Edmond Pidoux (Ecrivain)

  • français
  • 1990-06-25
  • Dauer: 00:51:42

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Beschreibung

Pour Edmond Pidoux, la montagne a été un moyen d'évasion loin du jugement des hommes; la montagne, elle aussi, le jauge, mais à sa juste valeur. Elle demande en retour que l'homme lui donne sa vraie signification, par le geste et par la parole. Elle est également porteuse d'une leçon : savoir trouver son équilibre profond, savoir jusqu'où l'on peut aller. S'il lui faut caractériser sa vie, Edmond Pidoux propose: la vie est un voyage, la quête d'une vérité. Sincérité et humour sont ici au rendez-–vous.

00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Edmond Pidoux et tourné à Liddes le 25 juin 1990. L'interlocuteur est le Pasteur Samuel Dubuis.
00:00:11 – 00:02:01 (Séquence 1) : Edmond Pidoux est né en Belgique. Il rappelle les origines de ses parents et raconte les circonstances qui ont amené ses parents en Belgique. Sa mère était une institutrice neuchâteloise et son père un pasteur vaudois. Il s'est formé dans les sciences. Il souhaitait devenir missionnaire en Afrique et s’était formé dans un hôpital de Londres à Whitechapel, mais à cause de son rhumatisme, il a dû renoncer à son projet. Il raconte une anecdote sur une cloche offerte en cadeau à son père pour sa paroisse en Afrique. Ses parents sont allés vivre en Belgique, dans l’église missionnaire belge dans le Pays Noir, d’abord dans la paroisse du Borinage, où Van Gogh avait pensé faire de l’évangélisation, puis dans la paroisse de Charleroi.
00:02:01 – 00:03:00 (Séquence 2) : Edmond Pidoux explique le nom et les principes de l’Eglise missionnaire belge. Elle évangélisait dans des milieux dits à la Zola, soit des milieux populaires défavorisés. Ses parents n’avaient pas d’intention paternaliste, ils cherchaient l’échange. Sa mère recevait de ses élèves, son père des paroissiens. Ils ont vécu en famille avec les paroissiens en Belgique, dans le Pays Noir.
00:03:01 – 00:03:48 (Séquence 3) : Edmond Pidoux est né le 25 octobre 1908. Le premier souvenir qu’il garde de son enfance est l’éclipse du soleil de 1911. Il raconte les émotions et impressions qu’il se souvient avoir ressenties.
00:03:49 – 00:05:07 (Séquence 4) : Les parents d’Edmond Pidoux n’étaient pas paternalistes, mais exigeaient de leurs enfants un extrême respect, notamment envers les bonnes. Il évoque le souvenir de Lydie, une ancienne trieuse de charbon qui avait une grande adresse de la main malgré son handicap, puis de Olivia. Sa mère avait eu quatre enfants en six ans. Plus tard, des paroissiens sont venus leur rendre visite en Suisse.
00:05:09 – 00:07:11 (Séquence 5) : La famille d’Edmond Pidoux se rendait parfois à Chavannes près de Renens en Suisse chez le grand-père d’Edmond Pidoux et chez son oncle. Ce dernier exigeait d’Edmond et de ses cousins beaucoup de travail. Edmond Pidoux a apprécié ses séjours à la campagne. Alors que Edmond Pidoux et sa famille passaient leurs vacances chez le grand-père, la première guerre mondiale a éclaté : le 1er août, alors qu’il fêtait la fête nationale à Renens, il y a eu la déclaration de guerre et le 21 août, il y a eu la Bataille de Charleroi. Son père est rentré en Belgique après six mois et le reste de la famille a passé 20 mois à Chavannes.
00:07:14 – 00:08:17 (Séquence 6) : Edmond Pidoux a commencé l’école primaire à Chavannes à 5 ans et demi. Son frère et lui avaient des ours nommés Joseph, René, Marlo et Mirtylle. Il pense que les peluches étaient une projection d’eux-mêmes. Edmond Pidoux a renoncé à ses ours à 16 ans à la naissance de sa petite soeur. Il évoque l’amour maternel et paternel. Ses parents avaient peu d’argent et étaient très occupés par la paroisse.
00:08:21 – 00:09:39 (Séquence 7) : Les deux enfants aînés de la famille Pidoux sont restés en Suisse et les deux cadets, dont Edmond, sont retournés vivre en Belgique. A son retour, il a connu la guerre. Elle l’a marqué. Il en garde une impression de grande horreur en même temps qu'une sorte de séduction. Lorsqu’il a fait le service militaire, il a refusé de grader. Le lieutenant Jean Carrard avocat à Lausanne a compris combien la guerre l’avait marqué. Edmond Pidoux a passé plusieurs années sous l’occupation. Il se souvient que pendant la guerre de 1918, les Belges ont été d’une grande solidarité.
