Jean-Louis Claude (Le petit névrosé)

  • français
  • 2014-04-15
  • Dauer: 00:50:12

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Beschreibung

Jean-Louis Claude naît à Berne le 5 juin 1942. Sa mère ne prend pas le temps de lui donner un prénom, il ne la verra jamais. Son père, il l’apprend vers 7-8 ans, est au Canada… ou en prison. C’est le dilemme de toute son enfance. L’assistance publique vaudoise le place en pouponnière à Lausanne puis chez des paysans à Savigny. Les visions et sensations de ce lieu de vie le poursuivent. A 6 ans, comme un baluchon, on le pose à la Maison de Burtigny. Puis c’est l’orphelinat Marini à Montet (Broye, FR). Dès 11 ans il y subit le pire infligé par ceux à qui on l’a confié. Cette période le perturbe irrémédiablement. A 15 ans il est chez des paysans à Montagny-la-Ville. Tout change pour lui. Un nouveau tuteur s’efforce de comprendre cet ado si chargé et qui ne se confie pas. A 19 ans il publie « Besoin de lire », ses premiers cris. Sa vie d’adulte est marquée par le désir de fuir l’endroit où il vit. On le pense mort, il revient et publie « Le petit névrosé ». Sans amour et sans haine Jean-Louis s’excuse en peinture, s’active dans certaines actions où ses compétences et son vécu se noient dans un monde qu’il défend et dérange tout à la fois.

00:00:00 – 00:00:08 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Jean-Louis Claude, poète, et tourné à Genève, le 15 avril 2014. L'interlocuteur est Jacques Poget.
00:00:08 – 00:02:19 (Séquence 1) : Surnommé "le petit Claudie", Jean-Louis Claude se fait connaître au moment où les médias romands s'intéressent aux cas d'enfants qui, abandonnés par leur famille, sont placés dans des foyers et subissent des maltraitances. Il apporte son témoignage à Berne à l'occasion d'une grande cérémonie d'excuses. C'est d'ailleurs du côté de la Suisse alémanique que naît ce mouvement de reconnaissance des victimes. Le canton de Genève et la Confédération s'en feront l'écho. Lorsqu'au Département de justice et police il s'agit de témoigner par écrit, Jean-Louis Claude refuse de réduire son récit à une page et demie. La personne en charge de la rédaction lui offre alors la liberté de faire ce qu'il veut et il rédige "Le petit névrosé", un livre qui raconte son expérience personnelle. L'interlocuteur rappelle que c'est grâce à son engagement qu'il y a aujourd'hui un délégué aux victimes de mesures de coercition à des fins d'assistance.
00:02:27 – 00:03:56 (Séquence 2) : Enlevé à sa mère à la naissance et placé en pouponnière en 1942, l'enfant porte le nom de la fête de la St-Claude associé à cette date. Si Jean-Louis ne garde pas de souvenirs de ces premières années de vie, lui revient en mémoire le jour du départ, lorsque, placé chez des paysans, on prend soin de lui couper ses cheveux longs et bouclés parce qu'"il n'est pas une petite fille". Les conditions de vie de l'enfant lui laissent des cauchemars : Jean-Louis Claude dort sur des sacs de son, avec pour couverture quelques sacs de jute et se fait nettoyer au jet. Il n'est pas rare que les rats lui passent dessus la nuit. Ces traitements d'un autre âge durent jusqu'à ses six ans. C'est lorsqu'il commence l'école à Savigny qu'un instituteur s'aperçoit de ses plaies au cou. Jean-Louis Claude est alors placé chez sa grand-mère quelque temps, puis il est placé à la Maison de Burtigny durant deux-trois ans.
00:06:24 – 00:01:44 (Séquence 3) : La vie à l'institution Burtigny lui laisse une impression heureuse. Tante Marguerite, évoquée dans son livre, est une femme qui lui donnera confiance en lui, lui enseignant la lecture de la Bible, l'écriture et l'amour de la nature. Bien qu'il se sente bien à Burtigny – seul lieu duquel il ne fuguera pas – un malaise subsiste fait d'ennui et de mélancolie qui le poussera toujours à chercher son père.
