Dr Christian Müller (Professeur honoraire, psychiatre)

  • français
  • 1995-08-02
  • Durée: 00:50:05

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Description

Quand, en 1961, à 40 ans, le Dr Christian Müller est nommé directeur de l'hôpital psychiatrique de Cery, il mesure l'ampleur de la tâche: faire passer à cette institution le cap des temps modernes. Aidé des circonstances et soutenu par le gouvernement vaudois, il parviendra à mener à bien la décentralisation qu'il estime indispensable et à créer des unités hospitalières psychiatriques à visage humain : Bellevue à Yverdon et Prangins, rachetés par l'Etat, puis Nant sur Vevey. Un itinéraire évoqué avec une belle force tranquille.

00:00:00 – 00:00:21 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Christian Müller, psychiatre, et tourné à Onnens le 21 août 1995. L'interlocuteur est Gilbert Salem.
00:00:21 – 00:02:10 (Séquence 1) : Gilbert Salem explique que le film de Plans-Fixes se déroule dans le bureau privé de Christian Müller, à Onnens, dans le nord-vaudois, où il séjourne depuis 1987. Cette année-là, il a pris sa retraite après avoir dirigé pendant 25 ans l'hôpital psychiatrique de Cery à Prilly. Christian Müller a également contribué à la restructuration structurelle des institutions psychiatriques vaudoises pendant toute sa carrière. Gilbert Salem parle des fondations de la maison qui remontent au 16e siècle. Elle n'est ni un château ni une ferme restaurée. Un médecin y a notamment vécu. Le grand-père de Charles Apothéloz, notaire, y a également séjourné.
00:02:10 – 00:02:31 (Séquence 2) : Gilbert Salem évoque la région aux alentours de la maison de Christian Müller : un paysage campagnard, auquel Christian Müller dit être très attaché. Il aime bien jardiner et il est très heureux chez lui.
00:02:32 – 00:03:36 (Séquence 3) : Christian Müller est Bernois de souche et il a fait sa formation psychiatrique en Suisse allemande mais il se sent quand même Vaudois. Ses enfants sont romands et ses petits-enfants ne parlent que le français, ce qu'il regrette puisqu'il vient de trois générations de médecins bernois.
00:03:38 – 00:03:47 (Séquence 4) : Christian Müller explique que ses enfants et petits enfants n'ont plus beaucoup de contacts avec la Suisse alémanique : ils ont l'accent romand ou parisien suivant leur lieu de vie.
00:03:49 – 00:04:41 (Séquence 5) : Christian Müller explique que sa maison d'Onnens est un lieu de retrouvailles pour sa famille. Cela fait 30 ans qu'il l'a acquise. Avant, il avait un appartement de service à Cery, en plein milieu de l'hôpital. Christian Müller et sa famille ont souffert de cette situation. Maintenant, ils profitent tous pleinement de cette demeure dans la campagne d'Onnens.
00:04:43 – 00:07:19 (Séquence 6) : Christian Müller raconte son entrée à Cery en 1961, à 40 ans, comme directeur et privat-docent. Il décrit l'institution comme le seul hôpital psychiatrique vaudois, ni meilleur ni pire que les autres établissements suisses de ce type de l'époque. Les conditions n’étaient pas celles d’aujourd’hui : isolement, division des sexes, frugalité de la nourriture, occupations rudimentaires, port d’uniforme pour les hommes. Les collaborateurs étaient très solidaires, notamment à cause de l'isolement géographique. Il y avait à l'époque 750 malades.
00:07:22 – 00:08:06 (Séquence 7) : Christian Müller explique qu'il avait sous sa direction une centaine d'infirmiers et infirmières, du personnel administratif et presque tous les corps de métiers pour subvenir aux besoins de l'hôpital de Cery, y compris grâce à une ferme rattachée à l'établissement. Il devait diriger tout cela sans forcément en avoir les compétences.
00:08:10 – 00:08:36 (Séquence 8) : Christian Müller explique que lorsqu’il est devenu directeur de Cery à 40 ans, ce n'était pas son premier poste sur place puisqu'il a été médecin adjoint entre 1953 et 1957. Avant de rentrer en 1961 comme professeur à Cery, il a séjourné quatre ans à Zurich.
00:08:40 – 00:09:22 (Séquence 9) : Christian Müller évoque le professeur Steck, son prédécesseur à Cery, un homme conscient des problèmes de l'hôpital psychiatrique. Quand Christian Müller est arrivé pour prendre la relève, le nouvel établissement était construit et il a pu procéder au déménagement. Certains patients de longue date refusaient de changer de lieu de vie.
