Maurice Cosandey (Professeur Dr h.c. - Président de l'EPFL 1963-1978 - Président du Conseil de EPF 1978-1987)

  • français
  • 1990-06-12
  • Dauer: 00:51:56

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Beschreibung

Il est l'une des chevilles ouvrières qui ont transformé l'Ecole polytechnique universitaire de Lausanne (EPUL) en Ecole fédérale (EPFL), afin de pouvoir répondre aux programmes nationaux, aux exigences de la recherche contemporaine, et maintenir un niveau d'enseignement supérieur. Sous sa présidence (1963–-1978), les différents corps de l'Ecole sont réorganisés, les disciplines trop cloisonnées réunies dans une perspective interdisciplinaire, le Département de technologie des matériaux créé, les mathématiques développées, tout cela grâce au climat qui règne entre tous, étudiants, professeurs, personnel administratif et technique, présidence.

00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Maurice Cosandey et tourné à Lausanne le 12 juin 1990. L'interlocuteur est Bertil Galland.
00:00:11 – 00:02:01 (Séquence 1) : L'interviewer présente Maurice Cosandey. Il relève chez lui une contradiction. Lausannois, ingénieur qui a conduit la politique des écoles, de l'enseignement et de la recherche polytechnique en Suisse, il est un citadin exemplaire, mais il revendique un fond paysan. Maurice Cosandey répond que son père, Hermann Cosandey, était le sixième enfant d'une famille paysanne à Sassel. À l'âge de huit ans, il a perdu sa mère et a été envoyé chez sa grand-mère à Sassel dans la Broye, où il a suivi l'école durant un semestre d'été. Il est ensuite retourné à Sassel tous les étés pour travailler comme paysan. Son père était remarié et sa relation avec sa belle-mère n'était pas sans problèmes. Il a travaillé comme paysan pendant les vacances du collège et de l'université. À la fin de ses études, il était en même temps ingénieur civil et paysan. S'il avait eu les moyens, peut-être aurait-il pris un domaine agricole.
00:02:02 – 00:03:03 (Séquence 2) : Maurice Cosandey explique que le contact avec la campagne lui a apporté deux choses: la santé, car les études d'ingénieurs sont dures, et une vision prospective. Le paysan doit vivre sur le moyen et le long terme. Il ne peut pas vivre au jour le jour. Cette caractéristique de la vie paysanne l'a aidé dès le début de sa carrière. Il a toujours réfléchi à long terme avant de faire une action.
00:03:04 – 00:04:08 (Séquence 3) : L'interviewer demande à Maurice Cosandey quel impact a eu sur lui la mort de sa mère. Il explique que son père s'est remarié assez vite. De ses huit à ses 22 ans, il a eu une relation problématique avec sa belle-mère. Il a vécu dans une certaine solitude. Par contre , il s'entendait très bien avec son frère. À partir de ses 20 ans, il a connu la femme qu'il a ensuite épousée.
00:04:10 – 00:04:46 (Séquence 4) : Maurice Cosandey explique que son goût pour l'ingénierie, la construction, est né très tôt. À l'âge de dix ans déjà, il voulait devenir ingénieur, même s'il ne savait pas ce que ça représentait exactement. Il s'intéressait aux bâtiments qui se construisaient. Il a hésité avant de le dire à son père, qui lui aussi a hésité avant de le laisser étudier l'ingénierie. Il a eu de très bons résultats au collège, c'est peut-être pour cela qu'il a pu poursuivre ses études.
00:04:48 – 00:05:16 (Séquence 5) : Maurice Cosandey explique que son père était sévère. Le rapport problématique avec sa belle-mère a mis son père en difficulté. Il garde de cette période un très bon souvenir. Il pense avoir raffermi son caractère. Il a été néanmoins content le jour où il a pu voler de ses propres ailes.
00:05:19 – 00:06:00 (Séquence 6) : Maurice Cosandey dit ne pas garder de souvenir de la période précédant la mort de sa mère, lorsqu'il avait huit ans. Son plus ancien souvenir est celui de l'ensevelissement de sa mère. Il a eu probablement un choc psychologique.
