Alice Pauli (Galeriste, histoire d'amours)

  • français
  • 2000-05-08
  • Durée: 00:47:08

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Description

En compagnie de son mari Pierre Pauli, puis plus tard de son fils, Alice Pauli va imprimer à la vie artistique lausannoise des années soixante un élan exceptionnel. D'abord par le biais de la tapisserie, avec la création de la fameuse Biennale, puis grâce aux Galeries Pilotes, les Pauli animent la scène de l'art contemporain. La galerie Pauli promeut des artistes suisses, tels Denise Voïta, Jean Lecoultre, expose Pierre Soulages, Vieira da Silva, Dubuffet. Cependant, le futur des galeries d'art contemporain n'est pas rose: aux yeux d'Alice Pauli, un public mal informé et peu motivé, des autorités peu concernées, un Musée des beaux-arts peu actif, une presse négligente, le bilan est plutôt sombre. Deux maîtres–-mots cependant du métier de galeriste : curiosité et amour.

00:00:00 – 00:00:12 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Alice Pauli, galeriste, et tourné à Epalinges le 8 mai 2000. L'interlocutrice est Françoise Jaunin.
00:00:12 – 00:01:36 (Séquence 1) : Françoise Jaunin remarque que dès le jardin d'Alice Pauli, on est environné de sculptures, une des passions de la galeriste, mais qui a été contrecarrée dans sa première galerie. Elle se situait avenue de Rumine, au deuxième étage avec des salles assez petites ce qui compliquait les choses. Françoise Pauli explique qu'en effet elle se sentait très frustrée. Elle est donc très heureuse d'avoir maintenant une galerie qui permette aux artistes de créer comme ils l'entendent, dans un espace fait tout spécialement pour eux. Elle a également prolongé cela en installant des œuvres chez elle dans son jardin d'Epalinges. Il y a donc deux sculptures de Plensa, une de 1987 et une autre qui vient d'être posée.
00:01:36 – 00:01:47 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Alice Pauli, galeriste, et tourné à Epalinges le 8 mai 2000. L'interlocutrice est Françoise Jaunin.
00:01:48 – 00:04:24 (Séquence 3) : Françoise Jaunin explique qu'Alice Pauli est d'origine jurassienne, qu'elle a fait une formation commerciale avant d'exercer un poste à responsabilité dans le domaine de l'horlogerie. Elle lui demande donc comment elle en est venue à devenir une galeriste internationale à Lausanne, au fil des rencontres qu'elle a pu faire, notamment avec un graphiste genevois. Alice Pauli répond que tout a commencé avec une histoire d'amour puisqu'elle collaborait avec ce graphiste pour éditer les catalogues des produits qu'elle vendait. C'est à son contact qu'elle a décidé de quitter son travail, de se marier avec Pierre Pauli et de changer de voie pour se consacrer à l'art. Ensemble, ils étaient passionnés de tapisserie et Alice Pauli a vu à Londres la grande exposition sur le renouveau de la tapisserie française. Son mari lui a conseillé de se mettre en rapport avec Jean Lurçat qu'elle admirait beaucoup. Jean Lurçat était très sceptique, avant de leur faire confiance pour une exposition à Lausanne. Selon Alice Pauli, cela a été très difficile car il n'y avait pas de locaux et Maganel, le directeur du Musée cantonal des beaux-arts, leur a suggéré d'aller voir la salle de l'ancien Musée des arts décoratifs. C'est là qu'ils ont organisé cette première exposition, qui fut un grand succès. Après cela, Jean Lurçat leur a confié la diffusion et l'exposition de ses œuvres en Suisse et à l'étranger.
00:04:25 – 00:05:07 (Séquence 4) : Alice Pauli parle du début de sa carrière, quand elle a organisé beaucoup d'expositions avec des musées allemands, hollandais et italiens. Les contacts avec le premier artiste qui lui a fait confiance, Jean Lurçat, furent très fréquents. Il lui a suggéré par la suite de voir ce qui se faisait dans les autres pays, car voyageant beaucoup, il voyait se développer la tapisserie, notamment dans les pays de l'Est. C'est ainsi que Alice Pauli et son mari ont commencé leurs voyages, notamment en Tchécoslovaquie, Pologne et Yougoslavie, où ils ont trouvé des choses très intéressantes en tapisserie.
