Dr Edouard Jequier-Doge (Professeur de policlinique médicale 1950-1977)
- Französisch
- 1986-05-06
- Dauer: 00:46:53
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Beschreibung
Ce film présente un médecin qui a été l'un des plus grands pédagogues de l'Université de Lausanne. Son intelligence supérieure et le goût du défi lui ont inspiré une approche du malade radicalement opposée aux modes, et fondée sur l'attention portée à la personne. Son intérêt pour la psychanalyse l'ouvre à la médecine psychosomatique. En 1954, il crée des remous parmi ses confrères en analysant ses propres erreurs de diagnostic. Cette grande heure de cinéma, où le professeur-–comédien ne craint pas d'étonner, est une leçon exemplaire d'art médical.
00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Edouard Jéquier-Doge et tourné à Lausanne le 6 mai 1986. L'interlocuteur est Bertil Galland.
00:00:11 – 00:00:54 (Séquence 1) : Edouard Jéquier-Doge dit avoir arrêté depuis 10 ans d'enseigner à la Faculté de médecine. Il n'a pas donné de leçon d'adieu et il ne voulait pas faire de Plans-Fixes. Ce sont ses amis, qui sont aussi ses élèves, qui ont insisté. Il a accepté en pensant surtout aux médecins qu'il a formés et avec lesquels il a gardé un très bon contact.
00:00:54 – 00:01:23 (Séquence 2) : Edouard Jéquier-Doge explique qu'en s'approchant de ses 80 ans, il pense à sa jeunesse et à sa formation. Il veut comprendre comment il est arrivé à l'enseignement de la médecine et à la pratiquer avec succès. Il aimerait comprendre quelle a été l'originalité de son enseignement.
00:01:24 – 00:03:31 (Séquence 3) : Edouard Jéquier-Doge dit avoir été appelé à enseigner subitement, à cause de la maladie de son patron en 1940, le Professeur Louis Michaud. Il n'avait jamais enseigné et il s'est retrouvé devant un auditoire de 150 personnes, qu'il avait uniquement fréquenté lors d'exercices d'osculation. Son patron était une grande personnalité mais un mauvais pédagogue. Il a essayé de faire différemment, en raison aussi de son propre orgueil et du respect de sa profession. Il a si bien réussi que d'emblée les étudiants l'ont applaudi. Ceci l'a encouragé et obligé à continuer dans cette voie. Après une semaine, il avait passé les sujets spéciaux sur lesquels il était particulièrement renseigné et il a dû commencer à préparer d'autres cours.
00:03:32 – 00:06:05 (Séquence 4) : Edouard Jéquier-Doge explique que son but était de rendre service aux étudiants en les obligeant à l'écouter. Pour réussir, il faut leur donner ce qui les intéresse. Il pouvait lire sur leurs visages s'ils étaient intéressés ou non. Il a compris que les théories étaient bien expliquées dans les livres, ce qui les intéressait c'était surtout les malades. C'est très difficile de présenter un malade dans un cours. Les cours étaient des cliniques, où on présentait un malade dans son lit. Il faut trouver un malade et le préparer à affronter des situations qui pourraient le vexer. Il y a une façon de le préparer et ensuite de le présenter à un auditoire. L'enseignement a été un entraînement qui lui a fait plaisir mais qui l'a surchargé aussi. En effet, il avait également un poste de chef de clinique à plein temps pendant la guerre avec des assistants envoyés à l'armée et remplacés par des dames. L'enseignement du Professeur Michaud était très lourd, une heure à une heure et demie de cours chaque jour.
00:06:07 – 00:06:57 (Séquence 5) : Edouard Jéquier-Doge explique que pendant ses 35 ans d'enseignement, plus il avançait, plus ses cours se sont simplifiés. Au début, il aimait reproduire des chiffres et des schémas au tableau, ensuite il a arrêté de le faire. Il n'a pas utilisé l'audiovisuel mais il a montré aux étudiants des malades.
00:07:00 – 00:09:02 (Séquence 6) : Edouard Jéquier-Doge explique qu'il y a différentes façons de montrer des malades à des étudiants. Normalement, on le laisse dans son lit. Il a essayé de faire participer les élèves. À la polyclinique, il faisait marcher les malades devant l'auditoire. Il demandait aux étudiants ce qu'ils remarquaient, dans la façon de marcher du malade, sur son visage, dans ses mimiques. Les malades acceptaient cette sorte de théâtre. Ils y prenaient plaisir si on ne les blessait pas. Il a toujours convaincu les malades de participer, parfois il prenait les mêmes malades d'une année à l'autre. À la clinique médicale, le malade choisi ne pouvait pas échapper à la présentation. À la polyclinique, il présentait trois malades par cours et ils se sont presque toujours présentés les trois.
00:09:06 – 00:09:46 (Séquence 7) : Edouard Jéquier-Doge dit s'être trouvé une fois sans malades à un cours où il devait en présenter. Il a cherché dans ses dossiers le cas d'un malade qu'il suivait et a promis aux étudiants qu'ils le verraient le jour d'après. Le malade venait de Martigny. Il était assez secoué de devoir faire seul un entraînement pratique.
