Laszlo Nagy (Journaliste, écrivain)
- français
- 2004-06-21
- Durée: 00:47:03
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Description
En 1947, Laszlo Nagy a 26 ans. Atteint de tuberculose, il quitte Budapest pour la Suisse et rejoint Leysin alors haut lieu de cure, il y reviendra à trois reprises. Malgré ses trois handicaps majeurs : la maladie, la pauvreté et l'exil, L. Nagy possède une force intérieure qui lui permet un regard positif. Dans sa vie, les rencontres seront déterminantes : Jacques Freymond lui offre une bourse d'études, Pierre Béguin, rédacteur en chef de La Gazette de Lausanne, lui propose le poste de grand reporter qui l'enverra en Afrique à l'heure de l'indépendance des jeunes nations. Puis il devient Secrétaire général du Mouvement scout international ; durant 21 ans, il sillonnera le monde entier et rencontrera nombre de chefs d'Etat. Laszlo Nagy n'a pas de talent pour la retraite, ce n'est qu'à 76 ans qu'il quitte le monde professionnel pour retourner à l'écriture, passion qui ne l'a jamais quitté.
00:00:00 – 00:00:12 (Séquence 0) : Générique de début du film de Plans-Fixes consacré à László Nagy et tourné à Genève le 21 juin 2004. L'interlocteur est Blaise Angel.
00:00:12 – 00:00:47 (Séquence 1) : L'interlocuteur, Blaise Angel, lit un passage d'un texte de László Nagy citant Ady, le poète hongrois, dans son livre le plus récent, "L'art de rebondir". László Nagy explique qu'il a reçu un des ouvrages du poète pour ses 80 ans et que cette citation est une bonne fin pour un livre. Blaise Angel lui demande alors où il souhaiterait être enterré et László Nagy répond que la Suisse lui semble une évidence.
00:00:48 – 00:00:59 (Séquence 2) : Générique de début du film de Plans-Fixes consacré à László Nagy et tourné à Genève le 21 juin 2004. L'interlocteur est Blaise Angel.
00:01:00 – 00:03:08 (Séquence 3) : Blaise Angel explique que László Nagy a émigré de Hongrie : il a pris le train de Budapest le 28 janvier 1947. Il avait alors 26 ans et était malade, son séjour en Suisse avait pour but de le soigner. László Nagy avait la tuberculose, une maladie honteuse et grave un peu comme le sida est considéré aujourd'hui. A l'époque on la pensait inguérissable. Laszlo Nagy explique ce que l’on ressent d'avoir 26 ans et d'apprendre qu'on a une maladie quasi incurable et qu'on va devoir quitter le pays. Quand il est parti se soigner, il a pensé ne jamais revoir sa mère et était très ému, car son état était très grave. Son départ en Suisse était un saut vers l'inconnu. Il a quitté la Hongrie sans regret car le pays était dévasté par la guerre. Budapest était en ruines et occupée par les Soviétiques.
00:03:10 – 00:04:10 (Séquence 4) : László Nagy décrit la Suisse qu'il a découverte à son arrivée, en 1947, avec son regard de Hongrois. Il a traversé l'Europe dévastée, lors d'un trajet en train de 20 heures, dont il retient surtout l'obscurité des gares et le froid, par manque de chauffage. Il est arrivé à Zurich et a été choqué de voir les maisons intactes, les gens bien habillés, les rues éclairées, les vitrines remplies de victuailles et de chocolat.
00:04:13 – 00:06:24 (Séquence 5) : László Nagy raconte son arrivée à Leysin, lieu de traitement de la tuberculose, en 1947. Le village était encore un lieu de la montagne magique, selon la citation de Thomas Mann, c'est-à-dire un endroit mythique pour traiter la maladie : sur les 6000 habitants, il y avait 4000 malades faisant l'âge d'or de la station. László Nagy parle d'une industrie hôtelière et hospitalière. Le seul traitement était "la cure", soit une exposition sur les balcons de la station par tous les temps. Les médecins n'étaient donc pas très utiles, mais ils pratiquaient de nombreuses scopies, qui ont en fait irradié les patients, sans qu'on le L'ambiance du sanatorium était magique puisque les patients s'habillaient encore pour dîner le soir, les repas étaient copieux, le vin et les cigarettes étaient autorisés, car on n'en connaissait pas encore les méfaits. Il a vécu une vie assez luxueuse, tant qu'il a pu tenir matériellement.
00:06:28 – 00:07:28 (Séquence 6) : László Nagy explique comment il a pu se payer son séjour dans un sanatorium suisse, en venant de Hongrie. Il avait reçu 3000 francs de son employeur. L’argent a vite fondu avec l'hôtel et le traitement médical qui coûtaient 36 francs par jour. Par la suite, il a dû aller dans un établissement moins cher : 11 francs tout compris. Au final, il a épuisé ses économies.
00:07:32 – 00:08:45 (Séquence 7) : László Nagy raconte sa vie en Hongrie, où il était journaliste et chef de la presse d'un parti politique local. Il avait un doctorat en sciences politiques et en droit, qui une fois en Suisse, ne valait plus rien. Professionnellement, sa situation était sans espoir alors qu'en Hongrie, comme son parti était majoritaire, il vivait bien et avait même accès à une voiture, même si les temps étaient durs, du fait de l'occupation soviétique.
00:08:50 – 00:09:17 (Séquence 8) : László Nagy parle de son rapport à la mort pendant sa maladie : il en a surtout eu conscience pendant son deuxième, puis son troisième séjour en sanatorium, quand il a rechuté et été opéré. Pendant sa convalescence, il a beaucoup lu, appris le français et l'anglais.
