Jacques Pache (Musicien)

  • français
  • 1993-09-09
  • Durée: 00:49:14

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Description

L'enfance à la campagne, la liberté, faire des feux avec les copains, le bonheur. Puis c'est la découverte du dessin et de la musique. Il entreprend des études avec Aloïs Fornerod et devient maître de musique à Lausanne. On n'enseigne pas ce que l'on sait, mais ce que l'on est, aime-t-il à dire. Servi par une nature généreuse, il a marqué des générations de jeunes par son sens supérieur de la musique et de la communication, et par sa confiance dans les capacités de ses élèves. Il les a entraînés dans une aventure exceptionnelle dont il nous parle ici avec une chaleur communicative.

00:00:00 – 00:00:32 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Jacques Pache, musicien, et tourné à Lausanne le 9 septembre 1993. L'interlocuteur est Jacques-Michel Pittier.
00:00:32 – 00:03:24 (Séquence 1) : Jacques Pache explique, en s'appuyant sur une photographie, son idéal de pratique musicale. La photo a été prise lors d'une répétition du choeur et de l'Orchestre des collèges à Château-d'Oex. Après une bonne journée de travail et malgré les progrès techniques, il sentait qu'il manquait quelque chose. Il eut alors l'idée de déplacer le chœur de sa position habituelle, derrière l'orchestre, pour le placer en cercle autour de celui-ci. Le chœur était ainsi plus proche de lu, et chacun avait un vis-à-vis. Ceci a été un moment très fort. La photo montre bien, selon lui, que la musique se fait surtout pour les autres. La musique relève d'un investissement personnel et d'un effort de transmission. L'interviewer demande si, à son avis, l'orchestre et le choeur avaient ressenti également ce besoin. Il répond affirmativement, car il pense que chacun se sentait concerné. Ainsi s'était créé un moment de contact physique. Il y avait une cohésion très forte, c'était un vrai moment de musique. Juste avant, c'était une sorte de restitution plus ou moins propre d'une partition écrite.
00:03:24 – 00:05:18 (Séquence 2) : Jacques Pache parle de son parcours de vie, il explique comment il est venu à la musique. Il a eu la chance de vivre son enfance à la campagne. Une chance extraordinaire. Il a vécu des moments de liberté dans la nature. Ses souvenirs d'école, par rapport à ces moments, sont presque des à-côtés. Il a eu la chance et le privilège de garder les vaches, dans la vallée de la Broye. Dans ces moments, il inventait plein d'activités. Il se souvient d'avoir fabriqué des castagnettes. Ils allaient à la maraude. Il se souvient aussi du brouillard et de quand il se levait vers 10-11 heures. Un moment extraordinaire. Le rythme de cette vie l'a beaucoup influencé, plus tard, dans son travail.
00:05:18 – 00:06:14 (Séquence 3) : Jacques Pache dit avoir fait l'école primaire dans le village de Missy. Il a eu des parents qui, sans être professionnels, étaient musiciens. Sa mère jouait du piano et son père du violon. Ils jouaient surtout au moment des fêtes de Noël. Depuis le village de Missy, sa famille a déménagé à Aubonne. Pour lui et son frère, ça a été un drame. Là, il a fait encore six mois d'école primaire et après il est entré au collège secondaire.
00:06:15 – 00:08:17 (Séquence 4) : Jacques Pache parle de son parcours scolaire et de son influence sur son parcours de vie. Au collège secondaire, il a fait une rencontre qui a été déterminante pour la suite. Avec son premier maître de dessin, ils faisaient des compositions très géométriques. Le deuxième, qui vint à la retraite du premier, Jean Gagnebin, les a poussés à dessiner avec plus de liberté. Il insistait beaucoup sur les gestes, sur le courage du geste du crayon et du pinceau. Leur premier travail a été une affiche publicitaire. Il avait choisi Naples pour thème car il aimait les bateaux. Plus tard, il a réalisé que Gagnebin fut la première personne à libérer son geste. Au moment d'apprendre le violoncelle, il a retrouvé le plaisir du geste, cette fois avec l'archet. Il pense que c'est un des rôles les plus importants d'un enseignant d'être un révélateur. Son professeur de dessin a réveillé un besoin qui était en lui, le besoin du geste.