00:05:09 – 00:06:02 (Séquence 5) : Alice Pauli parle de la suggestion de Jean Lurçat de monter un centre de la tapisserie. Elle a d'abord pensé à Genève. A Lausanne, Paul-Henri Jaccard, de l'office du tourisme était très actif. Avec son appui et celui du syndic de Lausanne, Georges-André Chevallaz, ils ont pu constituer le centre de la tapisserie ancienne et moderne, qui a débouché en 1962 sur la première biennale internationale de la tapisserie. Cette manifestation a rencontré un immense succès et chaque deux ans, le monde entier y déferlait pour voir ce qui se faisait dans les arts textiles.
00:06:04 – 00:08:29 (Séquence 6) : Françoise Jaunin parle des "écoles" qu'Alice Pauli a suivies pour être galeriste : il s'agit plutôt d'une formation continue et informelle, nourrie de sa complicité avec Jean Lurçat, que partageait son mari. Elle a également été aidée par les galeries pilotes, ses trois salons internationaux d'art contemporain que René Berger, alors directeur des Beaux Arts de Lausanne, a mis en place avec l'étroite collaboration du mari d'Alice Pauli. En 1962, il y a eu l'exposition sur la tapisserie, puis en 1963, les galeries pilotes dont elle a été la directrice et son mari le secrétaire général. Pierre Pauli a dû arrêter de travailler à la galerie de sa femme et il a été nommé directeur du Musée des arts décoratifs. Parallèlement, il s'est occupé des biennales de la tapisserie et de l'organisation des galeries pilotes. Ces dernières ont apporté à Lausanne toutes les grandes galeries internationales sur trois éditions, en 1963, 1966 et 1970. Tout au long de ces manifestations, Alice Pauli a rencontré beaucoup d'artistes et a pu créer des liens d'amitié et des relations professionnelles fructueuses. Elle a connu notamment la galerie de Jeanne Bucher et Claude Bernard.
00:08:32 – 00:09:56 (Séquence 7) : Alice Pauli parle de l'aspect international de son activité de galeriste : elle a toujours été très active sur ce plan en voyageant tous les six mois mais cela n'implique pas qu'elle oubliait Lausanne, car très vite elle s'est adjointe Jean Lecoultre et Denise Voïta, parallèlement à tous les autres jeunes artistes. Alice Pauli précise que voyager restait compliqué et que le public avait peu l'occasion de voir ce qui se passait à l'étranger. Elle prenait donc beaucoup de plaisir à lui amener des œuvres de Pologne, Tchécoslovaquie, France ou Etats-Unis.
00:09:59 – 00:11:16 (Séquence 8) : Alice Pauli évoque sa tendance à confronter des artistes locaux et jeunes avec des artistes plus confirmés. En 1962, des artistes comme Da Silva, Bissier ou Dubuffet n'étaient pas du tout consacrés. Dans le même temps, elle a regardé ce qui se faisait en Italie avec Baille ou Grippa, et également en Yougoslavie et en Pologne. Au début, la galerie s'est restreinte aux pays de l'Est avec une introduction par la tapisserie, puis la peinture. Même si son mari était très engagé dans la tapisserie, il suivait le travail de sa femme régulièrement. Alice Pauli explique que la tapisserie a toujours été très présente, jusque dans les années 1970.
00:11:20 – 00:13:36 (Séquence 9) : Alice Pauli parle des huit années pendant lesquelles elle a mené sa carrière de galeriste de front avec son mari, qui entre-temps est devenu directeur du Musée des arts décoratifs, tout en étant mère. Elle a eu en effet un petit garçon : Olivier. Ce fut la période la plus heureuse car elle partageait tout avec sa famille : les expositions et les voyages. L'année 1970 fut particulièrement chargée puisqu'il y avait les galeries pilotes, le jury de la biennale de 1971 et le décès de son mari. Après cela, elle a décidé de continuer, notamment grâce au soutien des artistes et des collectionneurs. Néanmoins, deux galeries parisiennes l'ont sollicitée : Jeanne Bucher et Claude Bernard lui ont proposé d'ouvrir une galerie à Genève. Elle a essayé de les mener de front toutes les deux pendant quatre ans. Si la galerie de Genève était très intéressante et internationale, Alice Pauli avait à cœur de conserver celle de Lausanne. Puis, en 1976, elle a choisi de ne garder que celle de Lausanne et de fermer la galerie Artel car elle était épuisée. Elle a néanmoins gardé le contact avec ses deux associés.