00:09:22 – 00:10:10 (Séquence 9) : László Nagy commente son aptitude à transformer le négatif en énergie positive : son secret consiste à savoir gérer le malheur. En ce qui le concerne, il s'agissait de la maladie, la pauvreté et l'exil.
00:10:16 – 00:13:07 (Séquence 10) : László Nagy raconte comment le manque d'argent l'a forcé à quitter Leysin alors que son état de santé restait instable : il n'a pas été déclaré définitivement guéri. Les médecins ont affirmé qu'il pouvait tenter d'avoir une vie au ralenti. Etant dans un pays étranger, il obtient alors 300 francs de Mme Jeanneret, la femme du directeur de l'hôtel et médecin-chef du sanatorium. Il arrive à Genève et trouve une chambre à 160 francs : il lui fallait trouver de l'argent. Il a tout essayé : les organisations caritatives, l'université, mais il n'avait pas de plan de ce qu'il allait faire. László Nagy avait un permis de séjour à Leysin qui devait durer un certain temps, mais ne se prolongeait qu'en raison de sa mauvaise santé. Son médecin a accepté de ne pas dire qu'il partait de Leysin, pour qu'il garde son permis. Laszlo Nagy a dû trouver de quoi gagner sa vie : il a trouvé un petit travail à l'association des amis des Sociétés des Nations. Comme cette association venait de léguer sa bibliothèque aux Nations Unies et qu’il fallait faire une sélection, ce fut donc son travail, payé 50 francs par jour. Cela a duré quelques mois.
00:13:14 – 00:14:11 (Séquence 11) : Blaise Angel demande à Laszlo Nagy de raconter sa rechute au moment où sa situation semblait se normaliser. László Nagy réplique que pendant cette période, il essayait de survivre et a été obligé de s'inscrire à l'université car la loi suisse sur les requérants d'asile refusait les étrangers sauf les vieillards, les malades et les étudiants. Il s'est donc immatriculé le 20 novembre 1948 et a travaillé comme plongeur en échange d'un repas quotidien. C'est par petits bouts qu'il a donc pu survivre.
00:14:18 – 00:14:57 (Séquence 12) : Blaise Angel explique que László Nagy a passé progressivement une licence de sociologie mais a dû retourner à Leysin à cause d'une rechute. László Nagy renchérit en disant que son bonheur à Genève n'a duré que peu de temps : entre 1948 et 1950. Sa rechute était assez grave et son médecin traitant, le docteur [ Miège ], lui a demandé de revenir à Leysin. Officiellement, il était toujours résident du sanatorium et a donc été admis sans problème.
00:15:04 – 00:16:23 (Séquence 13) : László Nagy parle de son deuxième séjour à Leysin, où il reste cette fois une année, dans une pension peu chère. Il apprend alors que des amis ont créé à Munich une Radio Free Europe, qui émettait pour les pays derrière le rideau de fer et qui cherchait des journalistes. László Nagy voulait se déplacer jusqu'à Munich, mais quand il a demandé son titre de voyage aux autorités suisses, on lui a demandé de signer une attestation comme quoi il ne reviendrait jamais en Suisse. Il devait donc renoncer à son droit d'asile, ce qu'il a fait.
00:16:30 – 00:17:26 (Séquence 14) : László Nagy parle de son séjour de trois ans à Munich, où il travaillait à la radio Free Europe. Son émission était en cinq langues, financée de manière privée par les Américains, ce qui permettait une grande liberté. László Nagy a appris, par la suite, que la radio était cependant un peu financée par des fonds publics. Il travaillait donc comme journaliste, avec un bon salaire. Il a été envoyé comme correspondant à Bruxelles, notamment car l'idée de l'Europe était déjà en marche et les Belges voulaient déjà faire de Bruxelles la capitale de l'Europe.
00:17:34 – 00:17:53 (Séquence 15) : László Nagy parle de son séjour à Bruxelles, qui l'a arrangé puisque la Belgique était plutôt généreuse quant aux papiers. Il a pu ainsi remplacer son titre de voyage suisse par un belge.
00:18:02 – 00:19:11 (Séquence 16) : László Nagy parle de sa rechute de la tuberculose. Il est retourné à Leysin en 1954. Il souhaitait rester en Belgique, où il s'était fait beaucoup d'amis et où la vie des requérants d'asile était plus facile, sans compter qu'en Suisse, il aurait vraiment dû résoudre son problème de passeport et qu'il avait des difficultés d'ordre politique avec la radio. Or, son médecin a décidé de le faire rentrer en Suisse, en raison de sa santé. Comme il avait un titre de voyage belge, cela n'a pas posé de problème pour les autorités suisses.
00:19:21 – 00:21:29 (Séquence 17) : László Nagy parle de son troisième séjour de santé à Leysin où il était dans un sanatorium universitaire. Il a donc continué à étudier sans trop se préoccuper de l'avenir : il a beaucoup lu et préparé ses examens de licence avec Monsieur Piaget. Or, son état était si grave que les médecins ont opté pour une thoracoplastie, ce qui l'a privé d'une partie de son énergie. Pendant sa convalescence, ses amis du sanatorium lui ont suggéré de régulariser sa situation avec les autorités suisses : il a donc écrit une lettre très diplomatique à Berne et, 15 jours plus tard, sa situation était régularisée et il avait un permis C. Laszlo Nagy évoque l'amélioration de sa santé en parallèle à l'apparition de nouveaux traitements tels que la Streptomycine. Dès lors, le mythe d'une tuberculose incurable s'est effondré ce qui a entraîné la fin des sanatoriums.
