Francine Simonin (Peintre et graveur)

  • français
  • 1989-08-23
  • Durée: 00:53:41

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Description

La peinture, pour Francine Simonin, jurassienne d'origine, vaudoise de naissance et canadienne d'adoption, est un corps-à-corps toujours recommencé. Un pari sur la décharge de l'instant, sur l'état d'urgence, ce moment privilégié où soudain, dans un précipité de pulsion et de pensée, le geste se cristallise sur le papier. Surgi des tréfonds, il est langage du corps et il en recrée inlassablement l'image, entre anatomie et archétype. L'artiste dit l'importance pour elle de faire la navette entre deux continents et deux cultures, l'Amérique l'encourageant dans la libre exploration picturale, la Suisse l'incitant plutôt à synthétiser son geste et sa pensée dans la gravure.

00:00:00 – 00:00:26 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Francine Simonin, peintre-graveur, et tourné à Pully le 23 août 1989. L'interlocuteur est Françoise Jaunin.
00:00:26 – 00:02:45 (Séquence 1) : Inserts de peintures de Francine Simonin. L'interviewer l'interroge sur l'apparition d'un nouveau thème, animal, dans son oeuvre et lui demande son rôle. Pour Simonin, l'animal forme un pont entre la nature et l'humain et introduit la notion du mouvement. Elle explique en détail cette notion.
00:02:46 – 00:04:27 (Séquence 2) : Francine Simonin parle de sa conception du corps, comme centre de son oeuvre. Elle explique comment son rapport au corps s'est élargi au rapport au corps de la femme, au sien, au sein de la société. A l'heure actuelle, elle voudrait faire du corps un élément de transgression de la création en elle-même.
00:04:28 – 00:06:18 (Séquence 3) : Francine Simonin parle de son besoin de représenter le corps en rapport avec son geste d'artiste qui vient lui-même de son corps. Elle s'est en effet dessinée elle-même en se regardant dans un miroir ou en reportant la forme de son corps autour d'elle sur la toile, dans les années 1970. Le mouvement est apparu peu à peu, car au début elle était marquée par l'image du corps avec la statuaire préhistorique plutôt que par le corps en mouvement.
00:06:19 – 00:08:11 (Séquence 4) : Francine Simonin parle de sa peinture et du rapport au figuratif et au non figuratif. L'interviewer la cite en disant que les figures venant de l'intérieur sont abstraites et celle de l'extérieur sont figuratives. Elle explique les différences et les implications de ces distinctions par sa façon de peindre : elle doit en effet passer par une certaine objectivité de la représentation du corps avant de passer à l'abstrait de l'idée qu'elle se fait du corps.
00:08:12 – 00:09:42 (Séquence 5) : Francine Simonin parle de sa fascination pour le mouvement en rapport avec son art qui est par définition statique. Elle raconte son goût pour le cinéma et définit le mouvement comme suite logique du corps. En outre, elle-même n'est pas statique quand elle peint et son corps participe de l'oeuvre, au sein de laquelle elle entre en quelque sorte.
00:09:44 – 00:11:19 (Séquence 6) : L'interviewer interroge Francine Simonin sur la notion de mouvement dans son oeuvre en essayant de l'expliquer par le fait qu'elle travaille sur plusieurs pièces en même temps. Simonin répond que cela dépend des techniques et donne différents exemples. Elle refuse la notion de méthode de travail et parle d'un blanc lorsqu'elle se trouve en atelier. En outre, plus le travail avance, plus elle bouge autour de lui avec une forme d'accélération.
00:11:21 – 00:13:03 (Séquence 7) : Francine Simonin parle de sa vocation pour la peinture : elle explique qu'elle dessinait beaucoup, enfant, pour se créer un espace de solitude, hors des adultes et de leurs devoirs. Elle allait aussi voir les choses de près, notamment dans le jardin du chalet de ses grands-parents à Champex. Elle prenait note de ce qu'elle voyait, lisait, et entendait, avant de les redessiner.
