TABLE DES CHAPITRES
Chapitre 1 - Les chefs de station
Chapitre 2 - Station de Cornavin
Chapitre 3 - Station de Chantepoulet
Chapitre 4 - Station Molard
Chapitre 5 - Station de Rive
Chapitre 6 - Station des Eaux-Vives
Chapitre 7 - Station Tranchées
Chapitre 8 - Station de Claparède
Chapitre 9 - Station de Plainpalais
Chapitre 10 - Station des Augustins
Chapitre 11 - Station de la Place des Nations
Abris, kiosques et dépôts
Les kiosques des tramways de Genève sont des édicules bâtis à certains arrêts du réseau. Ils ont été nommés de manière variable au cours du temps: aubette, édicule, kiosque, station. La spécificité de ces bâtiments est de combiner plusieurs objectifs: abri protégeant des intempéries, salle d’attente, billetterie, toilettes publiques, kiosques à journaux, cabine téléphonique ou boutique de fleurs. Leur valeur d’usage tient à la multiplicité des services qu’ils regroupent. Par ailleurs, les kiosques-abris ont une dimension culturelle et sociale. En effet ils constituent des éléments qualitatifs du paysage urbain (au niveau architectural) et favorisent les pratiques collectives dans l’espace public (rôle social). Enfin, ils construisent une identité visuelle et une image de marque à la compagnie de transports.
Quelques définitions pour commencer
Abri: Endroit où l’on est protégé (du mauvais temps, du danger) ou construction, installation destinée à protéger (Le Robert);
Aubette: Élément de mobilier urbain permettant aux usagers des transports en commun d’attendre l’arrivée du véhicule dans un abri les protégeant des intempéries (Wikipédia);
Édicule: Petite construction édifiée sur la voie publique (Le Robert). Les abris de tramways genevois en 1997 sont définis comme tels de par leurs caractéristiques : dimensions modestes, fonctions simples et peu exigeantes, structures lisibles, faibles difficultés techniques posées par leur réalisation (Les stations-abris de tramway à Genève (1910-1950), P. Marti, juillet 1997, Conservation du patrimoine architectural/Ville de Genève, p. 4);
Gare: Ensemble des bâtiments et installations établis aux stations des lignes de chemin de fer (Le Robert)
Kiosque: Pavillon de jardin ouvert ou édicule où l’on vend des journaux, des fleurs, des fruits ou des marrons, ils sont établis en ville, généralement sur les places publiques. À Genève, on parle de « kiosques-abris » à partir du début du XXe siècle, moment où la vente de fruits, puis de journaux, a été incorporée aux stations-abris (Le Robert et Édicules, documentation rassemblée par V. Palfi, octobre 2004, Conservation du patrimoine architectural/Ville de Genève, p. 3).
Station: Endroit aménagé pour l'arrêt momentané de véhicules (Le Robert)
Fondée en 1899, la Compagnie genevoise des tramways électriques (CGTE) offre dès ses premières années un réseau étendu sur tout le territoire genevois et même au-delà. Pour le confort des passagers·ères, des abris spécifiques sont construits à certains arrêts par les communes ou sur initiative de particuliers. Ils deviennent rapidement des lieux de socialisation. En ville, ces kiosques/abris de style contemporain offrent diverses commodités (WC, marchand de journaux, cabines téléphoniques, etc.). A la campagne, ce sont de simples abris en bois avec un banc en U à l’intérieur ; une boîte aux lettres relevée par la CGTE y est souvent accolée.
Tout en région, 18 avril 2002. Archives RTS
Quelques exemples d'abris historiques dont il ne reste qu'une photographie conservée précieusement par les archives des tpg
Abri de Châtelaine, auteur inconnu, s.d., archives tpg
Abri de Bernex, s.d., auteur inconnu, archives tpg
Abri du Parc des Sports, auteur inconnu, s.d., archives tpg
Les chefs de station
Dépendant de l'inspecteur, les chefs de stations sont responsables de la station et du bon fonctionnement des lignes de tramways qui partent depuis la station tête de ligne où ils officient.
La gestion de la station comprend notamment la responsabilité de l’entretien et du nettoyage du mobilier et des objets se trouvant dans la station, la vente des billets et abonnements, l’enregistrement la consignation et l’expédition des bagages et colis. Les chefs de stations centralisent les objets trouvés qui auraient été oubliés dans les trams ou dans la station et avant de les expédier au dépôt, joignent pour chaque objet, un bulletin portant tous les éléments possible visant à faciliter la récupération de ce dernier par son propriétaire au dépôt de la Jonction, siège de l’entreprise.
Pour ce qui concerne la circulation des trams, les chefs de stations dirigent les manœuvres sur les voies de la station, surveillent les véhicules en stationnement.
Les chefs de stations surveillent directement – sur les lignes qui leurs sont rattachées – les wattmen (conducteurs de trams) et les receveurs qui vendent et contrôlent les billets. En cas de faute d’un agent, d’une avarie sur un véhicule ou aux installations, le chef de station doit transmettre un rapport circonstancié à l’inspecteur.
A noter enfin, qu’un registre de réclamations est déposé dans chaque station à destination des clients qui peuvent y inscrire leurs observations. Le chef de station envoie chaque jour copie des observations à l’inspecteur en y ajoutant tous les renseignements complémentaires qu’il juge utile sur les faits indiqués.
Source: Règlements de service, 1936, CGTE
Vie et Métier, 22 mai 1969. Archives RTS
Enquête à deux (0219-1), Ciné-Journal suisse du 22.12.1944. Cinémathèque suisse, Archives fédérales suisses. Ce CJS a été traité afin d'être moins sombre, c'est pourquoi il est déposé sur Vimeo. La version originale se trouve sur Memobase. Vous y accédez en cliquant sur le GIF d'introduction au chapitre.
Comment sélectionne-t-on et forme-t-on les conducteurs des véhicules des transports publics ? C'est à ces questions que tentera de répondre l'émission Vie et métier qui illustre également l'opinion que peuvent avoir des conducteurs chevronnés sur le métier qu'ils exercent au sein d'une des plus grandes compagnies de transports en commun de Suisse romande.
Station de Cornavin
Plusieurs hypothèses existent sur l’origine du nom Cornavin. On dit notamment qu’il s’agit d'une ancienne auberge appelée La Corne à Vin, où trouvaient refuge, chaleur et réconfort les hommes qui n’avaient pas pu (ou pas voulu) regagner la ville à temps, car il existait une porte d'accès tout près qui fermait une fois la nuit tombée.
