Yvette Jaggi (La politique en toutes choses)

  • français
  • 1998-07-15
  • Durée: 00:49:05

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Description

De sa mère, elle a hérité le sens du partage et du devoir, de son père son intelligence combinatoire. Après deux licences, lettres et sciences politiques, elle s'engage à la Fédération romande des consommatrices, métier qui comble en elle son goût de la politique agricole et des problèmes que pose le consumérisme. Il y a là un combat à mener, un monde à aborder: "L'exercice du pouvoir d'achat est l'heure de vérité du revenu", aime-t-elle à dire. Son entrée au parti socialiste suit le plus naturellement son engagement auprès des consommateurs. Passionnée par la chose publique, elle passe du législatif (Conseil national et Conseil des Etats) à l'exécutif (Municipalité de Lausanne, syndicature). Comme syndique, elle espère avoir laissé sa trace dans une ville où il fait bon vivre.

00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-fixes consacré à Yvette Jaggi et tourné à Lausanne le 15 juillet 1998.
00:00:11 – 00:00:42 (Séquence 1) : Yvette Jaggi et son interlocuteur, Christophe Büchi, lisent ensemble le journal "Le Temps" en commentant les titres du jour, et plus particulièrement un article proposant des sentiers culturels autour de Jean-Jacques Rousseau.
00:00:43 – 00:00:52 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-fixes consacré à Yvette Jaggi et tourné à Lausanne le 15 juillet 1998.
00:00:54 – 00:02:31 (Séquence 3) : L’interlocuteur introduit Yvette Jaggi et lui demande de parler de sa maison de Chailly dans laquelle ils se trouvent. Il s’agit d’une maison que son père a intelligemment construite dans les années 1930. On le considérait à l’époque plutôt fou que visionnaire de vouloir construire à cet endroit. En effet, les transports publics arrivaient tout juste sur le plateau de Béthusy et il n’y avait pas d’autre maison familiale dans le quartier, seulement deux fermes et une maison locative. Yvette Jaggi a donc grandi à Chailly, Chailly village plus particulièrement, si tout le monde allait à la même école, on faisait bien la distinction entre ceux qui venaient du village même, là où se trouvaient les commerces, et les autres. A cette époque, pour ceux du village le pont de Chailly était déjà l’antichambre de la ville.
00:02:33 – 00:02:56 (Séquence 4) : Yvette Jaggi est née en 1941. Elle a souvent dit qu’elle regrettait d’avoir un nom qui était un diminutif. En allemand, son nom de famille prend un sens peu plaisant. Elle estime qu’elle a réussi à compenser.
00:02:59 – 00:04:50 (Séquence 5) : Yvette Jaggi parle de ses parents et plus spécialement de sa mère. Yvette est fille unique de parents relativement âgés, sa mère étant la seconde épouse de son père. Elle a donc été à la fois très entourée et très isolée. En effet, les horaires de travail de l’époque faisaient que son père était beaucoup absent, de même qu’en raison de la mobilisation. La mère d’Yvette avait des problèmes de dos qui l’obligeaient à rester étendue et qui contraignaient Yvette à la veiller et à rendre toute sorte de services depuis son plus jeune âge. Cela lui a aussi permis de découvrir sa mère dans cette force qui la caractérisait malgré la maladie. Elle souffrait terriblement mais, malgré cela, elle recevait chaleureusement les gens qui venaient lui rendre visite et ils repartaient renforcés, encouragés, égayés tant elle avait de force intérieure et d’enthousiasme. La mère d’Yvette vivait sa foi dans la joie évangélique et non dans une austérité protestante ou darbyste, église à laquelle elle appartenait.
