Dr Alfredo Vannotti (Professeur de policlinique et clinique médicales - Lausanne 1937-1973)

  • Französisch
  • 1988-09-20
  • Dauer: 00:48:33

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Beschreibung

De renommée internationale, passionné d'endocrinologie, pionnier de l'utilisation de l'iode radioactif pour le diagnostic des affections thyroïdiennes, le professeur Vannotti, après avoir introduit la recherche à la Policlinique médicale de Lausanne, reprend la direction de l'Hôpital Nestlé en 1950. Il y entraîne une équipe de chercheurs-–cliniciens dans les multiples spécialités nouvelles de la médecine interne. Doté d'un riche tempérament, ce Tessinois grandi à Milan est devenu Vaudois de coeur. Peintre et écrivain à ses heures, il projette une lumière vive sur l'époque qu'il a vécue, de l'introduction des premiers sulfamidés aux interrogations éthiques d'aujourd'hui.

00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Alfredo Vannotti, professeur de policlinique et clinique médicales, et tourné à Glion le 20 septembre 1988. L'interlocuteur est Guy Saudan.
00:00:11 – 00:00:56 (Séquence 1) : L'interlocuteur explique qu'Alfredo Vannotti est professeur honoraire à la faculté de médecine de l'Université de Lausanne : pendant 35 ans, de 1937 à 1973, il a occupé tour à tour les chaires de policlinique et de clinique médicales. L'année 1937 a vu l'introduction des premiers sulfamidés et 1973 fut celle du doute quant à la finalité des progrès pourtant sensationnels de la médecine. Entre les deux, la médecine a connu un essor plus grand que pendant les 50 siècles précédents. En 1973, Alfredo Vannotti a laissé à l'Hôpital Nestlé une clinique de renommée internationale, dotée d'une équipe de chercheurs spécialisés.
00:00:56 – 00:03:44 (Séquence 2) : L'interlocuteur explique qu'à 30 ans, en 1937, Alfredo Vannotti a publié un travail très remarqué sur les porphyrines, soit le métabolisme pigmentaire régissant la respiration cellulaire. Le professeur de policlinique médicale de Lausanne est décédé alors que son successeur local désigné venait d'être nommé à Zurich : Alfredo Vannotti a donc eu la chance de sa vie. Un jour, une commission de la faculté de médecine s'est présentée à Berne chez le professeur Walter Frei pour se renseigner sur les capacités et la personnalité de son disciple, Vannotti. Frei a alors répondu qu'il ne dirait rien, de peur de perdre son chef de clinique : une belle recommandation. Quelques mois plus tard, le conseiller d'état Paul Perret a invité Vannotti à Lausanne alors que celui-ci connaissait mal la ville et maîtrisait mal le français. Il arrivera néanmoins à avoir le poste.
00:03:45 – 00:04:09 (Séquence 3) : Alfredo Vannotti a successivement appris l'allemand à 20 ans, puis le français à 30 ans. Il est Tessinois, a grandi à Milan mais a fait ses études à Zurich et à Vienne. Actuellement, il est Vaudois de coeur.
00:04:10 – 00:05:29 (Séquence 4) : Alfredo Vannotti est né à Luino mais a grandi à Milan dans une famille nombreuse, aisée et heureuse. Son père était Tessinois de Bedigliora et avait fait ses études à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich, avant d'entrer à la maison Brown Boveri de Baden, pour laquelle il est ensuite parti à Milan fonder et diriger une succursale. C'est ainsi que toute la famille y est partie, bien qu'elle passât ses étés à Luino, où Vannotti est né. Il a fait ses études de gymnase et de lycée à Milan.
00:05:30 – 00:07:35 (Séquence 5) : Alfredo Vannotti explique qu'il a longtemps hésité quant à sa voie professionnelle, notamment car son père a décidé qu'il devrait suivre des cours de l'université du commerce. Vannotti détestait les chiffres et encore maintenant les mathématiques ne sont pas son fort : de fait, il n'est pas très brillant dans la voie que lui a choisie son père. Comme il se promenait beaucoup, il a rencontré un jeune homme qui apportait des grenouilles à l'université de biologie de Milan. Vannotti l'a donc accompagné à l'institut de biologie où on lui a donné un manuel qu'il a étudié par coeur. C'est comme cela qu'il a choisi de devenir médecin, au plus grand étonnement de son père.
