Denis de Rougemont (Ecrivain)

  • français
  • 1979-12-28
  • Durée: 00:41:25

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Description

Il est l'écrivain de Suisse romande qui, dans son oeœuvre de penseur et de militant, a donné la plus haute tenue littéraire et le plus vaste écho à des réflexions sur les grands problèmes de notre temps. Son essai, "L'Amour et l'Occident" (1939), est un classique lu dans le monde entier. Ses mises en garde contre le pouvoir abusif des Etats, la folie automobile et autres maux de notre siècle sont quelques-–uns des sujets abordés dans "L'Avenir est notre affaire" (1977). Denis de Rougemont a créé et animé le Centre européen de la culture à Genève.

00:00:00 – 00:00:23 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Denis de Rougemont et tourné à Saint-Geny-Pouilly le 18 décembre 1979. L'interlocuteur est Michel Bory.
00:00:23 – 00:01:41 (Séquence 1) : Denis de Rougemont explique ce qu'il voudrait transmettre aux futures générations. Il voudrait qu'on se souvienne de lui comme opposant au progrès scientifique, comme créateur d'un état de catastrophe pour les générations prochaines, qui serait la guerre atomique, les catastrophes écologiques et naturelles, etc.
00:01:41 – 00:02:31 (Séquence 2) : Denis de Rougemont parle d'une de ses préoccupations fondamentales : l'écriture et le fait de survivre dans la mémoire en tant qu'écrivain.
00:02:32 – 00:03:31 (Séquence 3) : Denis de Rougemont parle d'une des ses préoccupations principales : le fait que l'action doit suivre la pensée. Il a d'ailleurs intitulé un de ses essais "Penser avec les mains". C'est sa devise : la pensée ne vaut rien pour penser, comme l'avait dit Goethe, mais elle vaut tout pour guider l'action.
00:03:32 – 00:04:31 (Séquence 4) : Denis de Rougemont parle de son écriture et des ses jounaux non intimes. Il a publié 34 volumes et en a 12 en préparation. Il les divisent tous en trois catégories : les journaux, les grands essais et les écrits polémiques et d'action militante.
00:04:33 – 00:05:37 (Séquence 5) : Denis de Rougemont parle de ses journaux non intimes : c'est un genre qu'il a inventé. Il fait le journal d'une époque, d'un pays où il est allé. Il ne raconte pas sa vie intime, mais décrit la relation entre un intellectuel et la vie quotidienne des pays qu'il a visités avant de se fixer en Europe vers 1946-1947.
00:05:39 – 00:06:57 (Séquence 6) : Denis de Rougemont explique qu'il est né en Suisse, dans le canton de Neuchâtel, à Couvet dans le Val-de-Travers. Son père était pasteur de la paroisse indépendante. Il a fait son école primaire à Couvet et s'en est vengé plus tard en écrivant "Les méfaits de l'instruction publique". Vers 12 ans, sa famille est descendue près du bas de Neuchâtel, où il a fait la suite de ses études. Il a écrit ses premiers poèmes à cette époque.
00:07:00 – 00:07:54 (Séquence 7) : Denis de Rougemont parle de sa passion du football quand il était adolescent. Cela l'a poussé à lire les livres de Montherlant à ce sujet : "Les 11 devant la porte dorée" et "Le paradis à l'ombre des épées". Il en a écrit une critique, un essai publié à sa grande surprise dans "La semaine littéraire", une revue genevoise. Il avait alors 17 ans et était au gymnase de Neuchâtel en classe scientifique car il voulait devenir chimiste. Son succès l'a poussé à écrire : il a collaboré à plusieurs revues.
00:07:58 – 00:08:34 (Séquence 8) : Denis de Rougemont parle de son premier livre publié à 21 ans : "Les méfaits de l'instruction publique". Il a ensuite vécu à Paris comme éditeur, puis à l'île de Ré et à Anduze, alors qu'il était au chômage. Il a ensuite vécu un an en Allemagne comme lecteur de français.
00:08:38 – 00:09:54 (Séquence 9) : Denis de Rougemont parle de ses journaux, c'est à dire les livres qu'il a écrits sur les pays qu'il a visités et dans lesquels il a vécu et partagé le quotidien des gens. Il a donc écrit "Journal d'un intellectuel au chômage", entre Paris et la province française; puis "Le journal d'Allemagne". Ensuite, il a été mobilisé au début de la guerre et a écrit un pamphlet qui lui a valu 15 jours de prison en Suisse, à la forteresse militaire de Saint-Maurice. Il a d'ailleurs fondé la Ligue du Gothard, un organisme de résistance au fascisme et à Hitler. Il a ensuite été démobilisé et envoyé en Amérique avec pour mission de promouvoir le fédéralisme.
