Cornelio Sommaruga (Au service de la diplomatie humanitaire)

  • français
  • 2011-03-18
  • Dauer: 00:51:48

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Beschreibung

Né à Rome en 1932, Cornelio Sommaruga obtient un doctorat en droit à l'Université de Zurich. Il accomplit une brillante carrière de diplomate, d'abord à l'étranger, puis à Genève, dans le cadre de la coopération avec divers organismes économiques internationaux. Cette expérience lui permet d'occuper ensuite le poste de Secrétaire d'Etat aux affaires économiques extérieures. En 1987, il est sollicité pour prendre la présidence du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) à Genève. Dès le début de ce mandat, il est confronté à la nécessité d'adapter le fonctionnement du CICR aux réalités d'un monde bouleversé par la chute du mur de Berlin. Ayant un statut comparable à celui d'un chef d'Etat, Cornelio Sommaruga mène avec diplomatie et habileté des négociations pour porter secours aux victimes de conflits. Cela dans le strict respect des principes fondamentaux du CICR: indépendance, neutralité et impartialité. La déclaration qu'il fait à Auschwitz au sujet des erreurs et omissions de la Croix-Rouge lors de la Seconde guerre mondiale est un des points forts de sa présidence.

00:00:00 – 00:00:08 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Cornelio Sommaruga, diplomate, et tourné à Genève le 18 mars 2011. L'interlocuteur est Charles Sigel.
00:00:08 – 00:01:21 (Séquence 1) : L'interlocuteur désigne à l'écran la montre que Cornelio Sommaruga porte au bras, sur laquelle sont gravées des signatures. Cornelio Sommaruga dit qu'il y est très attaché et que sur celle-ci sont gravées les signatures de son épouse et de ses six enfants. Il la porte depuis dix-huit ans. Cornelio Sommaruga rappelle que sa devise de vie a toujours été la famille et explique que tout en ayant transmis un certain goût de l'engagement et de l'action à ses enfants, il a en retour beaucoup reçu d'eux. Il a par ailleurs seize petits enfants.
00:01:22 – 00:01:31 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Cornelio Sommaruga, diplomate, et tourné à Genève le 18 mars 2011. L'interlocuteur est Charles Sigel.
00:01:32 – 00:02:19 (Séquence 3) : L'interlocuteur rappelle que l'image que le public conserve de Cornelio Sommaruga est celle du président de la Croix-rouge internationale, il lui demande alors si son activité peut se résumer au fond à celle de diplomate. Cornelio Sommaruga rappelle que la diplomatie a toujours joué un rôle dans sa vie, par le modèle de son père qui était d'abord à Rome dans le privé puis a été appelé à la Délégation de Suisse pour les intérêts étrangers pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Cornelio Sommaruga est né à Rome en 1932 d'une mère romaine et d'un père tessinois.
00:02:20 – 00:03:26 (Séquence 4) : L'interlocuteur invite Cornelio Sommaruga à raconter ce qu'il a observé du fascisme italien au cours de son enfance romaine. Cornelio Sommaruga se souvient des discussions animées à la maison entre sa mère plutôt monarchiste et proche du fascisme et son père républicain tessinois qui se tenait à distance du régime fasciste. Le diplomate rappelle que son père ne voulait pas que son fils fréquente l'école publique italienne, ceci afin de le tenir éloigné d'un embrigadement dans les Jeunesses mussoliniennes. Il a donc été placé dans une école Montessori, école qui forge en lui une certaine indépendance d'esprit.
00:03:28 – 00:04:10 (Séquence 5) : L'interlocuteur mentionne le rôle important du scoutisme. Cornelio Sommaruga précise qu'il a découvert le scoutisme au cours des deux ans passés à Lugano avec sa mère, puis lorsqu'il rentre à Rome en 1945 retrouver son père, il va aider au développement du scoutisme en Italie, celui-ci ayant été réduit au silence sous le fascisme. Cornelio Sommaruga est interrogé sur l'importance qu'ont eue les valeurs chrétiennes pour lui à cette époque, il explique qu'elles ont influé sur lui par le biais de sa mère qui y était attachée.
