Jean-Pierre Jelmini (Historien)

  • français
  • 2008-07-02
  • Durée: 00:49:33

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Description

D'emblée, Jean-Pierre Jelmini nous entraîne sur son terrain de prédilection : l'histoire du Pays de Neuchâtel. Durant trente ans, comme un missionnaire, dit-il, il l'a transmise partout dans le canton. Avec simplicité et ouverture de coeur, il nous parle de son enfance à Travers, de ses études au séminaire, du choc de la lecture de "La peste" de Camus qui provoque en lui un grand revirement, le fait changer d'orientation et l'amène à l'histoire. Pour lui, cette discipline est une introduction à l'idée de finitude de l'homme, à l'insignifiance de sa destinée individuelle, ce qui lui a apporté une grande sérénité. Aujourd'hui, il est passionné par la vie quotidienne, avec quelques amis, il a créé à Neuchâtel "Les Archives des gens ordinaires".

00:00:00 – 00:00:09 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Jean-Pierre Jelmini, historien, et tourné à Neuchâtel le 2 juillet 2008. L'interlocuteur est Michel Bory.
00:00:09 – 00:00:54 (Séquence 1) : L’interlocuteur dit se trouver sur le balcon de Jean-Pierre Jelmini, depuis lequel il voit la Collégiale et le Château de Neuchâtel, symboles du passé et du présent du canton. Jean-Pierre Jelmini est un historien, spécialiste de l'histoire du canton de Neuchâtel. Il est originaire de Travers, dans le Val-de-Travers.
00:00:55 – 00:01:02 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Jean-Pierre Jelmini, historien, et tourné à Neuchâtel le 2 juillet 2008. L'interlocuteur est Michel Bory.
00:01:03 – 00:02:10 (Séquence 3) : L’interlocuteur rappelle que le canton de Neuchâtel a été en même temps principauté et canton suisse. Jean-Pierre Jelmini dit que l'histoire du canton est particulière et ceci explique sa passion. Neuchâtel devient Suisse en 1848 et existe comme entité politique depuis le XIIe siècle. Pendant les premiers siècles de son histoire, Neuchâtel appartient à des princes étrangers et ne se laisse à aucun moment englober dans l'une des entités en construction : France, Franche-Comté, Bourgogne, Suisse. Ce territoire, même si petit, était très convoité et le fait que cette principauté soit restée indépendante jusqu'au XIXe siècle relève de l'exploit.
00:02:12 – 00:03:19 (Séquence 4) : Jean-Pierre Jelmini explique que les Neuchâtelois appartenaient au Moyen Age à l'Empire et, suite aux fractionnements successifs de ce dernier, ils ont appartenu au Royaume de Bourgogne dont Arles était la capitale. Neuchâtel apparaît en l'année 1011. A la fin du royaume, fin du XIIe siècle, Neuchâtel est devenue une entité autonome qui a appartenu à des princes de différentes familles.
00:03:21 – 00:06:57 (Séquence 5) : Jean-Pierre Jelmini explique que le roi de Prusse est devenu prince de Neuchâtel en 1707. Avant cette date, les princes étaient d'extraction locale. Neuchâtel était constituée principalement par la côte du lac, les montagnes étaient sauvages et inhospitalières. Au XIVe siècle, le Comte Louis de Neuchâtel se fait connaître en Europe car il participe à des campagnes italiennes. Sa fille épouse un prince de la région rhénane, Fribourg-en-Brisgau. De cette maison, Neuchâtel passe dans les mains d'une autre famille germanique, les Hochberg, dont le prince Philippe fait carrière en Bourgogne. Le prince devient ensuite un personnage important de la Cour française de Louis XI. Au Luxembourg, il y a aujourd'hui encore une trace de ce nom de famille. Philippe de Hochberg a donné sa fille en mariage à un membre de la famille des Orléans. Louis d'Orléans et ses successeurs règnent sur Neuchâtel pendant deux siècles. Deux siècles essentiels en France : le XVIe ou la Renaissance, et le XVIIe ou l'absolutisme. Neuchâtel se trouve donc dans la mouvance française dont les traces sont encore visibles.
