Jean Cuttat (Poète)

  • français
  • 1990-01-19
  • Durée: 00:49:43

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Description

Né à Porrentruy, il se lie avec Pierre-–Olivier Walzer et Roger Schaffter, deux autres enfants du pays, passionnés de littérature. En 1942, pour prendre le relais de la culture française dont la voix s'est tue, il crée avec ses deux amis les éditions des Portes de France. Puis, à Paris où il tient une librairie, il côtoie un grand nombre d'artistes et d'écrivains et fait rayonner la culture helvétique. Enfin, il s'engage dans la lutte du Jura pour son autonomie. De 1966 à 1972, il vit ce qu'il appelle "un roman de cape et d'épée", lisant ses poèmes devant des milliers de personnes enthousiastes.

00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Jean Cuttat, poète, et tourné à Paris le 19 janvier 1990. L'interlocuteur est Bertil Galland.
00:00:11 – 00:01:24 (Séquence 1) : Jean Cuttat lit une de ses poésies. Il explique être né à Porrentruy, où il a passé son enfance et une partie de sa jeunesse. Il y revient, car c'est un lieu qui l'aide à se recueillir et il y a conservé ses amis d'enfance. C'est ici qu'il a découvert la poésie, qu'il s'est lié à deux personnes qui sont devenues ses compagnons de vie: Pierre-Olivier Walzer et Roger Schaffter.
00:01:25 – 00:03:28 (Séquence 2) : Jean Cuttat explique que le recueil "Les chansons du mal au cœur" est paru en 1942, en pleine guerre. En 1939, il était un petit officier d'infanterie. La guerre lui a inspiré ses chansons. Il lit des poésies: "Chansons aux frontières" et "Chanson de sentinelle".
00:03:30 – 00:05:43 (Séquence 3) : Jean Cuttat dit avoir fait le début de ses études au collège Saint-Charles à Porrentruy. Ses maîtres étaient comme à Saint-Maurice les chanoines du Grand-Saint-Bernard. Il a reçu une éducation stricte et sévère, baignée d'un catholicisme abrupt, vis-à-vis duquel il a pris beaucoup de distances. Il récite deux poésies qui évoquent cette période: "Chanson de la vie", et "Chanson collégienne".
00:05:45 – 00:06:45 (Séquence 4) : L'interviewer rappelle que Jean Cuttat a quitté Porrentruy pour passer son bac à Saint-Maurice. Il explique s'être retrouvé dans la même classe que son frère. Parmi ses condisciples, il y avait Maurice Chappaz, qu'il revoit souvent. Le maître qui l'a le plus marqué a été Norbert Viatte, parce qu'il les a aidés à se découvrir eux-mêmes. Il a été pour lui et sa poésie d'un énorme secours.
00:06:48 – 00:08:24 (Séquence 5) : L'interviewer rappelle que Jean Cuttat a étudié le droit à l'université de Berne. Il est devenu officier, éditeur et poète. C'était aussi la période de ses premiers amours. Jean Cuttat lit une poésie qui parle des premières désillusions de l'amour. Il lit une autre poésie.
00:08:27 – 00:09:53 (Séquence 6) : L'interviewer rappelle qu'après son premier recueil de poésies "Les chansons du mal au cœur", Jean Cuttat a écrit "Les couplets de l'oiseleur" avec une nouvelle manière d'écrire la poésie, influencé par Viatte. Il explique que Viatte voulait lui ouvrir l'éventail des possibilités poétiques. Viatte se basait sur l'art poétique d'Aragon, qui trouvait que l'art poétique classique était trop limité. Il fallait, selon Aragon et donc Viatte, se rapprocher du ton de la chanson populaire qui est le front de la véritable poésie. Valéry était le dieu de sa jeunesse et Aragon est venu contrarier l'influence de Valéry. Il a fini par écrire des poèmes qui ne ressemblent ni à l'un et ni à l'autre.