00:09:51 – 00:10:08 (Séquence 8) : Edouard Jéquier-Doge dit que son enseignement est fait du respect du malade et de la médecine, ce qui oblige à connaître la matière pour dire la vérité aux étudiants.
00:10:13 – 00:11:37 (Séquence 9) : L'interviewer demande à Edouard Jéquier-Doge ce qu'est la médecine élégante. Il répond qu'elle n'existe plus. Une médecine élégante est formée d'un interrogatoire soigné, avec un bon contact, un examen précis. Avec ça, elle arrive à un diagnostic assez précis sans passer par de nombreux examens ou laboratoires techniques. Les médecins praticiens sont souvent confrontés à des cas qui ne nécessitent pas d'hospitalisation, de radiographies ou d'autres examens. Il a une grande admiration pour les anciens médecins qu'il a connus dans sa jeunesse. Ils se débrouillaient avec rien et se trompaient très peu. Le médecin de village connaissait tout le monde et l'histoire des familles, leur héritage.
00:11:43 – 00:14:22 (Séquence 10) : Edouard Jéquier-Doge explique que la technique est un apport considérable en médecine, mais elle est chère et parfois elle n'est pas indispensable. La tendance est de l'utiliser le plus possible. Dans les procès contre les médecins, les examens jouent à leur décharge, ils sont la preuve de leur bonne conscience, surtout s'ils sont nombreux. Il faut garder l'idéal d'une médecine simple mais juste. Pour ça, il faut avoir le sens clinique. La clinique se fait au lit du malade. La médecine était autrefois basée sur des signes cliniques, comme le signe de Babinski. Des signes qui se trouvent chez le malade et pas dans un examen. Le développement de la technique n'a pas effacé les signes cliniques, mais il les a déplacés. C'est toujours penché sur le lit du malade qu'il faut faire la synthèse, qu'il faut avoir du bon sens, que se fait le choix, la simplification des différents éléments, ou la mise en valeur d'un petit symptôme qui est la clé du problème. Le sens clinique ne s'enseigne pas, bien qu'il ait essayé de le faire pendant 35 ans. Il est fait d'expérience, de mémoire. La médecine élégante est faite de beaucoup de sens clinique.
00:14:28 – 00:18:05 (Séquence 11) : Edouard Jéquier-Doge cite un épisode pratique. Une patiente venue de Belgique dans une station de montagne avec son médecin. Il a été appelé à faire une consultation externe. La radiographie montrait un réticule dans le poumon. Les médecins pensaient à un cancer du poumon. Sur le bras gauche, elle n'avait pas de pression ni de pouls. En la palpant sous le bras, il a trouvé une boule, ainsi que dans son sein. C'était une lymphangite carcinomateuse. Souvent, on se concentre sur un élément, la radiographie, et on oublie de faire une anamnèse, un statut général. C'est un exemple qui montre comment la solution peut être dans un petit détail. Personne n'est à l'abri d'erreurs pareilles.
00:18:12 – 00:19:57 (Séquence 12) : Edouard Jéquier-Doge explique qu'en 1955 il avait organisé un cours de perfectionnement pour les médecins. Une journée avait été consacrée aux erreurs de diagnostic. Il y avait un médecin, un chirurgien, un anatomopathologiste, un laboratoire et tout le monde parlait des erreurs médicales. À la fin de la journée, Ferdinand Gonseth, leur philosophe national, bien qu'aveugle, a fait une synthèse de tout ce qu'il avait entendu. Il en a tiré une philosophie de l'erreur. Il a souligné l'importance de reconnaître ses propres erreurs pour pouvoir progresser. Les cas qu'il avait présentés durant cette journée ont fait l'objet d'une publication. Sur 600 médecins, 300 avaient participé à ce cours, alors qu'aujourd'hui les cours de perfectionnement sont très peu fréquentés. Le livre a eu du succès, mais il a été mal compris. La présidence de l'Association suisse de médecine interne lui a prié de cesser de faire du tort à la profession.
00:20:05 – 00:21:20 (Séquence 13) : L'interviewer rappelle qu'Edouard Jéquier-Doge, devenu directeur de la polyclinique, a fait un rapport pour la Société suisse de psychiatrie sur la médecine psychosomatique. Il explique que c'était une question de culture générale. Etudiant en première année propédeutique à Neuchâtel, il allait tous les matins écouter Jean Piaget qui n'était pas encore à Genève à l'Institut Rousseau. Piaget avait commencé par observer ses propres enfants. Ensuite, il a dû passer un propédeutique en physique avec un professeur qui ne le connaissait pas beaucoup, ce qui n'a pas été facile.
