Liliane Varone (L'enfant terrible de l'info valaisanne)

  • français
  • 2014-12-10
  • Durée: 00:52:05

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Description

En 1963, Liliane Varone entre à la rédaction du Nouvelliste. Elle lance une chronique judiciaire, crée des pages consacrées à la problématique des femmes, des jeunes, fréquente le Grand Conseil. Durant quatre ans de travail dans ce journal, elle apprend les rudiments du métier et en acquiert la passion. En 1967, en désaccord avec la ligne éditoriale, elle quitte Le Nouvelliste et enseigne le français dans une école de commerce. De 1969 à 1980, elle couvre l’actualité valaisanne à La Tribune de Lausanne. Durant cette période, elle débusque des affaires de corruption, dénonce les activités polluantes de certaines entreprises et s’attaque dans ses articles au fanatisme religieux. Elle fait face à des insultes, intimidations et menaces. Elle poursuit néanmoins ses investigations toujours fondées sur une grande rigueur et une stricte vérification des sources. Elle travaille ensuite à la Radio et à la Télévision Suisses Romandes et découvre d’autres aspects de l’info. Première journaliste femme professionnelle en Valais, c’est sans concession que Liliane Varone affronte un monde dur, rétrograde et fermé pour faire évoluer ce pays qu’elle admire et qu’elle aime.

00:00:00 – 00:00:07 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Liliane Varone et tourné à Sion (VS), le 10 décembre 2014. L'interlocuteur est Bernard Crettaz.
00:00:07 – 00:02:22 (Séquence 1) : Liliane Varone a été la première femme journaliste du canton du Valais. Pendant la période de Haute conjoncture, elle attire l'attention sur de nombreuses affaires. Le contexte de cette période, révèle une lutte entre les différents médias locaux pour garder le monopole sur l'information et une ouverture vers des médias nationaux et internationaux. Son arrivée en tant que femme dans ce milieu fait rejaillir tous les stéréotypes sexistes. Liliane Varone ne s'en rend pas vraiment compte à l'époque, puisqu'elle vient d'un milieu progressiste. Elle est plutôt surprise de susciter tant d'animosité. Son inconscience l'a probablement poussée à continuer malgré la violence des réactions et les tentatives pour la discréditer.
00:02:29 – 00:00:10 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Liliane Varone et tourné à Sion (VS), le 10 décembre 2014. L'interlocuteur est Bernard Crettaz.
00:02:40 – 00:01:59 (Séquence 3) : Liliane Varone naît en 1944 dans un milieu rebelle. Son arrière-grand-père est le fondateur de l'école libre de Charrat, puis son fils de celle de Bagnes. Cette école laïque a marqué le Valais. Son père, très tôt orphelin a suivi ces écoles. L'anti-cléricalisme de la famille les place en marge de la société. Le frère de son père peu avant de décéder à l'âge de 20 ans refuse que le curé lui prodigue les derniers sacrements. Le clergé l'empêche d'obtenir une sépulture religieuse. En 1927, cet événement constitue le premier enterrement civil en Valais. Le père de Liliane Varone refuse par la suite le baptême pour son fils en réaction à la décision du clergé concernant son frère.
00:04:39 – 00:02:28 (Séquence 4) : Le frère de Liliane Varone en âge d'être scolarisé, encore non baptisé, gêne dans la petite ville de Sion où les valeurs religieuses sont fortes. L'évêque de Sion Mgr Biéler mandate un chanoine pour le faire revenir sur sa décision. Le père, un notable de la ville, accepte à deux conditions: que le chanoine devienne le parrain et qu'il soit baptisé à Salins, seule commune radicale du district. Elle se souvient qu'il n'était pas facile de faire face à la fois à la pression religieuse et à l'ironie de son père. Elle ne reçoit aucune félicitation des religieuses à l'école, ce qui crée en elle un sentiment de révolte.
00:07:08 – 00:02:23 (Séquence 5) : Liliane Varone est une élève rebelle. Elle est placée par son père dans un internat. Elle a toujours eu le sentiment de faire partie d'une famille pas comme les autres. Son père est membre du Parti radical, autrefois un parti d'opposition. Dans les années 50, il adhère au Parti socialiste, ce qui constitue une révolution. Elle admire son père et sa lutte pour ses convictions, quitte à ne pas être dans la ligne. Sur ce même modèle, elle contracte un mariage contre l'avis de ses parents. Le mariage échoue.