00:13:40 – 00:17:10 (Séquence 10) : Françoise Jaunin résume le parcours d'Alice Pauli : quatre années avec une galerie à Lausanne et une autre à Genève puis une nouvelle période commence quand son fils Olivier renonce à sa carrière de journaliste pour la rejoindre à la galerie. Ensemble, ils partent à la conquête des foires internationales et se déplacent à Bâle, Paris et Bruxelles. Mais cette période s'est arrêtée tragiquement. Alice Pauli répond qu'elle a toujours espéré que son fils travaille avec elle mais qu'elle l'a laissé chercher sa voie d'abord, puis revenir à elle. Elle en a été très heureuse, notamment car elle pouvait voir plus grand en changeant de local. Olivier a choisi un espace dans le Flon, ce qui n'était pas aisé pour un public peu habitué dans les années 1990 à se rendre dans ce quartier pour y voir des expositions. La première exposition était sur Pierre Soulages, qu'Alice Pauli et son fils connaissaient bien. Comme l'ancienne galerie ne permettait pas d'héberger les grandes œuvres récentes de Pierre Soulages, celle du Flon était l'occasion rêvée. L'événement a été majeur et leur a amené beaucoup de monde. La galerie s'est immédiatement développée et le travail était d'autant plus intéressant qu'Olivier a choisi de s'occuper de jeunes artistes et de voyager dans le monde entier pour ramener toute une sélection d'œuvres nouvelles. Alice Pauli, de son côté, a continué de s'occuper des artistes formant le noyau et le patrimoine de la galerie : Bissier, Schumacher, Dubuffet, Tobey, Soulages et Viera Da Silva. Cela ne l'empêchait pas de visiter d'autres artistes avec son fils.
00:17:14 – 00:17:48 (Séquence 11) : Alice Pauli évoque son activité de galeriste, quand elle allait trouver les artistes dans leurs ateliers. Elle explique avoir toujours été ravie de voir que son fils Olivier et elle avaient les mêmes goûts. Du reste, ayant été élevé dans un milieu intensément culturel, et ayant étudié la finance et l'économie, Olivier n'a cessé de voyager avec sa mère. Toutes ses vacances étaient consacrées à l'art et il n'a jamais vraiment quitté ce domaine, de sorte que son œil était très proche de celui de sa mère. Cette dernière trouve merveilleux cette unité de choix qu'ils partageaient et qui a provoqué l'essor de la galerie.
00:17:53 – 00:19:00 (Séquence 12) : Françoise Jaunin demande à Alice Pauli si ses choix de collectionneuse correspondent aux choix de la galeriste. Alice Pauli répond qu'inévitablement ce qu'elle choisit pour la galerie est ce qu'elle préfère. Elle a donc toujours collectionné majoritairement ce qu'elle exposait à la galerie. Elle fait néanmoins toujours ses choix à la fin des expositions, même si cela lui est arrivé d'acheter des œuvres qui ne provenaient pas de sa propre galerie.
00:19:06 – 00:19:42 (Séquence 13) : Alice Pauli explique qu'elle trouve la force de continuer après toutes ces années dans la promesse faite à son fils et à son mari. Elle a également conservé une grande curiosité et se dit très entourée par les collectionneurs fidèles, les artistes très proches, même après le départ dramatique d'Olivier.
00:19:48 – 00:21:09 (Séquence 14) : Alice Pauli parle de sa "famille" d'artistes qui ne cesse de s'agrandir, alors qu'elle voulait le contraire de prime abord. Depuis le départ de son fils Olivier, elle a encore pris une dizaine d'artistes. C'est ce qui l'anime d'ailleurs, grâce à la passion toujours présente et au désir de découverte. Parmi ses dernières recrues, on trouve Penone, un artiste italien ancré dans le végétal, qu'elle connaît depuis de nombreuses années et qui est en général plus enclin à travailler avec les musées. Il lui a quand même donné une exposition toute récente et très importante. A la fin du mois, elle présentera les nouvelles œuvres de Pierre Soulages en exclusivité.