00:07:00 – 00:10:42 (Séquence 6) : Jean-Pierre Jelmini explique que c'est à la mort de la dernière princesse française, Marie de Nemours, que les Neuchâtelois vont passer à la Prusse, ceci après deux siècles de domination de la maison française. Les Neuchâtelois mettent le poste au concours, ils sont relativement maîtres chez eux car ils ont acquis des libertés au fil des siècles. Ils demandent aux princes européens qui ont un lien avec la maison d'Arlay ou de Neuchâtel s'ils sont intéressés. 19 princes ont répondu. Le canton d'Uri, au nom d'une possession de quelques années, de 1512 à 1527, n'avait jamais accepté la restitution du canton à son propriétaire Jeanne de Hochberg. Il avance des droits que Neuchâtel refuse. Le tribunal créé pour l'occasion a choisi le roi de Prusse. La Prusse était une monarchie nouvelle, elle datait de 1701. La France était en train de s'effondrer, c'était la fin de Louis XIV. Le choix du roi de Prusse était lié à sa religion protestante et à sa force dynamique. Il a permis le développement des arts et métiers, de l'industrie, de l'horlogerie et l'arrivée en force d'une économie nouvelle.
00:10:45 – 00:12:41 (Séquence 7) : L’interlocuteur cite un personnage de Neuchâtel, Alexandre Berthier, maréchal de Napoléon. Jean-Pierre Jelmini dit que son histoire est passionnante et valorisante pour Neuchâtel. Napoléon était en guerre partout en Europe. Lorsqu'il se bat contre la Prusse, il avait déjà conquis Hanovre. Le roi de Prusse négocie la restitution de Hanovre contre la principauté de Neuchâtel. Napoléon accepte et offre Neuchâtel à son maréchal, Alexandre Berthier. Ce dernier n'a jamais eu le temps de se rendre à Neuchâtel. Il est mort en 1814. Cette domination napoléonienne a apporté l'amélioration des voies de communication, la route de la Tourne, la route de la Vue des Alpes. Berthier a fait construire le pont de Serrières par l'ingénieur Céard.
00:12:44 – 00:14:09 (Séquence 8) : Jean-Pierre Jelmini explique qu'au Congrès de Vienne, les puissances européennes ont sanctionné la consolidation de la Confédération helvétique et ont décidé du destin de Neuchâtel. Le principe du Congrès était de rendre les territoires à leurs propriétaires précédents. Neuchâtel devait donc retourner au roi de Prusse. A Neuchâtel, il y avait une fraction pro helvétique très forte. Le Congrès a opté pour une solution de compromis. Neuchâtel est devenue une principauté prussienne et un canton suisse. C'était une construction aberrante qui était contraire aux principes de la Confédération. Cette situation a créé des tensions.
00:14:13 – 00:15:38 (Séquence 9) : Jean-Pierre Jelmini explique que les Neuchâtelois ont essayé, sur l'exemple de la Révolution française de 1830, de se soulever contre le roi de Prusse, mais la tentative était mal organisée. La Prusse a commis l'erreur de laisser mourir des républicains dans les geôles prussiennes à Neuchâtel, parmi lesquels le docteur Alphonse Napoléon Petitpierre, filleul de Napoléon. Le parti helvétiste se renforce et en 1848 les gens des montagnes descendent pour instaurer la république à Neuchâtel. Dans les montagnes, les horlogers, les ouvriers étaient proches des idées politiques françaises et le bas du canton était plus aristocratique.
00:15:43 – 00:16:48 (Séquence 10) : Jean-Pierre Jelmini explique qu'après la révolte des montagnes, le bas de Neuchâtel, les factions aristocratiques favorables au roi de Prusse ont essayé de rétablir la monarchie en 1856, sans succès. Le roi Guillaume de Prusse n'avait jamais donné ni son appui ni son accord mais il avait laissé faire car il était amoureux de Neuchâtel. La Confédération était intervenue immédiatement pour faire cesser cette tentative de contrerévolution.
00:16:54 – 00:19:08 (Séquence 11) : Jean-Pierre Jelmini explique que le cas de Neuchâtel est devenu exemplaire pour toute l'Europe. En 1848, il y a eu des révolutions partout en Europe mais la seule qui ait réussi était celle de Neuchâtel, les autres ont échoué. En France, la révolution s'est transformée en empire après trois ans. En 1857, la Prusse a tenté de reprendre le canton suisse, l'armée suisse s'est mobilisée sur le Rhin pour défendre Neuchâtel. La cause de Neuchâtel a enflammé les républicains suisses et européens. La Conférence de Paris décida de la libération définitive de Neuchâtel. Elle fut signée par les grandes puissances de l'époque : la reine Victoria, Alexandre II Tsar de Russie, François-Josef d'Autriche, Napoléon III. Neuchâtel est très fière de son statut de république qu'elle a gagné au prix d'une bataille.
