Michel Corboz (Les voix, ma passion)

  • français
  • 2000-02-26
  • Dauer: 00:46:49

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Beschreibung

Ce qui fascine Michel Corboz chez l'être humain, c'est la voix, au premier chef la voix parlée, "cri de nature" au même titre que le rire. Exalter cette voix, ce timbre, cette couleur particulière, c'est à quoi il s'est voué, nouant avec ses choristes un lien puissant d'ordre passionnel, cherchant à les amener au plaisir partagé dans la musique. Pour lui, l'intuition est primordiale chez le chanteur car la musique doit nous permettre de nous libérer de nos angoisses, nous alléger, nous aider à vivre. La musique sacrée en particulier convient très bien à son côté anxieux, habité par les problèmes essentiels. Dans l'au-delà, Michel Corboz emporterait Bach (La Passion selon saint Mathieu), Monteverdi (Les Vêpres) et Frank Martin (Golgotha).

00:00:00 – 00:00:12 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Michel Corboz et tourné à Lausanne le 26 février 2000. L'interlocuteur est Antoine Bosshard.
00:00:12 – 00:01:13 (Séquence 1) : Antoine Bosshard présente le Plans-Fixes sur Michel Corboz et explique que ce dernier a beaucoup influencé l'art de chanter la musique religieuse en Suisse romande. Sa carrière a été marquée par le coup de tonnerre provoqué par l'apparition des "Vêpres" de Monteverdi sur Erato, 30 ans auparavant. Une des caractéristiques principales de cette carrière consiste en la transparence mêlée de ferveur très forte des ensembles vocaux qu'il dirige.
00:01:13 – 00:01:24 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Michel Corboz et tourné à Lausanne le 26 février 2000. L'interlocuteur est Antoine Bosshard.
00:01:25 – 00:02:22 (Séquence 3) : Michel Corboz répond à sa réputation de chef de chœur impossible. Il adore ses chanteurs mais s'énerve avec eux pour que tout soit parfait et qu'ils soient tous heureux du résultat. Il croit en l'impatience pour faire avancer les choses. En cela il est tributaire des hommes qui ont traversé son existence et qu'il a admirés, par exemple Edwin Löhrer.
00:02:24 – 00:04:31 (Séquence 4) : Michel Corboz parle de son oncle, André Corboz, qui a beaucoup contribué à sa formation : c'est lui, en tant que parrain et chef de chœur, qui a décidé de lui donner des leçons de piano, à sept ans. Ces leçons se sont vite transformées en cours de chant, tant l'intérêt d'André Corboz pour le chant était grand. Il lui faisait chanter "A la claire fontaine" et "La Lorraine", en l'accompagnant d'une façon plus belle qu'une musique de Mozart. Michel Corboz a voulu maîtriser les harmonies qui constituent un accompagnement, ce qu'il a réussi vers l'âge de 12 ou 13 ans. André Corboz avait également un caractère impossible, mais en accord avec l'impossibilité de la musique même et de la justesse.
00:04:33 – 00:06:42 (Séquence 5) : Michel Corboz parle des personnages de sa vie qui l'ont poussé et porté, comme Edwin Löhrer. Ce dernier ne lui a jamais donné de leçons mais il dirigeait le chœur de la radio à Lugano, dans lequel Michel Corboz a été invité à chanter. En le voyant travailler, Michel Corboz a découvert un être extrêmement passionné, qui n'était pas chanteur et travaillait avec ses propres moyens. Il parlait peu et essayait d'obtenir des résultats par sa seule présence. Il ne supportait pas l'engagement partiel de ses chanteurs et osait beaucoup, même sur Monterverdi, Gesualdo, Verdi ou Debussy. Il osait en effet sans craindre le ridicule, son exemple a aidé Michel Corboz à sortir certaines choses de lui-même, comme l'excès.
00:06:44 – 00:09:17 (Séquence 6) : Michel Corboz parle des personnages de sa vie qui l'ont marqué, comme Michel Garcin, le directeur artistique d'ΣErato. A cette époque, l'ensemble vocal en était à ses débuts et chantait dans un bistrot de Nevers, où il y avait une grande réunion de chorales au niveau européen. Un homme, le directeur des disques ΣErato, leur a alors demandé de lui chanter quelque chose de leur répertoire, un Credo de Monterverdi. Michel Garcin a été tellement enthousiasmé qu'il leur a proposé de travailler avec lui : c'est une aventure qui a été marquée par plus de 120 disques édités. L'intervention de Michel Garcin a été bénéfique car il poussait Michel Corboz sans cesse à se renouveler et à l'excellence.
