Norbert Moret (Compositeur)
- français
- 1988-11-08
- Durée: 00:49:58
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Description
Né dans une famille paysanne de la Broye frigourgeoise, la découverte soudaine de Bach, à 17 ans, l'oriente de manière définitive vers la composition. Formé à l'orgue, il suit le conservatoire de Fribourg et s'ouvre à la grande musique la plus contemporaine à Paris, où il est l'élève de Messiaen et de Leibowitz, qui l'initie à la dodécaphonie, puis à Vienne où il bénéficie de l'influence de Furtwängler. C'est ensuite dans le plus grand isolement, parallèlement à un travail d'enseignant, que Norbert Moret trouve sa voie. Dès 1973, le monde musical découvre ses œoeuvres. Fribourg joue enfin son grand compositeur dont l'univers, pétri de campagne et de nature, ne doit strictement rien au folklore.
00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Norbert Moret, compositeur, et tourné à Fribourg le 9 novembre 1988. L'interlocuteur est Bertil Galland.
00:00:11 – 00:00:44 (Séquence 1) : Norbert Moret explique que Don Quichotte était un homme normal. Il voulait que la justice règne, il voulait protéger les plus faibles. Il était dans une sorte de folie. Lorsqu'il écrit ses œuvres, il est aussi dans une sorte de folie, dans un état second, où il ne se reconnaît plus.
00:00:45 – 00:01:33 (Séquence 2) : L'interlocuteur explique que 1988 est une grande année pour Norbert Moret. Il a composé le concerto pour violoncelle joué par Rostropovitch, le concerto pour violon joué par Anne-Sophie Mutter, les pièces pour Hiroschima, les Chants de Diotima. Il explique que lors de la création de ses œuvres, il est dans un état de folie, un état second en dehors de la vie. Dans ces moments, il ne pense plus qu'à écrire ce qu'il a envie d'écrire.
00:01:34 – 00:03:26 (Séquence 3) : Norbert Moret explique que le concerto pour violoncelle lui avait été commandé par Rostropovitch en 1980. Il était terrifié d'écrire pour un soliste d'une telle envergure. Il avait une autre commande prévue pour 1981, "Le mendiant du ciel bleu", et il a refusé. Rostropovitch lui a à nouveau demandé une œuvre, le soir du concert des "Two loves poemes" où Rostropovitch avait collaboré comme soliste. Il avait aussi une deuxième proposition: écrire le libretto d'un opéra "Le poète assassiné" pour 1987 à Bâle. Il a dû choisir entre les deux et il a opté pour le Concerto pour violoncelle. Il n'avait pas envie d'écrire un opéra, et il avait peur de se bagarrer avec un metteur en scène.
00:03:28 – 00:04:39 (Séquence 4) : Norbert Moret explique que Rostropovitch a un coup d'archet inégalé et un enthousiasme spontané. Il a le don d'enthousiasmer la salle. Le grand soliste donne toujours l'impression de ne pas avoir de difficultés de notes, même s'il doit lui aussi s'entraîner. Son souci ne réside pas dans la note juste mais dans l'interprétation. Lors du concert, il y avait une sorte d'extase, Rostropovitch avait le sentiment de dominer la salle.
00:04:42 – 00:05:30 (Séquence 5) : L'interlocuteur cite une phrase de Norbert Moret qu'il a écrite au sujet de Liszt. Il explique que l'extase correspond à cette description, mais plus précisément à l'état dans lequel on se trouve quand quelque chose nous a vraiment ravis. La respiration est une chose essentielle dans la vie mais, quand on écoute, on retient son souffle. Écouter est plus emportant encore.
00:05:33 – 00:07:46 (Séquence 6) : L'interlocuteur rappelle que l'œuvre de Norbert Moret "En rêve", jouée par Anne-Sophie Mutter, s'inspire de son enfance. Norbert Moret dit être broyard de Ménières dans l'enclave d'Estavayer. Sa maison se trouvait près des champs et d'un ruisseau qui se jetait plus loin dans la Broye. Il a vécu très près de la nature. Le café du village était fréquenté par les hommes seulement, qui chantaient des chansons mélancoliques. Ils étaient harmonisés à la tierce, qu'ils appelaient la seconde oreille. Il a introduit la tierce dans plusieurs de ses œuvres, comme citation de l'une de ces chansons populaires. Il l'a fait dans le concerto pour violoncelle et dans le concerto pour violon "En rêve".
00:07:50 – 00:09:27 (Séquence 7) : Norbert Moret explique qu'il ne peut pas écrire une œuvre au dernier moment, elle doit être en lui. Elle se réfère souvent à son enfance. Il subit aussi l'influence de la musique religieuse. Au village, il n'y avait rien d'autre que les cérémonies religieuses. Il se souvient d'un jour où il a couru dans le brouillard pour découvrir ce qu'il y avait derrière. Lorsqu'il a perdu de vue sa maison, il a eu peur et est revenu en courant.
00:09:31 – 00:12:37 (Séquence 8) : Norbert Moret explique que le rêve a joué un rôle important dans son enfance. Il a vécu dans le rêve et en dehors des soucis de la vie. Dans ses œuvres, il reconnaît trois sources d'inspiration très proches. Le destin de l'homme. Il écrit lui-même ses textes et n'a pas peur d'utiliser des mots extrêmes. Ses textes vont très bien avec sa musique. Il est content du titre qu'il a donné à la troisième partie de son œuvre "Le mendiant du ciel bleu", "Sur la colline de l'invisible". "Bleu" pour lui est lié à l'espoir, "mendiant" est l'homme à la recherche de son avenir. La deuxième inspiration est le rêve de son enfance.