00:19:14 – 00:20:36 (Séquence 12) : Jean-Pierre Jelmini dit que lorsqu'il a travaillé longtemps dans les caves du musée d'Art et d'Histoire et des Archives de la ville de Neuchâtel, il avait l'impression de suivre le destin de sa famille, famille de mineurs. Il dit avoir travaillé sur l'histoire de Neuchâtel par goût fondamental du passé. Il n'aime pas le conflit. Travailler avec les morts, il n’y a rien de plus tranquille. La situation de ses collègues des musées qui travaillent avec des artistes est invivable.
00:20:43 – 00:21:59 (Séquence 13) : Jean-Pierre Jelmini s'est demandé sur le tard si son travail d'historien du Canton de Neuchâtel n'était pas une manière de mieux lui appartenir. Il ne s’est jamais senti Italien. Ses ancêtres sont arrivés en 1858 pour la construction des lignes de chemin de fer. Depuis, sa famille s'est complètement intégrée. Il s'est senti catholique et Italien au Val-de-Travers mais c'est l'identité catholique qui l'a fait le plus souffrir. Les autres le voyaient comme un Italien. Lorsqu'il est parti en Italie en colonie de vacances pour Italiens de l'étranger, il s'est senti dans un autre monde. Un monde auquel il n'appartenait pas et dont il ne parlait pas la langue.
00:22:07 – 00:22:56 (Séquence 14) : Jean-Pierre Jelmini a toujours préféré faire de l'histoire des régions qu'il connaît bien, de l'histoire locale avec les sources les plus proches. Il existe un vieux débat entre les ethnologues et les historiens sur ce thème. Selon les premiers, il faut, pour étudier une société, ne pas lui appartenir afin de porter un regard neutre et neuf sur elle. Pour les historiens, au contraire, la proximité avec la vie réelle permet de mieux comprendre, elle crée une empathie qu'il considère comme essentielle pour écrire l'histoire.
00:23:04 – 00:24:10 (Séquence 15) : Jean-Pierre Jelmini explique que son grand-père, d'origine italienne, est devenu Suisse très tôt pour entrer dans les chemins de fer qui, à l'époque comme la Poste, représentaient une stabilité économique pour la vie, une promotion sociale importante. Il a perdu une jambe dans un accident de travail. Il est devenu ensuite titulaire du kiosque de la gare de Travers. Lui-même a passé son enfance dans ce kiosque où il apprenait à lire avec son grand-père. Ce fut un lieu de hautes découvertes.
00:24:18 – 00:25:55 (Séquence 16) : Jean-Pierre Jelmini dit que son appartenance à l'Eglise catholique a représenté une chance dans sa vie, même si aujourd'hui il a abandonné cette position de catholicité et qu'il critique fortement cette Eglise. Enfant, il y avait un prêtre catholique brillant qui était son modèle. Ce dernier a proposé à ses parents qu'il embrasse une carrière religieuse. Il était fasciné par l'apparat de la prêtrise, de la direction de l'Office et de la prédication. Il est parti pour le séminaire à 12 ans et l’a suivi jusqu'à 20 ans. Il a quitté le Val-de-Travers pour Genève et ensuite pour la Suisse alémanique chez les bénédictins. Un jour, il a quitté cette voie.
00:26:04 – 00:27:45 (Séquence 17) : L’interlocuteur demande à Jean-Pierre Jelmini pourquoi il a arrêté sa carrière religieuse. Il répond qu'en 1961, il est allé au kiosque de la gare d'Engelberg et a trouvé un seul livre en français : La Peste de Camus. Il lit deux passages du livre, des phrases qui l'ont bouleversé. Il s'est retrouvé dans sa cellule, tendu, car le livre était à l'index. Il a écrit à son confesseur pour essayer de résoudre les questions soulevées par ce livre. Sans réponses, il a posé sa soutane sur son lit et est parti.
00:27:54 – 00:28:30 (Séquence 18) : Le grand-père de Jean-Pierre Jelmini, anticlérical, a été soulagé de sa décision de quitter la carrière religieuse. Il est arrivé dans sa famille lorsque son grand-père était mourant, inconscient. Il a repris connaissance un instant, le temps de réaliser qu’il était revenu et il est mort serein. Jean-Pierre Jelmini pense que les romans sont la médiocre transcription de l'histoire et de la réalité.
