Jean Daetwyler (Compositeur)

  • français
  • 1989-01-11
  • Durée: 00:49:30

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Description

Né à Bâle, il passe douze ans à Paris, y poursuivant ses études — composition, contrepoint, harmonie, direction d'orchestre — auprès d'excellents professeurs dont Vincent d'Indy. Revenu en Suisse en 1938, il trouve du travail à Sierre, en Valais, ville qu'il ne quittera plus. "Des souvenirs? Je n'en ai pas, je n'ai que des projets!" A travers la boutade éclatent la vitalité et l'enthousiasme de cet homme de 82 ans qui se sent à l'aise dans ce beau pays valaisan dont les habitants lui ont tant donné. En retour, il s'est efforcé de leur offrir tout ce que la nature et la providence avaient mis en lui de générosité, de musique et d'amitié.

00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Jean Daetwyler, compositeur, et tourné à Sierre le 11 janvier 1989. L'interlocuteur est Michel Veuthey.
00:00:11 – 00:02:00 (Séquence 1) : Jean Daetwyler dit pratiquer un drôle de métier: la composition. Il a commencé très tôt, vers 10 ou 11 ans, quand il a commencé à jouer du violon. Il trouvait que la musique qu'il fabriquait était meilleure que celle qu'il étudiait au collège. La composition est un acquis, une bénédiction et un fardeau aussi. La composition traduit ce qu'il a dans la tête et normalement ça ne plaît pas aux autres. Dans ce métier, on finit à ses 80 ans par avoir une certaine réputation. Ses débuts ont été par contre pénibles. Il est de nature optimiste, il trouve que la vie est belle et mérite d'être vécue.
00:02:01 – 00:02:32 (Séquence 2) : Jean Daetwyler dit avoir encore plein de projets. S'il devait mourir, il serait triste de ne pas avoir eu le temps de les réaliser. Il est arrivé très vite à ses 82 ans et il a envie que ça dure encore un peu.
00:02:33 – 00:03:36 (Séquence 3) : Jean Daetwyler dit faire de la musique comme un pommier fait des pommes. Quand il se lève, il a des mélodies qui chantent en lui. Il commence à composer et il remarque si elles sont bonnes ou mauvaises. Il compose tous les jours, mais il n'a pas la prétention d'être toujours au sommet. Le sommet, c'est catastrophique, c'est le commencement de la descente. Les sommets, il ne faudrait pas les atteindre de son vivant. Il se considère en pleine montée.
00:03:37 – 00:05:16 (Séquence 4) : Jean Daetwyler cite les mots de Vincent d'Indy, qui leur disait à la Schola Cantorum que dans la composition il y a 3 pourcents d'inspiration et 97 pourcents de transpiration. Selon lui, il y a en réalité 1 pourcent d'inspiration et le reste c'est du travail, de la recherche. La composition est un instant très bref, intense, où on fixe une ou plusieurs idées. Ensuite, il faut faire un plan pour savoir quoi faire avec cette idée. Elle peut devenir une symphonie, si elle est suffisamment riche et permet des modulations. Parfois, c'est une mélodie qui se suffit à elle même, ce qui est catastrophique ou permet de faire une petite chanson. Que ce soit une bonne ou une mauvaise idée, Jean Daetwyler y passe la même somme de temps de travail.
00:05:18 – 00:06:20 (Séquence 5) : Jean Daetwyler explique que le compositeur, avant d'acquérir une grande expérience, découvre au moment où elle est jouée si sa musique correspond à l'idée qu'il en avait. La partition est sourde, muette, c'est le drame du compositeur. Il a eu la chance d'avoir une société de musique sous ses ordres et une société de chant "La chanson du Rhône". Il pouvait ainsi écouter le soir ce qu'il avait composé le matin. Il réalisait tout de suite si c'était ce qu'il voulait ou s'il s'était trompé. Aujourd'hui, il entend juste dans sa tête ce qu'il écrit.
00:06:23 – 00:08:10 (Séquence 6) : Jean Daetwyler explique que les interprètes sont essentiels pour les compositeurs. Les peintres, les écrivains, comme Zermatten ou Chappaz, une fois terminées leurs oeuvres ont fini. Le compositeur n'est sûr de son travail que lorsqu'il entend sa composition et donc seulement grâce aux interprètes. Chez les interprètes, il y a des bons, des mauvais et des fonctionnaires qui jouent correctement. Les bons, ils ajoutent leurs idées, ce qu'ils ressentent, comme Madame [Eisenhof] ou Branimir Slokar, ou le fameux cor des alpes Jozsef Molnar. De la composition augmentée de ce qu'apporte l'interprète et de la réaction du public naissent des moments merveilleux qui sont des récompenses pour un compositeur. Elles effacent tous les mauvais moments. Ces moments par exemple où le premier venu lui donne des conseils pour composer.