00:08:18 – 00:09:15 (Séquence 5) : Jacques Pache explique que, après le collège secondaire, il a failli s'inscrire aux Beaux-Arts. Un ami de son père l'a détourné de son projet avec des arguments, qu'il déplore aujourd'hui, purement économiques. C'était une période d'incertitudes, entre ses 15 et 18 ans, qu'il n'aimerait pas revivre. Il sentait quelque part le besoin de s'exprimer dans un domaine artistique mais il ne savait pas lequel.
00:09:17 – 00:11:08 (Séquence 6) : Jacques Pache dit avoir répondu à l'annonce d'un bureau qui cherchait un apprenti dessinateur en publicité. Il se souvient de ses cours de dessin au collège avec le professeur Gagnebin, de l'exercice sur l'affiche publicitaire et des maquettes pour le théâtre. Il avait aimé ces travaux. Suite à l'entretien, il a été engagé. Comme premier travail, il a dû reproduire la photo d'une montre-bracelet avec un crayon très dur, d'habitude il aimait les crayons larges, gras. Ceci a été un travail très dur qu'il a mal supporté. Son patron lui a montré le côté difficile du travail. Il lui doit beaucoup parce qu'il lui a évité une orientation un peu hâtive.
00:11:11 – 00:11:37 (Séquence 7) : Jacques Pache dit qu'il être entré à l'Ecole normale. L'envie d'enseigner n'était pas sa vraie motivation même s'il pense qu'il avait en effet une prédisposition. L'idée était essentiellement celle de pouvoir par la suite se diriger soit vers les Beaux-Arts ou vers la musique, ce qui a été effectivement le cas.
00:11:41 – 00:12:54 (Séquence 8) : A l'Ecole normale, Jacques Pache a été surtout marqué par Henri Debluë, arrivé comme remplaçant pour les cours de français. Debluë a été comme une bombe dans la classe. Avec son physique, il avait un côté rabelaisien. Jacques Pache a été tout de suite pris par cet enseignant, surtout par sa manière de parler, il buvait ses paroles. Sa manière d'articuler lui a révélé la couleur et la sonorité des mots. Par la suite, il a voulu transmettre ça dans son enseignement et dans son activité musicale.
00:12:58 – 00:13:26 (Séquence 9) : Jacques Pache parle de ses professeurs à l'Ecole normale. George Anex, était très différent de Debluë, il enseignait le français aussi. Si Jacques Pache n'avait pas apprécié Robert Piguet, professeur de musique, sur le moment, il a pris beaucoup plus tard la mesure de ses qualités, comme sa droiture et son envie de partager et de faire découvrir la musique.
00:13:31 – 00:15:00 (Séquence 10) : Jacques Pache dit que l'événement le plus important à l'Ecole normale se situe à la fin des quatre années de cours qu'il a trouvées assez longues. Les classes de dernière année montaient des théâtrales qui commençaient toujours par une partie musicale, par trois chœurs d'élèves. Il a été désigné par ses camarades, démocratiquement, pour en assurer la direction. Dans la pièce de théâtre, le rôle principal féminin était joué par celle qui est devenue sa femme. Ça a été une révélation, comme un coup dans l'estomac. Il a réalisé que c'était dans cette direction qu'il pouvait le mieux s'exprimer.
00:15:05 – 00:15:34 (Séquence 11) : Jacques Pache dit qu'après l'Ecole normale, il est arrivé à Château-d'Oex pour enseigner. Il voulait s'éloigner de Lausanne, on le lui avait conseillé pour ne pas rester dans le cocon de sa jeunesse. Il avait deux camarades de l'école qui habitaient dans la région de Château-d'Oex. Il a été nommé d'abord à l'école primaire. À son arrivée, il s'est tout de suite inscrit au conservatoire de Fribourg.
00:15:39 – 00:17:00 (Séquence 12) : Jacques Pache raconte son parcours professionnel. Après l'Ecole normale, il s'installe à Château-d'Oex pour enseigner. Après deux ans dans l'enseignement primaire, il s'inscrit à une place vacante, dans le secondaire. Le poste était invraisemblable car il fallait enseigner le dessin, la musique, les sciences, le français, la géographie et l'histoire. Aucun licencié ne voulait de ce poste. Les autorités de Château-d'Oex l'ont alors désigné. Il pouvait en effet vanter sa formation musicale au conservatoire de Fribourg et il préparait un brevet d'enseignement secondaire. Il avait également fait des expositions de dessins avec ses élèves du primaire. Le poste a été une chance et en même temps une source de grandes pressions. Il devait réussir les examens du conservatoire tout en étant marié avec deux enfants. L'un était encore bébé et l'autre était assez turbulent. Il était obligé de s'enfermer dans sa chambre pour étudier la musique et faire les exercices.