00:04:53 – 00:06:26 (Séquence 6) : Lorsqu’ Yvette Jaggi parle de sa mère qui était darbyste, elle parle de joie et de gaité ce qui n’est pas l’image que l’on a habituellement de ce courant religieux plutôt austère. Grâce à sa mère, Yvette a eu l’image d’une foi qui rime avec joie, avec rayonnement et avec engagement. Cela lui a donné une conception de l’engagement fait d’effort, mais d’effort joyeux. Yvette Jaggi se verrait bien écrire un jour un traité de management par le rire. Si elle n’a pas gardé la foi darbyste de sa mère, Yvette a par contre gardé la joie, le sens du partage et du devoir. Yvette a observé que souvent le cheminement qui conduit les gens au parti socialiste est lié à une appartenance, dans l’enfance ou la jeunesse, à une église relativement austère et, ou au mouvement éclaireur. Dans son cas, Yvette a appartenu aux deux.
00:06:30 – 00:08:22 (Séquence 7) : Yvette Jaggi parle de son père. Il a travaillé dans une banque un peu par dépit et par vocation contrariée. Son père, comme sa mère d’ailleurs, venait d’une famille nombreuse et était le treizième de 15 enfants. Il n’a donc pas eu la possibilité de reprendre le domaine agricole familial et a dû se rabattre sur autre chose. Son père s’est retrouvé en ville de Lausanne à l’âge de 16 ans et a travaillé à la centrale laitière puis a appris à la force du poignet le métier d’employé de banque. Sa formation a été compliquée par l’école de recrue puis la mobilisation lors de la première guerre mondiale. Son père a aussi été faire un stage à la City de Londres car il lui semblait nécessaire de posséder une expérience à l’étranger et la maitrise d’une langue étrangère. Malgré de nombreux séjours sous les drapeaux, son père n’a jamais réussi à maitriser le suisse allemand. Yvette Jaggi estime que son père avait une intelligence combinatoire impressionnante qu’il a déployée dans le bricolage et le dépôt de quelques brevets. Elle pense qu’il aurait fait un ingénieur merveilleux et que sa vocation était plus technique qu’administrative.
00:08:26 – 00:09:37 (Séquence 8) : Yvette Jaggi parle de l’enfant qu’elle était, une enfant timide, renfermée et qui jouait des tours qu’elle échafaudait et dont elle riait en toute discrétion. Elle a appris à lire tôt et avait un certain goût pour les études. Ses parents pensaient qu’un apprentissage était préférable à de longues études. Yvette Jaggi a eu beaucoup de chance car, tout au long de son parcours scolaire, des professeurs sont venus parler à ses parents et les ont convaincus de laisser leur fille poursuivre des études. Yvette se considère chanceuse et a eu envie de restituer un peu de la chance qu’elle avait eue. Dans la maison où elle a grandi et où elle vit désormais, il n’y avait que trois livres lorsqu’elle était enfant. Yvette commente : "On est passé de la rareté à l’encombrement".
00:09:42 – 00:12:04 (Séquence 9) : Yvette Jaggi s’inscrit à l’université en 1960. Pour une jeune fille de son milieu, faire des études n’allait pas de soi. Yvette considère que réussir une maturité fédérale en semi-classique, latin et anglais, était déjà une petite performance. Elle a bénéficié du soutien de ses professeurs à chacune des étapes importantes, le certificat puis la maturité. Arrivée à l’université, elle trouvait formidable de pouvoir combiner son horaire. Avant l’université, son père lui a permis d’apprendre deux choses, taper à la machine et conduire une voiture, elle s’est ensuite débrouillée toute seule. Elle a donc commencé l’université et une vie professionnelle en parallèle. A l’université, elle suivait les cours de la Faculté des lettres, car l’enseignement semblait à ses parents un métier sûr. Elle suivait également, par aspiration personnelle, ceux de la Faculté des sciences politiques. En 1964, Yvette la terminé les deux facultés et les a combinées en réalisant un mémoire de Lettres sur un sujet d’histoire de la pensée politique, la théorie de la volonté générale telle que l’a formulée Rousseau et telle qu’a cruellement tenté de l’appliquer Robespierre.