00:07:37 – 00:08:53 (Séquence 6) : Alfredo Vannotti raconte ses études à Zurich, sur les traces de son père, et également pour fuir le fascisme en Italie des années 1920. Les étudiants devaient alors s'incorporer à une milice et le consul suisse a conseillé à Vannotti de ne pas le faire, sous peine d'avoir des difficultés quand il rentrerait en Suisse faire son service militaire. Il ne s'est donc pas inscrit malgré les demandes répétées : on l'a pris pour un antifasciste et on a cherché à le lui faire payer. C'est là que son père a accepté de l'envoyer à Zurich.
00:08:55 – 00:10:04 (Séquence 7) : Alfredo Vannotti raconte son arrivée à Zurich. Dans ce pays étranger, il a eu peur car il ne savait pas bien l'allemand. Il s'est adapté et a été finalement heureux de connaître un mode de vie si différent du sien. Il était identifié comme Milanais ou Tessinois, pas comme tout le monde donc, et il s'est comporté comme tel.
00:10:07 – 00:11:57 (Séquence 8) : L'interlocuteur évoque les études à Zurich, Vienne et Paris d'Alfredo Vannotti, avant qu'il ne devienne l'assistant du Professeur Walter Frei à Berne. Sa carrière universitaire commence alors : il est maintenant privat docent. Vannotti explique qu'il était à l'époque le dernier assistant de l'équipe. Walter Frei était un homme sévère mais juste. Vannotti s'est immédiatement trouvé à son aise dans ce cadre, même s'il a parfois eu des contacts un peu orageux avec son chef. Et même si celui-ci lui disait qu'il avait un air de vacancier éternel, il a reconnu à la fin que Vannotti a adouci les moeurs pendant le temps de son emploi. Frei étant imprégné d'une discipline toute germanique, Vannotti a également bénéficié de son temps à Berne en ce sens.
00:12:00 – 00:14:26 (Séquence 9) : Alfredo Vannotti évoque le cas d'une jeune femme hystérique, que le chef de clinique lui avait confiée, pour qu'il se frotte à la psychiatrie. Or cette femme n'était pas hystérique : elle était atteinte d'une porphyrie aiguë, une maladie très rare, produisant de la porphyrine. Vannotti ne connaissait rien du sujet à l'époque, mais est allé se former à Iéna en spectroscopie durant trois semaines. Il a pu séparer les différentes porphyrines et publier le cas ainsi. Sa patiente est morte quelques semaines plus tard. On lui a envoyé quantités d'échantillons pour voir s'il y avait des porphyrines et il a pu repérer quelques cas identiques, qu'il a étudiés. Tous ces cas venant de la même région de Suisse, il en a déduit une corrélation génétique. Il a pu publier différents travaux, ainsi qu'un livre sur le sujet, qui a reçu le Prix Benoist et a lancé sa carrière.
00:14:30 – 00:16:45 (Séquence 10) : Alfredo Vannotti évoque son installation à Lausanne comme directeur de la Policlinique médicale, en 1937. A cette époque, l'établissement était bien organisé, mais tenait plus du dispensaire que de la policlinique avec différents laboratoires. Vannotti avait besoin d'un laboratoire pour travailler correctement et l'a installé progressivement dans une buanderie.
00:16:49 – 00:19:38 (Séquence 11) : Alfredo Vannotti évoque la question des radio-isotopes qu'il a utilisés pour tracer les porphyrines qu'il étudiait. Comme en Europe ces isotopes n'existaient pas, il a dû aller les chercher aux Etats-Unis. Or, en 1937, il avait un assistant américain, rentré chez lui pour la guerre, et ensuite chercheur à l'université de Boston. Pendant la guerre, Vannotti a reçu à la policlinique la visite de l'oncle de ce médecin américain qui lui a proposé de l'aide. Vannotti lui a alors demandé des isotopes de fer radioactif pour ses recherches. Quelques temps après, il a reçu un énorme paquet de ces isotopes à l'ambassade de Berne et ce, alors que la guerre faisait rage. Il a pu commencer ces travaux en utilisant ces isotopes radioactifs - une première européenne.
00:19:42 – 00:20:53 (Séquence 12) : Alfredo Vannotti explique ses recherches sur la fonction thyroïdienne à l'aide d'isotopes radioactifs, venus des Etats-Unis : elles ont mené à la création d'un service axé sur le sujet. Il a donc fallu créer à Lausanne un centre de médecine nucléaire et Vannotti a réuni différents appareils avec l'aide du docteur valaisan Delaloye. Plus tard le service a été dûment créé.
