Yves Yersin (L'alchimiste du cinéma)

  • Französisch
  • 2014-12-02
  • Dauer: 01:01:49

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Beschreibung

Fils de peintre, Yves Yersin s’oriente, à l’âge de 14 ans, vers le domaine des arts visuels. Il accomplit, dès 16 ans, une formation de photographe à l’Ecole de photographie de Vevey. Il entre finalement dans le cinéma en réalisant une quinzaine de documentaires sur les métiers en voie de disparition. La sortie du long métrage Les derniers passementiers en 1972 couronne ce cycle. Suit « un long tunnel » de minutieux travail sur Les Petites fugues, film poétique et universel dont la réflexion se construit autour de Mai 68 et de ses enjeux : le refus de la hiérarchie, la redécouverte de son propre corps et la liberté qu’il faut gagner. Le film sort en 1980 en Suisse et fait le tour du monde. En 2013, Yves Yersin se voit décerner quatre prix au Festival international du film de Locarno pour son documentaire Tableau noir, un véritable poème cinématographique sur la transmission du savoir. Ce 300e film Plans-Fixes brosse le portrait d’un cinéaste hors du commun, d’un alchimiste du cinéma qui n’a cessé d’explorer ses divers aspects.

00:00:00 – 00:00:07 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Yves Yersin et tourné à Yverdon-les-Bains (VD), le 2 décembre 2014. L'interlocuteur est Frédéric Maire.
00:00:07 – 00:01:41 (Séquence 1) : Le hasard a joué un rôle important dans la carrière de Yves Yersin. Il explique que le genre de films qu'il fait lui est égal, ce qu'il aime par-dessus tout c'est le faire bien. La même approche préside aux différents genres qu'il aborde.
00:01:41 – 00:02:05 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Yves Yersin et tourné à Yverdon-les-Bains (VD), le 2 décembre 2014. L'interlocuteur est Frédéric Maire.
00:02:06 – 00:03:45 (Séquence 3) : Yves Yersin a une enfance normale. Obèse, sa situation est difficile à vivre psychologiquement. Il naît au milieu d'une fratrie de trois frères, dont le premier et le dernier sont brillants, alors que lui est un cancre, ce qui déçoit sa famille. Il est fils d'un peintre-graveur et d'une mère Suisse allemande qui fait du tissage. Il naît à Lausanne et passe son enfance principalement à Bougy-Villars et à Mont-sur-Rolle.
00:03:46 – 00:04:52 (Séquence 4) : A l'âge de 12 ans, les parents de Yves Yersin divorcent. Les trois enfants restent avec la mère, alors que le père quitte la maison. Il vient voir ses enfants les samedi. Voyant sa mère souffrir, le réalisateur se souvient de moments pénibles qui ont marqué son rapport avec les femmes. Au mariage sont associés des éléments négatifs.
00:04:54 – 00:06:44 (Séquence 5) : Yves Yersin fréquente l'école primaire de Mont-sur-Rolle puis descend au Collège à Rolle. Il est tellement mauvais élève qu'on le renvoie à l'école primaire où il achève sa scolarité. La compagne de son père est photographe. Son père l'initie à la photographie le mettant indirectement sur la voie du cinéma. A 16 ans il entre à l'Ecole de photographie de Vevey, ce qui transforme sa vie puisque jusque-là il n'avait rien réussi sur le plan de la formation. A cette période il va souvent voir des films. Après avoir vu "Hiroshima mon amour" à la Tour de Peilz, il décide de faire du cinéma.
00:06:47 – 00:09:20 (Séquence 6) : Yves Yersin entre dans le cinéma en faisant un stage avec un vieux cinéaste qui faisait des films d'entreprise chez Wild à Heerbrugg. Il est engagé ensuite au Liechtenstein où il travaille avec un photographe qui fait des films. Il est engagé pour filmer la famille royale. Il se souvient avoir filmé son plan le plus vu au monde, celui du doigt du prince glissant la bague sur celui de la princesse. Au Liechtenstein il est en contact avec l'organisation Arts et traditions populaires suisses qui l'engage pour tourner deux films. Ce mandat lui est proposé grâce à un film tourné avec Jacqueline Veuve qui s'intitule "Le panier à viande". Jacqueline Veuve prend contact avec Yves Yersin pour tourner un film d'animation sur sa collection de cartes postales. Ce projet ne s'est jamais réalisé.
