Jean-Jacques Rapin (La musique, le pays)

  • français
  • 2001-06-01
  • Durée: 00:48:25

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Description

D'emblée, il évoque la haute figure d'Ernest Ansermet, dont la rencontre a illuminé sa vie. Formé à l'Ecole Normale, pépinière de tant de musiciens renommés (Eric Tappy, Jacques Pache, pour n'en citer que deux), il est chef de choeœur et il dirige entre autres l'Orchestre de Chambre de Lausanne avant d'être nommé directeur du Conservatoire. Il va vivre la renaissance de cette institution dans le nouveau bâtiment des Galeries du Commerce, et la doter, entre autres, d'un grand nombre de pianos de qualité. Parallèlement à son activité de musicien, Jean-Jacques Rapin mène une carrière militaire et se spécialise dans l'étude des fortifications. Son intérêt pour le général Dufour lui fait rencontrer un autre passionné de stratégie militaire, Jean-Jacques Langendorf, qui se trouve être aussi le "fils spirituel" d'Ansermet ! La musique, dit enfin Jean-Jacques Rapin, en conclusion de ce portrait d'une grande richesse, c'est une manière de dire merci.

00:00:00 – 00:00:24 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Jean-Jacques Rapin et tourné à Lausanne le 1er juin 2001. L'interlocuteur est Bertil Galland.
00:00:24 – 00:03:15 (Séquence 1) : Jean-Jacques Rapin a été marqué par sa rencontre avec Ernest Ansermet. Un homme qui a exercé une grande influence dans son pays. Leur première rencontre date de juin 1956, une date mémorable. Ernest Ansermet dirigeait le "Roi David" avec l'Orchestre de la Suisse romande et avec le Chœur des Jeunes de Charlet, dont il faisait partie. C'était un chœur composé principalement d'anciens élèves de l'Ecole Normale. Sa femme Marion chantait elle aussi et était enceinte de leurs fils Christophe. Ansermet donnait une dimension spirituelle aux œuvres. L'œuvre d'Honegger présentait deux aspects d'un passé vivant : Bach et la tradition biblique. Jean-Jacques Rapin était instituteur comme Eric Tappy et a enseigné l'histoire biblique.
00:03:15 – 00:06:36 (Séquence 2) : Jean-Jacques Rapin dit qu'après sa rencontre avec Ansermet, un feu intérieur s'est allumé en lui et qu'il a essayé de le communiquer dans son travail de directeur de chœur. Il avait dirigé l'Orchestre symphonique lausannois où jouait Charles Dutoit. Ils avaient joué le "Concerto pour deux trompettes" de Vivaldi. Pendant les répétitions, ils n'avaient pas les trompettes et c'était lui et Charles qui sifflaient leurs thèmes. Il a eu l'occasion de jouer au Théâtre du Jorat, alors que personne ne jouait dans ce théâtre. Il avait choisi "Orphée" de Glück, une de ses plus grandes œuvres à son avis. Une œuvre dramatique et intense mais entrecoupée de ballets. Il l'a ramenée à une œuvre plus condensée, à l'italienne. Ce travail avait besoin d'une caution : Ansermet. Il est allé chez lui à Rolle lui soumettre sa version. "Orphée" avait été interprété une première fois au Jorat, en 1914, avec Gustave Doret. Après avoir détaillé l'œuvre, Ansermet a approuvé son travail et a décidé de la donner lui-même. C'était sa première rencontre avec l'Orchestre de Chambre de Lausanne. Au Théâtre du Jorat, ils ont souffert du froid.
00:06:36 – 00:07:59 (Séquence 3) : Jean-Jacques Rapin a arrêté de diriger l'Orchestre de Chambre de Lausanne quand il a été appelé au Conservatoire de Lausanne. Il a joué une œuvre d'Ansermet, créée par René Morax et Gustave Doret en 1914. Il l'a jouée en mai 1968. Il y avait des préavis de grèves de Danielle Volle, Bernard Noël, acteurs français. L'œuvre a été jouée 24 fois, un succès considérable. L'œuvre se termine par un chœur "Le peuple des bergers", qui s'inscrivait bien dans cette époque de tensions et d'interrogations. Il était content de produire cette œuvre d'Ernest Ansermet et d'avoir reçu son encouragement.