00:12:09 – 00:13:18 (Séquence 10) : Pendant ses études, Yvette Jaggi fait un peu de politique estudiantine. Elle mène également une vie professionnelle en tenant le secrétariat d’une revue économique et sociale ou en enseignant dans un établissement privé, avant d’exercer d’autres jobs de plus en plus dans le domaine commercial. Yvette Jaggi a choisi un sujet de thèse en lien avec son domaine professionnel, la distribution. Son engagement politique faisait partie d’une suite logique d’engagements, religieux ou au sein des éclaireurs, et de prises de conscience, notamment artistiques par l’entremise de professeurs merveilleux à l’Ecole supérieure de jeunes filles puis au Gymnase.
00:13:24 – 00:14:37 (Séquence 11) : Yvette Jaggi part travailler pour la "Coopet" à Bâle en 1968. Elle découvre la ville et le "Zooli", le Jardin zoologique. Pour Yvette, 1968 était une année charnière car elle mettait fin à son assistanat, elle finissait sa thèse, qui deviendra un pavé de 720 pages, et elle passait de la Suisse romande à la Suisse allemande, de l’Innovation devenue filiale de Jelmoli, pour travailler à la centrale d’achats de Coop à Bâle. Il lui semblait que pour faire une carrière en Suisse alémanique, le fait d’avoir un doctorat était un passeport. Yvette Jaggi envisageait de construire sa vie professionnelle en tout cas à l’échelle suisse sinon proprement fédérale.
00:14:43 – 00:15:20 (Séquence 12) : Pendant quelques années, Yvette Jaggi a fait une sorte d’espionnage industriel qu’elle décrit comme une observation attentive de la concurrence, de ses initiatives, de celles que l’on peut deviner, repérer. C’est un travail qui demande une certaine attention à autrui et une certaine curiosité, qualités qu’Yvette pense posséder.
00:15:26 – 00:17:38 (Séquence 13) : Yvette Jaggi a découvert Bâle et son Jardin zoologique qui est devenu pour elle un jardin secret. Yvette est souvent vue comme une femme de la ville, mais elle a toujours été attachée à la nature, à la campagne, aux animaux. Elle révèle qui s’il y avait eu un domaine familial, c’est une carrière de paysanne qu’elle aurait choisie. Cultiver la terre et élever des animaux est pour elle le plus beau métier. L’orientation qu’elle a prise est plus intellectuelle et urbaine, mais elle s’y trouve bien. Elle s’est sentie à l’aise et motivée dans les problèmes de politique agricole. Yvette Jaggi tient la composante nature comme essentielle indépendamment et préalablement à toute préoccupation écologiste. Yvette se souvient que, dans son enfance, la situation était parfois plus difficile en ville qu’à la campagne, où l’on comblait plus facilement les manques. Les tickets de rationnement étaient très précieux et il ne fallait pas les perdre. Pendant les vacances, Yvette était souvent envoyée à la campagne dans sa famille.
00:17:45 – 00:19:06 (Séquence 14) : Yvette Jaggi s’est beaucoup engagée dans la politique agricole ainsi que dans le domaine de la distribution et de la consommation. Elle a découvert le commerce et les grands magasins pendant ses études à l’instigation d’un professeur. Le goût des marchandises, de la consommation, des motivations des consommateurs lui est resté. Sur le plan sociologique, psychosocial ou anthropologique, cela est très passionnant non pas pour le profit mais pour le savoir et le combat. Yvette Jaggi a mené ce combat au sein de la Fédération des consommatrices, devenue Fédération romande des consommateurs. Il y a deux Yvette, le rat des villes et le rat des champs.