D’autres historiens pensent que le terme remonterait au Moyen Âge et qu'il se rapporte peut-être aux vignes épiscopales qui couvraient encore tout l'emplacement situé entre ladite rue et le lac. Le nom corne pourrait avoir ici le sens de coin ou angle en référence à la géographie du lieu, la place de Cornavin étant jusqu’au XIXe siècle une parcelle pointue entre les anciens bastions de la ville.
Gare de Cornavin
Lors de la destruction des fortifications au XIXe siècle, c’est la rue et la place qui prennent le nom de Cornavin, puis évidemment la gare de Genève. L’emplacement résulte d’un choix stratégique : proche de la ville, mais sur la rive alors la moins peuplée pour diminuer les nuisances de vapeur et de bruit des trains. La première gare est inaugurée en 1858, elle est ensuite agrandie successivement en 1873 puis 1893, en vue de l’Exposition nationale suisse. Dans le contexte de l’installation de la Société des Nations à Genève en 1920, la gare de Cornavin est complètement reconstruite. Le nouveau hall central est inauguré en 1929 avant que l'ensemble ne soit achevé en 1931.
En arrière-plan: La benjamine des voies (0413-1), Ciné-Journal suisse du 30.12.1949. Cinémathèque suisse, Archives fédérales suisses.
Nouvelle gare de Cornavin et tramways sur la place, avant la construction de la boucle, 1931, auteur inconnu, archives tpg
Cornavin - Aménagement de la place
Dans les années 1930, plusieurs lignes de tramways passent par la place de Cornavin, qui est aussi un lieu de transit important pour les véhicules privés (automobiles et cycles) et pour les piétons. Il est décidé de créer une « boucle », un « refuge central » autour duquel le trafic se fera à sens unique. Les travaux de déplacement des voies ont lieu en 1931-1932.
Plan de la place de Cornavin et de la ligne 1, 1929, archives tpg
Motrice passant devant le buffet de la gare de Cornavin en 1930, Atelier Boissonnas, archives tpg/Bibliothèque de Genève
Vue de tramways sur la place de Cornavin en 1931, Atelier Boissonnas, archives tpg/Bibliothèque de Genève
Kiosque et poste d’aiguillage
Le refuge central est une grande place piétonne et certains se plaignent des « passages étroits » laissés aux voitures. Un grand kiosque circulaire est construit en 1933 par l’architecte Georges Lacôte. Ce remarquable abri, primé en 1936 par un jury genevois dans un concours de façade, section des édifices publics, ne fit pas l’unanimité et les journalises s’en sont fait écho dans la presse en le qualifiant d’« édicule d’une forme bizarre » ou de « champignon ».
Entièrement construit en métal, le kiosque-abri comporte une grande salle circulaire, avec deux entrées opposées aux vents principaux et sans portes. Autour de la paroi extérieure, vitrée, courent des banquettes. Elles sont en bois recouvert de linoléum à l’intérieur et en fer à l’extérieur. Le long de ces sièges, les vitres sont protégées par des barres de métal inoxydable. Au milieu de cette première salle, un kiosque plus petit abrite un étalage de journaux, de fruits, deux cabines téléphoniques, un distributeur automatique de timbres et une boîte aux lettres, et enfin des panneaux avec les horaires de toutes les lignes de la CGTE.
Au-dessus, dominant le toit de verre, la cabine de l’aiguilleur des trams, un poste d’aiguillage unique en Suisse. Chaque aiguille électrique est représentée par une manette et un feu rouge et vert, ces feux indiquant la sortie de la boucle (vert) ou la circulation sur celle-ci (rouge).
C’est cette manœuvre des trams qui a limité le diamètre du toit de verre. Il fallait que l’aiguilleur puisse voir les trams et leur destination, ce qui devenait impossible avec un toit plus grand. Sur le toit de ce poste, il y a un « tourniquet qui lance de la pluie », sans doute pour refroidir un peu la cabine.
Les tramways circulaient dans le sens des aiguilles d'une montre et les véhicules routiers en sens inverse. Et un journaliste de conclure ironiquement à propos de cette particularité unique : « En somme, les piétons vont droit devant eux ; les véhicules tournent à droite, les tramways à gauche. Soyons fiers d’être Genevois ! »
Plan de la station-abri de la place de Cornavin, 1949, archives tpg
Vue sur la place de Cornavin, 28.04.1939, Atelier Boissonnas, archives tpg / Bibliothèque de Genève
Tramways sur la place de Cornavin, 1946, auteur inconnu, archives tpg
Place de Cornavin, s.d., auteur inconnu, archives tpg
Photo Schmocker, 1962-63, archives tpg
Réaménagement de 1962-1963
Un triangle de retournement est créé en 1963 et des arrêts en « banane » sont installés entre la rotonde et l’église Notre-Dame. La station est démolie en 1979 et une nouvelle agence commerciale, située dans la galerie marchande de la place de Cornavin, ouvre en 1981.
Un jour une heure, 16 mars 1979, archives RTS
Station de Chantepoulet
Au XVIe siècle le bourg de Saint-Gervais, inclus dans l’enceinte des remparts de la cité après son rattachement à Genève trois siècles auparavant, est entouré de domaines agricoles et conserve une identité campagnarde. À cette époque Genève se fortifie et de nombreux bastions sont créés dont celui de « Chantepoulet ». Par cette appellation on indique qu’à cet endroit on entend chanter les coqs et les poules. D’où le nom donné à la rue allant du lac à la porte de Cornavin, au square et au kiosque.
En patois genevois, selon le glossaire de Gaudy-Le Fort datant de 1820, le mot « chantepoulet » désigne également une fleur : Dianthus carthusianorum, plus connue sous le nom d’œillet des chartreux. C’est vraisemblablement l’origine du chemin Chantepoulet du côté de Confignon.
Chantepoulet
Contenu
Chantepoulet était le terminus de deux lignes de banlieue : la ligne 6, qui allait à Vernier et la ligne 7, qui allait à Ferney-Voltaire. Le terminus était séparé de quelques dizaines de mètres des voies de la rue du Mont-Blanc où d’autres lignes de tramway, plus urbaines, comme par exemple les lignes 1 et 5, passaient. Jusqu’en 1952 la station-abri de Chantepoulet conserva son affectation d’origine. Dans les années qui suivirent les lignes de tramway furent progressivement remplacées par des autobus ou trolleybus.