00:09:19 – 00:12:08 (Séquence 7) : Michel Corboz parle de son enfance en Gruyère et de la place de la musique et du chant à cette époque. Il estime avoir de la chance de naître dans un pays où l'on chante, où chaque village a sa chorale et où presque chaque église pratique le chant grégorien. C'est dans ce climat très spirituel que Michel Corboz s'est découvert une passion pour le chant : le chant grégorien est d'ailleurs pour lui le modèle de la musique sacrée. Son père, boulanger de métier, faisait lui-même partie d'une chorale d'église. Dans son enfance Michel Corboz se demandait ce qu'il pourrait faire car il aimait vraiment chanter. Or il n'y avait que le conservatoire de Fribourg. Michel Corboz a envisagé de faire l'école normale pour devenir instituteur, notamment car à cette époque on y pratiquait beaucoup la musique. L'instituteur était en effet amené à diriger la chorale du village, voire la fanfare, ou à devenir l'organiste local. Michel Corboz s'est donc mis en tête de faire cette Ecole Normale.
00:12:11 – 00:13:34 (Séquence 8) : Michel Corboz explique qu'avant d'aimer chanter, il avait un goût certain pour la voix parlée quand il était enfant. Il se souvient par exemple de la voix d'un charretier, assez grave, dont le timbre et la couleur lui sont restés. Encore aujourd'hui, une voix parlée le touche beaucoup et peut plus l'impressionner qu'une voix chantée, notamment car il est aisé de fabriquer un chanteur, alors que la voix parlée est un cri de nature.
00:13:37 – 00:14:52 (Séquence 9) : Michel Corboz parle de l'importance de la voix parlée chez un chanteur notamment pour déterminer sa couleur. Il est parfois stupéfait de noter l'immense différence entre voix parlée et voix chantée chez certaines personnes. La voix parlée est un cri de nature, tout comme le rire. On devrait donc retrouver dans la voix chantée les mêmes couleurs et la même sensualité. C'est pourquoi si Michel Corboz devait enseigner le chant, il se baserait beaucoup sur le rire.
00:14:55 – 00:16:46 (Séquence 10) : Antoine Bosshard évoque le chant grégorien comme école de la musique, pour le travail du phrasé et de la voix, puisqu'il exige une profonde discipline. Michel Corboz explique qu'il a vécu le chant grégorien issu des méthodes de Solesmes, contestées aujourd'hui. Michel Corboz conserve encore en lui ce climat de Solesmes du chant grégorien tel qu'il l'a pratiqué dans son enfance, à l'école normale ou plus tard comme maître de chapelle. Cette rigueur, cet esprit rythmique, cette liberté, ces éternelles mesures à deux ou à trois mélangées, associées à une certaine régularité de l'accroche et au souci du sens du texte latin lui conviennent. Michel Corboz a vécu cette école du chant grégorien sans le savoir.
00:16:50 – 00:18:28 (Séquence 11) : Antoine Bosshard parle du sens du phrasé chez Michel Corboz, venu du chant grégorien et qui a marqué une étape dans son approche musicale, notamment de Bach et de sa littérature. Michel Corboz estime que les calvinistes ont dû penser qu'il faisait du Bach comme un catholique, mais que finalement il le fait comme un luthérien. Il rappelle à ce sujet que Bach était luthérien et non calviniste. Pour Michel Corboz, le goût de la vie et du plein chant l'ont conduit au-delà de Bach, vers Monteverdi. Michel Corboz explique que peu de gens savent que le chant grégorien est à la base de Bach mais qu'il suffit d'écouter le début du Credo de la "Messe en si" pour le réaliser.
00:18:32 – 00:21:15 (Séquence 12) : Michel Corboz parle de la direction musicale et corrige l'idée reçue que ce ne sont que des gesticulations. Pour lui, diriger, c'est animer tout en exaltant une voix, sans exercer de pouvoir. Les chanteurs doivent avant tout éprouver la même envie et le même plaisir que lui. Pour cela, Michel Corboz peut devenir impossible et chercher à provoquer les gens dans leur sensibilité afin de les libérer d'eux-mêmes.