00:19:13 – 00:22:06 (Séquence 15) : Yvette Jaggi commence sa vie de militante en 1973 en devenant directrice de la Fédération romande des consommatrices, devenue Fédération romande des consommateurs. Cet engagement était une combinaison entre engagement féministe et engagement social. Féministe parce que la défense des consommateurs à travers l’action des consommatrices, militantes et bien structurées, permet l’entrée des femmes dans la vie économique. Si les femmes avaient le droit de vote et d’éligibilité depuis 1971, on les tenait à l’écart de l’économie et il semblait utile à Yvette Jaggi de l’aborder et de s’y engager à travers la distribution et par la dépense. La relecture de la publicité était aussi un bon moyen de le faire, surtout à l’époque où l’on découvrait le marché des adolescents et celui des séniors. Il fallait montrer également au milieu syndical que l’exercice du pouvoir d’achat est primordial, car il ne sert à rien d’augmenter les salaires si au moment de l’achat le gaspillage intervient. La formation du consommateur au prix et à la qualité est un engagement qui complétait l’engagement féministe.
00:22:13 – 00:25:51 (Séquence 16) : Yvette Jaggi est entrée au parti socialiste en 1972. On lui demande si elle a été tentée de s’inscrire dans un autre parti. La famille de sa mère était agrarienne mais plutôt au PAI, parti des paysans, artisans et indépendants, et n’a pas digéré le passage à l’UDC. Son père cotisait au parti radical ce qui était plutôt bien vu lorsque l’on travaillait à la BCV, Banque cantonale vaudoise. Yvette Jaggi n’a jamais eu d’hésitation. Son entrée au parti socialiste allait de soi et allait dans la logique de son parcours. On a souvent considéré Yvette Jaggi comme une socialiste atypique car elle s’intéressait à des sujets particuliers. Elle se souvient que cela était plutôt un avantage au niveau fédéral, car il y avait de nombreuses personnes qui s’intéressaient aux assurances sociales et à la conquête du revenu, il semblait important qu’il y ait quelqu’un qui parle de la manière dont on utilise ce revenu. L’étiquette de socialiste modérée lui a souvent été donnée alors qu’elle se considère comme une socialiste radicale, au sens de catégorique. Yvette Jaggi estime qu’il y a un certain nombre de choses sur lesquelles il n’est pas possible de transiger, comme l’égalité ou la dignité humaine. Lorsque quelqu’un est maltraité pour ses idées ou discriminé en raison de son sexe, il ne faut pas mollir et il faut poursuivre le combat. Dans d’autres domaines comme la gestion d’une collectivité, certains choix peuvent ne pas être dans la pure ligne du parti. Yvette Jaggi n’a jamais fait la moindre concession sur ses valeurs essentielles, même lors de la venue de personnalités politiques au comptoir suisse.
00:25:59 – 00:28:55 (Séquence 17) : Yvette Jaggi est élue conseillère nationale en 1979. Pour pouvoir être sur une liste, elle a dû démissionner de la Fédération romande des consommateurs, FRC, car en tant que directrice elle était autorisée à appartenir à un parti mais n’avait pas le droit de le manifester d’aucune manière. Elle a donc démissionné pour pouvoir être sur la liste du Conseil national, cela était son premier acte de politique active. Par la FRC, Yvette Jaggi a beaucoup fréquenté les couloirs du Palais fédéral, pour représenter le lobby des consommateurs. Elle a réalisé qu’il fallait entrer dans la salle pour défendre la partie la plus faible du contrat, le locataire dans le contrat de location, l’acheteur dans le contrat de vente, le patient, le client, l’assuré. Beaucoup de socialistes sont élus pour la cause des travailleurs, Yvette était plutôt pour la cause des salariés consommateurs et des salariés contribuables que des salariés travailleurs, mais l’une ne n’allant pas sans l’autre, Yvette trouve du sens dans son combat. Yvette Jaggi n’a pas toujours pensé à l’engagement politique et à la chose publique, mais tout au long de ses études elle a toujours pensé qu’elle avait eu une grande chance et qu’il lui faudrait en restituer un peu sous une forme ou une autre. Elle avait pensé à la défense des consommateurs, sans jamais envisager qu’il était possible de gagner sa vie dans ce domaine. A l’époque, il n’y avait que Ralph Nader aux Etats-Unis, qui était un exemple, un modèle.
