L’opinion d’un ancien ministre (1586-1)

  • suisse allemand, français
  • 1973-12-28
  • Durée: 00:06:53

Description

Communiqué :
Jamais auparavant le peuple suisse s’est intéressé autant aux problèmes financiers comme durant ces deux dernières années. M. Nello Celio, conseiller fédéral, a dirigé de 1968 à 1973 le Département des finances de la Confédération helvétique. C’est lui qui eut la tâche désagréable de détruire votre rêve d’un bien-être financier éternel. Peu de temps après sa démission il accorda une interview au Ciné Journal Suisse, où il est question de la lutte contre l’inflation, de l’augmentation du coût de la vie, et des dettes de la Confédération.

Commentaire :
Jamais les Suisses se sont autant intéressés aux problèmes financiers que connaissent l’Etat et notre économie, et cela depuis deux ans. Monsieur Nello Celio a été à la tête du Département des Finances de 1968 à 1973. Il a eu pendant ce temps la tâche ingrate de réfréner l’optimisme qui prévoyait une prospérité économique perpétuelle pour notre pays. Peu de temps avant de se retirer du gouvernement, Mr Celio a donné une interview exclusive au Ciné Journal Suisse. / “Est-ce que ce sont vos lectures habituelles du matin ?“ –“Oui, c’est normal, mais cette fois il y a un désordre épouvantable sur mon bureau, j’ai été absent pendant 3 jours.“ / - “Pourquoi ne peut-on mettre fin d’un seul coup à l’inflation galopante ?“ / - “On ne peut donner un tour de vis avec une seule et unique mesure. Les causes sont trop multiples. Il y a un renchérissement ou une inflation qui sont conditionnés par les importations. Il existe d’autre part un renchérissement provoqué par la grande circulation monétaire et l’excès du crédit. Et lorsque la demande de crédit est plus élevée que l’offre, les prix montent.“ / - “Que peut faire le simple citoyen pour contribuer à la normalisation de la situation ?“ / - “Vivre simplement. Pourquoi changer de voiture chaque année ? On peut garder la même voiture pendant 5 ou 6 ans. Il y a en outre bien des produits qui ont renchéri, eh bien, il n’y a qu’à ne pas les acheter. Ça, c’est ce que peut faire le particulier. D’autre part, l’esprit d’épargne devrait prévaloir. Lorsqu’un peuple fait des économies, les prix baissent. Car la consommation diminue.“ / - “Est-ce que votre successeur ne devrait pas être un spécialiste de la haute finance ?“ / - “Je ne prétends pas que ce dernier devrait être véritablement un spécialiste. Mais il faut tout de même qu’il possède de solides connaissances en la matière. Des spécialistes, nous en avons à la Banque nationale et dans l’administration des finances fédérales. Il faut avant tout dans cette fonction, penser politiquement.“ / - “N’est-il pas regrettable qu’en Suisse, on ne puisse prendre des mesures urgentes plus rapidement ? / - Dans ce cas, la Suisse ne peut-elle renforcer son aide aux pays en voie de développement ?“ / - “Nous entrons dans une période de plus en plus critique. Les projets financiers pour 1975 et 1976 se présentent très mal. L’excès de dépenses atteindra plus d’un milliard. Je suis d’avis qu’il faut aider les pays en voie de développement, mais je suis aussi d’avis que d’autres postes doivent être limités et que nous devons les limiter.“ / - “Le tourisme, c’est de l’argent. Ne va-t-il pas y avoir aussi récession dans ce domaine ?“ / - “Je crois que pour diverses raisons, notre pays est en train de devenir un des plus chers du monde. Non pas parce que nos prix montent, mais surtout du fait de la parité des monnaies. Auparavant, en échange de 150 lires, on recevait un franc suisse. Aujourd’hui, il en faut 200. Il en est de même pour le dollar. Il y a peu de temps, il était à 4 fr 29, maintenant, à condition qu’il se maintienne, il est à 3. Ainsi, pour un étranger, la facture d’hôtel est-elle plus haute, même si l’hôtel n’a pas augmenté ses tarifs. Je crois aussi que notre industrie hôtelière doit faire des efforts de modernisation. Beaucoup a déjà été fait, mais les exigences sont aussi plus élevées.“ / - “Est-ce que les dettes de la Confédération jouent un grand rôle dans le budget ?“ / - “Les dettes de l’Etat ne sont pas aussi élevées que l’on veut le croire. A la fin de la dernière guerre, nous avions plus de 7 milliards de fr. de dettes. A la fin de l’année dernière, grâce au surplus des rentrées, elles sont tombées à 1 milliard et demi. Et lorsque l’on songe que le produit national brut est de 120 milliards, on s’aperçoit que les dettes ne sont qu’une petite fraction de ce produit national brut. Il y a pas de pays au monde aussi peu endetté que la Confédération suisse.“ /

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