00:08:14 – 00:09:02 (Séquence 7) : L'interlocuteur rappelle que la composition est un travail de relation. On compose pour des interprètes et des auditeurs. Jean Daetwyler acquiesce. Il aime composer pour que sa musique soit entendue. C'est terrible d'écrire de la musique qui n'est pas jouée. Schubert n'a jamais écouté les trios, les quatuors, les quintets qu'il a fait. C'est un drame.
00:09:06 – 00:10:27 (Séquence 8) : L'interlocuteur rappelle que Jean Deatwyler a dirigé pendant plus de 40 ans des orchestres symphoniques, des harmonies, des fanfares, des chœurs, des chœurs folkloriques et des chœurs d'église. Il a donc exercé un travail varié, entre amateurs et professionnels. Il explique que le travail n'est pas le même avec les amateurs ou les professionnels. Avec un chœur d'amateurs, il faut surtout utiliser la psychologie. Les amateurs font les répétitions le soir, après une journée de travail. Il a toujours admiré ces gens. S'ils sont trop souvent malades, c'est que le programme ne leur convient pas. Avec les musiciens professionnels, c'est l'inverse. Un professionnel doit énormément travailler.
00:10:32 – 00:12:54 (Séquence 9) : Jean Daetwyler explique que les musiciens professionnels doivent énormément travailler. Aujourd'hui, avec du Stravinski ou du Bartók, on exige le maximum des musiciens. Un orchestre est cher, entre 3 et 4000 francs l'heure. Il ne faut donc pas perdre de temps. Il a souvent fait remarquer aux musiciens qu'ils étaient bien payés. Les compositeurs sont les moins bien payés. Sa femme le lui a souvent reproché. Les musiciens professionnels d'aujourd'hui sont plus forts que ceux de l'époque de Beethoven ou de Bach. Les mouvements se sont aussi accélérés, on joue toujours un peu plus vite qu'autrefois. Le temps s'est modifié, on entend aussi plus vite. Il est content quand des professionnels ont du plaisir à jouer sa musique. Il a vécu des instants inoubliables qui ont racheté les mauvais.
00:13:00 – 00:16:33 (Séquence 10) : L'interviewer cite une phrase de Jean Daetwyler: "J'aimerais que l'esprit suisse ait un peu d'esprit". Il s'agit d'une allusion à la médiocrité suisse. Il lui demande s'il est difficile d'être artiste en Suisse. Il explique que la réponse est dans l'histoire. La Suisse a été un pays très pauvre jusqu'au début du siècle. Sous François I ou Henri IV, au XVIe siècle en France, il y avait une cour qui attirait des musiciens, des sculpteurs, des peintres. À la même époque, les Suisses étaient des mercenaires. Les Suisses n'ont commencé à s'occuper d'art que vers la moitié du XIXe siècle, par exemple Hodler, Honegger qui s'inscrivent dans l'histoire contemporaine. La Suisse a aussi eu de la peine à se former un goût artistique, ce qui demande un développement. Il espère la naissance de musiciens et de poètes de valeur. La grandeur du pays n'explique pas la situation. La Flandre, pays plus petit de la Suisse, a été à la fin du XVIe siècle un centre important de la peinture mondiale, avec Rembrandt et les autres. En Suisse, l'état d'esprit n'était pas sensible à l'art, car l'art est jugé inutile. En réalité, si on écoute Mozart ou Schubert, on éprouve des moments de plaisir supérieur. La Suisse y arrive maintenant. Il constate que les Suisses s'intéressent à la peinture, mais ils mettent les originaux dans des coffres-forts à la banque. Du côté financier, les Suisses ont par contre de l'esprit.
00:16:39 – 00:17:46 (Séquence 11) : L'interlocuteur demande à Jean Daetwyler si on retrouve en Valais les mêmes dynamiques que dans le reste de la Suisse concernant le rapport à l'art. Il répond que si la musique y est beaucoup pratiquée, elle reste très liée à la politique. Les partis politiques en Valais ont un esprit de clan. Vers les années 1880, il était important que chaque parti, clan, ait sa fanfare.