00:04:12 – 00:05:49 (Séquence 6) : L'interlocuteur évoque en lien avec cette période de l'Occupation, l'importance qu'a prise la question juive dans la vie de Cornelio Sommaruga. Le diplomate explique que lorsqu'il a quitté Rome en mai 1943, il a senti que la persécution des juifs devenait plus forte. A la chute de Mussolini, les Allemands ont occupé Rome, et accentué la traque contre les juifs. Cornelio Sommaruga raconte que son père, grâce à son immunité diplomatique, a pu accueillir dans son appartement plusieurs amis juifs et ceci afin d'éviter leur persécution. C'est la ville de Lugano, où de nombreux juifs étaient internés, qui aura servi de pont de communication entre les juifs italiens et ceux installés à Lugano, grâce au courrier diplomatique envoyé par son père. La coïncidence fait que l'épouse de Cornelio Sommaruga a vécu une situation semblable, puisque, possédant une maison du côté italien du lac de Lugano, son père a organisé le passage de nuit de plusieurs juifs vers la Suisse, où un cousin officier de l'armée suisse était chargé de les accueillir.
00:05:52 – 00:08:18 (Séquence 7) : L'interlocuteur rappelle que Cornelio Sommaruga occupe son poste de directeur de la Croix-Rouge internationale au moment où celle-ci se questionne sur son propre rôle pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Cornelio Sommaruga explique qu'il ne s'était jamais occupé de cela, jusqu'au jour où il est arrivé au CICR et a paru le livre de Jean-Claude Favez qui évoquait le rôle de la Croix-Rouge face à l'Allemagne nazie pendant la Deuxième Guerre. Appelés à commenter le manuscrit qui avait été soumis à la Croix-Rouge, les membres du Comité n'étaient pas tous favorables aux thèses de M.Favez. Cornelio Sommaruga se souvient qu'il a dû non seulement rédiger et signer la lettre écrite par le Comité à Favez, mais aussi se préparer à réagir aux médias. Le diplomate se souvient aussi qu'il n'était alors pas vraiment convaincu par l'attitude de ses prédécesseurs, considérant que le CICR n'avait jamais pris position publiquement sur la question juive. Cornelio Sommaruga se souvient à ce propos qu'en 1942 le Comité avait préparé une déclaration publique sur la protection des civils, qui a alors été bloquée par Philipp Etter, membre du Comité mais également président de la Confédération helvétique, bloquant ainsi la séance. Le diplomate se souvient d'avoir été touché par cette affaire.
00:08:22 – 00:08:53 (Séquence 8) : Cornelio Sommaruga rappelle qu'en 1995, invité pour les cinquante ans d'Auschwitz à Cracovie, il a fait une déclaration disant regretter les erreurs et les oublis de ses prédécesseurs pendant la Deuxième Guerre Mondiale.
00:08:58 – 00:09:53 (Séquence 9) : Cornelio Sommaruga est invité à parler de sa formation. Le diplomate raconte qu'ayant fini sa maturité classique italienne, il demande à ses parents d'aller étudier en Suisse alémanique. Les parents de sa mère étant de langue française, ils ont beaucoup parlé français à la maison, c'est pourquoi le jeune homme désirant devenir diplomate, veut faire ses études en allemand. Cornelio Sommaruga raconte que cela n'a pas été une chose aisée, puisqu'il fait le saut du collège jésuite de Rome à l'université zwinglienne de Zurich où il étudie le droit. Il se souvient que la transmission par ses camarades féminines de leurs notes de cours l'a beaucoup aidé.
00:09:59 – 00:10:41 (Séquence 10) : L'interlocuteur interroge Cornelio Sommaruga sur son attirance pour la diplomatie. Il se souvient que c'est l'exemple vu à la maison qui l'a influencé, mais aussi que comme Suisse de l'étranger il portait de l'amour à son pays natal, bien qu'il le méconnût puisqu'il va découvrir réellement celui-ci pendant son service militaire. Le service militaire a joué un rôle important pour le diplomate dans sa découverte de la Suisse et des Suisses. Par sa connaissance et son observation de la diplomatie dans le cadre familial, Cornelio Sommaruga se souvient qu'il a toujours voulu réaliser quelque chose d'important pour son pays.