00:29:03 – 00:31:35 (Séquence 18) : Yvette Jaggi est restée pendant 12 ans, de 1979 à 1991, au Parlement fédéral, huit ans comme conseillère nationale et quatre comme conseillère aux Etats. Elle a toujours été une Bernoise heureuse, pourtant minoritaire sur plusieurs plans, romande en Suisse allemande, socialiste dans un Parlement majoritairement de droite et femme dans un milieu d’homme. Le cumul de ces désavantages devient, selon Yvette Jaggi, un avantage. En effet, en la nommant dans une commission on faisait en quelque sorte d’une pierre trois coups. Il est pourtant vrai que le milieu parlementaire est assez compétitif et qu’il faut s’y affirmer d’emblée. L’expérience des couloirs de la Berne fédérale et la connaissance des gens lui a clairement donné un avantage. Au début, elle a eu du plaisir en tant que conseillère nationale, mais c’est surtout de ses quatre ans au Conseil des Etats dont elle se souvient avec un peu plus de nostalgie. Le cadre, où l’on se surpasse tout naturellement, y est pour beaucoup ainsi que le fait qu’elle ait pu travailler sur des thèmes qu’on ne lui disputait pas, comme le droit des affaires, les finances publiques, le droit des médias et la politique agricole.
00:31:43 – 00:32:56 (Séquence 19) : Yvette Jaggi parle de son élection en 1987 au Conseil des Etats qui a fait sensation, car il paraissait difficile à l’époque pour une femme socialiste de s’y faire élire. Cette victoire lui a donc valu une étiquette de " super woman ", de " Senkrechtstarterin ". On lui demande si cette image est difficile à porter. Yvette Jaggi se demande si cela était plutôt dû à la victoire d’une femme socialiste ou à la surprenante défaite du Parti radical vaudois. Elle a eu quatre très belles et efficaces années au Conseil des Etats, en double mandat puisqu’elle dirigeait le Département des finances à Lausanne.
00:33:05 – 00:34:10 (Séquence 20) : Yvette Jaggi a été battue lors des élections au Conseil des Etats en 1991. C’était l’un de ses premiers échecs et elle avoue avoir eu de la difficulté à le surmonter, car jusque-là Yvette Jaggi avait eu la chance d’avoir de l’aide aux étapes clés de sa vie. Elle s’est demandé ce que les gens lui reprochaient, mais, sans aller au bout de la réflexion, elle s’est rapidement concentrée sur sa tâche de syndique de Lausanne.
00:34:19 – 00:36:12 (Séquence 21) : Yvette Jaggi revient sur sa carrière politique au niveau fédéral. On a souvent vu en elle une future conseillère fédérale, même si le siège vaudois avait de grandes chances de rester occupé par un radical. Finalement, l’occasion ne s’est jamais présentée et on lui demande si elle a dû faire le deuil d’un poste de conseillère fédérale. Yvette Jaggi estime que l’idée lui a traversé l’esprit, comme à la plupart des parlementaires, même si on l’a lui plus vendue qu’elle ne l’a achetée. Etre élue par les gens à la tête d’une grande ville a comblé ses espérances. L’accession de Ruth Dreifuss au Conseil fédéral lui donne un peu l’impression d’y être. Yvette en tant que citoyenne admire son travail et la soutient de tout son cœur.
