Pascal Thurre (Journaliste. Au nom du rêve)

  • français
  • 2005-02-07
  • Dauer: 00:47:31

Die unten dargestellten Filmaufnahmen werden Ihnen über Vimeo (https://vimeo.com/) zur Konsultation angeboten.

Beschreibung

Né à Saillon, Pascal Thurre est marqué dès l'enfance par ce bourg chargé d'histoire. Son père, Président de la commune, pour lequel il a une vive admiration, meurt alors qu'il a douze ans. Le jeune Pascal rêve de devenir missionnaire, raison pour laquelle il entre à l'Ecole des missions. Mais il n'est pas fait pour cette discipline de fer. Il s'engage alors dans le journalisme et suit une formation à Cologne. Après quelques expériences à l'étranger, l'appel du Valais est le plus fort. Pendant vingt-cinq ans, il sera correspondant du Valais pour de nombreux journaux suisses et étrangers. Mais Pascal Thurre "reste un rêveur": fasciné par le personnage de Farinet et pour conserver sa mémoire, il crée à Saillon, avec son ami J.-L. Barrault et quelques autres, la plus petite vigne du monde (3 ceps) et "Le Sentier des vitraux", chemin initiatique consacré à l'homme.

00:00:00 – 00:00:12 (Séquence 0) : Générique du début du Plans-Fixes consacré à Pascal Thurre, journaliste, et tourné à Saillon le 7 février 2005. L'interlocutrice est Roselyne Fayard.
00:00:12 – 00:01:44 (Séquence 1) : Pascal Thurre incarne le personnage de Farinet, dans un discours sur la liberté, le Valais, la montagne et le mauvais fonctionnement du pays.
00:01:44 – 00:01:53 (Séquence 2) : Générique du début du Plans-Fixes consacré à Pascal Thurre, journaliste, et tourné à Saillon le 7 février 2005. L'interlocutrice est Roselyne Fayard.
00:01:53 – 00:02:32 (Séquence 3) : Pascal Thurre n'aime pas entrer dans des catégories ou définitions données et l'interlocutrice en veut pour preuve, le flou autour de son heure de naissance – entre le 22 et le 23 décembre – qui le laisse sans signe, entre capricorne et sagittaire. Cela le définit comme un être ancré dans le rêve, une qualité qu'il a toujours conservée.
00:02:33 – 00:02:53 (Séquence 4) : Pascal Thurre estime que sa vie a été source de nombreuses possibilités : il n'a jamais cessé de rêver de partir dans les missions ou de faire du journalisme, de rencontrer le Dalaï Lama, Barrault ou le Pape.
00:02:55 – 00:03:57 (Séquence 5) : Pascal Thurre évoque le village de sa naissance : Saillon. Il en retient le romantisme, car le village existe depuis le néolithique et a vu passer toutes les époques. Petit, il imaginait les chevaliers courir sur les remparts et la donzelle de Saillon prête à se jeter dans le vide par amour. Il s'est intéressé à l'histoire de son village grâce à son père, son grand-père et le Père Maillard, qui a connu Farinet.
00:03:59 – 00:06:17 (Séquence 6) : Pascal Thurre évoque son père, qui représentait pour lui, un géant et une force. Quand, à 12 ans, il l'a vu terrassé par la tuberculose, tout a basculé dans le vide. Il l'admirait beaucoup, notamment car son père a marqué la vie du village, en étant le syndic, ainsi qu'en étant le président des jeunesses conservatrices et le chef de pressoir dans les caves de Leytron. Il portait le drapeau de la fanfare et Pascal Thurre l'accompagnait avec un petit drapeau : cela l'a énormément marqué. A tel point, qu'il marchait littéralement dans ses pas, pour lui ressembler le plus possible. Son père lui a appris la force physique et le côté éphémère de la vie, puisqu'il a vu un homme dans la quarantaine, la force de l'âge, basculer soudainement. Pascal Thurre évoque les ennuis politiques dans le Valais. Son père était président de commune et il a pu voir la guerre entre les clans politiques, au sein d'un même parti. Une fois, son père s'est même vu refuser l'accès à un bus pour ces raisons. Cela l'a dégoûté de la politique. Pascal Thurre raconte que sa mère priait derrière les volets de la maison, lors des élections pour la présidence de la commune et quand les gens passaient devant chez eux pour aller voter.