00:17:06 – 00:18:37 (Séquence 13) : Jacques Pache dit qu'au conservatoire de Fribourg, il a fait la rencontre de Aloys Fornerod, compositeur et directeur du conservatoire. Il a suivi des cours d'harmonie et de contrepoint en privé avec cet homme qui l'a profondément marqué. L'harmonie et le contrepoint peuvent être des branches desséchantes, selon lui, mais avec cet enseignant ça n'a pas été le cas, c'était de la musique. Dans les exercices d'harmonie, Fornerod ne cherchait pas à déterminer ce qui était juste ou faux mais essayait toujours de comprendre si le passage pouvait se justifier. Il donnait aussi des exemples tirés de Bach. Jacques Pache sortait de ses leçons plein d'enthousiasme et il rentrait chez lui pour se remettre au travail.
00:18:43 – 00:19:55 (Séquence 14) : Jacques Pache raconte son parcours professionnel et sa pratique de la musique. Au moment de s'installer à Château-d'Oex, il avait été invité à chanter dans le choeur d'André Charlet. Le Chœur des jeunes de l'Eglise nationale vaudoise, qui est devenu par la suite le Choeur Pro Arte. Cette expérience a été très importante pour lui grâce à l'influence de Charlet et le contact continu du chœur avec Ansermet. Chanter sous la direction d'Ansermet est une leçon de musique et de vie. Un personnage qui l'a beaucoup influencé, même s'il ne l'a presque jamais approché.
00:20:01 – 00:22:15 (Séquence 15) : Jacques Pache explique qu'en 1960, après avoir obtenu son brevet d'enseignant au conservatoire de Fribourg, il est retourné à Lausanne, au collège de Béthusy, où il a enseigné la musique. L'interviewer rappelle que dans les classes où il enseignait régnait un climat particulier. L'enseignement de la musique est un enseignement délicat. Lorsqu'il enseignait les mathématiques, il pouvait facilement pointer les sujets qui n'avaient pas été compris et intervenir en conséquence. Les moments de musique, une dénomination qu'il préfère à "leçons" de musique, ne se déroulent jamais de la même manière. Il n'y a pas de satisfaction, de certitude d'avoir enseigné quelque chose que les élèves ont compris, car il n'y a rien à comprendre. Le but est de faire découvrir aux élèves, de partager avec eux, un domaine pour lequel on a une grande passion.
00:22:21 – 00:24:05 (Séquence 16) : Jacques Pache explique qu'il ne peut pas imposer à ses élèves une manière de sentir la musique, tout ce qu'il peut faire c'est essayer de les convaincre. Il rappelle qu'on n'enseigne pas ce qu'on sait mais ce que l'on est. Le climat en classe joue un rôle central. Un climat qui peut faire souffrir. Dans l'enseignement, le professeur se met à nu parce qu'il transmet ce qui lui est le plus cher. La moindre attitude négative chez l'élève peut lui faire du mal. À chaque fois qu'il remarquait une attitude qui lui semblait négative, il s'est toujours efforcé de rester calme. Souvent des attitudes qui affichent un manque d'intérêt sont seulement des apparences. Il a réalisé ceci en parlant avec des anciens élèves.
00:24:12 – 00:25:34 (Séquence 17) : Jacques Pache dit toujours avoir insisté sur la notion de plaisir. Le fait d'enseigner une musique qui est de moins en moins écoutée rend la tache plus difficile. Dans ce sens, les médias ne sont pas une aide. Il prend l'exemple de Mozart. Pour transmettre cette musique, il ne faut pas l'aborder de manière intellectuelle, cérébrale, mais transmettre le plaisir. Avec une de ses classes, il a chanté Mozart, le chœur des prêtres de "La flûte enchantée". Il les a poussés à s'approprier cette musique et à avoir le plaisir de la jouer. Il leur a fait découvrir un autre aspect de la musique de Mozart, qui est souvent associé à une image sérieuse, qui appartient à une certaine classe de la société. Il leur a fait comprendre qu'ils peuvent se l'approprier et l'interpréter. C'est ça l'essentiel. Il faut les faire entrer dans le monde du beau.
