Henri Noverraz (Peintre et écrivain)

  • français
  • 1995-09-04
  • Durée: 00:49:41

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Description

Il aurait voulu devenir musicien, mais une enfance difficile l'empêche d'être admis au Conservatoire de Lausanne. Il opte alors pour le dessin et l'écriture, comme moyens plus immédiats, mieux adaptés à son violent besoin d'expression. Bilan : cent expositions collectives, soixante expositions personnelles, trente livres. Henri Noverraz évoque ici ses souvenirs avec une émouvante simplicité et un réel sens de l'humour.

00:00:00 – 00:00:21 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Henri Noverraz, peintre et écrivain, et tourné à Genève le 4 septembre 1995. L'interlocuteur est Jean-Louis Peverelli.
00:00:21 – 00:00:48 (Séquence 1) : Henri Noverraz exprime ses sentiments dominants de la vie, son dégoût de la politique internationale, des guerres et des conflits et sa sensibilité à la question du sort des réfugiés.
00:00:48 – 00:02:17 (Séquence 2) : L'interlocuteur interroge Henri Noverraz sur sa vie artistique. Henri Noverraz est extraverti, il ressent le besoin de s’exprimer à travers différents moyens. Il aurait voulu devenir musicien, compositeur. Quand il a quitté ses patrons à la campagne à 17 ans, il a souhaité aller s’inscrire à un cours de solfège au Conservatoire de Lausanne. On demande à Henri Noverraz où il se situe entre le peintre, l’écrivain et le poète. Henri Noverraz a choisi de s’exprimer à travers le dessin, la peinture et l’écriture au lieu de la musique.
00:02:18 – 00:03:10 (Séquence 3) : Henri Noverraz a appris à lire et à écrire à 16 ans. Il se dit inculte et hésite sur certaines terminologies quand il lit des philosophes ou poètes. Il apprend encore à 80 ans. Henri Noverraz explique que l’art a dominé sa vie à cause de son besoin de s’exprimer, de son extraversion.
00:03:11 – 00:04:03 (Séquence 4) : Henri Noverraz parle de ses expériences musicales. Il improvisait au piano et jouait du jazz, les styles "Dixieland" et "Nouvelle-Orléans". Il a payé ses études aux Beaux-Arts de Genève avec ses improvisations sans pourtant connaître les notes. Il raconte une anecdote sur sa rencontre avec le pianiste Henri Chaix alors qu’il travaillait en tant que pianiste dans un bar "L’océanique" de Lausanne. Il n’a pas reconnu cet artiste, mais quand il a compris qui c’était Henri Noverraz a commencé à jouer avec des erreurs. En partant, Henri Chaix lui a dit ce jour-là qu’il voyait qu’il ne connaissait pas la partition, mais qu'il était suffisamment habile pour camoufler ses erreurs.
00:04:05 – 00:05:25 (Séquence 5) : L’interlocuteur résume la carrière artistique d'Henri Noverraz : 30 écrits, 60 expositions personnelles, 100 expositions collectives. Henri Noverraz parle d’une enfance sans histoire, passée à Villette, entre Lutry et Cully, et dans laquelle il y avait beaucoup d’amour de sa mère et de sa grand-mère paternelle qui était polonaise. Son père était pêcheur et vendeur de poisson.
00:05:28 – 00:06:59 (Séquence 6) : Dans son enfance, Henri Noverraz souffrait de diabète juvénile. Il a été envoyé à l’hôpital de l’âge de deux ans jusqu’à dix ans. Il a navigué entre la Clinique infantile et l’Hôpital cantonal de Lausanne. Il a été soigné par des diaconesses. Il dit avoir été presque plus heureux dans les établissements hospitaliers qu’à la maison car il n’y avait pas la violence de son père. Les diaconesses n’ont pas enseigné à Henri Noverraz à lire ni à écrire mais il a appris des jeux. A dix ans, lorsqu’il a quitté l’hôpital, ses parents n’étaient pas assez fortunés pour le garder et il a été envoyé chez un patron dans le Gros-de-Vaud, dans le hameau de Naz.
00:07:02 – 00:07:36 (Séquence 7) : On invite Henri Noverraz à parler de l’absence de vie scolaire. Lorsqu’il était enfant, Henri Noverraz avait déjà une envie d’apprendre, une soif de savoir. Il était naïf et cette naïveté lui a servi plus tard.