00:09:59 – 00:11:44 (Séquence 10) : Denis de Rougemont raconte son séjour en Amérique, à partir d'octobre 1940. Il y est venu avec sa femme et ses deux enfants de cinq ans et cinq mois : il avait peur pour eux à cause de la guerre. Ils avaient pris un des derniers cargo de réfugiés. De Rougemont était en fait envoyé par la Suisse pour faire des conférences sur le fédéralisme et faire découvrir la Suisse aux Américains. Cela n'a pas vraiment marché jusqu'à ce qu'il publie en anglais un livre sur le sujet. Cela a marché à tel point que sa description de l'armée de milice a influencé l'adoption de la loi américaine sur la conscription.
00:11:49 – 00:12:28 (Séquence 11) : Denis de Rougemont parle de son séjour aux Etats-Unis, puis en Argentine, invité par Victoria Ocampo et la colonie suisse. Il y a passé trois ou quatre mois et en a tiré un journal. Il explique les différences culturelles et ce qu'il a découvert là-bas.
00:12:34 – 00:13:43 (Séquence 12) : Denis de Rougemont parle de son séjour aux Etats-Unis au moment de la catastrophe de Pearl Harbour. Comme les Etats-Unis rentraient en guerre, De Rougemont s'est retrouvé coincé sur place sans pouvoir rentrer en Europe. Il a dû se débrouiller pour vivre, mais a été aidé par la parution de son essai "L'amour et l'Occident" en mars 1939, puis par sa traduction en anglais. Le texte a eu du succès à New York, lui permettant donc d'être introduit dans le milieu professionnel américain. Il a donc publié des livres, notamment sur la Suisse, puis sur le diable, "La part du Diable".
00:13:49 – 00:15:28 (Séquence 13) : Denis de Rougemont parle de son travail à la radio en Amérique : l'Office of War Information qui donnait des nouvelles aux Européens. Il écrivait quotidiennement deux séries de 15 pages, intitulées "Le show des nouvelles de la voix de l'Amérique parle aux Français", pendant 18 mois. Les textes étaient dits par André Breton, Amédée Ozenfant et Sacha Pitoëff dans le premier groupe, et Lévi-Strauss, Pierre Baudet et Georges Duthuit dans le deuxième. Ce milieu intellectuel était très intéressant et lui a permis de connaître les Surréalistes et les artistes réfugiés à New York autour de Chagall et de Max Ernst. Il a même connu Saint-Exupéry et partagé deux maisons avec lui. Il a donc réussi à se faire une petite place jusqu'à son retour en Europe en 1946.
00:15:35 – 00:16:56 (Séquence 14) : Denis de Rougemont raconte comment il est entré dans le groupe de l'organisation de l'Europe : il a été invité par des universitaires de Genève à participer à des rencontres internationales en automne 1946. Le sujet en était l'esprit européen, un thème qui lui tient à coeur car il estime avoir découvert l'Europe pendant son séjour en Amérique. Il explique en détails l'origine de son amour pour l'Europe.
00:17:03 – 00:18:09 (Séquence 15) : Denis de Rougemont parle de son retour en Europe en avril 1946. Il a recherché les gens avec qui il avait collaboré dans des revues comme "Esprit" ou "L'Ordre nouveau" et des mouvements personnalistes. Ils avaient survécu, fait la résistance et voulaient toujours oeuvrer à l'Europe.
00:18:17 – 00:19:32 (Séquence 16) : Denis de Rougemont raconte comment son retour définitif en Europe a été retardé de six mois. Il est rentré en 1947 et s'est établi à Ferney-Voltaire en France. C'est alors que deux amis lui ont proposé de participer au premier grand congrès des fédéralistes européens. Il a prononcé le discours inaugural à Montreux, en septembre 1947. Suite à cela, il s'est mis à travailler avec les fédéralistes. Il fait toujours partie de ce mouvement.