00:06:03 – 00:07:24 (Séquence 7) : Maurice Cosandey dit avoir suivi l'Ecole d'ingénieurs de Lausanne de 1936 à 1940. C'était une petite école incorporée à l'université. Ses locaux étaient dispersés. Le génie civil avait ses cours à l'avenue de la Tour dans le premier bâtiment de l'Ecole spéciale de Lausanne. L'Ecole polytechnique avait été créée en 1853, la société privée qui le gérait avait construit un bâtiment à cette adresse. La direction de l'Ecole d'ingénieurs était à Chaudron. Les cours propédeutiques se déroulaient avec les étudiants en Sciences à Rumine. Ils devaient courir d'un lieu à l'autre.
00:07:28 – 00:09:02 (Séquence 8) : Maurice Cosandey explique qu'à l'Ecole d'ingénieurs de Lausanne, il a eu des maîtres extraordinaires. Monsieur Landry était responsable de l'école. Landry avait été l'initiateur de la Dixence, un spécialiste d'électrotechnique avec une réputation internationale. Il avait une réputation égale voire supérieure à ses collègues de l'Ecole polytechnique de Zurich. Les volées étaient petites, en génie civile ils étaient huit. Le contact avec les maîtres était extraordinaire. Landry avait été président jusqu'en 1940, Alfred Stucky lui a succédé. Ce dernier était un spécialiste des barrages. À Lausanne, il avait créé en 1928 deux laboratoires, l'un d'hydraulique et l'autre de géotechnique.
00:09:06 – 00:10:35 (Séquence 9) : Maurice Cosandey dit qu'à l'Ecole d'ingénieurs, il a eu la chance d'avoir des professeurs comme Alfred Stucky, Palaz, le créateur des Grands travaux de Marseille, et Landry. Alfred Stucky était à la fois un grand scientifique, un homme d'affaires et un grand organisateur. Il n'était pas toujours présent aux séances de travaux pratiques, mais quand il était là le contact avec lui était très étroit, avec des discussions profondes. Le contact était assez respectueux avec Stucky, et surtout avec Landry qui était très ouvert pendant les cours mais auprès duquel ils n'allaient presque jamais.
00:10:40 – 00:11:46 (Séquence 10) : Maurice Cosandey explique que la mobilisation pour la deuxième guerre mondiale est arrivée entre son sixième et son septième semestre. A l'Ecole d'ingénieurs, il y avait sept semestres. Il a été mobilisé en septembre comme conducteur d'artillerie de montagne en Valais, à Ardon. Il a été licencié en octobre ce qui lui a permis de reprendre les cours, après 15 jours en Valais pour terminer les vendanges. Après le semestre d'hiver, il a été à nouveau mobilisé. Il a eu un accident et après un séjour à l'hôpital de Monthey de trois semaines, il est rentré à la maison et a pu terminer son diplôme.
00:11:52 – 00:13:11 (Séquence 11) : Maurice Cosandey parle de son école de recrue. Il avait demandé de faire son école en été comme artilleur de montagne. La seule possibilité était de faire l'école dans un groupe spécial de 10 à 15 soldats, en Suisse alémanique, pour servir de cobaye à une école d'aspirants. Il a commencé à Frauenfeld, en voyageant en Suisse allemande et un peu en Romandie. Il était le seul Romand. Il a appris un peu le suisse allemand. Il s'est familiarisé avec la Suisse allemande, ce qui lui a été utile plus tard. Il a mieux compris les différences entre les étudiants romands et alémaniques, et la mentalité de ses derniers.
00:13:17 – 00:13:34 (Séquence 12) : L'interviewer rappelle que Maurice Cosandey, malgré ses études brillantes, n'a pas été encouragé à grader dans l'armée. Il explique que le lieutenant était d'origine allemande. Il avait un aspect prussien et était anti latin.
00:13:41 – 00:14:32 (Séquence 13) : Maurice Cosandey explique qu'il a aimé faire son service militaire avec les mulets. Ils les a découverts pendant la mobilisation. A l'école de recrue, ils avaient des chevaux et non des mulets. Pendant trois ans, il a vécu avec des mulets comme soldat, une période extraordinaire. Pendant trois mois en 1940, il a passé 10 heures par jour seul avec un mulet dans la nature pour ravitailler un PC.
00:14:39 – 00:15:52 (Séquence 14) : Maurice Cosandey explique qu'il a été frappé, pendant la mobilisation à Ardon, par l'accueil généreux de la population. Ils pensaient qu'ils avaient échappé à la guerre de 1914-1918, mais qu'ils n'allaient pas échapper à la présente. Il fallait donc resserrer les liens, renforcer la solidarité. Ils ont beaucoup aidé les femmes, dont les maris étaient en service ailleurs. Ils ont cultivé les terres, aidé pour les vendanges. Il avait commencé des vendanges comme soldat et les avait terminées comme civil.