00:08:09 – 00:01:11 (Séquence 4) : Sa grand-mère étant catholique, elle désire sortir l'enfant de l'institution protestante de Burtigny pour le ramener à la foi catholique. Suite au décès de son mari, elle ne parvient plus à s'occuper de lui et le place à l'institut Marini, tenu par des prêtres, dans le canton de Fribourg où il reste jusqu'à l'âge de 15-16 ans.
00:09:21 – 00:02:14 (Séquence 5) : Commence alors une vie d'abus et de violence, l'enfant baignant dans un malaise perpétuel. Si Jean-Louis Claude ne livre pas les noms des prêtres qui l'ont maltraité obéissant à une foi qu'il peine encore à expliquer, il dénonce par contre la violence et les fessées publiques des surveillants qui veulent le virer de l'école.
00:11:35 – 00:03:39 (Séquence 6) : A force de chercher, l'enfant finit par trouver l'adresse de son père qui ne lui offrira pas de réponse. Lorsque à l'âge adulte son père cherche à lui expliquer le passé, il refuse le dialogue, ayant perdu tout lien de confiance. L'institut Marini constitue par ailleurs un lieu de formation important où Jean-Louis Claude apprend à apprendre. Jean-Louis Claude dénonce un de ses surveillants et l'affaire se poursuit au tribunal. Bien qu'il cache les noms des prêtres abuseurs lors du procès, le rapport du tribunal qu'il reçoit des années plus tard, lui donnera raison: les noms des deux prêtres y figurent. Suite à ses multiples rébellions, Jean-Louis Claude est à nouveau placé dans un foyer paysan.
00:15:15 – 00:02:16 (Séquence 7) : Si tout se passe bien dans cette famille, le garçon continue à jouer le rôle du domestique. A l'occasion d'un devoir d'école - une composition sur la Suisse - les choses changent: au moment de la reddition des copies, l'instituteur annonce qu'il va lire le texte d'un élève qui va devenir un écrivain. L'épisode lui vaut de s'affirmer et d'être accueilli dans le village. Jean-Louis Claude se souvient s'être senti Suisse parce qu'il avait rencontré le général Guisan avec sa grand-mère. Lorsque l’interlocuteur lui demande s'il pense avoir du talent, il dit avoir eu de la chance et avoir pas mal travaillé. Par la suite, l'un des frères de son patron, M. Pidoux, directeur d'école, lui permet de faire des études secondaires.
00:17:32 – 00:02:57 (Séquence 8) : Jean-Louis Claude a longtemps désiré devenir curé et c'est en grandissant qu'il réalise que ce sera impossible. Malgré les abus qu'il a subis, il garde le souvenir des prêtres comme de modèles d'intelligence. Il fait ensuite des études de journalisme à l'Université de Fribourg. Certaines rencontres décisives lui permettent de progresser: il bénéficie du soutien de son tuteur Claude Pahud et est découvert par le directeur de la Radio suisse romande qui retient sa voix radiophonique. Jean-Louis Claude affirme n'avoir jamais voulu faire carrière: son passé douloureux le hantera toujours et abolira toute confiance. Dépressif chronique, il est interné à Cery à Lausanne et fait jusqu'à deux cures de sommeil par année.
00:20:30 – 00:02:31 (Séquence 9) : Accro aux médicaments, il se met à en voler, ce qui lui vaut de faire un an de prison à Bochuz. Avec un autre prisonnier, il tente de s'évader mais se fait attraper le jour même. Il rédige en prison une grande quantité de poèmes qu'il envoie à Emile Gardaz et qui passent à la radio.
00:23:01 – 00:02:24 (Séquence 10) : Jean-Louis Claude dit avoir beaucoup aimé Marie-Laure, femme avec qui il vivra 5 ans. Ce temps heureux est aussi un temps de question : bien qu'il ne cache pas son homosexualité à sa compagne, celle-ci se met en tête de le changer. Réalisant qu'il la rend malheureuse, il l'avertit six mois à l'avance qu'il va la quitter. S'il ne tombe pas amoureux et s'il entretient avec cette femme une relation strictement platonique, il vit avec elle une amitié par laquelle il retrouve à la fois la mère et l'amie. Cette période est aussi celle d'un retour à la terre puisqu'ils élèveront ensemble oies, poules et cochons.