00:06:19 – 00:06:48 (Séquence 7) : Pascal Thurre explique que sa famille était relativement aisée et comprenait cinq enfants. Il se souvient néanmoins d'une certaine dureté : il n'y avait pas de salle de bain, ni de frigo. Le beurre de leur vache était gardé derrière les volets et dans l'eau en été. En tant qu'aîné, Pascal Thurre se baignait le premier dans le grand baquet en fer blanc qui servait à laver la famille.
00:06:50 – 00:08:15 (Séquence 8) : Pascal Thurre évoque le moment où sa mère s'est retrouvée seule. Il avait 12 ans, mais sa mère étant une femme forte, elle a repris l'entreprise et a été la première au village à avoir un moteur et un tracteur. Elle a engagé un ouvrier et repris le dépôt de fruits, si bien qu'elle ne s'est jamais remariée et a pu laisser à ses enfants un peu d'argent quand elle-même est partie. Ils ont tous eu la possibilité de faire des études grâce à elle. Pascal Thurre doit à sa mère la découverte des lettres et de la littérature. Elle avait été chez les soeurs françaises de Sainte Jeanne-Antide à Martigny, où on l'avait imprégnée de Hugo, Baudelaire, le "Tarascon" de Daudet et La Fontaine. Elle faisait la lecture à ses enfants, malgré les rhumatismes de ses doigts. Toute la vie de Pascal Thurre a été traversée par la littérature, initiant ainsi son goût pour le journalisme et pour le rêve.
00:08:18 – 00:09:51 (Séquence 9) : Pascal Thurre évoque l'engagement de ses parents : son père, dans la société et sa mère, dans la religion. Elle était une sainte femme, aux dires des villageois, et faisait appliquer ses principes à la maison : il fallait prier à genoux au pied du lit, ne pas prendre de viande pendant le carême, lire la vie des saints. Pascal Thurre se souvient particulièrement de Saint Pascal Baylon raconté par sa mère. C'est peut-être la raison d'ailleurs de son envie de devenir missionnaire : comme l'Abbé Pierre, il voulait faire cela ou devenir aventurier. A l'époque les missions signifiaient partir dans des pays sauvages, construire des hôpitaux et évangéliser, entre autres. Pascal Thurre est donc entré à l'Ecole des missions, ce qui se faisait souvent à l'époque : le premier de la famille partait faire ses classes à l'extérieur de son canton. Cette expérience a marqué la vie de Pascal Thurre, notamment car ses professeurs étaient férus de lettres, ce qui lui a permis de reprendre le flambeau de sa mère, passionnée de littérature.
00:09:54 – 00:10:43 (Séquence 10) : Pascal Thurre explique qu'il avait pour héros Barrault, depuis que ce dernier avait tourné le film sur Farinet. Il l'a rencontré, puis vu et revu, à Parie ou à Evian : il l'a beaucoup marqué, car Barrault était un homme de rêve comme lui.
00:10:46 – 00:12:12 (Séquence 11) : Pascal Thurre évoque sa formation à l'Ecole des missions, où la discipline de Saint Ignace était appliquée. Elle se situait entre Saint Cyr et les Templiers : c'était très dur. Pascal Thurre n'a d'ailleurs jamais prononcé ses voeux. Il n'a donc pas pu partir dans les missions comme il en rêvait, mais il se sentait frustré par l'obéissance totale demandée par cette vocation. Il n'avait en outre aucune assurance de pouvoir partir évangéliser les cannibales comme il en rêvait, puisqu'on pouvait le stationner dans une école locale pour enseigner. Le prosélytisme l'agaçait également, car il s'est toujours demandé si l'Autre – même athée – n'avait pas raison. Pascal Thurre a donc toujours pensé qu'il fallait être un saint ou un héros pour être missionnaire : il ne se sentait ni l’un ni l'autre. Il a alors bifurqué vers le journalisme.