00:09:23 – 00:12:17 (Séquence 7) : Yves Yersin va tourner plusieurs films pour Arts et traditions populaires suisses. Ces films portent sur des techniques artisanales en voie de disparition. Ces films sont toujours muets. Ils sont mal payés et Yves Yersin est parfois contraint de financer ses propres idées. Il se souvient que pour expliquer ce qui se passe dans le moule d'une cloche de vache, il réalise par ses propres moyens une séquence animée. Ces films lui ont appris la base de son métier, la gestion du temps et de l'espace. Il utilisera ces compétences toute sa vie ensuite.
00:12:21 – 00:16:03 (Séquence 8) : Yves Yersin connaît son premier succès avec "Les derniers passementiers", un film parlant. "Les passementiers", film précédent, est soumis à un cadre technique précis. Les passementiers c'est la préparation d'un métier à tisser de rubans, alors que "Les derniers passementiers" porte sur l'histoire orale des derniers passementiers. Il découvre lors de ce tournage que pour être précis dans cette expérience documentaire, il faut travailler comme en fiction, que les gens travaillent comme des acteurs et regardent dans l'objectif. Pour cela, il fait répéter ceux qu'il filme, découvrant que le travail devant la caméra, le travail de confrontation avec elle, rend les gens extrêmement vivants et plus vrais. Aujourd'hui le résultat est tellement naturel, qu'il serait difficile de percevoir ce travail.
00:16:08 – 00:18:37 (Séquence 9) : Yves Yersin se souvient que la réalisation de son premier court-métrage "Angèle", 4e sketch du film de fiction "Quatre d'entre elles", a été un moment important. Yves Yersin souligne d'abord que tout ce qu'il entreprend est extrêmement lent. Alors que les autres réalisateurs mettent deux mois à réaliser leur film, il met un an et demi. Ils essaient beaucoup de choses avec son chef opérateur Renato Berta. Ils mélangent des gens d'un asile de vieillard avec des comédiens. Son héroïne, pensionnaire du home, est une vieille dame de la très bonne société française et italienne qui tranche avec son langage châtié. Il utilise une des comédiennes pour diriger les débats entre les différentes personnes. Il apprend beaucoup de choses de cette expérience.
00:18:42 – 00:21:15 (Séquence 10) : Le film "Angèle" connaît une vraie carrière et passe à Cannes. Il se souvient avoir monté les marches avec la dame héroïne de son film. A leurs côtés sur les marches, se trouvent les Beatles, les Rolling Stones, Monica Vitti. Il a gardé une très forte relation avec cette dame. Il réussit à la faire sortir de son asile de vieillards et l'installe dans un petit appartement à Lausanne. Après sa mort, il conservera ses cendres chez lui pendant une année avant de les disperser sur le lac. On a peu parlé de son film dans les journaux après sa projection à Cannes en raison de la couverture des événements de Mai 68.
00:21:21 – 00:22:11 (Séquence 11) : Yves Yersin explique qu'une légende s'est créée autour de sa participation au Groupe des 5. Or il n'a rien tourné avec eux, ils ont juste écrit un scénario ensemble qui n'a jamais été tourné.
00:22:18 – 00:24:56 (Séquence 12) : Yves Yersin commence "Les petites fugues" en 1972. Il se souvient que c'était un film qu'il n'arrivait pas à commencer. Le papa de Madeleine Fonjallaz lui raconte l'histoire d'un ouvrier de campagne qui s'achète un vélomoteur avec son AVS et qui se pend. Il prend huit mois pour écrire une ébauche de ce film. Le film commence vraiment au moment où son ami Michel Contat lui offre son aide pour écrire ce petit traitement. Il rencontre à cette époque Claude Muret qui deviendra le coscénariste du film. Pendant une année il ne fait que discuter pendant que Claude Muret prend des notes dans un cahier. Pendant ces conversations informelles se dessine une différence entre lui petit artisan et Muret avec son passé militant. Cet aspect militant a apporté beaucoup de choses au film.
00:25:03 – 00:26:50 (Séquence 13) : Le film "Les petites fugues" est construit sur les événements de 68 et les découvertes qui en ont résulté. Yves Yersin énumère celles-ci: refus de la hiérarchie, découverte de son propre corps, le sentiment de liberté. Suite aux longues conversations avec Claude Muret, consignées dans un cahier, il lui faut un an et demi pour écrire un scénario avec des dialogues. Claude Muret a inspiré le film, mais c'est Yves Yersin qui en a composé le scénario.