00:12:41 – 00:13:59 (Séquence 9) : L'interlocuteur dit être frappé par un élément qui, à travers la Broye, lie Norbert Moret à Gustave Roud et Philippe Jaccottet. Les trois présentent une influence d'Hölderlin et des romantiques allemands. Norbert Moret a composé "Diotimas". Il explique que Roud et Jaccottet sont devenus tout de suite très proches de lui. Il garde chez lui de nombreuses poésies de ces deux poètes.
00:14:03 – 00:15:22 (Séquence 10) : L'interlocuteur demande à Norbert Moret si son trait original est un certain goût pour le baroque, goût qu'il aurait acquis en étudiant l'orgue à Fribourg. Il répond qu'au collège Saint-Michel il a pris des cours d'orgue avec Joseph Gogniat, le titulaire de la cathédrale de Saint-Nicolas. Lorsqu'il allait jouer de l'orgue à l'église, souvent il ne s'exerçait pas, il improvisait. Dans l'atmosphère sombre de l'église, il était transporté par les sonorités dans un monde qui rejoignait ses rêves.
00:15:27 – 00:16:58 (Séquence 11) : Norbert Moret explique que le troisième élément qui a influencé ses œuvres est le chant d'amour. Il trouve que la rencontre de Rostropovitch avec le violoncelle est unique. Ce sont comme deux grands lyriques qui se sont rencontrés. Il a voulu marquer cet aspect dans son concerto pour violoncelle, en appelant les trois mouvements "chansons". "Chanson pour tuer le temps", "Chanson d'amour" et "Chanson du vent d'ouest", d'après un poème de Shelley. Il se considère romantique mais il utilise le langage de son temps.
00:17:04 – 00:17:48 (Séquence 12) : Norbert Moret explique que le poème "Le vent d'ouest" l'a étonné. Le vent d'ouest est un vent puissant qui détruit, mais il est aussi le vent chaud qui fait fondre les neiges et qui annonce le retour du printemps. C'est le chant de l'exaltation, de l'inspiration et de l'espoir.
00:17:54 – 00:18:41 (Séquence 13) : L'interlocuteur demande à Norbert Moret si on peut lui attribuer un sentiment religieux, panthéiste. Il dit être religieux. Des critiques l'avaient rapproché de Messiaen et lui trouvaient un aspect mystique. Dans ses œuvres, il n'y a pas seulement cet aspect.
00:18:48 – 00:19:03 (Séquence 14) : Norbert Moret dit avoir été très influencé par les grecs au collège Saint-Michel. Il a lu toutes les tragédies qui avaient été traduites par André Bonnard ainsi que ses commentaires. Ceci lui a énormément apporté dans sa conception du monde et sa manière de vivre.
00:19:10 – 00:19:28 (Séquence 15) : L'interlocuteur demande à Norbert Moret si le fait d'avoir vécu la nature de manière religieuse a fait naître en lui son sentiment panthéiste. Il répond que oui. À l'époque, il ne le réalisait pas mais avec le recul de l'âge il a eu cette impression.
00:19:36 – 00:20:39 (Séquence 16) : L'interlocuteur demande à Norbert Moret de parler de sa première rencontre avec un instrument de musique, un piano. Norbert Moret explique que ça a été un événement étrange survenu vers 1929 ou 1930. À ses huit ou neuf ans, ses parents lui ont acheté un piano. À l'époque, il y avait peu d'argent. Dans le village, il y a même eu une proposition au Conseil communal d'imposer le piano à cent francs par année, une idée qui a été refusée. Ses parents lui avaient aussi trouvé un professeur.
00:20:48 – 00:22:03 (Séquence 17) : Norbert Moret dit qu'enfant il avait une santé très fragile. Il se souvient des foins en été avec son père et du thé chaud avec le fromage, un goût qu'il n'a jamais plus retrouvé. Sa grand-mère, en accord avec ses parents, mesurait qu'il ne pourrait jamais travailler le domaine et qu'il fallait le faire étudier. Il a fait le collège à Romont. C'est le curé du village qui l'avait conseillé. À Romont, l'école était à la fois école secondaire et petit séminaire.
00:22:12 – 00:24:09 (Séquence 18) : Norbert Moret explique qu'il doit beaucoup à l'école de Romont. Le départ à l'école a été une rupture avec le monde de ses rêves. S'il s'ennuyait beaucoup à l'école, c'est tout de même là qu'est née son envie de devenir compositeur. Le professeur, qui leur enseignait le français, le latin et le grec, leur a fait écouter des disques. C'était en juillet 1938. Il s'agissait des moines de Beuren qui chantaient du grégorien, ensuite une Toccata e fuga en Ré mineur de Bach, jouée par l'orchestre de Philadelphie dans l'orchestration de Stokowski. Sur les notes de cette dernière, il a eu une révélation, il a retrouvé le brouillard et le vent de son enfance. C'est à ce moment qu'il a décidé de devenir compositeur. Il l'avait même écrit dans un exercice de rédaction qu'il a dû lire devant la classe.
00:24:19 – 00:25:34 (Séquence 19) : Norbert Moret explique qu'au collège Saint-Michel, il a écrit ses premières lieder, influencé par Duparc, sur des poèmes de Mallarmé, le "Sonneur" et "La musique" de Baudelaire. Au conservatoire, il a appris le contrepoint, la fugue, l'harmonie. Il travaillait bien, mais il ne savait plus composer. Cela l'angoissait. L'académisme le bloquait dans ce qu'il avait appris.