00:25:26 – 00:02:33 (Séquence 11) : Son interlocuteur lui suggère que la difficulté à tomber amoureux d'une femme est liée à ce qu'il a subi. Jean-Louis Claude affirme n'avoir jamais pu s'attacher à une femme par manque de désir et en avoir voulu à son passé. Il regrette de n'avoir jamais pu fonder une famille tout en sentant que cela lui aurait été impossible. De même, il renonce à son désir de devenir prêtre par peur de la pédophilie et craint de se lancer dans l'enseignement. Puis, il se libère et décide de faire de sa vie ce qu'il veut.
00:27:59 – 00:02:13 (Séquence 12) : Il part à Paris avec un amour de jeunesse qui resurgit : l'acteur Marcel Imhoff. Ce voyage correspond à un désir d'émancipation homosexuelle hors de l'étroitesse du petit milieu genevois dans lequel il se sent stigmatisé. Il vit alors de la prostitution. Tandis que son ami Marcel tombe malade du sida au début des années 1980, Jean-Louis Claude échappe au virus.
00:30:13 – 00:02:38 (Séquence 13) : Jean-Louis Claude se retrouve face à un homme malade et alcoolique : il prend peur et finit par quitter Marcel Imhoff pour un autre homme. Il part avec "l'amour de sa vie", rencontré sur le tournage du film "la Coccinelle". Il y joue comme figurant le rôle d'un conducteur d'automobile. Alors que les deux hommes doivent faire rouler la voiture un court laps de temps dans une scène, ils quittent ensemble le lieu du tournage au volant du véhicule pour passer la journée ailleurs. Ils vivront cinq ans ensemble partageant les mêmes intérêts pour le théâtre, la radio, la poésie. L'expérience parisienne permet enfin à Jean-Louis Claude de vivre une homosexualité jusque-là impossible pour lui en Suisse.
00:32:51 – 00:01:09 (Séquence 14) : A cette époque, il fait de la radio pirate, d'abord à Paris, avant l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand. Il pratique cette activité avant l'autorisation des radios libres et se retrouve même une fois stoppé avec son émetteur. Par la suite, il obtiendra la permission d'avoir deux-trois fréquences et de faire de la radio locale : "Radio-Chartres". A l'époque, avoir sa radio revient à être un personnage, ce qui lui vaut d'être courtisé par des hommes politiques pour faire des émissions.
00:34:00 – 00:02:09 (Séquence 15) : Jean-Louis Claude se souvient du culot du métier. Dans le cadre de son émission, "Le Jour et la nuit", il appelait au hasard les gens chez eux téléphone. Il appelle ainsi les femmes qui aiment sa voix, une voix qu'il a appris à poser à vingt ans à Lausanne grâce aux soins de Marcel Merminod. A nouveau il s'agit pour lui d'éconduire ces amours impossibles. A cette même époque, les gens soutiennent financièrement la radio, tant ils croient à ce médium. Il existe par ailleurs encore une radio à la frontière qui jouit de cette liberté et de ce rayonnement. C'est sur le web que Jean-Louis Claude retrouve aujourd'hui ce type de liberté. Il s'agit pour lui d'offrir par ces médias à des gens qui n'ont pas la possibilité de prendre la parole le moyen de la prendre. Il déclare enfin à la fois aimer la radio et vouloir arrêter.
00:36:09 – 00:02:58 (Séquence 16) : Torturé psychiquement et malade de son addiction aux médicaments, il retombe en dépression. Lors d'un de ces épisodes, et suite à une consultation à l'hôpital français de l'Hôtel-Dieu, il rentre malgré lui en Suisse à la clinique genevoise de Belle-Idée pour une cure de plus longue période. Jean-Louis Claude dit avoir souvent eu cette sensation de toucher le fond, ce qui le mène soit à des tentatives de suicide, soit à des crises dépressives. Il parvient toujours pourtant à remonter. Aujourd'hui encore, il fait très attention à son état, n'hésitant pas à s'en aller et à s'enfermer quelques jours chez lui pour éviter le pire.