Kiosque de Chantepoulet
En 1909 la Ville de Genève lança un concours pour l’édification de deux kiosques, l’un à Chantepoulet, l’autre à la place Longemalle (ce dernier ne fut jamais réalisé). Les bâtiments devaient accueillir diverses fonctions jusqu’alors dispersées (par exemple salle d’attente, bureau de la Compagnie genevoise des tramways électriques (CGTE), consigne pour bagages, vente de fruits et journaux) et participer à l’embellissement de la cité. À Chantepoulet, il s’agissait de remplacer également l’ancienne baraque en bois de la Société genevoise de chemin de fer à voie étroite (VE), qui avait fait office de « gare » pour les tramways jusque-là. Le concours fut remporté par les architectes Guillaume Revilliod et Maurice Turrettini, mais un projet concurrent retarda l’engagement des travaux. Ce n’est que cinq ans plus tard que la station-abri fut réalisée avec quelques modifications par rapport au plan initial dans le but de faciliter une éventuelle réaffectation et soigner l’expression architecturale. En effet, la proximité avec le majestueux Hôtel des postes à la rue du Mont-Blanc commanda le choix d’un bâtiment élégant et aux lignes sobres. Le kiosque fut inauguré en 1915, il est décrit comme un « pavillon polygonal irrégulier aux angles arrondis. Marquise saillante en béton layé, murs et pilastres en béton cannelé. Fontaine » (Inventaire suisse d’architecture de 1982).
Genève les rues du Montblanc et du Chantepoulet. Wehrli Frères, 1908, Bibliothèque de Genève
Genève, rue de Chantepoulet, juin 1917, Frank-Henri Jullien, Bibliothèque de Genève
Avec le temps, deux transformations majeures furent apportées à ce kiosque :
- 1960 : affectation commerciale exclusivement (magasins), verrières obstruées au moyen de tôles, serrureries remplacées (architecte : E. Jöhl) ;
- 1984 : réaffectation de l’ancienne salle d’attente en glacier, rétablissement de la coupole d’origine et du sol en mosaïque + carreaux de verre, nouvelle serrurerie
inspirée de celle disparue de 1915, démolition d’un pilier remplacé par un profil métallique, pas de restitution de la toiture dans son état d’avant 1959 pour des raisons de coûts (architecte : O. De Perrot).
Depuis 2019 le bâtiment accueille une boulangerie avec terrasse et un magasin de tabacs. Il conserve son charme mais a totalement perdu ses fonctions liées aux transports publics.
Plan de la station de Chantepoulet, 1940. Archives tpg
Devant le kiosque de Chantepoulet, 15.02.1932, auteur inconnu, Bibliothèque de Genève
Passage clé - le Pont du Mont-Blanc
Avec l’arrivée du chemin de fer à Cornavin en 1858, le développement de la ville le long du lac et dans les nouveaux quartiers érigés sur les terrains des fortifications, la décision de relier les deux rives par un pont s’impose.
Le premier pont du Mont-Blanc, en tôle, est construit en 1862. Au bout de quelques années, la dégradation de la chaussée, avec notamment l’installation du tram en 1883, nécessite une réfection complète de la charpente métallique et du tablier.
Divers, 2 juillet 1956, archives RTS
Construit en 1903, ce pont de 252 mètres possède désormais une charpente composée de sept poutres principales en tôle. Cette consolidation du pont met un point final à la traction hippomobile et permet la concrétisation de la ligne de Ceinture (ligne 1). Le tablier, formé d’une dalle de béton armé de 19 mètres de large, a été élargi de 6 mètres en 1967.
En 1969, la ligne 1 est supprimée et l’exploitation se fait dorénavant par des autobus. Les rails sont alors arrachés du pont, ou du moins une partie.
Arrachage des voies de l’ancienne ligne de Ceinture, 2.10.1969, Robert Durwang, archives tpg
Témoignages oraux de trois des principaux acteurs du retour du tram à Genève :
Le renouveau du tram débute timidement en automne 1987
Pour la première fois depuis 78 ans, on inaugure quelques dizaines de mètres de voie de tram entre le rondeau de Carouge et Bachet-de-Pesay, où se construit un nouveau dépôt pour les tpg. Mais c’est véritablement en 1995 que l’expansion débute, avec la construction du premier tronçon de la nouvelle ligne 13 entre Bachet et Cornavin. Le tramway traverse à nouveau le Rhône ! On sait aujourd’hui que ce renouveau se poursuivra de façon régulière jusqu’à nos jours.
Station Molard
La place du Molard était autrefois un port où accostaient des petits bateaux passant sous une arche à côté de la tour pour décharger leurs marchandises. Le lac arrivait alors au pied de la tour du Molard. Le mot « molard » désigne d’ailleurs, dans le langage local, un entassement de pierres, peut-être une digue protégeant le port. La place a été ouverte en 1871 après la démolition de l’arcade surmontée de maisons. Un marché du travail y était organisé chaque semaine, où l’on pouvait louer des « molardiers », des ouvriers agricoles saisonniers.
ContDe 1876 à 1952, la place du Molard a vu trois abris se succéder. Un premier abri rudimentaire est installé par la Compagnie des tramways de Genève en 1876. Puis, la Compagnie générale des tramways suisses le remplace en 1889 par un abri plus sophistiqué, mais toujours en bois. Enfin, le dernier abri sera construit en acier, en 1907 par la CGTE et intègrera des toilettes publiques.
En 1876, on se décide à relier les deux premiers tronçons des lignes de trams Place de Neuve – Carouge et Rive – Chêne. Des discussions sont lancées pour savoir quel trajet emprunter et une liaison par les boulevards des Philosophes et Helvétique paraît plus favorable que par les rues Basses, où le passage des trams est jugée risquée en raison du marché. Cependant, l’administration fédérale octroie finalement à la Compagnie des tramways de Genève la concession pour la ligne Carouge-Moillesulaz, en passant par les rues Basses, ainsi que pour une ligne Molard-Cornavin. Molard devient le point central d’un premier réseau de tramways.
Un premier abri rudimentaire est construit en 1876 devant la fontaine. Il était desservi par un chef de station, responsable du bon fonctionnement des lignes de tramways qui partent depuis la station où il officie, surveillant directement les wattmen et les receveurs, qui vendent et contrôlent les billets.
Genève, place du Molard, entre 1871 et 1889, attribué à Henri Silvestre (1842-1900), Bibliothèque de Genève
Place du Molard avec le deuxième kiosque, 1903, auteur inconnu, archives tpg
Quelques années plus tard, en 1889, un deuxième abri en bois est construit au même emplacement par la nouvelle Compagnie générale des tramways suisses (TS), plus sophistiqué avec des façades modulées de colombages et doté d’une toiture débordante, avec pignon croisé et festons. Il fut démoli en 1906 suite à l’expression de mécontentement des usagers, qui mettaient surtout en évidence les dangers du trafic, l’inconfort pendant la saison hivernale et les conséquences pour la santé du citoyen. La fontaine fut alors déplacée plus au centre de la place.