00:13:05 – 00:13:55 (Séquence 8) : Francine Simonin parle de sa formation aux beaux-arts de Lausanne, qui n'a pas été aussi classique qu'elle s'y attendait. Elle a eu comme professeur en effet, Poncet, qui la pervertissait de façon positive et l'a fait beaucoup avancer. Il lui a notamment appris que l'artiste n'a pas besoin d'être en devoir vis à vis de la société.
00:13:58 – 00:14:35 (Séquence 9) : Francine Simonin parle de Poncet et de son attitude face à l'école des beaux arts, les structures sociales, etc. Elle ne pensait même pas avant de le connaître qu'on avait le droit d'être comme lui. Simonin raconte comment il introduisait le chaos dans ses oeuvres et la faisait aller de l'avant ainsi.
00:14:38 – 00:17:31 (Séquence 10) : Francine Simonin parle de son enseignement à l'université du Québec depuis 20 ans, et explique sa démarche face aux étudiants. Elle aime être proche d'eux et faire que ses cours soient des événements, remplis d'idées et de créations : un chaos d'idées. C'est pourquoi elle exige que la salle de cours se remplisse de papiers, de sujets et de thèmes. Elle cherche ainsi à en faire un espace privilégié, où le silence et le bruit sont porteurs de sens. Elle se désintéresse en effet très vite des étudiants non investis.
00:17:34 – 00:18:53 (Séquence 11) : Francine Simonin parle de sa carrière après son diplôme des beaux-arts de Lausanne. Elle a fait deux stages : un chez le sculpteur Casimir Reymond et l'autre, dans l'atelier d'impression-gravure de Villette puis Saint-Prex. Ensuite, elle a eu la bourse fédérale, puis est partie au Canada, grâce à une bourse de travail libre, à Montréal. Elle a demandé qu'on la lui reconduise pour continuer à y travailler.
00:18:56 – 00:20:25 (Séquence 12) : Francine Simonin fait le point et explique ce que l'Amérique lui a apporté en 21 ans de séjours là-bas : la solitude, la liberté et le fait de n'avoir rien de donné. Elle pense s'être construit une autre identité en Amérique et avoir élargi son champ d'investigation grâce aux obligations impliquées par la vie là-bas. Elle dit avoir beaucoup changé d'attitude vers un mieux.
00:20:29 – 00:21:41 (Séquence 13) : Francine Simonin parle de sa démarche et de ce qui est mieux pour son œuvre. La liberté et la possibilité de répondre à son environnement et la provocation, sans conventions ni peurs : ce sont les éléments les plus importants pour elle et ce qu'elle a trouvé en Amérique du Nord. La seule valeur du travail artistique est marchande, ce qui implique une grande liberté en amont, dans sa création, mais aussi une grande solitude : l'artiste se débrouille seul.
00:21:45 – 00:23:55 (Séquence 14) : Francine Simonin parle du regard des Canadiens sur son œuvre. Elle compare leur attitude face à la culture par rapport à celle des Européens. L'interlocuteur relève le paradoxe de la liberté existant en Amérique du Nord avec les limitations imposées par leur goût pour la formalité et l'apparence. Simonin donne des exemples via son expérience professionnelle : elle a collaboré huit ans à une revue, fait partie de nombreux jurys et comités.
00:24:00 – 00:24:51 (Séquence 15) : Francine Simonin explique que pour des raisons pratiques, elle peint en Amérique mais grave en Suisse, puisqu'elle y a un atelier et travaille avec Raymond Meyer depuis 20 ans. Elle compare les fonctionnements et les différences de productions entre cet atelier et l'Amérique.
00:24:56 – 00:25:48 (Séquence 16) : Francine Simonin parle de la gravure en rapport avec les différences entre la Suisse et le Canada. Elle compare la peinture et la gravure également, toujours en relation avec ses deux pays de travail.
00:25:53 – 00:27:23 (Séquence 17) : Francine Simonin explique son rapport avec les deux continents, Europe et Amérique du Nord, leurs différences au niveau culturel et dans leur traitement de l'artiste ; ainsi que comment cela s'intègre par rapport à sa démarche personnelle.
