Coup d’œil sur l’année 1971 (1489-1)
- français
- 1971-12-31
- Durée: 00:07:25
Description
Communiqué :
A la vue de certains événements que nous avons pu enregistrer pendant l’année écoulée, il est parfois difficile d’envisager l’avenir avec optimisme. – Dans la rue, il y eut des manifestations de protestation contre la pénurie de logements et pour essayer de sauver quelques anciens bâtiments tombés dans les mains de spéculateurs. – La vague de crimes commis contre la société par la pollution de la nature poursuit allégrement son chemin. – Au sein de notre démocratie, les cantons ont continué à profiter d’une loi qu’ils ont voulu inefficace, afin de pouvoir céder du terrain à des ressortissants étrangers. – Que nous réserve donc 1972 ?
Commentaire :
En 1971, les Suisses sont restés optimistes, puisque les mariages et partant les naissances n’ont cessé d’augmenter, même si de nombreux problèmes assaillent les jeunes couples. Mais la nécessité stimule l’esprit inventif de l’homme. La preuve en est donnée par un jeune père genevois en mal d’espace vital qui a eu une idée ingénieuse pour agrandir son logement. Mais d’autres ne s’en tiennent pas là. La spéculation immobilière, qui se traduit par des démolitions qui font place à des constructions luxueuses, a attisé la colère du peuple. Mais il ne faudrait pas en venir aux mains ! / Des manifestations de rues, il y en eut en 1971. A Zurich, à propos d’une nouvelle université. A Genève, contre la culture exclusivement bourgeoise. / Si la jeunesse s’en est prise aux aînés, et surtout aux nantis, des adultes ont à leur tour envahi la rue, ou plus exactement un coin d’un quartier de Genève, où subsistaient encore quelques arbres que l’on a abattus en fin d’année sous la protection de la police, pour construire à leur emplacement des immeubles commerciaux. / Ici, en matière de protestation, on plante un arbre ; et là, un autre arbre qui doit symboliser l’amitié entre deux peuples. / Amitié ici, agressivité ailleurs, la contestation a souvent résonné cette année aux oreilles du Président Nixon. A titre de protestation contre la guerre du Vietnam, des vétérans de ladite guerre ont arraché leurs décorations devant le Capitole. L’opinion publique, elle, ne comprend pas. Et pourtant la guerre est omniprésente en Orient. / En Suisse, s’il y a eu des catastrophes, elles ont été naturelles, si l’on peut dire. Des incendies monstres qui ont ravagé des hôtels à St-Moritz et à Leysin, une gare à Lucerne et un casino à Montreux. / A Zurich, un Illiouchine bulgare s’est écrasé à l’atterrissage faisant 45 victimes. Près de Zurich, une rame de banlieue a percuté un autre train : 8 morts. En Allemagne, près de Bâle, un convoi international a déraillé, là aussi les victimes furent nombreuses. / En août, la vallée de Joux a été ravagée par un cyclone tropical qui a fait pour plus de 10 millions de francs de dégâts. En notre époque où l’information est reine, il arrive que ce soit un des véhicules de cette même information qui soit à la une des journaux. Ce n’est en tout cas pas un film explosif qui a mis le feu à la maison de la Radio-Télévision à Genève, car là, où il y a censure, il n’y a pas de film dangereux. Malheureusement, cette censure ne s’attaque pas à la pollution de l’air et de l’eau. / Anasthasie semble plutôt se tracasser pour quelques publications coquines, qui risqueraient de polluer outrageusement nos cerveaux débiles si le Ministère publique fédéral n’y prenait garde. / Les Jurassiens eux ont d’autres préoccupations. Leur colère, difficile à censurer, s’est manifestée devant la Curie fédérale. D’aucuns ont abandonné leurs effets militaires à titre de souvenirs sur les marches du Palais. Uniformes gris-verts que l’on retrouve d’ailleurs dans les boutiques “in“ de Zurich. / Mais en principe, les Suisses, jeunes ou vieux, à part quelques farfelus, marchent tous au pas. / Notre société de consommation va très bien… merci ! et l’économie est en pleine expansion. Mais comme notre pays ne représente dans le fond qu’une petite fraction de l’économie mondiale, le gouvernement a été dans l’obligation de prendre des