00:10:47 – 00:13:22 (Séquence 11) : Cornelio Sommaruga se souvient que lorsqu'il a parlé de son désir de devenir diplomate à son père, celui-ci a réagi par la négative, lui disant qu'il ne ferait pas un bon diplomate, étant trop bavardeur et réticent face à la bureaucratie. De l'avis de son père, il serait plus à sa place à la Division du commerce comme porte-parole économique. A peu près quinze ans plus tard il devient diplomate économique. Cornelio Sommaruga raconte ses premiers pas dans la diplomatie. Il est d'abord diplomate bilatéral classique comme stagiaire à la Haye dans les années 60, puis trois ans à Bonn pour s'occuper des questions juridiques. Il s'occupe alors de la négociation sur le statut de l'enclave de Büsingen, village allemand en plein cœur de Schaffhouse. Il travaille enfin à Rome pendant quatre ans comme diplomate bilatéral. Il se souvient d'y avoir été un peu l'homme à tout faire en raison de sa connaissance de l'italien. En effet, l'ambassade suisse à Rome se doit toujours d'utiliser comme langue nationale suisse la langue italienne. Cornelio Sommaruga explique que sa spécialité dans ce cadre est le droit et qu'en plus de la direction des écoles suisses en Italie il s'occupe officieusement du Vatican, la Suisse n'y ayant à l'époque aucun représentant. C'est une tâche importante, l'époque étant marquée par la fin du Concile de Vatican 2, ce qui lui permet de se rapprocher des Suisses et des Italiens qu'il a connus à l'école jésuite.
00:13:29 – 00:15:12 (Séquence 12) : L'interlocuteur rappelle cette période particulière au niveau historique et politique, marquée par le début de la construction européenne et Vatican 2. Cornelio Sommaruga se souvient des débuts de l'intégration européenne, auxquels il n'a pas participé, mais qu'il a pu observer dans son travail quotidien. C'est à ce moment-là qu'il a été repéré par les personnes qui s'occupaient de la Division du Commerce. Ayant émis le souhait de rentrer en Suisse, le diplomate se souvient qu'il s'attendait à être envoyé à Berne et n'aurait jamais imaginé être appelé à Genève. Il est donc appelé à Genève pour s'occuper d'organisations économiques s'occupant d'intégration européenne. A Genève, il travaille sur les relations entre la Suisse et l'AELE (Association Européenne de Libre Echange), afin de favoriser le commerce entre la Suisse et l'AELE, mais aussi avec d'autres pays comme l'Espagne, encore franquiste à l'époque, et la Yougoslavie. Le diplomate fait ensuite un saut au secrétariat de l'AELE comme secrétaire général adjoint, ce qui lui permet de découvrir une organisation internationale depuis l'intérieur, expérience utile pour la suite de sa carrière.
00:15:19 – 00:16:27 (Séquence 13) : Le diplomate explique qu'il possédait une certaine marge de manœuvre au sein de ses fonctions, puisqu'il était en poste à Genève dans la délégation suisse, alors que ses chefs étaient tous à Berne. Cela lui a permis de découvrir plus en profondeur des organisations internationales comme le GATT ou encore la CNUCED, la Commission économique européenne, l'ONU et surtout l'AELE. C'est aussi la découverte de la coopération multilatérale dans le domaine économique qui marque ces années de service diplomatique et permet de préparer le diplomate à ses futures fonctions à Berne au Département de l'économie publique, où il va officier comme négociateur commercial.
