Rémy Theytaz (Guide de montagne)
- français
- 1987-03-30
- Durée: 00:49:02
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Description
La vie d'antan était dure, mais variée et aventureuse pour les enfants du Val d'Anniviers. La population nomadisait au gré des saisons et des travaux. Et comme le lui disait un de ses proches: "Tu te souviens, Rémy, autrefois, le tiers monde, c'était nous !" Alors l'alpinisme, avant le tourisme, pour ceux que n'effrayaient pas l'imprévu, les dangers et la grandeur de la montagne, fut le moyen, pendant la courte saison d'été, de gagner un peu plus que ne le permettait la précaire économie des paysans de montagne. Durant de nombreuses années, à la tête de cordées formées de fidèles clients, Rémy Theytaz exercera ce métier de guide avec talent et autorité.
00:00:00 – 00:00:19 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-fixes consacré à Rémy Theytaz, guide de montage, et tourné à Ayer le 30 mars 1987.
00:00:19 – 00:02:07 (Séquence 1) : Rémy Theytaz parle de ses premières expériences comme guide, qui sont toujours assez émouvantes. Il se souvient que lors de sa deuxième année de guide, il a été sollicité par une dame hollandaise pour faire la Dent Blanche par l’arête des quatre ânes, une arête longue et difficile, qu’il ne connaissait pas du tout. Rémy Theytaz était soucieux pendant la nuit et au matin, vers une heure, lorsqu’ils sont partis pour la course. Il a dit un petit mot d’encouragement à sa cliente avant de partir pour le sommet mais lorsque le gardien de la cabane, Jean Vianin, lui a demandé ce qu’il avait dit, il ne s’en souvenait plus.
00:02:07 – 00:03:39 (Séquence 2) : Rémy Theytaz est né à Ayer, le plus beau village du val d’Anniviers, en 1910. Son interlocuteur distingue trois périodes dans la vie de Rémy Theytaz. La première est celle de son enfance et de son adolescence où il vit au rythme des traditions du village et de la transhumance. La deuxième est celle où il exerce sa profession de guide. Enfin, la troisième est celle de conseiller, président de la commune, dirigeant de la société de développement de Zinal, député nommé président du Grand Conseil.
00:03:39 – 00:05:30 (Séquence 3) : On demande à Rémy Theytaz de raconter à quoi ressemblait la vie d’un Anniviard autrefois. L’année commençait le premier novembre, car l’école reprenait à ce moment-là. Il y avait une classe à Ayer et une à Mission, jusqu’au 15 décembre où elles se réunissaient à Zinal, comme toute la population et le bétail. A Zinal, comme le dit une chanson d’un vicaire de Vissoie sur le déménagement de Zinal : "Les Anglais y vont l’été, nous y allons au froid du temps. Eux y vont pour se promener, nous y allons pour nous reposer". L’hiver à Zinal était surtout marqué par les veillées. Les gens se retrouvaient le soir et se racontaient des histoires.
00:05:30 – 00:07:31 (Séquence 4) : On demande à Rémy Theytaz d’expliquer pourquoi les Anniviards "remuaient", menaient une vie de nomades. Rémy Theytaz voit trois facteurs pour expliquer cela : la topographie qui fournissait peu de terrains agricoles, une population assez importante et surtout le fait que la seule activité était l’élevage du bétail. Les Anniviards vivaient en autosuffisance. Tous avaient quelques vignes et quelques prés à Sierre. Leur vie se partageait donc entre Sierre, le village et les mayens, comme Zinal, où ils allaient pendant l’hiver car ils y avaient stocké du fourrage.
00:07:32 – 00:09:15 (Séquence 5) : Rémy Theytaz raconte que les Anniviards restaient à Zinal jusqu’à la fin du mois de janvier puis retournaient dans leur village, tout comme l’école, pour quelques travaux, comme battre le blé de l’année précédente, et pour se préparer à "remuer" à Sierre. Fin février, début mars, toute la famille déménageait à Sierre avec l’école et le bétail. Ils y vivaient dans une sorte de taudis à côté d’une grange écurie où ils accumulaient le foin qu’ils pouvaient récolter. La saison de Sierre se passait à cultiver les vignes, à ce moment-là plantées en versannes à cause du phylloxera. Ils remontaient au village fin mars début avril et commençaient à préparer les gros travaux de la saison d’été.
00:09:17 – 00:12:28 (Séquence 6) : Rémy Theytaz se souvient que, dans la vie des Anniviards d’autrefois, le moment où ils pouvaient faire paître le bétail dehors et ne plus le nourrir avec le fourrage accumulé, était un grand moment. C’est aux alentours du 20 mai que l’on pouvait faire pâturer le bétail. Les Anniviards montaient ensuite le bétail à Zinal et se préparaient à l’inalpe qui avait lieu autour du 20 juin. L’inalpe consiste à mettre le bétail à l’alpage. Les alpages étaient en consortage, comme une sorte de société par actions. Pendant les trois mois d’été, le bétail était à l’alpage sous la garde d’employés qui vivaient en haut avec lui. A ce moment-là, les Anniviards avaient le temps de récolter le fourrage pour l’année suivante, d’abord à Sierre au mois de juin, puis au village en juillet, puis à Zinal au mois d’août. Les mois de juillet et août étaient aussi ceux de la saison touristique, les hôtels ouvraient et les Anniviards rencontraient des gens de l’extérieur. Au mois de septembre, le bétail redescendait de l’alpage, il pâturait la deuxième herbe à Zinal, puis au village. Au mois d’octobre, la population se partageait en deux, certains descendaient à Sierre pour les vendanges, les autres restaient à Zinal ou au village avec le bétail. Les vendanges terminées, la famille se retrouvait au village pour quelques jours. Les plus chanceux, ceux qui avaient quelques prairies à Sierre, pouvaient encore y faire pâturer le bétail. Cela leur faisait du fourrage gagné.