00:20:57 – 00:23:33 (Séquence 13) : Alfredo Vannotti évoque ses voyages en Palestine dont le premier a été effectué en 1948. Le responsable de la mission de l'ONU venait en effet d'être tué à Jérusalem et il fallait trouver un remplaçant : Vannotti. La mission consistait à accueillir, nourrir et soigner les réfugiés arabes de Palestine et à créer des hôpitaux qu'il a remplis avec le personnel de la policlinique médicale. Il a trouvé l'expérience très intéressante.
00:23:38 – 00:27:30 (Séquence 14) : Alfredo Vannotti évoque son entrée à l'Hôpital de Nestlé en 1950 et la période qui s'en est suivie avec, notamment, l'immense avancée scientifique qui a pris place alors. Il avoue contempler avec enthousiasme ce qui a été fait, car il avait à disposition l'instrument de travail idéal qu'était la clinique. Il manquait cependant à Lausanne un institut de biochimie, il s'en est donc fait un petit à Nestlé. Il a alors rencontré Jorg Frei, un biologiste, qui allait devenir chef du laboratoire central du CHUV, avec qui il a beaucoup travaillé. S'ajoute au groupe Monsieur Felber, qui s'est plus occupé des questions d'obésité et de diabète. D'autre part, Vannotti s'est également intéressé à l'endocrinologie qui avait déjà beaucoup progressé, notamment avec l'iode radioactif : un laboratoire a été créé avec l'aide de Thérèse Lemarchand-Béraud, entre autres. Burckhardt est ensuite arrivé de Bâle et de Boston où il avait étudié la parathyroïde. Ainsi, s'est mise en place à Lausanne une bonne équipe endocrinologique qui répondait à la nécessité de se spécialiser de l'époque. Aujourd'hui, les choses sont différentes : Vannotti craint la dispersion, car personne n'a de vue globale de la médecine tant les gens se sont spécialisés.
00:27:36 – 00:28:14 (Séquence 15) : Alfredo Vannotti est le premier à avoir divisé la médecine des porphyrines, mais il affirme être toujours un clinicien malgré sa haute spécialisation. Il a pu garder un certain recul sur la médecine, car il a été formé à une époque où tout était nouveau et arrivait progressivement. Actuellement, l'étudiant en médecine doit tout absorber d'un coup et peine à assimiler.
00:28:21 – 00:31:10 (Séquence 16) : Alfredo Vannotti parle du Centre anticancéreux romand, le CACR, fondé en 1924, et qui donnera plus tard l'Institut suisse de recherches expérimentales sur le cancer, l'ISREC. Le CACR était à l'époque unique en Suisse mais avec peu de subventions. Quand Alfredo Vannotti est devenu directeur de ce centre, l'industriel vaudois Stadler s'en occupait beaucoup : l'argent est donc arrivé et l'Etat s'est intéressé au centre. On a pensé ainsi à créer un institut plus qu'un centre. Or Alfredo Vannotti s'est retrouvé au même moment légataire testamentaire d'un ami grec - Tossizza - qui voulait créer une fondation sur le cancer. L'Etat était d'accord à la condition de pouvoir subventionner un institut de biochimie qui serait rattaché à celui de la recherche contre le cancer de la Fondation Tossizza.
00:31:17 – 00:33:13 (Séquence 17) : Alfredo Vannotti évoque une épidémie de poliomyélite et l'initiative du conseiller d'état Despland qui l'ont poussé à augmenter le volume de l'hôpital Nestlé avec un centre de réanimation, une première en Suisse. Le centre a été confié au professeur de physiopathologie clinique - les soins intensifs - Claude Perret.
00:33:20 – 00:35:04 (Séquence 18) : Alfredo Vannotti parle du calorimètre dont il avait besoin pour ses recherches sur la respiration des cellules. Il s'est adressé à un ingénieur, employé de la Confédération pour le bathyscaphe de l'exposition nationale ; et Nestlé a financé l'achat de la machine. L'instrument est unique au monde et se trouve maintenant au CHUV, aux mains du professeur Eric Jéquier.
00:35:12 – 00:35:57 (Séquence 19) : Alfredo Vannotti évoque la création de l'Institut de pharmacologie clinique à Nestlé. Cela a complété l'établissement qui avait ainsi plusieurs divisions, subdivisions et laboratoires.
00:36:05 – 00:36:51 (Séquence 20) : Alfredo Vannotti commente le fait qu'une majeure partie de son équipe était vaudoise : pour lui, c'est sentimental puisque le canton l'a bien accueilli. En outre, il s'agissait de contrer la discrimination dont peuvent faire les frais Romands et Tessinois, outre Sarine. Il a voulu démontrer qu'il était possible de trouver en terre vaudoise des gens parfaits.