00:21:28 – 00:23:41 (Séquence 14) : Edouard Jéquier-Doge dit avoir été frappé pendant ses études de médecine, dans les années 1928-1930, de ne jamais entendre parler de Freud. Il était mal vu en médecine. Il a rencontré une camarade d'étude, qui est devenue sa femme, Marguerite Doge. Elle était au contraire passionnée par ces questions. Ils avaient des amis qui s'étaient soumis à une psychanalyse. À cause de la guerre, le docteur Charles Odier, président de l'Association française de psychanalyse, était venu s'installer à Lausanne. Sa femme s'est soumise à une psychanalyse, car elle voulait se spécialiser dans cette voie après la médecine. Pendant ce temps, il avait l'impression qu'un fossé se creusait entre lui et sa femme, ce qui l'a poussé un an après à en faire une lui aussi. Il s'est découvert une névrose importante qui lui a permis de rester 11 ans et demi à la polyclinique auprès de son maître qui avait un caractère difficile en interprétant les sautes d'humeur de son maître.
00:23:50 – 00:24:46 (Séquence 15) : Edouard Jéquier-Doge dit avoir eu la chance de faire deux ans de psychanalyse avec Odier. Plus tard, il en a fait une deuxième avec une femme. Au moment d'entrer à la polyclinique, lors d'un congrès, il a été chargé d'un rapport sur la médecine psychosomatique. Le président de la Société suisse de psychiatrie savait qu'il avait des intérêts dans ce domaine. Il avait encouragé une douzaine d'assistants de la clinique à se soumettre à une psychanalyse. Selon lui, elle permet aux médecins d'avoir une meilleure compréhension du malade, et une attitude plus juste avec une tolérance plus grande pour juger les cas.
00:24:56 – 00:25:24 (Séquence 16) : Edouard Jéquier-Doge explique que la psychosomatique est complémentaire à la psychanalyse, les deux disciplines partagent les mêmes centres d'intérêts. La psychosomatique l'a encouragé d'avantage à mettre le malade au centre de sa profession dans sa totalité au lieu de le partager selon les différentes spécialités des médecins.
00:25:34 – 00:27:17 (Séquence 17) : Edouard Jéquier-Doge a fait une première psychanalyse avec Charles Odier, un grand maître, qui est devenu ensuite son patient. Suite à la maladie de sa femme, il a senti le besoin de faire une deuxième psychanalyse. Il a choisi de la faire avec Germaine Guex, qui est devenue une amie. Il voulait découvrir qui il était vraiment et ce qu'il pouvait supporter. Edouard Jéquier-Doge explique que Charles Odier a regretté de n'avoir pas été assez dur avec lui lors de sa psychanalyse. Charles Odier a peut-être eu peur de trop l'ébranler dans un moment délicat. Il avait en effet des responsabilités en tant que chef de clinique et comme chargé de cours.
00:27:28 – 00:28:53 (Séquence 18) : Edouard Jéquier-Doge explique que les névroses remontent toujours à l'enfance et que les parents jouent un grand rôle. Sa mère était très intelligente mais très dure et inaffective. Elle donnait beaucoup d'importance à la discipline et à la perfection. Il se souvient d'un reproche de sa mère alors qu'il était premier de sa classe. Elle l'avait réprimandé en réaction à l'admiration de son père. L'éducation de sa mère était religieuse, mais surtout morale, une morale ajoutée à la religion. Il pense que le christianisme bien conçu peut être une source d'épanouissement, mais dans les montagnes neuchâteloises, on y ajoutait une morale étroite et pesante qui empêchait le développement.
00:29:04 – 00:29:05 (Séquence 19) : Edouard Jéquier-Doge dit avoir fait son collège à Fleurier. A 16 ans, il est descendu faire le gymnase à Neuchâtel où il a fait son baccalauréat et son premier propédeutique.
00:29:16 – 00:30:15 (Séquence 20) : Edouard Jéquier-Doge explique que son père avait essayé de devenir violoniste. Dans sa jeunesse, il a essayé de devenir un des dix élèves de Joachim à la Hochschule mais sans succès. Il est rentré dans sa vallée et il est devenu horloger, comme toute sa famille. C'était un homme d'église mais plus vivant, plus libre que sa mère. Il aimait la nature et ses abeilles. Sa mère était trop intelligente, elle avait eu peut-être un traumatisme dans son enfance et elle a développé un caractère de "mère abusive".
00:30:26 – 00:35:50 (Séquence 21) : Edouard Jéquier-Doge cite un cas pour illustrer son discours sur la psychosomatique et la psychanalyse. Une femme qui souffrait d'hypoglycémie par anorexie mentale. Son problème était lié à sa solitude ainsi qu'à sa relation de couple et au fait de ne pas avoir eu d'enfant. Elle avait des excès de rage contre son mari. Elle avait un grand dossier de diverses analyses. Il la voyait toujours accompagnée de son mari car elle ne tenait pas debout. Il lui a prescrit un médicament pour retrouver l'appétit mais qui est difficile à gérer à cause de ses effets secondaires. Il lui a fait de la suggestion. Elle a commencé à aller mieux et elle a arrêté de venir chez lui. Une année plus tard, il l'a contactée pour lui demander de venir à une présentation de malade en public. Il l'a vue pour la première fois seule. Elle lui a confié ses angoisses. Il est impressionné de mesurer le rôle minime qu'il a joué dans ce cas.