00:12:30 – 00:14:03 (Séquence 7) : Rémy Theytaz parle de l’inalpe qui a été longtemps un grand moment pour la population du val d’Anniviers. Sur le chemin avaient lieu les combats de reines. La particularité de la race d’Hérens, qui est aussi celle que l’on trouve dans le val d’Anniviers, est de vouloir combattre. Lorsque les vaches se retrouvaient, elle se livraient librement à des combats en plein air et la vache la plus forte était nommée reine. On demande à Rémy Theytaz s’il est vrai que certains propriétaires réglaient leurs querelles politiques par vache interposée. Rémy Theytaz ne pense pas, il est certain que le propriétaire d’une reine était fier, mais cela n’avait aucune incidence politique.
00:14:06 – 00:15:36 (Séquence 8) : Rémy Theytaz parle de la fête de Prémices qui avaient lieu le dernier dimanche d’août. Les alpages devaient fournir à la paroisse de la cure de Vissoie un certain contingent de fromage, le fromage fait avec l’équivalent de deux ou quatre traites au début de la saison. Ces fromages étaient apportés à la cure de Vissoie, ils étaient bénis, puis le curé offrait une raclette. Le curé remisait ensuite les fromages reçus et il avait ainsi une certaine réserve. La désalpe était aussi une grande fête dans la vie anniviarde.
00:15:39 – 00:17:26 (Séquence 9) : Rémy Theytaz parle de ce que l’on faisait du raisin récolté lors des vendanges. Chacun avait une sorte de cave où il entreposait le raisin pressé qu’il faisait fermenter. Après la décantation, on mettait dans un tonneau spécial la meilleure partie pour la garder, ce vin servait lorsque l’on recevait. Avec le reste, les bourbes et le marc, on ajoutait de l’eau et du sucre et l’on faisait une sorte de vin artificiel, de la piquette. Ce vin était celui des ouvriers.
00:17:29 – 00:20:28 (Séquence 10) : Rémy Theytaz parle du remuage des Anniviards, qui vont dehors à Sierre puis rentrent, vont dedans en Anniviers. Il rapporte que certains philologues pensent qu’Anniviers viendrait du latin et voudrait dire les chemins de l’année. On lui demande si cette sorte de nomadisme influence la mentalité, la manière d’être des Anniviards et leur plaisir de la rencontre sur les chemins tout au long de l’année avec les gens de Sierre, avec ceux des autres villages de la vallée, avec les touristes. Rémy Theytaz pense que cela est possible. La vie anniviarde au temps de son enfance était merveilleuse car l’on changeait à chaque instant, de maison, de coin. Ces changements étaient toujours réjouissants, toujours très gais. La vie était aussi difficile car les familles étaient nombreuses, les routes n’existaient pas, à part celle de Sierre à Ayer, les chemins étaient raides et il fallait porter toutes les récoltes sur le dos. On mangeait presque tous les jours la même chose, principalement du pain de seigle. Rémy Theytaz se souvient d’une réflexion que lui a faite la femme du guide Gustave Clivaz : "Est-ce que tu te rends compte Rémy que le tiers-monde il y a 50 ans c’était nous".
00:20:32 – 00:22:50 (Séquence 11) : Rémy Theytaz parle du métier de guide et du rapport à la montagne. Lorsqu’il a commencé le métier, il était encore perçu comme un métier privilégié, car il était le seul moyen de gagner de l’argent. En effet, il n’y avait rien d’autre que l’agriculture. Les guides pouvaient donc rapporter de l’argent. Rémy a donc commencé ce métier pour des raisons économiques et a été très vite pris par l’amour de la montagne. La saison commençait l’été à Zinal pour le val d’Anniviers, ou à Arolla pour le val d’Hérens, à Fionnay ou à Champex pour les Drances. Les guides se tenaient à disposition des touristes qui arrivaient dans ces villages. Pour obtenir plus facilement du travail, les guides avaient intérêt à être attachés à un hôtel leur fournissant des clients, surtout au début, avant de se créer une clientèle fidèle.
00:22:54 – 00:24:31 (Séquence 12) : On demande à Rémy Theytaz si la mort en montagne de son père, lui aussi guide, a joué un rôle dans sa vocation. Rémy pense que ce sont plutôt des raisons économiques qui l’ont poussé à ce choix. Son père s’est tué en montagne en tombant dans une crevasse en 1911, Rémy, né en 1910, n’avait alors même pas une année. Lorsqu’il a décidé de faire le cours de guide, la mère de Rémy était chavirée en repensant à la façon dont elle avait perdu son mari. Rémy a passé outre et suivi le cours. Il a souvent songé à l’accident de son père dans sa carrière, sans ressentir de la peur, mais plutôt pour se demander quel itinéraire son père aurait choisi, quelle voie il aurait empruntée.