00:21:20 – 00:22:35 (Séquence 13) : Michel Corboz explique son expression "faire la musique": il s'agit de recomposer l'œuvre pour l'interpréter avec ses propres moyens. D'ailleurs, quand le compositeur a "abandonné" son œuvre à l'édition, elle ne lui appartient plus et le chef qui lui donne vie se l'approprie à sa manière.
00:22:41 – 00:24:27 (Séquence 14) : Michel Corboz parle de la reconstitution musicale, qu'il trouve importante, mais peu essentielle au regard de la nécessité de faire de la musique. Le but, pour lui, est que chacun puisse faire de la musique avec ses propres moyens. Il rejette le côté figé d'une œuvre qu'on ne devrait jouer qu'avec ses instruments d'origine. A ce sujet, il cite Harnoncourt qui se consacre beaucoup à faire jouer les musiques anciennes par des orchestres institués.
00:24:33 – 00:25:18 (Séquence 15) : Michel Corboz évoque son instinct et espère qu'il prédomine chez lui. Il regrette un certain manque d'intuition, même chez les grands musiciens qu'il admire, qui savent tout par cœur et qui ont su pénétrer l'œuvre.
00:25:24 – 00:26:43 (Séquence 16) : Antoine Bosshard demande à Michel Corboz s'il n'y a pas chez lui un besoin de transmettre l'indicible de la musique au-delà des mots, du style ou des moyens nouveaux à disposition. Michel Corboz répond que la musique est destinée à libérer de soi les gens et à les aider à vivre. En cela, elle est le plus grand art pour servir l'homme.
00:26:50 – 00:30:13 (Séquence 17) : Michel Corboz parle de ses chanteurs et de sa méthode pour repérer une voix. Quand il convoque un chanteur, ce dernier tient toujours à lui chanter son air, ce qui ne lui apprend pas beaucoup de lui. Michel Corboz cherche lui à savoir si le chanteur est mobile dans son expression, s'il a de l'intuition. Il se met donc au piano pour lui chanter des bouts de chansons et le faire travailler. Il peut ainsi repérer sa fantaisie, sa capacité à évoluer et la spécificité de son timbre. Michel Corboz cherche également une certaine souplesse musicale et une capacité à rebondir sur une couleur donnée, même si au bout de 10 minutes d'audition, l'idée qu'il se fait sur la personne est très restreinte. Michel Corboz précise que c'est aux répétitions qu'on découvre le chanteur, ce qu’il apporte au groupe et s’il réussit à s’y intégrer.
00:30:20 – 00:32:50 (Séquence 18) : Michel Corboz parle de ses chanteurs et de sa façon de travailler avec eux : il y a entre eux un rapport très intense. La musique qu'il fait avec eux lui permet d'établir le contact avec eux. Michel Corboz dit avoir besoin du moment de la répétition pour que la musique se révèle à lui. Il exalte ses chanteurs en fonction de leurs capacités et de ce qu'il ose lui-même encore faire, pour être exalté à son tour. C'est un contact prodigieux qu'il est difficile d'exprimer et notamment d'expliquer à ses élèves du conservatoire.
00:32:58 – 00:34:01 (Séquence 19) : Michel Corboz parle de son travail avec l'ensemble vocal et de son rapport d'amour avec ses membres, avec tous les problèmes que cela implique. Il ajoute que faire durer un chœur demande beaucoup et qu'étant lui-même difficile et intraitable, cela n'arrange pas les choses. Il se félicite donc que ses chanteurs le supportent si longtemps.
00:34:09 – 00:36:04 (Séquence 20) : Michel Corboz explique les raisons pour lesquelles il n'aime pas "prêter" son ensemble vocal à un autre chef d'orchestre. Il trouve que cela n’a pas de sens et que cela ne rapporte rien au le chœur. Il lui semblerait néanmoins très intéressant qu'un chef travaille avec le chœur dès la première répétition et l'initie à une œuvre inconnue de Michel Corboz. Au fil des répétitions, le chœur évoluerait dans le sens du chef et apprendrait véritablement. Cette expérience ne s'est produite qu'une seule fois : un compositeur a écrit une œuvre pour le chœur de Michel Corboz, s'est occupé de toutes les répétitions et a conduit le concert.