00:08:00 – 00:09:21 (Séquence 4) : Jean-Jacques Rapin est né à Vevey, comme Ansermet. Son père était maître boulanger. En 1942, ils ont quitté Vevey pour Chailly-sur-Clarens. A Vevey, sa mère l'avait envoyé à un concert. Ils étaient pauvres et c'était un sacrifice. Un concert de Pablo Casals et Clara Haskil, la sonate Op. 69 de Beethoven et la troisième suite de Bach. Michel Rossier, récemment disparu, tournait les pages. La musique était donc entrée dans sa vie. A la maison, ils chantaient. A Chailly-sur-Clarens, ils ont eu un chœur merveilleux, le chœur de Mermoud.
00:09:22 – 00:10:40 (Séquence 5) : L'interviewer cite Ansermet, qui disait que le français avait des monosyllabes pour exprimer des choses élémentaires : pain, vin, sel. Jean-Jacques Jean-Jacques Rapin explique que sa famille est liée au pain, au blé et à la farine. Son grand-père était paysan à Corcelles-près-Payerne, deux de ses oncles étaient meuniers et son père boulanger. Il passait ses vacances à Corcelles, à la ferme. Il a eu un contact avec la nature, avec les éléments fondamentaux, exprimés par les monosyllabes d'Ansermet. L'interviewer rappelle qu'il aime travailler le bois, qu'il a construit l'armoire qui se trouve derrière lui. Jean-Jacques Rapin aime travailler le bois, comme le noyer ou le sapin.
00:10:42 – 00:12:38 (Séquence 6) : Jean-Jacques Rapin affirme que la région de Vevey et Montreux est extraordinaire. Il évoque un travail fait avec son interlocuteur, Bertil Galland. Au moment de la création de l'Encyclopédie vaudoise, Bertil Galland et lui-même voulaient placer sur une carte du Léman les artistes de la région de Vevey et Montreux. Ils ont dû renoncer tellement ils étaient nombreux. Il cite Kletzki à Clarens, Schuricht avec lequel il a chanté la neuvième Symphonie avec le Chœur de Chailly, une des plus grandes aventures de sa vie. Dans le chœur, il y avait des vignerons, le pasteur, le ramoneur, le boulanger, toute une communauté. Schuricht mettait les mots importants de Schiller en valeur. Le chœur était à l'image de cette région dans laquelle vivait madame Furtwängler. Cette dernière, comme madame Schuricht, a contribué à mettre en valeur l'œuvre de son mari.
00:12:40 – 00:14:19 (Séquence 7) : L'interviewer explique que certains des plus grands chefs d'orchestre européens ont interprété des musiques avec des habitants de villages suisses romands. Jean-Jacques Rapin dit que c'est effectivement un privilège inestimable, et que l'Ecole Normale a joué, dans ce sens, un rôle déterminant. C'était une sorte de conservatoire. Il a été pendant 18 ans maître à l'Ecole Normale, où la musique avait une part fondamentale. L'école a irrigué tout le pays. Avec des chants simples, populaires, ils ont créé un terreau musical. Ernest Ansermet l'a relevé en estimant que la création de l'Orchestre de la Suisse romande aurait été impossible sans ce terreau. A partir des œuvres simples, les gens sont ensuite amenés à connaître Mozart, Schumann. Jean-Jacques Rapin dit être frappé par le besoin de ces gens de cette dimension musicale. Il en va de sa responsabilité et de celle de ses collègues de faire en sorte qu'ils se rapprochent de ces œuvres musicales.
00:14:21 – 00:14:57 (Séquence 8) : Jean-Jacques Rapin dit que ce n'est pas rien de chanter dans l'Abbatiale de Payerne ou à Saint-Etienne de Moudon, l'église de Pierre de Savoie. Chanter les mots du Requiem de Schumann, "Jesu Christe rex domine", est quelque chose d'incroyable. Ceux qui l'ont chanté ont dit, sans en avoir conscience, les choses les plus fondamentales. Dans ces entretiens avec Garcin, Jacques Chessex parle de ces concerts de Moudon, de l'Abbatiale de Payerne, et de Vevey. Ces concerts apportaient une dimension incroyable dans la vie de tous les jours.