00:25:44 – 00:27:38 (Séquence 20) : L'interlocuteur demande à Norbert Moret comment il a réagi face à ce blocage. Il répond qu'il connaissait des œuvres d'Arthur Honegger, de Debussy et de Messiaen. Aloys Fornerod n'aimait pas la musique d'Honegger. L'ancien prévôt, l'abbé Vonderweidt, lui avait confirmé que Fornerod n'appréciait pas Honegger. Il avait l'impression que ces compositeurs pouvaient le sortir de l'angoisse dans laquelle il était. Il a osé leur écrire, ce qu'il n'a jamais fait par exemple pour Paul Sacher qui est tout près de lui, ou encore Ansermet. Il a aussi écrit à Furtwängler qui l'émouvait beaucoup par ses interprétations. Grâce à un intermédiaire, un musicien des Wiener Philharmoniker, il a pu lui écrire et tout s'est arrangé. Il est parti étudier à Paris avec Messiaen et à Vienne avec Furtwängler.
00:27:48 – 00:29:19 (Séquence 21) : Norbert Moret dit être parti après la guerre. Pendant celle-ci, ils étaient enfermés en Suisse aux sens propre et figuré. Ça a été une double ouverture. Il a été chez Messiaen et Furtwängler qui lui ont énormément apporté. L'art de Messiaen résidait dans le fait de poser des questions et de ne pas y répondre. Avec Messiaen, à Paris, il a suivi un cours d'analyse d'œuvres, c'était un cours de composition détourné. Il a découvert "Le sacre du printemps" qui lui a fait une étrange impression. À Fribourg, il n'avait pas été plus loin que Bruckner. Il avait découvert tout seul Debussy, Ravel. Il pensait qu'il ne s'habituerait pas à ces étranges sonorités.
00:29:30 – 00:30:06 (Séquence 22) : L'interlocuteur demande à Norbert Moret quelle impression lui faisait Stravinsky. Il répond qu'un passage des choeurs le faisait penser aux cris des cochons. Les dimanches lorsqu'il allait rendre visite à sa fiancée, il passait devant une porcherie et il entendait leurs cris. Plus tard, "Le sacre du printemps" est devenu une de ses oeuvres préférées.
00:30:17 – 00:30:44 (Séquence 23) : Norbert Moret explique qu'Honnegger représentait la musique contemporaine établie. Messiaen représentait la musique contemporaine du futur. "Le sacre du printemps" a tellement effrayé les compositeurs qu'il y a eu un mouvement de retour en arrière, le néoclassicisme. Ils avaient eu peur.
00:30:56 – 00:31:59 (Séquence 24) : L'interlocuteur rappelle que Norbert Moret a été initié à la musique sérielle avec René Leibowitz à Paris. Il explique qu'il a suivi les conseils de certains camarades de classe en allant prendre des cours chez lui. Il était enthousiaste de cette découverte. Très vite, il s'était rendu compte que la musique sérielle devenait un nouvel académisme et il n'a pas voulu cela. La musique sérielle donnait une sécurité d'écriture qu'il n'avait jamais eue. Il s'est rendu compte qu'il avait besoin de l'angoisse pour écrire, c'est une des raisons qui l'ont poussé à quitter cette tendance musicale. Il a gardé une manière d'écrire qui s'en rapproche.
00:32:11 – 00:33:03 (Séquence 25) : L'interlocuteur rappelle qu'à Paris Norbert Moret a énormément écouté de musique, grâce à son professeur du Conservatoire de Lausanne, Kletzki. Il explique que Kletzki venait souvent diriger des concerts à l'Orchestre national. Il avait profité de sa présence pour suivre des répétitions. Grâce à lui, il a obtenu de [Levaufre], administrateur des Orchestres nationaux, un laissez-passer pour toutes les répétitions et concerts de l'orchestre.
00:33:16 – 00:34:30 (Séquence 26) : L'interlocuteur rappelle que Norbert Moret, à Vienne et sous l'égide de Furtwängler, a pu profiter d'assister aux répétitions. Il explique que l'opéra se jouait au Theater An der Wien, les concerts étaient donnés à la salle du Musikverein. Il cite un enseignement de Furtwängler. Le chef d'orchestre lui avait fait remarquer qu'un ensemble d'archets, qui jouent à l'unisson, donne une note meilleure et plus tenue que la même note jouée par un soliste. Il s'est souvent souvenu de cette remarque dans ses œuvres, par exemple dans une composition récente pour l'Orchestre de chambre de Lausanne.
00:34:43 – 00:35:21 (Séquence 27) : L'interlocuteur rappelle que Norbert Moret est revenu en Suisse, à Fribourg, après avoir séjourné à Paris et à Vienne entre 1948 et 1951. Norbert Moret qualifie ce retour de triste. Il explique qu'il avait été nommé chef de chœur. Ses parents ne lui avaient pas fait de remarques, mais les études commençaient à leur peser. Il a accepté avec le sentiment que c'était une occasion à ne pas rater. Il vivait avec le seul salaire de chef de chœur, ce qui n'était pas beaucoup. C'était le chœur de Saint-Pierre. Plus tard, il est entré dans l'enseignement.
00:35:35 – 00:36:02 (Séquence 28) : L'interlocuteur rappelle que Norbert Moret a traversé un désert de 20 ans, une période de composition en toute solitude. Norbert Moret explique que son plus grand souci était de trouver du travail pour faire vivre sa famille. Compositeur est un métier d'idéal. Il était heureux d'avoir été nommé professeur à l'école secondaire. Ensuite, il s'est remis à composer, à mieux se connaître.
