Noemi Lapzeson (Un lieu, le corps)

  • français
  • 2015-01-22
  • Dauer: 00:55:39

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Beschreibung

Noemi Lapzeson est à l’origine d’un extraordinaire élan de la danse contemporaine à Genève. Le chemin où tu marches se retire, Amour baroque / Monteverdi, Madrugada, Géométrie du hasard, Variations Goldberg et bien d’autres spectacles jalonnent son parcours de chorégraphe et de danseuse. Tout commence à Buenos Aires, dans une maison dont l’espace est rempli de musique où la petite Noemi esquisse ses premiers pas de danse. A 16 ans, elle quitte son cocon familial pour aller à New York. Elle se forme à la Juilliard School et danse pendant 12 ans comme soliste dans la compagnie de Martha Graham. En 1969, elle part pour Londres où elle fonde avec Bob Cohen la London Contemporary Dance Company and School. En 1980, elle s’installe à Genève, ville qui accueille dès 1989 sa propre compagnie Vertical Danse. Un studio comme patrie ? Pourquoi pas ? Car c’est là qu’elle a enseigné pendant cinquante ans.

00:00:00 – 00:00:19 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Noemi Lapzeson, un lieu, le corps, tourné le 22 janvier 2015 à Genève. L'interlocuteur est Alexandre Demidoff.
00:00:19 – 00:01:36 (Séquence 1) : Nous sommes à la Maison des arts du Grütli où Noemi Lapzeson a travaillé et répété ses spectacles pendant 25 ans. L'interlocuteur mentionne deux spectacles marquants qu'elle a présentés dans ce théâtre : "Géométrie du hasard", "Madrugada". Noemi Lapzeson lit en espagnol un poème de Roberto Juarroz, écrivain argentin.
00:01:56 – 00:00:08 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Noemi Lapzeson, un lieu, le corps, tourné le 22 janvier 2015 à Genève. L'interlocuteur est Alexandre Demidoff.
00:02:05 – 00:03:41 (Séquence 3) : Nous nous trouvons chez Noemi Lapzeson. Derrière elle se trouve son jardin d'hiver, un lieu de refuge. Par ses créations, la chorégraphe a donné un élan à la danse contemporaine à Genève, sur les traces de Martha Graham, Merce Cunningham et Pina Bausch. Elle naît à Buenos Aires en 1940. Elle part à 16 ans pour New York, où elle étudie avec Martha Graham. Elle arrive à Genève en 1980. Elle vit à ce moment-là au Sud de la France avec sa fille. Vivant avec peu de moyens, son mari, Suisse alémanique, propose d'aller travailler en Suisse. Invitée à Genève pour donner un stage, elle est charmée par la ville, elle décide alors de rester. Voyageant beaucoup, elle pensait ne s'installer à Genève que pour un temps. Pour des raisons familiales et professionnelles, son ancrage dans la ville se fait plus fort.
00:05:46 – 00:02:24 (Séquence 4) : Si la Suisse connaît aujourd'hui de nombreuses compagnies de danse contemporaine, Noemi Lapzeson se souvient qu'à son arrivée il n'y avait presque personne, à l'exception de Peter Heubi. La chorégraphe commence à donner des cours pour gagner sa vie. Elle crée ensuite un spectacle dans un espace minuscule, la galerie "Appartement". Les réactions sont positives et le musicologue Philippe Albèra vient la voir après son premier spectacle pour lui proposer de présenter quelque chose à la salle Patiño, foyer des avant-gardes à l'époque.
00:08:11 – 00:03:16 (Séquence 5) : Noemi Lapzeson présente un spectacle "There is an other shore, you know?" en 1981. La pièce va marquer les esprits. Elle présente une femme nue sur le sol, gisante, endormie, au-dessus de sa tête un sac de sable et un flûtiste. L'idée de danser nue lui est venue en vacances au Sud de la France lorsqu'elle pratique ses exercices dans un endroit où il fait très chaud. Elle décide de se déshabiller, partant de l'idée que les mouvements sont différents nue que habillée. La pièce frappe parce qu'à l'époque personne ne dansait nu sur scène. Aujourd'hui la chose est banale et elle n'aime pas voir ça. La pièce illustre les rapports entre nature et culture et critique l'idée de civilisation.