00:09:31 – 00:01:05 (Séquence 6) : En 1963, elle entre au Nouvelliste. André Luisier l'accepte, bien que ses opinions ne soient pas dans la tendance du journal. Une demi-heure après avoir commencé son travail, elle va voir son directeur pour lui dire qu'elle refuse de porter le nom de son mari. Son patron accepte.
00:10:36 – 00:02:05 (Séquence 7) : Liliane Varone se souvient que malgré ses rapports houleux avec André Luisier, le directeur du Nouvelliste, c'est lui qui lui a donné la passion du métier. Il lui laisse une grande marge de manœuvre. A 23 ans elle devient secrétaire de rédaction. Elle est la première journaliste à faire une chronique judiciaire, à se rendre au Grand Conseil alors qu'elle n'avait pas le droit de vote. Liliane Varone explique qu'il était difficile de s'imposer alors qu'elle n'avait pas les mêmes droits civiques. Elle doit prouver ses connaissances politiques. En 1964, elle consacre une page au suffrage féminin, alors que son rédacteur en chef y est resté opposé jusqu'en 1971. Liliane Varone doit rapidement s'assumer et élever sa fille seule. Ses convictions féministes se renforcent avec cette expérience.
00:12:42 – 00:00:54 (Séquence 8) : Liliane Varone a toujours aimé écrire. Elle rédige déjà à l'école les rédactions de ses camarades. C'est au cours de sa carrière de journaliste qu'elle a mis le plus d'éléments personnels dans son écriture. Elle écrit beaucoup et sans plan.
00:13:36 – 00:02:44 (Séquence 9) : Liliane Varone commence par travailler au Nouvelliste de 1963 à 1967. A l'exception des rubriques sportives, elle touche à tous les secteurs, ce qui lui ouvre des portes et lui permet d'innover. Elle quitte le Nouvelliste en 1967 non pas par conflit, mais parce qu'elle ne supportait plus l'asservissement des gens autour d'André Luisier. Elle enseigne pendant deux ans le français, puis François Dayer lui propose en 1969 d'entrer à la Tribune de Lausanne. Commence alors une période où elle peut apposer sa marque. Les différences de tempérament avec François Dayer sont importantes et celui-ci craint parfois ses articles. Liliane Varone a toujours été animée dans ses enquêtes journalistiques par la curiosité. Elle aime partir à la rencontre des gens du pays et raconter ce qui s'y passe.
00:16:20 – 00:02:57 (Séquence 10) : Liliane Varone quitte la Tribune de Lausanne et entre à la radio puis revient pour le journal "la Suisse". Sa mère est entre-temps décédée et son père se retrouve seul, elle souhaite alors retrouver son canton. Elle retrouve ce rôle de "la Varone" qu'elle a fui, c'est-à-dire la pression de toujours sortir quelque chose de nouveau et si possible de scandaleux. Elle aspire à retrouver quelque chose de plus calme et avec moins de pression. Elle aime travailler à la radio. Sa voix et son accent valaisan sont restés emblématiques. Elle se souvient qu'un auditeur a même appelé une fois pour se plaindre de son accent. La radio implique plus de collaboration que dans la presse écrite. Grâce à ce média, elle a couvert toute sorte d'événements dans toute la Suisse.
00:19:18 – 00:01:34 (Séquence 11) : Liliane Varone accomplit une partie de sa carrière à la télévision. Même si la télévision offre une grande visibilité, elle trouve le métier frustrant en comparaison des autres médias. Dans les premières années, sous la direction de Claude Torracinta, elle a le sentiment d'être soutenue et comprise, alors que par la suite elle se sent emprisonnée et jalousée. On n'aime pas cette star qui n'est pas à Genève.
00:20:53 – 00:00:57 (Séquence 12) : Liliane Varone dérange dans sa pratique de journaliste. Elle assume et assure ses choix, puisqu'au cours de sa carrière, elle n'a jamais eu besoin de faire des rectifications et a toujours vérifié préalablement ses sources.