00:36:16 – 00:36:35 (Séquence 29) : Norbert Moret explique qu'il composait la nuit après son travail d'enseignant. Il était un professeur consciencieux, il corrigeait toujours les devoirs des élèves, il était très sévère avec lui-même. Il essayait de trouver le langage qu'il cherchait.
00:36:50 – 00:38:04 (Séquence 30) : Norbert Moret explique qu'après ses cours à Paris avec Leibowitz, il était en pleine dodécaphonie, mais il essayait de la mettre à son service. Très vite, il s'est rendu compte qu'il était dans un nouvel académisme et qu'il lui fallait autre chose. Il cite une phrase du peintre Hermanjat: "Ne peignez pas ce qu'on vous dit de peindre mais ce que vous voyez". Il a appliqué cette règle à lui-même, à savoir écrire ce qu'il entendait. Il a réussi à trouver un langage assez personnel. L'interlocuteur rappelle que de 1952, début de l'aventure fribourgeoise, à 1972, Norbert Moret a cherché sa propre voie. Il répond que c'était un chemin dans le désert mais avec la découverte de son style.
00:38:19 – 00:39:13 (Séquence 31) : L'interlocuteur rappelle que Norbert Moret a trouvé sa voie propre en surmontant des obstacles: l'académisme du conservatoire, la musique sérielle et le climat musical fribourgeois orienté sur le folklore. Il pense qu'une de ses forces a été de rester à l'écart du mouvement du folklore, ce qui lui a été reproché. L'enseignement de la musique tonale, de la musique sérielle, avec ses rêves d'enfant, ont créé sa personnalité musicale.
00:39:28 – 00:40:34 (Séquence 32) : L'interlocuteur rappelle qu'aucune des œuvres importantes de Norbert Moret n'a été jouée avant ses 53 ans. Il explique que vers 1971-1972, il a eu le sentiment d'avoir trouvé son chemin, son style. Dans une émission de télévision, Sutermeister invitait les jeunes compositeurs à envoyer leurs oeuvres. Ce qu'il a fait et il a été invité chez lui, à Vaux-sur-Morges. Sutermeister lui a dit qu'il n'était plus un élève, mais un compositeur et qu'il devait seulement se faire connaître. Sutermeister l'a parrainé auprès l'Association des musiciens suisses en envoyant son œuvre "Germes en éveil" qui sera jouée à Amriswil.
00:40:50 – 00:41:25 (Séquence 33) : L'interlocuteur rappelle qu'en 1974 à la réunion des compositeurs et musiciens suisses à Armiswil. Tout le monde a été secoué par la découverte de Norbert Moret. Il explique qu'il a été propulsé sur l'avant-scène, les journaux parlaient de lui, même ceux de l'Allemagne du sud et de l'Autriche. André Charlet avec le Chœur de la Radio Suisse Romande avaient interprété "Germes en éveil".
00:41:41 – 00:42:50 (Séquence 34) : L'interlocuteur dit que la sortie de l'anonymat de Norbert Moret lui a permis de rencontrer Paul Sacher. Norbert Moret explique que Sacher a été un homme providentiel dans sa vie. Sacher lui avait commandé une œuvre. Norbert Moret lui a proposé une œuvre qu'il voulait écrire "Hymnes de silence". On lui avait déconseillé d'écrire une œuvre avec un orgue mais il l'a fait. Elle a été jouée à Bâle en 1978. Ce fut un grand succès. Sacher lui a demandé régulièrement des œuvres.
00:43:07 – 00:44:32 (Séquence 35) : L'interlocuteur explique que Norbert Moret considère le compositeur à la fois comme un artisan et un voyant. Norbert Moret décrit sa manière de travailler. Il travaille sur des portées qu'il a fait modifier pour avoir plus de place. Il compose sans se servir d'un instrument. Une démarche qui a été difficile au début. Il était prisonnier de l'instrument. Il dit composer l'oeuvre verticalement, il avance mesure par mesure avec tous les instruments. Il trouve qu'il est facile de l'écrire, puisque sa musique est en lui depuis longtemps.
00:44:50 – 00:45:19 (Séquence 36) : Norbert Moret reprend des considérations sur l'inspiration qu'il a exposées dans le numéro 17 de la revue de l'interlocuteur, Bertil Galland, "Ecritures". L'inspiration est comme une scène, on voit où le projecteur est dirigé et soudainement un deuxième projecteur illumine un autre endroit. Ce deuxième endroit est l'inspiration, l'œuvre qui se présente.
00:45:38 – 00:46:12 (Séquence 37) : L'interlocuteur demande à Norbert Moret si, dans sa composition verticale, il arrive à créer des mélodies. Norbert Moret répond que la musique contemporaine a été en partie une lutte contre la mélodie traditionnelle. Dans sa musique il y a les traces des mélodies qu'il écoutait enfant au café près de sa maison. Des mélodies revues par lui et par le temps.
00:46:32 – 00:47:47 (Séquence 38) : L'interlocuteur dit que dans la musique de Norbert Moret il y a un enthousiasme dans l'utilisation de tous les sons. Norbert Moret explique que la percussion a été la découverte du siècle. Il utilise la sirène de police qui avait été utilisée par Varèse. Il a fait construire des orgues à bombarde. Un pour "Le mendiant du ciel bleu", qui avait une canne de cinq mètres, une trompette contrebasse. L'orgue était l'expression du voyant. Il explique que c'est toujours une lutte de transcrire sur le papier ce que le voyant entend dans ses rêves.
00:48:07 – 00:48:18 (Séquence 39) : Norbert Moret parle du voyant. C'est un mot qu'il aime beaucoup. Il explique qu'aujourd'hui on veut faire des matériaux musicaux une source d'inspiration. Il pense que le voyant est différent, ce sont les sentiments humains qui renaissent dans l'œuvre.