00:26:57 – 00:30:25 (Séquence 14) : La création du film "Les petites fugues" a vu défiler de nombreux producteurs. Yves Yersin commence par recruter une équipe technique dont un machiniste du nom de Robert Boner. Le film est d'abord produit par Peter-Christian Fueter et Yves Gasser de Citel films. Il engage à dessein deux producteurs qui ne s'entendent pas afin de trouver une place entre eux deux et de faire ainsi pencher la balance d'un côté ou de l'autre. Il doit d'abord réécrire le film, car le scénario est trop long. Il en retire la leçon que couper pour densifier un film fait beaucoup de bien. Il donne à ce titre l'exemple de la scène d'ouverture du film qui remplace une longue digression par un bref enchaînement déroutant de séquences, selon lui plus intéressant cinématographiquement. De nombreuses séquences du film ont été réduites suivant ce principe.
00:30:33 – 00:31:52 (Séquence 15) : Après réduction de la durée du film, les producteurs des "Petites fugues" décident d'abandonner le projet. Robert Boner le machiniste produit lui-même le film, le sauvant à plusieurs reprises dans des conditions difficiles. L'écriture du film commence en 1972 et le film sort en 1980.
00:32:00 – 00:34:45 (Séquence 16) : "Les Petites fugues" est présenté à Cannes et à Locarno et réalise 500'000 entrées. Yves Yersin se souvient d'avoir eu une réaction contradictoire. D'un côté le succès du film le réjouit, le film est devenu mythique en Suisse et touche à quelque chose d'universel. De l'autre côté, ce succès est difficile à porter pour le réalisateur. Lorsque les gens le rencontrent ils sont déçus. Ils s'attendent à rencontrer quelqu'un de drôle comme le protagoniste principal Pipe, joué par Michel Robin, alors qu'Yves Yersin ne se considère pas comme quelqu'un de drôle. Il se souvient aussi que le succès et la peur de ne pas réussir à faire aussi bien l'ont bloqué.
00:34:54 – 00:37:33 (Séquence 17) : Après la sortie du film, Yves Yersin se rend à Cannes. Ils créent alors une carte postale sur laquelle figure l'affiche du film. Ils sont les premiers à le faire. En voyageant, ils rencontrent cette carte partout dans le monde. Après la sortie du film, il voyage beaucoup. N'aimant pas les festivals, il s'arrange pour réaliser un reportage pour Temps Présent en Suède du Nord afin d'éviter Locarno. Grâce à Pro Helvetia qui projette son film dans le monde entier, il obtient deux billets d'avion ouverts, qui lui permettent de faire le tour du monde. Il projette son film dans 200 endroits différents.
00:37:42 – 00:40:14 (Séquence 18) : Grâce aux projections financées par Pro Helvetia, Yves Yersin découvre l'Inde, où il voyage avec Fredi Murer qui projette lui aussi son film. Il se souvient que c'était très agréable d'y voyager parce qu'ils mettaient trois semaines pour passer les bobines d'un endroit à l'autre. Il y a 17'000 cinéclubs en Inde où ils peuvent projeter leur film. Ils renoncent toutefois à tous les visiter. Il rejoint ensuite une amie au Canada, avec qui ils s'étaient promis de tourner un road movie aux Etats-Unis. En arrivant au Canada, il réalise qu'elle ne souhaite pas réaliser ce film. Elle le convainc d'aller à San Francisco à l'université de Berkeley où il apprend l'anglais. Il étudie avec les jeunes étudiants du Tiers-Monde, tous plus jeunes que lui.
00:40:24 – 00:41:43 (Séquence 19) : Aux Etats-Unis, Yves Yersin décide de réaliser un film sur un métier qui n'existe pas en Europe, celui de directeur artistique. Il a le projet de filmer le travail de Dean Tavoularis, le directeur artistique de Francis Ford Coppola. Coppola le rencontre et lui annonce qu'il est quasiment en faillite et qu'il ne peut pas se payer le luxe d'avoir des participants supplémentaires sur le tournage. Il renonce alors à son projet.
00:41:53 – 00:44:16 (Séquence 20) : Yves Yersin voyage jusqu'à New York en passant par l'Amérique centrale. Il écrit un film sur un inédit de Renoir, mais les descendants refusent le projet. A ce moment-là son père est malade et lui demande de rentrer en Suisse. Il rentre et accompagne son père dans ses six derniers mois de vie. Ce moment est important puisqu'il lui permet de renouer avec son père dont il s'était éloigné. Son ami Miguel Stucki renonce à un poste à l'Ecole des Beaux-arts et le propose comme candidat. Le cinéaste se souvient d'avoir été engagé malgré lui.
