Claude Frochaux (Intense activité littéraire)

  • français
  • 2013-11-22
  • Durée: 00:52:09

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Description

Ma vie, c'est les livres, dit Claude Frochaux. Très tôt il se prend de passion pour la lecture et est littéralement happé par le monde du livre dont il explore les moindres recoins. En 1954, il commence un apprentissage de libraire chez Payot. Ce métier le conduit en 1962 à la librairie Le Palimugre à Paris, en plein coeur du quartier Saint-Germain qui vit à l'époque ses heures de gloire. En 1967, il publie au Seuil son premier roman Le lustre du Grand Théâtre. L'année suivante, il rejoint Vladimir Dimitrijevic qui vient de créer les éditions L'Age d'Homme. Ensemble, ils réalisent un ambitieux projet éditorial appelé à défendre la littérature suisse et à faire connaître les littératures de l’Europe de l’Est. Claude Frochaux est également philosophe et essayiste. Son dernier livre L'Homme achevé, publié en 2011, contient des réflexions sur le rétrécissement de l'imaginaire à l'heure actuelle, résultat de l'emprise du monde réel. Ce réel qui n'a jamais été aussi prégnant et foisonnant.

00:00:00 – 00:00:16 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Claude Frochaux, Intense activité littéraire, et tourné à Lausanne, le 22 novembre 2013. L'interlocuteur est Patrick Ferla.
00:00:16 – 00:01:56 (Séquence 1) : Claude Frochaux a été libraire, éditeur à l'Âge d'Homme, écrivain. Il a été aussi anarchiste puisqu'en 1961 il participe à un attentat contre le consulat d'Espagne à Genève qui va changer sa vie. Il est d'origine neuchâteloise et passe son adolescence au Landeron. Il est né à Berne à la rue Gutenberg où son père avait un commerce. Claude Frochaux apprend à lire à l'école enfantine à l'âge de 4 ans avec une sœur religieuse. Il se prend très vite de passion pour la lecture et dévore les livres de la bibliothèque scolaire.
00:01:56 – 00:03:05 (Séquence 2) : Claude Frochaux se souvient des jeux de balle dans le préau de l'école qu'il aimait. Claude Frochaux découvre avec la lecture son véritable interlocuteur. Les premiers livres importants venaient de la bibliothèque enfantine: Robinson Crusoé, la Comtesse de Ségur.
00:03:06 – 00:04:01 (Séquence 3) : Claude Frochaux a 10 ans en 1945. Le jour de l'Armistice, il embrasse son père et reçoit un peu d'argent. Comme il est possible d'acheter sans tickets de rationnement, les gens se ruent sur les épiceries. Il se souvient qu'en 1944 il est à l'hôpital pour un accident grave, à côté de lui se trouve un jeune homme passionné par l'avancée des Alliés en Allemagne avec qui il suit cette avancée carte par carte.
00:04:03 – 00:05:06 (Séquence 4) : Claude Frochaux se souvient qu'en 1940 il y avait un envahissement de militaires et les rues étaient pleines de paille avec des chevaux. On ne voyait pas vraiment la guerre mais le service militaire en activité. En 1942 il se trouve dans une pension à Gryon et des français très pétainistes leur font chanter "Maréchal nous voilà". En revenant au Landeron ils continuent à chanter à tue-tête jusqu'à ce que leur père, choqué, leur demande d'arrêter.
00:05:08 – 00:06:53 (Séquence 5) : Claude Frochaux est très bon à l'école primaire. A 13 ans il entre au Collège Saint-Michel à Fribourg. A partir de là il devient un très mauvais élève. Il fait de si mauvais résultats qu'on le sort du Collège pour le ramener au gymnase à Neuchâtel où il continue de chuter. Un jour, lors d'un cours de science naturelle, il est pris d'un instinct primaire et rassemble toutes ses affaires dans un cartable pour se précipiter vers la sortie. A ce moment-là il jette un dernier regard à la classe en se disant qu'il n'ira plus jamais à l'école.
00:06:55 – 00:08:10 (Séquence 6) : La mère de Claude Frochaux voyant l'intérêt de son fils pour la lecture lui suggère l'apprentissage de libraire. Il commence son apprentissage en 1954 à la librairie Payot. L'éditeur explique que depuis il est plongé dans les livres. Claude Frochaux considère que le métier de libraire est la meilleure école pour l'édition. La librairie permet un contact avec les gens. Le souci de rentabilité étant moins fort à l'époque où il a commencé il explique que l'on pouvait discuter longtemps avec les gens et sur des thèmes qui l'intéressaient, la littérature en particulier. L'éditeur explique qu'il fait de nombreuses rencontres passionnantes grâce au métier de libraire.