00:48:38 – 00:49:02 (Séquence 40) : Le film se termine sur une lecture par Norbert Moret d'un extrait de sa composition "Le mendiant du ciel bleu".
00:49:22 – 00:49:37 (Séquence 41) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Norbert Moret, compositeur, et tourné à Fribourg le 9 novembre 1988.
Lien aux découpage sur la base de données original
00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Norbert Moret, compositeur, et tourné à Fribourg le 9 novembre 1988. L'interlocuteur est Bertil Galland.
00:00:11 – 00:00:44 (Séquence 1) : Norbert Moret explique que Don Quichotte était un homme normal. Il voulait que la justice règne, il voulait protéger les plus faibles. Il était dans une sorte de folie. Lorsqu'il écrit ses œuvres, il est aussi dans une sorte de folie, dans un état second, où il ne se reconnaît plus.
00:00:45 – 00:01:33 (Séquence 2) : L'interlocuteur explique que 1988 est une grande année pour Norbert Moret. Il a composé le concerto pour violoncelle joué par Rostropovitch, le concerto pour violon joué par Anne-Sophie Mutter, les pièces pour Hiroschima, les Chants de Diotima. Il explique que lors de la création de ses œuvres, il est dans un état de folie, un état second en dehors de la vie. Dans ces moments, il ne pense plus qu'à écrire ce qu'il a envie d'écrire.
00:01:34 – 00:03:26 (Séquence 3) : Norbert Moret explique que le concerto pour violoncelle lui avait été commandé par Rostropovitch en 1980. Il était terrifié d'écrire pour un soliste d'une telle envergure. Il avait une autre commande prévue pour 1981, "Le mendiant du ciel bleu", et il a refusé. Rostropovitch lui a à nouveau demandé une œuvre, le soir du concert des "Two loves poemes" où Rostropovitch avait collaboré comme soliste. Il avait aussi une deuxième proposition: écrire le libretto d'un opéra "Le poète assassiné" pour 1987 à Bâle. Il a dû choisir entre les deux et il a opté pour le Concerto pour violoncelle. Il n'avait pas envie d'écrire un opéra, et il avait peur de se bagarrer avec un metteur en scène.
00:03:28 – 00:04:39 (Séquence 4) : Norbert Moret explique que Rostropovitch a un coup d'archet inégalé et un enthousiasme spontané. Il a le don d'enthousiasmer la salle. Le grand soliste donne toujours l'impression de ne pas avoir de difficultés de notes, même s'il doit lui aussi s'entraîner. Son souci ne réside pas dans la note juste mais dans l'interprétation. Lors du concert, il y avait une sorte d'extase, Rostropovitch avait le sentiment de dominer la salle.
00:04:42 – 00:05:30 (Séquence 5) : L'interlocuteur cite une phrase de Norbert Moret qu'il a écrite au sujet de Liszt. Il explique que l'extase correspond à cette description, mais plus précisément à l'état dans lequel on se trouve quand quelque chose nous a vraiment ravis. La respiration est une chose essentielle dans la vie mais, quand on écoute, on retient son souffle. Écouter est plus emportant encore.
00:05:33 – 00:07:46 (Séquence 6) : L'interlocuteur rappelle que l'œuvre de Norbert Moret "En rêve", jouée par Anne-Sophie Mutter, s'inspire de son enfance. Norbert Moret dit être broyard de Ménières dans l'enclave d'Estavayer. Sa maison se trouvait près des champs et d'un ruisseau qui se jetait plus loin dans la Broye. Il a vécu très près de la nature. Le café du village était fréquenté par les hommes seulement, qui chantaient des chansons mélancoliques. Ils étaient harmonisés à la tierce, qu'ils appelaient la seconde oreille. Il a introduit la tierce dans plusieurs de ses œuvres, comme citation de l'une de ces chansons populaires. Il l'a fait dans le concerto pour violoncelle et dans le concerto pour violon "En rêve".
00:07:50 – 00:09:27 (Séquence 7) : Norbert Moret explique qu'il ne peut pas écrire une œuvre au dernier moment, elle doit être en lui. Elle se réfère souvent à son enfance. Il subit aussi l'influence de la musique religieuse. Au village, il n'y avait rien d'autre que les cérémonies religieuses. Il se souvient d'un jour où il a couru dans le brouillard pour découvrir ce qu'il y avait derrière. Lorsqu'il a perdu de vue sa maison, il a eu peur et est revenu en courant.
00:09:31 – 00:12:37 (Séquence 8) : Norbert Moret explique que le rêve a joué un rôle important dans son enfance. Il a vécu dans le rêve et en dehors des soucis de la vie. Dans ses œuvres, il reconnaît trois sources d'inspiration très proches. Le destin de l'homme. Il écrit lui-même ses textes et n'a pas peur d'utiliser des mots extrêmes. Ses textes vont très bien avec sa musique. Il est content du titre qu'il a donné à la troisième partie de son œuvre "Le mendiant du ciel bleu", "Sur la colline de l'invisible". "Bleu" pour lui est lié à l'espoir, "mendiant" est l'homme à la recherche de son avenir. La deuxième inspiration est le rêve de son enfance.
00:12:41 – 00:13:59 (Séquence 9) : L'interlocuteur dit être frappé par un élément qui, à travers la Broye, lie Norbert Moret à Gustave Roud et Philippe Jaccottet. Les trois présentent une influence d'Hölderlin et des romantiques allemands. Norbert Moret a composé "Diotimas". Il explique que Roud et Jaccottet sont devenus tout de suite très proches de lui. Il garde chez lui de nombreuses poésies de ces deux poètes.
