. L'interlocuteur lui demande de parler de cette dernière dont il a été l'ami proche. Desarzens évoque la passion de Lelo Fiaux pour les mains, dont il tient une reproduction au moment de l'entretien, sentiment que sa femme et lui partageaient également. Il décrit Fiaux comme un "être de soufre" qui lui rappelait un orgue de procession, comme ceux que l’on peut entendre dans un musée genevois d’instruments, à côté de l'Eglise russe. Il en conclut que Fiaux "souffrait" et était "éminemment soufrée". Il avoue avoir passé des heures inoubliables avec elle et son épouse.
00:46:04 – 00:48:28 (Séquence 20) : A la demande de l'interlocuteur, Victor Desarzens retrace un spectacle qu'il envisageait de créer avec son amie Lélo Fiaux, "Le couronnement de Poppée". A l’instar d’Alexandre Cingria au café du Buffet de la gare à Lausanne pour l' "Ode à Sainte Sophie", ils dessinaient les décors sur les nappes en papier du Café du Raisin. Il dépeint Fiaux comme un être malicieux et féroce, ce qui la rapproche du peintre Auberjonois et de lui-même. Il parle de sa maison de Saint-Saphorin qui avait un palier par étage et de son atelier, où elle peignait le portrait de la femme de Desarzens, avant d'y renoncer à cause de sa souffrance excessive. Il raconte qu'elle avait une cuvette aux WC, achetée chez Blondel à Lausanne, du vieux Sèvres, au-dessus de laquelle était accroché le portrait d'Ansermet avec sa barbe assyrienne. Ceci pour éviter qu’ils oublient tout sentiment de modestie. Il rapporte que son propre maître Porta admirait beaucoup Beethoven, mais l'avait quand même mis dans la cuisine. De même, son ami le sculpteur [ Ozouf ] laisse sa plus belle œuvre aux toilettes.
00:48:38 – 00:50:13 (Séquence 21) : L'interlocuteur demande à Victor Desarzens de lui parler de Bosshard, mais Desarzens préfère d’abord ouvrir une parenthèse, car il se rappelle un souvenir en lien avec la férocité d'Auberjonois. Il raconte qu'un jour, après avoir rendu visite au tailleur Jean Viviani, qui possédait une belle collection d'art, Cingria lui avait proposé de rendre visite à Auberjonois. Desarzens, d’abord réticent à cause de l'âge d'Auberjonois, s'était finalement laissé convaincre. Attendant sur le palier que la bonne annonce leur venue, ils entendirent Auberjonois crier qu’il n’était pas là. Nonobstant, ils entrèrent et partagèrent un bon moment avec ce dernier. Desarzens repère dans cette attitude une ressemblance avec la férocité de Lélo Fiaux qui, à son avis, est une forme de recherche de la vérité.
00:50:24 – 00:51:48 (Séquence 22) : L'interlocuteur demande à Victor Desarzens de lui parler de Bosshard, chez qui ses amis et lui se retrouvaient. Desarzens commence à évoquer ces rencontres chez Bosshard puis propose de trinquer à la "commune union". Puis il raconte une anecdote de son enfance à Yverdon, quand il commettait des bêtises avec les sonnettes de portes des notables.
00:51:59 – 00:52:15 (Séquence 23) : L'interlocuteur demande à Victor Desarzens ce qu'a écrit Lélo Fiaux derrière le tableau qu'elle lui a offert. Desarzens répond "A Vic et Louki, en souvenir de la vie". Il boit ensuite à sa santé, ce qui clôt l'entretien.
00:52:26 – 00:52:39 (Séquence 24) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Victor Desarzens, chef d'orchestre, et tourné à Aran-sur-Villette le 23 mai 1984.
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