00:16:00 – 00:17:03 (Séquence 15) : Maurice Cosandey parle de sa carrière militaire. En 1942, il a fait son école de sous-officier et l'école d'aspirant. Il est devenu lieutenant d'artillerie de montagne, il a continué jusqu'au grade de colonel commandant de régiment. Une très belle période, surtout comme commandant de batterie et du régiment 11, de la division de montagne 10. Il a moins aimé être chef d'artillerie. Le commandant de régiment a des responsabilités bien définies. C'était le sommet de sa carrière militaire.
00:17:12 – 00:17:55 (Séquence 16) : Maurice Cosandey explique qu'il a été assistant privé de Monsieur Hübner à l'Ecole d'ingénieurs. Ce poste lui a permis de côtoyer le travail d'inspecteur fédéral des ponts, un poste qui était occupé par son professeur. Hübner l'a mis en contact avec des entreprises, ce qui lui a permis de participer à des travaux comme ingénieur indépendant. Pour ce faire, il avait transformé sa grande chambre en bureau.
00:18:04 – 00:18:37 (Séquence 17) : Maurice Cosandey dit que son premier travail a été un pont en bois sur la ligne de chemin de fer du Brienz Rothorn. Un pont en bois démontable. Le pont métallique avait été emporté par une avalanche. Il fallait en construire un nouveau, et seul le bois permettait une telle performance. Il s'est déplacé à Kriens pour faire les plans. Il est resté très attaché au bois, grâce aussi à Monsieur Hübner qui était un passionné des constructions en bois.
00:18:47 – 00:19:07 (Séquence 18) : Maurice Cosandey dit avoir passé neuf mois aux ateliers Theodor Bell à Kriens, où il a participé au démontage de la construction métallique pour la récupération de l'acier. A l'époque, il était difficile de se procurer de l'acier. Ainsi ils démontaient des vieilles constructions inutiles. Il a fait ses offres à Zwahlen & Mayr en 1944.
00:19:17 – 00:20:56 (Séquence 19) : Maurice Cosandey parle de Zwahlen & Mayr. L'entreprise est née à la fin du XIXe siècle comme serrurerie. Grâce à l'intelligence de Louis Zwahlen, fondateur de l'entreprise, elle est devenue une très grande menuiserie et serrurerie métallique. Toutes les belles ferronneries des hôtels de la Riviera vaudoise, de la Suisse allemande et d'ailleurs, étaient réalisées par eux. La deuxième génération n'a pas su gérer aussi bien l'entreprise et ses problèmes. Au début de la guerre, l'entreprise était déjà un peu vieille et, à la fin de la guerre, il y a eu une crise générationnelle. De la troisième génération, Jean Zwahlen, ingénieur, était orienté vers le futur.
00:21:07 – 00:22:17 (Séquence 20) : Maurice Cosandey explique que l'entreprise Zwahlen & Mayr était à Malley, sans raccord industriel. Elle devait se déplacer pour pouvoir poursuivre son activité, par exemple dans l'Ouest lausannois. Elle a tardé à se déplacer et elle est allée à Aigle. Au moment du transfert de l'entreprise, il était directeur adjoint, responsable de la technique, de l'exploitation et de la conception et réalisation de la nouvelle usine. Il exerçait en même temps le professorat. Il avait été nommé en 1951 professeur des constructions métalliques et en bois. Il avait succédé à Monsieur Hübner.
00:22:28 – 00:23:37 (Séquence 21) : Maurice Cosandey explique que dans l'entreprise Zwahlen & Mayr, il y avait un problème de commandement. La deuxième génération avait gardé trop longtemps le pouvoir, au détriment de la troisième. Représentant de cette dernière, Jean Zwahlen s'est intéressé à d'autres projets, faute de place décisionnelle dans l'entreprise. Il a participé à l'Exposition nationale de 1964, il faisait partie du comité directeur. La même année, Jean Zwahlen ayant eu un infarctus, Maurice Cosandey a dû reprendre la direction de Zwahlen & Mayr pendant un an, alors qu'il était directeur de l'Ecole polytechnique.