00:16:34 – 00:18:55 (Séquence 14) : L'interlocuteur demande à Cornelio Sommaruga s'il se considère plutôt comme un haut fonctionnaire ou un politique. Le diplomate répond qu'il se sent plutôt un haut fonctionnaire, même si dans sa fonction de secrétaire d'Etat il a été très proche du gouvernement et en mesure d'influencer certaines décisions. Il explique que lorsqu'il était secrétaire d'Etat, de nombreux députés venaient le voir et dialoguer avec lui. Par ailleurs, la représentation à l'étranger a permis au diplomate de beaucoup voyager afin de négocier des traités, que ce soit en Europe de l'Est ou en Europe de l'Ouest. Comme secrétaire d'Etat il a voyagé sur différents continents, afin de se constituer un réseau qu'il n'avait pas encore à l'époque. Cornelio Sommaruga se souvient que la Suisse ne comptant que sept ministres, ceux-ci ne pouvaient pas toujours se déplacer, ainsi il devait souvent se rendre à des conférences ministérielles pour représenter la Suisse, ce qui lui a permis de construire un réseau utile pour son travail futur à la Croix-Rouge. L'interlocuteur lui demande comment il envisage sa carrière à ce moment-là, le diplomate se souvient qu'il pensait continuer longtemps au service de l'Etat, sans penser ni à l'économie privée ou à la politique comme certains de ses collègues.
00:19:02 – 00:20:45 (Séquence 15) : L'interlocuteur invite Cornelio Sommaruga à raconter les circonstances dans lesquelles il a été nommé directeur du CICR. Le diplomate explique que n'étant pas membre de la Croix-Rouge, il reçoit un téléphone d'une connaissance qui est dans le comité du CICR, et qui lui rapporte une proposition du Comité de le nommer Directeur. La décision n'avait pas encore été arrêtée, d'autres candidats étaient en lice, mais Cornelio Sommaruga se souvient avoir été étonné qu'on ait pensé à lui pour le poste, et ce sont ses amis qui l'ont alors encouragé à prendre en compte l'offre qui lui était faite. Il demande alors à sa femme de convoquer les six enfants pour un conseil de famille lors duquel tous se sont montrés enthousiastes, sauf un de ses fils qui étudiait à Saint-Gall. Après ce conseil de famille Cornelio Sommaruga va chercher conseil chez un ancien conseiller fédéral qui le convainc d'accepter le poste. Il décide donc de répondre par la positive dans le cas où il serait appelé par le Comité.
00:20:53 – 00:21:40 (Séquence 16) : L'interlocuteur demande à Cornelio Sommaruga si le poste de directeur de la Croix-Rouge correspond aux valeurs qu'il a acquises depuis son enfance. Cornelio Sommaruga répond par l'affirmative et rappelle que lorsqu'il était scout à Rome, il avait fait un exercice personnel, afin de se fixer une devise qu'il conserverait comme projet de vie. Il choisit alors trois mots-clés pour illustrer celle-ci: servir, dignité humaine, famille. Lorsqu'il commence comme président du CICR, Il considère alors que les deux premiers éléments de sa devise sont atteints.
00:21:48 – 00:23:14 (Séquence 17) : En 1987, Cornelio Sommaruga entame la présidence du CICR. Il se souvient que l'état de la Croix-Rouge n'était pas mauvais, mais que le monde était en train de changer et par conséquent la responsabilité de la Croix-Rouge internationale d'être présente sur tous les conflits, exigeait toujours plus d'engagement de sa part. Mis à part les conflits internationaux, il y avait beaucoup de guerres civiles dans lesquelles il fallait opérer pour protéger, soigner, et nourrir toutes les victimes. Il fallait également visiter les prisonniers, assurer la communication avec leurs proches, donner des nouvelles et réunir les familles parce que très souvent les familles étaient dispersées suite aux mouvements importants de population suscités par ces conflits. Le diplomate explique que la difficulté de cette tâche réside dans l'obtention d'une confiance de la part de tous les milieux confondus, qu'ils soient politiques, militaires, cela afin de maintenir l'image de neutralité et d'impartialité de l'institution.
00:23:23 – 00:24:03 (Séquence 18) : L'interlocuteur énumère les mots d'ordre de la Croix-Rouge et invite Cornelio Sommaruga à les commenter. Le diplomate explique que ce sont les principes fondamentaux de la Croix-Rouge auxquels le CICR doit se tenir et que ce qui est essentiel pour le CICR c'est de travailler pour l'humanité. Ce travail s'effectue selon trois principes: humanité, indépendance et impartialité. Le diplomate explique que ces valeurs étaient devenues pour lui comme un dogme auquel il devait se tenir et devait de surcroît inciter tous les délégués se rendant sur le terrain à les adopter.