00:14:03 – 00:15:22 (Séquence 10) : L'interlocuteur demande à Norbert Moret si son trait original est un certain goût pour le baroque, goût qu'il aurait acquis en étudiant l'orgue à Fribourg. Il répond qu'au collège Saint-Michel il a pris des cours d'orgue avec Joseph Gogniat, le titulaire de la cathédrale de Saint-Nicolas. Lorsqu'il allait jouer de l'orgue à l'église, souvent il ne s'exerçait pas, il improvisait. Dans l'atmosphère sombre de l'église, il était transporté par les sonorités dans un monde qui rejoignait ses rêves.
00:15:27 – 00:16:58 (Séquence 11) : Norbert Moret explique que le troisième élément qui a influencé ses œuvres est le chant d'amour. Il trouve que la rencontre de Rostropovitch avec le violoncelle est unique. Ce sont comme deux grands lyriques qui se sont rencontrés. Il a voulu marquer cet aspect dans son concerto pour violoncelle, en appelant les trois mouvements "chansons". "Chanson pour tuer le temps", "Chanson d'amour" et "Chanson du vent d'ouest", d'après un poème de Shelley. Il se considère romantique mais il utilise le langage de son temps.
00:17:04 – 00:17:48 (Séquence 12) : Norbert Moret explique que le poème "Le vent d'ouest" l'a étonné. Le vent d'ouest est un vent puissant qui détruit, mais il est aussi le vent chaud qui fait fondre les neiges et qui annonce le retour du printemps. C'est le chant de l'exaltation, de l'inspiration et de l'espoir.
00:17:54 – 00:18:41 (Séquence 13) : L'interlocuteur demande à Norbert Moret si on peut lui attribuer un sentiment religieux, panthéiste. Il dit être religieux. Des critiques l'avaient rapproché de Messiaen et lui trouvaient un aspect mystique. Dans ses œuvres, il n'y a pas seulement cet aspect.
00:18:48 – 00:19:03 (Séquence 14) : Norbert Moret dit avoir été très influencé par les grecs au collège Saint-Michel. Il a lu toutes les tragédies qui avaient été traduites par André Bonnard ainsi que ses commentaires. Ceci lui a énormément apporté dans sa conception du monde et sa manière de vivre.
00:19:10 – 00:19:28 (Séquence 15) : L'interlocuteur demande à Norbert Moret si le fait d'avoir vécu la nature de manière religieuse a fait naître en lui son sentiment panthéiste. Il répond que oui. À l'époque, il ne le réalisait pas mais avec le recul de l'âge il a eu cette impression.
00:19:36 – 00:20:39 (Séquence 16) : L'interlocuteur demande à Norbert Moret de parler de sa première rencontre avec un instrument de musique, un piano. Norbert Moret explique que ça a été un événement étrange survenu vers 1929 ou 1930. À ses huit ou neuf ans, ses parents lui ont acheté un piano. À l'époque, il y avait peu d'argent. Dans le village, il y a même eu une proposition au Conseil communal d'imposer le piano à cent francs par année, une idée qui a été refusée. Ses parents lui avaient aussi trouvé un professeur.
00:20:48 – 00:22:03 (Séquence 17) : Norbert Moret dit qu'enfant il avait une santé très fragile. Il se souvient des foins en été avec son père et du thé chaud avec le fromage, un goût qu'il n'a jamais plus retrouvé. Sa grand-mère, en accord avec ses parents, mesurait qu'il ne pourrait jamais travailler le domaine et qu'il fallait le faire étudier. Il a fait le collège à Romont. C'est le curé du village qui l'avait conseillé. À Romont, l'école était à la fois école secondaire et petit séminaire.
00:22:12 – 00:24:09 (Séquence 18) : Norbert Moret explique qu'il doit beaucoup à l'école de Romont. Le départ à l'école a été une rupture avec le monde de ses rêves. S'il s'ennuyait beaucoup à l'école, c'est tout de même là qu'est née son envie de devenir compositeur. Le professeur, qui leur enseignait le français, le latin et le grec, leur a fait écouter des disques. C'était en juillet 1938. Il s'agissait des moines de Beuren qui chantaient du grégorien, ensuite une Toccata e fuga en Ré mineur de Bach, jouée par l'orchestre de Philadelphie dans l'orchestration de Stokowski. Sur les notes de cette dernière, il a eu une révélation, il a retrouvé le brouillard et le vent de son enfance. C'est à ce moment qu'il a décidé de devenir compositeur. Il l'avait même écrit dans un exercice de rédaction qu'il a dû lire devant la classe.
00:24:19 – 00:25:34 (Séquence 19) : Norbert Moret explique qu'au collège Saint-Michel, il a écrit ses premières lieder, influencé par Duparc, sur des poèmes de Mallarmé, le "Sonneur" et "La musique" de Baudelaire. Au conservatoire, il a appris le contrepoint, la fugue, l'harmonie. Il travaillait bien, mais il ne savait plus composer. Cela l'angoissait. L'académisme le bloquait dans ce qu'il avait appris.
00:25:44 – 00:27:38 (Séquence 20) : L'interlocuteur demande à Norbert Moret comment il a réagi face à ce blocage. Il répond qu'il connaissait des œuvres d'Arthur Honegger, de Debussy et de Messiaen. Aloys Fornerod n'aimait pas la musique d'Honegger. L'ancien prévôt, l'abbé Vonderweidt, lui avait confirmé que Fornerod n'appréciait pas Honegger. Il avait l'impression que ces compositeurs pouvaient le sortir de l'angoisse dans laquelle il était. Il a osé leur écrire, ce qu'il n'a jamais fait par exemple pour Paul Sacher qui est tout près de lui, ou encore Ansermet. Il a aussi écrit à Furtwängler qui l'émouvait beaucoup par ses interprétations. Grâce à un intermédiaire, un musicien des Wiener Philharmoniker, il a pu lui écrire et tout s'est arrangé. Il est parti étudier à Paris avec Messiaen et à Vienne avec Furtwängler.