00:24:35 – 00:28:03 (Séquence 13) : Dans les années 1920-1924, Rémy Theytaz se souvient qu’on l’appelait souvent pour aller lever les quilles chez Joachim Theytaz à l’hôtel du Besso. Il y avait environ une vingtaine de guides qui passaient l’été à Zinal et qui faisaient des courses lorsqu’un client se présentait. Une grande partie de ces guides était des guides non qualifiés, pas formés et faisaient ce métier pour des raisons purement économiques. Ils ne faisaient donc que de petites courses et s’arrangeaient pour faire engager un autre collègue avec eux. Rémy a plein d’anecdotes amusantes à ce sujet. Notamment, des équipes de ces guides peu qualifiés qui emmenaient les clients dans des courses trop difficiles pour eux et lorsque les difficultés arrivaient, l’un d’eux lançait discrètement des cailloux et l’autre expliquait aux clients qu’en raison des chutes de pierres il valait mieux renoncer à la course. Ce genre de choses se produisait aussi à Arolla ou à Saas-Fee où certaines courses, comme le Gletschertour, étaient réservées à ces guides peu expérimentés. A Chamonix, les pirates étaient spécialistes pour les courses à la mer de glace. Certains touristes prenaient un guide uniquement pour aller poser un pied sur un glacier. Rémy se souvient d’une anecdote à propos du grand guide de Courmayeur, Emile Rey, mort en 1895. Un jour qu’il se trouvait au Montanvert, station terminus du chemin de fer montant depuis Chamonix, des touristes voulaient l’engager pour aller sur la Mer de glace. Emile Rey leur a dit que lui fait de la grande montagne et non ce genre de courses.
00:28:08 – 00:31:23 (Séquence 14) : Rémy Theytaz a beaucoup étudié l’histoire de l’alpinisme et rencontré certaines grandes figures. Il a rencontré l’alpiniste [Moore] qui était avec son père, Louis Theytaz, lorsqu’il a péri dans un accident. Il a rencontré également le célèbre alpiniste Young qui avait fait une ascension du Weisshorn avec son père et son oncle, Benoit Theytaz. Le père de Rémy avait à cœur le développement de l’alpinisme dans sa patrie et il a essayé de trouver des itinéraires nouveaux. L’arête des quatre ânes à la Dent blanche avait déjà été faite. Il n’y avait pas d’autre itinéraire pour le Weisshorn que l’arête nord qui partait de Tracuit, où il n’y avait pas encore de cabane et où il fallait bivouaquer. Louis et Benoit Theytaz accompagnés de Young ont donc décidé de bivouaquer à l’alpage d’Arpittetaz et sont montés au Weisshorn par une nervure partant du Grand gendarme, nommée ensuite arête Young. Cette première était très difficile à cette époque car il n’y avait aucune corde fixe pour faciliter l’ascension. Rémy Theytaz a eu le privilège de rencontrer Young bien des années plus tard, en 1948, lors d’une visite de ce dernier en Suisse. L’écrivain alpestre, Charles Gos, qui logeait chez Rémy, les a mis en contact et Rémy est allé lui rendre visite à Zermatt. Il se souvient que Young avait alors une jambe de bois car il avait perdu une jambe lors de la première guerre mondiale.
00:31:28 – 00:35:10 (Séquence 15) : Rémy Theytaz explique que pour commencer une carrière de guide il fallait être lié à un hôtel. On peut ainsi avoir ses premiers clients, qu’il faut ensuite transformer en clientèle fidèle, en leur proposant des courses à leur mesure par exemple. Rémy Theytaz a commencé de cette façon, mais il avait auparavant fait les ascensions les plus importantes, l’arête nord et l’arête Young au Weisshorn, le Rothorn de Zinal, l’Obergabelhorn. En 1938, il a également eu l’occasion de faire l’arête des quatre ânes à la Dent blanche. Rémy parle de ses clients et des liens qui se sont noués avec eux. L’interlocuteur rappelle que l’on dit parfois que le lien entre un guide et ses clients est tellement fort que l’on n’a pas toujours besoin de s’encorder. Rémy Theytaz a réussi à se créer une clientèle fidèle qui revient même lui rendre visite régulièrement depuis qu’il a arrêté le métier. Il parle d’une dame de Malans dans les Grisons, un couple de Hausen am Albis dans le canton de Zurich et d’un ingénieur belge. A chaque visite, chacun se remémore les traversées faites ensemble. Rémy Theytaz parle aussi de la dernière visite de [Halder], un de ses anciens clients, qui est venu passer trois jours merveilleux par un temps splendide. Ils sont allés en voiture au pont d’Arpittetaz, au pied du glacier, pour se promener. Après cela, ils se sont séparés jusqu’à l’année suivante. Rémy Theytaz a fait le Cervin avec [Halder], et raconte qu’un jour qu’ils discutaient il a oublié qu’il avait emmené ce client sur ce sommet. Rémy lui avait dit que tout alpiniste qui se respecte doit faire le Cervin.