00:21:50 – 00:03:58 (Séquence 13) : Liliane Varone a eu le flair pour révéler de grandes affaires qui ont marqué le canton du Valais, notamment avec l'affaire Savro. L'affaire Savro débute en 1977 avec un communiqué de l'Etat du Valais qui constate des factures à double dans cette grande entreprise dirigée par André Filippini. La journaliste se pose tout de suite des questions. Elle reçoit un téléphone de Pascal Couchepin qui lui signale le communiqué alors qu'elle est en vacances. Elle interrompt ses vacances et commence à enquêter. A partir de ce moment-là, elle découvre une succession de faits compromettants. L'entreprise triche sur tout. Son directeur corrompt alors les fonctionnaires. Elle se souvient qu'il était facile d'enquêter parce que les gens étaient soulagés de parler de ce qui se passait au sein de l'entreprise. Elle est surprise de ce qu'elle découvre. On commence à publier des documents. Les dirigeants se croient intouchables. Un des cerveaux de l'affaire est un capitaine de police.
00:25:48 – 00:01:33 (Séquence 14) : Liliane Varone se souvient qu'au moment de la publication de son enquête sur l'affaire Savro, le Nouvelliste nie l'évidence des faits et refuse de parler de l'affaire. Elle est accusée alors de mentir et sa fille et elle sont victimes de menaces. Par le biais d'un avocat valaisan, qui lui suggère de modérer son zèle, elle apprend que l'emploi du temps de sa fille de 13 ans est connu. Des personnes envisagent de s'en prendre à ce qu'elle a de plus cher. Elle apprendra après le dénouement de l'affaire par un commandant de police que ces menaces étaient sérieuses.
00:27:22 – 00:02:19 (Séquence 15) : Liliane Varone se souvient que l'affaire du fluor commence par les protestations des agriculteurs de Saxon qui voient leur culture d'abricotiers contaminée par cette pollution. Comme dans l'affaire Savro, l'entreprise de Martigny mise en cause nie. La journaliste n'hésite pas à s'impliquer en participant aux manifestations de protestation. Elle est même au courant du projet de faire sauter des pylônes en signe de protestation et se trouve sur les lieux peu après. Les agriculteurs obtiennent finalement le soutien du Conseiller d'Etat Guy Genoud qui impose des mesures pour réduire les émanations produites par ces entreprises. La journaliste explique que c'est la première fois que l'on parle d'atteinte à l'environnement et que les entreprises sont directement attaquées. Si la bataille a été rude, ils finissent par gagner.
00:29:41 – 00:01:10 (Séquence 16) : Liliane Varone se souvient que dans le cadre de l'affaire de la pollution au fluor la pression était très forte. Les ouvriers sont menacés de perdre leur emploi. A l'époque tout se discute de manière feutrée et ces événements sont rarement relayés par la presse. A l'occasion d'une manifestation à Martigny, les agriculteurs sont reçus par le directeur de l'entreprise, mais refusent d'aller sans la journaliste. D'abord réticent, le directeur les reçoit finalement avec dédain.
00:30:52 – 00:03:14 (Séquence 17) : Dans le cadre de l'affaire d'Ecône, c'est Liliane Varone elle-même qui prend l'initiative d'aller à la rencontre de Monseigneur Nestor Adam. Après la mort d'un jeune de Saxon, Mgr Adam refuse de célébrer la cérémonie selon l'ancien rite. A ce moment-là un jeune d'Ecône publie un texte injurieux à l'encontre de l'évêque, que par ailleurs elle admire, dans lequel il le traite de menteur et d'usurpateur. Suite à cela, elle va le trouver et lui demande son aide et son expertise pour s'attaquer à Ecône en dénonçant ce qui s'y passe. Il lui offre non seulement son aide, mais également celle du chanoine Gillot, un théologien érudit. Elle commence ainsi sa lutte contre ce mouvement sectaire. Elle se souvient que les réactions ont été terribles, elle a reçu des lettres dans lesquelles elle est traitée de tous les noms d'oiseaux et menacée de mort.
00:34:06 – 00:00:52 (Séquence 18) : A l'annonce d'une conférence de presse internationale organisée par Mgr Lefebvre, Mgr Adam, évêque de Sion recommande à Liliane Varone de ne pas y aller et la prie de l'appeler dès qu'elle sort de celle-ci. A peine sortie, elle laisse sonner un coup et s'aperçoit que Mgr Adam attendait son appel.