00:21:39 – 00:22:53 (Séquence 18) : László Nagy évoque sa rencontre en 1960 avec Jacques Frémont, professeur à l'Université de Lausanne et directeur de l'Institut universitaire de hautes études internationales. Jacques Frémont avait donné une conférence sur la Yougoslavie et les dissidences communistes, et le dialogue avec les étudiants s'était poursuivi le lendemain. Jacques Frémont s'est même rendu chez László Nagy pour discuter et lui demander quels étaient ses projets. Il lui a offert une bourse de recherche de 500 francs, une somme énorme pour László Nagy à l'époque, ceci, afin que László Nagy travaille sur son livre sur les élites communistes dont il lui avait parlé.
00:23:04 – 00:24:44 (Séquence 19) : László Nagy parle de son intérêt pour le sujet des élites communistes, qu'il explique par son étude, pendant sa licence avec Piaget d'un ouvrage sur la circulation des élites en France au XVIe siècle. Il a donc eu l'idée de faire une étude de ce type à l'époque actuelle. Piaget lui ayant fait résumer le traité de sociologie de Pareto, soit 1600 pages, il était armé pour aborder le sujet des élites. Il a donc écrit un ouvrage, publié grâce à Jacques Frémont. En outre, comme ses papiers étaient en règle, du fait de son statut d'étudiant, il a commencé à placer des articles comme pigiste au "Journal de Genève" et à la "Gazette de Lausanne", une fois par mois, pour 40 francs. L'écriture était une vraie passion pour László Nagy. Il a toujours écrit et même un livre sur le siège de Budapest.
00:24:55 – 00:25:51 (Séquence 20) : László Nagy parle de l'amélioration de sa situation : ses papiers étaient en ordre, il a obtenu une bourse et on l'a déclaré guéri. Il descend en avril 1956 à Genève, où il a une chambre de bonne, grâce à des amis. Il s'est mis à écrire de plus en plus d'articles, puisque la situation dans les pays de l'Est cette année-là s'est dégradée.
00:26:03 – 00:26:55 (Séquence 21) : László Nagy parle de son mariage en 1957 avec Monique Cuendet, une Suisse. Il commente la question de son identité – suisse ou hongroise – par rapport à la révolution hongroise de 1956, qui a permis de revaloriser la position des réfugiés. Leurs diplômes ont été reconnus, des bourses et des logements leur ont été donnés. Pour László Nagy, cela lui a permis de penser au mariage, puisqu'avant, il n'avait pas de situation à proprement parler. Il s'est donc marié pour avoir des enfants en étant encore jeune.
00:27:07 – 00:27:29 (Séquence 22) : László Nagy parle de son sentiment identitaire, au moment où il est retourné pour la première fois en Hongrie, en 1956. Il se sentait alors suisse, car il était très pessimiste à l'égard de la Hongrie sous le joug soviétique.
00:27:42 – 00:30:20 (Séquence 23) : László Nagy parle de sa rencontre avec Pierre Béguin, rédacteur en chef de la "Gazette de Lausanne", son maître spirituel. Pierre Béguin avait lu les articles de László Nagy sur les événements hongrois de 1956, pour lesquels il était rentré en Hongrie. Il avait fait huit reportages pour le "Journal de Genève". Pierre Béguin a donc voulu l'engager, notamment pour être correspondant en Allemagne à Bonn, ce que László Nagy a refusé. Il était prêt néanmoins à retourner à Munich pour consulter le centre de documentation de la Radio Free Europe. Pierre Béguin a accepté mais il fallait partir le 29 août, soit le lendemain de son mariage : au lieu de s'installer à Genève, le couple s'est installé à Munich. Ils y sont restés deux ans. László Nagy a été rappelé à la Gazette en raison de la diminution de l'actualité des pays de l'Est en faveur de celle de l'Afrique. Or à la Gazette, c'était Charles-Henri Favrod le spécialiste de l'Afrique : ils se sont donc divisé le continent en deux. Charles-Henri Favrod a donc traité le Maghreb et László Nagy, l'Afrique noire. C'était en 1960 si bien qu'à son premier voyage, László Nagy a assisté à une cinquantaine de fêtes d'indépendance.
00:30:34 – 00:31:26 (Séquence 24) : László Nagy parle de l'Afrique des années 1960 pendant le mouvement des indépendances. Il décrit l'utopie d'avoir un continent riche, mais ruiné par la colonisation. Les réactionnaires pensaient que les Africains ne feraient jamais rien. Ainsi, les gens se rendant en Afrique y allaient avec des préjugés. Il est parti sans préjugés, a écrit un livre et a fait 30 ou 40 voyages d'études de plusieurs semaines. Il dit avoir beaucoup aimé l'Afrique mais était très pessimiste en ce qui concerne l'issue. Il n'avait cependant jamais envisagé que la situation serait si confuse.
00:31:40 – 00:32:15 (Séquence 25) : László Nagy parle de son métier de reporter, qui lui a permis de beaucoup voyager. Il est revenu pourtant en Suisse plus rapidement que prévu et a été chargé de couvrir l'Afrique par la "Gazette de Lausanne". Il a également enquêté dans différents pays comme l'Asie, l'Amérique, entre autres, comme grand reporter. Il passait par exemple trois semaines dans un pays, rentrait et publiait cinq articles dans la gazette.
