Jean-Pierre Monnier (Ecrivain)

  • français
  • 1991-08-27
  • Durata: 00:51:22

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Descrizione

D'emblée, l'écrivain se place dans la lignée de Ramuz, en particulier quand il s'agit de définir son appartenance à une région, en l'occurrence le Jura Sud, lieu à partir duquel se développe sa création. Il faut partir de son lieu d'origine pour comprendre l'universel, l'amour et la mort. L'écriture est pour lui besoin de l'autre, désir de la rencontre, difficulté de cette rencontre, attente. Malgré le sentiment de n'avoir pas pu faire tout ce dont il avait rêvé, la conclusion de l'écrivain est empreinte de sérénité: il faut accepter que le temps commence à être passé.

00:00:00 – 00:00:26 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Jean-Pierre Monnier, écrivain, et tourné à Epautheyres le 27 août 1991. L’interlocuteur est René Zahnd.
00:00:26 – 00:01:34 (Séquence 1) : Jean-Pierre Monnier parle du lieu de ses origines, lieu où il est né et "d'où il est parti". Ce lieu lui appartient depuis des générations. C'est un village du Jura bernois. Il explique qu'il y a passé une enfance heureuse.
00:01:35 – 00:02:50 (Séquence 2) : Jean-Pierre Monnier parle de la découverte du monde et de l'importance de la réalité de sa région natale, le Jura bernois. La "Découverte du monde", titre aussi d'un livre de Ramuz, a une signification profonde pour lui. Aussi, le lieu de ses origines est caractérisé par des saisons contrastées : des printemps presque inexistants, des étés assez chauds, des automnes admirables et de longs hivers. Jean-Pierre Monnier pense que le pays nous forme. L'œil qu'on porte sur le pays qui nous entoure nous conditionne et participe à la formation de notre être. Dans une démarche de création, que ce soit en peinture, en littérature ou en musique, c'est à partir de ces réalités que l'on doit travailler. Ces réalités sont inscrites en chacun de nous, profondément marquées parce qu’éprouvées pour la première fois.
00:02:51 – 00:04:15 (Séquence 3) : Jean-Pierre Monnier parle de l'hiver jurassien. C'est un temps qui demeure encore secret, malgré les nombreuses voitures qui circulent maintenant et qui ont remplacé les chasses neiges tirés par des chevaux. L'hiver était une période permettant de se retrouver soi-même, peut-être de se replier un peu trop sur soi-même. Le temps de la réflexion était encouragé par les neiges, et par les rigueurs de la saison. Il souligne que c’est une époque rendue merveilleuse aussi par Noël.
00:04:16 – 00:05:37 (Séquence 4) : Jean-Pierre Monnier parle de l'hiver jurassien et de ce qu'il considère comme l'enseignement de l'hiver et de la neige. La neige qui tombe et couvre tout est comme une leçon pour celui qui crée. Lorsque les mots n'ont plus tout à fait la même signification, lorsqu'ils tremblent et s'éloignent, ils sont eux aussi recouverts. Pour le créateur s'impose alors un travail, pour "désenjoliver" les sentiments et le langage de ces mots. L'hiver nous convie à ce désensevelissement annuel. Les neiges de février, surtout, ont une signification très particulière, parce qu'elles annoncent le printemps imminent, l'annonce d'un renouveau, de la nouvelle année dont on ignore encore tout.
00:05:39 – 00:06:27 (Séquence 5) : Jean-Pierre Monnier trace un parallèle entre la page blanche de l'écrivain, la toile blanche du peintre et la neige sur le Jura. Devant une page blanche ou une toile, tout est possible. Les possibilités diminuent au gré du travail qui avance. Les possibilités se limitent alors à ce qui doit donner sens à la page ou à la toile.
00:06:29 – 00:08:01 (Séquence 6) : Jean-Pierre Monnier parle de l'héritage de ses ancêtres, une sorte de conscience collective, de mémoire immémoriale. Il définit cet héritage comme étant une conformité naturelle avec un milieu intimement proche. L'ascendance a une grande importance pour lui, elle le conduit à l'inconscient collectif et à mieux comprendre ce que Jung appelait la "mémoire ancestrale". Elle laisse des éléments dont on ne se libère pas facilement et qu'il faut chercher à mieux comprendre. Il affirme que le milieu qui nous est donné est une fatalité.
00:08:04 – 00:08:54 (Séquence 7) : Jean-Pierre Monnier parle du Jura. Souvent critiqué, surtout par les habitants du bord du lac, le Jura est un pays austère mais très attachant. Il pense que cette vision est partagée par les habitants du Pays d'Enhaut et de la Vallée de Joux, qui ne sont pas tout à fait le Jura, mais qui sont à peu près à la même altitude. De même pour le Jura neuchâtelois. Il rappelle que le Jura est une région qui va de Genève à Schaffhouse et qu'il y a aussi un Jura français très vaste. C’est une région qui forge une mentalité, une façon de sentir, une manière d'être.