00:35:16 – 00:36:26 (Séquence 16) : Rémy Theytaz explique pourquoi le Cervin est une cime exemplaire. Selon lui, c’est une montagne unique au monde, à laquelle rien n’est comparable, taillée par un sculpteur souverain. Elle offre de nombreuses possibilités d’ascension avec ses quatre arêtes, toutes intéressantes. La traversée du Cervin est une des dernières courses que Rémy a faite, c’était avec des amis en 1969, il avait alors 59 ans. Ils sont partis d’Ayer un samedi soir, ont traversé le col du Grand Saint Bernard, sur Aoste, sont remontés à Châtillon, puis au fond de la vallée de Valtournanche. Ils sont ensuite montés à la cabane, ont mangé quelque chose puis sont partis au sommet du Cervin la nuit et le jour suivants pour revenir à Ayer à trois heures du matin. Tout cela sans entrainement.
00:36:32 – 00:40:57 (Séquence 17) : Rémy Theytaz parle de la peur en montagne. Il se souvient d’un accident qu’il a eu en 1953 au Grépon. Cette course se termine par un bloc de rocher à peu près vertical d’une dizaine de mètres, Rémy était averti, mais il n’avait pas de crainte. Il a placé la cliente qui l’accompagnait à l’abri, il s’est assuré avec deux mousquetons. Le sommet de Grépon est une dalle plate et comme le temps avait été mauvais, une couche de neige importante y était déposée qui ruisselait sur le dernier bloc rocheux. Rémy est sorti sur cette dalle, il a pris appui et a dit à sa cliente de ne pas avoir peur que c’était facile, au même moment il a chuté. Il a été retenu par sa cliente qui s’est emparé de la corde qui filait à travers les mousquetons. Rémy a fait une chute de 15 mètres et s’est retrouvé avec une luxation de la hanche, il ne pouvait plus du tout bouger. Un guide qu’ils venaient de croiser a rebroussé chemin pour aider Rémy et sa cliente à s’installer pour attendre les secours qu’il est ensuite parti chercher. La cliente de Rémy est restée avec lui 24 heures jusqu’à ce que la colonne de secours arrive. Sur le chemin, les secours avaient disposé du câble et grâce à ce dispositif ils ont descendu Rémy en bas du glacier. Ils avaient déjà testé ce système avec des bûches mais jamais encore avec des gens. Arrivé à Chamonix, Rémy a été transporté à l’hôpital puis transféré à Sallanches pour y être opéré. Rémy Theytaz souligne l’extrême efficacité de la colonne de secours de Chamonix, qui ne lui a même pas envoyé de facture.
00:41:04 – 00:44:07 (Séquence 18) : Rémy Theytaz explique ce que l’évolution de l’alpinisme a changé dans la façon de considérer la montagne. L’arrivée des semelles vibram, qui ont remplacé les chaussures à clous, a permis aux alpinistes d’avoir une meilleure stabilité sur les prises. Les moyens mécaniques ont aussi évolué, comme les pitons, les mousquetons et toutes sortes d’engins que l’on peut coincer dans les fissures. Certains alpinistes ont désormais la possibilité d’exercer leur activité toute l’année, ainsi ils ont de l’entrainement et peuvent tenter des courses encore plus difficiles. Rémy, lui, n’était guide que les trois mois d’été, puis il retournait à d’autres tâches. Il se souvient que dans sa jeunesse il était, comme tous les autres, en admiration devant la montagne. Il cite le célèbre alpiniste [Kindall] : "Nous pouvons contempler encore et toujours ces montagnes de tant de façons différentes, de tant de points de vue différents. Une splendeur éternelle les baigne qui associe à chaque vision des émotions et des impressions neuves". Cette citation exprime le respect de la montagne et de l’importance de la contemplation. Rémy cite aussi une phrase trouvée chez Charles Gos qu’il avait relevée sur un monument funéraire de la vallée de Chamonix : "C’est avec un recueillement mêlé de crainte et de respect qu’il faut contempler les lieux que la nature a marqué du sceau de sa majesté et de sa puissance". Ces citations inspirent Rémy Theytaz.
00:44:15 – 00:46:59 (Séquence 19) : Rémy Theytaz se trouve dans la cave bourgeoisiale d’Ayer entouré d’une collection de channes. Il s’agit de la salle des bourgeois de la commune, c’est-à-dire des gens originaires d’Ayer. La municipalité n’existe que depuis le début du XXe siècle. Auparavant, il n’y avait que la bourgeoisie qui représentait la commune, gérait les fonds publics et entretenait l’espace public. En Valais, la bourgeoisie est restée assez vivante. Tous les citoyens qui remplissent une charge dans la bourgeoisie, la commune ou la municipalité doivent offrir une channe à la bourgeoisie. Rémy Theytaz a été élu, quasiment à l’unanimité, président du Grand Conseil valaisan en 1971. Il a donc offert à la bourgeoisie d’Ayer une channe commémorant cela. Rémy Theytaz explique que la cave bourgeoisiale ne sert de lieu de rencontre qu’occasionnellement entre quelques personnes. Les réunions de la bourgeoisie se tiennent au deuxième étage du même bâtiment.
00:47:07 – 00:48:18 (Séquence 20) : Rémy Theytaz revient sur sa vie d’alpiniste et se souvient de ses clients, du plaisir pris à arriver au sommet, des joies ressenties pendant les courses et des belles amitiés qui se sont créées. Il conclut l’entretien en citant Frank Smythe parlant des courses faites avec ses clients et des amitiés nouées avec eux : "Qu’importe vieillesse ou faiblesse quand il nous reste tant de richesses".