00:14:59 – 00:16:40 (Séquence 9) : Jean-Jacques Rapin dit avoir lutté avec l'interviewer, Bertil Galland, contre le démantèlement de l'Ecole Normale. Il est allé voir le Conseiller d'Etat Junod pour se plaindre de la situation. Marcel Regamey lui a conseillé de "donner un grand coup de cymbales". Aujourd'hui, le besoin de musique existe malgré le démantèlement de l'Ecole Normale. Il l'a mesuré lors de son mandat de directeur du Conservatoire. Il cite l'exemple d'un concert de l'Orchestre universitaire de Lausanne dirigé par Hervé Klopfenstein. Ils ont joué le Requiem de Dvořák, avec des chorales des environs de Lausanne.
00:16:42 – 00:18:25 (Séquence 10) : Jean-Jacques Rapin explique qu'il chantait dans le Chœur des Jeunes de Charlet. Le chœur se réunissait toutes les semaines à Lausanne. Il a eu un rôle important dans la vie musicale du village de Neyruz. Il était régent d'une classe de trois degrés, avec des enfants de 5 à 15 ans. Un privilège. Tappy a eu le même bonheur à Vich. Sa femme le remplaçait l'après-midi, parce qu'il allait au Conservatoire de Fribourg où il était l'élève d'Aloys Fornerod et Juliette Bise, qui a formé Corboz. En tant que régent, il était une personnalité dans le village, au même titre que le pasteur et le syndic. Il dirigeait aussi le chœur d'hommes du village où ils chantaient des choses simples aussi bien que du Schubert par exemple. La musique pratiquée est fondamentale.
00:18:28 – 00:19:11 (Séquence 11) : Jean-Jacques Rapin parle de ses cours avec Aloys Fornerod : des leçons privées merveilleuses. Il était directeur du Conservatoire de Fribourg. En dehors des cours, ils parlaient de Thomas Mann, de Mercanton de son livre "L'été des sept Dormants". Il était un maître au sens le plus élevé du terme.
00:19:14 – 00:22:13 (Séquence 12) : L'interviewer rappelle que 12000 amateurs se réunissaient dans les chorales du canton. Jean-Jacques Rapin pense que l'effet de stimulation est à l'origine de ce succès. Les moyens comme le cd, la radio et la télévision stimulent les directeurs, les responsables des chœurs et les chanteurs aussi. La Société cantonale des chanteurs vaudois a joué un rôle très important. Jean-Jacques Rapin a été membre de la commission et l'a aussi présidée. Ils ont mis sur pied un système pour étendre l'activité individuelle des directeurs sur le reste du canton, et donner ainsi la possibilité à des villages de participer à de grands concerts, comme le "Roi David". Ils ont créé des pôles, des ateliers, comme à Moudon où venaient les chanteurs de la région pour préparer un grand rassemblement. Jean-Jacques Rapin dit que c'était important pour lui de transmettre ce qu'il avait reçu d'Ansermet et de Schuricht. La transmission est fondamentale. Ils ont créé de grandes œuvres, comme la Messe de Martinu sous la direction de Charlet, le "Roi David" avec Corboz à Bellerive. Une possibilité de chanter des œuvres uniques. Ses collègues ont adhéré à ces projets. Ils ont néanmoins permis la coexistence des concours traditionnels et des ateliers.
00:22:17 – 00:24:09 (Séquence 13) : Jean-Jacques Rapin s'est inspiré de la stratégie d'Ernest Ansermet pour la mise en place de grands projets musicaux, surtout du plan d'Ansermet des années 1920 et 1930, qui est source d'inspiration encore aujourd'hui. La création, miraculeuse, de l'Orchestre de la Suisse romande en 1918 est aussi un exemple. Il y avait la grève, la grippe espagnole. Ernest Ansermet avait eu l'idée de réunir différents piliers financiers, comme les cantons, en donnant un concert à Monthey par exemple, ce qui n'est plus pensable aujourd'hui. La radio était aussi devenue un partenaire important. Il se souvient des "mercredis symphoniques", avec les propos de Franz Walter. Il dit avoir pris des notes depuis l'âge de 16 ans, sur des fiches insérées dans son livre de Sénéchaud "Concerts symphoniques". La radio était un instrument de culture extraordinaire, et Ansermet avait su l'exploiter.