00:11:28 – 00:01:42 (Séquence 6) : Noemi Lapzeson s'entoure à l'époque de jeunes artistes, dont le compositeur Jacques Demierre, le danseur et acteur Armand Deladoëy, l'acteur Carlo Brandt et la chanteuse Magali Schwartz. Ce qui les réunit, ce sont des goûts et des désirs communs. Elle réalise avec la complicité de Jacques Demierre sa première pièce subventionnée en 1989. S'il a fallu attendre si longtemps, c'est que la danse contemporaine n'existait pas et personne dans les pouvoirs publics ne la prenait au sérieux.
00:13:10 – 00:01:07 (Séquence 7) : Noemi Lapzeson lance sa compagnie Vertical Danse en 1989. Elle s'inspire de sa découverte du recueil "Poésie verticale" du poète Roberto Juarroz. Sa poésie lui plaît énormément et au moment de le lire elle ne sait pas qu'il est argentin. L'idée de verticalité est également développée dans ses cours. La notion est cardinale dans son travail et rappelle que nous sommes les seuls êtres verticaux.
00:14:18 – 00:02:45 (Séquence 8) : Noemi Lapzeson crée en 1990 avec sa compagnie Vertical Danse une pièce qui s'appelle "Monteverdi, amour baroque" avec une demi-douzaine de danseurs et le chef d'orchestre Gabriel Garrido. C'est le chef d'orchestre qui lui propose cette œuvre. Elle est intimidée, mais accepte. Son intérêt pour le baroque, elle le tire de l'influence de sa mère, scientifique qui aimait jouer de l'orgue. La maison est baignée d'une atmosphère musicale. Lorsque sa mère jouait, elle dansait derrière elle. Elle se souvient en particulier d'une pièce de Scarlatti qu'elle pourrait encore aujourd'hui chanter. Noemi Lapzeson apprécie la musique de Monteverdi ou de Bach.
00:17:03 – 00:01:17 (Séquence 9) : Noemi Lapzeson reprend sa pièce "Monteverdi, amour baroque" en 2012 à Genève. Elle trouve intéressant de reprendre ses spectacles, l'esprit évolue et le regard du public change. Lorsqu'elle présente la pièce, danser sur de la musique baroque était une chose inhabituelle, alors qu'aujourd'hui les gens sont habitués à ces mélanges. Dans cette reprise, elle ne danse plus et a eu le plaisir de porter ainsi un regard sur ses danseurs et son travail.
00:18:20 – 00:01:45 (Séquence 10) : Noemi Lapzeson utilise un système de vidéos pour conserver l'archive de ses chorégraphies. Elaborer un système de notation qui garde la trace de ses spectacles et le lire est complexe. Le chorégraphe Rudolf Laban l'a fait à un moment où il n'existait pas de vidéos. La transmission de son travail se fait par ses danseurs qui reprennent ses rôles, elle évoque ainsi les danseuses Marcela San Pedro et Romina Pedroli, avec lesquelles elle a beaucoup travaillé.
00:20:06 – 00:01:18 (Séquence 11) : Noemi Lapzeson choisit souvent ses danseurs parmi les élèves de ses cours. Elle a rencontré ainsi un jeune comédien, qui a fait un stage chez elle et qui est devenu un de ses plus proches collaborateurs.
00:21:24 – 00:01:33 (Séquence 12) : Noemi Lapzeson a un don pour choisir de beaux titres à ses spectacles. Si la chorégraphe a le sentiment d'être reconnue dans ce qu'elle fait, elle considère qu'il lui est difficile de s'exporter ailleurs parce qu'après chaque création elle se dit que c'est la dernière. Elle a beaucoup voyagé, mais aussi souvent désiré arrêter. Elle a préféré rester à Genève pour être plus près de sa fille.
00:22:57 – 00:01:09 (Séquence 13) : Les pièces de Noemi Lapzeson trouvent souvent leur inspiration dans la littérature. Tout comme la littérature, la danse est un langage. Les livres ont toujours compté pour elle.