00:08:13 – 00:11:01 (Séquence 7) : Claude Frochaux explique qu'à ses débuts comme libraire, la littérature jouait un rôle plus important qu'aujourd'hui. Il a toujours été complètement absorbé par les livres. En 1962 il est à Paris à Saint-Germain des Prés. En 1961 il s'en prend au Consulat d'Espagne à Genève avec un cocktail Molotov. Les années 60 sont une période où tout est remis en question, alors que selon lui aujourd'hui plus rien ne semble pouvoir être changé. Dans le bouillonnement intellectuel, Il prend parti pour l'anarchisme, contre le capitalisme et contre le communisme post-stalinien. Il voit à l'époque dans l'anarchisme un individualisme radical qui nie toute forme de parti. Il rencontre Jean-Jacques Langendorf qui l'initie à l'anarchisme et l'entraîne dans un grand voyage au Moyen-Orient sur les traces de Lawrence d'Arabie. Ils partent à Beyrouth, Damas et Jérusalem. Au cours du voyage, Claude Frochaux se convertit à l'anarchisme et les deux amis décident de faire quelque chose. La situation des immigrés ouvriers espagnols interpelle puisqu'au Consulat espagnol de Genève, on ne délivre des passeports qu'à ceux qui sont du côté du franquisme, les autres sont simplement exclus. Ils décident de lancer des cocktails Molotov contre la chancellerie afin de détruire ces passeports.
00:11:04 – 00:14:14 (Séquence 8) : Claude Frochaux se souvient qu'avec Jean-Jacques Langendorf ils avaient minutieusement préparé leur attentat. En faisant des essais ils manquent de détruire leur appartement. Ils commettent l'attentat au milieu de la nuit. L'éditeur libère l'entrée pendant que ses camarades lancent les explosifs contre la chancellerie. La térébenthine glisse sur une pente dessous pour atteindre le garage où un chauffeur dormait. Ils manquent de peu de le tuer. Il explique pourtant être rentré après chez lui et avoir très bien dormi. L'attentat connaît un retentissement international considérable. Ils réalisent ce que les anarchistes appellent la propagande par le fait qui consiste à faire du tribunal une tribune politique. Le procès est l'objet d'une attention considérable et les accusés bénéficient même d'un certain soutien. Ils se voient condamnés à une année de prison avec sursis, ce qui est peu. Il se souvient qu'en sortant ils ont serré la main aux jurés et ont pris un taxi dans lequel le chauffeur a refusé de leur faire payer la course. Le soutien populaire signifie que la complicité des autorités genevoises avec le Consulat d'Espagne avait été sanctionnée par la population.
00:14:18 – 00:17:18 (Séquence 9) : Claude Frochaux explique que bien qu'ils se soient tout de suite livrés à la police, on ne les a pas cru, pensant qu'ils n'étaient que les porte-paroles. Ils ont essayé de faire cet attentat de manière humaniste, d'ailleurs personne n'a été blessé. Il est arrêté dans la librairie au moment de servir une cliente. Il ne peut reprendre la librairie après ses six mois de préventive. Il rencontre à la librairie Payot de Lausanne en 1962 Vladimir Dimitrijević, qui va jouer un rôle important dans sa vie. Il entend parler par des amis d'un libraire étonnant, que ceux-ci l'encouragent à rencontrer. Claude Frochaux le contacte afin de le rencontrer, ils se trouvent devant la librairie à 19h et se séparent à sept heures du matin le lendemain. Il en garde un souvenir fort. Ils écrivent sur une nappe des titres de livres à éditer. Les premiers auteurs inscrits étaient Cingria, le futurisme italien, les écrivains d'Europe de l'Est. Sur ce bout de papier se trouvait la moitié du programme de l'Âge d'Homme.
00:17:22 – 00:18:37 (Séquence 10) : Claude Frochaux est à Paris en 1962. Il commence à travailler dans la librairie du Palimugre créée par Jean-Jacques Pauvert. C'est par l'intermédiaire d'un essai qu'il avait écrit sur Georges Bataille qu'il est engagé par Pauvert. Claude Frochaux apprécie la manière dont Bataille crée une révolution en littérature en y introduisant l'érotisme et l'intime.