00:24:13 – 00:24:55 (Séquence 14) : Jean-Jacques Rapin précise qu'il vient de signer un contrat avec la radio de cinq ans pour l'Orchestre de Chambre de Lausanne. Signe que l'orchestre est devenu un partenaire intéressant et actif. La télévision, avec le travail de madame Matea, et la radio sont des forces mises au service d'un idéal commun. L'interviewer explique que la radio était perçue comme un amuseur public, et qu'elle est devenue un instrument de rassemblement. Ernest Ansermet avait perçu le pouvoir de la radio de toucher la Romandie entière.
00:25:00 – 00:25:46 (Séquence 15) : Jean-Jacques Rapin explique qu'en 1942, Victor Desarzens avait créé l'Orchestre de Chambre de Lausanne. Le Docteur Fred Blanchot, président des Amis de l'Orchestre de la Suisse romande, n'était pas du tout d'accord. Ansermet avait accueilli favorablement l'idée et avait encouragé Desarzens, car le nouvel orchestre serait complémentaire au sien. C'est un exemple de la vertu d'Ansermet qui savait saisir les occasions.
00:25:51 – 00:27:23 (Séquence 16) : Jean-Jacques Rapin parle de son livre "A la découverte de la musique". Un livre qui a eu un grand succès. Après avoir quitté Neyruz en 1960, il avait un brevet de musique et est entré à Béthusy, au Collège classique cantonal où il y avait Georges Michaud. Il enseignait la musique à côté de ses amis Jacques Pache et Etienne Bettens. Au lieu de distribuer des papiers sur la Symphonie "Héroïque", ou sur la première de Brahms par exemple, il aurait fallu mettre à disposition des élèves une publication avec toutes ces informations. Jean Mottaz, premier basson avec Charles Dutoit dans l'orchestre, a joué un rôle important dans ce projet. Mottaz était comme Helmut Maucher de Nestlé, il avait pratiqué la musique pour inciter les autres à le faire. Ils ont travaillé ensemble sur cet ouvrage important. Il a connu 14 éditions et a été traduit en plusieurs langues. Il est réédité, ce qui prouve qu'il y a un besoin de s'approcher des œuvres musicales.
00:27:28 – 00:29:13 (Séquence 17) : Jean-Jacques Rapin parle de Bach. Durant ses 27 ans de direction à l'Abbatiale de Payerne et à Saint Etienne de Moudon, dans la Broye, il a presque toujours mis Bach dans le programme, des Cantates, des Concertos aussi, ainsi que Schumann et Brahms. Lors de l'ouverture de l'Académie de Savoie, il a donné un exposé intitulé "Humanisme et musique". Il est parti de Bach et de l'Aria de la troisième suite. L'Aria est une pièce extraordinaire. Il siffle la mélodie des violons et il chante ensuite la ligne des basses, qui représente une marche. La Philharmonique de Berlin l'avait jouée lors de la mort de Furtwängler à Heidelberg. Elle l'avait jouée sans chef. Dans cette œuvre l’infini est exprimé.
00:29:19 – 00:32:08 (Séquence 18) : Jean-Jacques Rapin dit être un peu atypique dans son domaine. Il était à la fois directeur d'orchestre et capitaine de l'armée suisse. Il avait un collègue, Volkmar Andreae, qui était chef de l'Orchestre de la Tonhalle et colonel d'infanterie. Il n'avait pas envie de faire une carrière militaire, au moment de l'école de recrue. Il a demandé à monsieur Zeissig, directeur de l'Ecole Normale, une attestation pour éviter de faire l'école de sous-officier. Le directeur n'a pas accepté. Il n'a pas regretté son expérience dans l'armée car elle a été un enrichissement. Il a commandé pendant 17 ans, toujours en forteresse. En mai 1968, il avait dirigé "Tell" au Théâtre du Jorat. L'œuvre était longue et après il rentrait à Lausanne pour dormir quelques heures, avant d'être à six heures du matin à la diane à Champex. Une autre fois, il a dirigé le Requiem de Mozart, avec le Concerto de clarinette, joué par Kemblinsky, alors qu'il était commandant à Saint-Maurice. Il explique que c'est un privilège de faire deux activités, comme Ernest Ansermet qui écrivait. La deuxième activité devient un repos pour l'esprit.