00:24:07 – 00:01:02 (Séquence 14) : Noemi Lapzeson collabore souvent avec des écrivains, notamment Vincent Barras, Sylviane Dupuis. Elle aime travailler avec des gens qui lui parlent. C'est à partir de sa rencontre avec Sylviane Dupuis qu'elle crée son spectacle "Géométrie du hasard".
00:25:09 – 00:02:53 (Séquence 15) : Noemi Lapzeson crée la pièce "Madrugada" en 2001. Il s'agit d'un duo avec Armand Deladoëy. La chorégraphie évoque un Buenos Aires des bas-fonds. Elle a quitté Buenos Aires à 16 ans et ses souvenirs sont ténus. Ayant quitté cette ville pour New York, Londres et Genève, elle ne la reconnaît plus aujourd'hui. Elle ressent un mélange de sentiments lorsqu'elle s'y rend. Elle aime y voir les arbres au printemps, mais se sent en même temps détachée puisqu'elle ne fait plus partie de la vie de cette ville. Elle se souvient de la maison de son enfance où passaient de nombreux musiciens et écrivains.
00:28:02 – 00:01:04 (Séquence 16) : Le père de Noemi Lapzeson est avocat, mais déteste sa profession. Il a fondé la première cinémathèque de Buenos Aires. Il a tourné un film à partir d'une légende du nord du pays. Au cours des réunions dans la maison familiale, il passe des films qui ont beaucoup marqué la chorégraphe.
00:29:07 – 00:01:52 (Séquence 17) : La mère de Noemi Lapzeson est physicienne. Elle est l'une des premières femmes à enseigner à l'Université en Argentine. Elle travaille à Paris avec le couple Joliot-Curie, mais la guerre éclate et ils doivent rentrer à contrecœur en Argentine. Leur retour se fait dans un grand cargo, un voyage chahuté qui a marqué sa mère, alors enceinte. A sa mère, ouverte et intelligente, elle doit tout. Lorsqu'elle lui annonce qu'elle veut danser, sa mère la laisse libre de ses choix sans la juger.
00:30:59 – 00:00:54 (Séquence 18) : Noemi Lapzeson part à New York à l'âge de 16 ans pour se former à la danse. New York est alors l'épicentre de la danse contemporaine. Il lui est difficile aujourd'hui de se souvenir des raisons qui l'ont encouragée à partir.
00:31:54 – 00:01:01 (Séquence 19) : Noemi Lapzeson fréquente la Juilliard School à New York. La période est difficile et la mélancolie n'est jamais loin. Elle ne parle pas anglais. Elle se réfugie dans sa chambre lit Balzac et joue du piano. Le changement est difficile, elle pleure beaucoup. Elle s'adapte pourtant rapidement en raison de sa jeunesse.
00:32:55 – 00:03:07 (Séquence 20) : Elle entre dans la compagnie de Marta Graham, une figure charismatique et intimidante. Elle craignait d'aller dans son école, car sa réputation était terrible. Elle y rentre après avoir assisté au spectacle "Clytemnestre" de Marta Graham qui l'a profondément marquée. Elle se souvient qu'elle n'avait plus parlé pendant trois jours. Elle passe une année dans cette école. Marta Graham lui propose de rejoindre la compagnie. Elle fait partie du chœur, qui est dirigé par quelqu'un de terrible. Deux ans plus tard, elle obtient un rôle et change de catégorie dans la compagnie. Elle a peu de contacts avec Marta Graham; alcoolique, elle donne souvent ses cours dans un état pitoyable. La première fois qu'elle monte sur scène, elle est prise de peur et ne parvient plus à s'orienter. Par la suite, on lui propose plus de rôles et les choses deviennent plus faciles.
00:36:02 – 00:01:48 (Séquence 21) : Noemi Lapzeson quitte New York en 1968 et part s'installer à Londres. La relation avec Marta Graham devenait de plus en plus compliquée à cause de son alcoolisme. Elle est invitée à Londres par Robin Howard, un mécène, admirateur de Marta Graham qui souhaite créer une compagnie comme elle. Ils sont trois danseurs à être invités. C'est la première fois qu'elle se rend en Europe.
00:37:50 – 00:02:23 (Séquence 22) : Noemi Lapzeson se souvient qu'à Londres elle trouvait très bizarre comment les anglais parlaient. New York était tellement riche culturellement que Londres lui apparaît tout de suite comme plus calme. Elle crée sa première pièce "Cantabile". Son collègue Robert Cohan l'encourage fortement à monter sa propre pièce.