00:21:15 – 00:22:24 (Séquence 15) : Alice Pauli parle de "ses" nouveaux artistes : Carmen Calvo, Arcangelo, Nunzio, Legroumlech, Anne et Patrick Poirier. Ces derniers vont exposer des moulages archéologiques, des photographies et des objets en verre. La FIAC de cet automne aura pour thème les galeries qui assurent la promotion complète de leurs artistes : la galerie d'Alice Pauli y participera avec des dessins et des sculptures de Jaume Plensa.
00:22:31 – 00:24:55 (Séquence 16) : Alice Pauli évoque son métier de galeriste et explique que sa galerie se régit comme une petite PME mais qui vend un produit artistique, donc plein d'émotion. Il y a un certain travail administratif et il faut beaucoup voyager pour découvrir des artistes nouveaux et les convaincre de venir exposer à Lausanne. Il faut également obtenir le soutien des collectionneurs et les faire participer dans les différentes foires de l'art. Les formalités douanières et les assurances sont aussi compliquées et demandent du temps et de l'énergie. Par ailleurs, Alice Pauli s'estime chanceuse d'avoir un noyau de collectionneurs qui suit tout ce qu'elle fait et de pouvoir compter sur leur intérêt non démenti.
00:25:02 – 00:26:04 (Séquence 17) : Alice Pauli parle de son habitude d'aller dans les ateliers de "ses" artistes chaque week-end, soit les dimanches et lundis, pour voir leur évolution. Elle visite donc chacun environ tous les trois mois, également pour garder le contact puisqu'en devenant importants, les artistes sont sollicités et doivent s'assurer d'être exposés longtemps à l'avance. Les expositions sont donc organisées une année à l'avance. Les artistes doivent également être prêts pour les foires. La concurrence oblige ce genre de fonctionnement et il y a même parfois des ententes pour que chacune organise à son tour l'exposition des œuvres récentes de ses artistes.
00:26:12 – 00:26:55 (Séquence 18) : Alice Pauli parle de son engagement dans les foires internationales et dans l'organisation d'expositions pour de grands musées. Elle se l'explique par un besoin de s'intéresser en permanence avec ce qui se fait dans le milieu de l'art : c'est la découverte qui lui donne envie de continuer. Rester sur des acquis ne l'intéresse pas. C'est pourquoi elle suit les artistes qu'elle connaît tout en cherchant de nouveaux.
00:27:04 – 00:28:06 (Séquence 19) : Alice Pauli parle de son activité dans la succession de certaines œuvres et dans l'expertise. Sa galerie a maintenant 38 ans, ce qui implique qu'une génération a passé : les enfants des collectionneurs viennent donc la trouver pour les aider à estimer les œuvres, faire les partages et enfin, parfois vendre les œuvres. Alice Pauli s'est également occupée de successions d'artistes, avec des cas où les héritiers refusent parfois de vendre mais acceptent qu'on présente et qu'on expose les œuvres. Par exemple, pour Bissier, elle prépare de grandes expositions dans plusieurs pays, qui seront rentables pour la galerie, même si c'est une activité en marge.
00:28:15 – 00:30:39 (Séquence 20) : Alice Pauli parle des foires internationales auxquelles elle participe. Elle explique qu'il est très difficile de présenter d'autres artistes car on est sélectionné pour les foires par rapport à ce que l'on fait. On risque donc d'être refusé si on amène un artiste qui ne plaît pas. Il faut donc participer avec la meilleure qualité possible et laisser l'expérimental aux galeries spécialisées, notamment de Bâle : au premier étage, on peut présenter des œuvres dans la partie "Perspectives" et "Statement". Néanmoins, si on est sélectionné pour de l'art moderne et contemporain, il vaut mieux se cantonner à des artistes déjà connus et miser sur des noms internationaux, comme Soulages, Schumacher et Bissier. Alice Pauli précise qu'elle n'hésite pas néanmoins à présenter de jeunes artistes internationaux comme Plensa, Cognée et Nunzio. L'année passée par exemple elle avait une très belle sélection d'œuvres de Nevelson et Soutter. Ce dernier artiste est un très bon souvenir puisqu'en 1977, elle a eu la chance de pouvoir présenter une trentaine d'œuvres de Soutter issues d'une collection américaine. Et maintenant, Soutter commence à arriver dans certaines successions, ce qui a permis à Alice Pauli de présenter quelques-unes de ses plus belles œuvres. Elles ont été acquises par de très grands collectionneurs étrangers, ce qui a ravi Alice Paul, car, auparavant, elle n'avait pas pu sortir les œuvres de Suisse. Avec la foire, c'est devenu très international.