00:17:53 – 00:18:48 (Séquence 12) : Jean Daetwyler parle du chant dans le Valais. Au début, il y avait le chant religieux. Avant 1953, les femmes n'avaient pas le droit de chanter à la tribune, dans le chœur. Il se demande pourquoi cette interdiction. Il pense à la tradition romaine, à l'amour, à Cupidon. Il préfère une religion où l'amour ne serait pas représenté par un mauvais garçon. Il l'a trouvée, il se sent celte.
00:18:56 – 00:20:48 (Séquence 13) : L'interlocuteur dit avoir écrit que Jean Daetwyler est le plus valaisan des musiciens valaisans. Il lui demande si les Valaisans ont un lien avec les Celtes. Il répond que oui. Il l'a découvert en revenant de Paris. S'il se plait tellement en Valais c'est à cause de ça. Les Celtes étaient des mystiques. Jupiter, dans la tradition romaine, trompait sa femme avec Diane et Vénus. Si ces dieux étaient tels, il n'écrirait pas la musique qu'il écrit. Les Celtes n'avaient pas besoin de temples, leurs temples étaient les forêts. Il se demande si les cathédrales du 12e siècle, de ce siècle merveilleux, ne sont pas une représentation stylisée de la forêt, un reste de fond celtique. Les gens de la vallée de Conches, du val d'Hérens et du val d'Anniviers ont eu la chance de ne jamais avoir connu la civilisation romaine. Les Romains étaient surtout représentés par leurs mercenaires. En Valais, il a retrouvé les Celtes comme il les avait imaginés. Les Valaisans sont fatalistes, pour eux les catastrophes naturelles sont la cause de Dieu.
00:20:56 – 00:23:08 (Séquence 14) : Jean Daetwyler raconte un épisode de son service militaire à Zinal. Sur un torrent qui descend des Diablons, à chaque fonte des neiges, la rivière emportait le pont. Il était au détachement alpin, il avait comme sergent un Florey, un Anniviard. Jean Deatwyler s'était énervé car ils reconstruisaient toujours le pont au même endroit. Ils lui ont répondu qu'il ne comprenait rien, qu'il était un Parisien. Ils avaient décidé de le construire là, ils étaient des hommes et c'était eux qui commandaient et non la montagne. Il a compris que c'était inutile de discuter. Il a rencontré des gens qui disaient la vérité. Le monde intellectuel et abstrait correspondait à la vie de tous les jours. Ils avaient une entente parfaite entre leurs religions, les consolations et les peines de la vie. Il trouve chez les paysans et les vignerons moins de révolte que chez ceux qui ont une stabilité, un salaire fixe. Paysans et vignerons ne pensent pas à se faire rembourser les mauvaises années par la Confédération, ils ont le goût du risque.
00:23:16 – 00:24:37 (Séquence 15) : Jean Daetwyler dit qu'un homme qui a la chance d'avoir des professeurs de premier ordre évite de perdre du temps. Il en a eu d'admirables comme Vincent D'Indy et Albert Bertelin. Il se souvient avoir voulu épater un professeur avec un exercice de modulation. Celui-ci lui a demandé des explications. Il lui a répondu que c'était pourtant clair. Le professeur lui a répondu que, si c'était clair, il n'aurait pas eu besoin de l'affirmer. Ceci lui est resté.
00:24:46 – 00:26:45 (Séquence 16) : Jean Daetwyler dit qu'à Paris il avait besoin de gagner sa vie. Il avait épousé une femme de la Gruyère et ils ont eu trois enfants. Il avait la chance de jouer de deux instruments, le violon et le trombone à coulisse. Dans les années 1927, 1928, 1929, il a joué dans les cinémas sur des films muets. Il y en avait 300. Certains cinémas avaient 14 musiciens, d'autres comme au Paramount, au Boulevard des Italiens, en avaient 60. Lors des pauses entre les projections, ils jouaient des ouvertures, Guillaume Tell, Tannhäuser. Avec l'arrivée des films parlants il y a eu 5000 chômeurs. Il s'est mis ensuite dans des orchestres de jazz, aux Bouffes-Parisiens, aux Folies-Bergère, au Casino de Paris, à Bobin'o. Avec deux instruments, il remplaçait deux musiciens.