00:24:12 – 00:25:26 (Séquence 19) : Cornelio Sommaruga explique qu'à son arrivée au moins 650 personnes travaillaient au siège de la Croix-Rouge à Genève et plus de deux mille étaient expatriées dans les différentes zones de conflit, surtout des Suisses, ainsi que 3000 employés locaux. Il se souvient que lorsqu'il a quitté l'institution ils étaient environ douze mille. Il souligne encore que l'effectif a crû au cours de son mandat, en raison de la chute du Mur de Berlin. Suite à la fin des régimes communistes, les choses se sont déchainées sur le terrain à cause de l'armement mis en place par les régimes précédents, requérant de la part de l'organisation des efforts accrus en matière de sécurité afin de protéger les délégués.
00:25:35 – 00:26:25 (Séquence 20) : L'interlocuteur demande à Cornelio Sommaruga si les problèmes traités par la Croix-Rouge à l'époque de son mandat concernaient essentiellement les réfugiés. Cornelio Sommaruga explique qu'il ne s'est pas beaucoup occupé de problèmes de réfugiés, mais avant tout de problèmes de déplacement de population à l'intérieur des pays. Il fallait s'occuper avant tout des blessés, des familles dispersées et de visiter les nombreux prisonniers. Il explique que ces objectifs sont atteignables si le personnel est bien encadré et formé avant son départ. C'est pourquoi il a toujours attaché au cours de son mandat beaucoup d'importance à la formation du personnel à Genève.
00:26:35 – 00:28:16 (Séquence 21) : L'interlocuteur énumère le Kosovo, la Bosnie, le Rwanda, la Somalie, comme les grandes crises auxquelles le CICR a dû réagir. Cornelio Sommaruga explique que si ces événements ont constitué une période noire pour l'humanité, elle fut un succès au niveau de ce que l'organisation a pu mettre en place, cela malgré les difficultés. Le diplomate cite l'exemple du génocide rwandais, au cours duquel le CICR a été la seule institution étrangère ayant réussi à rester présente tout le temps du conflit. Le diplomate explique que le CICR était déjà présent avant les massacres. Il se souvient d'un travail rendu difficile par le manque d'hôpitaux et les agressions dont ont été victimes les employés locaux en raison de leur ethnie. Il se souvient encore avec gratitude qu'il n'y a pas eu de perte humaine dans le groupe des délégués expatriés. Cornelio Sommaruga se souvient qu'ils ont dû aller jusqu'à incorporer des médecins de l'organisation Médecins sans frontières dans leur groupe, afin qu'il soient protégés sous le drapeau de la Croix-Rouge. Cette bannière a d'ailleurs joué un rôle positif de protection, malheureusement pas toujours sur le personnel local.
00:28:27 – 00:29:38 (Séquence 22) : Le diplomate explique qu'il existe une certaine concurrence entre les ONG et la Croix-Rouge, mais précise que le plus important reste l'établissement d'un dialogue en vue de la protection des victimes. Il se souvient qu'à son arrivée régnait une certaine hostilité contre Médecins sans frontières, mais qui avait trait surtout à leur utilisation de l'emblème de la Croix-Rouge, créant une certaine confusion. Il se souvient être allé les trouver chez eux à Paris, et a eu une longue discussion positive avec Rony Brauman le président de l'époque. Il se rappelle également que ce dialogue instauré n'a pas effacé pas tous les différends, la Croix-Rouge devant se tenir à son principe de neutralité alors que MSF pouvait librement prendre position. Il souligne ensuite pour illustrer l'idée d'impartialité qu'aucune différence ne doit être faite entre les victimes.