00:28:40 – 00:29:45 (Séquence 19) : L’interlocuteur rappelle que Jean-Pierre Jelmini, après avoir interrompu sa carrière ecclésiastique, a mené de brillantes études. Il est devenu enseignant et plus tard conservateur du Musée d'Histoire de Neuchâtel. Il dit qu'il y a une continuation entre sa formation religieuse et son travail d'historien. Il a toujours considéré qu'il devait consacrer une moitié de sa vie à apprendre et l'autre à rendre. Il se considère une sorte de missionnaire de l'histoire neuchâteloise. Pendant 30 ans, il est allé partout parler de l'histoire du canton, auprès des partis politiques, des petites sociétés, dans les paroisses. Il a essayé de partager son enthousiasme.
00:29:56 – 00:32:46 (Séquence 20) : L’interlocuteur demande à Jean-Pierre Jelmini ce qu'il a récolté de son travail de missionnaire athée de l'histoire neuchâteloise. Il précise qu'au début il n'était pas athée, il était dans le doute. Ce qu'il a récolté de son travail, c'est l'apprentissage de la mort, l'histoire est une introduction à l'idée de la mortalité de l'homme. Dans son travail d'historien, il a croisé des personnes mortes dont l'existence avait un sens pour lui. Il s'est intéressé davantage à ces personnes. Cela lui a rappelé sa propre destinée de mortel et qu'il fallait ne pas donner trop d'importance à sa carrière et à son ego. Il cite Michelet, le grand historien français, qui avait une sensibilité pour la masse qui fait l'histoire. Selon ce dernier, dans chaque être il y a l'humanité tout entière. Jean-Pierre Jelmini a découvert que les sentiments, les envies et les pulsions de l'homme sont toujours et partout les mêmes. Il a donc pris conscience de sa propre valeur négligeable, ce qui est le début de la sérénité. Ça a été un parcours progressif. L'histoire apprend à mourir.
00:32:57 – 00:34:26 (Séquence 21) : Jean-Pierre Jelmini explique qu'il a passé son adolescence dans le mysticisme, la foi en Dieu. Il a profité d'une formation dans le cadre de l'Eglise, il a été pris en charge car ses parents ne pouvaient pas lui payer des études. Son père était mineur. Il était reconnaissant envers l'Eglise mais, en même temps, il s'en détachait pour des raisons rationnelles. Lorsqu'il a abandonné sa carrière cléricale, il a été pris de doute, ce qui a créé chez lui des angoisses existentielles pendant 20 ans. Il était tétanisé par l'idée de la mort subite qui était liée à la notion de la mort en état de péché. Il a eu de la peine à s'en sortir, il a dû travailler sur lui-même.
00:34:38 – 00:36:43 (Séquence 22) : La psychanalyse a représenté un tournant dans la vie de Jean-Pierre Jelmini. Pendant 20 ans, lorsqu'il accomplissait son travail d'historien avec beaucoup d'énergie, il était torturé par des doutes existentiels, par la peur de mourir. Après avoir essayé des thérapies de groupe, il a décidé, à 47 ans, de faire une psychanalyse. Sa vie a totalement changé et il en est sorti serein. Une sérénité qu'il doit aussi à son étude de l'histoire qui lui a fait découvrir l'insignifiance de la vie humaine. Le docteur Fanti, un ami qui a créé la micropsychanalyse, à laquelle il n'a pas pu se soumettre faute de moyens, l'a aidé à lui faire prendre conscience de cette insignifiance. Depuis la fin de sa psychanalyse, il n'a plus de problèmes de santé.
00:36:56 – 00:37:46 (Séquence 23) : Jean-Pierre Jelmini explique que sa soif de connaissance était en réalité une soif de reconnaissance. Une fois arrivé à cette reconnaissance, il a décidé que c’était sans importance. Il n'a pas de regret pour sa vie passée. Il a atteint un stade de quiétude intérieure. Il sait qu’il a eu le privilège et la chance de faire toute sa vie ce qu'il aimait.
00:38:00 – 00:38:40 (Séquence 24) : Jean-Pierre Jelmini explique que son angoisse n'était pas liée à son problème de couple. Celui-ci était lié à un problème de civilisation car elle est juive américaine et lui catholique italo-neuchâtelois. Ils n'avaient pas les mêmes ambitions ni la même manière d'envisager les problèmes. Ils se sont séparés relativement tôt. Ils ont eu deux filles et, maintenant, ils ont cinq petits-enfants. Ils sont restés une famille, son ex-épouse n'habite pas loin de lui et ils se voient régulièrement avec leurs enfants. C'est un divorce réussi à ses yeux.
00:38:55 – 00:39:06 (Séquence 25) : Jean-Pierre Jelmini a longtemps vécu comme un moine. Il a rencontré récemment une femme qui, bien que plus jeune que lui, a eu des enfants et a eu la même expérience de vie que lui. Tout se passe bien.