00:27:29 – 00:28:27 (Séquence 18) : Francine Simonin parle de sa famille élective, à savoir tous les peintres et artistes qu'elle aime : Rembrandt, Picasso, Cézanne, entre autres. Elle explique ce rapport particulier de considérer ces personnages historiques comme sa famille. Elle raconte se sentir Klee ou Goya ou Rothko par moments.
00:28:34 – 00:30:07 (Séquence 19) : L'interviewer parle à Francine Simonin de l'influence de Cobra, les expressionistes américains et des grottes de Lascaux. Simonin a été très touchée en visitant les grottes de Lascaux, elle y a retrouvé des éléments très contemporains. Elle parle également de ses recherches pour comprendre ce qu'elle aurait pu être il y a 25 000 ans ou 10 000 ans, c'est à dire pendant la période de la statuaire préhistorique. Simonin affirme avoir beaucoup appris sur elle-même à travers ces figurines anciennes de femmes car leur corporalité ressemble à la sienne. En outre, elle admire la coupure de l'intellect et la pureté dont faisaient preuve les artistes préhistoriques.
00:30:14 – 00:33:06 (Séquence 20) : Francine Simonin répond à la question "pourquoi la femme?" comme sujet. Elle explique que cette préoccupation du corps féminin par rapport à son corps à elle était présente dès l'académie et continue d'être importante pour elle. Elle revient sur le phénomène récent d'intérêt pour la femme et le regard du peintre masculin traditionnel sur la femme et ses schèmes, tels que l'odalisque, la femme facile ou la vierge. Elle veut parler du corps féminin - du sien - de façon simple : elle refuse l'idéalisation.
00:33:13 – 00:34:24 (Séquence 21) : Francine Simonin s'exprime sur sa conception artistique de la femme. Elle parle de la statuaire préhistorique pour sa proximité et son intimité physique avec le corps féminin, malgré une certaine idéalisation qu'elle fustige dans des formes artistiques ultérieures. Elle s'y reconnaît et veut redonner au monde ce respect du corps féminin qu'elle retient de ces figures.
00:34:32 – 00:34:55 (Séquence 22) : Francine Simonin s'exprime sur son balancement entre la femme comme signe ou symbole dépouillé et comme réalité charnelle.
00:35:04 – 00:36:24 (Séquence 23) : Francine Simonin parle du travail du modèle vers 1983 ; et de son besoin de retrouver une certaine réalité. Elle avait en effet le sentiment de schématiser et idéaliser le corps féminin avec ses Vénus. Elle a donc éprouvé le besoin de voir d'autres corps que le sien et leurs réactions pour retrouver leur réalité. C'est à cette période qu'elle a beaucoup pensé au mouvement, car il lui fallait bouger et évoluer dans son atelier.
00:36:33 – 00:38:32 (Séquence 24) : Francine Simonin répond à la question du climat d'urgence dans lequel elle travaille. Elle travaille vite pour se défaire des idées qu'elle pourrait avoir sur un sujet. Elle aborde la question du corps comme manière de penser et prend l'exemple d'une gogo-girl. Elle enchaîne sur la notion de fusion des sexes et des sexualités dans un futur proche. Simonin pense en effet qu'elle a une grande part de masculinité en elle et que bientôt les gens s'ouvriront plus à leurs différentes sexualités et genres, tant dans un fonctionnement affectif que social.
00:38:42 – 00:39:34 (Séquence 25) : Francine Simonin parle du mouvement comme passage d'un état à un autre: l'interviewer reprend son expression "passer de la pierre à la plume". Simonin s'exprime donc sur sa conception de la matière et sa transformation, notamment en rapport avec la sexualité. Pour elle, pour passer dans un autre état, il faut être une totalité, donc les deux genres à la fois.