00:23:48 – 00:24:44 (Séquence 22) : Maurice Cosandey dit avoir créé dans l'entreprise Zwahlen & Mayr un bureau technique adapté aux circonstances d'après-guerre, capable de dominer les problèmes des grandes constructions métalliques, comme les ponts d'autoroute et les bâtiments. Comme par exemple les grandes halles de Cointrin et de Kloten pour les avions. Sur le plan de la chaudronnerie et de la charpente, il a apporté le standing scientifique et technique qui était nécessaire.
00:24:56 – 00:25:52 (Séquence 23) : Maurice Cosandey explique que la proposition de présidence de l'Ecole polytechnique de Lausanne en 1963 était inattendue. Il savait que son prédécesseur Stücki devait partir, mais il ne s'attendait pas à lui succéder. Il a été convoqué par le Conseiller d'Etat Oguey, qu'il connaissait très bien. Il avait été son maître dans le domaine des turbines hydrauliques. Il lui a proposé le poste. Oguey avait été en compétition pour ce même poste avec Stücki. On disait qu'il s'était fixé de devenir un jour le chef du département de l'Instruction publique pour accéder à un poste supérieur à Alfred Stücki. À l'époque, l'Ecole d'ingénieurs faisait partie de l'université.
00:26:04 – 00:26:48 (Séquence 24) : Maurice Cosandey explique qu'Oguey lui a demandé quel serait son programme s'il acceptait la direction de l'Ecole polytechnique. Il lui a répondu que son effort principal se concentrerait sur la transformation de l'école en école fédérale. Oguey pensait qu'on ne peut pas regagner des batailles perdues. En 1903, Palaz avait fait une première demande, puis une deuxième, qui avaient été refusées par le Conseil fédéral.
00:27:01 – 00:29:25 (Séquence 25) : L'interviewer rappelle que le Conseiller d'Etat Oguey ne pensait pas que le projet de transformation de l'Ecole polytechnique en école fédérale fût possible, mais Maurice Cosandey s'est lancé dans cette bataille avec deux partenaires: le Conseiller fédéral Tschudi et le successeur d'Oguey, Jean-Pierre Pradervand. Il explique qu'Oguey était pour un développement de l'école, mais au sein du canton Vaud. Avec l'arrivée de Pradervand, qui partageait sa vision, ils ont décidé d'agir vite. Quelques mois après sa nomination, il avait envoyé la demande à Berne. Pradervand avait partagé son désir de s'occuper de trois choses pendant son mandat: la fusion de l'Eglise nationale et de l'Eglise libre, ainsi que le problème des catholiques, le déplacement de l'université à Dorigny, et la transformation de l'Ecole polytechnique en école fédérale. Ce qu'il a en effet réussi.
00:29:39 – 00:30:44 (Séquence 26) : Maurice Cosandey explique que Pradervand avait un contact direct à Berne avec Tschudi, qui était favorable à la transformation de l'Ecole polytechnique en école fédérale. Le président de l'Ecole polytechnique de Zurich, Pallmann, était aussi favorable. Pendant et après la transformation de l'Ecole polytechnique, il a eu plusieurs contacts avec Tschudi. Il trouve en lui les caractéristiques d'un homme d'Etat, avec des perspectives à long terme et peu préoccupé par les questions électorales.
00:30:58 – 00:31:17 (Séquence 27) : Maurice Cosandey explique que dans le canton Vaud, il y avait l'opposition des groupements patronaux contre la transformation de l'Ecole polytechnique en école fédérale, surtout de la part du secrétaire général Hubler. Ils ont même fait un débat à la radio. Hubler n'a pas changé d'avis. C'était néanmoins une position minoritaire dans le canton.
00:31:31 – 00:32:17 (Séquence 28) : Maurice Cosandey explique que la transformation de l'Ecole polytechnique de Lausanne en école fédérale a tout changé. La qualité de l'enseignement dépend de la qualité des recherches qui sont faites par les professeurs. La relation entre pratique et théorie est très bonne, mais elle ne laisse pas beaucoup de place à la recherche. Il fallait donc intensifier la recherche, surtout par rapport à ce qui se faisait à Zurich et à l'étranger. La transformation a donner les moyens d'avoir une recherche de pointe dans les différents domaines: technologie, matériaux, mathématiques.
00:32:32 – 00:32:37 (Séquence 29) : Maurice Cosandey dit avoir demandé, dans son premier discours au Conseil des maîtres, d'accentuer l'esprit scientifique dans l'enseignement. Le futur allait être basé sur une réflexion scientifique.