00:36:02 – 00:38:18 (Séquence 22) : Edouard Jéquier-Doge cite un cas pour illustrer son discours sur la psychosomatique. Il a soigné une patiente qui avait des prurits sur le ventre. Le service dermatologique craignait une mastocytose. Il existe en effet des tumeurs qui commencent par des prurits. Il a perçu les signes que la maladie avait une origine psychologique. Elle avait eu une fille en dehors de son mariage. Elle venait d'un village primitif, loin d'un grand centre, où les gens parlent avec leur corps car ils n'expliquent rien. Elle avait des lésions là où ses mains pouvaient gratter. C'était donc une maladie neurologique, ou psychique et non dermatologique. C'est l'exemple de l'importance des indices tels que les mensonges ou les contradictions d'un malade. Il a réussi à la soigner mais elle a fait une deuxième maladie psychique, une fausse tumeur cérébrale.
00:38:31 – 00:40:08 (Séquence 23) : Edouard Jéquier-Doge dit avoir terminé ses études en 1933. Il avait déjà 26 ans, car il avait été malade pendant le gymnase. Une maladie qui a compté dans sa décision de faire la médecine. Des 30 étudiants de médecine, deux ont trouvé une place à Lausanne, les autres sont partis. Edouard Jéquier-Doge est allé en Allemagne faire de l'anatomie pathologique puis il a trouvé une place à Aarau. Il est ensuite entré à la clinique médicale en 1934 comme volontaire, car il voulait rattraper les années perdues au gymnase. Après, il est allé chez le Professeur Decker en chirurgie avec lequel il a appris à critiquer la médecine. Une expérience cruciale. En 1937, il a été nommé chef de clinique, par hasard, car P. H. Rossier avait été nommé à Zurich.
00:40:21 – 00:41:07 (Séquence 24) : Edouard Jéquier-Doge dit avoir été chef de clinique jusqu'en 1939, la guerre l'avait placé chez Nestlé. En 1940 son patron est tombé malade et il l'a remplacé. Les étudiants l'ont encouragé à devenir professeur. En 1942, son patron s'est cassé une jambe et il l'a à nouveau remplacé. Il a été nommé privat-docent, sans discours inaugural ni thèse d'habilitation. En 1950, il a été nommé à la polyclinique qu'il a dirigée et où il a enseigné pendant 27 ans.
00:41:20 – 00:42:09 (Séquence 25) : Edouard Jéquier-Doge explique qu'il n'était pas dérangé par le fait que les locaux de la polyclinique soient en mauvais état. Il n'a jamais demandé de réparations à l'Etat, qui les a faites par la suite pour son successeur. Il pense que c'était possible de faire une bonne médecine malgré la situation, qui au contraire les stimulait à surpasser les conditions difficiles.
00:42:23 – 00:42:58 (Séquence 26) : Edouard Jéquier-Doge explique que l'homme a développé son intelligence dans un contexte de difficultés, comme chez l'homme des cavernes. Il aime le concept de "qui-vive perpétuel". Il a peur de l'abondance, il craint que le peuple qu'il aime, après avoir montré ses vertus, dégénère dans l'abondance et la richesse.
00:43:13 – 00:43:56 (Séquence 27) : Edouard Jéquier-Doge explique que l'année où il a été malade a été une période cruciale dans sa vie, car il a commencé à se cultiver. Il venait d'une famille honnête et distinguée, mais où la culture n'existait pas. Il n'y avait pas d'universitaire dans sa famille. La maladie lui a permis de lire et de se développer. Ses goûts ont évolué et se sont perfectionnés plus tard quand il est entré aux Belles Lettres à Lausanne. Son intérêt pour l'humain s'est développé chez lui avec la médecine et parallèlement à elle.
00:44:11 – 00:44:53 (Séquence 28) : Edouard Jéquier-Doge explique que l'auteur le plus important de sa jeunesse était André Gide. Après en avoir été dégoûté, il l'a retrouvé après sa mort dans les "Cahiers de la petite dame". Il explique que la lecture est fondamentale pour lui, malgré ses activités médicales. Il a eu la chance de ne pas avoir besoin de beaucoup de sommeil.
00:45:09 – 00:45:35 (Séquence 29) : Edouard Jéquier-Doge dit avoir joué au football par le biais de Belles-Lettres. Il avait la réputation d'être méchant, mais c'est simplement lié au fait qu'il savait jouer, alors que les étudiants n'en étaient pas capables. Il a joué jusqu'à ses 50 ans ce qui lui a permis d'avoir un contact avec les jeunes générations de bellettriens. Il participait aux matchs et aux soirées de l'association.
00:45:52 – 00:46:14 (Séquence 30) : L'interviewer rappelle qu'Edouard Jéquier-Doge et sa femme, même pendant sa maladie, étaient très hospitaliers. Il explique que les professeurs de médecine avaient autrefois une cuisinière et une femme de chambre, mais les temps ont changé et il a dû se mettre à la cuisine de même que sa femme médecin aussi. Ils se sont amusés, surtout le week-end lorsque le domestique n'était pas chez eux.