00:39:44 – 00:40:24 (Séquence 26) : Francine Simonin parle de sa méthode de travail par rapport au mouvement et à l'utilisation de l'instrument. Elle essaie d'aller plus vite pour arriver à un autre état de conscience.
00:40:34 – 00:41:00 (Séquence 27) : Francine Simonin parle de son atelier et de comment elle y travaille : elle aime y être homme et femme à la fois et sans sexe en même temps. Elle refuse de faire un art de femme.
00:41:10 – 00:42:09 (Séquence 28) : Francine Simonin explique pourquoi les femmes qu'elle représente ont une très petite tête : elle a peur de représenter les visages. C'est pourquoi elle peine à faire de l'autoportrait : elle est très timide sur ce point car c'est trop intime.
00:42:20 – 00:43:57 (Séquence 29) : Francine Simonin parle de la nécessité de la solitude pour l'artiste : elle ramène cela à l'exemple de la bisexualité ou de la totalité qui est une solitude en soi. Cela demande de se dégager de son corps : c'est peut-être pour cette raison qu'elle travaille sur le corps, pour s'en libérer. Simonin explique aussi qu'elle a besoin d'être seule pour créer, pour digérer cette totalité et se déconditionner de la matière. Les femmes sans tête qu'elle représente dans son œuvre sont une illustration de cette démarche d'aller vers le spirituel.
00:44:09 – 00:44:51 (Séquence 30) : Francine Simonin parle de la tête comme élément représenté : elle peint des femmes à très petite tête pour les dégager de l'intellectuel et de la raison. Elle-même essaye de s'en dégager pour se libérer de sa conscience et de son corps et ne pas avoir d'idée préconçue sur ce qu'elle va faire. Pour elle, la solitude de l'artiste est un bon moyen de se déconditionner.
00:45:03 – 00:45:48 (Séquence 31) : Francine Simonin parle de la musique comme adjuvant de la création. Elle s'en méfie quelque peu car toute musique n'est pas profitable, de même qu'un usage récurrent peut nuire. Elle prend à ce titre l'exemple du "Quatuor" de Beethoven, qui lui donne un certain élan. Mais l'écouter systématiquement serait néfaste selon elle. Elle pense en effet que le silence a un rôle à jouer comme musique.
00:46:01 – 00:47:09 (Séquence 32) : Francine Simonin parle de sa relation à l'instrument et au format dans son œuvre : certains pinceaux et certaines toiles lui sont plus faciles, lui demandent une attitude différente. Cet étonnement face au pinceau lui donne envie de travailler comme s'il avait une vie propre et qu'elle-même devenait instrument de son instrument.
00:47:23 – 00:48:22 (Séquence 33) : Francine Simonin parle de sa conception du caprice : quand l'instrument, le pinceau fonctionne tout seul. Pour elle, le caprice est une chose qui suit son propre chemin sans qu'elle puisse interférer : il s'agit d'une liberté suprême de l'artiste. L'interviewer fait le lien avec les Extrême-Orientaux et Simonin en parle également.
00:48:37 – 00:49:12 (Séquence 34) : Francine Simonin parle des moments où elle arrive à tout dire dans un trait de pinceau, ce qui la rattache à des théories artistiques extrême-orientales. Elle se nourrit en effet beaucoup de calligraphie et de peinture chinoises, dont elle adore le dessin.
00:49:28 – 00:50:36 (Séquence 35) : Francine Simonin parle de son concept et de sa recherche de beauté : pour elle, c'est une vérité qui surprend. Elle s'exprime sur la notion d'état de grâce en lien avec cette conception d'une beauté juste et objective en quelque sorte. C'est ce vers quoi elle tend, mais qui est difficile à atteindre, sauf peut-être à travers une sorte de méditation. Cette dernière consiste en l'évacuation des pensées, du raisonnement et de la beauté pour arriver à être transformé par ce que l'on fait.
00:50:52 – 00:52:51 (Séquence 36) :
00:53:07 – 00:53:24 (Séquence 37) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Francine Simonin, peintre-graveur, et tourné à Pully le 23 août 1989.
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