00:32:29 – 00:32:44 (Séquence 26) : Laszlo Nagy évoque ses deux activités principales : une, professionnelle et l'autre, universitaire. Il a d'ailleurs écrit un livre sur les élites communistes, un travail de recherche financé par une bourse. Or avec les événements de 1956 et son départ imminent pour Munich, il avait moins de temps à consacrer à cette étude. Jacques Frémont lui a alors permis de délaisser quelque peu ce travail pour se consacrer au plus important.
00:32:59 – 00:34:32 (Séquence 27) : László Nagy évoque sa double carrière, académique et journalistique, et la conception du journalisme qu'il suivait, à savoir celle de Pierre Béguin : l'esprit Gazette. Cet esprit comprenait le ton, la longueur, ou encore le titre de l'article et s'acquérait en six mois. László Nagy décrit Pierre Béguin comme une fine plume et un homme cultivé, musicien et très patriote, contre-fédéraliste et pro-Européen. Pierre Béguin sera remercié en 1964 – 1965, quand László Nagy est parti du journal.
00:34:48 – 00:36:43 (Séquence 28) : László Nagy raconte la façon dont la Fondation Ford a demandé à l'Institut, en tant qu'Institute scientifique et indépendant, de faire une étude dans le monde sur la crise de la jeunesse et le mouvement scout. Monsieur Frémont a forcé László Nagy à faire l'étude lui-même, ce qui lui a pris deux ans. Il a eu congé pendant ce temps-là et quand il est revenu, Monsieur Béguin a été licencié au moment même où on a proposé à László Nagy de mettre en pratique les recommandations de son étude. Ces recommandations consistaient en une "désentimentalisassions" du scoutisme, en la professionnalisant et la décentralisant de son organisation, en des transformations du programme pour que les jeunes s'investissent dans la construction de la nation. László Nagy prônait donc un scoutisme fidèle à ses propres traditions mais moderne et utile. Il souhaitait également que tant les parents que l'école et l'Eglise laissent les enfants être scouts.
00:36:59 – 00:37:45 (Séquence 29) : László Nagy explique les conséquences de son étude sur la jeunesse : il avait fait 70 recommandations pour le scoutisme et il a accepté de les mettre en pratique, une erreur selon lui. Finalement, il pense avoir réussi à 80 - 90 %. Il est donc devenu secrétaire général du mouvement scout à cette époque : il pensait rester un an maximum, mais finalement cela a duré 21 ans.
00:38:01 – 00:39:24 (Séquence 30) : László Nagy parle de ses voyages : il a visité 123 pays dans le cadre du scoutisme. Il a également rencontré nombre de personnalités : Mohammed VI, Paul VI et Carl Gustav de Suède. Ce dernier a eu un rôle important, notamment en ce qui concerne la création d'un fond de financement du scoutisme, dont il a été l'emblème et le président. Le roi était en effet d'une honnêteté incontestée et un scout exemplaire, et son père était membre du comité mondial du scoutisme.
00:39:41 – 00:41:51 (Séquence 31) : László Nagy parle de sa reconversion inconsciente en chercheur de fonds pour le mouvement scout : Blaise Angel le décrit alors comme un mendiant de luxe. László Nagy explique qu'il est parti avec des idées fausses sur ce qu'impliquait la recherche de fonds, notamment parce que dans sa vie professionnelle, l'argent venait quasi de lui-même ou pas du tout. Or, le scoutisme est un mouvement bénévole qui n'accepte pas de fonds publics et fonctionne notamment avec les cotisations des jeunes. Il relève l'importance - outre le symbole - de ces cotisations puisque, quand il a commencé, il y avait huit millions de membres et 16 millions quand il est parti. Or, même si cela faisait beaucoup d'argent, le mouvement avait besoin de plus et il ne savait pas du tout comment faire pour en récolter. Il relève la façon de faire très efficace des Américains à ce sujet et les règles qui en ont découlé : on ne donne pas pour une cause mais pour une personne et, qu'on récolte 10 francs ou 1000 francs, c'est le même travail d'administration. C'est donc tout un art que László Nagy a appris à maîtriser au fil des ans, notamment en lisant beaucoup et en se mettant en rapport avec des "fundraisers" professionnels américains sur place. Chaque année pendant cinq ans, il a fait une tournée de récolte de trois semaines et récoltait ainsi 500000 francs.
00:42:09 – 00:44:24 (Séquence 32) : László Nagy parle de sa retraite, avec laquelle il a de la peine. Par exemple, il ne l'a pas prise à 65 ans sous prétexte qu'on n'avait pas encore trouvé de successeur. Il a donc quitté le mouvement scout à 67 ans. Mais rapidement, il a réalisé qu'il n'avait aucun talent pour l'inactivité et c'est alors qu'il a rencontré Klaus Jacobs, créateur d'une fondation finançant les études académiques sur les problèmes de la jeunesse. Klaus Jacobs voulait engager László Nagy mais pensait que ce dernier tenait à sa retraite : il lui a proposé un temps partiel. László Nagy est rapidement revenu à un temps plein. László Nagy parle de son engagement à la présidence de la fondation Jacobs, qu'il quitte à 76 ans, pour ne pas faire de vagues parmi les autres retraités. Il ne s'arrête pas pour autant puisqu'il se remet à écrire. Il a publié depuis trois livres
00:44:43 – 00:45:16 (Séquence 33) : László Nagy commente la mondialisation qu'il trouve inéluctable : il prône non pas d'essayer de l'empêcher, mais de tenter de lutter sur la façon dont elle se déroule. Il n'a donc pas d'idée fixe sur le phénomène, même s'il estime qu'elle pourrait être utile, voire indispensable.