00:46:32 – 00:46:35 (Séquence 31) : Edouard Jéquier-Doge dit avoir pris goût au vin par son contact avec des vignerons. Dans sa jeunesse, il n'en avait pas bu. Atteint d'une néphrite, il avait été au régime jusqu'à passé 20 ans. Il a été invité aux vendanges par des vignerons qui étaient ses malades. Il a depuis participé à des vendanges toutes les années. Malgré l'effort physique, il était toujours content. Il a découvert le processus de vinification ainsi que les qualités de son odorat. Il savait qu'il avait un bon odorat, en médecine souvent l'odeur d'un malade l'aidait à faire un diagnostic.
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00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Edouard Jéquier-Doge et tourné à Lausanne le 6 mai 1986. L'interlocuteur est Bertil Galland.
00:00:11 – 00:00:54 (Séquence 1) : Edouard Jéquier-Doge dit avoir arrêté depuis 10 ans d'enseigner à la Faculté de médecine. Il n'a pas donné de leçon d'adieu et il ne voulait pas faire de Plans-Fixes. Ce sont ses amis, qui sont aussi ses élèves, qui ont insisté. Il a accepté en pensant surtout aux médecins qu'il a formés et avec lesquels il a gardé un très bon contact.
00:00:54 – 00:01:23 (Séquence 2) : Edouard Jéquier-Doge explique qu'en s'approchant de ses 80 ans, il pense à sa jeunesse et à sa formation. Il veut comprendre comment il est arrivé à l'enseignement de la médecine et à la pratiquer avec succès. Il aimerait comprendre quelle a été l'originalité de son enseignement.
00:01:24 – 00:03:31 (Séquence 3) : Edouard Jéquier-Doge dit avoir été appelé à enseigner subitement, à cause de la maladie de son patron en 1940, le Professeur Louis Michaud. Il n'avait jamais enseigné et il s'est retrouvé devant un auditoire de 150 personnes, qu'il avait uniquement fréquenté lors d'exercices d'osculation. Son patron était une grande personnalité mais un mauvais pédagogue. Il a essayé de faire différemment, en raison aussi de son propre orgueil et du respect de sa profession. Il a si bien réussi que d'emblée les étudiants l'ont applaudi. Ceci l'a encouragé et obligé à continuer dans cette voie. Après une semaine, il avait passé les sujets spéciaux sur lesquels il était particulièrement renseigné et il a dû commencer à préparer d'autres cours.
00:03:32 – 00:06:05 (Séquence 4) : Edouard Jéquier-Doge explique que son but était de rendre service aux étudiants en les obligeant à l'écouter. Pour réussir, il faut leur donner ce qui les intéresse. Il pouvait lire sur leurs visages s'ils étaient intéressés ou non. Il a compris que les théories étaient bien expliquées dans les livres, ce qui les intéressait c'était surtout les malades. C'est très difficile de présenter un malade dans un cours. Les cours étaient des cliniques, où on présentait un malade dans son lit. Il faut trouver un malade et le préparer à affronter des situations qui pourraient le vexer. Il y a une façon de le préparer et ensuite de le présenter à un auditoire. L'enseignement a été un entraînement qui lui a fait plaisir mais qui l'a surchargé aussi. En effet, il avait également un poste de chef de clinique à plein temps pendant la guerre avec des assistants envoyés à l'armée et remplacés par des dames. L'enseignement du Professeur Michaud était très lourd, une heure à une heure et demie de cours chaque jour.
00:06:07 – 00:06:57 (Séquence 5) : Edouard Jéquier-Doge explique que pendant ses 35 ans d'enseignement, plus il avançait, plus ses cours se sont simplifiés. Au début, il aimait reproduire des chiffres et des schémas au tableau, ensuite il a arrêté de le faire. Il n'a pas utilisé l'audiovisuel mais il a montré aux étudiants des malades.
00:07:00 – 00:09:02 (Séquence 6) : Edouard Jéquier-Doge explique qu'il y a différentes façons de montrer des malades à des étudiants. Normalement, on le laisse dans son lit. Il a essayé de faire participer les élèves. À la polyclinique, il faisait marcher les malades devant l'auditoire. Il demandait aux étudiants ce qu'ils remarquaient, dans la façon de marcher du malade, sur son visage, dans ses mimiques. Les malades acceptaient cette sorte de théâtre. Ils y prenaient plaisir si on ne les blessait pas. Il a toujours convaincu les malades de participer, parfois il prenait les mêmes malades d'une année à l'autre. À la clinique médicale, le malade choisi ne pouvait pas échapper à la présentation. À la polyclinique, il présentait trois malades par cours et ils se sont presque toujours présentés les trois.
00:09:06 – 00:09:46 (Séquence 7) : Edouard Jéquier-Doge dit s'être trouvé une fois sans malades à un cours où il devait en présenter. Il a cherché dans ses dossiers le cas d'un malade qu'il suivait et a promis aux étudiants qu'ils le verraient le jour d'après. Le malade venait de Martigny. Il était assez secoué de devoir faire seul un entraînement pratique.
00:09:51 – 00:10:08 (Séquence 8) : Edouard Jéquier-Doge dit que son enseignement est fait du respect du malade et de la médecine, ce qui oblige à connaître la matière pour dire la vérité aux étudiants.
