Interview de Una Musica

  • français
  • 1992-07
  • Durée: 00:28:35

Description

Interview du groupe fribourgeois Una Musica par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de la sortie et du vernissage de leur album.

Avec Jean-Daniel (Thomas), le batteur; Jacques (Sterchi), pianiste; Thierry (Christinaz), claviers

Ils viennent de sortir un album.
Jean-Daniel explique comment s'est fait le groupe. Au départ ils ont formé un groupe avec Jacques Sterchi (violoncelle), ils ont joué pendant 3 ans. Puis en 1989 ils ont fondé Una Musica.
Ils ont longtemps travaillé en duo, puis ont été jusqu'à 12 membres et maintenant ils sont 5.

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Ils font des études mais pas de musique, même s'il y a des professionnels. Ils pensent que pour la musique il n'y a pas besoin de faire des études. Ils viennent de différents milieux.

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Ils se présentent comme collectif "lausanno-fribourgeois". Le terme collectif vient du fait que ce n'est pas un groupe fixe, mais que l'idée est de laisser venir les musiciens de tous genres possibles. Le terme collectif porte aussi la couleur du travail collectif, car le travail de création est collectif.
Ils pensent que la musique il faut la pratiquer plus que l'apprendre.

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Il y a une scène de bonne qualité mais qui a de la peine à se remettre en question. C'est rare de laisser les gens venir et partir. Eux pensent qu'ils ont une large ouverture d'esprit.

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C'est un groupe où l'on retrouve des instruments originaux. Pour les arrangements, il y a une certaine recherche au niveau des sons.
Ils essaient d'apporter un peu d'originalité, une certaine recherche aussi rythmique.
Ils travaillent avec beaucoup de choses, pas seulement avec un synthétiseur. Il y a beaucoup de façon de faire des bruits, ils sont expérimentateurs, ils sont pour l'ouverture.
C'est une forme de synthèse de sons et bruitages hétéroclites, rien n'est original en soi. C'est un mélange de sons qui n'ont à priori rien à voir les uns aux autres.

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Ils n’ont pas vraiment de concept, c'est avant tout du plaisir de jouer, de se faire plaisir, de rechercher une énergie et essayer de la retransmettre.
Leur musique peut évoquer des images, ce n'est pas vraiment recherché. Ils n'ont pas de références vraiment. Ils sont plutôt contents de voir ce que les gens ressentent dans leur musique car eux ne recherchent pas vraiment ces images. Ils ne veulent pas avoir une étiquette.

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Il y aussi beaucoup d'improvisation dans le groupe, sur scène comme en studio, Les 13 premières minutes du disque sont improvisées. La plupart de l'enregistrement du disque s'est fait de manière spontanée.

Un chaos musical?
Chaos oui, si on l'interprète en tant que liberté de jouer. Chao dans le sens positif, désordre, vivant.
Il y a une rythmique importante, assez fluctuante mais pas très stricte. C'est plus une pulsion.

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Quand de nouveaux musiciens arrivent, ils ont parfois de la peine à se mettre dans le bain.
Leur groupe peut être considéré comme une plaisanterie. Ils veulent se distancer du discours sérieux de la musique car ils pensent que ça tue la musique. Ils ne font pas de la musique, mais une musique, d'où le nom du groupe.
C'est une rencontre de sources musicales.

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La notion de sérieux dans la musique est très occidentale. On a perdu la notion de plaisir dans la musique en Occident. C'est plus une question de s'amuser, de mentalités que de culture.
Ils font une musique européenne, qui puise ses sources en Occident. Ils ne se transforment pas.

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Définitions:
La fête en musique: samedi soir, 16 janvier, 21 h aux Grands places. [Leur vernissage]
Richesse: si seulement, bientôt
Pauvreté: depuis peu
Intimité: 5 musiciens sur le disque, 5 intimités.
Spiritualité: coupé
Emotion: toujours, à la base.
L'Homme: qu'il ait plaisir à le faire

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Parlent de leur disque, "Rabelaisien". La notion de nourriture, la musique vient aussi bien d'une bonne bouffe, que de peinture. Il devrait y avoir la même générosité dans la musique que dans la cuisine. Cela devrait être aussi amusant.
Rabelais il y a aussi la connotation du langage, pas que le côté Gargantua. Cette mixture entre le langage et la nourriture.

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L'enregistrement a été fait chez Dom Torche à Belfaux car ils ne voulaient pas un son jazzy mais plus ouvert.
Le fait d'improviser n'a pas posé problème car ils le font sur scène et en répétition, ils aiment le faire. L'improvisation leur prend peut-être un peu moins de temps que d'autres. Improviser c'est aussi excitant, il y a une pression qui pousse à la créativité.
C'est un risque.

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L'humour? Ils ne veulent justement pas se contenir. L'intérêt est justement de pouvoir éclater de rire au milieu d'un concert. C'est dans l'instant. Il n'y a pas que cet aspect, mais il y a une forme de bonne humeur.

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Ils expliquent les titres des chansons de l'album.

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Ils aiment beaucoup jouer en Suisse allemand, à Bern, ou à Neuchâtel, dans les lieux alternatifs car le public est plus réceptif. Ils sont à l'aise partout. Ce qui compte c'est le public, que le public vibre bien.
Ils jouent en Suisse romande plutôt dans des endroits prévus pour le jazz, tandis qu'en Suisse allemande pas forcément, et le public se mélange. Il y a toutes sortes de gens qui viennent.

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Il y a une synergie avec le public. Mais ça dépend des concerts. On sent très vite si le public est là, et inversement.

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Pour le vernissage, ils vont avoir [Daniel] Bourquin et [Léon] Francioli en ouverture. Ils connaissent déjà leur manière de travailler, et voulaient aussi se faire plaisir.

Bibliographie:
Annonce de diffusion de l'interview dans le journal "La Liberté": "Radio Fribourg Aujourd'hui", in: La Liberté, n°87, 15.01.1993, p.17.
Ce document a été sauvegardé avec le soutien de Memoriav.
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