00:26:55 – 00:28:36 (Séquence 17) : Jean Daetwyler dit être de langue maternelle suisse allemande. À Paris, vers 1938, la situation commençait à "se gâter". Il entendait les discours d'Hitler. Sur les places, les boulevards, comme sur le boulevard des Italiens ou à Montmartre, ils avaient placé des haut-parleurs et on y entendait hurler Hitler. Ils ont senti la guerre monter. Il a décidé de rentrer en Suisse. Il a demandé à ses parents s'il y avait une place pour un directeur de chant ou de musique. Ses parents lui ont envoyé "L'instrumental", le journal des musiciens, où il y avait l'annonce d'une petite philharmonique suisse romande, de Sierre, qui cherchait un directeur. Il ne connaissait pas cet endroit. Il leur a écrit et ils l'ont engagé. Il a quitté Paris et, lorsqu'il est arrivé, il a été surpris de voir le soleil si resplendissant. À Paris, il habitait dans la banlieue, à Clichy près des usines Hotchkiss, où il y avait toujours du brouillard.
00:28:46 – 00:30:43 (Séquence 18) : L'interlocuteur rappelle que Jean Daetwyler est né à Bâle, qu'il a passé son enfance en Gruyère, a étudié pendant 12 ans la musique à Paris puis a débarqué en Valais. Il explique qu'il est arrivé en Valais à cause de la guerre et parce qu'il avait terminé ses études. Il avait étudié l'harmonie, le contrepoint, la composition avec Vincent D'Indy. Il a fait des études de chant grégorien et de direction d'orchestre. À Sierre, il a été sidéré par le climat, c'était octobre, le temps était sec, les vignes commençaient à roussir. Dans le parc Mercier, il a vu des pins parasols, il s'est demandé comment ils se trouvaient là, il était habitué à les voir à Nice, à Cannes. On dit que le Valais est la Sicile de la Suisse. C'est un pays chaud et les gens aussi sont chaleureux. Les paysans et les vignerons disent ce qu'ils pensent. Ils n'ont pas l'hypocrisie typique des Suisses. Ils sont vrais, à l'image des montagnes.
00:30:54 – 00:33:20 (Séquence 19) : Jean Daetwyler pense que le Valais est un pays formidable. Il se souvient d'une excursion en montagne. Il a quitté en juillet un climat chaud, méditerranéen, et en cinq heures de marche il est arrivé sur un glacier, dans un climat nordique. Les gens posent des questions qui les intéressent et attendent des réponses qui ne soient pas banales. Les paysans, les vignerons, les gens de la terre jugent les autres de manière exacte. Ils sentent que les gens des villes sont artificiels, qu'ils sont fabriqués. Il a trouvé en Valais, une foule qui n'était plus anonyme, mais faite d'hommes, avec leur caractère, leurs qualités et leurs défauts. Les défauts, c'est ce qu'il y a de plus sympathique chez les gens. Les Valaisans lui ont particulièrement plu et c'est pour cela qu'il a décidé de rester. À cause des montagnes aussi, du climat, des caves et de leurs vins, où le temps s'arrête. Les Valaisans vivent le temps présent intensément.
00:33:32 – 00:36:55 (Séquence 20) : Jean Daetwyler dit qu'un compositeur doit être de son temps. Bach, Beethoven, Brahms, Stravinski et Bartók l'étaient. Pourtant, ils n'ont pas été compris car le public était en retard. Le public juge en fonction de ce qu'il connaît, donc des oeuvres passées. Personne n'est allé à l'enterrement de Mozart, on ne sait du reste pas où il a été enterré. Bach était célèbre localement. À sa mort, le directeur de l'Université de Leipzig a cité ses qualités d'enseignant, mais pas un mot sur sa musique. Bach enseignait le latin. Le musicien, s'il est de son temps décrit les gens avec leurs défauts et leurs qualités, mais ceux-ci ne veulent pas se voir. Zola ou Victor Hugo, avec "Les misérables", ont montré la vie telle qu'elle était.
00:37:07 – 00:38:27 (Séquence 21) : L'interlocuteur demande à Jean Daetwyler quelle est la musique qui exprime notre époque. Il répond qu'on ne peut pas parler de son temps. Les grands musiciens, dont on parlera dans le XXIIe ou le XXIIIe siècle, ne sont pas connus. Les vrais musiciens sont tels s'ils sont rigoureusement de leurs temps, s'ils fréquentent les gens. Bach était de son temps, du point de vue religieux aussi. Il avait eu 19 enfants, 11 sont morts. Ce n'est pas lui qui a tout écrit, sa femme, ses enfants et ses élèves, dont un en particulier Krabs, l'ont aidé. Bartók était de son époque aussi.