00:07:40 – 00:09:16 (Séquence 8) : Dans l’enfance d'Henri Noverraz, il y avait des dessins et un violon. On lui donnait un crayon et un papier pour l’occuper et éviter qu’il parle. Il dessinait constamment. Ses dessins ont été retrouvés plus tard sous une pile de drap, quand sa mère est décédée. Il évoque l’histoire d'un violon. Quand il y avait beaucoup de perches et de vengerons à vendre, Henri Noverraz était envoyé dans l’arrière-pays pour les vendre à Aran et à Grandvaux. Il vendait les poissons à un prix plus élevé que le prix fixé par son père et avec les bénéfices Henri Noverraz s’est acheté un petit violon. Un jour, son père a cassé et jeté le violon au fourneau car il ne supportait plus le bruit du grincement du violon.
00:09:20 – 00:11:50 (Séquence 9) : En 1925, Henri Noverraz a quitté Villette et il est parti pour le hameau de Naz dans le Gros-de-Vaud où il n’y avait ni bistrot, ni église, ni école. Il était triste car il voyait les enfants du village se rendre à l’école à Dommartin. Il raconte que les domestiques de la ferme où il travaillait jouaient aux cartes. Les travaux étaient pénibles et mauvais pour le dos. Henri Noverraz donne des exemples de travaux qu’il devait effectuer et de l’impatience de son patron.
00:11:55 – 00:12:46 (Séquence 10) : Henri Noverraz aimait le lac et aller se baigner. Quand il rentrait de l’hôpital, il allait flâner le long du lac. Il pense qu’il était un bon nageur. Il nageait jusqu’à ce qu’il ne distingue plus les maisons du village et les sauveteurs de Lutry ont plusieurs fois été appelés par les habitants.
00:12:51 – 00:13:47 (Séquence 11) : L'interlocuteur demande à Henri Noverraz comment se dessinait l’artiste sous l’apprenti agricole. Henri Noverraz ne songeait pas à devenir artiste mais il avait envie de jouer et de composer de la musique. Pendant qu’il effectuait ses tâches, il entendait des mélodies et les cloches du bétail. Il inventait des airs.
00:13:52 – 00:15:33 (Séquence 12) : Henri Noverraz raconte son départ de Naz, après sept années au service de son patron. Henri Noverraz devait nettoyer sous le bétail et déposer le fumier dans la courtine, le tas de fumier à l'angle de la ferme. Il ne supportait plus le traitement que lui réservait son patron. Il avait 17 ans. Il a préparé et caché son baluchon derrière une brouette dans la grange. Quand son patron est arrivé dans l'écurie pour vérifier si tout le monde était présent, il lui a lancé dessus un tabouret en chêne qui servait à traire les animaux. Son patron est tombé et Henri Noverraz est parti avec un air dégagé sans laisser paraître qu'il s'enfuyait. Avant la sortie du hameau, la patronne l'a rattrapé, elle lui a dit qu'elle avait vu ce qu'il avait fait, elle ne venait pas le féliciter mais lui donner un peu d’argent.
00:15:39 – 00:18:34 (Séquence 13) : Henri Noverraz est arrivé à Lausanne avec une soif d’apprendre. Il s’est rendu au Conservatoire de musique pour s’inscrire à des cours de solfège mais il n’a pas été accepté. Il a trouvé un travail de porteur pour une droguerie à l’avenue d’Ouchy. Il décrit un incident qui lui est arrivé avec de l’ammoniac. Henri Noverraz est devenu ensuite coursier à la banque Société marseillaise de crédit à l’avenue du Théâtre à Lausanne. Henri Noverraz raconte comment le directeur de cette banque l’a encouragé à faire un apprentissage de banque et à s’inscrire au cours du soir de la Société des Jeunes Commerçants à Lausanne. Henri Noverraz a appris la comptabilité et il est devenu employé de banque. Il a passé un diplôme cantonal et fédéral d’employé de banque. Il ne pensait pas devenir artiste-peintre mais il continuait à dessiner.
00:18:40 – 00:19:13 (Séquence 14) : L’interlocuteur invite Henri Noverraz à revenir sur sa mémoire qui embellit le passé. Par exemple, il a dit avoir été courtier à la banque Société Marseillaise de crédit au lieu de dire coursier. Pour Henri Noverraz, cette erreur est la preuve qu’il n’est pas cultivé et que le vocabulaire lui fait défaut.
00:19:20 – 00:21:42 (Séquence 15) : Henri Noverraz raconte comment il a découvert le POP, le Parti Ouvrier Populaire, et en est devenu membre. Des camarades de cours l’ont convié à une conférence sur la censure, donnée par le président du POP à Lausanne, Monsieur Muret. Henri Noverraz appréciait le climat et les revendications des conférences qui d’une manière lui rappelaient son père, ouvrier, extrême gauchiste et anarchiste.