00:09:27 – 00:10:02 (Séquence 10) : Christian Müller évoque le problème de manque de personnel qu'il a eu à ses débuts comme directeur de Cery. Il a lancé une campagne de recrutement, aidé par la presse et le gouvernement. L'établissement a formé des infirmiers et infirmières et continue de le faire.
00:10:07 – 00:12:24 (Séquence 11) : Gilbert Salem explique que pendant les 25 années où Christian Müller a dirigé Cery, il a œuvré à la restructuration des institutions psychiatriques vaudoises, notamment en les décentralisant. Christian Müller a également échangé à l'étranger sur la schizophrénie et créé une infrastructure importante pour la psychogériatrie. Christian Müller raconte qu'après son arrivée à Cery en 1961, il a réalisé que Vaud n'avait qu'un seul hôpital psychiatrique au centre. Il s'est inspiré de l'expérience du 13e arrondissement parisien où Philippe Paumelle et Paul-Claude Racamier, ses amis, ont créé une nouvelle unité, en ambulatoire et en hospitalier, avec une population restreinte. Christian Müller a proposé la même structure au gouvernement vaudois au moment où l'hôpital psychiatrique privé de Bellevue à Yverdon était en vente. Ce fut la première étape de décentralisation : l'Etat a acheté le bâtiment et repris l'équipe du docteur Jean Schneider. Les malades de la région nord n'allaient donc plus à Cery.
00:12:29 – 00:13:41 (Séquence 12) : Christian Müller raconte la deuxième étape de la décentralisation des institutions psychiatriques vaudoises. Le canton de Vaud a racheté la clinique des Rives de Prangins, qui a desservi tout l'ouest du canton, grâce à monsieur Durand, le directeur qui a accepté de devenir fonctionnaire de l'Etat, mais en conservant tout le confort et le luxe de l'ancienne clinique privée.
00:13:47 – 00:15:29 (Séquence 13) : Christian Müller raconte la troisième étape de la décentralisation des institutions psychiatriques vaudoises : la clinique de Nant au dessus de Vevey a conclu un accord avec le canton de Vaud pour fonctionner comme établissement de secteur et recevoir des malades depuis le Pays-d'Enhaut jusqu'à Vevey. Avec cette dernière étape, les quatre secteurs du canton étaient couverts, avec Cery comme point central. Christian Müller reste persuadé du bien-fondé de cette démarche : un petit établissement peut mieux s'occuper des malades individuellement que dans une grande organisation. Ce fut une première en Suisse. Les quatre directeurs des établissements de secteurs ont entretenu une excellente collaboration.
00:15:36 – 00:16:29 (Séquence 14) : Christian Müller explique que la décentralisation n'impliquait pas une harmonisation des pratiques psychiatriques puisque chaque médecin-chef des différents établissements était libre. Il n'y avait pas de doctrine uniforme hormis quant à la responsabilité de chaque secteur de ses propres ressortissants : ils ne pouvaient refuser un malade de leur secteur. Auparavant, les cliniques privées choisissaient leurs patients.
00:16:36 – 00:18:01 (Séquence 15) : Christian Müller expose son avis sur la théorie psychiatrique et notamment sur l'équilibre entre les différentes doctrines. La Suisse s'est toujours montrée très polyvalente et non sectaire alors qu'en France ou en Allemagne on était soit médecin du cerveau, soit biologiste, soit psychothérapeute, mais rarement l'un et l'autre.
00:18:09 – 00:19:45 (Séquence 16) : Christian Müller évoque la psychogériatrie, un domaine qui le passionne. Il a réalisé que les malades âgés, souffrant de désorientation, d'amnésie ou encore d'incontinence, étaient les déshérités des hôpitaux psychiatriques, à tel point que le prédécesseur de Christian Müller avait déjà proposé la construction d'un hôpital à part qui a été entièrement dédié à la psychogériatrie. Christian Müller a achevé ce projet et il l'a rendu indépendant : il y a donc un hôpital avec un service ambulatoire et des lits entièrement consacrés aux personnes âgées.
00:19:53 – 00:21:36 (Séquence 17) : Christian Müller évoque sa formation psychiatrique à Zurich sous la direction de Manfred Bleuler, fils d'Eugen Bleuler. Il se décrit comme un rêveur et un dandy et pense avoir eu la chance d'avoir un professeur exigeant et dur. Il fallait tout connaître du patient et de sa condition, loger à l'hôpital et travailler nuit et jour. Christian Müller dit devoir beaucoup à cet enseignement. Manfred Bleuler était un ascète qui ne vivait que pour l'hôpital et la psychiatrie.