00:32:52 – 00:34:02 (Séquence 30) : Maurice Cosandey explique avoir voulu s'occuper, pendant sa présidence de l'Ecole polytechnique de Lausanne, des problèmes futurs et non seulement de ceux de l'immédiat. En ce sens, il a créé la commission prospective. Une des premières proposition de cette commission a été la réalisation de projets d'école qui réunissaient des disciplines différentes pour la résolution de problèmes majeurs. Des projets pour lesquels l'école participait avec des fonds importants. Un des premiers projets a été sur l'énergie, un deuxième a suivi sur les robots. Le projet des robots a profité à la formation des mécaniciens, l'attrait pour cette matière a augmenté.
00:34:17 – 00:34:47 (Séquence 31) : Maurice Cosandey dit avoir participé au sein du Fonds national de la recherche scientifique, il faisait partie du Conseil, il collaborait également à la rédaction des grands programmes de recherche, les programmes nationaux. Il a participé à la division des programmes dès 1975. Les programmes devaient apporter des solutions scientifiques à des problèmes importants qui se posaient au monde politique. Le premier a porté sur les maladies cardio-vasculaires.
00:35:03 – 00:36:22 (Séquence 32) : Maurice Cosandey explique qu'à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, il y a un système présidentiel qui existe aussi à Zurich. Au moment de sa transformation en école fédérale, il lui a semblé important de donner une structure capable de répondre aux exigeances de la Confédération. Avant, tout se faisait dans les services de l'Etat. Le directeur de l'école disposait de peu de moyens financiers. Il a fallu organiser la participation des corps de l'école. Ils ont créé les départements, et la conférence des chefs de département. La question s'est posée de savoir qui allait présider la conférence, le président de l'école ou un professeur.
00:36:38 – 00:37:32 (Séquence 33) : L'interviewer rappelle que l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, s'est développée grâce au bon fonctionnement du système que Maurice Cosandey avait mis en place, entre sa présidence, l'exécutif, et la Conférence des professeurs avec son propre président. Il pense que dans toute institution, il faut une stratégie claire de commandement et une forte structure de consultation et collaboration. La réussite de l'école, avec la création du centre à Ecublens, a été possible grâce au bon climat entre les professeurs, le personnel, les étudiants et la direction de l'école. Sa persévérance et sa capacité de décision ont contribué aussi à la réussite de l'Ecole polytechnique.
00:37:48 – 00:38:29 (Séquence 34) : Maurice Cosandey dit qu'un des premiers problèmes a été la transformation de la section de géométrie en un vrai département comme les autres. Ils ont créé une section des ingénieurs ruraux géomètres. Ensuite, il y a eu la création du Département de mathématique et celui dont il est le plus fier, le fruit de son action personnelle, le Département des matériaux. Grâce à son activité dans l'industrie, il avait compris que les matériaux allaient être au centre des problèmes cruciaux de l'avenir. La création a été parfois contre la volonté de certains professeurs.
00:38:46 – 00:39:55 (Séquence 35) : Maurice Cosandey parle de la construction du centre d'Ecublens pour l'Ecole polytechnique de Lausanne. Il n'a pas pu développer le projet comme il aurait voulu, pour cela il aurait dû modifier la réglementation fédérale. Tschudi lui a conseillé de faire avec ce qui existait. Il a fallu faire des concours. Ils ont réussi à trouver des arguments contre les oppositions de certains habitants d'Ecublens. Grâce à l'homogénéité de l'école, ils ont réussi. Les travaux ont débuté en 1973. En 1974, il y a eu la limitation de l'accroissement du personnel.
00:40:12 – 00:41:20 (Séquence 36) : Maurice Cosandey explique que le stop du personnel a été une de ses plus grandes préoccupations. Il ne trouvait pas juste que les mêmes règles de l'administration soient appliquées à l'Ecole polytechnique. Surtout par rapport au développement des écoles étrangères, il voyait là une fausse route. Il s'est appliqué pour rompre ce stop. Il a demandé à Hayek une expertise, qui a apporté des résultats concrets. Le système des audits, auxquelles il est favorable, s'applique de plus en plus et il va arriver dans les universités aussi.