00:29:49 – 00:30:44 (Séquence 23) : L'interlocuteur demande à Cornelio Sommaruga si la Croix-Rouge est autorisée à entrer partout. Le diplomate explique que de manière générale l'institution est autorisée à voyager dans tous les pays, mais qu'il lui faut parfois patienter pour obtenir une autorisation. La Croix-Rouge ayant été massivement présente en Somalie pendant et après le conflit, le diplomate évoque un moment émouvant lors d'une conférence à Caux pour la fondation le Réarmement moral. Dans la salle se trouvait un groupe de Somaliens, dont le maire de Mogadiscio; celui-ci est alors monté sur l'estrade et a remercié Cornelio Sommaruga pour avoir sauvé, grâce à la présence de la Croix-Rouge, un million de Somaliens. Le diplomate raconte ensuite que la guerre en ex-Yougoslavie l'a beaucoup occupé pendant son mandat.
00:30:55 – 00:32:17 (Séquence 24) : Cornelio Sommaruga rappelle que protocolairement en tant que directeur de la Croix-Rouge il a un statut de chef d'Etat dans les pays qui reconnaissent l'institution. S'il se souvient avoir été accueilli dans certains pays par de grandes manifestations imposantes, avec défilés en extérieur de voitures et de motards, parfois il n'était pas le bienvenu, en particulier dans les pays où le CICR avait observé un non-respect des Conventions de Genève. Il se souvient même que dans certains pays africains, le Tchad entre autres, malgré un rendez-vous convenu à l'avance, il a dû attendre plus de trois jours avant de voir le président. Le diplomate relativise en rappelant que dans la plupart des cas il a pu rencontrer les chefs d'Etat et que le rang du président du CICR est estimé.
00:32:28 – 00:35:09 (Séquence 25) : Cornelio Sommaruga parle du rapport qu'il entretenait avec les chefs d'Etat. Le diplomate explique qu'un rapport direct est parfois nécessaire si l'on veut obtenir quelque chose. Il évoque pour illustrer cela sa rencontre avec Fidel Castro en 1998, au cours de laquelle il devait négocier un accord pour avoir accès aux prisonniers politiques. La chose a été très difficile. Le diplomate se souvient qu'il a pu rencontrer Fidel Castro dans son bureau en pleine nuit, heure où il recevait. Il se souvient d'un entretien agréable, intéressant, au cours duquel le chef d'Etat cubain lui a raconté ses souvenirs de guérilla, et la manière dont il avait appliqué les règles de base de la Croix-Rouge pour le traitement des prisonniers. Ils ont signé pour finir un accord le lendemain, permettant à la Croix-Rouge de visiter les prisonniers politiques cubains. Cornelio Sommaruga explique qu'en Ex-Yougoslavie, les rencontres avec Slobodan Milosevic étaient très importantes en vue d'obtenir des ouvertures pour pouvoir se rendre dans certaines prisons ou camps de prisonniers. Le diplomate se souvient encore que malgré sa réserve envers le personnage, Milosevic était un homme de parole, qui lui avait dit croire au rôle d'impartialité de l'institution humanitaire. Lorsqu'il a vu Milosevic pour la dernière fois lors des bombardements de l'OTAN sur la Serbie en 1999, il voulait avoir accès à nouveau au Kosovo, celui-ci a accepté, au nom de l'impartialité de l'institution, acceptant même de l'annoncer publiquement à la télévision.
00:35:20 – 00:36:13 (Séquence 26) : Cornelio Sommaruga se souvient qu'après avoir rencontré lors de la guerre d'ex-Yougoslavie le général de l'armée serbe Radovan Karadžić, il a traversé les lignes de front pour passer du côté de Sarajevo, des journalistes lui ont alors reproché d'avoir négocié avec Karadžić, il raconte leur avoir dit qu'un président du CICR devait savoir se laver les mains plusieurs fois par jour. Le diplomate rappelle par cette phrase qu'il est important, en vue d'obtenir des résultats, de parler avec tout le monde et d'obtenir la confiance de toutes les parties d'un conflit.