00:09:43 – 00:12:29 (Séquence 8) : Edmond Pidoux est invité à évoquer son souvenir des Allemands. Il se rappelle d’un officier allemand surnommé traineur de sabre. Les enfants suivaient les défilés de fanfares. Les écoles avaient été fermées pour pouvoir accueillir les blessés de guerre. A la même période, il y avait la grippe espagnole. La ville sentait mauvais. Les blessés qui ne pouvaient plus être soignés à l’hôpital étaient renvoyés dans la rue. Il souhaite rendre hommage à son père qui lui a appris ainsi qu’à ses frères et soeurs à regarder différemment les Allemands, le pardon et la stupidité du traité de Versailles. Après l’armistice, il y a eu encore des morts et des blessés. Il a vu éclore des milliers de drapeaux aux fenêtres de la ville. Il jouait avec ses camarades avec des armes et de la poudre.
00:12:33 – 00:13:39 (Séquence 9) : Edmond Pidoux se souvient du fils d’amis de ses parents qui était mort à la guerre proche de la date de l’armistice. Il n’a pas réussi à accompagner ses parents qui rendaient visite à cette famille pour lui exprimer leur soutien.
00:13:44 – 00:14:26 (Séquence 10) : La famille d’Edmond Pidoux est rentrée en Suisse, deux ans après la fin de la première guerre mondiale. Les enfants aînés avaient auparavant rejoint la famille à Charleroi. La période après-guerre était dure. La solidarité, qui existait avant entre tous, avait changé. Il y avait beaucoup de reconstructions, car il y avait de l’argent. Mais leur famille vivait dans la pauvreté. Il donne l’exemple du cadeau de Noël : il recevait une paire de chaussettes et une boîte de savon dentifrice.
00:14:32 – 00:15:18 (Séquence 11) : Lors du retour de la famille en Suisse, il a été difficile pour Edmond Pidoux de raccrocher avec les programmes suisses. Les méthodes d’enseignement étaient différentes : en Belgique, l’école avait l’influence de la méthode jésuite, les élèves étaient poussés à l’expression tandis qu’en Suisse, les élèves étaient appelés à penser et à réfléchir.
00:15:24 – 00:17:12 (Séquence 12) : Edmond Pidoux a été professeur à Morges à l’Ecole normale et dans deux gymnases lausannois. Il souhaitait que son enseignement ne ressemble pas à l’école belge inspirée des méthodes jésuites. Il désirait que ses élèves soient heureux. Il a été chargé d’une classe de sixième à Morges. On lui demandait de faire passer tous les élèves, contrairement au collège scientifique où on lui demandait de les sélectionner. Il passait toutes les récréations avec les jeunes élèves.
00:17:19 – 00:19:32 (Séquence 13) : Dans les classes supérieures, il enseignait le français. Parmi ses auteurs préférés, il cite Pascal, Rousseau et Baudelaire. Ces trois auteurs ont un caractère commun : ils sont en quête. Il a remarqué qu’on simplifie et résume l’œuvre de ces auteurs. Pour lui, l’écrit significatif de Rousseau est "Du contrat social", dans lequel il compare ce que l’homme doit à la société et à la nature.
00:19:39 – 00:20:41 (Séquence 14) : On demande à Edmond Pidoux quelles sont ses approches des textes. Il se souvient qu’il avait un professeur au gymnase qui demandait aux élèves de réagir au texte. Edmond Pidoux abordait avec ses élèves le texte différemment : un objet avec un auteur à écouter.
00:20:48 – 00:21:57 (Séquence 15) : Edmond Pidoux souligne que c’est un paradoxe qu’il soit devenu professeur, car il avait un mauvais rapport à l’école, que ce soit à l’école primaire, au collège, au gymnase ou à la faculté des Lettres. Il dit avoir étudié à l’université à l’âge de l’historicisme et du criticisme. Les étudiants étaient conviés à penser et à nier. La montagne représentait pour lui une fuite. Elle le libérait du sentiment d’être dans la dépendance d’autrui.