00:25:42 – 00:26:52 (Séquence 18) : Jacques Pache dit que pour expliquer à ses élèves la notion de beau, il leur a souvent montré un pavé de la ferme de son beau-frère. Grâce à ce caillou, il les a rendus attentifs au fait qu'un objet apparemment ordinaire pouvait révéler une très grande beauté. Le pavé a un poids, comme la musique, il a une forme qui invite à le caresser, des couleurs, des traits qui sont probablement dus à l'action des mouches et des chevaux. Il dévoile toute une vie. Un caillou peut être plus précieux qu'une pierre taillée. Avec cet exemple, il a essayé de rendre sensibles ses élèves à ce qui est vrai. Il a toujours essayé de les rendre sensibles à ce qu'est leur corps. La voix est une chose extrêmement personnelle. Oser chanter c'est se mettre complètement à nu. Il a eu plusieurs cas d'élèves qui, en apprenant à chanter devant les autres, ont pris confiance en eux et se sont acceptés.
00:27:01 – 00:28:08 (Séquence 19) : Jacques Pache explique qu'il n'utilise jamais le terme "facile", ni à l'école et ni avec l'orchestre. À son avis, même une simple note n'est pas facile à jouer. Il évoque un événement récent, lors d'une répétition de l'orchestre. Dans un air de la Passion selon Saint Jean, les seconds violons et les altos ont une longue tenue sur un ré. Ils l'avaient joué de manière quelconque. Il leur a expliqué qu'il fallait faire vivre cette note. Il leur a expliqué aussi l'importance de la respiration et de son influence sur la manière d'attaquer une note.
00:28:17 – 00:29:25 (Séquence 20) : Jacques Pache raconte l'expérience des camps de musique à Château-d'Oex avec l'Orchestre des collèges. C'est un moment d'activité intense, avec un nombre d'heures de travail assez élevé. C'est un travail qui est fait dans un climat de totale confiance. Ses élèves savent qu'il apprend beaucoup pendant ces moments. Il réalise en effet qu'on n'a jamais fini de découvrir tout ce qui relève du domaine de la beauté, que ce soit dans la nature, en littérature et en musique. Il a souvent conseillé à ses élèves de ne pas fermer les "volets", d'être ouverts sur ce qui est beau, car c'est très important dans la vie.
00:29:34 – 00:31:23 (Séquence 21) : Jacques Pache explique qu'au moment de commencer à enseigner au collège de Béthusy, le chœur était composé une fois par année au moment des promotions à la cathédrale. Seul l'orchestre existait. Il y avait un petit groupe aussi au collège scientifique et un petit orchestre au gymnase. Au moment de la réforme scolaire, les collèges scientifiques et classiques ont fusionné et les élèves de la Mercerie sont montés à Béthusy. À ce moment, l'orchestre s'est un peu étoffé. Il a commencé en 1960 avec six élèves. Le collège de Villamont s'est joint à eux, puis le collège de l'Elysée, après sa construction, et ainsi de suite. Il sont donc devenus l'Orchestre des collèges. Quelques années après l'Orchestre du gymnase s'est joint à eux. Aujourd'hui, l'orchestre accueille les élèves des collèges, des gymnases et d'autres instituts encore, des écoles privées par exemple. Les musiciens ont de 12 à 18 ans.
00:31:33 – 00:32:44 (Séquence 22) : Jacques Pache explique que le chœur s'est créé en 1968 à l'occasion d'un concert à Béthusy, un concert mémorable. Il avait décidé d'acheter un clavecin pour l'orchestre. À chaque concert, il essayait de récolter de l'argent pour cet achat. La Ville de Lausanne lui a fait remarquer qu'il n'avait pas le droit de le faire. Ils ont alors créé une association. Eric Tappy, après un de leur concert, lui a proposé d'organiser un concert à Béthusy, où il chanterait avec Christiane Jaccottet et André Luy. Avec ce concert à Béthusy, ils devaient récolter l'argent pour l'achat de l'instrument. Les collectes ont très bien marché, mais il manquait encore 1000 francs.
00:32:54 – 00:33:26 (Séquence 23) : Jacques Pache parle de son activité de directeur du chœur et de l'Orchestre des collèges. Il parle de l'importance de l'orchestre préparatoire. Il a réalisé que lorsque les élèves commencent très tôt une activité musicale, celle-ci entre dans les habitudes et n'est plus une contrainte ou du temps pris sur l'école.