00:21:45 – 00:22:18 (Séquence 18) : Christian Müller parle de la situation de la psychiatrie quand il a commencé : les moyens étaient maigres et les médecins utilisaient surtout l'insulinothérapie, le dialogue avec les malades et les électrochocs. La camaraderie était de mise entre collègues et Christian Müller a conservé de nombreux amis de cette époque.
00:22:27 – 00:23:22 (Séquence 19) : Christian Müller évoque son indécision à la fin de ses études de psychiatrie : l'hôpital l'a toujours attiré. Il précise qu'à l'époque le rôle de l'hôpital était surestimé, notamment par Manfred Bleuler. Actuellement, l'offre s'est élargie aux hôpitaux de jour, aux systèmes ambulatoires et autres foyers protégés et ateliers de réadaptation.
00:23:32 – 00:24:18 (Séquence 20) : Christian Müller évoque les différentes écoles qu'il a pu étudier pendant sa formation avec Manfred Bleuler, qui laissait ses élèves choisir, tout en étant lui-même très ambivalent. Ses élèves devaient trouver leur chemin par eux-mêmes. Christian Müller a par exemple suivi une formation de psychanalyste un peu en cachette.
00:24:28 – 00:27:38 (Séquence 21) : Christian Müller parle de sa spécialisation : la schizophrénie, le problème très mystérieux de la psychiatrie habituelle. Auparavant, on cherchait souvent une cause unique à ce mal alors qu'aujourd'hui on sait qu'il y a un ensemble de causes. Christian Müller lui-même s'intéressait plus à la psychothérapie qu'à la biologie ou la pharmacothérapie pour traiter la schizophrénie. Entre 1953 et 1961, quand il était médecin associé, tout un courant est venu des Etats-Unis : il prônait un travail thérapeutique avec le schizophrène, ce qui a enthousiasmé Christian Müller et son ami Benedetti. Ils ont essayé d'aller dans cette direction et Christian Müller a publié plusieurs ouvrages sur le sujet, notamment en 1982 un livre sur la psychothérapie des schizophrènes. Il y évoque en particulier le cas d'un malade suivi sur plusieurs années : description du cas, de la thérapie et du résultat, plus précisément sa réussite.
00:27:49 – 00:28:16 (Séquence 22) : Christian Müller explique qu'avec l'âge les schizophrènes vont mieux. Il en a d'ailleurs tiré un livre-enquête expliquant qu'en vieillissant, les symptômes s'atténuent, le délire est moins vif et oppressant.
00:28:28 – 00:29:15 (Séquence 23) : Christian Müller évoque ses différentes publications, notamment sur les troubles visuels chez les malades mentaux. Il a également écrit un manuel de psychogériatrie, un des premiers d'Europe, où il a développé la théorie mais aussi la pratique. Ensuite, il a publié un lexique avec d'autres auteurs.
00:29:27 – 00:32:19 (Séquence 24) : Christian Müller évoque la question des enfants de psychiatre ayant grandi au sein d'un établissement psychiatrique, dont il a tiré un livre, puisqu'il en a lui-même fait l'expérience. Son père était médecin directeur psychiatre – comme son grand-père d'ailleurs - dans le canton de Berne. C'est là que Christian Müller est né et a vécu jusqu'à la fin des études. Son expérience était double : une solidarité et une compréhension des malades ainsi qu’un côté profondément angoissant. En effet, à cette époque, dans les années 1920 et 1930, les malades criaient en permanence et la situation hospitalière était terrible, sale, bruyante, avec une grande surpopulation. Christian Müller a, par la suite, demandé à son père comment il avait pu supporter cette situation. Son père, comme ses collaborateurs, ne connaissait rien d'autre à l'époque.
00:32:31 – 00:33:54 (Séquence 25) : Christian Müller évoque son père, Max Müller devenu psychiatre comme déjà son père l’était. Il voulait se marier tôt et trouver un poste avec un salaire assuré. Il était un psychanalyste de renommée internationale car il a introduit l'insulinothérapie et perfectionné l’utilisation des électrochocs dans le traitement des schizophrènes. Avec des collègues, il a découvert la cure de sommeil et il s'intéressait beaucoup aux détails personnels et au vécu du malade. Influencé par ce qu’il avait vu dans son enfance, Christian Müller a éprouvé le besoin de changer les conditions en psychiatrie, ce qu'il a tenté de faire à Cery.
00:34:07 – 00:34:25 (Séquence 26) : Christian Müller évoque son père qui l'a encouragé à faire de la psychiatrie. Ils ont été professeurs en même temps : un à Lausanne, l'autre à Berne.