mesures dirigistes qui n’ont pas été du goût de tout le monde. / Le franc a été réévalué et paradoxe, l’argent a été remplacé par du cupro-nickel. / Malgré les manipulations monétaires, la Suisse possède ses propres tranquillisants. Il répond bien volontiers à toutes les campagnes tendant à soulager les misères des peuples dans la détresse. / Pourtant, il n’y a pas que nos concitoyens qui pensent argent. Les capitaux étrangers déferlent dans notre pays. Notre sol, un des plus arides qui soient au monde, se vend à bien plus que le prix de l’or. L’Engadine est à celui qui y construira le plus de buildings. / Monsieur von Moos en était conscient. Seul notre Parlement n’est pas encore à vendre. On se demande bien pourquoi, puisque… il reste le meilleur marché du monde. / Les explications des mouvements politiques ne valent pas non plus grand chose. Lorsqu’il s’agit d’élection au Conseil fédéral, les partis sont passés maîtres en matière de préfabrication. / Peut-être que la nouvelle représentation féminine renouvellera l’air de cet aéropage jusqu’ici essentiellement masculin. En tout cas, on souhaite que sur la scène politique, nos charmantes compagnes aient plus de chance que la championne d’Europe Béatrix Schuba sur cet autre terrain glissant qu’est une patinoire. / Les Championnats du monde de hockey sur glace ont tenu en haleine les fervents de ce sport, pendant tout le mois de mars. L’équipe d’URSS a une fois de plus montré sa grande classe. Il n’y a que les Tchécoslovaques qui ont réussi à battre les Russes par 5 à 2. / Une visite est presque passée inaperçue, celle de l’Empereur du Japon… Et pour cause, elle fut faite au pas de course, le temps d’écrire quelques cartes postales ! / Les Suisses qui sont pourtant réputés pour n’être pas très rapides, connaissent à leur tour la hâte. La société de consommation les entraîne irrésistiblement, la publicité fait en sorte que tout reste dans le mouvement. / Jusqu’au jour où… oui, là aussi, le rythme est toujours trop rapide ! C’est dommage, il y avait encore beaucoup de belles choses à vivre ! /
Communiqué_1489.pdf
A la vue de certains événements que nous avons pu enregistrer pendant l’année écoulée, il est parfois difficile d’envisager l’avenir avec optimisme. – Dans la rue, il y eut des manifestations de protestation contre la pénurie de logements et pour essayer de sauver quelques anciens bâtiments tombés dans les mains de spéculateurs. – La vague de crimes commis contre la société par la pollution de la nature poursuit allégrement son chemin. – Au sein de notre démocratie, les cantons ont continué à profiter d’une loi qu’ils ont voulu inefficace, afin de pouvoir céder du terrain à des ressortissants étrangers. – Que nous réserve donc 1972 ?
Commentaire :
En 1971, les Suisses sont restés optimistes, puisque les mariages et partant les naissances n’ont cessé d’augmenter, même si de nombreux problèmes assaillent les jeunes couples. Mais la nécessité stimule l’esprit inventif de l’homme. La preuve en est donnée par un jeune père genevois en mal d’espace vital qui a eu une idée ingénieuse pour agrandir son logement. Mais d’autres ne s’en tiennent pas là. La spéculation immobilière, qui se traduit par des démolitions qui font place à des constructions luxueuses, a attisé la colère du peuple. Mais il ne faudrait pas en venir aux mains ! / Des manifestations de rues, il y en eut en 1971. A Zurich, à propos d’une nouvelle université. A Genève, contre la culture exclusivement bourgeoise. / Si la jeunesse s’en est prise aux aînés, et surtout aux nantis, des adultes ont à leur tour envahi la rue, ou plus exactement un coin d’un quartier de Genève, où subsistaient encore quelques arbres que l’on a abattus en fin d’année sous la protection de la police, pour construire à leur emplacement des immeubles commerciaux. / Ici, en matière de protestation, on plante un arbre ; et là, un autre arbre qui doit symboliser l’amitié entre deux peuples. / Amitié ici, agressivité ailleurs, la contestation a souvent résonné cette année aux oreilles du Président Nixon. A titre de protestation contre la guerre du Vietnam, des