00:39:08 – 00:02:38 (Séquence 17) : L'écriture l'accompagne toujours : faire de temps en temps un récital de poésies, lui permet de se mettre dans un autre monde. Il crée d'ailleurs La Maison de la poésie, l'atelier du vivant et Carrefour. Jean-Louis Claude rappelle qu'à son retour en Suisse, il est envoyé au service des Suisses de l'étranger, chez Noël Constant. Il vit d'abord à l'hôtel, bien que la ville lui ait mis à disposition un appartement rue des Deux-Ponts à Genève. Il n'y dormira jamais, le mettant à disposition pour les sans-abri. Malgré la maladie, il demeure toujours actif. Il réalise par exemple qu'il y a plein de gens qui ne peuvent pas exposer leurs œuvres ou les éditer. Il investit alors dans l'édition pour leur offrir l'aide qu'il aurait souhaité recevoir. Il met alors sur pied en Suisse un atelier vivant grâce à quelques subventions, conçu sur le modèle de celui qu'il avait créé auparavant à Belloy-en-France sur une demande de la municipalité.
00:41:47 – 00:01:18 (Séquence 18) : Jean-Louis Claude se souvient que pour réaliser des projets à Genève, il fallait aller à la rencontre de personnes comme André Chavanne, surtout en ce qui concerne la poésie. Or il ne sortira jamais de chez lui sans un chèque. Ces gens qui lui font confiance, l'aideront jusqu'à aujourd'hui. S'il a 72 ans et qu'il touche sa rente, il ne désire pas prendre sa retraite pour autant. Visitant régulièrement une amie dans sa maison de retraite et ayant fait des séjours en maison psychiatrique, il considère l'état des maisons pour personnes âgées comme vraiment inquiétant.
00:43:05 – 00:02:13 (Séquence 19) : Jean-Louis Claude visite les prisonniers depuis de nombreuses années. A la question de savoir ce qu'il fera des années qu'il lui reste à vivre, Jean-Louis Claude dit vouloir ne pas faire plus mais vouloir prendre son temps, un temps qui lui a souvent manqué pendant sa vie, en particulier pendant sa jeunesse où il ne dispose parfois que de 2-3 heures pour peindre, lire, écrire. Il considérera toujours qu'il faut apprendre: la littérature française, un livre de philosophie, écouter France culture toute la nuit font partie de ses bonheurs culturels.
00:45:18 – 00:03:33 (Séquence 20) : Son interlocuteur lui demande ce que Jean-Louis Claude changerait dans ses choix en regardant en arrière. S'il ne veut d'abord pas répondre à cette question, il dit sa reconnaissance d'avoir vécu jusque là. Il criera par contre toujours qu'on a cassé sa vie. S'il peut pardonner aux institutions et mettre sur le compte de l'époque une partie du mal subi, il en veut toujours à ses parents et refuse de leur pardonner. C'est le fait de recommencer toujours qui l'aidera à sortir des moments difficiles. Son interlocuteur lui rappelant combien les pleurs et la tristesse reviennent comme un thème lancinant de ses textes, Jean-Louis Claude dit ne pas s'en vouloir à lui-même et se trouver satisfait du chemin parcouru vers un nom. Il affirme avoir changé son nom "Claude Schmidt" en "Jean-Louis Claude", ne pouvant supporter le nom de son père qu'il aurait porté comme une maladie. A la question de savoir si Dieu existe, Jean-Louis Claude répond par la négative: il n'aurait pas permis une telle souffrance, à moins d'être aussi fou que les hommes. Pour Jean-Louis Claude, rien n'existe au-delà, pas même l'enfer qui existe davantage sur terre.
00:48:52 – 00:00:53 (Séquence 21) : Richard-Edouard Bernard, préface son premier recueil de poèmes, un recueil transmis par C.Pahud. Jean-Louis Claude cite un passage de cette préface: "Même si tout t'est ôté, l'enfant, la femme, l'ami, nul ne peut enlever le sanglot que j'ai lu dans ta poésie. Là voilà ta vraie, ta seule, ton imprenable richesse."
00:49:45 – 00:00:26 (Séquence 22) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Jean-Louis Claude et tourné à Genève le 15 avril 2014.
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