00:19:40 – 00:20:57 (Séquence 17) : Denis de Rougemont parle de son investissement pour la cause européenne : il a participé à de nombreux congrès, comme rapporteur général ou cheville ouvrière. Il a ainsi été au premier grand Congrès européen de La Haye avec Churchill comme président et aux suivants ,à Rome et à Bruxelles. Le dernier en date était la Conférence européenne de la culture à Lausanne, qu'il a organisée avec son ami Raymond Silva. Suite à cela, le Centre européen de la culture a été créé. Cela l'a occupé pendant 30 ans et continue de l'absorbe: il en est toujours président. Le Centre prend la culture au sens large puisqu'en 1950, il a créé le CERN.
00:21:05 – 00:21:52 (Séquence 18) : Denis de Rougemont parle de la création de l'Association des festivals de musique d'Europe, de la Fondation européenne de la culture et d'une campagne européenne d'éducation civique. Tout cela avait pour but de faire pénétrer l'idée européenne dans les esprits. Il y a avait aussi des colloques sur le dialogue des cultures, les responsabilités de l'Europe vis-à-vis du monde.
00:22:00 – 00:22:40 (Séquence 19) : Denis de Rougemont évoque les activités du Centre européen de la culture et de son combat pour l'unité culturelle. Il pense qu'elle permettra à l'Europe de se fédérer plus que la communauté économique.
00:22:49 – 00:23:34 (Séquence 20) : Denis de Rougemont parle de l'Europe telle qu'il l'a rêvée. Il revient à sa première conférence sur ce thème le 8 septembre 1946.
00:23:44 – 00:24:56 (Séquence 21) : Denis de Rougemont parle de son engagement dans l'action européenne et explique l'objectif de l'époque, à savoir éviter une nouvelle guerre entre la France et l'Allemagne.Cela a été réalisé grâce notamment à l'action de Jean Monnet dans le domaine économique avec la Communauté du charbon et de l'acier, puis le Marché commun. L'idée était de mettre en commun le charbon et l'acier qui sont les ressources militaires habituelles, pour ne plus pouvoir de facto se faire la guerre. De Rougemont constate que ceci a marché car aujourd'hui il est inimaginable que deux nations européennes entrent en guerre l'une contre l'autre.
00:25:06 – 00:25:52 (Séquence 22) : Denis de Rougemont parle du combat des fédéralistes pour créer l'Europe et la rebâtir suite à la guerre, grâce au marché commun. Il explique qu'il fallait, à l'époque, fédérer les nations et que c'est la clef d'une Europe qui fonctionne et ne connaît pas de crise.
00:26:03 – 00:26:17 (Séquence 23) : Denis de Rougemont parle du fédéralisme en prenant l'exemple de la France qui, au sortir de la guerre, a imposé à l'Allemagne un régime fédéral. Ce dernier a finalement largement profité à l'Allemagne avec le miracle allemand.
00:26:28 – 00:26:41 (Séquence 24) : Denis de Rougemont parle du fédéralisme suisse et estime que l'on doit à ce régime la résistance suisse à la crise, au chômage et à l'inflation.
00:26:52 – 00:27:27 (Séquence 25) : Denis de Rougemont parle de l'Europe et de l'histoire de sa construction. Il commente le Marché commun et ses faiblesses, ainsi que le peu d'engagement de pays comme la France du Général de Gaulle ou l'Angleterre au moment de l'entretien.
00:27:39 – 00:28:33 (Séquence 26) : Denis de Rougemont parle des fédéralistes européens dont il a fait partie. Il explique que la conception d'états-nations empêche le fédéralisme européen et vient en fait d'un cadre établi par Napoléon en vue de la guerre, puisque la centralisation est très utile à la mobilisation militaire. Par ailleurs, la guerre permet de renforcer le pouvoir de l'état central.
00:28:46 – 00:29:15 (Séquence 27) : Denis de Rougemont parle de l'état nation et de comment l'Europe s'est constituée en un groupe de ces états. Il souligne l'absurdité de leurs frontières et définit cette utopie comme le mépris des réalités, ce qu'il fustige.
00:29:29 – 00:30:45 (Séquence 28) : Denis de Rougemont explique la notion d'état-nation, qu'il place à l'opposé de celle d'union. Il prend l'exemple des Suisses qui se sont fédérés en renonçant à leur souveraineté. Il voudrait le même chose pour l'Europe, mais les états-nations sont opposés à cette idée. Il en vient au constat suivant : ces états-nations ne font que se renforcer en se préparant à la guerre atomique, sous couvert de développer la recherche et l'énergie atomique.