00:10:13 – 00:11:37 (Séquence 9) : L'interviewer demande à Edouard Jéquier-Doge ce qu'est la médecine élégante. Il répond qu'elle n'existe plus. Une médecine élégante est formée d'un interrogatoire soigné, avec un bon contact, un examen précis. Avec ça, elle arrive à un diagnostic assez précis sans passer par de nombreux examens ou laboratoires techniques. Les médecins praticiens sont souvent confrontés à des cas qui ne nécessitent pas d'hospitalisation, de radiographies ou d'autres examens. Il a une grande admiration pour les anciens médecins qu'il a connus dans sa jeunesse. Ils se débrouillaient avec rien et se trompaient très peu. Le médecin de village connaissait tout le monde et l'histoire des familles, leur héritage.
00:11:43 – 00:14:22 (Séquence 10) : Edouard Jéquier-Doge explique que la technique est un apport considérable en médecine, mais elle est chère et parfois elle n'est pas indispensable. La tendance est de l'utiliser le plus possible. Dans les procès contre les médecins, les examens jouent à leur décharge, ils sont la preuve de leur bonne conscience, surtout s'ils sont nombreux. Il faut garder l'idéal d'une médecine simple mais juste. Pour ça, il faut avoir le sens clinique. La clinique se fait au lit du malade. La médecine était autrefois basée sur des signes cliniques, comme le signe de Babinski. Des signes qui se trouvent chez le malade et pas dans un examen. Le développement de la technique n'a pas effacé les signes cliniques, mais il les a déplacés. C'est toujours penché sur le lit du malade qu'il faut faire la synthèse, qu'il faut avoir du bon sens, que se fait le choix, la simplification des différents éléments, ou la mise en valeur d'un petit symptôme qui est la clé du problème. Le sens clinique ne s'enseigne pas, bien qu'il ait essayé de le faire pendant 35 ans. Il est fait d'expérience, de mémoire. La médecine élégante est faite de beaucoup de sens clinique.
00:14:28 – 00:18:05 (Séquence 11) : Edouard Jéquier-Doge cite un épisode pratique. Une patiente venue de Belgique dans une station de montagne avec son médecin. Il a été appelé à faire une consultation externe. La radiographie montrait un réticule dans le poumon. Les médecins pensaient à un cancer du poumon. Sur le bras gauche, elle n'avait pas de pression ni de pouls. En la palpant sous le bras, il a trouvé une boule, ainsi que dans son sein. C'était une lymphangite carcinomateuse. Souvent, on se concentre sur un élément, la radiographie, et on oublie de faire une anamnèse, un statut général. C'est un exemple qui montre comment la solution peut être dans un petit détail. Personne n'est à l'abri d'erreurs pareilles.
00:18:12 – 00:19:57 (Séquence 12) : Edouard Jéquier-Doge explique qu'en 1955 il avait organisé un cours de perfectionnement pour les médecins. Une journée avait été consacrée aux erreurs de diagnostic. Il y avait un médecin, un chirurgien, un anatomopathologiste, un laboratoire et tout le monde parlait des erreurs médicales. À la fin de la journée, Ferdinand Gonseth, leur philosophe national, bien qu'aveugle, a fait une synthèse de tout ce qu'il avait entendu. Il en a tiré une philosophie de l'erreur. Il a souligné l'importance de reconnaître ses propres erreurs pour pouvoir progresser. Les cas qu'il avait présentés durant cette journée ont fait l'objet d'une publication. Sur 600 médecins, 300 avaient participé à ce cours, alors qu'aujourd'hui les cours de perfectionnement sont très peu fréquentés. Le livre a eu du succès, mais il a été mal compris. La présidence de l'Association suisse de médecine interne lui a prié de cesser de faire du tort à la profession.
00:20:05 – 00:21:20 (Séquence 13) : L'interviewer rappelle qu'Edouard Jéquier-Doge, devenu directeur de la polyclinique, a fait un rapport pour la Société suisse de psychiatrie sur la médecine psychosomatique. Il explique que c'était une question de culture générale. Etudiant en première année propédeutique à Neuchâtel, il allait tous les matins écouter Jean Piaget qui n'était pas encore à Genève à l'Institut Rousseau. Piaget avait commencé par observer ses propres enfants. Ensuite, il a dû passer un propédeutique en physique avec un professeur qui ne le connaissait pas beaucoup, ce qui n'a pas été facile.
00:21:28 – 00:23:41 (Séquence 14) : Edouard Jéquier-Doge dit avoir été frappé pendant ses études de médecine, dans les années 1928-1930, de ne jamais entendre parler de Freud. Il était mal vu en médecine. Il a rencontré une camarade d'étude, qui est devenue sa femme, Marguerite Doge. Elle était au contraire passionnée par ces questions. Ils avaient des amis qui s'étaient soumis à une psychanalyse. À cause de la guerre, le docteur Charles Odier, président de l'Association française de psychanalyse, était venu s'installer à Lausanne. Sa femme s'est soumise à une psychanalyse, car elle voulait se spécialiser dans cette voie après la médecine. Pendant ce temps, il avait l'impression qu'un fossé se creusait entre lui et sa femme, ce qui l'a poussé un an après à en faire une lui aussi. Il s'est découvert une névrose importante qui lui a permis de rester 11 ans et demi à la polyclinique auprès de son maître qui avait un caractère difficile en interprétant les sautes d'humeur de son maître.
