La Suisse et le Marché commun (1531-1)
- suisse allemand, français
- 1972-11-10
- Dauer: 00:06:41
Beschreibung
Communiqué :
Le 3 décembre a lieu une des plus importantes consultations populaires des dernières années : la Suisse doit-elle signer un accord avec le Marché commun ? M. Eckenstein, porte-parole de la délégation suisse à Bruxelles, expose le problème. Les conseillers nationaux Vincent (PdT) et Oehen (Action nationale) expriment leurs réserves quant aux conséquences d’un tel accord et l’Ambassadeur Pierre Languetin, chef-adjoint de la délégation suisse à Bruxelles, réfute les objections émises par l’opposition. Mais tout le monde espère une participation massive au scrutin.
Commentaire :
Le 22 juillet 1972, à Bruxelles, a été signé l’accord entre la Suisse et la Communauté économique européenne. Cet accord de libre échange industriel qui donne à notre pays d’assez grandes satisfactions devra être ratifié par un vote du peuple au cours du mois de décembre 1972. D’ores et déjà, ont lieu des séances publiques d’information destinées à démontrer que l’interdépendance de notre économie avec celle du Marché Commun ne peut que nous avantager. / Monsieur Christophe Eckenstein, porte-parole de la délégation suisse résume la situation en 3 points : “D’abord les droits de douane sur les échanges des produits industriels entre la Suisse et le marché commun sont abolis au cours de 4 ½ ans. Deuxièmement, l’accord contient des règles pour assurer une concurrence loyale entre les entreprises. Ainsi, des accords de cartel ne doivent pas annihiler les effets de la réduction tarifaire, par exemple, pour les consommateurs. Troisièmement il a des clauses de sauvegarde. Dans l’éventualité où la réduction tarifaire crée des problèmes pour certains secteurs ou régions, les tarifs peuvent être rétablis temporairement. Il est au moins aussi important de savoir ce que l’accord ne contient pas. La protection de notre agriculture peut être intégralement maintenue. Nos restrictions à l’immigration de main d’œuvre étrangère ne sont pas touchées. Les décisions des autorités de Bruxelles continueront à ne pas appliquer à la Suisse car nous ne devenons pas membre du Marché commun. L’accord est donc une solution moyenne entre une adhésion politiquement impossible à la CEE et un isolement indésirable de la Suisse par rapport à l’espace économique européen. “ / La majorité des partis politiques est pour la ratification, sauf le Parti du Travail, l’Action nationale et les Républicains. Pourquoi ? Voici l’explication de Monsieur Vincent, Conseiller national, Parti du Travail : “Le Parti Suisse du travail a déjà répondu “non“ aux accords de la Suisse avec la Communauté économique européenne et il appellera le peuple suisse à voter “non“ également le 3 décembre. De son propre aveu, la Communauté européenne – elle l’a dit lors de son sommet à Paris – représente l’Europe mercantile. D’ailleurs son nom l’indique, c’est le Marché commun. C’est l’Europe des affaires, c’est l’Europe des industriels, des banquiers, des trusts, des monopoles, c’est l’Europe des technocrates, c’est l’Europe des patrons et non pas celle des patries et des peuples. Par conséquent, nous voulons pas dire A à cette première question qui nous est posée, parce que nous voulons pas ensuite avoir à répondre B. C. D. E et réciter tout l’alphabet européen. Il n’est pas question d’ailleurs d’isoler la Suisse qui peut parfaitement continuer à commercer avec l’Europe mais il s’agit de protéger l’agriculture suisse, la démocratie directe, le droit d’initiative et de référendum, le fédéralisme, la neutralité et en définitive, la souveraineté du pays. “ / Opinion de Monsieur Oehen, député de l’Action nationale : “Le petit Etat est d’après nos conceptions la seule forme d’organisation qui réponde aux besoins de l’homme. Elle lui permet de s’épanouir. En ce qui concerne l’avenir, les sociologues admettent que le petit Etat est la meilleure solution qui lui permette de survivre. Aussi est-il absurde, en un tel moment, de se dépouiller d’une partie de sa souveraineté pour se mettre à la remorque d’un immense conglomérat. Et justement, le contrat qui nous est proposé, réduit notre souveraineté. Nous le voyons particulièrement dans la politique conjoncturelle, sur la protection de l’environnement. La spécialisation de la technologie ne peut, à la longue échéance, que nous porter préjudice. En outre l’agriculture