00:09:56 – 00:11:15 (Séquence 7) : Jean Cuttat lit "La récitation". Le poème fait allusion à une lecture en classe de Norbert Viatte. Il n'avait pas de don d'acteur, il était simplement attentif au rythme. Une lecture qui l'a marqué. Lorsqu'il a envoyé ce poème à Viatte, ce dernier s'est souvenu qu'il s'agissait de sa lecture de "La mer" de Baudelaire. Viatte l'a aidé à évoluer en poésie.
00:11:18 – 00:12:12 (Séquence 8) : Jean Cuttat lit "Comptine à la lune". Une poésie qui atteste de la volonté de se rapprocher du style de la chanson populaire.
00:12:16 – 00:14:05 (Séquence 9) : L'interviewer rappelle que Jean Cuttat a publié son recueil "Les chansons du mal au cœur" dans une maison d'édition qu'il avait créée lui-même à Porrentruy. Il explique qu'ils étaient trois amis, Pierre-Olivier Walzer, Roger Schafter et lui. Ils étaient fous de littérature et de poésie. Au moment de la guerre, et avec la défaite de 1940, ils se sont sentis orphelins, dépaysés. Il n'y avait plus de livres qui venaient de France. En 1940, les poètes de la résistance n'avaient pas encore fait entendre leurs voix. Vivant dans le seul pays francophone encore libre, la Suisse, ils ont senti le devoir d'agir pour la culture française. Ils ont créé une maison d'édition, "Editions des Portes de France", dont le premier livre édité a été son livre de poésies, imprimé par Alfred Frossard. Le livre a eu du succès.
00:14:09 – 00:14:41 (Séquence 10) : Jean Cuttat explique qu'avec leur maison d'édition, les "Editions des Portes de France", ils ont publié "Les grandes journées de printemps" de Chappaz, qu'il connaissait depuis le collège. Un livre qui a eu un effet important sur les jeunes intellectuels de Suisse romande. Ils étaient en rapport avec Philippe Jaccottet, et ont publié son premier recueil de poèmes.
00:14:45 – 00:16:58 (Séquence 11) : Jean Cuttat explique qu'à la libération de Paris en 1944, il s'y est rendu pour implanter les "Editions des Portes de France". La Suisse était un marché trop étroit. La production était en réalité destinée à la France. L'opération a bien marché et il a pu ouvrir une succursale. Au moment où les maisons d'édition françaises se sont réorganisées et ont repris leurs activités, ils n'ont pas pu rivaliser. La succursale a cessé son activité à cause de problèmes économiques. Il lit une poésie sur l'argent.
00:17:02 – 00:18:19 (Séquence 12) : Jean Cuttat explique qu'à Paris, il avait transformé la boutique d'un coiffeur en librairie. Elle se trouvait au 25 de la rue Bonaparte. Il ne s'imaginait pas qu'il passerait plus de 20 ans dans ce lieu. Il vivait dans l'arrière-boutique d'une rue assez sombre, où il a écrit tous ses poèmes, en "priant dieu que les clients ne l'envahissent pas trop". Il lit une poésie en souvenir de cette époque et de ce lieu.
00:18:23 – 00:18:55 (Séquence 13) : Jean Cuttat lit un poème de ses années à Paris, "Barcarolle".
00:19:00 – 00:19:35 (Séquence 14) : Jean Cuttat lit le poème "Mangetout".
00:19:41 – 00:22:15 (Séquence 15) : Jean Cuttat lit le poème "Frère lai". Il explique que c'est un grand poème de style conventuel. Il parle des domestiques des couvents qui ne reçoivent que des ordres mineurs et n'ont pas le droit de célébrer les grands rites de l'Eglise ni de donner les sacrements. Le personnage du poème souffre de cette impossibilité d'accéder aux grands offices. Des années plus tard, il comprit que ce poème lui servait d'allégorie, une complainte pour ne pas avoir trouvé la communion avec la femme qu'il avait épousée.