00:30:48 – 00:33:23 (Séquence 21) : Alice Pauli parle de Lausanne et de l'ouverture de sa galerie en 1962. La ville était à l'époque sous équipée en termes d'art contemporain, mise à part la galerie d'Ernest Genton. Il y avait une difficulté mais en même temps un besoin de connaître l'actualité artistique chez les gens. Ayant peu la possibilité de voyager, les gens étaient plus curieux que maintenant. Ils voulaient tout connaître de l'art contemporain de différents pays comme la Pologne ou l'Italie. Ils se sont donc intéressés à la tapisserie, puis à la peinture et à la sculpture. Même si c'était très nouveau pour les Lausannois, Alice Pauli et sa galerie ont eu très vite une clientèle internationale. Elle a en effet eu très tôt des collectionneurs venant de France, de Belgique et d'Allemagne. Sa première exposition sur Sam Francis a été un fiasco : pas une œuvre retenue à Lausanne, sauf par quelques Suédois. Par la suite, elle a présenté Jasper Johns et ses gravures beaucoup trop tôt et personne ne s'y est intéressé à Lausanne. Elle a pu néanmoins vendre un beau livre qu'il avait fait avec Beckett à un collectionneur français. Les Lausannois ne s'intéressaient donc pas à l'art international et préféraient l'art local. Une exception a été l'art de l'Est, d'abord avec la tapisserie, puis avec les peintures.
00:33:33 – 00:35:30 (Séquence 22) : Alice Pauli parle de sa passion pour la tapisserie, dont le renouveau a été facilité par elle-même et son mari. 40 ans plus tard, l'âge d'or de la nouvelle tapisserie est passé et Alice Pauli pense qu'elle n'a en fait pas évolué comme elle aurait dû. Elle trouve regrettable d'avoir supprimé les biennales de Lausanne car cela aurait permis cette évolution, notamment en intégrant de nouvelles textures, fibres et autres possibilités. Son mari souhaitait que cette manifestation serve de relais aux architectes et l'évolution actuelle de la sculpture vers le monumental et le textile prouve que l'impact aurait été efficace. Alice Pauli regrette donc la disparition de la biennale de la tapisserie, qui aurait pu intégrer les arts textiles et les nouveaux matériaux. D'ailleurs la dernière Biennale de Venise a vu plusieurs artistes présenter des œuvres en textiles. Certains artistes pratiquent ces arts textiles, comme Rosemarie Trockel ou Buetti. Il y aurait donc eu moyen de faire évoluer la discipline. Alice Pauli regrette donc la disparition de cette manifestation qui amenait un vaste public international à Lausanne.
00:35:40 – 00:36:04 (Séquence 23) : Alice Pauli explique que Lausanne a raté le virage de l'art textile mais que maintenant les galeries pilotes de la ville sont des nouvelles foires de l'art, qui ont pris le relais des biennales, en invitant plus de galeries qu'un musée. Elle insiste sur l'idée que les galeries pilotes de Lausanne ont initié les foires de l'art.
00:36:15 – 00:37:57 (Séquence 24) : Alice Pauli parle de l'art contemporain et ne refuse pas l'idée qu'il faille être de la même génération que les artistes qu'elle expose. Elle se dit être en phase avec ce qui se fait aujourd'hui même si elle se limite à ce qui est proche de sa sensibilité. Elle s'intéresse néanmoins beaucoup aux nouvelles tendances qu'elle suit. Pour cela, elle va régulièrement aux Documenta de Kassel, aux biennales de Venise et de Lyon et visite également les centres d'art contemporain, même si elle sait qu'elle ne présentera pas ces œuvres. Par ailleurs, si elle s'intéresse moins à la vidéo, aux installations et à la photographie, sa galerie présente quand même des œuvres dans ces tendances pour conserver un moteur actuel. Alice Pauli explique que l'art vidéo entrera bientôt dans sa galerie. Dès le mois de septembre, les Poirier proposeront une vidéo.
00:38:08 – 00:38:29 (Séquence 25) : Alice Pauli tient à garder une prise sur l'art en train de se faire et de laisser l'artiste libre du moment qu'il fasse des expositions qui entrent dans le cadre de la galerie et utilise les locaux à disposition. Ceux de la galerie sont très vastes et exploitables : les artistes peuvent s'y exprimer sans peine et au mieux dans leurs expressions actuelles. La plupart créent en effet des installations pour la galerie.