00:12:16 – 00:14:45 (Séquence 12) : Pascal Thurre explique que pendant l'année scolaire, à l'Ecole des Missions, il ne voyait pas ses parents. Il comptait les jours en faisant des marques sur son pupitre. La discipline régnait à l'époque : selon la règle de Saint Ignace, les élèves se flagellaient tous les vendredis, portaient le cilice pendant le carême et se faisaient mal ainsi pour s'endurcir pour les missions. Ils fabriquaient également des chaînettes avec du fil de fer barbelé, qu'ils mettaient chaque vendredi et pendant le carême sur le bras. Cela faisait partie de la formation : ces garçons étaient élevés à la façon de Saint Ignace, du Père de Foucauld ou de Lyautey. Le matin, quand on venait les réveiller, ils devaient se lever avec l'enthousiasme d'un tigre. Pascal Thurre, qui avait un caractère assez sensible, a souffert de cette éducation, même s'il était aussi motivé que les autres. Il se souvient d'ailleurs d'une épreuve d'endurance à Marseille où il s'est plongé dans une fosse à aisance, pour s'endurcir.
00:14:50 – 00:15:54 (Séquence 13) : Pascal Thurre raconte avoir fondé au collège un journal qui se nommait "Destin" : c'est à cette période qu'il s'est lancé dans le journalisme. Il était alors en communication avec Maurice Zermatten et cela, ajouté au souvenir littéraire de sa mère, l'inspirait beaucoup. Il a d'ailleurs retrouvé dans ses lectures de Victor Hugo et Baudelaire, notamment dans "La charogne", la force des lettres et de la religion. De même, Saint-Exupéry a marqué toute son adolescence et il lisait "Les fleurs du mal" sous les couvertures au moyen d'une lampe de poche.
00:15:59 – 00:16:43 (Séquence 14) : Pascal Thurre a fait ses études de journalisme à Cologne, après être sorti de l'Ecole des missions. Il a ensuite été dans une maison d'édition Benziger, mais il voulait devenir journaliste et voyager dans le monde. Après une année à Cologne, il a été à Rome et a fait le tour de l'Italie en voiture Fiat, ce qui a été publié dans le journal "Le Rhône" et dans "L'Illustré". Ringier s'est intéressé à lui et lui a proposé de rédiger des articles.
00:16:49 – 00:18:06 (Séquence 15) : Pascal Thurre raconte son retour en Valais. Revenant de Rome pour Noël, il travaillait alors pour "Le Tempo", il a proposé à André Luisier de travailler pour lui comme journaliste. Ce dernier, venant d'engager une autre personne, a décliné, puis l'a rappelé d'urgence, car le journaliste sélectionné est décédé. Pascal Thurre est entré au "Nouvelliste", une expérience très dure, car il ne fallait manquer aucune dépêche. Une fois, André Luisier l’a pris par le collet pour lui mettre la tête dans la corbeille à dépêches. Pascal Thurre garde cependant un bon souvenir tant du travail que de Luisier.
00:18:12 – 00:19:41 (Séquence 16) : Pascal Thurre a étudié la philosophie, les lettres et la théologie, comme l'ont fait avant lui Staline, Mitterand, Calvin ou Schweitzer. Il a donc mené de front plusieurs facultés à Strasbourg, mais préférait celle des lettres. Il aurait voulu être un reporter au long court comme Albert Londres ou Fernand Gigon. Mais le Valais l'a gardé prisonnier : ayant plusieurs fois l'occasion de partir en reportage pour des agences comme Kipa, il a préféré rester. Il ne peut pas, en effet, se passer du Valais : c'est sa nourriture essentielle. Il a cependant été pris par son métier, notamment grâce au contact avec les autres : il a toujours aimé discuter avec les gens les plus simples et être sur le terrain. Il tient cela de Barrault, qui trouvait les gens intéressants quand ils sont tout en bas de l'échelle. Barrault disait : "quand je pense à Farinet, je rêve d'être parfait, quand je rêve d'être parfait, je pense à Farinet". Les gens se trouvant en bas de l'échelle sociale sont ceux qui ont le plus de vertu humaine et c'est pour cela que Pascal Thurre a toujours aimé discuter avec le simple vigneron ou le mineur.
00:19:48 – 00:21:00 (Séquence 17) : Pascal Thurre a travaillé pour de nombreux journaux étrangers comme "France Soir", car il voulait être indépendant. Il était également rédacteur du "Rhône", mais avec un statut spécial. Il était établi à Sion et avait la correspondance de l'Agence Télégraphique Suisse, de l'AFP à Paris, de divers journaux suisses allemands. Pour Pascal Thurre, le Valais est une mine d'or journalistique, en raison de la montagne, de la richesse de la région, des coutumes et des scandales. Il était parfois difficile de jongler avec tous ces médias. Par exemple, correspondant un temps pour la radio, il devait intervenir à minuit à Lausanne ou Genève et à six heures du matin pour les différents bulletins, notamment à l'époque où les voies hivernales ont été conquises.