Genève, rue de la Croix-d'Or et place du Molard vers 1890, Gabriel Loppé, Bibliothèque de Genève
Deuxième kiosque, édifié vers 1889, Bibliothèque de Genève
Troisième station-abri de la place du Molard vers 1920. Frank-Henri Jullien, Bibliothèque de Genève
Abris en acier à la station du Molard
Plan de la station du Molard, archives tpg
Le dernier abri est reconstruit en 1907 par un architecte de la Ville de Genève, Henry Roche, en verre et acier, surmontée d’élégantes marquises en verre translucide. Son architecture soigneusement étudiée n’était pas seulement moderne mais également pratique pour les voyageurs : il était composé d’une salle d’attente, de bureaux de la Compagnie genevoise de tramways électriques (CGTE), de deux locaux pour la vente des journaux et des fruits, de WC gratuits et de cabines téléphoniques. Par ailleurs, l’aubette de Molard a inauguré les toilettes en sous-sol, une formule qui sera privilégiée pendant des décennies.
En 1952, dans le but d’adopter une politique urbaine accordant la priorité aux aspects fonctionnels et circulatoires, une décision de réaménager la place du Molard a été prise et l’abri a été démoli en 1953, puisqu’il était considéré comme une entrave inacceptable au développement du trafic motorisé. L’historique fontaine de la place, inscrite comme bien culturel d’importance régionale en 1921, a alors repris son emplacement original, et les WC sont restés l’unique vestige rappelant la présence de cet abri.
Vue d'autobus sur la place du Molard et la rue du Marché, 1934, Atelier Boissonnas, archives tpg / Bibliothèque de Genève
Genève, place du Molard: rues basses, avril 1934, Frank-Henri Jullien, Bibliothèque de Genève
Genève, place du Molard, 1930, © Phototypie Co., Lausanne, Bibliothèque de Genève
Ligne Molard-Prieuré
Le tronçon Molard-Cornavin a été ouvert en 1876 par la Compagnie des tramways de Genève (devenue quelques mois plus tard Compagnie générale des tramways suisses) et une double voie à écartement normal (écartement des deux rails de 1, 435 mètre) permettait d’atteindre la gare de Cornavin par le pont du Mont-Blanc. En 8 minutes, le tramway tiré par des chevaux arrivait au terminus. Quatre voitures permettaient d’assurer ce service.
Ligne Molard-Prieuré
En 1889, l’État demande un prolongement de la ligne dans la rue de Lausanne en relation avec la construction d’entrepôts et l’augmentation de la population dans le quartier des Pâquis. Un prolongement à voie unique est réalisé jusqu’au Prieuré en 1891.
En raison de la faiblesse de la structure du pont du Mont-Blanc, l’usage de la traction électrique n’est pas possible, ce qui nécessite le maintien de la traction hippomobile après électrification du reste du réseau ; le passage à la voie métrique (écartement des deux rails de 1 mètre) a lieu en 1902. Durant les travaux de réfection du pont en 1903 et selon un ordre de service de la CGTE, « les voitures à chevaux doivent conserver l’allure au pas sur toute la longueur du Pont ». Dès novembre 1903, la ligne est électrifiée signant la fin de la traction hippomobile pour le trafic de voyageurs.
Station de Rive
Le nom « Rive » vient du voisinage du quartier avec le Léman. Ce secteur fut jadis celui qui entourait le couvent des Cordeliers (1266-1536) situé à l’angle des rues Basses et de la rue d’Italie, et progressivement démoli au moment de la Réforme. Le quartier qui accueillait autrefois les foires internationales est resté un lieu commerçant qui est aujourd’hui l’un des principaux points de correspondance entre différentes lignes de transport public.
Station de Rive
Un premier abri est construit en 1888 par la nouvelle Société du chemin de fer Genève – Veyrier (GV) avec une fonction de station pour la vente des billets destinés principalement aux excursionnistes se rendant au Salève.
Un second abri est construit en 1890 par la Société genevoise des chemins de fer à voie étroite (VE), identique à celui du GV.
En 1935, il est question de remplacer ces deux kiosques-abris, par un édicule plus moderne, commun au GV et à la Compagnie genevoise des tramways électriques (CGTE) et qui viendrait également en remplacement de l’aubette de Molard. Quant aux voies de départ pour les lignes de campagne (Hermance, Chevrier et Veyrier), elles sont regroupées autour d’un refuge placé dans l’axe de la rue Pierre-Fatio « de façon que les voyageurs puissent monter et descendre du tramway sans courir de risques et sans gêner la circulation routière ».
Rond-point de Rive: tramway à vapeur, auteur inconnu, avant 1901, Bibliothèque de Genève
Vue plongeante sur les voies CGTE de la rue de Rive et du rond-point de Rive dont les travaux de réaménagement ont débuté, 1934, Willy Boegli, Collection AGMT
Station de Rive, août 1940, photo Lacroix, archives tpg
Cette construction s’inscrit dans un projet plus large tendant à réorganiser et à améliorer les conditions d’exploitation des lignes, ainsi qu’à renforcer la sécurité des conducteurs et celle de la clientèle des tramways et des automobilistes. Ce projet a permis à la CGTE de partager les coûts relatifs à ce réaménagement avec l’État de Genève, la Ville de Genève et les Services industriels. C’est l’architecte Paul Rittener qui proposa cette aubette, témoin caractéristique d’un type architectural particulier, incluant espaces couverts, kiosque à journaux, téléphone et WC publics souterrains. En 1936, elle fut primée par le troisième prix d’un concours de façade, dans la section des édifices publics, juste derrière la station de Cornavin.
Aménagement du rond-point de Rive
L’aubette subit une rénovation en 1996. Elle est désormais constituée d’un point de vente tpg, du kiosque et des WC publics.
En 2003, le déplacement des arrêts de bus et de tramways lui a ôté sa fonction primaire, soit : offrir un abri en attendant le tram.archives tpg
Tell Quel, 26 septembre 1976, archives RTS
Ligne 9 vers Hermance
Peu après sa création en 1899, la CGTE ouvre plusieurs lignes, notamment entre la Jonction et les Eaux-Vives, au cœur de la vieille ville (rue d’Italie – Bourg-de-Four – Hôtel de Ville – Bel-Air) – ligne éphémère qu’un accident fera fermer après trois mois d’exploitation en 1904 –, ainsi qu’à la campagne pour rejoindre Versoix et Hermance en 1901.