00:27:48 – 00:29:19 (Séquence 21) : Norbert Moret dit être parti après la guerre. Pendant celle-ci, ils étaient enfermés en Suisse aux sens propre et figuré. Ça a été une double ouverture. Il a été chez Messiaen et Furtwängler qui lui ont énormément apporté. L'art de Messiaen résidait dans le fait de poser des questions et de ne pas y répondre. Avec Messiaen, à Paris, il a suivi un cours d'analyse d'œuvres, c'était un cours de composition détourné. Il a découvert "Le sacre du printemps" qui lui a fait une étrange impression. À Fribourg, il n'avait pas été plus loin que Bruckner. Il avait découvert tout seul Debussy, Ravel. Il pensait qu'il ne s'habituerait pas à ces étranges sonorités.
00:29:30 – 00:30:06 (Séquence 22) : L'interlocuteur demande à Norbert Moret quelle impression lui faisait Stravinsky. Il répond qu'un passage des choeurs le faisait penser aux cris des cochons. Les dimanches lorsqu'il allait rendre visite à sa fiancée, il passait devant une porcherie et il entendait leurs cris. Plus tard, "Le sacre du printemps" est devenu une de ses oeuvres préférées.
00:30:17 – 00:30:44 (Séquence 23) : Norbert Moret explique qu'Honnegger représentait la musique contemporaine établie. Messiaen représentait la musique contemporaine du futur. "Le sacre du printemps" a tellement effrayé les compositeurs qu'il y a eu un mouvement de retour en arrière, le néoclassicisme. Ils avaient eu peur.
00:30:56 – 00:31:59 (Séquence 24) : L'interlocuteur rappelle que Norbert Moret a été initié à la musique sérielle avec René Leibowitz à Paris. Il explique qu'il a suivi les conseils de certains camarades de classe en allant prendre des cours chez lui. Il était enthousiaste de cette découverte. Très vite, il s'était rendu compte que la musique sérielle devenait un nouvel académisme et il n'a pas voulu cela. La musique sérielle donnait une sécurité d'écriture qu'il n'avait jamais eue. Il s'est rendu compte qu'il avait besoin de l'angoisse pour écrire, c'est une des raisons qui l'ont poussé à quitter cette tendance musicale. Il a gardé une manière d'écrire qui s'en rapproche.
00:32:11 – 00:33:03 (Séquence 25) : L'interlocuteur rappelle qu'à Paris Norbert Moret a énormément écouté de musique, grâce à son professeur du Conservatoire de Lausanne, Kletzki. Il explique que Kletzki venait souvent diriger des concerts à l'Orchestre national. Il avait profité de sa présence pour suivre des répétitions. Grâce à lui, il a obtenu de [Levaufre], administrateur des Orchestres nationaux, un laissez-passer pour toutes les répétitions et concerts de l'orchestre.
00:33:16 – 00:34:30 (Séquence 26) : L'interlocuteur rappelle que Norbert Moret, à Vienne et sous l'égide de Furtwängler, a pu profiter d'assister aux répétitions. Il explique que l'opéra se jouait au Theater An der Wien, les concerts étaient donnés à la salle du Musikverein. Il cite un enseignement de Furtwängler. Le chef d'orchestre lui avait fait remarquer qu'un ensemble d'archets, qui jouent à l'unisson, donne une note meilleure et plus tenue que la même note jouée par un soliste. Il s'est souvent souvenu de cette remarque dans ses œuvres, par exemple dans une composition récente pour l'Orchestre de chambre de Lausanne.
00:34:43 – 00:35:21 (Séquence 27) : L'interlocuteur rappelle que Norbert Moret est revenu en Suisse, à Fribourg, après avoir séjourné à Paris et à Vienne entre 1948 et 1951. Norbert Moret qualifie ce retour de triste. Il explique qu'il avait été nommé chef de chœur. Ses parents ne lui avaient pas fait de remarques, mais les études commençaient à leur peser. Il a accepté avec le sentiment que c'était une occasion à ne pas rater. Il vivait avec le seul salaire de chef de chœur, ce qui n'était pas beaucoup. C'était le chœur de Saint-Pierre. Plus tard, il est entré dans l'enseignement.
00:35:35 – 00:36:02 (Séquence 28) : L'interlocuteur rappelle que Norbert Moret a traversé un désert de 20 ans, une période de composition en toute solitude. Norbert Moret explique que son plus grand souci était de trouver du travail pour faire vivre sa famille. Compositeur est un métier d'idéal. Il était heureux d'avoir été nommé professeur à l'école secondaire. Ensuite, il s'est remis à composer, à mieux se connaître.
00:36:16 – 00:36:35 (Séquence 29) : Norbert Moret explique qu'il composait la nuit après son travail d'enseignant. Il était un professeur consciencieux, il corrigeait toujours les devoirs des élèves, il était très sévère avec lui-même. Il essayait de trouver le langage qu'il cherchait.