00:48:26 – 00:48:54 (Séquence 21) : Générique de fin du Plans-fixes consacré à Rémy Theytaz, guide de montage, et tourné à Ayer le 30 mars 1987.
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00:00:00 – 00:00:19 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-fixes consacré à Rémy Theytaz, guide de montage, et tourné à Ayer le 30 mars 1987.
00:00:19 – 00:02:07 (Séquence 1) : Rémy Theytaz parle de ses premières expériences comme guide, qui sont toujours assez émouvantes. Il se souvient que lors de sa deuxième année de guide, il a été sollicité par une dame hollandaise pour faire la Dent Blanche par l’arête des quatre ânes, une arête longue et difficile, qu’il ne connaissait pas du tout. Rémy Theytaz était soucieux pendant la nuit et au matin, vers une heure, lorsqu’ils sont partis pour la course. Il a dit un petit mot d’encouragement à sa cliente avant de partir pour le sommet mais lorsque le gardien de la cabane, Jean Vianin, lui a demandé ce qu’il avait dit, il ne s’en souvenait plus.
00:02:07 – 00:03:39 (Séquence 2) : Rémy Theytaz est né à Ayer, le plus beau village du val d’Anniviers, en 1910. Son interlocuteur distingue trois périodes dans la vie de Rémy Theytaz. La première est celle de son enfance et de son adolescence où il vit au rythme des traditions du village et de la transhumance. La deuxième est celle où il exerce sa profession de guide. Enfin, la troisième est celle de conseiller, président de la commune, dirigeant de la société de développement de Zinal, député nommé président du Grand Conseil.
00:03:39 – 00:05:30 (Séquence 3) : On demande à Rémy Theytaz de raconter à quoi ressemblait la vie d’un Anniviard autrefois. L’année commençait le premier novembre, car l’école reprenait à ce moment-là. Il y avait une classe à Ayer et une à Mission, jusqu’au 15 décembre où elles se réunissaient à Zinal, comme toute la population et le bétail. A Zinal, comme le dit une chanson d’un vicaire de Vissoie sur le déménagement de Zinal : "Les Anglais y vont l’été, nous y allons au froid du temps. Eux y vont pour se promener, nous y allons pour nous reposer". L’hiver à Zinal était surtout marqué par les veillées. Les gens se retrouvaient le soir et se racontaient des histoires.
00:05:30 – 00:07:31 (Séquence 4) : On demande à Rémy Theytaz d’expliquer pourquoi les Anniviards "remuaient", menaient une vie de nomades. Rémy Theytaz voit trois facteurs pour expliquer cela : la topographie qui fournissait peu de terrains agricoles, une population assez importante et surtout le fait que la seule activité était l’élevage du bétail. Les Anniviards vivaient en autosuffisance. Tous avaient quelques vignes et quelques prés à Sierre. Leur vie se partageait donc entre Sierre, le village et les mayens, comme Zinal, où ils allaient pendant l’hiver car ils y avaient stocké du fourrage.
00:07:32 – 00:09:15 (Séquence 5) : Rémy Theytaz raconte que les Anniviards restaient à Zinal jusqu’à la fin du mois de janvier puis retournaient dans leur village, tout comme l’école, pour quelques travaux, comme battre le blé de l’année précédente, et pour se préparer à "remuer" à Sierre. Fin février, début mars, toute la famille déménageait à Sierre avec l’école et le bétail. Ils y vivaient dans une sorte de taudis à côté d’une grange écurie où ils accumulaient le foin qu’ils pouvaient récolter. La saison de Sierre se passait à cultiver les vignes, à ce moment-là plantées en versannes à cause du phylloxera. Ils remontaient au village fin mars début avril et commençaient à préparer les gros travaux de la saison d’été.
00:09:17 – 00:12:28 (Séquence 6) : Rémy Theytaz se souvient que, dans la vie des Anniviards d’autrefois, le moment où ils pouvaient faire paître le bétail dehors et ne plus le nourrir avec le fourrage accumulé, était un grand moment. C’est aux alentours du 20 mai que l’on pouvait faire pâturer le bétail. Les Anniviards montaient ensuite le bétail à Zinal et se préparaient à l’inalpe qui avait lieu autour du 20 juin. L’inalpe consiste à mettre le bétail à l’alpage. Les alpages étaient en consortage, comme une sorte de société par actions. Pendant les trois mois d’été, le bétail était à l’alpage sous la garde d’employés qui vivaient en haut avec lui. A ce moment-là, les Anniviards avaient le temps de récolter le fourrage pour l’année suivante, d’abord à Sierre au mois de juin, puis au village en juillet, puis à Zinal au mois d’août. Les mois de juillet et août étaient aussi ceux de la saison touristique, les hôtels ouvraient et les Anniviards rencontraient des gens de l’extérieur. Au mois de septembre, le bétail redescendait de l’alpage, il pâturait la deuxième herbe à Zinal, puis au village. Au mois d’octobre, la population se partageait en deux, certains descendaient à Sierre pour les vendanges, les autres restaient à Zinal ou au village avec le bétail. Les vendanges terminées, la famille se retrouvait au village pour quelques jours. Les plus chanceux, ceux qui avaient quelques prairies à Sierre, pouvaient encore y faire pâturer le bétail. Cela leur faisait du fourrage gagné.