Ligne 9 vers Hermance
Cette ligne était très prisée des Genevois et des Genevoises le dimanche, comme en témoigne un ancien wattman : « le dimanche, les trams étaient bondés, ils allaient tous dîner à la campagne, les gens avaient des moyens, ils n’avaient pas de voitures pour y aller, mais ils avaient les moyens d’aller manger ». La vente de cartes de circulation à prix préférentiel contribue à ce succès et il n’est pas rare de voir circuler simultanément trois convois constitués d’une motrice et de deux remorques.
Les wattmen relevaient le courrier le long de la ligne, transportaient des boilles de lait et ramenaient du poisson frais en ville dans les bacs à sable de freinage. Dès le 1er août 1958, les autobus ont succédé aux tramways sur cette ligne.
Témoignage de Robert Émery, ancien wattman, Champs magnétiques, 19 novembre 1985, archives RTS
Témoignage d'Alphonse Schaller, projet d'histoire orale, 2023, archives tpg
Témoignage de Georges Lardi, projet d'histoire orale, 2023, archives tpg
Station des Eaux-Vives
Le quartier des Eaux-Vives nommé alors Arenarium (du latin Sable) était un village de pêcheurs au Moyen Âge puis une commune indépendante. Elle a été rattachée à la ville de Genève en 1931. La Place des Eaux-Vives doit son nom au fait que de nombreuses et abondantes sources d’eau potable existent à cet endroit-là, mais ne sont plus utilisées aujourd’hui.
Station des Eaux-Vives
Aubette des Eaux-Vives (inscrite à l'inventaire des immeubles dignes de protection (par arrêté du Département de l'aménagement, du logement et de l'énergie du 3 déc. 2015)
L’aubette des Eaux-Vives a été construite en 1930 par la communes des Eaux-vives avant sa fusion avec l’État de Genève. À l’origine, la décision de construire cet abri a été prise pour répondre à certains besoins, notamment à la demande des habitant∙es du quartier prônant la nécessité d’avoir des toilettes publiques à proximité des marchés, puis à l’extension du réseau de la Compagnie genevoise des tramways électriques (CGTE).
Bien qu’une poignée d’Eaux-Viviens ne voyait pas ce projet de bon augure, notamment par peur que la partie commerciale de l’abri ne vienne concurrencer les commerçants déjà sur place, ainsi que pour des raisons d’esthétique. Plusieurs commerçants ont répondu à ces arguments en soutenant la décision du Conseil administratif et du Conseil municipal, faisant des éloges à l’égard du futur abri qui, selon eux, n’avait pas pour objectif de les concurrencer, mais bien au contraire de permettre aux habitant∙es d’obtenir ce qu’ils réclamaient tout en respectant l’esthétique de la place en la rendant plus largement accessible.
Ainsi, destiné à l’origine aux voyageur∙ses des lignes de tramways n°2, 5, 11 et de la « Ceinture » (ligne n°1), l’abri est en son temps constitué d’une salle d’attente, d’une billetterie, d’une cabine téléphonique, d’une boutique de fleurs, d’un kiosque à journaux et de toilettes publiques payantes. Pour mener à bien cette conception, c’est l’architecte Albert Rossire (1891-1954) qui avait été mandaté par le Conseil administratif. Au début du XXIe siècle, les bancs en bois de l’époque sont restés, la salle d’attente et les toilettes gratuites sont encore accessibles au public, mais désormais l’ancienne billetterie, qui est toujours destinée à la vente, l’est pour un autre genre puisqu’elle assume le rôle de kiosque à journaux.
Genève, place des Eaux-vives, Editions Jaeger Genève, après 1953, Bibliothèque de Genève
Cologny, quai de Cologny: Genève-Plage, Août 1933, Frank-Henri Jullien, Bibliothèque de Genève
Ligne 2 : quand le tramway emmenait les Genevois∙es à la plage
La géographie genevoise entre lac Léman, Rhône et Arve invite ses habitants aux joies de la baignade publique depuis le Moyen Âge déjà, permettant à chacun∙e de se rafraîchir ou simplement de se laver.
Bien plus tard, en 1916, on aménage sur la grève des Eaux-Vives « Les Bains de soleil et du lac », qui seront à l’origine de Genève-Plage, créée en 1932, au lieu-dit du Port-Noir. La CGTE voit dans cette ouverture une source potentielle de trafic : la ligne reliant la Jonction au parc des Eaux-Vives depuis 1900 est alors prolongée l’été jusqu’à Genève-Plage. Des billets de transport combinés avec une entrée aux bains sont même vendus par les conducteurs.
En 1954, la ligne 2 est prolongée vers Bernex et finalement en 1961, les tramways sont remplacés par des trolleybus, toujours sur la ligne 2.
Station Tranchées
Le nom de ce boulevard fait référence aux fortifications de la rive gauche. Les tranchées s’étendaient de la porte de Rive au jardin des Bastions. Après la démolition des fortifications, les premiers immeubles s’élevèrent vers 1858.
Station Tranchées et son aubette
La station-abri se trouve, précisément, sur la place Émile-Guyénot, au milieu du carrefour entre le boulevard des Tranchées, la rue Ferdinand-Hodler et la route de Malagnou. Elle fait référence à un citoyen français, Émile Guyénot qui, après avoir fait des études de médecine, s'est tourné vers les sciences naturelles, la zoologie, la bactériologie et la biochimie. De 1918 à 1960, il a occupé la chaire de zoologie générale à l'Université de Genève, dont il a été une illustre figure, suscitant de nombreuses vocations scientifiques.
Considérée aujourd’hui comme ayant un intérêt historique, même si elle n’est pas classée à l’inventaire des biens culturels, l’aubette des Tranchées reste le témoin d’une époque.
En 1929 déjà, le conseil administratif (CA) propose la construction d’un édicule à l’intersection du boulevard des Tranchées et de la rue Ferdinand-Hodler, un emplacement alors laissé à l’abandon. La ligne de Ceinture passant tout de même à côté du futur édicule, on contacte alors la Compagnie genevoise des tramways électriques (CGTE) en lui expliquant que le CA envisage la construction d'un abri au boulevard des Tranchées, ainsi qu’à la place de la Navigation. On lui demande si elle serait d’accord de verser un loyer annuel de CHF 600.-, mais cette dernière refuse. Finalement, deux ans plus tard, le nouveau projet présenté au conseil municipal ne comprend plus qu’un rez-de-chaussée couvert par une dalle de béton armé, avec un kiosque à journaux, des toilettes publiques, ainsi qu’une cabine téléphonique. Sa hauteur est également réduite à 2.20 mètre. L’édicule en forme de croix, très sobre et de teinte uniforme est finalement construit en 1932 et a « fort belle allure sous les platanes ».