00:38:40 – 00:41:20 (Séquence 22) : L'interlocuteur demande à Jean Daetwyler s'il est un homme qui dérange. Il répond que oui. C'est la raison d'être d'un artiste. La Suisse est un pays stable et tranquille où les gens ont l'air d'être heureux. Ceux qui dérangent sont absolument nécessaires, ils remettent en question ceux que les gens pensent qu'il faut croire. Ils obligent les autres à réfléchir. Les gens satisfaits sont inutiles pour l'humanité. Son ami Charles Delberg, socialiste convaincu, lui a dit, à 92 ans, qu'il était déçu. Il s'était battu depuis le tunnel du Simplon, depuis les années 1916, pour que les ouvriers gagnent davantage et constatait que les ouvriers voulaient seulement devenir patron. Il avait le sentiment de s'être battu pour qu'ils deviennent des bourgeois.
00:41:34 – 00:44:28 (Séquence 23) : L'interlocuteur cite une phrase de Jean Daetwyler: "Les nantis sont perdus pour la société, ce sont les inquiets qui la font avancer". Jean Daetwyler explique que les inquiets font avancer la pensée humaine. On est dans un moment tragique: physiciens, astronomes et biologistes découvrent un monde extraordinaire. Deux Américains, en 1982, trouvent que l'homme a 3 millions et 100 mille années. Ils ont découvert ça à Harar en Ethiopie. Il n'est pas vrai que l'homme est un singe perfectionné, ou alors le singe est un homme raté. C'est une constatation qui dérange. Il faut déranger, autrement ce serait monotone, le commencement de la mort. Le sommet est le commencement de la descente. Il faut espérer que l'humanité ait encore une longue montée à parcourir. Il se considère, avec les êtres humains, comme une pierre dans un immense édifice humain. Si la pierre est solide, belle et utile, il a atteint son but.
00:44:42 – 00:45:18 (Séquence 24) : L'interlocuteur dit à Jean Daetwyler qu'il est un philosophe. Il répond qu'il ne peut pas écrire de musique s'il n'a rien à dire. Il faut se remplir d'éléments contraires à ceux auxquels on a toujours cru. Ceci le maintient dans une certaine excitation et l'empêche de dormir. Ça le fait vivre. Vivre c'est échanger. Les gens pour lesquels l'idéal est l'immobilité, ce sont des vivants qui sont morts. On considère normal que des personnes aillent dépenser leur argent en Espagne car là-bas ils vivent mieux avec cet argent.
00:45:33 – 00:47:11 (Séquence 25) : Jean Daetwyler pense que ce qui rend notre époque intéressante réside dans le changement de la vision du monde. La génération de ses parents voyait un monde marqué par la religion chrétienne, croyait que l'homme descendait de Dieu et n'acceptait pas les théories de Darwin. La découverte des atomes a montré que l'homme était constitué des mêmes éléments que la nature qui l'entoure. Cette découverte a rendu la vie intéressante. Dans ce qu'il a reçu de son père et dans ce qu'il lègue à ses petits-enfants, il y a le sens profond de la vie qui va vers un perfectionnement. Il faut faire partie de la population, s'enraciner. Les touristes japonais visitent en deux jours la Suisse et ils croient la connaître.
00:47:26 – 00:48:13 (Séquence 26) : Jean Daetwyler explique qu'il faut vivre intensément dans un pays. Autrefois, il aidait les vieilles femmes à porter des charges lourdes dans les escaliers. Il faut connaître les gens qui nous entourent, les petits comme les grands, le député comme le dernier des citoyens qui va voter. Un véritable artiste doit être de son temps, il doit voir des gens vrais et être authentique. Il ne doit pas essayer de convaincre avec des arguments de deuxième ordre. L'interlocuteur dit que c'est ainsi qu'il s'est si bien intégré en Valais et qu'il l'a chanté. Jean Daetwyler répond qu'il l'a chanté parce qu'il l'enchante.
00:48:29 – 00:48:40 (Séquence 27) : Le film consacré à Jean Daetwyler se termine sur les notes d'une de ses compositions et sur des images du Valais.
00:48:57 – 00:49:13 (Séquence 28) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Jean Daetwyler, compositeur, et tourné à Sierre le 11 janvier 1989.
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