00:18:42 – 00:19:43 (Séquence 11) : Claude Frochaux se souvient qu'on vendait beaucoup d'ouvrages érotiques dans la librairie de Pauvert, par ailleurs éditeur des œuvres de Sade. Il se souvient d'avoir passé des années fabuleuses à Saint-Germain des Prés dans la librairie la plus courue de Paris. Il était seul au rez-de-chaussée pour recevoir les clients. Il se souvient qu'il avait des clients incroyables comme Jacques Lacan, François Mitterrand, Max Ernst, ou encore Gala.
00:19:48 – 00:21:09 (Séquence 12) : Claude Frochaux a vécu à Paris chez le peintre Jean-Michel Folon. Il était ainsi au milieu d'un cercle de dessinateurs humoristiques, avec entre autres Roland Topor, Ronald Searle, Chaval, etc. Pour son dernier livre il a illustré la couverture par un dessin de Folon afin de lui rendre hommage. Un jour, en descendant l'escalier très raide de l'immeuble de Folon il se casse le nez sur Henri Michaux et le fait tomber. Frochaux le reconnaît parce qu'il vendait des dessins de lui à la librairie. Michaux est fâché non qu'on l'ait renversé mais qu'on le reconnaisse.
00:21:15 – 00:22:10 (Séquence 13) : Claude Frochaux explique qu'il est cinéphile. Dans les années 60, Il fréquente presque tous les soirs la Cinémathèque française, rue d'Ulm. Il a à côté de lui Truffaut, Godard, Chabrol. Etre à Saint-Germain des Prés en 1962, même sans rien faire, était une expérience fantastique. Invité à une première de cinéma, il se trompe de jour et se trouve nez à nez devant une porte close avec Jacques Prévert qui lui propose alors d'aller boire un verre.
00:22:16 – 00:23:33 (Séquence 14) : Claude Frochaux publie son premier roman "Le lustre du grand théâtre" au Seuil en 1967 avec une préface d'André Pieyre de Mandiargues. Le Seuil est à la recherche de jeunes auteurs, 600 manuscrits sont déposés et 4 sont retenus, dont celui de Claude Frochaux. Le livre est un succès. Il explique que les livres sont écrits de deux manières: ou bien l'auteur décrit ce qu'il a autour de lui ou bien ce qu'il a en lui-même. Son premier roman, très psychanalytique, a été écrit afin de décrire ce qu'il ressentait devant les choses qui lui arrivaient. Le titre de son livre réfère à un lustre qui le fascinait au Collège Saint-Michel à Fribourg. Il se demande à partir de là ce qui pourrait se passer s'il est sous la menace d'un lustre qui pourrait lui tomber sur la tête.
00:23:39 – 00:24:34 (Séquence 15) : Claude Frochaux est ébloui par le succès que rencontre son livre. Il explique avoir démarré sa carrière trop fort. Par la suite, il publiera en Suisse à l'Âge d'Homme et ne connaîtra plus jamais un succès pareil. L'éditeur explique qu'il faut publier à Paris si l'on veut connaître le succès. Jacques Chessex n'aurait pas connu la même carrière s'il n'avait pas publié chez Grasset.
00:24:41 – 00:26:50 (Séquence 16) : Vladimir Dimitrijević est la première personne que Claude Frochaux retrouve à son retour de Paris en 1965. Ils discutent tout de suite ensemble d'un projet d'édition. Ils essaient d'abord de se rapprocher de la Baconnière dirigée par Hermann Hauser, mais le projet n'aboutit pas. Puis, il s'éloigne un temps de Dimitrijević en raison de leurs opinions politiques divergentes. Ils se rapprochent à nouveau en 1968 et décident de bâtir quelque chose ensemble malgré leurs désaccords. Claude Frochaux n'aurait jamais pris l'initiative de fonder seul l'Âge d'Homme, il se sent plus à même de jouer les seconds rôles. Dimitrijević est le véritable initiateur et fondateur de l'Âge d'Homme. Il propose à Dimitrijević d'être le directeur et le propriétaire et de lui donner à lui-même un statut de salarié. Il se souvient qu'au début il se faisait payer en bouquins qu'il revendait dans sa librairie.