00:21:08 – 00:21:28 (Séquence 18) : Pascal Thurre évoque l'affaire d'Ecône, avec Monseigneur Lefevbre, qui communiquait principalement avec lui et l'AFP. Il aimait travailler avec lui, car cela touchait le problème religieux, qui le fascinait.
00:21:36 – 00:22:58 (Séquence 19) : Pascal Thurre explique qu'en tant que correspondant de "La Suisse" et du "Progrès" de Lyon, il devait jongler avec les sujets et les approches. Puis, il est devenu aussi correspondant pour "Le Dauphiné libéré". Aucun de deux derniers médias n'a su qu'il était déjà correspondant pour l'autre : dans l'un, il signait Jean Bayard et dans l'autre, Emmanuel France. Il les faisait même se contredire parfois. De cette façon, il pouvait couvrir un événement pour plusieurs médias à la fois. Aussi, Pascal Thurre n'a eu à monter sur le Cervin qu'une fois – lorsque Mayor a emporté le sommet –mais il a fait une multitude d'articles sur le sujet. Au final, il ne se déplaçait pas assez et l'AFP lui a même demandé de gonfler ses notes de frais.
00:23:07 – 00:24:24 (Séquence 20) : Pascal Thurre était incontournable dans le milieu journalistique : il a été le roi de l'information au Valais pendant un certain temps, à l'époque de "La Suisse" et de "La Tribune". C'était une période où, si une cordée décrochait, on gardait les morts au frigo, pour en parler progressivement, puisque les journalistes étaient payés au placard. C'était une pratique très courante, comme l'explique Pascal Thurre. L'interlocutrice lui pose alors la question de son intégrité par rapport à ces pratiques. Cela lui posait en effet parfois des problèmes de conscience, mais le journalisme est si éphémère, que ce n'était pas si grave. Il en veut pour preuve la fois où, avec Geiger, il a lâché l’édition du jour "Le Nouvelliste" sur la cabane d'un berger, qui après l'avoir lu, s'en est servi pour son feu.
00:24:33 – 00:24:43 (Séquence 21) : Pascal Thurre explique qu'après 25 ans de journalisme, il a choisi de se consacrer à l'écriture : il a écrit différents ouvrages, notamment sur sa passion du vin, la religion et la spiritualité de l'homme.
00:24:52 – 00:25:44 (Séquence 22) : Pascal Thurre parle de journalisme et de son évolution au cours de ses 25 ans de carrière. Il évoque la concurrence de ses débuts, qui n'est plus possible actuellement : maintenant, les nouvelles sont données dès qu'elles arrivent. Pascal Thurre allait souvent porter les films à Genève à "La Suisse", ce qui ne se fait plus maintenant, car depuis, il y a des outils comme le Telex, le fax ou le mail. D'ailleurs, il en profitait souvent pour s'arrêter à Evian, voir Barrault. Pascal Thurre devait souvent préciser au transporteur de faire attention au transbordement de train à Lausanne, sinon le film n'arrivait pas à Genève.
00:25:54 – 00:26:19 (Séquence 23) : Pascal Thurre évoque les grands personnages du journalisme, comme Walt Disney. Ce dernier est en effet venu tourner un film en Suisse avec en vedette le Cervin. Pascal Thurre était présent pour faire un reportage et c'est alors que Disney a réalisé que son équipe avait oublié un disque à New York. Il a mobilisé Hermann Geiger, qui est allé prendre l'avion à Genève pour rapporter le disque à Zermatt.
00:26:29 – 00:28:00 (Séquence 24) : Pascal Thurre évoque sa rencontre avec Mitterand. En rentrant de Genève, quand il allait porter ses films à "La Suisse", il s'arrêtait souvent à Evian, pour voir Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud, à l'Hôtel Royal. Barrault était en effet un peu comme un père spirituel. Un jour alors que Barrault n'était pas là, le portier lui a indiqué la présence François Mitterand, assis tout seul dans le jardin. Ils ont discuté, notamment de Christine Arnothy. Puis, Mitterand a réalisé que Pascal Thurre n'était pas jardinier, mais journaliste, et il est parti. Pascal Thurre remarque que les personnages très connus étaient plus abordables il y a 15 ans qu’actuellement. Il donne l'exemple de Zidane, à la Colline, avec qui il a pu échanger lors d’un cordial entretien. Il cite également l'Abbé Pierre, avec qui il a fait une tournée de conférences en Suisse romande. A l'époque, il s'était cassé le bras et l'Abbé Pierre, qui n'avait pas le permis de conduire, lui changeait les vitesses pour qu'ils puissent se déplacer. Pascal Thurre a également rencontré Schumacher, qui vendangeait à la Colline, après son travail il a demandé : à qui devait-il rendre son outil ? Cela a marqué Pascal Thurre.