00:37:00 – 00:37:24 (Séquence 21) : Alfredo Vannotti donne sa vision du Vaudois : c'est un rêveur et un sentimental qu'il faut pousser à l'action pour qu'il soit parfait. Le Vaudois donne à la science un certain sens artistique, inné chez les Romands, et si important.
00:37:33 – 00:38:13 (Séquence 22) : Alfredo Vannotti évoque sa retraite à l'âge de 66 ans de la clinique médicale de l'Hôpital Nestlé. Entretemps, il a agrandi et rénové l'établissement, sans parler de l'excellente équipe qu'il a engagée et formée. Il explique sa retraite anticipée par sa paresse tessinoise et par son désir de devenir peintre.
00:38:22 – 00:39:44 (Séquence 23) : Alfredo Vannotti commente sa réorientation à 66 ans vers la peinture. En effet, il en avait assez de faire le pontife, le professeur et de la réflexion trop clinique. Il a souhaité changer sa façon de réfléchir et d'observer la nature, en y ajoutant un peu de sentiment et d'imagination qui lui sont propres et qu'il n'avait jamais pu extérioriser.
00:39:53 – 00:40:15 (Séquence 24) : Alfredo Vannotti raconte sa passion pour l'art : il a même fréquenté les académies, côtoyant ainsi des étudiants qui auraient pu être ses petits enfants. Il a d'ailleurs trouvé chez cette génération une spontanéité, une amabilité et un contact extrêmement humain qui lui ont beaucoup plu.
00:40:25 – 00:40:37 (Séquence 25) : Alfredo Vannotti parle de son goût pour la peinture et explique qu'il a même exposé ses oeuvres, notamment pour être stimulé même s'il regrette de ne pas être allé très loin.
00:40:48 – 00:41:39 (Séquence 26) : Alfredo Vannotti évoque son activité d'écrivain : il a publié en Italie "Les chaînes de Prométhée" en 1976 et en 1985, "J'ai soigné humbles et puissants". Le titre originel de ce dernier ouvrage est en fait "20 gouttes, trois fois par jour" et fait référence à sa volonté de se consacrer au bien-être du malade, sans penser pour une fois à toutes ses recherches. Avec ce livre, il voulait redevenir l'homme qui tend la main à l'autre.
00:41:50 – 00:42:23 (Séquence 27) : Alfredo Vannotti évoque sa retraite. Il a encore une activité médicale pour ne pas tout oublier et aussi parce que ses amis ne semblent pas vouloir le laisser arrêter.
00:42:35 – 00:43:09 (Séquence 28) : L'interlocuteur précise qu'Alfredo Vannotti et lui-même se trouvent à la Clinique Valmont, au-dessus de Montreux, qu'il a reprise après avoir quitté Nestlé. Il a du reste beaucoup apprécié son retour à la pratique de la médecine, ayant fait beaucoup de recherche.
00:43:21 – 00:46:02 (Séquence 29) : Alfredo Vannotti commente la notion d'éthique et d'avancée médicale : si au moment de sa leçon d'adieu à ses étudiants, il avait affirmé vouloir être comme eux à nouveau, aujourd'hui il ne le souhaite plus. Il pense que les chercheurs sont allés peut-être un peu trop loin, même s'il a fait partie de ceux qui ont poussé la recherche. Pour lui, la recherche à fin pratique est souhaitable, au contraire de la recherche à fin idéologique qui peut amener à de graves conséquences. La bioéthique doit être un frein pour réaliser que la recherche doit se faire avec morale, surtout dans la médecine d'aujourd'hui, très technique et finalement peu humaine. Ceci n'est pas un point de vue nouveau pour Vannotti qui en avait déjà parlé en 1959. Il souligne qu'à cette époque on ne jouait pas avec des foetus humains comme maintenant. Des barrières doivent être posées à l'évolution de la science.
00:46:15 – 00:47:49 (Séquence 30) : L'interlocuteur cite une phrase du livre d'Alfredo Vannotti : "Ma vie est une merveilleuse succession de miracles". Vannotti confirme et rappelle qu'il a connu une époque où on traitait la pneumonie avec de l'huile camphrée, où la tuberculose se soignait avec des sirops. Il a connu beaucoup de succès médicaux et se dit comblé d'avoir pu suivre pas à pas l'évolution de la médecine. Vannotti exprime tout son bonheur d'avoir fait de la recherche et insiste sur le fait que le médecin ne doit pas oublier le plus important: l'aide qu'il apporte au patient.
00:48:03 – 00:48:19 (Séquence 31) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Alfredo Vannotti, professeur de policlinique et clinique médicales, et tourné à Glion le 20 septembre 1988.
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