00:12:30 – 00:14:03 (Séquence 7) : Rémy Theytaz parle de l’inalpe qui a été longtemps un grand moment pour la population du val d’Anniviers. Sur le chemin avaient lieu les combats de reines. La particularité de la race d’Hérens, qui est aussi celle que l’on trouve dans le val d’Anniviers, est de vouloir combattre. Lorsque les vaches se retrouvaient, elle se livraient librement à des combats en plein air et la vache la plus forte était nommée reine. On demande à Rémy Theytaz s’il est vrai que certains propriétaires réglaient leurs querelles politiques par vache interposée. Rémy Theytaz ne pense pas, il est certain que le propriétaire d’une reine était fier, mais cela n’avait aucune incidence politique.
00:14:06 – 00:15:36 (Séquence 8) : Rémy Theytaz parle de la fête de Prémices qui avaient lieu le dernier dimanche d’août. Les alpages devaient fournir à la paroisse de la cure de Vissoie un certain contingent de fromage, le fromage fait avec l’équivalent de deux ou quatre traites au début de la saison. Ces fromages étaient apportés à la cure de Vissoie, ils étaient bénis, puis le curé offrait une raclette. Le curé remisait ensuite les fromages reçus et il avait ainsi une certaine réserve. La désalpe était aussi une grande fête dans la vie anniviarde.
00:15:39 – 00:17:26 (Séquence 9) : Rémy Theytaz parle de ce que l’on faisait du raisin récolté lors des vendanges. Chacun avait une sorte de cave où il entreposait le raisin pressé qu’il faisait fermenter. Après la décantation, on mettait dans un tonneau spécial la meilleure partie pour la garder, ce vin servait lorsque l’on recevait. Avec le reste, les bourbes et le marc, on ajoutait de l’eau et du sucre et l’on faisait une sorte de vin artificiel, de la piquette. Ce vin était celui des ouvriers.
00:17:29 – 00:20:28 (Séquence 10) : Rémy Theytaz parle du remuage des Anniviards, qui vont dehors à Sierre puis rentrent, vont dedans en Anniviers. Il rapporte que certains philologues pensent qu’Anniviers viendrait du latin et voudrait dire les chemins de l’année. On lui demande si cette sorte de nomadisme influence la mentalité, la manière d’être des Anniviards et leur plaisir de la rencontre sur les chemins tout au long de l’année avec les gens de Sierre, avec ceux des autres villages de la vallée, avec les touristes. Rémy Theytaz pense que cela est possible. La vie anniviarde au temps de son enfance était merveilleuse car l’on changeait à chaque instant, de maison, de coin. Ces changements étaient toujours réjouissants, toujours très gais. La vie était aussi difficile car les familles étaient nombreuses, les routes n’existaient pas, à part celle de Sierre à Ayer, les chemins étaient raides et il fallait porter toutes les récoltes sur le dos. On mangeait presque tous les jours la même chose, principalement du pain de seigle. Rémy Theytaz se souvient d’une réflexion que lui a faite la femme du guide Gustave Clivaz : "Est-ce que tu te rends compte Rémy que le tiers-monde il y a 50 ans c’était nous".
00:20:32 – 00:22:50 (Séquence 11) : Rémy Theytaz parle du métier de guide et du rapport à la montagne. Lorsqu’il a commencé le métier, il était encore perçu comme un métier privilégié, car il était le seul moyen de gagner de l’argent. En effet, il n’y avait rien d’autre que l’agriculture. Les guides pouvaient donc rapporter de l’argent. Rémy a donc commencé ce métier pour des raisons économiques et a été très vite pris par l’amour de la montagne. La saison commençait l’été à Zinal pour le val d’Anniviers, ou à Arolla pour le val d’Hérens, à Fionnay ou à Champex pour les Drances. Les guides se tenaient à disposition des touristes qui arrivaient dans ces villages. Pour obtenir plus facilement du travail, les guides avaient intérêt à être attachés à un hôtel leur fournissant des clients, surtout au début, avant de se créer une clientèle fidèle.
00:22:54 – 00:24:31 (Séquence 12) : On demande à Rémy Theytaz si la mort en montagne de son père, lui aussi guide, a joué un rôle dans sa vocation. Rémy pense que ce sont plutôt des raisons économiques qui l’ont poussé à ce choix. Son père s’est tué en montagne en tombant dans une crevasse en 1911, Rémy, né en 1910, n’avait alors même pas une année. Lorsqu’il a décidé de faire le cours de guide, la mère de Rémy était chavirée en repensant à la façon dont elle avait perdu son mari. Rémy a passé outre et suivi le cours. Il a souvent songé à l’accident de son père dans sa carrière, sans ressentir de la peur, mais plutôt pour se demander quel itinéraire son père aurait choisi, quelle voie il aurait empruntée.