00:45:36 – 00:46:13 (Séquence 34) : László Nagy donne son message au futur spectateur de son Plans-Fixes. Il relève que ce spectateur se lamentera peut-être sur sa folie d'avoir travaillé énormément pendant 60 ans, 10 heures par jour, alors que maintenant on travaille 35 heures par semaine et on arrête à 55 ans. Il ne condamne personne, mais note la contradiction de vouloir travailler moins et gagner plus. Il conclut qu'il a été heureux.
00:46:33 – 00:46:42 (Séquence 35) : Générique de fin du film de Plans-Fixes consacré à László Nagy et tourné à Genève le 21 juin 2004.
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00:00:00 – 00:00:12 (Séquence 0) : Générique de début du film de Plans-Fixes consacré à László Nagy et tourné à Genève le 21 juin 2004. L'interlocteur est Blaise Angel.
00:00:12 – 00:00:47 (Séquence 1) : L'interlocuteur, Blaise Angel, lit un passage d'un texte de László Nagy citant Ady, le poète hongrois, dans son livre le plus récent, "L'art de rebondir". László Nagy explique qu'il a reçu un des ouvrages du poète pour ses 80 ans et que cette citation est une bonne fin pour un livre. Blaise Angel lui demande alors où il souhaiterait être enterré et László Nagy répond que la Suisse lui semble une évidence.
00:00:48 – 00:00:59 (Séquence 2) : Générique de début du film de Plans-Fixes consacré à László Nagy et tourné à Genève le 21 juin 2004. L'interlocteur est Blaise Angel.
00:01:00 – 00:03:08 (Séquence 3) : Blaise Angel explique que László Nagy a émigré de Hongrie : il a pris le train de Budapest le 28 janvier 1947. Il avait alors 26 ans et était malade, son séjour en Suisse avait pour but de le soigner. László Nagy avait la tuberculose, une maladie honteuse et grave un peu comme le sida est considéré aujourd'hui. A l'époque on la pensait inguérissable. Laszlo Nagy explique ce que l’on ressent d'avoir 26 ans et d'apprendre qu'on a une maladie quasi incurable et qu'on va devoir quitter le pays. Quand il est parti se soigner, il a pensé ne jamais revoir sa mère et était très ému, car son état était très grave. Son départ en Suisse était un saut vers l'inconnu. Il a quitté la Hongrie sans regret car le pays était dévasté par la guerre. Budapest était en ruines et occupée par les Soviétiques.
00:03:10 – 00:04:10 (Séquence 4) : László Nagy décrit la Suisse qu'il a découverte à son arrivée, en 1947, avec son regard de Hongrois. Il a traversé l'Europe dévastée, lors d'un trajet en train de 20 heures, dont il retient surtout l'obscurité des gares et le froid, par manque de chauffage. Il est arrivé à Zurich et a été choqué de voir les maisons intactes, les gens bien habillés, les rues éclairées, les vitrines remplies de victuailles et de chocolat.
00:04:13 – 00:06:24 (Séquence 5) : László Nagy raconte son arrivée à Leysin, lieu de traitement de la tuberculose, en 1947. Le village était encore un lieu de la montagne magique, selon la citation de Thomas Mann, c'est-à-dire un endroit mythique pour traiter la maladie : sur les 6000 habitants, il y avait 4000 malades faisant l'âge d'or de la station. László Nagy parle d'une industrie hôtelière et hospitalière. Le seul traitement était "la cure", soit une exposition sur les balcons de la station par tous les temps. Les médecins n'étaient donc pas très utiles, mais ils pratiquaient de nombreuses scopies, qui ont en fait irradié les patients, sans qu'on le L'ambiance du sanatorium était magique puisque les patients s'habillaient encore pour dîner le soir, les repas étaient copieux, le vin et les cigarettes étaient autorisés, car on n'en connaissait pas encore les méfaits. Il a vécu une vie assez luxueuse, tant qu'il a pu tenir matériellement.
00:06:28 – 00:07:28 (Séquence 6) : László Nagy explique comment il a pu se payer son séjour dans un sanatorium suisse, en venant de Hongrie. Il avait reçu 3000 francs de son employeur. L’argent a vite fondu avec l'hôtel et le traitement médical qui coûtaient 36 francs par jour. Par la suite, il a dû aller dans un établissement moins cher : 11 francs tout compris. Au final, il a épuisé ses économies.
00:07:32 – 00:08:45 (Séquence 7) : László Nagy raconte sa vie en Hongrie, où il était journaliste et chef de la presse d'un parti politique local. Il avait un doctorat en sciences politiques et en droit, qui une fois en Suisse, ne valait plus rien. Professionnellement, sa situation était sans espoir alors qu'en Hongrie, comme son parti était majoritaire, il vivait bien et avait même accès à une voiture, même si les temps étaient durs, du fait de l'occupation soviétique.
00:08:50 – 00:09:17 (Séquence 8) : László Nagy parle de son rapport à la mort pendant sa maladie : il en a surtout eu conscience pendant son deuxième, puis son troisième séjour en sanatorium, quand il a rechuté et été opéré. Pendant sa convalescence, il a beaucoup lu, appris le français et l'anglais.
00:09:22 – 00:10:10 (Séquence 9) : László Nagy commente son aptitude à transformer le négatif en énergie positive : son secret consiste à savoir gérer le malheur. En ce qui le concerne, il s'agissait de la maladie, la pauvreté et l'exil.