00:36:25 – 00:38:41 (Séquence 27) : Cornelio Sommaruga explique qu'il n'a jamais essayé de faire profiter un camp d'une information obtenue lors de ses négociations avec un camp opposé. Il souligne n'avoir jamais voulu profiter de son statut de président du CICR pour aller au-delà du devoir d'impartialité que sa fonction lui conférait. Il se souvient tout de même une fois avoir été furieux contre Saddam Hussein, puisqu'il avait négocié au moment de l'invasion du Koweït avec le Vice-Premier ministre Tareq Aziz à Bagdad un accord pour pouvoir opérer avec le CICR en Irak. Lorsqu'il a voulu quitter Téhéran pour se rendre à Bagdad en avion privé, il n'a pas reçu l'autorisation d'atterrir, car le président irakien avait refusé de signer cet accord. Le diplomate est alors rentré sur Genève, a donné une conférence de presse à la sortie de l'avion et a convoqué la communauté diplomatique de Genève, qui était au courant de son séjour en Irak, afin de transmettre beaucoup d'informations et de détails utiles sur la situation. Il rappelle toutefois que cela reste une exception.
00:38:54 – 00:40:39 (Séquence 28) : L'interlocuteur demande à Cornelio Sommaruga s'il a le sentiment d'avoir beaucoup personnalisé la fonction de directeur du CICR. Le diplomate explique que quand il est arrivé au CICR pour prendre la présidence, lors d'une réunion à huis clos, un collègue lui a expliqué que le comité attendait de lui qu'il prenne en main l'institution et accentue la présence du CICR dans le monde, cela l'a beaucoup frappé. Comme la communication est beaucoup personnalisée, il fait l'effort de se mettre lui-même en première ligne. Il explique être allé beaucoup sur le terrain dans le but de rendre visite aux délégués exposés à toutes sortes de danger, préférant loger avec eux sur le terrain plutôt que dans les grands hôtels réservé aux personnes de sa fonction. Il se souvient d'un épisode émouvant lorsqu'il a assisté à des retrouvailles familiales au Rwanda. Une jeune fille avait alors été ramenée depuis le Zaïre à ses parents.
00:40:52 – 00:43:13 (Séquence 29) : L'interlocuteur indique avoir vu sur la porte de l'appartement de Cornelio Sommaruga une affiche contre les mines antipersonnel et rappelle que cela a été une importante action de prévention menée par la Croix-Rouge. Le diplomate se souvient qu'il a été impressionné en allant sur le terrain et en voyant tellement de victimes mutilées par les mines, cela malgré les efforts du CICR pour aider ces victimes. Il a aussi beaucoup écouté les plaintes des soignants à ce propos et a demandé l'interdiction de ces armes. Ces armes sont d'autant plus pernicieuses qu'une fois les conflits terminés elles continuent de causer des dommages. C'est ainsi qu'il prend l'initiative en 1994 de lancer un appel pour le bannissement complet des mines terrestres, activant ainsi une dynamique forte entre la Croix-Rouge et d'autres organisations non gouvernementales, ce qui conduit avec l'aide des Canadiens et des Norvégiens à une négociation internationale. Naît alors la convention d'Ottawa qui bannit les mines antipersonnel. Le diplomate explique que la Convention est entrée en vigueur, mais qu'il lui manquait un secrétariat. C'est au moment de quitter le CICR qu'on a demandé à Cornelio Sommaruga de présider un centre international de déminage humanitaire à Genève; centre qu'il a effectivement présidé pendant huit ans. Le diplomate se souvient qu'au travers de cette initiative ils ont réussi à faire de Genève le centre de toute l'activité autour du déminage. Il explique également que cette Convention possède une universalité partielle étant donné qu'il manque certaines parties prenantes importantes comme la Chine, la Russie et les Etats-Unis.
00:43:27 – 00:44:29 (Séquence 30) : Cornelio Sommaruga explique que la Chine et la Russie sont les principaux fabricants de mines antipersonnel, alors que les Etats-Unis ne les utilisent plus lors de leurs interventions. Mais le diplomate rappelle que la Convention stipule que les pays qui ont signé ne doivent ni fabriquer, ni utiliser, ni exporter, ni encore stocker ces mines, la Convention les empêche donc de les acheter. Ce qui reste incontrôlable ce sont les activités des mouvements d'opposition armés, qui eux achètent et fabriquent ces mines. C'est ici qu'intervient l'organisation genevoise qui s'appelle l'Appel de Genève qui fait en sorte que ces institutions qui sont armées par l'opposition viennent et s'engagent à ne plus utiliser ces armes. Il y a déjà une quarantaine de mouvements armés qui ont signé la Convention.