00:22:22 – 00:23:49 (Séquence 16) : Jean Cuttat explique que sa libraire de Paris a été un lieu de rencontre privilégié. Il y a amené ses amis, Borgeaud, Jaccottet. Les amis suisses qui passaient lui rendaient visite. C'était un foyer de culture helvétique. Charles-Albert Cingria venait régulièrement. Il organisait des signatures de Cendrars, des expositions de peintres Suisses, comme Bosshard. Albert Béguin, directeur d'Esprit à l'époque, venait tous les matins lui rendre visite. La boutique était en plein quartier de Saint-Germian-des-Près, autour de lui il y avait les grandes maisons d'édition, Gallimard, Julliard, Le Seuil. Il y avait donc beaucoup d'écrivains et de poètes. Entre 1945 et 1955, il a connu tous les poètes qui avaient publié quelque chose.
00:23:56 – 00:25:07 (Séquence 17) : Jean Cuttat explique que grâce à son amitié avec Dominique Aury, il a pu pénétrer chez Gallimard. Il a connu Marcel Arland, et surtout il s'est très bien entendu avec Paulhan, alors que les relations avec lui n'étaient pas toujours faciles. Paulhan avait déjà publié des poésies dans la "Nouvelle revue française". Il était capable d'apprécier ses poésies et de les détester, les mêmes, quelques jours après. Il a connu Sartre, qui achetait chez lui les livres de Cocteau. Et ce dernier achetait chez lui les livres de Sartre. Il prenait son petit-déjeuner à la rue Jacob avec Albert Camus. Le quartier était très vivant. Les soirées aussi, avec le "Flore", "Les Deux Magots", "La Rose rouge", etc. Les Frères Jacques, qui passaient à la "Rose rouge", étaient des amis.
00:25:14 – 00:26:27 (Séquence 18) : Jean Cuttat explique qu'après la liquidation de la maison d'édition "Les Portes de France", il voulait poursuivre son travail d'éditeur. Il pensait créer une nouvelle maison "La roulotte", consacrée aux arts populaires, aux artistes de cirque. Il avait fait un voyage avec Doisneau et il avait récolté une grande documentation. Il pensait faire des monographies sur les clowns, les "augustes". Un de ses amis, Robert Giraud, spécialiste de l'art populaire, avait enregistré les camelots qui avaient des baratins sur les boulevards. Malheureusement, la collection qui devait avoir 100 titres n'en a eu que deux.
00:26:34 – 00:28:24 (Séquence 19) : Jean Cuttat parle de son recueil "Les poèmes du chantier". Il l'avait appelé ainsi, car il avait l'impression que toute création poétique était un chantier. Il comportait donc les mêmes éléments que la construction: les matériaux, les techniques, les malfaçons, les gravats, etc. Il lit une poésie de son livre: "Auto da fé".
00:28:32 – 00:33:12 (Séquence 20) : Jean Cuttat parle de son recueil "Bravoure du mirliflore". Après "Les poèmes du chantier", il se sentait en pleine possession de ses moyens. Il craignait de sombrer dans une poésie trop intellectuelle. À l'époque, il fréquentait les milieux libertaires, la contestation de la guerre d'Algérie faisait rage. Ses vers étaient sa manière d'entrer dans la bagarre, en écrivant des poèmes beaucoup plus directs et répétitifs. Il lit la deuxième partie de "Barbarie", la plus macabre.
00:33:21 – 00:35:21 (Séquence 21) : Jean Cuttat explique qu'avec le temps il a accumulé des caricatures, des buts rimés, de petits poèmes. Il a décidé un jour d'en faire un recueil "À quatre épingles". Il lit quelques poèmes du recueil: "Amour de l'art", "Epitomé", "Blason électrique", "Percepteur automatique".
00:35:30 – 00:37:49 (Séquence 22) : L'interviewer rappelle que "Le poète flamboyant" de Jean Cuttat est un recueil de poésies qui portent sur la perte de personnes qu'il aimait, comme son père. Il explique que le titre du recueil a été choisit par analogie avec l'art flamboyant, qui est né vers la fin de l'art gothique. Il avait recueilli, ayant vécu en Espagne, du matériel sur le "Cante Flamenco", la fureur des taureaux. Le livre est lié au questionnement d'un homme de 50 ans. Il lit une poésie sur la mort de son père.