00:23:50 – 00:24:46 (Séquence 15) : Edouard Jéquier-Doge dit avoir eu la chance de faire deux ans de psychanalyse avec Odier. Plus tard, il en a fait une deuxième avec une femme. Au moment d'entrer à la polyclinique, lors d'un congrès, il a été chargé d'un rapport sur la médecine psychosomatique. Le président de la Société suisse de psychiatrie savait qu'il avait des intérêts dans ce domaine. Il avait encouragé une douzaine d'assistants de la clinique à se soumettre à une psychanalyse. Selon lui, elle permet aux médecins d'avoir une meilleure compréhension du malade, et une attitude plus juste avec une tolérance plus grande pour juger les cas.
00:24:56 – 00:25:24 (Séquence 16) : Edouard Jéquier-Doge explique que la psychosomatique est complémentaire à la psychanalyse, les deux disciplines partagent les mêmes centres d'intérêts. La psychosomatique l'a encouragé d'avantage à mettre le malade au centre de sa profession dans sa totalité au lieu de le partager selon les différentes spécialités des médecins.
00:25:34 – 00:27:17 (Séquence 17) : Edouard Jéquier-Doge a fait une première psychanalyse avec Charles Odier, un grand maître, qui est devenu ensuite son patient. Suite à la maladie de sa femme, il a senti le besoin de faire une deuxième psychanalyse. Il a choisi de la faire avec Germaine Guex, qui est devenue une amie. Il voulait découvrir qui il était vraiment et ce qu'il pouvait supporter. Edouard Jéquier-Doge explique que Charles Odier a regretté de n'avoir pas été assez dur avec lui lors de sa psychanalyse. Charles Odier a peut-être eu peur de trop l'ébranler dans un moment délicat. Il avait en effet des responsabilités en tant que chef de clinique et comme chargé de cours.
00:27:28 – 00:28:53 (Séquence 18) : Edouard Jéquier-Doge explique que les névroses remontent toujours à l'enfance et que les parents jouent un grand rôle. Sa mère était très intelligente mais très dure et inaffective. Elle donnait beaucoup d'importance à la discipline et à la perfection. Il se souvient d'un reproche de sa mère alors qu'il était premier de sa classe. Elle l'avait réprimandé en réaction à l'admiration de son père. L'éducation de sa mère était religieuse, mais surtout morale, une morale ajoutée à la religion. Il pense que le christianisme bien conçu peut être une source d'épanouissement, mais dans les montagnes neuchâteloises, on y ajoutait une morale étroite et pesante qui empêchait le développement.
00:29:04 – 00:29:05 (Séquence 19) : Edouard Jéquier-Doge dit avoir fait son collège à Fleurier. A 16 ans, il est descendu faire le gymnase à Neuchâtel où il a fait son baccalauréat et son premier propédeutique.
00:29:16 – 00:30:15 (Séquence 20) : Edouard Jéquier-Doge explique que son père avait essayé de devenir violoniste. Dans sa jeunesse, il a essayé de devenir un des dix élèves de Joachim à la Hochschule mais sans succès. Il est rentré dans sa vallée et il est devenu horloger, comme toute sa famille. C'était un homme d'église mais plus vivant, plus libre que sa mère. Il aimait la nature et ses abeilles. Sa mère était trop intelligente, elle avait eu peut-être un traumatisme dans son enfance et elle a développé un caractère de "mère abusive".
00:30:26 – 00:35:50 (Séquence 21) : Edouard Jéquier-Doge cite un cas pour illustrer son discours sur la psychosomatique et la psychanalyse. Une femme qui souffrait d'hypoglycémie par anorexie mentale. Son problème était lié à sa solitude ainsi qu'à sa relation de couple et au fait de ne pas avoir eu d'enfant. Elle avait des excès de rage contre son mari. Elle avait un grand dossier de diverses analyses. Il la voyait toujours accompagnée de son mari car elle ne tenait pas debout. Il lui a prescrit un médicament pour retrouver l'appétit mais qui est difficile à gérer à cause de ses effets secondaires. Il lui a fait de la suggestion. Elle a commencé à aller mieux et elle a arrêté de venir chez lui. Une année plus tard, il l'a contactée pour lui demander de venir à une présentation de malade en public. Il l'a vue pour la première fois seule. Elle lui a confié ses angoisses. Il est impressionné de mesurer le rôle minime qu'il a joué dans ce cas.
00:36:02 – 00:38:18 (Séquence 22) : Edouard Jéquier-Doge cite un cas pour illustrer son discours sur la psychosomatique. Il a soigné une patiente qui avait des prurits sur le ventre. Le service dermatologique craignait une mastocytose. Il existe en effet des tumeurs qui commencent par des prurits. Il a perçu les signes que la maladie avait une origine psychologique. Elle avait eu une fille en dehors de son mariage. Elle venait d'un village primitif, loin d'un grand centre, où les gens parlent avec leur corps car ils n'expliquent rien. Elle avait des lésions là où ses mains pouvaient gratter. C'était donc une maladie neurologique, ou psychique et non dermatologique. C'est l'exemple de l'importance des indices tels que les mensonges ou les contradictions d'un malade. Il a réussi à la soigner mais elle a fait une deuxième maladie psychique, une fausse tumeur cérébrale.