00:38:40 – 00:40:26 (Séquence 26) : Alice Pauli évoque sa vision du futur concernant les galeries. Le marché de l'art s'est grandement modifié, suite à deux événements. D'abord, les foires de l'art sont très intéressantes pour les exposants car sur quelques jours seulement, les collectionneurs du monde entier sont accessibles et les galeries sont de tout premier ordre. Donc en venant aux foires, les collectionneurs délaissent beaucoup les galeries. C'est pourquoi ces dernières doivent faire des expositions personnelles et montrer des ensembles d'œuvres pour garder un contact avec son public. Le deuxième point est les ventes aux enchères qui commencent à s'occuper d'art contemporain. Les collectionneurs reçoivent à l'avance de superbes catalogues qui leur permettent d'arrêter leur choix et de faire des réservations. Le potentiel des galeries se trouve fortement diminué du fait de ces manifestations.
00:40:38 – 00:41:15 (Séquence 27) : Alice Pauli commente l'évolution possible des galeries au vu de la concurrence régnante : elles doivent montrer des artistes personnels et des ensembles d'œuvres. En tous les cas, la situation est différente en Suisse allemande où le public est avide de découvrir de nouvelles tendances, car son goût est formé par les Kunsthalle. En Suisse romande, ce n'est pas le cas sauf avec le MAMCO à Genève, qui présente des créations contemporaines, des colloques et des conférences.
00:41:28 – 00:43:51 (Séquence 28) : Alice Pauli parle du remède à la situation de l'art contemporain à Lausanne et en Suisse romande. Elle estime qu'à Lausanne, elle est encore plus difficile, car le musée n'est pas très actif et le public, pas assez sensibilisé aux galeries : il préfère aller dans les musées et les fondations. Or les musées lausannois ne présentent pas de découvertes et le travail des galeries s'en ressent : le public n'arrive pas à leur faire confiance. Alice Pauli mise tous ses espoirs sur la construction à Lausanne d'un nouveau musée d'art contemporain, qui arriverait à sensibiliser un nouveau public et amènerait des étrangers à suivre leurs activités. Elle pense également à un musée d'arts textiles qui pourrait raviver une tendance artistique un peu disparue aujourd'hui. Alice Pauli précise aussi que le soutien politique n'existe pas pour les galeries et que la presse n'en fait pas assez non plus. Pour exemple, pendant la foire de Bâle, le journal local consacre chaque jour quatre pages à ce que font les galeries bâloises comme événements spécifiques. La presse lausannoise, elle, néglige ce type de couverture totalement. Alice Pauli regrette ce manque d'intérêt des journaux.
00:44:04 – 00:44:34 (Séquence 29) : Alice Pauli parle de Lausanne et de l'ouverture à l'art contemporain des années 1980 qui s'étiole actuellement. Le Musée d'art contemporain de Pully avait drainé un public intéressé mais il était trop orienté sur New York et pas assez sur l'art européen. Elle blâme Monsieur Edelman pour ne pas avoir réussi cela et d'avoir fait de son musée une galerie typiquement new-yorkaise.
00:44:48 – 00:45:26 (Séquence 30) : Alice Pauli parle du manque d'émulation pour l'art contemporain. Elle prend l'exemple de la Suisse allemande où il est quasi traditionnel d'aller au musée. Ce n'est pas le cas ici où il manque des endroits pour se former le goût. Les gens vont dans les musées et les fondations mais pas ou peu dans les galeries. Ils ne s'intéressent pas à l'art en train de se faire.
00:45:41 – 00:46:16 (Séquence 31) : Alice Pauli donne ses conseils à un jeune galeriste qui voudrait se lancer. Plusieurs personnes les lui ont demandés récemment et il y en a deux auxquels elle croit beaucoup. Selon elle, ce sont les bons artistes qui font les bons galeristes et non l'inverse. La galerie doit être très exigeante dans ses choix et avoir suffisamment d'humilité pour reconnaître qu'un artiste trouvera toujours sa voie avec ou sans elle.
00:46:31 – 00:46:53 (Séquence 32) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Alice Pauli, galeriste, et tourné à Epalinges le 8 mai 2000.
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