00:10:16 – 00:13:07 (Séquence 10) : László Nagy raconte comment le manque d'argent l'a forcé à quitter Leysin alors que son état de santé restait instable : il n'a pas été déclaré définitivement guéri. Les médecins ont affirmé qu'il pouvait tenter d'avoir une vie au ralenti. Etant dans un pays étranger, il obtient alors 300 francs de Mme Jeanneret, la femme du directeur de l'hôtel et médecin-chef du sanatorium. Il arrive à Genève et trouve une chambre à 160 francs : il lui fallait trouver de l'argent. Il a tout essayé : les organisations caritatives, l'université, mais il n'avait pas de plan de ce qu'il allait faire. László Nagy avait un permis de séjour à Leysin qui devait durer un certain temps, mais ne se prolongeait qu'en raison de sa mauvaise santé. Son médecin a accepté de ne pas dire qu'il partait de Leysin, pour qu'il garde son permis. Laszlo Nagy a dû trouver de quoi gagner sa vie : il a trouvé un petit travail à l'association des amis des Sociétés des Nations. Comme cette association venait de léguer sa bibliothèque aux Nations Unies et qu’il fallait faire une sélection, ce fut donc son travail, payé 50 francs par jour. Cela a duré quelques mois.
00:13:14 – 00:14:11 (Séquence 11) : Blaise Angel demande à Laszlo Nagy de raconter sa rechute au moment où sa situation semblait se normaliser. László Nagy réplique que pendant cette période, il essayait de survivre et a été obligé de s'inscrire à l'université car la loi suisse sur les requérants d'asile refusait les étrangers sauf les vieillards, les malades et les étudiants. Il s'est donc immatriculé le 20 novembre 1948 et a travaillé comme plongeur en échange d'un repas quotidien. C'est par petits bouts qu'il a donc pu survivre.
00:14:18 – 00:14:57 (Séquence 12) : Blaise Angel explique que László Nagy a passé progressivement une licence de sociologie mais a dû retourner à Leysin à cause d'une rechute. László Nagy renchérit en disant que son bonheur à Genève n'a duré que peu de temps : entre 1948 et 1950. Sa rechute était assez grave et son médecin traitant, le docteur [ Miège ], lui a demandé de revenir à Leysin. Officiellement, il était toujours résident du sanatorium et a donc été admis sans problème.
00:15:04 – 00:16:23 (Séquence 13) : László Nagy parle de son deuxième séjour à Leysin, où il reste cette fois une année, dans une pension peu chère. Il apprend alors que des amis ont créé à Munich une Radio Free Europe, qui émettait pour les pays derrière le rideau de fer et qui cherchait des journalistes. László Nagy voulait se déplacer jusqu'à Munich, mais quand il a demandé son titre de voyage aux autorités suisses, on lui a demandé de signer une attestation comme quoi il ne reviendrait jamais en Suisse. Il devait donc renoncer à son droit d'asile, ce qu'il a fait.
00:16:30 – 00:17:26 (Séquence 14) : László Nagy parle de son séjour de trois ans à Munich, où il travaillait à la radio Free Europe. Son émission était en cinq langues, financée de manière privée par les Américains, ce qui permettait une grande liberté. László Nagy a appris, par la suite, que la radio était cependant un peu financée par des fonds publics. Il travaillait donc comme journaliste, avec un bon salaire. Il a été envoyé comme correspondant à Bruxelles, notamment car l'idée de l'Europe était déjà en marche et les Belges voulaient déjà faire de Bruxelles la capitale de l'Europe.
00:17:34 – 00:17:53 (Séquence 15) : László Nagy parle de son séjour à Bruxelles, qui l'a arrangé puisque la Belgique était plutôt généreuse quant aux papiers. Il a pu ainsi remplacer son titre de voyage suisse par un belge.
00:18:02 – 00:19:11 (Séquence 16) : László Nagy parle de sa rechute de la tuberculose. Il est retourné à Leysin en 1954. Il souhaitait rester en Belgique, où il s'était fait beaucoup d'amis et où la vie des requérants d'asile était plus facile, sans compter qu'en Suisse, il aurait vraiment dû résoudre son problème de passeport et qu'il avait des difficultés d'ordre politique avec la radio. Or, son médecin a décidé de le faire rentrer en Suisse, en raison de sa santé. Comme il avait un titre de voyage belge, cela n'a pas posé de problème pour les autorités suisses.
00:19:21 – 00:21:29 (Séquence 17) : László Nagy parle de son troisième séjour de santé à Leysin où il était dans un sanatorium universitaire. Il a donc continué à étudier sans trop se préoccuper de l'avenir : il a beaucoup lu et préparé ses examens de licence avec Monsieur Piaget. Or, son état était si grave que les médecins ont opté pour une thoracoplastie, ce qui l'a privé d'une partie de son énergie. Pendant sa convalescence, ses amis du sanatorium lui ont suggéré de régulariser sa situation avec les autorités suisses : il a donc écrit une lettre très diplomatique à Berne et, 15 jours plus tard, sa situation était régularisée et il avait un permis C. Laszlo Nagy évoque l'amélioration de sa santé en parallèle à l'apparition de nouveaux traitements tels que la Streptomycine. Dès lors, le mythe d'une tuberculose incurable s'est effondré ce qui a entraîné la fin des sanatoriums.
00:21:39 – 00:22:53 (Séquence 18) : László Nagy évoque sa rencontre en 1960 avec Jacques Frémont, professeur à l'Université de Lausanne et directeur de l'Institut universitaire de hautes études internationales. Jacques Frémont avait donné une conférence sur la Yougoslavie et les dissidences communistes, et le dialogue avec les étudiants s'était poursuivi le lendemain. Jacques Frémont s'est même rendu chez László Nagy pour discuter et lui demander quels étaient ses projets. Il lui a offert une bourse de recherche de 500 francs, une somme énorme pour László Nagy à l'époque, ceci, afin que László Nagy travaille sur son livre sur les élites communistes dont il lui avait parlé.