Station-abri de la place Emile-Guyenot, fin des années 1980, Doc photos/Ville de Genève, ©Charles Weber
Abri du chemin du Velours, s.d., auteur inconnu, archives tpg
Ligne de Veyrier
La concrétisation de cette ligne est le fruit d’investisseurs privés qui fondent la compagnie du chemin de fer Genève-Veyrier (GV). La ligne exploitée à traction vapeur est construite en 6 mois et ouverte à l’été 1887. Si elle est globalement bien accueillie, des voix se font entendre pour se plaindre de la baisse du prix des terrains que le tram pourrait entraîner, de l’emprise de ce dernier sur la chaussée et du peu d’espace restant pour les piétons et le croisement des véhicules routiers. Ainsi, alors que la vitesse des trams à vapeur ne dépasse pas 15-20km/h, un député indique qu’à cette vitesse, « le déplacement d’air devient considérable (…) et cette largeur de 2 mètres de trottoir devient un minimum ».
Vers le Salève
En 1891, la ligne est prolongée une première fois de Veyrier jusqu’à la future gare du chemin de Fer du Salève située en France au Pas-de-l’Échelle (premier funiculaire électrique du monde auquel succédera l’actuel téléphérique). En 1892, la ligne est encore prolongée du Pas-de-l’Échelle à Collonges-sous-Salève via Bossey. À noter qu’avec l’ouverture de la ligne Carouge – Croix-de-Rozon en 1907, prolongée à Collonges-sous-Salève en 1908, on pourra relier Rive à Carouge en tram via Veyrier et Croix-de-Rozon.
Le Salève devient un haut lieu du tourisme et attire plus de 300'000 visiteurs étrangers au début du siècle, assurant un important trafic dominical nécessitant l’engagement de nombreux tramways et garantissant des recettes bénéficiaires, notamment sur la ligne de Veyrier jusqu’au début des années 20.
En 1936, CGTE reprend l’exploitation de la ligne de Veyrier électrifiée depuis le début du XXe siècle. La forte variation du trafic dominical impose la particularité d’exploitation suivante : les jours ouvrables, les trams partent du Jardin-Botanique en ligne 5-8, avec 1 tram sur 2 pour la gare des Eaux-Vives et l’autre pour Conches puis Veyrier. Le dimanche, la ligne est scindée en 2, une ligne 5 Jardin-Botanique – Gare des Eaux-Vives et une ligne 8 Rive-Veyrier avec un service renforcé. Ce mode d’exploitation se poursuivra jusqu’à la suppression des trams à Veyrier en 1956, les trams circulant par
contre, à partir de 1941, sur l’axe Vernier-Veyrier en ligne 6 les jours ouvrables, la ligne 6 étant limitée au parcours Vernier-Rive le dimanche.
Train du Genève-Veyrier qui traverse le pont de Sierne, 1890, auteur inconnu, archives tpg
Station de Claparède
La place Édouard-Claparède fut nommée en l’honneur de René-Édouard Claparède, parfois appelé Édouard Claparède, né à Chancy le 24 avril 1832 et mort à Sienne le 31 mai 1871. Défini comme un « savant genevois », il était un grand médecin, zoologiste, naturaliste et botaniste suisse. Il fut aussi professeur d’anatomie à l’Université de Genève et s’illustra notamment par des travaux ayant trait à divers domaines des sciences naturelles.
Un buste en sa mémoire orne également la place qui porte son nom. Le buste se trouve à l’arrière du kiosque. L’omission de son premier prénom, René, sur le socle de la sculpture favorise la confusion avec son neveu, Édouard Claparède (1873-1940), médecin neurologue et psychologue suisse, qui donna son nom au Collège Claparède, école d’enseignement postobligatoire du canton de Genève.
Station de Claparède
Abri du chemin de Trembley, s.d., auteur inconnu, archives tpg
Abri du plateau de Champel, s.d., auteur inconnu, archives tpg
À la suite de l’aménagement en 1942 de la place Édouard-Claparède, qui se situait au croisement de la nouvelle ligne 3 « Champel – Petit-Saconnex » (trolleybus) et de la ligne 1 « Ceinture » (tramway) de la Compagnie genevoise des tramways électriques (CGTE), un mandat d’étude fut confié en 1943 aux architectes Lucien Archinard et Albert Deberti en vue d’y édifier une station-abri. Ce premier projet fut toutefois abandonné puis repris en 1944 et ultérieurement allégé en utilisant notamment le fer et le verre comme matériaux afin de le rendre plus transparent.
Ce n’est qu’en 1945 que le projet fut finalisé. La réalisation de la station fut relativement longue et achevée en 1946. Néanmoins, le bâtiment était en harmonie avec la place et complétait d’une façon heureuse les aménagements récemment terminés tout en répondant à une nécessité pratique. En effet, il comprenait une salle d’attente, un local de vente pour les journaux, des cabines téléphoniques publiques ainsi que des distributeurs de timbres et des boîtes aux lettres.
Courant 1968, la réorganisation complète des voies de circulation entraîna la question du maintien ou non du kiosque. En effet, en 1969, les autobus remplacèrent définitivement les tramways sur la ligne 1 « ceinture » et les arrêts de bus furent placés en bordure de carrefour. Le kiosque perdit donc sa fonction de station abri. Toutefois, loué à Naville, quelques années auparavant, il évita de justesse la démolition.
Au fil des ans, le bâtiment n’a pas subi de transformations importantes, mis à part une réfection de l’étanchéité en 1976 sans altération architecturale. Depuis 2004, il accueille une buvette vendant aussi de la restauration rapide. La station abri de la place Claparède a perdu sa vocation d’origine, mais elle compte parmi les plus significatives de l’ancien réseau de tramway.
Station de Plainpalais
Le nom de Plainpalais provient du latin plana palus qui signifie « plaine marécageuse ». Le terrain plat situé sur un delta entre le Rhône et l’Arve était alors sans cesse exposé aux inondations. Après la destruction des faubourgs construits au Moyen-Âge vers 1530 pour améliorer la défense de la cité fortifiée, la plaine redevient un terrain vague pour un siècle environ. Dès 1637, elle est aménagée d’une promenade et de terrain de jeux. Elle devient dès lors un lieu privilégié et idéal pour les foires, cirques, exercices sportifs et culturels.