00:28:11 – 00:29:43 (Séquence 25) : Pascal Thurre explique en quoi le métier de journaliste l'a déçu. Outre le côté éphémère des articles, le fait que l'information soit immédiatement absorbée puis oubliée le gêne. Il préfère le livre, plus concret, et qui a plus de chances de rester. C'est également une façon d'être en contact avec les autres, comme l'a souligné Monseigneur Gaillot. Dans le journalisme, tant que l'on peut communiquer avec les autres, c'est un métier intéressant. Le journalisme de Pascal Thurre était ancré, selon lui, dans la communion et dans la volonté de mettre en avant des personnages qui le méritent. Il cherchait à ne pas parler uniquement des hommes politiques ou des vedettes, mais également des gens simples et pleins de bon sens. Pascal Thurre croit qu'il y a un réel pouvoir entre les mains des journalistes et que ces derniers peuvent vraiment changer l'opinion publique. Il faisait surtout de l'information et se repérait par rapport à ses propres valeurs, grâce à sa voix intérieure et à celle de Dieu qui le poussaient à ne pas écrire n'importe quoi.
00:29:54 – 00:31:16 (Séquence 26) : Pascal Thurre évoque sa pratique de l'écriture, notamment en lien avec le personnage mythique de Farinet. Dès son enfance, il s’est intéressé à Farinet : il a en effet connu le père [ Maillard ], qui, lui, a vécu avec ce personnage célèbre. Ensuite, son ami Barrault lui en a beaucoup parlé et peu à peu, Pascal Thurre a été fasciné par Farinet, notamment car étant du Val D'Aoste, il était un peu de Saillon comme lui. C'est dans la région qu'il a vécu, distribué sa monnaie et qu’il est mort et enterré. Son panache et le romantisme attaché à sa vie – et surtout sa mort tragique – ont donc séduit Pascal Thurre. Pour lui, il rejoint Enée, Cyrano, le Grand Meaulnes et le Cid. Il est une sorte de Robin des Bois, mais qui n'a jamais tué personne, une sorte de Mandrin, mais avec un accent italien.
00:31:28 – 00:32:38 (Séquence 27) : Pascal Thurre est un des animateurs de la Bande à Farinet, un groupe qui s'est créé à l'occasion du centenaire de sa mort en 1980. Pascal Thurre a alors proposé à Barrault de faire quelque chose mais a refusé l'idée des Amis de Farinet de lui dédier un monument. En effet, pour lui, Farinet est un homme sans visage. Un ami vigneron a proposé une vigne, ce que Barrault – originaire de Bourgogne – a entériné avec enthousiasme. Ils ont donc voulu créer la plus petite vigne du monde et sont allés obtenir l'autorisation de Kurt Furgler, du Conseil d'Etat, et de Guy Genoux pour cela. Ils ont eu la permission de faire une vigne, selon le nombre d'or de Pythagore, soit à 1,618 mètres. Le vin produit avec cette vigne sert à alimenter une bourse pour différentes causes, notamment le théâtre et les miséreux. Il n'y a en fait que sept décilitres, mais ils sont mariés chaque année avec d'autres cépages, pour donner 1000 bouteilles, vendues au profit de la Bourse Farinet.
00:32:51 – 00:34:18 (Séquence 28) : Pascal Thurre évoque le Sentier des Vitraux, une aventure inspirée de l'esprit de Farinet. Pascal Thurre a découvert l'œuvre en bois gravé de la vie de Farinet par Robert Héritier, grâce à Michel Logoz. Il a eu alors l'idée de faire un sentier consacré à l'homme à travers la figure de Farinet. Il est composé de 21 étapes, qui correspondent chacune à des valeurs ou des vertus : de l'enfance à l'amour, en passant par la souffrance et le silence, la liberté et les autres. Il finit sur l'action, en référence à celle de l'Abbé Pierre, et sur la contemplation, en référence au Dalaï-lama. Le tout est très spirituel, sans être religieux. C'est une sorte de chemin de croix laïque comme le suggère l'interlocutrice, mais il est consacré à l'homme plutôt qu'au Christ.