00:44:27 – 00:47:40 (Séquence 21) : Yves Yersin explique que les raisons pour lesquelles il a fait des films sont toujours liées au hasard ou à un manque d'argent. La période où il s'occupe du département audiovisuel des Beaux-Arts est la plus créative. Il se souvient que la seule caméra du département était celle qui permettait la surveillance des deux mètres de rail du travelling. Ils décident avec son collègue Jean-Paul Bessire de construire le département ailleurs que là où il se situait. Ils trouvent des locaux à Bussigny chez un grossiste de produits agricoles qui s'est révélé un des meilleurs sponsors de cette école.
00:47:52 – 00:51:27 (Séquence 22) : Le département des Beaux-arts où enseigne Yves Yersin prend rapidement de l'indépendance. Le cinéaste parvient à trouver de l'argent pour commencer à tourner. Avec ses élèves il réalise par exemple un spot publicitaire, dont la rémunération leur permet de continuer les cours. Il se souvient qu'il était inhabituel qu'un département ait son personnel administratif et gère ses comptes indépendamment du reste de l'école. Yves Yersin ne se considère pas comme un enseignant, il a par ailleurs peu enseigné, assurant plutôt des fonctions de dramaturgie de l'enseignement du cinéma. Tout l'enseignement repose sur les quatre piliers que sont le son et l'image ainsi que l'espace et le temps. Les ateliers avec les élèves durent six mois. Pour les questions d'espace, ils se rendent par exemple avec des architectes au couvent Sainte-Marie de la Tourette construit par le Corbusier.
00:51:39 – 00:52:44 (Séquence 23) : Yves Yersin réalise qu'à Bussigny se trouve une chaîne de télévision à câble vide. Il va trouver les personnes qui s'en occupent et leur propose de d'utiliser cette télévision. Il parvient ainsi à faire une chaine sur laquelle ils peuvent diffuser les films des étudiants et qui permettra aux étudiants de comprendre ce qu'est une télévision.
00:52:57 – 00:54:01 (Séquence 24) : Yves Yersin dirige le département audiovisuel pendant dix ans. Il crée une junior entreprise au sein de l'école où les étudiants peuvent produire ce qui est commandé depuis l'extérieur. Il est fier d'avoir créé FOCAL, un programme de formation continue pour les métiers de l'audiovisuel. Le directeur de l'école découvre tous ces éléments et se montre mécontent. Il licencie alors le cinéaste.
00:54:14 – 00:57:09 (Séquence 25) : Yves Yersin se souvient qu'à une table à Yverdon avec Michel Bory, Francis Reusser, Emmanuelle de Riedmatten, Michel Bory leur fait part de sa découverte d'une école exceptionnelle sur laquelle il faudrait faire un film. Yves Yersin, alors en dépression et au chômage se lance dans cette idée. Il rencontre le professeur de cette école pour lui proposer ce film, mais celui-ci lui annonce qu'il a déjà donné sa démission. L'enseignant le rappelle pour lui dire que ses filles lui interdisent de changer de boulot. Il renonce à quitter l'école et ils font le film. Le tournage est compliqué par la tension qui subsiste entre cet enseignant et une des ses collègues ce qui conduit à la fermeture de l'école, survenue pendant le tournage.
00:57:22 – 00:59:58 (Séquence 26) : Le film "Tableau noir" a nécessité dix ans de travail. Yves Yersin passe une année à suivre le travail de l'école qu'il veut filmer. Il commence ensuite le tournage avec la pression constante des parents qui souhaitent que l'enseignant qu'il filme soit mis à la porte par le gouvernement neuchâtelois. Ils tournent à deux caméras pendant treize mois avec à l'arrivée 1200 heures de rush. Le travail de réduction de ces heures constitue un ouvrage titanesque. Le montage proprement dit a duré deux ans. Yves Yersin a beaucoup aimé travailler avec ses anciens élèves. Ses élèves lui apportent beaucoup de choses sur le tournage, notamment le chef opérateur Patrick Tresch qu'il avait chargé de lui dicter tout ce qu'il fallait faire vu qu'il n'avait pas touché de caméra depuis quarante ans.
01:00:12 – 01:01:04 (Séquence 27) : Avec le film "Tableau noir", Yves Yersin a filmé la transmission du savoir. Pour bien le faire, il a fallu deux caméras. L'une filme l'émetteur alors que l'autre filme le récepteur. Ce dispositif permet de passer de l'un à l'autre captant ainsi le moment charnière d'échange et de transmission qui constitue le sujet du film.
01:01:18 – 01:01:35 (Séquence 28) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Yves Yersin et tourné à Yverdon-les-Bains (VD), le 2 décembre 2014.
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