00:32:14 – 00:34:00 (Séquence 19) : L'interviewer demande à Jean-Jacques Rapin pourquoi il est devenu capitaine de fortification. Il répond que, dans la vie, il n'y a pas de hasard. Les événements portent un dynamisme interne. Commandant à Champex, il était préoccupé par le manque de renseignements sur les systèmes de fortifications qui l'entouraient. La ligne Maginot avait cessé son activité. De service à Savatan, il a lu un livre du Commandant Rodolphe. Il a proposé au Colonel Lebet, directeur d'une horlogerie du Sentier, de retrouver Rodolphe qui avait été comandant en Alsace dans la ligne Maginot. Ainsi est née l'Association de Saint-Maurice pour la recherche de documents sur la forteresse. Ils ont retrouvé la veuve de Rodolphe et les anciens commandants de la ligne Maginot. Il a fait 14 voyages d'études à l'étranger et édité une dizaine de livres sur le sujet, à partir des Dolomites en Italie, de l'Allemagne et de la France par exemple. Même si ce travail, venu d'un musicien, peut paraître curieux, Jean-Jacques Rapin le voyait comme un devoir. L'insigne de l'association est une croix avec le mot "Servir".
00:34:07 – 00:34:51 (Séquence 20) : Jean-Jacques Rapin explique que, lors d'un voyage pour ses recherches sur les fortifications, il a rencontré le descendant de Vauban, le comte de Vibraye, propriétaire de Bazoches. C'est impossible aujourd'hui de visiter la maison de La Fontaine, de Pascal, de Corneille et de Racine, mais on peut entrer chez Vauban, qui était leur contemporain et un des plus grands esprits de Louis XIV. Il avait osé dire au Roi qu'il fallait rétablir l'Edit de Nantes. Vauban a alimenté leurs réflexions sur les fortifications. L'interviewer ajoute que ceci apporte une dimension européenne et architecturale.
00:34:58 – 00:36:40 (Séquence 21) : Jean-Jacques Rapin parle de sa redécouverte du Général Dufour. Denis Weidmann, archéologue du canton de Vaud, faisait des études préalables pour la construction des galeries pour l'autoroute près de Saint-Maurice. Il a souligné le patrimoine de cette région : la fortification de la colline de Chiètres. Jean-Jacques Rapin avait déjà écrit des articles à ce sujet car s'y trouvait la plus grande fortification de l'époque de Dufour restée en Suisse. Weidmannn a fait en sorte que les fortifications soient préservées. Jean Jacques Rapin a organisé les éclairages du pont du XVe siècle, du Château, de la Tour Dufour et de l'ensemble des fortifications. Une manière de rappeler l'importance de Dufour, l'homme du Sonderbund qui, avec une grande humanité, fût l'un des deux fondateurs de la Croix-Rouge. Il a évité à la Suisse un bain de sang. Alfred Berchtold a souligné la grandeur de Dufour, dans son livre "La Suisse romande au cap du XXe siècle".
00:36:47 – 00:38:51 (Séquence 22) : Jean-Jacques Rapin explique qu'il a collaboré avec l'Ecole polytechnique de Zurich et l'Ecole militaire dans le cadre de ses recherches sur les fortifications, et de ses voyages en Belgique et en France. Il a demandé à son ami, le professeur Schaufelberger, s'il y avait possibilité de créer une chaire d'histoire militaire à Genève ou à Lausanne. Il a rencontré Jean-Claude Favez qui est devenu un ami. Le jour avant l'inauguration des éclairages de Saint-Maurice, Favez l'a invité à une conférence universitaire à Genève et il lui a présenté Langendorf. Il avait entendu parler de Langendorf par Anne Ansermet. Il avait rencontré cette dernière dans le cadre d'une exposition qui avait fait le tour du monde. Ils sont devenus amis. Après l'intervention de madame Leïla el-Wakil sur l'architecture de Dufour à Genève, l'intervention de Jean-Jacques Rapin n'a pas plu à tout le monde. Langendorf l'a fermement défendu. L'interviewer rappelle que Langendorf est le fils spirituel d'Ansermet.