00:24:35 – 00:28:03 (Séquence 13) : Dans les années 1920-1924, Rémy Theytaz se souvient qu’on l’appelait souvent pour aller lever les quilles chez Joachim Theytaz à l’hôtel du Besso. Il y avait environ une vingtaine de guides qui passaient l’été à Zinal et qui faisaient des courses lorsqu’un client se présentait. Une grande partie de ces guides était des guides non qualifiés, pas formés et faisaient ce métier pour des raisons purement économiques. Ils ne faisaient donc que de petites courses et s’arrangeaient pour faire engager un autre collègue avec eux. Rémy a plein d’anecdotes amusantes à ce sujet. Notamment, des équipes de ces guides peu qualifiés qui emmenaient les clients dans des courses trop difficiles pour eux et lorsque les difficultés arrivaient, l’un d’eux lançait discrètement des cailloux et l’autre expliquait aux clients qu’en raison des chutes de pierres il valait mieux renoncer à la course. Ce genre de choses se produisait aussi à Arolla ou à Saas-Fee où certaines courses, comme le Gletschertour, étaient réservées à ces guides peu expérimentés. A Chamonix, les pirates étaient spécialistes pour les courses à la mer de glace. Certains touristes prenaient un guide uniquement pour aller poser un pied sur un glacier. Rémy se souvient d’une anecdote à propos du grand guide de Courmayeur, Emile Rey, mort en 1895. Un jour qu’il se trouvait au Montanvert, station terminus du chemin de fer montant depuis Chamonix, des touristes voulaient l’engager pour aller sur la Mer de glace. Emile Rey leur a dit que lui fait de la grande montagne et non ce genre de courses.
00:28:08 – 00:31:23 (Séquence 14) : Rémy Theytaz a beaucoup étudié l’histoire de l’alpinisme et rencontré certaines grandes figures. Il a rencontré l’alpiniste [Moore] qui était avec son père, Louis Theytaz, lorsqu’il a péri dans un accident. Il a rencontré également le célèbre alpiniste Young qui avait fait une ascension du Weisshorn avec son père et son oncle, Benoit Theytaz. Le père de Rémy avait à cœur le développement de l’alpinisme dans sa patrie et il a essayé de trouver des itinéraires nouveaux. L’arête des quatre ânes à la Dent blanche avait déjà été faite. Il n’y avait pas d’autre itinéraire pour le Weisshorn que l’arête nord qui partait de Tracuit, où il n’y avait pas encore de cabane et où il fallait bivouaquer. Louis et Benoit Theytaz accompagnés de Young ont donc décidé de bivouaquer à l’alpage d’Arpittetaz et sont montés au Weisshorn par une nervure partant du Grand gendarme, nommée ensuite arête Young. Cette première était très difficile à cette époque car il n’y avait aucune corde fixe pour faciliter l’ascension. Rémy Theytaz a eu le privilège de rencontrer Young bien des années plus tard, en 1948, lors d’une visite de ce dernier en Suisse. L’écrivain alpestre, Charles Gos, qui logeait chez Rémy, les a mis en contact et Rémy est allé lui rendre visite à Zermatt. Il se souvient que Young avait alors une jambe de bois car il avait perdu une jambe lors de la première guerre mondiale.
00:31:28 – 00:35:10 (Séquence 15) : Rémy Theytaz explique que pour commencer une carrière de guide il fallait être lié à un hôtel. On peut ainsi avoir ses premiers clients, qu’il faut ensuite transformer en clientèle fidèle, en leur proposant des courses à leur mesure par exemple. Rémy Theytaz a commencé de cette façon, mais il avait auparavant fait les ascensions les plus importantes, l’arête nord et l’arête Young au Weisshorn, le Rothorn de Zinal, l’Obergabelhorn. En 1938, il a également eu l’occasion de faire l’arête des quatre ânes à la Dent blanche. Rémy parle de ses clients et des liens qui se sont noués avec eux. L’interlocuteur rappelle que l’on dit parfois que le lien entre un guide et ses clients est tellement fort que l’on n’a pas toujours besoin de s’encorder. Rémy Theytaz a réussi à se créer une clientèle fidèle qui revient même lui rendre visite régulièrement depuis qu’il a arrêté le métier. Il parle d’une dame de Malans dans les Grisons, un couple de Hausen am Albis dans le canton de Zurich et d’un ingénieur belge. A chaque visite, chacun se remémore les traversées faites ensemble. Rémy Theytaz parle aussi de la dernière visite de [Halder], un de ses anciens clients, qui est venu passer trois jours merveilleux par un temps splendide. Ils sont allés en voiture au pont d’Arpittetaz, au pied du glacier, pour se promener. Après cela, ils se sont séparés jusqu’à l’année suivante. Rémy Theytaz a fait le Cervin avec [Halder], et raconte qu’un jour qu’ils discutaient il a oublié qu’il avait emmené ce client sur ce sommet. Rémy lui avait dit que tout alpiniste qui se respecte doit faire le Cervin.
00:35:16 – 00:36:26 (Séquence 16) : Rémy Theytaz explique pourquoi le Cervin est une cime exemplaire. Selon lui, c’est une montagne unique au monde, à laquelle rien n’est comparable, taillée par un sculpteur souverain. Elle offre de nombreuses possibilités d’ascension avec ses quatre arêtes, toutes intéressantes. La traversée du Cervin est une des dernières courses que Rémy a faite, c’était avec des amis en 1969, il avait alors 59 ans. Ils sont partis d’Ayer un samedi soir, ont traversé le col du Grand Saint Bernard, sur Aoste, sont remontés à Châtillon, puis au fond de la vallée de Valtournanche. Ils sont ensuite montés à la cabane, ont mangé quelque chose puis sont partis au sommet du Cervin la nuit et le jour suivants pour revenir à Ayer à trois heures du matin. Tout cela sans entrainement.