00:34:38 – 00:36:18 (Séquence 27) : Christian Müller parle de sa retraite : il n'exerce plus à l'hôpital de Cery à Prilly mais dans un cabinet privé à Berne où il voit encore des malades. Il apprend toujours sur la psychiatrie et sa conception s'en trouve élargie. Ses intérêts scientifiques s'en trouvent également modifiés puisqu'il se penche actuellement sur l'histoire de la psychiatrie. Il a d'ailleurs présidé la Société suisse d'histoire de la médecine et publié quelques travaux, dont une histoire de la psychiatrie qui lui a permis de comprendre que rien n'est nouveau et que beaucoup de pratiques se retrouvent ailleurs dans le temps.
00:36:31 – 00:38:52 (Séquence 28) : Christian Müller est docteur honoris causa de l'Université d'Heidelberg, où il a des amis et collaborateurs. Il a beaucoup voyagé en France et dans le reste de l'Allemagne, dans le but de rassembler les différentes idées et de comparer les psychiatries allemande et française, une entreprise initiée dès Cery puisqu'il y a organisé les premiers symposia sur la psychothérapie de la schizophrénie. Le dernier congrès portant sur ce thème a réuni près de 400 personnes aux Etats-Unis. Christian Müller se dit content d'avoir instauré ces réunions professionnelles. Il a mis à profit ses rencontres et voyages pour visiter les institutions psychiatriques et les comparer entre elles et avec Lausanne. Il a ainsi vu des choses atroces en Amérique du Sud et en Chine.
00:39:05 – 00:40:54 (Séquence 29) : Christian Müller évoque son sentiment de révolte par rapport aux institutions psychiatriques dans le Tiers-Monde, par exemple en Uruguay. Il estime qu'en Occident, les progrès ont été sensibles et cite à ce propos son maître Manfred Bleuler : "les malades vont mieux". Il y a en effet une amélioration depuis les débuts de Christian Müller même s'il reste beaucoup à perfectionner : il faudrait notamment harmoniser les différences d'une région à l'autre. D'ailleurs, si en Angleterre, France et Allemagne, les choses sont à peu près les mêmes, l'Italie a connu une période sans hôpital psychiatrique, une utopie ratée. Christian Müller lui-même a été ami avec le leader du mouvement antipsychiatrique italien, Franco Basaglia. Christian Müller décrit les différents progrès de l'évolution de la psychiatrie, notamment le suivi individuel du patient.
00:41:08 – 00:43:16 (Séquence 30) : Christian Müller évoque le problème du rapport entre la société et le malade mental dont le statut est souvent confondu avec le criminel ou le dégénéré à éliminer. Un des rôles de la psychiatrie est de combattre ces préjugés. Christian Müller reproche à la presse de les véhiculer. Le citoyen lambda ne voit plus le malade en pleine crise aigüe comme dans le temps.
00:43:30 – 00:44:20 (Séquence 31) : Christian Müller évoque le débat entre pharmacothérapie et la psychothérapie. Il pense que les deux thérapies sont nécessaires. Il le constate encore dans sa pratique privée à Berne.
00:44:34 – 00:45:21 (Séquence 32) : Christian Müller évoque les dangers de l'admiration scientifique pour le cerveau en tant qu'organe au détriment de la psychothérapie et de la psychologie connues depuis longtemps.
00:45:36 – 00:47:10 (Séquence 33) : Christian Müller évoque un problème de la psychiatrie actuelle qui tend à se séparer de la psychiatrie sociale, ce qu’il considère comme une erreur fondamentale. Pour lui, il est en effet essentiel de parler au malade plutôt que de parler de lui en théorie.
00:47:26 – 00:49:20 (Séquence 34) : Christian Müller s'interroge sur le fait que la profession de psychiatre soit impossible et insupportable. Il a lui-même souvent souffert de ne pas pouvoir faire assez pour les malades, en termes de moyens. Il reste persuadé que c'est une des plus belles professions car chaque malade présente un problème unique et que le dialogue seul permet de le comprendre. Il ne regrette donc pas d'avoir choisi cette profession et insiste sur l'idée que le psychiatre doit accepter de ne pas pouvoir toujours aider son patient puisque parfois il arrive à changer fondamentalement une situation catastrophique à la base. Le psychiatre soigne l'âme et l'existence du patient, ce qui est grandiose.
00:49:36 – 00:49:49 (Séquence 35) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Christian Müller, psychiatre, et tourné à Onnens le 21 août 1995.
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