Le retour à la terre (Numéro spécial) (0095-1)

  • allemand
  • 1942-05-22
  • Dauer: 00:09:21

Beschreibung

Communiqué :
Le Ciné-journal Suisse ne pouvant pas se contenter d’être un simple kaléidoscope de reportages superficiels d’après la formule de journaux filmés étrangers, travaille résolument pour l’intérêt national. C’est pourquoi les actualités suisses consacrent, de temps en temps, tout leur métrage à des thèmes documentaires, qui sont cependant toujours infiniment plus actuels, au sens élevé du terme, que les plus actuels des reportages, à sensation. Nous rappelons dans cet ordre d’idées : LA BATAILLE AGRICOLE, LE SERMENT DU RUTLI, LES FETES DU 650e ANNIVERSAIRE, NOTRE PAIN QUOTIDIEN, LE PRESIDENT PHILIPPE ETTER etc. Le numéro de Pentecôte est consacré au problème de la main d’œuvre pour l’agriculture. L’idée fondamentale est la suivante : pour échapper à la famine, la Suisse doit fournir 60’000 bras à l’agriculture. C’est seulement avec leur aide que le plan prévu pour la quatrième récolte de guerre pourra être accompli. Une évocation de l’industrialisation du 19e siècle montre pourquoi les jeunes campagnards abandonnèrent la terre : chassés par le progrès et absorbés par les villes, où la vie semblait plus facile et était plus moderne. Aujourd’hui la guerre remet tout en question : la fermeture des frontières et le manque de matières premières risquent d’obliger les industries à ralentir leur rythme. Tous ceux qui connaissent la terre et qui n’ont pas de travail assuré dans les villes doivent mettre leurs forces au service de l’agriculture. C’est l’appel que notre pays adresse aujourd’hui à la jeune Suisse en prévision d’une situation alimentaire grave. Il s’agit du salut de notre population et de nos enfants, mais aussi de l’aide que la Suisse a le devoir d’apporter aux enfants de l’Europe. Ont prêté leur concours à la réalisation de ce film: le Dr.Wahlen, M. A. Jobin de l’Office de Guerre pour l’Industrie et de Travail, MM. Binswanger, E. A. Graf et R. Schwarz de la Centrale Fédérale de l’Economie de Guerre, M. Herzig de l’Office de Guerre pour l’Alimentation, M. le Directeur Kellerhals de Witzwil, Le Capitaine Cornaz, Commandant de la Gendarmerie Vaudoise, M. Bezançon, Directeur de Radio-Lausanne, la Croix-Rouge Suisse, les Autorités douanières de la gare de Cornavin, les grandes industries comme Sécheron, Ateliers des Charmilles et Brown-Boveri, des grands magasins des Paysans, ouvriers et étudiants suisses. Que tous soient chaleureusement remerciés pour leur extrême amabilité. Le film « Le retour à la terre » est le produit du travail de l’équipe du Ciné-Journal Suisse. Il a été tourné en étroite collaboration entre le Rédacteur en chef du CJS, M. Paul Ladame, Le Chef-opérateur, M. Georges Alerath et le monteur, M. Kurt Früh.

Commentaire :
La Suisse prépare sa quatrième récolte de guerre. Pour parer à la famine qui menace, elle a doublé les surfaces cultivables. Ce n’est pas encore assez : la terre est généreuse, mais il manque 60’000 bras pour la cultiver. Les paysans perdus dans l’immensité des champs, accomplissent des prodiges, mais ils ne peuvent tout faire... Pourtant, il y a un siècle, la main d’œuvre abondait. Il y avait alors plus de terrain productif qu’aujourd’hui. Mais, peu à peu, les villages se vidaient, les champs restaient en friche, les jeunes campagnards abandonnaient les fermes. Ces vieux paysans se souviennent encore du jour où leurs fils partirent sur les routes, chassés par le progrès. Car la technique et le commerce moderne avaient porté un coup mortel aux agriculteurs en délaissant les produits du pays pour ceux de l’Amérique, de l’Afrique, de l’Asie, des Balkans, où des paysans encore plus pauvres vendaient encore meilleur marché. C’est pourquoi les jeunes gens de la campagne quittaient leur pays. Le uns migraient dans le lointains continents... les autres peuplaient les villes. La vie facile dans un cadre brillant, les beaux habits, le clinquant, les gains élevés, autant d’appâts pour cette jeunesse issue d’une terre où, pendant des siècles, les mêmes familles avaient trimé dur pour gagner peu. La grande ville, ses plaisirs, ses beautés, ses richesses, son confort moderne, attiraient les fils de la campagne. La grande ville, où les fabriques, sortaient de terre, et dont le nombre d’habitants enflaient sans cesse, doublait, triplait, découplait, les accueillait tous. La fabrique symbole du XIXe siècle ! C’était l’époque glorieuse de la machine ! La machine-reine ! L’homme-machine ! Aujourd’hui, la guerre remet tout en question. Les machines tournent encore à plein rendement, mais peu à peu, les marchés étrangers se ferment, les matières premières se font rares, les stocks s’épuisent... Bientôt les industries devront, une à une, ralentir leur rythme, débaucher... et pendant ce temps la famine s’étend sur l’Europe. Pour les dizaines de milliers de petites victimes de la guerre qui affluent vers notre pays, la Suisse, îlot de la paix, est l’ultime espoir. Nous voulons les accueillir et les nourrir, car tel est notre devoir de peuple, miraculeusement préservé du fléau qui secoue le monde. La Suisse doit vivre elle doit augmenter encore ses cultures, pour les augmenter, elle a besoin de bras. Il s’agit de nous d’abord, de la vie de nos enfants, mais aussi celle des enfants de l’Europe. Déjà, sur tous les champs, des hommes jeunes et vigoureux, des ouvriers, des soldats, des étudiants, des centaines des milliers de jeunes gens prêtent leurs forces aux paysans. La Suisse fait appel à tous les bras disponibles... 30’000 hommes doivent venir en aide aux travaux des champs pour écarter la menace de la faim. Jeunes et vieux, tous ceux qui connaissent la terre, qui n’ont pas de travail assuré dans les villes, doivent répondre à cet appel. Le salut du pays, son indépendance, son honneur dépendent aujourd’hui de leur retour à la terre.

Communiqué_0095.pdf
Dieses Dokument wurde mit der Unterstützung von Memoriav erhalten.
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