00:37:59 – 00:39:38 (Séquence 23) : Jean Cuttat dit qu'il a eu la chance d'avoir un père que tous ses camarades lui enviaient. La maison était toujours pleine d'invités. Walzer disait qu'à la table des Cuttat, il y avait toujours quelqu'un qui avait vu le vaste monde et en rapportait des nouvelles. Son père était tendre, féminin. Il aimait ses fils, il était heureux de leurs succès, de leurs poèmes. Sa mère était d'un tout autre genre, extrêmement chrétienne et moralisatrice. Il a été très lié à son frère qui a beaucoup compté pour lui, et il parle de lui dans ses poèmes. Il a illustré presque tous ses poèmes. Il avait aussi une soeur plus jeune, qui avait un talent de comédienne qu'elle n'a pas poursuivi, car elle est devenue mère. Son frère, peintre et poète, s'appelle Tristan Solier, et sa soeur Marie-Jeanne.
00:39:48 – 00:40:44 (Séquence 24) : L'interviewer rappelle que Jean Cuttat a quitté Paris pour rentrer dans le Jura. Il a ramené avec lui des poésies écrites pendant 20 ans, sans les avoir jamais publiées. Il explique que les courtisans des maisons d'édition l'avaient dégoûté. Paris avait perdu beaucoup de son charme à ses yeux. Dans le Jura, c'était l'époque des combats pour l'autonomie. Une sorte de "complot" d'amis l'a fait alors rentrer, en lui trouvant un logement et une situation. Ils l'ont embarqué dans leur lutte. [Pierrette] était avec lui.
00:40:55 – 00:41:26 (Séquence 25) : Jean Cuttat explique que la période de 1966 à 1972 a été pour lui comme un roman de cape et d'épée. Il était un rhéteur de contre-culture, et il s'est battu avec beaucoup d'ardeur pour le Jura, avec ses amis Béguelin et Schaffter. Dans son enthousiasme, la lutte pour l'autonomie a créé entre eux des liens de fraternités. Des moments parmi les plus heureux de son existence.
00:41:38 – 00:42:07 (Séquence 26) : L'interviewer rappelle que Jean Cuttat, dans cette lutte pour l'autonomie du Jura, lisait des poésies devant les foules, comme à Delémont. Il explique qu'il répondait aux personnes qui lui déconseillaient cette démarche que sa politique était une poétique. Son action était avant tout une action culturelle et ses implications politiques ne le gênaient pas du tout.
00:42:19 – 00:43:15 (Séquence 27) : L'interviewer rappelle que Jean Cuttat a fait un cadeau au peuple jurassien, son recueil "Noël d'Ajoie", édité par son frère et réédité par Béguelin dans la "Bibliothèque jurassienne" dans un livre de poésies complètes. Il explique que dans la résistance déjà, il y avait des poètes engagés dans une lutte politique. Il a parcouru toutes les villes et villages pour dire ses poésies, avec d'autres. Une période extraordinaire. De retour de Paris avec ses manuscrits, il a eu la chance de rencontrer un éditeur, un véritable fédérateur de la littérature romande, qui a publié toutes ses poésies. C'était entre 1966 et 1972.
00:43:28 – 00:48:52 (Séquence 28) : Jean Cuttat explique le contexte qui l'a amené à écrire le poème "Noël d'Ajoie". Il est né d'une visite qu'il faisait à sa mère mourante, à l'hôpital des Minoux à Porrentruy. Depuis l'hôpital, il voyait la plaine de Courtedoux et la chaîne du Mont-Terrible. La poésie s'est formée par une superposition entre ce paysage chargé de ses revendications populaires et sa mère, à laquelle il a dédié le poème. Ils attendaient la libération du Jura à l'époque, comme les Hébreux pouvaient attendre le Messie. D'où l'analogie entre le prince de Montjoie, et la naissance de Jésus. Il lit le morceau final du poème "Noël d'Ajoie".
00:49:06 – 00:49:28 (Séquence 29) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Jean Cuttat, poète, et tourné à Paris le 19 janvier 1990.
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1 Commentaire

liliane petignat - Frossard
heureuse des dècouvertes concernant mon grand père bien aimè, jamais oubliè, et bien ennvoi là des surprises, , pas facile sa vie, merçi