00:31:00 – 00:31:07 (Séquence 29) : Denis de Rougemont parle de sa position de fédéraliste européen militant. Il soutient que les états-nations doivent être dépassés sous peine de conduire à la guerre atomique.
00:31:23 – 00:32:28 (Séquence 30) : Denis de Rougemont parle du régionalisme et du communautarisme qu'il prône avec ses amis de la revue "Esprit" et de "L'ordre nouveau". Pour lui, les communautés de base sont petites donc moins dangereuses que les grandes nations qui peuvent faire de grandes bêtises. Plus le pays est petit et cultivé, meilleur est le niveau de vie. Il prône donc la communauté de langue, de culture et de géographie en faisant fi des frontières actuelles.
00:32:44 – 00:32:58 (Séquence 31) : Denis de Rougemont parle du refus de la guerre et de l'état centralisé et militarisé qui le pousse à prôner le régionalisme. Il explique sa pensée et la lie avec l'écologie.
00:33:15 – 00:33:43 (Séquence 32) : Denis de Rougemont parle d'écologie en rapport avec le régionalisme. Il prend l'exemple du lac Léman qui pourrait être dépollué mais à échelle locale sans passer par Berne ou Paris.
00:34:00 – 00:35:18 (Séquence 33) : Denis de Rougemont parle d'écologie : le Rhin est très pollué selon lui par cinq ou six pays et on ne peut y remédier avec les souverainetés nationales. C'est pourquoi il prône une souveraineté supra nationale à échelle européenne, qui serait au dessus des intérêts des pays concernés. Plus largement, il développe cette idée avec la pollution des océans et la destruction des forêts du globe à échelle mondiale. Il lance un avertissement quant à l'avenir de la planète si les choses continuent en ce sens.
00:35:35 – 00:35:55 (Séquence 34) : Denis de Rougemont parle du bonheur qu'il éprouve depuis cinq ou six ans dans son action militante, car les thèmes qui le préoccupaient sont en train de converger. Il en a même tiré un slogan : "Ecologie, Régions, Europe fédérale : même avenir". Ce slogan a été accepté par les mouvements régionalistes de France et d'Allemagne.
00:36:13 – 00:36:45 (Séquence 35) : Denis de Rougemont parle de sa lutte pendant 30 ans pour une Europe fédérale et des difficultés rencontrées, notamment financières. Une grande partie de son travail a consisté à récolter des subsides, alors qu'il avait la réputation d'être dans une retraite dorée, notamment dans la presse.
00:37:04 – 00:37:04 (Séquence 36) : Denis de Rougemont explique que les difficultés rencontrées dans son combat pour l'Europe ne l'ont pas empêché d'écrire pour agir sur les choses.
00:37:23 – 00:38:22 (Séquence 37) : Denis de Rougemont répond à la question de sa potentielle entrée en politique : il dit n'avoir jamais été tenté par cette forme d'action. La seule valable pour lui est d'être écrivain. Il estime que l'énergie demandée par l'accession puis la conservation du pouvoir est telle qu'il n'en reste plus ensuite pour agir et créer. Selon lui, son rôle d'écrivain est d'indiquer certaines finalités ainsi que les moyens pour y arriver. Il se voit comme un poteau indicateur.
00:38:42 – 00:39:15 (Séquence 38) : Denis de Rougemont se définit comme un poteau indicateur qui indique une direction évolutive aux gens. Il veut continuer à élargir son oeuvre et son action militante. Il explique avoir une douzaine de volumes en train ou en attente de publication, notamment sur le sujet des conséquences mondiales du modèle européen et de l'exemple que cela donne aux pays pauvres.
00:39:36 – 00:39:58 (Séquence 39) : Denis de Rougemont parle de son combat pour persuader le tiers-Monde de ne pas suivre l'exemple européen. Pour lui, il n'y a qu'un moyen de le faire : leur donner l'exemple d'une civilisation différente. Il cite à ce sujet le Docteur Schweitzer : "L'exemple n'est pas le meilleur moyen d'agir sur autrui, c'est le seul".
00:40:19 – 00:40:50 (Séquence 40) : Denis de Rougemont parle de son humanisme. Il explique que la société actuelle mène l'homme à des finalités inhumaines. Il prône donc le régionalisme comme outil de liberté et de responsabilité citoyenne, donc comme finalité humaine.
00:41:12 – 00:41:02 (Séquence 41) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Denis de Rougemont et tourné à Saint-Geny-Pouilly le 18 décembre 1979.
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