00:34:31 – 00:36:12 (Séquence 29) : Pascal Thurre explique que pour faire vivre le Sentier des Vitraux et la vigne de Farinet, il a cherché à intéresser des célébrités au projet. Il fallait vendre en effet les 1000 bouteilles annuelles et pour ce faire, on a pensé à inviter des personnes connues à s'occuper de la vigne. Des gens comme Pierre Perret se sont montrés enthousiastes à l'idée de soutenir un projet qui se faisait au nom du rêve et de l'amitié. A l'occasion d'événements parfois sans rapport – comme la venue de Caroline de Monaco à Sion – les célébrités passaient par La Colline, pour aider à la vigne. Pascal Thurre parcourt régulièrement le sentier : chaque semaine, il l'arpente, seul ou avec les visiteurs du moment. Les prochains seront Federer et Mike Horn. Ils viennent pour s'imprégner du rêve et des thèmes du sentier. Pascal Thurre a longtemps préféré le thème de l'amour, puis celui de la force du silence et maintenant, celui de la lutte. Il réalise en effet que toute vie humaine est une lutte constante. Pascal Thurre dit que parmi le Sentier des Vitraux, un des thèmes qui l'interpellent est l'homme. Il se demande en effet souvent ce qu'est l'homme – "quid homo?" – et s'il y a quelque chose après ou rien du tout. La question du destin le touche profondément.
00:36:25 – 00:37:33 (Séquence 30) : Dès son enfance, Pascal Thurre a su toucher des personnes qui sont devenues des ressources pour lui. Cela est dû à son côté rêveur, mais sans rêvasserie, pour reprendre les termes de l'Abbé Pierre. En effet, pour Pascal Thurre, rêver signifie être catapulté vers un idéal de vie et avoir une vision à la façon de Martin Luther King. Il est important pour lui d'apporter quelque chose aux autres. Il s'est forgé cette philosophie depuis l'enfance et en rencontrant des hommes comme Barrault. Ce dernier lui a souvent répété qu'il serrait la vie dans ses bras, chaque matin. Madeleine Renaud lui a également beaucoup appris. Il a retenu la tolérance du Dalaï-Lama, ainsi que la force de Schumacher et de Zidane.
00:37:47 – 00:38:20 (Séquence 31) : Pascal Thurre évoque sa vie personnelle et familiale. Il a épousé une comédienne. Il la qualifie de formidable, car elle s'occupe de tout dans le ménage : il ne fait jamais le plein de sa voiture et a de l'argent de poche. Cela a été très pratique pendant les 25 ans de l'âge d'or du journalisme, où il travaillait jusqu'à minuit. Il a peu vu ses enfants pendant cette période. Il sait qu'ils en ont beaucoup souffert, car ils le lui ont dit. Pascal Thurre est reconnaissant à sa femme d’avoir tout pris en charge dont l’éducation des enfants.
00:38:35 – 00:39:11 (Séquence 32) : Pascal Thurre parle de ses enfants: l'un a hérité de toutes ses qualités et l'autre, de tous ses défauts. Il a essayé de leur transmettre le sens du service : son fils Christian est entièrement tourné vers les autres, tandis que sa fille est plutôt une libre penseuse. Il aimerait qu'ils retiennent de lui la gaieté et la générosité, son amour du rêve et de la vie. Comme Barrault, il essaie chaque matin de serrer la vie dans ses bras. Pascal Thurre cite Barrault parlant de Farinet et le décrivant comme un personnage d'aujourd'hui, comme un moment d'amitié que l'on partage, comme celui qui se partage lors de cet entretien Plans-Fixes.