00:38:31 – 00:40:08 (Séquence 23) : Edouard Jéquier-Doge dit avoir terminé ses études en 1933. Il avait déjà 26 ans, car il avait été malade pendant le gymnase. Une maladie qui a compté dans sa décision de faire la médecine. Des 30 étudiants de médecine, deux ont trouvé une place à Lausanne, les autres sont partis. Edouard Jéquier-Doge est allé en Allemagne faire de l'anatomie pathologique puis il a trouvé une place à Aarau. Il est ensuite entré à la clinique médicale en 1934 comme volontaire, car il voulait rattraper les années perdues au gymnase. Après, il est allé chez le Professeur Decker en chirurgie avec lequel il a appris à critiquer la médecine. Une expérience cruciale. En 1937, il a été nommé chef de clinique, par hasard, car P. H. Rossier avait été nommé à Zurich.
00:40:21 – 00:41:07 (Séquence 24) : Edouard Jéquier-Doge dit avoir été chef de clinique jusqu'en 1939, la guerre l'avait placé chez Nestlé. En 1940 son patron est tombé malade et il l'a remplacé. Les étudiants l'ont encouragé à devenir professeur. En 1942, son patron s'est cassé une jambe et il l'a à nouveau remplacé. Il a été nommé privat-docent, sans discours inaugural ni thèse d'habilitation. En 1950, il a été nommé à la polyclinique qu'il a dirigée et où il a enseigné pendant 27 ans.
00:41:20 – 00:42:09 (Séquence 25) : Edouard Jéquier-Doge explique qu'il n'était pas dérangé par le fait que les locaux de la polyclinique soient en mauvais état. Il n'a jamais demandé de réparations à l'Etat, qui les a faites par la suite pour son successeur. Il pense que c'était possible de faire une bonne médecine malgré la situation, qui au contraire les stimulait à surpasser les conditions difficiles.
00:42:23 – 00:42:58 (Séquence 26) : Edouard Jéquier-Doge explique que l'homme a développé son intelligence dans un contexte de difficultés, comme chez l'homme des cavernes. Il aime le concept de "qui-vive perpétuel". Il a peur de l'abondance, il craint que le peuple qu'il aime, après avoir montré ses vertus, dégénère dans l'abondance et la richesse.
00:43:13 – 00:43:56 (Séquence 27) : Edouard Jéquier-Doge explique que l'année où il a été malade a été une période cruciale dans sa vie, car il a commencé à se cultiver. Il venait d'une famille honnête et distinguée, mais où la culture n'existait pas. Il n'y avait pas d'universitaire dans sa famille. La maladie lui a permis de lire et de se développer. Ses goûts ont évolué et se sont perfectionnés plus tard quand il est entré aux Belles Lettres à Lausanne. Son intérêt pour l'humain s'est développé chez lui avec la médecine et parallèlement à elle.
00:44:11 – 00:44:53 (Séquence 28) : Edouard Jéquier-Doge explique que l'auteur le plus important de sa jeunesse était André Gide. Après en avoir été dégoûté, il l'a retrouvé après sa mort dans les "Cahiers de la petite dame". Il explique que la lecture est fondamentale pour lui, malgré ses activités médicales. Il a eu la chance de ne pas avoir besoin de beaucoup de sommeil.
00:45:09 – 00:45:35 (Séquence 29) : Edouard Jéquier-Doge dit avoir joué au football par le biais de Belles-Lettres. Il avait la réputation d'être méchant, mais c'est simplement lié au fait qu'il savait jouer, alors que les étudiants n'en étaient pas capables. Il a joué jusqu'à ses 50 ans ce qui lui a permis d'avoir un contact avec les jeunes générations de bellettriens. Il participait aux matchs et aux soirées de l'association.
00:45:52 – 00:46:14 (Séquence 30) : L'interviewer rappelle qu'Edouard Jéquier-Doge et sa femme, même pendant sa maladie, étaient très hospitaliers. Il explique que les professeurs de médecine avaient autrefois une cuisinière et une femme de chambre, mais les temps ont changé et il a dû se mettre à la cuisine de même que sa femme médecin aussi. Ils se sont amusés, surtout le week-end lorsque le domestique n'était pas chez eux.
00:46:32 – 00:46:35 (Séquence 31) : Edouard Jéquier-Doge dit avoir pris goût au vin par son contact avec des vignerons. Dans sa jeunesse, il n'en avait pas bu. Atteint d'une néphrite, il avait été au régime jusqu'à passé 20 ans. Il a été invité aux vendanges par des vignerons qui étaient ses malades. Il a depuis participé à des vendanges toutes les années. Malgré l'effort physique, il était toujours content. Il a découvert le processus de vinification ainsi que les qualités de son odorat. Il savait qu'il avait un bon odorat, en médecine souvent l'odeur d'un malade l'aidait à faire un diagnostic.
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