00:34:58 – 00:01:51 (Séquence 19) : Liliane Varone a été accusée de "coucher" pour obtenir des informations. La journaliste explique qu'à l'époque il était exclu que l'on puisse attribuer à son travail et à sa persévérance ses différents scoops et enquêtes. Ces accusations, qui ont duré longtemps, ont lourdement pesé sur son entourage. On a même prétendu que l'affaire Savro était une vengeance de femme.
00:36:50 – 00:02:34 (Séquence 20) : Liliane Varone tombe amoureuse du politicien PDC Peter Bloetzer. Suite à cela, les réactions se multiplient. Elle pense tout d'abord que cette liaison va se retourner contre l'homme politique, vu que sa réputation à elle est déjà faite, or on s'en prend de nouveau à elle. Elle est qualifiée de traître par les radicaux et on questionne alors son indépendance. Les rumeurs vont bon train, on suppose même que c'est un complot du PDC pour la faire taire.
00:39:25 – 00:01:23 (Séquence 21) : Liliane Varone a longtemps été accusée d'être la traîtresse de son canton à la solde de la presse étrangère. Elle considère l'attaque comme tellement fausse, qu'elle ne se sent pas atteinte. Elle adore son canton et a toujours souhaité qu'il retrouve sa dignité et son honneur. Elle estime avoir fait du bien à son canton.
00:40:48 – 00:02:15 (Séquence 22) : Liliane Varone ne s'est jamais sentie investie d'une mission héroïque. Elle est simplement habitée par la passion du métier. Elle est animée par le désir de s'attaquer aux puissants et d'écouter ceux qui les subissent. Elle a souvent fait office de chambre d'échos des soucis des gens, qui viennent régulièrement la voir avec l'espoir qu'elle résolve les choses. Cette situation est le reflet d'une époque où ceux qui dirigent et possèdent se croient investis des pleins pouvoirs. Elle pense avoir ouvert une brèche et montré ce qu'il était possible de faire.
00:43:03 – 00:01:08 (Séquence 23) : Liliane Varone explique que le pouvoir pouvait prendre à l'époque en Valais plusieurs visages. Entre les hommes politiques, les chefs de service, les industriels, la volonté de faire de l'argent et de s'arranger entre petits copains est grande. Le canton est alors en plein essor économique, de nombreux projets ne respectent pas vraiment l'aménagement du territoire. Il était nécessaire d'avoir une ligne de conduite et de regarder au-delà des intérêts financiers.
00:44:12 – 00:01:58 (Séquence 24) : L'interlocuteur rappelle que Liliane Varone possède un flair incroyable. La journaliste s'est toujours mise à l'écoute des gens. Elle travaille beaucoup, ne boit pas, ne fume pas. Avec un grand cercle d'amis, elle possède un réseau indispensable à son travail. Liliane Varone explique que le flair du journaliste passe beaucoup par l'empathie envers les gens.
00:46:10 – 00:03:17 (Séquence 25) : Liliane Varone possède un solide réseau d'informateurs, parfois au plus haut niveau. La règle d'or qu'elle s'impose, c'est une confiance absolue. Elle compte parmi ses informateurs privilégiés, le Conseiller d'Etat conservateur Guy Genoud. Si elle jouit d'une belle complicité avec lui, leur relation commence par un conflit ouvert lors d'une manifestation politique. Ils s'écrivent le lendemain pour s'excuser, estimant être allé trop loin. Les lettres se croisent et dès lors s'installe une forte complicité appelée à durer. Elle l'accompagne dans un conflit au sein du Conseil des Etats dont on essaie de l'évincer au profit de Hans Wyer. Intrigue appuyée par le Nouvelliste, qui n'aimait pas Guy Genoud. Le politicien transmet à la journaliste des informations du gouvernement avec une confiance totale. Elle se souvient que même si elle ne partageait pas ses idées, elle admirait sa droiture.
00:49:28 – 00:01:59 (Séquence 26) : Liliane Varone se souvient d'un moment marquant avec Guy Genoud. Trois semaines avant son décès il lui accorde un entretien. Cet échange l'a beaucoup marquée. A ce moment-là chacun fait un pas vers l'autre malgré leurs différences. Il lui transmet un petit billet lors de cet échange, billet qui constitue son testament politique. Elle garde une amitié indéfectible pour cet homme.
00:51:28 – 00:00:36 (Séquence 27) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Liliane Varone et tourné à Sion (VS), le 10 décembre 2014.
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