00:38:59 – 00:40:42 (Séquence 23) : En janvier 1984, Jean-Jacques Rapin a été nommé directeur du Conservatoire de Lausanne. Il avait commencé dans l'ancien bâtiment qui avait abrité de grands hommes : Ernest Ansermet, Alfred Cortot, Paul Kletzki. Il y avait un manque d'espace et d'instruments. Avant sa nomination, il avait fait part à Anken de sa volonté d'abandonner le concours, mais celui-ci l'a convaincu de rester car ils avaient besoin de quelqu'un pour construire un nouveau conservatoire. Le nouveau bâtiment devait se construire sur Montbenon. Le concours avait été gagné par Longchamps et Froidevaux, architectes. Dans le cadre d'un autre travail de construction, Marx Lévy, directeur des travaux, voulait préserver les Galeries du Commerce, un bâtiment Jugendstil de 1909 de 104 mètres de long que les PTT voulaient transformer en bunker, en centre de télécommunications. Au Conseil communal de Lausanne, il y a eu virement des positions. Les PTT sont allés à Montbenon, et le Conservatoire a hérité du bâtiment des Galeries.
00:40:50 – 00:42:39 (Séquence 24) : Jean-Jacques Rapin explique que le président de la Commission de construction du nouveau conservatoire était Jean-Jacques Schilt auquel il rend hommage. Derrière lui, il y avait Pierre Cevey, Conseiller d'Etat au Département de l'instruction publique. Cevey pratiquait la musique, il jouait du piano et chantait des chants de jeunesse pour sa mère, les samedis matin. Avec lui, ils ont dû convaincre les architectes pour le changement des bâtiments. Les architectes ont joué un rôle admirable. Ils ont magnifié le bâtiment. Ils ont été fidèles à l'esprit du bâtiment sans en être prisonniers. Dans l'entrée, ils ont enlevé le plafond pour avoir plus d'espace. Le sentiment de grandeur ainsi créé a été remarqué par Menuhin, Rolf Liebermann, Pierre Arnold. Grâce à une bonne information du public, du Grand Conseil et du Conseil communal, la votation finale a été acceptée à l'unanimité. Il avait fait venir, dans la galerie du public du Grand Conseil, cinq trompettes qui ont joué Bach à l'annonce du résultat de la votation.
00:42:47 – 00:43:59 (Séquence 25) : Jean-Jacques Rapin explique que, dans les 35 millions dépensés pour le bâtiment du nouveau conservatoire, ils avaient accepté qu'il y ait trois millions et demi d'équipements, ce qui était révolutionnaire. D'où les nombreux voyages à Hambourg. Ils ont acheté 76 pianos, Steinway. Jean-Jacques Rapin y est allé avec Christian Favre, Jean-François Antonioli, Monsieur Morin accordeur, Jean-Jacques Schilt et Pierre Cevey. Il cite Goethe qui disait que "l'excellence est à peine suffisante pour l'éducation des enfants". L'innovation a été d'avoir deux pianos, un pour l'enseignant et un pour l'élève, comme chez Christian Favre.
00:44:08 – 00:45:40 (Séquence 26) : Jean-Jacques Rapin explique qu'en tant que directeur, il n'a jamais assisté à une leçon du Conservatoire. Il le considère comme une vertu militaire : la délégation des compétences. Par contre, il a présidé tous les examens ainsi que les auditions. Il a eu la même attitude quand il était directeur de l'Orchestre de Chambre : il n'est jamais allé à la commission musicale. Les sphères respectives doivent être respectées. Rares ont été les fois où des enseignants ont abusé de sa confiance. L'ouverture envers autrui est largement payante.
00:45:50 – 00:47:36 (Séquence 27) : Jean-Jacques Rapin dit que la rencontre avec Schumann est des plus grandes qu'on puisse avoir dans la vie. Il avait lu le livre de Brion, dont la bibliothèque de 12000 volumes est arrivée au Conservatoire de Lausanne, avant d'aller à Champittet. Il cite ses lectures : Gustave Roud, Albert Béguin, "L'art romantique et le rêve", Rilke, Hölderlin, Novalis. Gustave Roud venait au cimetière de Neyruz, comme il le dit dans son journal. Pour lui rendre hommage, il a donné la "Symphonie inachevée" de Schubert, un Choral de Bach, le Requiem de Schumann. Chez Schumann, il y a une approche du mystère du requiem qui est unique. Chessex l'a très bien exprimé dans ses entretiens. Une manière pour lui de dire merci à la région, à la Broye, à Saint-Etienne. Au milieu du concert avec une Cantate de Bach, il y a une transcendance qui intervient.
00:47:47 – 00:48:14 (Séquence 28) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Jean-Jacques Rapin et tourné à Lausanne le 1er juin 2001.
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