00:39:26 – 00:40:52 (Séquence 33) : Pascal Thurre a un message à faire passer, car, sans être gourou ni prophète, il croit en Dieu de façon inébranlable, même s'il se méfie de la patte de l'homme dans les églises. Il voit chaque jour des signes de Dieu partout et en tous, grâce aux gens qu'il a rencontrés, comme Bergson, Claudel, Péguy ou Baudelaire. Dans "Les fleurs du mal", Baudelaire parle d'essence divine et cela a touché Pascal Thurre, tout comme cette phrase de Saint-Exupéry dans "Terre des hommes" : "Seul l'Esprit, s'il souffle sur la glaise, peut créer l'Homme". Pascal Thurre voit, lui, l'Esprit souffler dans sa propre vie, au point que la phrase "l'Esprit souffle où il veut" a été placée sur la Colline. A ce sujet, il cite Diderot, qui, bien que philosophe athée, disait croire quand il voyait les ailes d'un papillon ou d'une éphémère. Même Voltaire voyait un grand horloger derrière l'horloge qu'est le monde. Thurre croit donc en Dieu, comme Andrée Frossard - qui d'ailleurs est venu à la Colline et a écrit un article en première page du Figaro.
00:41:07 – 00:43:04 (Séquence 34) : Pascal Thurre évoque l'Eglise en rapport avec sa propre foi. Il cite Théodore Monod : "Le christianisme n'a pas encore échoué, car on n'a pas encore essayé cette grande loi d'amour". L'interlocuteur intervient pour recadrer le débat : il a écrit au Pape à plusieurs reprises, notamment car il a su, en l'interrogeant, que Monseigneur Lefebvre ne pouvait plus être reçu par lui. A l'époque, il y a eu des scandales dans des médias comme "Le Figaro" ou "Le canard enchaîné", notamment sur la dissolution du mariage de Caroline de Monaco ou sur les avortements des religieuses violées par des rebelles africains. Pascal Thurre a écrit à trois reprises au Pape, sans réponse. La quatrième fois, il a rusé et écrit en se faisant passer pour un riche et vieil industriel qui voulait léguer sa fortune à l'Eglise et le Saint Office lui a répondu immédiatement. Mais, tout cela n'a pas affecté le christianisme de Pascal Thurre, qui lit chaque jour l'Evangile en se méfiant toujours de la patte de l'homme, selon la formule de Victor Hugo.
00:43:20 – 00:44:12 (Séquence 35) : Pascal Thurre explique que lorsqu'il doute, il tâche de se faire humble et d'écouter : il ne tarde pas en général à percevoir la manifestation de Dieu et à aller mieux. Les autres peuvent être cette manifestation, car il croit fermement être une parcelle de Dieu, comme tous ceux qu'il rencontre sur son chemin. Il aime rencontrer Dieu à travers les gens et il pense qu'ils seront un jour tous réunis en Dieu. Ce sont donc les autres et le don de soi qui donnent sens à sa vie, comme l'a dit Monseigneur Gaillot. Pascal Thurre a quitté le journalisme pour écrire. L'interlocutrice lui demande ce qu'il attend de cette nouvelle étape de sa vie. Il dit attendre que sa soif d'absolu et d'infini soit enfin satisfaite.
00:44:28 – 00:45:18 (Séquence 36) : Pascal Thurre parle de son hobby : il se couche dans le lit de personnages célèbres, tels Jean-Paul II, l'Abbé Pierre, Foch, Saint Jean à Ephèse, ou encore Saint Nicolas de Flue. Il croit en effet aux vibrations que ces endroits portent en eux, de la même façon que lors d'une imposition des mains. Partout où il va, Pascal Thurre se couche dans les lits de personnes célèbres : par exemple Saint-Exupéry à Toulouse.
00:45:35 – 00:46:26 (Séquence 37) : Pascal Thurre explique qu'il aimerait bien qu'on retienne de lui l'image d'un homme gai, bienveillant, intéressant et sage. Il fait le voeu d'être un jour enterré dans la fosse commune comme Farinet, avec ces simples mots : "enfin libre". En attendant, il lui reste quelques années et des projets : poursuivre le Sentier et le faire découvrir par tous, toutes religions confondues, pour enfin faire connaître l'homme, ce qui permettra de mieux connaître Dieu. Comme Jean-Paul II, il souhaite connaître l'homme pour accéder à la vérité. Il prône un humanisme fort, qu'il soit chrétien comme le sien, ou autre.
00:46:43 – 00:47:14 (Séquence 38) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Pascal Thurre, journaliste, et tourné à Saillon le 7 février 2005.
Lien aux découpage sur la base de données original
Dieses Dokument wurde mit der Unterstützung von Memoriav erhalten.
304 Dokumente im Bestand
Kommentieren