00:26:57 – 00:28:02 (Séquence 17) : Claude Frochaux considère que l'Âge d'Homme est la plus grande maison d'édition littéraire créée en Suisse. Il explique que le premier projet de Dimitrijević n'était pas de faire concurrence à l'édition française, mais de conquérir des niches inoccupées par l'édition française. L'édition française était tenue par une oligarchie, Aragon entre autre, qui refusait de publier de la littérature de l'Est qui ne soit pas communiste. Par conséquent, la première idée a été de publier de la littérature russe qui échapperait à la censure idéologique française.
00:28:10 – 00:29:05 (Séquence 18) : Claude Frochaux explique que le métier d'éditeur ne s'apprend pas, seul le désir de publier compte. L'éditeur parle d'abord à un manuscrit, pas à un auteur. Son métier de libraire lui a beaucoup appris, notamment pour savoir ce que les gens cherchent, mais aussi à établir des relations commerciales pour la diffusion des livres.
00:29:14 – 00:29:59 (Séquence 19) : Claude Frochaux explique qu'à l'Âge d'Homme il recevait plus de 600 manuscrits par année. Il occupait un bureau sans fenêtres et n'a jamais connu de lassitude. Il se souvient que les anciens locaux de l'Âge d'Homme étaient un endroit fascinant, un entassement de cartons et de livres, fermé au monde extérieur. Il entendait Dimitrijević passer devant lui en murmurant "intense activité littéraire". Il explique que c'est leur passion partagée de la littérature qui leur a permis de surmonter leurs divergences idéologiques.
00:30:08 – 00:31:07 (Séquence 20) : Claude Frochaux a écrit un pamphlet sur la Suisse qui critique la solitude d'un peuple. Il explique que c'était un pamphlet à la fois dur et affectueux qui marquait une première dans le paysage des essais.
00:31:16 – 00:32:27 (Séquence 21) : L'interlocuteur demande à Claude Frochaux ce dont il est le plus fier dans ses activités d'éditeur. L'éditeur explique que c'est le livre "Vie et Destin" de Vassili Grossman, auteur honni par le régime. L'ouvrage, prétendument disparu, arrive miraculeusement à Lausanne. Dimitrijević s'est efforcé de le retranscrire et de le faire traduire. Au moment de le sortir en russe et en français afin d'avoir les droits mondiaux, ils avaient mis les exemplaires russes bien en évidence à la Foire de Francfort, sachant très bien que les fonctionnaires soviétiques du stand contigu passeraient devant eux à la sortie. Au moment de passer devant le stand, les fonctionnaires en ont bel et bien subtilisé un exemplaire.
00:32:37 – 00:34:00 (Séquence 22) : Claude Frochaux se souvient que les prises de position de Dimitrijević pendant la guerre d'Ex-Yougoslavie ont été douloureuses et pénibles pour lui et la maison d'édition. Il a été contraint de faire le choix d'éviter le naufrage devant la fuite de 15 de ses meilleurs auteurs. Il fallait renforcer l'engagement de l'Âge d'Homme comme maison littéraire et non idéologique.
00:34:11 – 00:35:49 (Séquence 23) : Claude Frochaux explique qu'au moment de la guerre d'Ex-Yougoslavie, Vladimir Dimitrijević a été pris dans une forme de dérive ultra-nationaliste, tout en ayant parfaitement conscience qu'il était en train de saboter son projet éditorial. Par ailleurs, pendant ces événements, l'éditeur se souvient qu'ils ont sorti les œuvres complètes de Cingria et le journal d'Amiel et qu'ils ont créé la première collection de poches en Suisse. Claude Frochaux n'a jamais pensé quitter l'Âge d'Homme. Il reçoit encore aujourd'hui des témoignages de gens ou d'institutions qui valident son choix d'être resté pour sauver la maison. Les meilleurs auteurs romands ont presque tous commencé à l'Âge d'Homme. Malgré les événements il est resté ami avec les auteurs qui sont partis à l'époque.
00:36:00 – 00:37:19 (Séquence 24) : Claude Frochaux publie aujourd'hui un livre qui regroupe des aphorismes de grands auteurs sur des thèmes qui lui sont chers. Il signe pourtant quelques-uns des aphorismes sous un nom d'emprunt. Ce personnage imaginaire lui sert de porte-parole.