00:21:49 – 00:23:30 (Séquence 16) : Henri Noverraz raconte comment, à la suite de l’achat d’un livre sur les procès de Moscou, dans une librairie à la place de la Madeleine à Lausanne, il a été exclu du parti ouvrier par Monsieur Muret. Henri Noverraz était indépendant, autonome et n’aimait pas l’embrigadement.
00:23:37 – 00:24:12 (Séquence 17) : A Paris, Henri Noverraz a rencontré des trotskistes avec Pierre Naville. Il a découvert les écrits de Trotski dont il partageait les idées. Il a adhéré à la IVe Internationale juste avant que la guerre d’Espagne n’éclate.
00:24:19 – 00:25:13 (Séquence 18) : Lors de la guerre d’Espagne, Henri Noverraz est parti à Teruel et à Santander où il a été chroniqueur pour des journaux. Il refusait de porter des armes. Il a été blessé deux fois. La deuxième fois il a été amené dans un sanatorium dans les Pyrénées catalanes créé pour les antifascistes.
00:25:21 – 00:25:41 (Séquence 19) : Henri Noverraz est allé en Algérie pour des questions culturelles et pas pour la guerre. Il avait appris un peu l’arabe avec un docteur rencontré à Genève. Henri Noverraz y a donné quelques conférences dans des universités.
00:25:50 – 00:26:24 (Séquence 20) : L’interlocuteur interroge Henri Noverraz sur son côté artistique et cherche à savoir où se cachait Henri Noverraz, le peintre, l’écrivain ou le poète. L’artiste était caché. La nuit, Henri Noverraz, souhaitant abandonner les préoccupations de justice sociale, écrivait selon la technique de l’écriture automatique. Il l’avait apprise des surréalistes lors de leur rencontre à Paris.
00:26:33 – 00:28:19 (Séquence 21) : Henri Noverraz a été marqué par de nombreux artistes. La majorité d’entre eux étaient des révolutionnaires. Ils n’appartenaient cependant pas forcément à un parti, au contraire des surréalistes. Il précise qu’il n’a pas eu de bons contacts avec André Breton mais il en a eu des meilleurs avec Antonin Artaud. Ils ont partagé le même éditeur. Il évoque la personnalité de cet artiste, sa maladie et leur promenade dans le Saint-Germain de Paris.
00:28:29 – 00:28:46 (Séquence 22) : A Paris, Henri Noverraz vivait de sa peinture. Il avait exposé à la Galerie Denise René avec Nicolas de Staël et avait vendu quelques peintures
00:28:56 – 00:30:36 (Séquence 23) : L'interlocuteur invite Henri Noverraz à évoquer sa vie d’artiste et son inspiration de peintre et d’écrivain des années 1940. Henri Noverraz précise que la naïveté, l’inculture, le manque de métier n’étaient pas importants par rapport à sa volonté de s’exprimer artistiquement. Il a surtout tiré son inspiration des personnages récitant de la poésie ou lisant des nouvelles. Il rappelle qu’il a dessiné dès l’enfance car, quand on voulait qu’il soit tranquille, on lui donnait du papier et un crayon.
00:30:46 – 00:31:50 (Séquence 24) : Sur le plan esthétique, Henri Noverraz n’a pas eu de problèmes d’expression. Il faisait du figuratif sans le vouloir. Il cherchait à exprimer ce qu’il avait ressenti, vu ou entendu. Henri Noverraz pense que peindre et dessiner sont des actions plus physiques que le fait d’écrire.
00:32:01 – 00:33:49 (Séquence 25) : Henri Noverraz n’a pas puisé son inspiration dans ses années d’études passées aux Beaux-Arts. A Paris, il a subi l’influence des surréalistes. Il a alors remarqué qu’il y avait différentes formes d’expression comme les figuratifs, les imaginatifs, les surréalistes. Il avait peur de se rattacher à une école car il accordait davantage de confiance à son instinct qu’à des règles. Il considère que l’aspect scolastique freine l’expression. Henri Noverraz évoque les discussions qu’il avait avec Henri Michaux sur les thèmes de l’école, de littérature et de peinture.