00:41:38 – 00:42:49 (Séquence 37) : Maurice Cosandey explique que pendant son mandat de président du Conseil des Ecoles polytechniques fédérales, il s'est occupé de la fusion de deux instituts des affaires nucléaires à Würenlingen et à Villigen qui se trouvent au bord de l'Aar. Malgré les divergences, les deux instituts présentaient des affinités, une fusion devait améliorer l'efficacité et diminuer le personnel. La décision politique pour la fusion a pris du temps. La décision du Conseil fédéral est venue peu avant son départ du Conseil. La fusion a créé l'Institut Paul Scherrer.
00:43:08 – 00:44:05 (Séquence 38) : Maurice Cosandey dit que grâce à la Confédération, au Fonds national de la recherche, aux cantons qui gèrent les universités, la recherche et l'enseignement en Suisse sont au même niveau qu'en Europe. Il répond aux critiques contre la Suisse, le fait qu'elle aurait moins d'ingénieurs que le Japon, que la question devrait être abordée à partir de la définition de ce qu'on appelle ingénieur. Il redoute une fermeture des autorités politiques vis-à-vis de l'Europe. Il est partisan d'une adhésion de la Suisse à la Communauté européenne, afin d'avoir les mêmes possibilités de transfert et collaboration que les autres pays.
00:44:24 – 00:44:46 (Séquence 39) : Maurice Cosandey pense que la microtechnique est bien présente en Suisse, à Lausanne, Neuchâtel, Zurich et à l'Institut Paul Scherrer. Il y a le potentiel nécessaire à l'industrie, laquelle se déplace de plus en plus d'une industrie lourde vers une industrie moyenne, légère et microtechnique.
00:45:06 – 00:45:59 (Séquence 40) : Maurice Cosandey explique que sa préoccupation pour le futur relève d'un trait de caractère que devrait posséder tout politicien et ingénieur. Sans une approche prospective, on se laisse dominer par les problèmes de la journée et on se met en retard. Son regard vers le futur lui a probablement été légué par les paysans. Il pense que tout le monde, et surtout les étudiants, devraient cultiver cette approche.
00:46:20 – 00:49:54 (Séquence 41) : L'interviewer explique qu'avec Maurice Cosandey, ils ont visionné son Plans-Fixes. L'interviewer n'a pas l'impression d'avoir assez souligné un aspect. Maurice Cosandey a été président de l'Association internationale des ponts et charpentes, et a développé la microtechnique à l'EPFL. Lorsqu'il a pris la direction de l'école en 1973, il a abandonné sa fonction de spécialiste pour se consacrer à l'ensemble. La microtechnique s'est présentée comme une voie naturelle du futur. À l'époque, il n'y avait pas de chaire de microtechnique ni à Lausanne ni à Zurich. À Neuchâtel, il y avait le laboratoire de recherche horlogère et le centre électronique horloger. L'Université de Neuchâtel délivrait un diplôme d'ingénieur horloger. L'industrie était peu intéressée par la microtechnique, à part les machines à écrire et l'horlogerie. Différents signes montraient que la microtechnique allait devenir importante. À sa transformation en école fédérale, l'EPFL a créé une chaire de microtechnique. En 1976, le Conseil des Ecoles polytechniques a décidé de créer deux centres de gravité: un à Zurich en biotechnologie, un à Lausanne en microtechnique. Ils ont collaboré étroitement avec Neuchâtel, où a été créée la Fondation suisse en recherche microtechnique, qui est devenue ensuite par fusion le Centre Suisse d'électronique et microtechnique SA. Au sein de ce centre, il y a l'industrie des machines, l'industrie des appareils, l'horlogerie, les Ecoles polytechniques, l'Université de Neuchâtel.
00:50:16 – 00:50:50 (Séquence 42) : Maurice Cosandey dit que dans sa carrière, il a dû faire des efforts qui ont volé du temps à ses enfants. Leur développement n'en a pas été compromis. Il est fier de ce qu'ils ont fait. Béatrice a fait les Lettres, elle est enseignante, Dominique est psychothérapeute à Montréal, et Frédéric est professeur de Science des matériaux à Rotgas, aux Etats-Unis. Tout cela a été possible grâce à son épouse Irène, qui a créé un environnement dans lequel ils ont tous été heureux. Aujourd'hui, ils suivent avec tendresse l'évolution de leurs petits-enfants.
00:51:13 – 00:51:33 (Séquence 43) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Maurice Cosandey et tourné à Lausanne le 12 juin 1990.
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