00:36:21 – 00:38:34 (Séquence 22) : En 1986, Yvette Jaggi est devenue directrice des finances de la ville de Lausanne puis syndic en 1990. Après Berne, elle est donc revenue sur le plan communal, mais a aussi passé du législatif à l’exécutif. Cet apprentissage était difficile car on sent que l’on a un certain pouvoir dépendant du parlement et que la responsabilité et l’espoir de pouvoir faire quelque chose sont immenses. Yvette Jaggi prône des législatures d’au moins six ans, renouvelable une fois. Elle a de mieux en mieux compris que le métier consiste à prendre des mesures mais aussi à créer un climat. Il y a dans cette création une concurrence entre l’exécutif et les médias. Le climat qu’Yvette Jaggi a voulu instaurer à Lausanne est celui de la liberté, un climat où tout le monde se sent libre de se développer comme il le souhaite. Elle a voulu une aire et un air de liberté à Lausanne.
00:38:43 – 00:43:15 (Séquence 23) : En 1997, Yvette Jaggi a quitté la syndicature et avec elle l’exercice de mandats politiques sur le devant de la scène. Pour elle, ce départ était tout simple et plein d’espoir, sans mélancolie parce qu’elle est plutôt quelqu’un de l’avenir et de la recherche. Elle avait eu un parcours électoral idéal. Yvette Jaggi ne croit pas à la planification d’une carrière politique, car le peuple peut être capricieux. Après 18 ans de politique dite active, Yvette entre à nouveau dans le rang des militants et renoue avec la partie recherche et la composante réflexion. Yvette Jaggi est plutôt du genre à empiler à surcharger, plutôt qu’à trier et éliminer. Elle reste donc bien occupée, en laissant la place aux voyages, à la lecture, à la réflexion, à l’observation et à la détente intérieure. Cette nouvelle vie lui permet de compartimenter ses champs d’action. Lorsqu’on est syndique d’une grande ville, il y a une grande diversité des dossiers à suivre de front indépendamment des préférences personnelles, et cela peut être fatigant tout en étant passionnant. Aujourd’hui elle a plus de temps pour les domaines qui l’intéressent particulièrement, à savoir la cause des villes, la cause de l’art et des artistes. Elle s’investit dans Pro Helvetia et donne un enseignement à l’université sur la condition urbaine. Sa vie est bien sûr toujours imprégnée par la politique.
00:43:25 – 00:44:55 (Séquence 24) : On demande à Yvette Jaggi si la politique qui lui a beaucoup apporté lui a aussi coûté et si le prix ne lui a jamais semblé élevé, notamment en ce qui concerne la vie de famille et les enfants. Pour Yvette, choisir c’est abandonner, c’est prendre quelque chose et avancer avec. Yvette Jaggi pense que la façon dont elle concevait la politique et sa carrière professionnelle n’était pas compatible avec le rôle de mère et elle admire les femmes qui arrivent aujourd’hui à concilier les deux. Elle se rattrape en tant que marraine.
00:45:05 – 00:47:28 (Séquence 25) : On demande à Yvette Jaggi quel est son moteur et ce qui la pousse à avancer et à se lever le matin. Yvette Jaggi explique que c’est l’amitié, le sens du devoir, l’éthique protestante du travail comme valeur, mais surtout un devoir moral à restituer une part de la chance qu’elle a eue de pouvoir poursuivre des études. Il y a aussi une idée un peu égoïste de passer sur terre et qu’après ce passage quelque chose ait changé, l’envie de laisser une trace. Yvette Jaggi pense avoir laissé une trace à plusieurs étapes et dans plusieurs milieux, à la Fédération romande des consommateurs, FRC, ou à Lausanne.
00:47:39 – 00:48:20 (Séquence 26) : Yvette Jaggi parle de sa foi et se définit comme une croyante laïque. Elle se voit comme une militante, une soldate de quelques causes qui englobent les causes sociale et culturelle. Sa manière de vivre la morale fait que si elle n’est pas pratique, elle ne l’intéresse pas.
00:48:31 – 00:48:54 (Séquence 27) : Générique de fin du Plans-fixes consacré à Yvette Jaggi et tourné à Lausanne le 15 juillet 1998.
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