vétérans de ladite guerre ont arraché leurs décorations devant le Capitole. L’opinion publique, elle, ne comprend pas. Et pourtant la guerre est omniprésente en Orient. / En Suisse, s’il y a eu des catastrophes, elles ont été naturelles, si l’on peut dire. Des incendies monstres qui ont ravagé des hôtels à St-Moritz et à Leysin, une gare à Lucerne et un casino à Montreux. / A Zurich, un Illiouchine bulgare s’est écrasé à l’atterrissage faisant 45 victimes. Près de Zurich, une rame de banlieue a percuté un autre train : 8 morts. En Allemagne, près de Bâle, un convoi international a déraillé, là aussi les victimes furent nombreuses. / En août, la vallée de Joux a été ravagée par un cyclone tropical qui a fait pour plus de 10 millions de francs de dégâts. En notre époque où l’information est reine, il arrive que ce soit un des véhicules de cette même information qui soit à la une des journaux. Ce n’est en tout cas pas un film explosif qui a mis le feu à la maison de la Radio-Télévision à Genève, car là, où il y a censure, il n’y a pas de film dangereux. Malheureusement, cette censure ne s’attaque pas à la pollution de l’air et de l’eau. / Anasthasie semble plutôt se tracasser pour quelques publications coquines, qui risqueraient de polluer outrageusement nos cerveaux débiles si le Ministère publique fédéral n’y prenait garde. / Les Jurassiens eux ont d’autres préoccupations. Leur colère, difficile à censurer, s’est manifestée devant la Curie fédérale. D’aucuns ont abandonné leurs effets militaires à titre de souvenirs sur les marches du Palais. Uniformes gris-verts que l’on retrouve d’ailleurs dans les boutiques “in“ de Zurich. / Mais en principe, les Suisses, jeunes ou vieux, à part quelques farfelus, marchent tous au pas. / Notre société de consommation va très bien… merci ! et l’économie est en pleine expansion. Mais comme notre pays ne représente dans le fond qu’une petite fraction de l’économie mondiale, le gouvernement a été dans l’obligation de prendre des mesures dirigistes qui n’ont pas été du goût de tout le monde. / Le franc a été réévalué et paradoxe, l’argent a été remplacé par du cupro-nickel. / Malgré les manipulations monétaires, la Suisse possède ses propres tranquillisants. Il répond bien volontiers à toutes les campagnes tendant à soulager les misères des peuples dans la détresse. / Pourtant, il n’y a pas que nos concitoyens qui pensent argent. Les capitaux étrangers déferlent dans notre pays. Notre sol, un des plus arides qui soient au monde, se vend à bien plus que le prix de l’or. L’Engadine est à celui qui y construira le plus de buildings. / Monsieur von Moos en était conscient. Seul notre Parlement n’est pas encore à vendre. On se demande bien pourquoi, puisque… il reste le meilleur marché du monde. / Les explications des mouvements politiques ne valent pas non plus grand chose. Lorsqu’il s’agit d’élection au Conseil fédéral, les partis sont passés maîtres en matière de préfabrication. / Peut-être que la nouvelle représentation féminine renouvellera l’air de cet aéropage jusqu’ici essentiellement masculin. En tout cas, on souhaite que sur la scène politique, nos charmantes compagnes aient plus de chance que la championne d’Europe Béatrix Schuba sur cet autre terrain glissant qu’est une patinoire. / Les Championnats du monde de hockey sur glace ont tenu en haleine les fervents de ce sport, pendant tout le mois de mars. L’équipe d’URSS a une fois de plus montré sa grande classe. Il n’y a que les Tchécoslovaques qui ont réussi à battre les Russes par 5 à 2. / Une visite est presque passée inaperçue, celle de l’Empereur du Japon… Et pour cause, elle fut faite au pas de course, le temps d’écrire quelques cartes postales ! / Les Suisses qui sont pourtant réputés pour n’être pas très rapides, connaissent à leur tour la hâte. La société de consommation les entraîne irrésistiblement, la publicité fait en sorte que tout reste dans le mouvement. / Jusqu’au jour où… oui, là aussi, le rythme est toujours trop rapide ! C’est dommage, il y avait encore beaucoup de belles choses à vivre ! /
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