00:37:31 – 00:38:19 (Séquence 25) : Claude Frochaux explique qu'il trouve son époque formidable au niveau de sa réalité et non de son imaginaire. L'éditeur suit de loin les nouvelles activités de l'Âge d'Homme poursuivies par la fille de Dimitrijević. Beaucoup prédisaient le naufrage du bateau après la mort de Dimitrijević, or il n'en est rien.
00:38:31 – 00:39:56 (Séquence 26) : Claude Frochaux explique que même s'il a essayé de se mettre un peu à l'informatique, ses livres restent sa vie. Claude Frochaux est très attaché à l'objet livre. Il trouve pourtant que lire sur écran exige moins d'effort que sur papier. Il voit une forme de déclin devant le fait qu'aujourd'hui on soit devenu rétif à l'effort.
00:40:09 – 00:42:32 (Séquence 27) : Claude Frochaux ne croit pas à la décadence du monde réel. Il considère qu'aujourd'hui que malgré son marasme économique, l'Europe n'est pas en déclin mais que son modèle au contraire triomphe et s'impose à tous sur le mode quantitatif. Le problème du déclin de l'Occident se trouve sur le plan de l'imaginaire. Toute la production littéraire et artistique produite dans les pays dits avancés ne part pas de l'intellect et de la rationalité mais de l'imagination. A partir du moment où la réalité asphyxie tout, l'imaginaire se rétrécit.
00:42:46 – 00:43:51 (Séquence 28) : Claude Frochaux estime que l'omniprésence de la réalité a tué l'imagination. Les causes principales en sont les médias et les nouvelles technologies. Il n'est plus possible de suffisamment s'éloigner du monde réel pour construire un imaginaire. L'imagination a connu un fort développement à des périodes où la réalité se montrait insuffisante. Claude Frochaux ne se propose pas de juger moralement la réalité mais de montrer comment elle asphyxie la possibilité de l'imaginaire.
00:44:05 – 00:45:19 (Séquence 29) : Claude Frochaux considère que l'imaginaire est un monde à part, un supplément compensatoire à la vie. La crise porte aujourd'hui sur la raison d'être des choses et des arts en particulier. Si l'on a aujourd'hui le meilleur de la réalité en découle une imagination plus pauvre.
00:45:34 – 00:47:08 (Séquence 30) : Claude Frochaux attend d'un roman qu'il lui parle du monde au-delà des modes et des conventions avec un style et une écriture qui donne un sens aux choses. Aujourd'hui, il n'y a plus création mais répétition de ce qui a été fait. Auparavant on était plus innovant et créateur. Il situe ce moment de basculement vers 1975. Jusque-là l'homme était dans un processus de conquête de la nature, s'aidant de processus imaginaires pour le faire. Il considère qu'aujourd'hui la conquête est achevée, l'homme a vaincu la nature et les raisons d'innover disparaissent.
00:47:23 – 00:48:21 (Séquence 31) : Claude Frochaux dresse un bilan négatif de la création aujourd'hui. Il réfute le reproche qu'on lui fait de ne pas aimer les jeunes. Il pense que ceux-ci sont désavantagés par l'époque dans laquelle ils sont nés, peu propice à la création. Ceux qui arrivent dans la période de "l'homme achevé", ne peuvent plus créer comme autrefois. On est passé de l'imaginaire au virtuel.
00:48:36 – 00:50:23 (Séquence 32) : Claude Frochaux croit que l'émergence de nouveaux créateurs se fera sur un terrain mineur. L'époque actuelle est celle du triomphe des genres mineurs. Il ne s'opère pas de déclin mais un transfert de l'imaginaire vers la réalité. Claude Frochaux ne se considère pas comme catastrophiste. Il pense que le public s'est adapté à cette nouvelle donne et s'y accommode. On ne demande plus à la littérature de remplir ses objectifs ambitieux d'autrefois.
00:50:39 – 00:51:19 (Séquence 33) : Claude Frochaux explique qu'autrefois l'art rendait la vie plus riche. Aujourd'hui, cette vie enrichie par l'imaginaire s'est appauvrie. Le credo de Claude Frochaux est : "La vie ça n'est pas plus que ça, mais ce n'est pas moins et c'est déjà fabuleux."
00:51:36 – 00:51:52 (Séquence 34) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Claude Frochaux, Intense activité littéraire, et tourné à Lausanne, le 22 novembre 2013.
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