00:44:44 – 00:45:28 (Séquence 31) : Après treize ans de mandat, Cornelio Sommaruga est contacté par le réseau "Réarmement moral". Le diplomate s'était déjà rendu à leur siège à Caux pour prononcer une conférence comme président du CICR. Le diplomate accepte, à condition que l'on change le nom de l'organisation qu'il n'aime pas beaucoup. Ils parviennent après une année à trouver un nom de substitution, Initiatives et Changement.
00:45:43 – 00:46:55 (Séquence 32) : Le diplomate explique que le but de l'organisation Initiatives et Changement vise à œuvrer pour la réconciliation personnelle. Ils ont ainsi travaillé à faire venir à Caux d'anciens ou actuels ennemis pour se rencontrer. Ils s'occupent aussi de mettre plus d'éthique dans l'économie, et de promouvoir le dialogue entre ethnies et religions différentes, tout cela dans le cadre extraordinaire du Mountain House à Caux, un ancien palace, propriété de la fondation. Cornelio Sommaruga a exercé dans ce cadre pendant huit ans et est maintenant le président honoraire de la fondation. Il est aujourd'hui heureux qu'une de ses filles, ayant trouvé l'activité intéressante, y participe. Cornelio Sommaruga explique qu'il a apprécié le fait que l'on travaille en prévention pour la réconciliation, afin d'amener les gens à ne plus utiliser la violence. Le diplomate, souligne qu'il trouve déplorable aujourd'hui qu'il manque ce volet important de la non-violence dans l'éducation des enfants. Il faut, selon Cornelio Sommaruga, éduquer les enfants à n'être violents ni verbalement ni physiquement.
00:47:10 – 00:50:35 (Séquence 33) : Cornelio Sommaruga explique qu'il a été appelé dans la Fondation pour le Futur qui a son siège à Amman. Cette fondation est au cœur de l'actualité, puisqu'elle s'occupe de la société civile en Afrique du Nord et dans le Moyen-Orient afin de soutenir des projets dans le domaine des Droits de l'Homme. Il souligne qu'elle est active au cœur même du Printemps Arabe. Il évoque ensuite l'exemple de la Tunisie, pays où il était très difficile de trouver une société civile indépendante de l'Etat. La fondation aide ces pays où tout doit être reconstruit et aide à la construction d'une démocratie. Le diplomate explique que la démocratie n'est pas seulement une question institutionnelle, mais aussi une croyance, une force de l'esprit qui a pour but la tolérance des uns envers les autres. La fondation gère actuellement un projet en Egypte, mais n'a encore jamais pu rentrer en Libye où il n'y a pas de société civile. Le diplomate explique que le Bahreïn est le cas qui le préoccupe le plus aujourd'hui. Si autrefois il était possible d'y développer des activités facilement, aujourd'hui les choses sont plus compliquées. L'Arabie Saoudite y a envoyé des troupes pour réprimer les mouvements de résistance. Vient se greffer à cela un problème religieux entre chiites et sunnites. Cornelio Sommaruga explique qu'il a été très actif ces derniers dix ans à Genève et intéressé par l'Appel spirituel de Genève, lancé dans la cathédrale de Genève en 1999, où toutes les religions se sont réunies pour trouver un texte qui propose de séparer religion et violence. Le diplomate se souvient qu'en 2003 lorsque l'Abbé Pierre est venu pour donner une bénédiction finale, celui-ci s'est levé de sa chaise roulante, est monté sur l'estrade, soutenu à sa droite par un rabbin et à sa gauche un imam. Pour le diplomate, c'est la démonstration que la coopération religieuse sur des sujets importants est possible.
00:50:51 – 00:50:59 (Séquence 34) : L'interlocuteur invite Cornelio Sommaruga à rappeler les trois termes de sa devise. Servir, dignité humaine et famille. Le diplomate est content que malgré les difficultés il soit parvenu à les réaliser.
00:51:15 – 00:51:32 (Séquence 35) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Cornelio Sommaruga, diplomate, et tourné à Genève le 18 mars 2011.
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