00:23:04 – 00:24:44 (Séquence 19) : László Nagy parle de son intérêt pour le sujet des élites communistes, qu'il explique par son étude, pendant sa licence avec Piaget d'un ouvrage sur la circulation des élites en France au XVIe siècle. Il a donc eu l'idée de faire une étude de ce type à l'époque actuelle. Piaget lui ayant fait résumer le traité de sociologie de Pareto, soit 1600 pages, il était armé pour aborder le sujet des élites. Il a donc écrit un ouvrage, publié grâce à Jacques Frémont. En outre, comme ses papiers étaient en règle, du fait de son statut d'étudiant, il a commencé à placer des articles comme pigiste au "Journal de Genève" et à la "Gazette de Lausanne", une fois par mois, pour 40 francs. L'écriture était une vraie passion pour László Nagy. Il a toujours écrit et même un livre sur le siège de Budapest.
00:24:55 – 00:25:51 (Séquence 20) : László Nagy parle de l'amélioration de sa situation : ses papiers étaient en ordre, il a obtenu une bourse et on l'a déclaré guéri. Il descend en avril 1956 à Genève, où il a une chambre de bonne, grâce à des amis. Il s'est mis à écrire de plus en plus d'articles, puisque la situation dans les pays de l'Est cette année-là s'est dégradée.
00:26:03 – 00:26:55 (Séquence 21) : László Nagy parle de son mariage en 1957 avec Monique Cuendet, une Suisse. Il commente la question de son identité – suisse ou hongroise – par rapport à la révolution hongroise de 1956, qui a permis de revaloriser la position des réfugiés. Leurs diplômes ont été reconnus, des bourses et des logements leur ont été donnés. Pour László Nagy, cela lui a permis de penser au mariage, puisqu'avant, il n'avait pas de situation à proprement parler. Il s'est donc marié pour avoir des enfants en étant encore jeune.
00:27:07 – 00:27:29 (Séquence 22) : László Nagy parle de son sentiment identitaire, au moment où il est retourné pour la première fois en Hongrie, en 1956. Il se sentait alors suisse, car il était très pessimiste à l'égard de la Hongrie sous le joug soviétique.
00:27:42 – 00:30:20 (Séquence 23) : László Nagy parle de sa rencontre avec Pierre Béguin, rédacteur en chef de la "Gazette de Lausanne", son maître spirituel. Pierre Béguin avait lu les articles de László Nagy sur les événements hongrois de 1956, pour lesquels il était rentré en Hongrie. Il avait fait huit reportages pour le "Journal de Genève". Pierre Béguin a donc voulu l'engager, notamment pour être correspondant en Allemagne à Bonn, ce que László Nagy a refusé. Il était prêt néanmoins à retourner à Munich pour consulter le centre de documentation de la Radio Free Europe. Pierre Béguin a accepté mais il fallait partir le 29 août, soit le lendemain de son mariage : au lieu de s'installer à Genève, le couple s'est installé à Munich. Ils y sont restés deux ans. László Nagy a été rappelé à la Gazette en raison de la diminution de l'actualité des pays de l'Est en faveur de celle de l'Afrique. Or à la Gazette, c'était Charles-Henri Favrod le spécialiste de l'Afrique : ils se sont donc divisé le continent en deux. Charles-Henri Favrod a donc traité le Maghreb et László Nagy, l'Afrique noire. C'était en 1960 si bien qu'à son premier voyage, László Nagy a assisté à une cinquantaine de fêtes d'indépendance.
00:30:34 – 00:31:26 (Séquence 24) : László Nagy parle de l'Afrique des années 1960 pendant le mouvement des indépendances. Il décrit l'utopie d'avoir un continent riche, mais ruiné par la colonisation. Les réactionnaires pensaient que les Africains ne feraient jamais rien. Ainsi, les gens se rendant en Afrique y allaient avec des préjugés. Il est parti sans préjugés, a écrit un livre et a fait 30 ou 40 voyages d'études de plusieurs semaines. Il dit avoir beaucoup aimé l'Afrique mais était très pessimiste en ce qui concerne l'issue. Il n'avait cependant jamais envisagé que la situation serait si confuse.
00:31:40 – 00:32:15 (Séquence 25) : László Nagy parle de son métier de reporter, qui lui a permis de beaucoup voyager. Il est revenu pourtant en Suisse plus rapidement que prévu et a été chargé de couvrir l'Afrique par la "Gazette de Lausanne". Il a également enquêté dans différents pays comme l'Asie, l'Amérique, entre autres, comme grand reporter. Il passait par exemple trois semaines dans un pays, rentrait et publiait cinq articles dans la gazette.
00:32:29 – 00:32:44 (Séquence 26) : Laszlo Nagy évoque ses deux activités principales : une, professionnelle et l'autre, universitaire. Il a d'ailleurs écrit un livre sur les élites communistes, un travail de recherche financé par une bourse. Or avec les événements de 1956 et son départ imminent pour Munich, il avait moins de temps à consacrer à cette étude. Jacques Frémont lui a alors permis de délaisser quelque peu ce travail pour se consacrer au plus important.