00:39:21 – 00:41:37 (Séquence 26) : Jean-Pierre Jelmini dit que ce qui l'a intéressé dans l'histoire, ce sont les gens ordinaires. Dans l'histoire de Neuchâtel, il n'y a pas beaucoup de personnages importants. Dans cette perspective d'étude, il est important d'avoir accès à des sources directement écrites par ces personnes, sans intermédiaires : les journaux intimes, les livres de raison, les correspondances. Il se fait ensuite l'interprète de ces personnes, de façon autocratique, parfois en leur faisant dire ce qu'il a envie de dire, même s'il essaie d'être objectif. Il a réalisé qu'aujourd'hui, ce genre de sources risquaient de se perdre. Il a donc créé avec un ami les Archives de la vie ordinaire à Neuchâtel (AVO) sur le modèle de ce qui se fait à Genève, une pratique qui a du succès en France, en Italie et en Allemagne. Une manière de conserver les documents des gens ordinaires pour les historiens du futur. Ceci leur permettra de comprendre qui nous sommes. Fribourg a suivi cet exemple, il manque encore actuellement le canton de Vaud.
00:41:53 – 00:42:47 (Séquence 27) : Jean-Pierre Jelmini lit essentiellement des documents d'histoire, il n'est pas intéressé par la littérature, mis à part les classiques qui sont une composante essentielle de l'histoire et les aventures de l'inspecteur Perrin, des livres qui parlent de sa région. Sa bibliothèque est une bibliothèque de référence et non de lecture, avec des ouvrages sur des thèmes et sujets neuchâtelois qui lui servent de référence.
00:43:03 – 00:44:22 (Séquence 28) : Jean-Pierre Jelmini a des idées politiques et des opinions très sévères envers les politiciens. Il est impossible pour lui d'entrer dans un parti. Son histoire fait de lui un homme de gauche, sa culture le met dans une situation partagée. Il est complètement étranger à la gauche étatisante, soviétique, qui nationalise les biens de production. C'est impossible pour lui d'entrer dans une quelconque école de pensée totale. Pour fêter ses 50 ans, il avait invité ses amis chez lui au Val-de-Travers. Il y avait des tables de libéraux, de popistes, de socialistes et de radicaux. Ses amis ne voulaient pas se mélanger. Il aime les gens qui s'engagent et il y en a dans tous les partis. Il préfère regarder les actions et pas les idées, même si celles-ci doivent rester à l'intérieur de certaines normes. Depuis quelque temps, il y a des personnes qui s'investissent mais il ne partage pas leurs idées.
00:44:38 – 00:46:15 (Séquence 29) : Jean-Pierre Jelmini a foi en l'homme. L'Histoire lui a appris aussi à avoir confiance en l'homme. Il habite la terre depuis longtemps et elle tourne toujours. L'homme trouve toujours des solutions. Il est optimiste au sens large. Après une enfance passée dans la foi en Dieu, voire le mysticisme, il a aujourd'hui une foi imprescriptible en la non-existence de Dieu. Sa foi repose sur les mêmes réalités que ceux qui croient en Dieu, aucun ne peut donc être sûr de sa foi. Ceux qui croient en Dieu trouvent la sérénité dans l'idée de paradis, de salut. Pour sa part, il trouve la sérénité dans sa foi en la non-existence de Dieu. Il partage avec les croyants la même intensité dans la foi.
00:46:31 – 00:48:30 (Séquence 30) : Jean-Pierre Jelmini ne s’intéresse pas au présent. Il est plus intéressé par des romans de fiction qui se projettent dans un futur que par ceux qui se déroulent dans un passé connu. Il pense que la vérité est dans le passé et que le présent n'existe pas. Le présent est un morceau de futur en train de devenir du passé, le présent est insaisissable. Il dit avoir écrit un article de réflexion sur cet aspect, titré "Convergence et rayonnement". Le meurtre d'un archer écossais par un Uranais en 1476 à Morat est sans intérêt. Ce qui est intéressant est de savoir pourquoi, la convergence qui a amené à un événement et les conséquences de ce dernier, ce qu'il appelle le rayonnement. Après la bataille de Morat, la face de l'Europe a changé. L'événement en soi est insignifiant. Le passé est tout, le présent est sans intérêt et le futur est une réserve de passé.
00:48:47 – 00:49:15 (Séquence 31) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Jean-Pierre Jelmini, historien, et tourné à Neuchâtel le 2 juillet 2008.
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