00:40:14 – 00:00:52 (Séquence 23) : Au moment de créer son premier spectacle à Londres, Noemi Lapzeson souhaite prendre ses distances avec ce que fait Martha Graham.
00:41:07 – 00:01:55 (Séquence 24) : Noemi Lapzeson est une spectatrice insatiable, elle aime être surprise. Elle a beaucoup aimé le spectacle "Carmen" de Peter Brook. Noemi Lapzeson a toujours cherché des inspirations chez les autres. Aller voir les spectacles des autres c'est une manière d'apprendre. Grâce à cela, on peut mieux aller vers soi-même.
00:43:02 – 00:01:25 (Séquence 25) : Noemi Lapzeson quitte Londres au milieu des années 70 pour un village du Sud de la France, Saint-Laurent. Elle tombe enceinte à ce moment-là et souhaite arrêter de danser. Avec son compagnon de l'époque, ils trouvent une ruine dont ils font l'acquisition. Ils n'avaient à ce moment-là ni toilettes, ni chauffage ni eau courante.
00:44:27 – 00:01:05 (Séquence 26) : Noemi Lapzeson, installée au sud de la France reçoit un télégramme de Marta Graham qui lui demande revenir à New York. C'est une énorme surprise. Elle réfléchit toute une nuit puis décide de ne pas aller à New York et de rester avec sa fille.
00:45:32 – 00:01:47 (Séquence 27) : Noemi Lapzeson commence à enseigner la danse très jeune. Sous l'influence de Marta Graham dans ses premiers pas d'enseignante, elle change progressivement sa technique en étant attentive à ses étudiants. Elle fait également du yoga et pratique le taï-chi à Londres. Ces différentes disciplines ont influencé sa manière d'enseigner.
00:47:20 – 00:00:59 (Séquence 28) : Noemi Lapzeson considère que l'enseignement et la création sont très liés. L'enseignement est aussi un langage de création qui imprègne les autres danseurs. La plupart des danseurs qui ont travaillé avec elle sont issus de son cours.
00:48:20 – 00:01:14 (Séquence 29) : Noemi Lapzeson explique que la technique est comme un langage que l'on apprend à l'école. La technique n'est intéressante que si elle est au service d'une expression. Elle n'intègre pas la technique du ballet classique dans son enseignement.
00:49:34 – 00:01:26 (Séquence 30) : Noemi Lapzeson a connu des maîtres tyranniques, comme le chorégraphe Antony Tudor. Elle explique que cette manière d'enseigner était assez répandue à l'époque. Il se tenait au milieu de la salle et donnait ses instructions de manière cynique. Elle se souvient que personne ne l'aimait mais ses créations étaient extraordinaires.
00:51:01 – 00:01:24 (Séquence 31) : Noemi Lapzeson a aimé travailler avec Alfredo Corvino, une personne qui sait transmettre sans cruauté. Il est devenu le maître de Pina Bausch. La chorégraphe s'est toujours dit qu'elle ne donnerait jamais de cours de façon brutale. Entretenir la relation humaine avec l'élève, apprend à mieux comprendre ce que l'on est. On ne forme pas d'abord des danseurs, mais des êtres.
00:52:26 – 00:01:10 (Séquence 32) : Noemi Lapzeson a accompagné des danseurs dans leur évolution artistique, parfois très jeunes comme Marthe Krummenacher, qui est aujourd'hui une danseuse exceptionnelle.
00:53:36 – 00:01:41 (Séquence 33) : Noemi Lapzeson travaille depuis 50 ans dans son studio, il est devenu en quelque sorte sa patrie. Si elle devait se donner un conseil à elle-même plus jeune, ça serait celui de ne pas faire de la danse classique et de trouver un professeur inspiré et bon. Elle ne peut pas imaginer ce qu'elle aurait fait si elle n'avait pas été danseuse, cela fait partie d'elle-même. Elle aurait fait des mathématiques peut-être.
00:55:18 – 00:00:21 (Séquence 34) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Noemi Lapzeson, un lieu, le corps, tourné le 22 janvier 2015 à Genève.
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