00:22:05 – 00:24:20 (Séquence 16) : L’interlocuteur demande à Edmond Pidoux quels sont les plaisirs de la varappe. Edmond Pidoux pense qu’il avait ça dans le sang. Il débat sur la raison de l’existence des montagnes. Il pense que l’homme est dans le monde pour donner une signification à tout et cite l’exemple de Rostand ou Fabre qui se passionnait pour les animaux comme la mante religieuse. La montagne apporte à Edmond Pidoux une dimension cosmique.
00:24:29 – 00:27:31 (Séquence 17) : Edmond Pidoux pense que le sens de l’homme qui est le plus sollicité quand on fait de la montagne est le toucher. Il argumente sa théorie en donnant l'exemple d'une ascension d'une personne au sommet du Gornergrat ou de l'Aiguille du Midi: à son arrivée, elle ne verrait rien. Pour voir la montagne, il considère qu’il faut bouger, il la définit comme un monde en trois dimensions et la compare à une sculpture. Les courbures de la montagne sont les résultantes de lois mathématiques, des jeux de forces. Edmond Pidoux précise que pour comprendre la montagne, il faut chercher le commencement et la fin. Les zones de transitions sont le symbole des circonstances de la vie.
00:27:40 – 00:30:03 (Séquence 18) : Edmond Pidoux voit le défi partout. La montagne présente aussi des risques. Il a des amis qui y sont morts. Il soulève l'interrogation suivante : a-t-on le droit de prendre des risques tant sur la route qu'en montagne ? Il pense qu'on a qu'une vie et qu'il ne faut pas la risquer. En montagne, il y a des risques qui sont mortels et il est tentant d'aller toujours plus loin. Edmond Pidoux a traduit pendant plusieurs années les chroniques himalayennes pour la revue des "Alpes", dans laquelle il a relevé les exploits et les décès de nombreux alpinistes. Il donne encore l'exemple de la mort récente d'un jeune alpiniste au couloir Couturier. La montagne a enseigné à Edmond Pidoux à savoir trouver son équilibre profond et à connaître ses limites. .
00:30:13 – 00:31:34 (Séquence 19) : Edmond Pidoux a pratiqué l'alpinisme surtout en groupe et peu en solitaire. Il a formé Pierre Vittoz à la montagne quand il avait 18 ans. Ensemble, ils ont fait plus de 300 courses. Henri Mercier a été aussi son compagnon de montagne. Ils se sont connus à 20 ans. Il a aussi partagé sa passion de la montagne avec sa femme. Edmond Pidoux a participé à 700 courses.
00:31:45 – 00:33:10 (Séquence 20) : Edmond Pidoux a aussi beaucoup voyagé. Il a été marqué par l'expédition himalayenne qu'il a entreprise avec un groupe d'amis. Il a effectué deux voyages d’études. Il est allé avec son ami Henri Mercier, explorer pendant 5 mois l'Afrique en empruntant le circuit des missionnaires. Il a aussi parcouru Madagascar. Il a rapporté des films et des livres de ses expéditions. Les voyages ont été l’occasion de découverte d’autres continents et d’autres hommes.
00:33:22 – 00:34:38 (Séquence 21) : Edmond Pidoux est invité à comparer ses expériences malgaches et africaines. Il revient sur l'origine des Malgaches. Ceux-ci accordent une grande importance à la mort. Et pour illustrer son propos, il cite un poète malgache : "j’ai bâti de roseaux la maison de ma vie, je ferai de granit la maison de ma mort". Les Africains sont plus orientés vers l’existence. Il leur attribue un sens du cosmique, de la joie, de la danse. Les Malgaches dansent davantage avec les mains.
00:34:50 – 00:37:10 (Séquence 22) : Edmond Pidoux s'est rendu en Afrique à proximité du lieu de vie des Pygmées. Il livre la réflexion qu'il a eue sur les Pygmées, et souligne leur intelligence, leur savoir et leur courage. Il a remarqué que leur présence, dit d'être civilisé, troublait les personnes dites non civilisées. Il donne l'exemple de l'utilisation d'un Nagra Kudelski, un équipement d'enregistrement avec lequel ils ont enregistré des danses, des chants et le son d'un tambour-téléphone qu'ils ont ensuite fait écouter à un autre peuple. Cet exemple illustre pour Edmond Pidoux comment ils ont humilié des gens qui ont une culture. Il la compare à l'humiliation des mineurs belges analphabètes.
00:37:23 – 00:38:56 (Séquence 23) : De ses voyages d'études, Edmond Pidoux a rapporté deux livres. L'un d'eux porte sur l'Afrique, qu'il a parcourue pendant cinq mois, et s'intitule ironiquement "L’Afrique à l'âge ingrat", en référence aux colons. Edmond Pidoux a eu une discussion à ce propos avec un étudiant en théologie à Lausanne, d'origine africaine. L'autre livre porte sur Madagascar et sur le fond qui anime ce peuple, dont la crainte de la vie et de la mort.