Aubettes du rond-point de Plainpalais
Rond-point de Plainpalais, 1897, auteur inconnu, archives tpg
Plusieurs lignes de tramways se croisent au rond-point de Plainpalais et une réorganisation des refuges est réalisée en 1928, afin de faciliter les transferts et diminuer les risques d’accident. Les trois refuges d’alors sont remplacés par quatre autres pour former un ovale central. Le concours pour la construction de cet abri est lancé la même année et Frédéric Mezger (-1959) devient l’architecte désigné pour la construction de la première version de l’abri (1929-1979), qui sera démoli en 1979. De forme oblongue, cette première version remplissait les fonctions d’abri, avec une salle d’attente, un kiosque à journaux et à fruits, le tout accompagné de cabines téléphoniques, d’une cabine transformatrice et de mobilier intégré. Cette construction peut être considérée comme le prototype de la nouvelle génération d’abris, puisque les éléments le caractérisant se retrouveront dans des abris construits par la suite. L’abri de Mezger fut démoli dans le but de proposer une alternative répondant aux besoins d’agrandissement causé par le nombre d’utilisateurs de la station de Plainpalais.
Abri de la Villette, s.d., auteur inconnu, archives tpg
Abri de Troinex ville, s.d., auteur inconnu, archives tpg
C’est l’architecte Jean-Marc Lamunière (1925-2015) qui imagine l’abri d’aujourd’hui. Il est réalisé en 1980, caractérisé par ses deux longs demi-cylindres en verre et métal de 25 mètres dans le style « halles de gare 1900 ». L’architecte devait proposer un aménagement de la surface du rond-point, un kiosque à journaux, des emplacements pour des stands de glaces et de marrons, puis des WC publics souterrains. C’est Gérald Ducimetière (1940-2022) qui permettra de rendre vivant l’abri et ses alentours à l’aide de son « alter ego », des figures en bronze grandeur nature installées en 1982, représentent des genevois dans leurs vies quotidiennes. La place héberge également les colonnes de Maurice Ruche, appelées « Alter ego » et « Iraklion » ont reçu le premier prix du concours public lancé par la Ville de Genève en février 1980.
Genève, rond-point de Plainpalais: kiosque, 1974, Roland Kallmann, Bibliothèque de Genève
Exposition nationale suisse de 1896
La deuxième Exposition nationale suisse se déroule à Genève de mai à octobre 1896. Elle s’étend sur un secteur alors peu urbanisé, délimité au nord par l’avenue de St-Clotilde et la rue Gourgas, au sud par le pont des Acacias, à l’ouest par l’actuelle rue François-Dussaud et à l’est par l’avenue du Mail. La Plaine de Plainpalais est incluse dans le site de l’exposition.
Le long de l’actuel boulevard Carl-Vogt se trouvent plusieurs pavillons qui valorisent le progrès des sciences et de l’industrie, alors que l’agriculture est à l’honneur sur la rive gauche de l’Arve. Jouxtant le parc de l’Agriculture, un village suisse typique est reconstitué de l’Oberland bernois avec sa montagne artificielle en plâtre.
Exposition nationale suisse de 1896
On trouve également sur la rive droite de l’Arve, un parc de plaisance qui propose plusieurs attractions (toboggan aquatique, ballon captif, labyrinthe, aquarium, etc.) ainsi qu’un « village noir », reconstitution d’un village africain exhibant 200 Sénégalais, qui offre aux spectateurs l’image d’une Afrique complètement fantasmée par les sociétés occidentales.
Un tramway électrique serpente au travers des divers sites de l’exposition en effectuant une boucle de 3 km. L’exploitation est assurée tous les jours de 8h à 22h par 8 motrices spécifiques qui sont gérées par la Compagnie générale des tramways suisses (TS), compagnie qui assure aussi les services des lignes urbaines de tramways à Genève. La particularité de ce tram consiste au fait que la captation du courant est assurée par l’un des rails, nécessitant l’emploi d’une tension basse (courant continu de 110v). Ainsi, lorsque des voitures à chevaux doivent traverser les voies, il faut poser un tapis sur les rails pour éviter les courts-circuits.
Parmi les 2,3 millions d’entrées comptabilisées à cette exposition, 790'000 personnes empruntent ce service de tram.
Plan de l'Exposition nationale suisse et titre de transport pour le tramway spécial, 1896, archives tpg
Station des Augustins
La place des Augustins doit son nom à un couvent du XVe siècle tenu par les frères de Notre-Dame-des-Ermites qui appartenaient à l’Ordre des mendiants de Saint-Augustin. Ce fut le dernier couvent fondé à Genève. Une chapelle neuve fut construite dans laquelle un tableau de la Vierge s’y trouvait, on dit qu’il avait des pouvoirs de guérisons merveilleux. La démolition générale des faubourgs de Genève entreprise dès 1530, combinée à la Réformation, fit que le 9 août 1535, une troupe de citoyens embrasa la peinture de la Vierge, fondit la cloche et vendit les objets d’orfèvrerie pour subvenir aux nécessités de la ville.
Place des Augustins
Contenu
Elle voit le jour en 1929, lorsque les autorités de Plainpalais et l'État de Genève entament les démarches pour l'aménagement d'une nouvelle place le long de la rue de Carouge. La parcelle alors acquise par ces deux entités portait le nom de place des Frênes ou encore place de la Cluse. Une année plus tard, elle est rebaptisée et prend son nom actuel de place des Augustins. Suite à la fusion des communes en 1930 (Genève, Eaux-Vives, Plainpalais et Petit-Saconnex), c'est la Ville qui reprend la main et un kiosque-abri est projeté en raison d'une part de la proximité avec les hôpitaux et d'autre part du développement des voies de communication aboutissant à la place. Mais des divergences au sein du Conseil municipal repoussent sans cesse sa construction.
Finalement c'est en 1942, soit plus de 10 ans après, que le kiosque-abri sera construit. L'implantation de l'édicule génère un nouvel aménagement de la place : deux pelouses en forme d'aile se déploient sur les côtés et un espace rectangulaire est dégagé à l'arrière.