00:33:37 – 00:34:37 (Séquence 24) : L'interviewer cite Eric Tappy qui disait qu'on peut être très jeune musicien et sans être médiocre. Jacques Pache approuve cette phrase. Il constate que les jeunes ont un plus grand "appétit" que les adultes. Ces derniers sont vite satisfaits d'eux-mêmes. Avec les jeunes, il commence toujours à un niveau très bas, souvent il doute de la réussite du concert. Ceci est souvent lié au renouvellement continu de l'effectif.
00:34:49 – 00:35:04 (Séquence 25) : Jacques Pache parle de son activité de directeur du chœur et de l'Orchestre des collèges. Avant d'entrer dans l'orchestre, les élèves peuvent déjà commencer dans l'orchestre préparatoire. Chaque année, il fait une audition pour désigner ceux de l'orchestre préparatoire qui peuvent passer dans l'orchestre.
00:35:16 – 00:36:00 (Séquence 26) : Jacques Pache parle de son activité de directeur du chœur et de l'Orchestre des collèges. Il souligne le rôle important de l'Association de l'Orchestre des collèges et gymnases lausannois. Il rappelle l'expérience du mémorable concert de Béthusy avec Eric Tappy, André Luy et Christiane Jaccotet. Pour l'organisation de ce concert, il avait dû tout faire. Avec l'association et son comité, composé d'amis, il a beaucoup de chance, parce qu'il est soutenu. C'est pour lui une aide matérielle et morale très importante.
00:36:12 – 00:38:49 (Séquence 27) : On interroge Jacques Pache sur sa manière de choisir les œuvres pour le chœur et de l'orchestre des collèges. Il n'aborde pas les œuvres modernes dans son programme. Stravinski, Lutoslawski et d'autres encore, il les traite dans son enseignement. Il considère que c'est un travail impossible avec l'orchestre, que ces œuvres sont techniquement trop difficiles. Aussi, il trouve que, dans le répertoire de base, il y a une énorme richesse. Le choix du répertoire est un travail important qui le préoccupe continuellement. Il dit être devenu plus exigeant car il y a certaines œuvres qu'il n'a plus envie de faire. La difficulté du choix dépend justement de cette exigence. Alors qu'un chœur de professionnels prépare un concert en quelques répétitions, avec les jeunes, une saison voire une année est consacrée à certaines œuvres. De manière égoïste peut-être, il dit avoir besoin d'être "nourri". La solidité d'une œuvre, sa capacité à nourrir, est un aspect central dans ses choix. D'autres critères interviennent dans ses choix, d'ordre technique notamment. La difficulté doit être bien mesurée par rapport au chœur et à l'orchestre concernés. La transposition des parties d'altos de l'orchestre est un critère qui le limite beaucoup. Il a rarement des altos et il est donc obligé de les transposer mais ce travail n'est pas toujours possible. Jusqu'à maintenant, il a toujours trouvé à renouveler le programme.
00:39:02 – 00:40:40 (Séquence 28) : Jacques Pache, en tant que directeur du choeur et de l'orchestre des collèges, a eu l'occasion de rencontrer plusieurs grands solistes. Il cite en premier les noms de Etienne Bettens et Pierre André Blaser, des amis et collègues au collège qui l'ont beaucoup aidé. Pour eux, l'activité musicale dans le cadre de l'école était très importante. Pierre André Blaser a joué l'Evangéliste, en 1980, dans la Passion selon Saint-Jean. La rencontre avec Eric Tappy a été centrale aussi. Ce dernier était, au moment de leur rencontre, au sommet de sa carrière. Les personnes qu'il a citées l'ont beaucoup aidé et surtout l'ont mis en confiance. Ils se sont tous beaucoup investis avec les jeunes de l'orchestre. Il a toujours expliqué à ses élèves qu'ils étaient des amateurs mais qu'ils devaient travailler comme des professionnels.
00:40:54 – 00:42:33 (Séquence 29) : Chaque année, Jacques Pache offrait un nouveau défi aux élèves du choeur et de l'orchestre des collèges. Il explique comment il est arrivé à monter la Passion selon saint Jean de Bach avec ce groupe qu'il considère comme une histoire d'amour. Le travail de Jacques Pache avec ce chœur représente toute sa vie, il l'exerce depuis 33 ans. Il se souvient que c'est Rose Hemmerling qui lui a suggéré de s'attaquer à cette Passion, à la suite d'un concert à Romainmôtier et avec la complicité de Pierre André Blaser et Michel Brodard. Jacques Pache l'avait déjà chantée mais n'avait jamais pensé qu'il oserait la préparer avec un chœur de jeunes.