00:36:50 – 00:38:04 (Séquence 30) : Norbert Moret explique qu'après ses cours à Paris avec Leibowitz, il était en pleine dodécaphonie, mais il essayait de la mettre à son service. Très vite, il s'est rendu compte qu'il était dans un nouvel académisme et qu'il lui fallait autre chose. Il cite une phrase du peintre Hermanjat: "Ne peignez pas ce qu'on vous dit de peindre mais ce que vous voyez". Il a appliqué cette règle à lui-même, à savoir écrire ce qu'il entendait. Il a réussi à trouver un langage assez personnel. L'interlocuteur rappelle que de 1952, début de l'aventure fribourgeoise, à 1972, Norbert Moret a cherché sa propre voie. Il répond que c'était un chemin dans le désert mais avec la découverte de son style.
00:38:19 – 00:39:13 (Séquence 31) : L'interlocuteur rappelle que Norbert Moret a trouvé sa voie propre en surmontant des obstacles: l'académisme du conservatoire, la musique sérielle et le climat musical fribourgeois orienté sur le folklore. Il pense qu'une de ses forces a été de rester à l'écart du mouvement du folklore, ce qui lui a été reproché. L'enseignement de la musique tonale, de la musique sérielle, avec ses rêves d'enfant, ont créé sa personnalité musicale.
00:39:28 – 00:40:34 (Séquence 32) : L'interlocuteur rappelle qu'aucune des œuvres importantes de Norbert Moret n'a été jouée avant ses 53 ans. Il explique que vers 1971-1972, il a eu le sentiment d'avoir trouvé son chemin, son style. Dans une émission de télévision, Sutermeister invitait les jeunes compositeurs à envoyer leurs oeuvres. Ce qu'il a fait et il a été invité chez lui, à Vaux-sur-Morges. Sutermeister lui a dit qu'il n'était plus un élève, mais un compositeur et qu'il devait seulement se faire connaître. Sutermeister l'a parrainé auprès l'Association des musiciens suisses en envoyant son œuvre "Germes en éveil" qui sera jouée à Amriswil.
00:40:50 – 00:41:25 (Séquence 33) : L'interlocuteur rappelle qu'en 1974 à la réunion des compositeurs et musiciens suisses à Armiswil. Tout le monde a été secoué par la découverte de Norbert Moret. Il explique qu'il a été propulsé sur l'avant-scène, les journaux parlaient de lui, même ceux de l'Allemagne du sud et de l'Autriche. André Charlet avec le Chœur de la Radio Suisse Romande avaient interprété "Germes en éveil".
00:41:41 – 00:42:50 (Séquence 34) : L'interlocuteur dit que la sortie de l'anonymat de Norbert Moret lui a permis de rencontrer Paul Sacher. Norbert Moret explique que Sacher a été un homme providentiel dans sa vie. Sacher lui avait commandé une œuvre. Norbert Moret lui a proposé une œuvre qu'il voulait écrire "Hymnes de silence". On lui avait déconseillé d'écrire une œuvre avec un orgue mais il l'a fait. Elle a été jouée à Bâle en 1978. Ce fut un grand succès. Sacher lui a demandé régulièrement des œuvres.
00:43:07 – 00:44:32 (Séquence 35) : L'interlocuteur explique que Norbert Moret considère le compositeur à la fois comme un artisan et un voyant. Norbert Moret décrit sa manière de travailler. Il travaille sur des portées qu'il a fait modifier pour avoir plus de place. Il compose sans se servir d'un instrument. Une démarche qui a été difficile au début. Il était prisonnier de l'instrument. Il dit composer l'oeuvre verticalement, il avance mesure par mesure avec tous les instruments. Il trouve qu'il est facile de l'écrire, puisque sa musique est en lui depuis longtemps.
00:44:50 – 00:45:19 (Séquence 36) : Norbert Moret reprend des considérations sur l'inspiration qu'il a exposées dans le numéro 17 de la revue de l'interlocuteur, Bertil Galland, "Ecritures". L'inspiration est comme une scène, on voit où le projecteur est dirigé et soudainement un deuxième projecteur illumine un autre endroit. Ce deuxième endroit est l'inspiration, l'œuvre qui se présente.
00:45:38 – 00:46:12 (Séquence 37) : L'interlocuteur demande à Norbert Moret si, dans sa composition verticale, il arrive à créer des mélodies. Norbert Moret répond que la musique contemporaine a été en partie une lutte contre la mélodie traditionnelle. Dans sa musique il y a les traces des mélodies qu'il écoutait enfant au café près de sa maison. Des mélodies revues par lui et par le temps.
00:46:32 – 00:47:47 (Séquence 38) : L'interlocuteur dit que dans la musique de Norbert Moret il y a un enthousiasme dans l'utilisation de tous les sons. Norbert Moret explique que la percussion a été la découverte du siècle. Il utilise la sirène de police qui avait été utilisée par Varèse. Il a fait construire des orgues à bombarde. Un pour "Le mendiant du ciel bleu", qui avait une canne de cinq mètres, une trompette contrebasse. L'orgue était l'expression du voyant. Il explique que c'est toujours une lutte de transcrire sur le papier ce que le voyant entend dans ses rêves.
00:48:07 – 00:48:18 (Séquence 39) : Norbert Moret parle du voyant. C'est un mot qu'il aime beaucoup. Il explique qu'aujourd'hui on veut faire des matériaux musicaux une source d'inspiration. Il pense que le voyant est différent, ce sont les sentiments humains qui renaissent dans l'œuvre.
00:48:38 – 00:49:02 (Séquence 40) : Le film se termine sur une lecture par Norbert Moret d'un extrait de sa composition "Le mendiant du ciel bleu".
00:49:22 – 00:49:37 (Séquence 41) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Norbert Moret, compositeur, et tourné à Fribourg le 9 novembre 1988.
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