Aubette des Augustins, 1943, © Doc photos / Ville de Genève
Aubette des Augustins
La station-abri des Augustins fut construite en 1942, mais les habitants la réclamaient à la Ville depuis 1931, dès l’aménagement de la place. C’est l’architecte Ferdinand Duc qui a été mandaté pour la construction de cet édicule, alors qu’en cette période de guerre mondiale la question se posait quant aux matériaux à utiliser pour cette station. C’est ainsi que la toiture prévue initialement en béton armé fut construite en bois de fer. Outre sa fonction initiale, la station-abri était aussi dotée d’une station de transformation électrique, d’une salle d’attente vitrée avec ses bancs en bois, de deux cabines téléphoniques, de distributeurs de timbres et de WC publics. Esthétiquement parlant cette station-abri était décrite comme étant une élégante petite construction, fine et sobre. Elle témoigne de l’ensemble des aubettes construites à cette époque, et qui étaient caractérisées par leur modernité. Aujourd’hui elle a conservé son esthétique ainsi que ses WC publics, mais ses fonctions sont bien différentes, on peut y trouver des établissements de restauration.
La boucle des Augustins
La suppression progressive des lignes de trams nécessite toutefois de conserver à minima une liaison entre l’unique dépôt de la CGTE situé à la Jonction, où sont garés les trams, et les dernières lignes qui subsistent au début des années 60 : la 1 (qui ceinture le centre-ville) et la 12.
Lorsque la ligne de Ceinture est supprimée fin mai 1969, une solution est recherchée pour éviter le maintien des voies entre Plainpalais et Rive par les boulevards. C’est ainsi qu’une boucle est projetée aux Augustins : la réalisation de cette dernière n'est pas simple en raison de l'existence de l'immeuble de la Société des Vieux-Grenadiers. Finalement, la boucle fait le tour de la maison et est mise en service le 15 novembre 1970.
Elle permet alors aux trams qui sortent ou rentrent du dépôt de la Jonction, de faire demi-tour pour rejoindre Moillesulaz. Actuellement, cette boucle, toujours utilisée par quelques courses régulières, est également très utile pour le rebroussement de trams lors de perturbations et permet aux clients de retrouver plus rapidement une meilleure régularité de service sur les lignes, une fois la perturbation terminée.
Vue de la boucle de la place des Augustins et convoi de la ligne 12, après 1970, auteur inconnu, archives tpg
Récemment, la place des Augustins a connu une nouvelle jeunesse avec une remise à neuf qui s'est achevée en 2021.
Station de la place des Nations
Entourée de plusieurs bâtiments d’organisations internationales, cette place permet à Genève de devenir la capitale de la paix en 1920 lors de la première Assemblée de la Société des Nations. Elle offre une tribune aux citoyens du monde pour interpeller opinion publique et diplomates.
Aubette des Nations
Autobus de la ligne G sur la place des Nations, [1948-1949], auteur inconnu, archives tpg
: Déplacement de l’édicule des Nations, 07.10.2004, © CPA / Ville de Genève
Aubette des Nations - inscrite à l'inventaire des immeubles dignes de protection (par arrêté du Département de l'aménagement, du logement et de l'énergie du 3 déc. 2015)
Construite en 1948, cette aubette comprenait une remarquable salle d’attente avec bancs intégrés, une boîte à lettres, un distributeur de timbres, deux cabines téléphoniques et des WC publics qui se trouvaient à l’arrière. Sa construction est en étroite relation avec l’installation de l’ONU qui en a sollicité la construction au Service immobilier de la Ville de Genève en juin 1947. Pour répondre rapidement à la demande un abri provisoire et démontable en bois a été mis en place au début de l’hiver 1947-1948.
Sa composition architecturale lui confère une place à part dans le corpus des stations suisses et genevoises dans l’esthétique des années 50, avec une « recherche de légèreté et de fluidité des formes », ainsi que « l’élégance et le raffinement avec lesquels sont traités les éléments de structure » (Paul Marti, 1997). L’architecte Francis Quétant (1905-1953) a accordé une grande importance à ce que les matériaux utilisés soient naturels : grande dalle de toiture, avec porte-à-faux profilé, « portée » par une structure vitrée à petits bois, dont les ailes s’enroulaient sur elles-mêmes.
L’aubette présente certaines analogies avec les stations plus anciennes, en particulier avec l’aubette de la place Claparède antérieure de deux ans : elle reprend « le principe de la composition classique sur un axe de symétrie, la grammaire formelle moderniste et des éléments caractéristiques comme la fine dalle de couverture en béton armé » (P. Marti, 1997).
Dans les années 60, le déplacement de l’arrêt de bus dans l’îlot central a fait perdre à l’abri sa fonction principale, mais le fait qu’il soit implanté dans des terrains appartenant à l’ONU l’a préservé de toute atteinte, puisque l’organisation a refusé au moins deux projets qui tendaient à faire disparaitre ou à dénaturer l’aubette. En 2004, lors du réaménagement de la place des Nations, l’abri a été déplacé à son emplacement actuel et à la demande de la Conservation du patrimoine architectural de la Ville de Genève, il a conservé son unique fonction d’abribus.
Kiosque-Nations © David Ripoll
Transport de marchandises
Le transport de marchandises vient s'ajouter à celui des personnes et complète idéalement l’offre de la CGTE avant l'arrivée des premiers camions.
Le trafic de marchandises connaîtra un essor très important durant la Seconde Guerre mondiale. Avec l’armistice de juin 1940 qui coupe la France en deux (zone libre et zone occupée), seules les lignes de train du Bouveret et des Eaux-Vives permettent un accès sans entrave depuis la zone libre. Dès lors, un point de transbordement pour les marchandises est construit à la gare des Eaux-Vives, ce qui permet de transférer ces marchandises entre les gares des Eaux-Vives et de Cornavin via le réseau des trams.
La suppression progressive des lignes de tramways, puis la concurrence des camions après la guerre, amènera à la suppression du trafic de marchandises en 1955. Le transport du courrier se poursuivra encore sur certaines lignes de bus jusqu’au milieu des années 80.
Transport de marchandises
Des collaborateurs retraités de la CGTE et des tpg se souviennent :
Conception de la vitrine:
Valérie Sierro Wildberger (Memoriav) dans le cadre du rallye des tpg, organisé dès septembre 2024. Sur la base de textes et de recherches réalisées par Cynthia Schneider (tpg), Brookly Scharding (tpg), Concettina Cappella (tpg) et Sébastien Weibel (tpg)
Sources
Médias
Fonds photo des tpg
Fonds photo de la Bibliothèque de Genève
Fonds film du Ciné-journal suisse (1940-1975) / Archives fédérales suisses, Cinémathèque suisse
Archives Radio Télévision Suisse, Play RTS