00:42:47 – 00:43:57 (Séquence 30) : Jacques Pache explique comment il a abordé la Passion selon Saint Jean de Bach en 1979. Ceci a été une expérience extraordinaire. À l'ouverture de la partition, il dit qu'il y a comme un désarroi car on se trouve devant une œuvre monumentale. Il a tout de suite cherché un tempo, une réaction normale mais qui s'est révélée fausse par la suite. Des années plus tard, surtout en travaillant la Passion selon Saint Mathieu, il s'est rendu compte de l'existence d'un tempo global, et que chaque partie rentrait dans ce tempo.
00:44:11 – 00:45:17 (Séquence 31) : Au moment du choix des solistes pour la Passion selon Saint Jean de Bach, Jacques Pache a réalisé l'importance du travail de mise en scène. Le choix du personnage de Jésus, son aspect physique et sa voix se sont révélés très difficiles. Souvent l'image du Christ est liée à une certaine représentation donnée par la peinture religieuse. Il apparaît maigre, barbu et souffrant. À cette image, il a souvent opposé celle de Michel-Ange, avec son Jésus fort et athlétique. Il a affiché cette image dans la salle de répétition. À une image autoritaire, il a toujours préféré celle d'un homme avec une autorité naturelle mais avec beaucoup de douceur aussi. Il pense en effet avoir trouvé un acteur, qui va dans cette direction, pour sa prochaine représentation de la Passion. Saint Mathieu dit que Jésus avait peur, un passage qui l'émeut beaucoup.
00:45:31 – 00:46:04 (Séquence 32) : Pour Jacques Pache, le travail d'approche de la Passion selon Saint Jean de Bach ne doit pas se focaliser sur chacun des 68 numéros. Il ne faut pas proposer une simple juxtaposition de ces parties mais bien créer une liaison entre elles. Jacques Pache a découvert aussi que les chorals, souvent considérés comme des moments d'arrêt, sont en réalité les chevilles de l'œuvre, ce sont eux qui la tiennent ensemble. Il y a donc des chorals qu'il faut immédiatement enchaîner après un chœur dramatique et d'autres qui nécessitent un immense silence avant d'être joués.
00:46:19 – 00:47:27 (Séquence 33) : L'interviewer demande à Jacques Pache s'il n'a jamais tenté de devenir directeur professionnel. Il rappelle aussi qu'avec son activité, il a côtoyé de grands musiciens et qu'il en a même formés, comme le quatuor Sine Nomine et l'Orchestre 5/7. Jacques Pache répond que non. Il aimerait répondre qu'il est déjà un chef professionnel même s'il est conscient qu'il ne l'est pas. Il n'en a pas le titre et il travaille avec des amateurs. Néanmoins, il prétend avoir des exigences professionnelles. Il a essayé de prendre des cours de direction au Conservatoire de Genève. Il a été admis mais plusieurs circonstances dans sa vie l'ont empêché de poursuivre. Son travail d'enseignant, la naissance de sa fille, le déménagement et d'autres événements encore. Il a abandonné le projet mais il a compris qu'il fallait accepter ce que l'on est là où on est. Il cite le cas du quatuor Sine Nomine. Il a eu la chance de les avoir "dans son jardin" mais maintenant c'est lui qui va dans leur "jardin" pour se "nourrir".
00:47:42 – 00:48:24 (Séquence 34) : Jacques Pache parle de son futur. Après avoir pris sa retraite d'enseignant, il a eu la chance de recevoir de la Ville de Lausanne l'autorisation de continuer son activité avec l'Orchestre des collèges. Il devra bientôt s'arrêter mais il le vit comme un fait naturel. Il explique que toute sa carrière s'est enchaînée de cette manière, que c'est probablement lié à sa culture campagnarde. Il n'a jamais forcé les choses. À court terme, il sait qu'il a un concert important. Après quoi il ne sait pas. La suite viendra comme elle viendra et il l'acceptera.
00:48:39 – 00:48:58 (Séquence 35) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Jacques Pache, musicien, et tourné à Lausanne le 9 septembre 1993.
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