n’est pas assez protégée. En ce qui concerne notre politique vis à vis de la main d’œuvre étrangère, elle serait sujette à des directives venant de Bruxelles. Quant à l’argument disant que la Suisse ne peut rester isolée, il ne tient pas debout. Des droits de douane se montant à 8% ne sont pas des murailles, mais de simples murets. “ / Entre les positions extrémistes de droite et de gauche il y a celle de Monsieur Pierre Languetin, Ambassadeur, Chef-adjoint de notre délégation à Bruxelles : “ A entendre ces parlementaires du parti du travail et de l’action nationale, on croirait que la Suisse va entrer dans le Marché commun. Ce n’est pas le cas. On pourrait penser qu’ils sont les seuls vrais défenseurs de l’indépendance du pays. C’est faux. L’accord avec le Marché commun a été conçu pour sauvegarder notre souveraineté. Il ne contient que des obligations d’ordre commercial, les mêmes pour la Communauté que pour nous. Convenir de l’élimination des droits de douane ne porte pas atteinte à notre indépendance. C’est au contraire suivre la politique de libération des marchés que nous avons toujours plaidée. C’est le libre accès à tous les marchés qui traditionnellement assure notre prospérité et qui renforce en fait notre indépendance. Grâce à l’AELE et à notre accord avec le Marché commun, 60% de nos exportations seront exempts de droits de douane. C’est une garantie pour l’avenir, pour les temps difficiles s’il devait y en avoir. Dans un tel cas, notre accord nous aiderait à sauvegarder nos droits et à nous protéger contre des décisions arbitraires. Nous avons une chance unique, qui ne se reproduira pas, de participer à la coopération européenne sans devoir céder de notre indépendance, ni dans le domaine de l’agriculture, de la main d’œuvre ou de l’environnement. “ / Les arguments aussi bien objectifs qu’émotionnels tentent en ce moment d’influencer l’opinion publique dans un sens ou dans un autre. Il n’en reste pas moins, qu’en analysant les faits, qu’en regardant simplement une carte, on s’aperçoive que notre pays fait figure d’ilot isolé au milieu d’une Europe qui ne manquera pas d’être complètement unifiée un jour. / Le 3 décembre 1972, un vote massif du peuple devra résoudre ce problème. /
Communiqué_1531.pdf
Le 3 décembre a lieu une des plus importantes consultations populaires des dernières années : la Suisse doit-elle signer un accord avec le Marché commun ? M. Eckenstein, porte-parole de la délégation suisse à Bruxelles, expose le problème. Les conseillers nationaux Vincent (PdT) et Oehen (Action nationale) expriment leurs réserves quant aux conséquences d’un tel accord et l’Ambassadeur Pierre Languetin, chef-adjoint de la délégation suisse à Bruxelles, réfute les objections émises par l’opposition. Mais tout le monde espère une participation massive au scrutin.
Commentaire :
Le 22 juillet 1972, à Bruxelles, a été signé l’accord entre la Suisse et la Communauté économique européenne. Cet accord de libre échange industriel qui donne à notre pays d’assez grandes satisfactions devra être ratifié par un vote du peuple au cours du mois de décembre 1972. D’ores et déjà, ont lieu des séances publiques d’information destinées à démontrer que l’interdépendance de notre économie avec celle du Marché Commun ne peut que nous avantager. / Monsieur Christophe Eckenstein, porte-parole de la délégation suisse résume la situation en 3 points : “D’abord les droits de douane sur les échanges des produits industriels entre la Suisse et le marché commun sont abolis au cours de 4 ½ ans. Deuxièmement, l’accord contient des règles pour assurer une concurrence loyale entre les entreprises. Ainsi, des accords de cartel ne doivent pas annihiler les effets de la réduction tarifaire, par exemple, pour les consommateurs. Troisièmement il a des clauses de sauvegarde. Dans l’éventualité où la réduction tarifaire crée des problèmes pour certains secteurs ou régions, les tarifs peuvent être rétablis temporairement. Il est au moins aussi important de savoir ce que l’accord ne contient pas. La protection de notre agriculture peut être intégralement maintenue. Nos restrictions à l’immigration de main d’œuvre étrangère ne sont pas touchées. Les décisions des autorités de Bruxelles continueront à ne pas appliquer à la Suisse car nous ne devenons pas membre du Marché commun. L’accord est donc une solution moyenne entre une adhésion politiquement impossible à la