00:36:32 – 00:40:57 (Séquence 17) : Rémy Theytaz parle de la peur en montagne. Il se souvient d’un accident qu’il a eu en 1953 au Grépon. Cette course se termine par un bloc de rocher à peu près vertical d’une dizaine de mètres, Rémy était averti, mais il n’avait pas de crainte. Il a placé la cliente qui l’accompagnait à l’abri, il s’est assuré avec deux mousquetons. Le sommet de Grépon est une dalle plate et comme le temps avait été mauvais, une couche de neige importante y était déposée qui ruisselait sur le dernier bloc rocheux. Rémy est sorti sur cette dalle, il a pris appui et a dit à sa cliente de ne pas avoir peur que c’était facile, au même moment il a chuté. Il a été retenu par sa cliente qui s’est emparé de la corde qui filait à travers les mousquetons. Rémy a fait une chute de 15 mètres et s’est retrouvé avec une luxation de la hanche, il ne pouvait plus du tout bouger. Un guide qu’ils venaient de croiser a rebroussé chemin pour aider Rémy et sa cliente à s’installer pour attendre les secours qu’il est ensuite parti chercher. La cliente de Rémy est restée avec lui 24 heures jusqu’à ce que la colonne de secours arrive. Sur le chemin, les secours avaient disposé du câble et grâce à ce dispositif ils ont descendu Rémy en bas du glacier. Ils avaient déjà testé ce système avec des bûches mais jamais encore avec des gens. Arrivé à Chamonix, Rémy a été transporté à l’hôpital puis transféré à Sallanches pour y être opéré. Rémy Theytaz souligne l’extrême efficacité de la colonne de secours de Chamonix, qui ne lui a même pas envoyé de facture.
00:41:04 – 00:44:07 (Séquence 18) : Rémy Theytaz explique ce que l’évolution de l’alpinisme a changé dans la façon de considérer la montagne. L’arrivée des semelles vibram, qui ont remplacé les chaussures à clous, a permis aux alpinistes d’avoir une meilleure stabilité sur les prises. Les moyens mécaniques ont aussi évolué, comme les pitons, les mousquetons et toutes sortes d’engins que l’on peut coincer dans les fissures. Certains alpinistes ont désormais la possibilité d’exercer leur activité toute l’année, ainsi ils ont de l’entrainement et peuvent tenter des courses encore plus difficiles. Rémy, lui, n’était guide que les trois mois d’été, puis il retournait à d’autres tâches. Il se souvient que dans sa jeunesse il était, comme tous les autres, en admiration devant la montagne. Il cite le célèbre alpiniste [Kindall] : "Nous pouvons contempler encore et toujours ces montagnes de tant de façons différentes, de tant de points de vue différents. Une splendeur éternelle les baigne qui associe à chaque vision des émotions et des impressions neuves". Cette citation exprime le respect de la montagne et de l’importance de la contemplation. Rémy cite aussi une phrase trouvée chez Charles Gos qu’il avait relevée sur un monument funéraire de la vallée de Chamonix : "C’est avec un recueillement mêlé de crainte et de respect qu’il faut contempler les lieux que la nature a marqué du sceau de sa majesté et de sa puissance". Ces citations inspirent Rémy Theytaz.
00:44:15 – 00:46:59 (Séquence 19) : Rémy Theytaz se trouve dans la cave bourgeoisiale d’Ayer entouré d’une collection de channes. Il s’agit de la salle des bourgeois de la commune, c’est-à-dire des gens originaires d’Ayer. La municipalité n’existe que depuis le début du XXe siècle. Auparavant, il n’y avait que la bourgeoisie qui représentait la commune, gérait les fonds publics et entretenait l’espace public. En Valais, la bourgeoisie est restée assez vivante. Tous les citoyens qui remplissent une charge dans la bourgeoisie, la commune ou la municipalité doivent offrir une channe à la bourgeoisie. Rémy Theytaz a été élu, quasiment à l’unanimité, président du Grand Conseil valaisan en 1971. Il a donc offert à la bourgeoisie d’Ayer une channe commémorant cela. Rémy Theytaz explique que la cave bourgeoisiale ne sert de lieu de rencontre qu’occasionnellement entre quelques personnes. Les réunions de la bourgeoisie se tiennent au deuxième étage du même bâtiment.
00:47:07 – 00:48:18 (Séquence 20) : Rémy Theytaz revient sur sa vie d’alpiniste et se souvient de ses clients, du plaisir pris à arriver au sommet, des joies ressenties pendant les courses et des belles amitiés qui se sont créées. Il conclut l’entretien en citant Frank Smythe parlant des courses faites avec ses clients et des amitiés nouées avec eux : "Qu’importe vieillesse ou faiblesse quand il nous reste tant de richesses".
00:48:26 – 00:48:54 (Séquence 21) : Générique de fin du Plans-fixes consacré à Rémy Theytaz, guide de montage, et tourné à Ayer le 30 mars 1987.
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