00:36:12 – 00:38:52 (Séquence 21) : Antoine Bosshard revient sur la carrière de Michel Corboz. Excepté "Orfeo", Michel Corboz s'est entièrement consacré à l'oratorio, une forme d'opéra religieux. L’interlocuteur lui demande pourquoi il n’est pas passé à l'opéra. Michel Corboz impute ce choix à l'influence du chant grégorien et explique qu'il a néanmoins fait quelques incursions dans l'opéra baroque, en dirigeant les trois opéras de Monterverdi et d'autres de Cavalli et de Charpentier. Il a même recréé l'opéra écrit par Cavalli pour le mariage de Louis XIV. Au final, il a toujours considéré la musique comme de la musique sacrée et il s'est toujours senti à l'aise avec cette musique car il l'a connue depuis l'enfance. Il se dit en outre préoccupé par des problèmes essentiels, angoissé par de nombreuses choses, ce qui le prédispose à la musique religieuse. L'opéra aurait pu être une option pour lui si ses parents l'avaient emmené en voir, il aurait alors ce type de musique dans l'oreille. Il donne l'exemple des cantates de Bach qu'il a écoutées à la radio, enfant, chaque dimanche, et qu'il a dirigées ensuite.
00:39:01 – 00:39:54 (Séquence 22) : Michel Corboz commente son refus de diriger des orchestres symphoniques ou de faire de l'oratorio sans son chœur. Par exemple, quand il répète, il y a d'abord une répétition avec l'orchestre seul, puis avec l'orchestre et le chœur, puis avec l'orchestre et les solistes : il remarque être plus à l'aise et mieux communiquer avec l'orchestre quand le chœur est présent. Il a besoin de ses choristes.
00:40:03 – 00:40:42 (Séquence 23) : Michel Corboz parle de la différence entre musique sacrée et musique religieuse. La deuxième est une musique écrite sur des textes religieux et peut parfois ne pas être digne de la musique sacrée, tandis que certaines musiques profanes telles que l'"Orfeo" de Monteverdi ou des chansons polyphoniques françaises peuvent lui sembler être de la musique sacrée.
00:40:52 – 00:43:01 (Séquence 24) : Michel Corboz parle des œuvres religieuses qui n'ont pas de caractère sacré. Il cite à titre d'exemple certains cantiques, notamment ceux qui, chantés à l'église et ayant un texte religieux, ont un goût tout à fait profane, voire de café-concert. De même, dans certaines œuvres classiques, comme chez Mozart, on trouve cet aspect profane. Antoine Bosshard lui demande alors son avis sur "La petite messe solennelle" de Rossini qui pourrait être à cheval entre profane et sacré. Michel Corboz explique que cette œuvre semble en effet plus sérieuse et sacrée malgré un côté très coquin et astucieux, ceci est dû à la sensibilité religieuse de Rossini, dont le "Sabbat mater" est un exemple parfait. Pour Michel Corboz, la musique sacrée repose donc sur le refus de la légèreté et l'envie de faire une musique cadrant avec l'église comme lieu de représentation.
00:43:11 – 00:44:48 (Séquence 25) : Antoine Bosshard explique que Michel Corboz apporte quelque chose de nouveau en Suisse romande, où les gens étaient finalement très attachés à la musique religieuse, protestante, sérieuse, introvertie et dominée par Bach. Michel Corboz tire tout cela vers la musique populaire, joyeuse, légère, insouciante et solaire. Antoine Bosshard lui demande si en ce sens, il ne serait pas un peu latin et catholique. Michel Corboz répond qu'il se sent certainement latin et prend pour exemple une réunion qu'il a eue, à Sienne, pour déchiffrer une œuvre de Monteverdi, qu'il allait chanter avec trois autres chanteurs. Il a alors réalisé que c'était cette musique qu'il aimait. Et, grâce à Michel Garcin, il est par la suite arrivé aux Vêpres. Michel Corboz estime que c'est à l’aide de cette musique qu'il a pu donner un peu de soleil à la Suisse romande.
00:44:58 – 00:45:58 (Séquence 26) : Les quatre ou cinq œuvres que Michel Corboz jouerait devant Dieu ou qu’il emporterait avec lui seraient : "La passion selon Saint Matthieu", les "Vêpres" de Monteverdi et le "Golgotha" de Frank Martin, car il se sent très proche de cette musique qui ronge et qui ressuscite.
00:46:08 – 00:46:38 (Séquence 27) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Michel Corboz et tourné à Lausanne le 26 février 2000.
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