CEE et un isolement indésirable de la Suisse par rapport à l’espace économique européen. “ / La majorité des partis politiques est pour la ratification, sauf le Parti du Travail, l’Action nationale et les Républicains. Pourquoi ? Voici l’explication de Monsieur Vincent, Conseiller national, Parti du Travail : “Le Parti Suisse du travail a déjà répondu “non“ aux accords de la Suisse avec la Communauté économique européenne et il appellera le peuple suisse à voter “non“ également le 3 décembre. De son propre aveu, la Communauté européenne – elle l’a dit lors de son sommet à Paris – représente l’Europe mercantile. D’ailleurs son nom l’indique, c’est le Marché commun. C’est l’Europe des affaires, c’est l’Europe des industriels, des banquiers, des trusts, des monopoles, c’est l’Europe des technocrates, c’est l’Europe des patrons et non pas celle des patries et des peuples. Par conséquent, nous voulons pas dire A à cette première question qui nous est posée, parce que nous voulons pas ensuite avoir à répondre B. C. D. E et réciter tout l’alphabet européen. Il n’est pas question d’ailleurs d’isoler la Suisse qui peut parfaitement continuer à commercer avec l’Europe mais il s’agit de protéger l’agriculture suisse, la démocratie directe, le droit d’initiative et de référendum, le fédéralisme, la neutralité et en définitive, la souveraineté du pays. “ / Opinion de Monsieur Oehen, député de l’Action nationale : “Le petit Etat est d’après nos conceptions la seule forme d’organisation qui réponde aux besoins de l’homme. Elle lui permet de s’épanouir. En ce qui concerne l’avenir, les sociologues admettent que le petit Etat est la meilleure solution qui lui permette de survivre. Aussi est-il absurde, en un tel moment, de se dépouiller d’une partie de sa souveraineté pour se mettre à la remorque d’un immense conglomérat. Et justement, le contrat qui nous est proposé, réduit notre souveraineté. Nous le voyons particulièrement dans la politique conjoncturelle, sur la protection de l’environnement. La spécialisation de la technologie ne peut, à la longue échéance, que nous porter préjudice. En outre l’agriculture n’est pas assez protégée. En ce qui concerne notre politique vis à vis de la main d’œuvre étrangère, elle serait sujette à des directives venant de Bruxelles. Quant à l’argument disant que la Suisse ne peut rester isolée, il ne tient pas debout. Des droits de douane se montant à 8% ne sont pas des murailles, mais de simples murets. “ / Entre les positions extrémistes de droite et de gauche il y a celle de Monsieur Pierre Languetin, Ambassadeur, Chef-adjoint de notre délégation à Bruxelles : “ A entendre ces parlementaires du parti du travail et de l’action nationale, on croirait que la Suisse va entrer dans le Marché commun. Ce n’est pas le cas. On pourrait penser qu’ils sont les seuls vrais défenseurs de l’indépendance du pays. C’est faux. L’accord avec le Marché commun a été conçu pour sauvegarder notre souveraineté. Il ne contient que des obligations d’ordre commercial, les mêmes pour la Communauté que pour nous. Convenir de l’élimination des droits de douane ne porte pas atteinte à notre indépendance. C’est au contraire suivre la politique de libération des marchés que nous avons toujours plaidée. C’est le libre accès à tous les marchés qui traditionnellement assure notre prospérité et qui renforce en fait notre indépendance. Grâce à l’AELE et à notre accord avec le Marché commun, 60% de nos exportations seront exempts de droits de douane. C’est une garantie pour l’avenir, pour les temps difficiles s’il devait y en avoir. Dans un tel cas, notre accord nous aiderait à sauvegarder nos droits et à nous protéger contre des décisions arbitraires. Nous avons une chance unique, qui ne se reproduira pas, de participer à la coopération européenne sans devoir céder de notre indépendance, ni dans le domaine de l’agriculture, de la main d’œuvre ou de l’environnement. “ / Les arguments aussi bien objectifs qu’émotionnels tentent en ce moment d’influencer l’opinion publique dans un sens ou dans un autre. Il n’en reste pas moins, qu’en analysant les faits, qu’en regardant simplement une carte, on s’aperçoive que notre pays fait figure d’ilot isolé au milieu d’une Europe qui ne manquera pas d’être complètement unifiée un jour. / Le 3 décembre 1972, un vote massif du peuple devra résoudre ce problème. /
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