00:32:59 – 00:34:32 (Séquence 27) : László Nagy évoque sa double carrière, académique et journalistique, et la conception du journalisme qu'il suivait, à savoir celle de Pierre Béguin : l'esprit Gazette. Cet esprit comprenait le ton, la longueur, ou encore le titre de l'article et s'acquérait en six mois. László Nagy décrit Pierre Béguin comme une fine plume et un homme cultivé, musicien et très patriote, contre-fédéraliste et pro-Européen. Pierre Béguin sera remercié en 1964 – 1965, quand László Nagy est parti du journal.
00:34:48 – 00:36:43 (Séquence 28) : László Nagy raconte la façon dont la Fondation Ford a demandé à l'Institut, en tant qu'Institute scientifique et indépendant, de faire une étude dans le monde sur la crise de la jeunesse et le mouvement scout. Monsieur Frémont a forcé László Nagy à faire l'étude lui-même, ce qui lui a pris deux ans. Il a eu congé pendant ce temps-là et quand il est revenu, Monsieur Béguin a été licencié au moment même où on a proposé à László Nagy de mettre en pratique les recommandations de son étude. Ces recommandations consistaient en une "désentimentalisassions" du scoutisme, en la professionnalisant et la décentralisant de son organisation, en des transformations du programme pour que les jeunes s'investissent dans la construction de la nation. László Nagy prônait donc un scoutisme fidèle à ses propres traditions mais moderne et utile. Il souhaitait également que tant les parents que l'école et l'Eglise laissent les enfants être scouts.
00:36:59 – 00:37:45 (Séquence 29) : László Nagy explique les conséquences de son étude sur la jeunesse : il avait fait 70 recommandations pour le scoutisme et il a accepté de les mettre en pratique, une erreur selon lui. Finalement, il pense avoir réussi à 80 - 90 %. Il est donc devenu secrétaire général du mouvement scout à cette époque : il pensait rester un an maximum, mais finalement cela a duré 21 ans.
00:38:01 – 00:39:24 (Séquence 30) : László Nagy parle de ses voyages : il a visité 123 pays dans le cadre du scoutisme. Il a également rencontré nombre de personnalités : Mohammed VI, Paul VI et Carl Gustav de Suède. Ce dernier a eu un rôle important, notamment en ce qui concerne la création d'un fond de financement du scoutisme, dont il a été l'emblème et le président. Le roi était en effet d'une honnêteté incontestée et un scout exemplaire, et son père était membre du comité mondial du scoutisme.
00:39:41 – 00:41:51 (Séquence 31) : László Nagy parle de sa reconversion inconsciente en chercheur de fonds pour le mouvement scout : Blaise Angel le décrit alors comme un mendiant de luxe. László Nagy explique qu'il est parti avec des idées fausses sur ce qu'impliquait la recherche de fonds, notamment parce que dans sa vie professionnelle, l'argent venait quasi de lui-même ou pas du tout. Or, le scoutisme est un mouvement bénévole qui n'accepte pas de fonds publics et fonctionne notamment avec les cotisations des jeunes. Il relève l'importance - outre le symbole - de ces cotisations puisque, quand il a commencé, il y avait huit millions de membres et 16 millions quand il est parti. Or, même si cela faisait beaucoup d'argent, le mouvement avait besoin de plus et il ne savait pas du tout comment faire pour en récolter. Il relève la façon de faire très efficace des Américains à ce sujet et les règles qui en ont découlé : on ne donne pas pour une cause mais pour une personne et, qu'on récolte 10 francs ou 1000 francs, c'est le même travail d'administration. C'est donc tout un art que László Nagy a appris à maîtriser au fil des ans, notamment en lisant beaucoup et en se mettant en rapport avec des "fundraisers" professionnels américains sur place. Chaque année pendant cinq ans, il a fait une tournée de récolte de trois semaines et récoltait ainsi 500000 francs.
00:42:09 – 00:44:24 (Séquence 32) : László Nagy parle de sa retraite, avec laquelle il a de la peine. Par exemple, il ne l'a pas prise à 65 ans sous prétexte qu'on n'avait pas encore trouvé de successeur. Il a donc quitté le mouvement scout à 67 ans. Mais rapidement, il a réalisé qu'il n'avait aucun talent pour l'inactivité et c'est alors qu'il a rencontré Klaus Jacobs, créateur d'une fondation finançant les études académiques sur les problèmes de la jeunesse. Klaus Jacobs voulait engager László Nagy mais pensait que ce dernier tenait à sa retraite : il lui a proposé un temps partiel. László Nagy est rapidement revenu à un temps plein. László Nagy parle de son engagement à la présidence de la fondation Jacobs, qu'il quitte à 76 ans, pour ne pas faire de vagues parmi les autres retraités. Il ne s'arrête pas pour autant puisqu'il se remet à écrire. Il a publié depuis trois livres
00:44:43 – 00:45:16 (Séquence 33) : László Nagy commente la mondialisation qu'il trouve inéluctable : il prône non pas d'essayer de l'empêcher, mais de tenter de lutter sur la façon dont elle se déroule. Il n'a donc pas d'idée fixe sur le phénomène, même s'il estime qu'elle pourrait être utile, voire indispensable.
00:45:36 – 00:46:13 (Séquence 34) : László Nagy donne son message au futur spectateur de son Plans-Fixes. Il relève que ce spectateur se lamentera peut-être sur sa folie d'avoir travaillé énormément pendant 60 ans, 10 heures par jour, alors que maintenant on travaille 35 heures par semaine et on arrête à 55 ans. Il ne condamne personne, mais note la contradiction de vouloir travailler moins et gagner plus. Il conclut qu'il a été heureux.
00:46:33 – 00:46:42 (Séquence 35) : Générique de fin du film de Plans-Fixes consacré à László Nagy et tourné à Genève le 21 juin 2004.
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