00:34:00 – 00:35:03 (Séquence 26) : L’interlocuteur rappelle les propos de Jean Starobinsky sur une exposition d’Henri Noverraz au Cabinet des Estampes en 1965 à Genève. Il dit d'Henri Noverraz qu’il est sourcier, qu’il a une verve multiforme et que ce serait une peinture de l’instinct. Henri Noverraz ne s’est pas rattaché à l’esthétique des surréalistes. Il n’avait pas envie de suivre des rails mais il souhaitait rester libre de changer de style. Il rappelle que sa mère était garde-barrière.
00:35:15 – 00:36:42 (Séquence 27) : L’interlocuteur présente Henri Noverraz comme la conjonction entre le mystique et l’humour. Henri Noverraz ne se définit pas comme un homme sérieux, il n’aime pas le formalisme et chérit sa liberté. Ses livres n’ont pas eu de succès. Il n’avait pas son propre éditeur. Il a édité des livres chez les Editions Du Verbe. Il y a eu un essai d’accord chez les Editions Skira pour la publication du livre sur Louis Soutter. Le Musée de Lausanne lui a permis de reproduire un certain nombre de dessins dont il parle dans le livre.
00:36:54 – 00:37:52 (Séquence 28) : Henri Noverraz a bien connu Louis Soutter. Il lui rendait visite avec Auberjonois, à l'Asile du Jura, à Ballaigues. Il l’a revu aussi à Lausanne. Il raconte une anecdote sur sa rencontre fortuite avec Louis Soutter sur les Escaliers du Marché menant à la cathédrale de Lausanne. Il y avait une affinité, un sentiment de fraternité entre Henri Noverraz et Louis Soutter.
00:38:05 – 00:38:51 (Séquence 29) : Henri Noverraz n’a jamais eu l’intention de devenir peintre ou écrivain mais c’était le moyen qui lui restait pour s’exprimer. Il ne voulait pas exercer un métier qui dépendait d’une méthode, de règlements. Henri Noverraz rappelle qu’il ne voulait pas être sur des rails. Les médias ne l’ont pas toujours pris au sérieux. Son passé politique l’a desservi.
00:39:05 – 00:40:25 (Séquence 30) : L'interlocuteur interroge Henri Noverraz sur le rôle de la Femme dans son œuvre. Il revient sur l’importance de sa mère et de sa grand-mère dans sa vie. Il souligne l’intelligence, la culture de cette dernière. Sa mère était garde-barrière à Villette, elle tenait le ménage. Elle était généreuse. Il ne connaît pas réellement le caractère de son père car il était alcoolique. Pendant les sept années qu’il a passées à l’hôpital, ce sont les diaconesses qui l’ont choyé.
00:40:40 – 00:43:13 (Séquence 31) : Henri Noverraz a eu des relations amoureuses dès son jeune âge. Il a été marié à une femme sicilienne, puis à une femme égyptienne dont il décrit l’intelligence. Ils sont restés 20 ans ensemble et ont eu deux fils : Karim et Vasco. Henri Noverraz a ensuite rencontré sa troisième femme Claire-Lise Moriaud de Carouge, une femme admirable. Sa famille pourrait être issue d'anciens Maures arrivés en Sardaigne. Henri Noverraz pense que chacun a ses valeurs affectives et admiratives pour certains individus.
00:43:28 – 00:45:38 (Séquence 32) : On demande à Henri Noverraz, l’artiste, ce qu’il fait et ce qui le mène encore. Henri Noverraz explique qu’il n’a plus d’atelier depuis trois ans et donc il ne peint plus. Sa dernière exposition remonte à trois ans, il a été invité à Sofia par le gouvernement bulgare. Il considère que, "vivre sans peindre, c’est mourir". Il a vécu à travers la peinture et l’écriture et c’est une punition pour lui de ne pas pouvoir peindre.
00:45:54 – 00:46:46 (Séquence 33) : L'interlocuteur demande à Henri Noverraz quelle est son attitude par rapport à la postérité. Il la considère comme le souvenir de l’œuvre artistique, il la distingue de la mémoire. Il ne se préoccupe pas de la postérité. Il aimerait disparaître en douce sans faire de la peine aux siens.
00:47:02 – 00:48:45 (Séquence 34) : Henri Noverraz a encore des projets. Il ne veut pas faire d’exposition rétrospective de ses œuvres car il ne peut pas présenter de travaux récents. Il se réjouit de trouver un atelier. Son projet est de recréer un atelier dans sa maison en Provence. Selon Henri Noverraz, l’inspiration est une notion vague : "c’est le désir d’exprimer ce que l’on ressent".
00:49:01 – 00:49:25 (Séquence 35) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Henri Noverraz, peintre et écrivain, et tourné à Genève le 4 septembre 1995.
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