00:39:10 – 00:40:12 (Séquence 24) : On demande à Edmond Pidoux ce qu'il a découvert sur la Suisse au contact de l'Afrique et de Madagascar. Il a pu par exemple constater que la Suisse était respectée et admirée pour son honnêteté et sa rectitude. Pendant ses voyages, la Suisse était loin de lui, ainsi que tout ce qui y était lié, par exemple ses problèmes littéraires n'existaient plus. En écrivant sur l'Afrique et Madagascar, Edmond Pidoux avait l'impression de fournir quelque chose qui servait à ces régions et à ceux qui souhaitaient les découvrir. Ces livres ne constituaient pas une littérature gratuite.
00:40:26 – 00:42:05 (Séquence 25) : Edmond Pidoux a le goût de l’écriture depuis l'âge de sept ou huit ans. Il imitait son père qui à ce moment-là ne l’a pas encouragé. Il se souvient que son père l'a encouragé seulement quand il a été adulte et marié. Il y avait entre eux une certaine pudeur. Edmond Pidoux a suivi le collège classique à Lausanne. Il se souvient que l'un de ses professeurs avait convié les élèves à écrire sur l'histoire de Richard Coeur de Lion. Il avait écrit une histoire en 60 alexandrins, ce qui lui a valu le surnom de Pidux Poeta. Par le biais d'un ami, son poème a été montré au juge fédéral Fazy, qui lui a écrit quelques recommandations. Grâce à ces remarques, il s'est senti considéré et cette reconnaissance l'a encouragé à écrire.
00:42:19 – 00:44:09 (Séquence 26) : Au gymnase, Edmond Pidoux a eu le professeur Edmond Gilliard. Il se souvient qu’il avait des paroles envoûtantes. Pour Edmond Pidoux, il était difficile d'écrire, car il était jugé par un homme qu’il admirait. Il avait avec lui de très bonnes et de très mauvaises notes. Il se souvient avoir reçu la note huit pour sa composition de français comptant pour le diplôme du gymnase. Il a conservé la copie. Edmond Pidoux a été marqué par cet homme, il lui a fait du mal, mais il lui a permis de découvrir des auteurs tels que Rousseau, Montaigne. Il souligne que ce sont des auteurs qui utilisent la dramatique du moi. Edmond Pidoux a pu se défaire de l'emprise de ce professeur avec le mariage, l'enseignement et la paternité.
00:44:24 – 00:45:51 (Séquence 27) : Edmond Pidoux a touché à plusieurs styles littéraires. La poésie c'est le rythme. Le verbe contient ce rythme. Et le poème est un petit monde qui se suffit à lui-même. Il considère que selon cette définition l'oeuvre la plus poétique est "Le petit prince".
00:46:07 – 00:47:51 (Séquence 28) : Edmond Pidoux a écrit 14 pièces de théâtre, dont huit ont été jouées. Certaines ont été traduites. Dans le théâtre, il apprécie la dialectique : les discussions passionnelles. Le théâtre de Molière et de Racine auquel il s'est intéressé utilise cette méthode de raisonnement. La pièce la plus importante qu'il a écrite, "Mademoiselle de Roannez", met en scène les tensions qui s'exercent chez l’héroïne, entre ses pulsions et sa répulsion de l'amour et dont Tallemant des Réaux parle dans ses historiettes.
00:48:07 – 00:48:32 (Séquence 29) : Edmond Pidoux a été parolier. Il pense que s’il avait pu choisir il serait devenu musicien-compositeur. En écrivant des paroles, il a eu l'impression d'en être un. Pour lui, l'essentiel est que la scansion musicale et celle des paroles soient la même.
00:48:48 – 00:49:16 (Séquence 30) : Pour caractériser sa vie, Edmond Pidoux dirait que la vie est un voyage, la quête d'une vérité. Il croit à l’Esprit. Il fait référence à Ella Maillart qui parlait de l'étage supérieur de l'homme. Il croit que lorsque l'homme est à un certain étage, il y a le vent qui lui passe à travers.
00:49:33 – 00:50:40 (Séquence 31) : Il lit un poème, intitulé "Le feu follet", auquel il tient et qui termine sa dernière publication.
00:50:58 – 00:51:24 (Séquence 32) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Edmond Pidoux et tourné à Liddes le 25 juin 1990.
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