00:08:57 – 00:10:35 (Séquence 8) : Jean-Pierre Monnier explique comment la lecture est entrée dans sa vie. Il rappelle que ses ancêtres étaient des paysans et des horlogers. A une époque sans télévision, la lecture est entrée dans sa vie à cause des longs hivers et aussi peut-être parce que le Jura bernois est un pays protestant. Il cite un historien français, probablement Guizot, qui avait remarqué que, dans les pays protestants, la lecture était plus répandue. Ce phénomène est lié à la nécessité d'apprendre à lire la Bible. Les pays protestants sont donc des pays de lecture et de réflexion. Il pense qu'aujourd'hui tout a changé : les voitures ont rapproché les gens, raccourci les distances et d'une certaine manière gommé les saisons.
00:10:38 – 00:12:03 (Séquence 9) : Jean-Pierre Monnier parle de ses lectures, de sa découverte progressive de la littérature. Le premier livre lu, vers huit ou neuf ans, fut "Pinocchio" de Collodi. Les lectures de la Comtesse de Ségur, Jules Verne, Victor Hugo viennent ensuite vers 13-14 ans. Comme il souhaitait devenir poète, il lut les poésies du cru, Renfer entre autres. La découverte de Ramuz, à 15 ou 16 ans, fut très importante, grâce à "La Guilde du livre" et au bulletin de la Guilde, auquel ses parents étaient abonnés. Dans ces bulletins mensuels, il pouvait lire d'excellents articles. Il découvre ainsi Gustave Roud, pour la première fois, et ses proses admirables réunies dans "Les aires de la solitude".
00:12:07 – 00:14:25 (Séquence 10) : Jean-Pierre Monnier parle de ses lectures, de sa découverte progressive de la littérature. Il explique l'importance de Ramuz. Grâce à ce dernier, il comprend que la littérature jurassienne était très anecdotique. Une littérature de clocher qui, selon lui, accumule les clichés, la combe agreste et le sapin centenaire, et dont il s'est assez vite éloigné. Il comprend, à travers Ramuz, qu'il était possible d'être d'un pays, et de tout ailleurs aussi. Il cite Ramuz en affirmant qu'en art il n'y a que deux choses intéressantes, l'amour et la mort, et qu'on aime et meurt partout. Ces mots de Ramuz rejoignent d'autres mots de Dostoïevski qui disait que chacun des autres est un autre soi-même. L'essentiel, dans l'enseignement de Ramuz, est de revenir à ses lieux d'origine dès que le besoin se fait sentir. Ramuz lui a ouvert un espace de création. Ce qu'il retient de Ramuz est aussi la stylisation d'une vision.
00:14:29 – 00:15:57 (Séquence 11) : Jean-Pierre Monnier parle de la rencontre avec Crisinel. Etudiant en Lettres, il commence à écrire dans un journal étudiant catholique, l'organe de la JEC "Joie", qui était tiré sur du papier couché malgré la guerre. Crisinel lut son article sur Henry Spiess, où il était cité avec Gustave Roud, Pierre-Louis Matthey et Gilbert Trolliet. Crisinel lui écrivit pour le remercier et ce fut le commencement, en 1942-1943, d'une merveilleuse amitié.
00:16:01 – 00:17:37 (Séquence 12) : Jean-Pierre Monnier parle de sa relation avec Crisinel. Il a été très important pour lui. Tout d'abord par son œuvre, qu'il considère majeure pour la première moitié du siècle, par sa densité et sa sobriété, par sa vérité et sa nécessité. Le besoin de poésie chez Crisinel, après un silence de près de 20 ans, renseigne sur la nécessité d'écrire. Ensemble, ils ont gardé un contact épistolaire jusqu'aux dernières semaines de la vie de Crisinel. Il l'a honoré d'une série de réflexions très personnelles sur son œuvre, exprimées nulle part ailleurs. Lorsque dix ou vingt ans après sa mort, "La revue de Belles-Lettres" lui en fait la demande, il publie ces lettres, sauf quelques-unes qu'il a gardées. Ces lettres renseignent admirablement sur la jeunesse de l'œuvre de Crisinel.
00:17:42 – 00:19:11 (Séquence 13) : Jean-Pierre Monnier parle de son expérience à Paris. Nommé professeur à l'école de commerce à Neuchâtel, il accepte le poste à condition de recevoir quelques années plus tard un congé de plusieurs mois. Il séjourne huit à neuf mois à Paris. Il aimait marcher dans la ville. Il habitait Boulogne sur Seine, pas loin de chez Renault. C'est à ce moment qu'il commence à écrire son premier récit.
00:19:16 – 00:20:31 (Séquence 14) : Jean-Pierre Monnier parle de son contact avec Pierre de Lescure. Il avait lu une admirable nouvelle de lui dans "Lettres", la revue genevoise dont Starobinski s'occupait avec Marcel Raymond et Pierre Courthion. Il découvre la nouvelle de Lescure et il est émerveillé par la qualité littéraire de ce texte. Apprenant qu'il vivait en Engadine, il lui écrivit. Ce fut le début d'une correspondance. Ils se sont rencontrés en 1949 ou 1950. Pierre de Lescure devient son premier éditeur. Il avait créé une revue à Saint-Paul-de-Vence, qui a ensuite déménagé à Paris. Là, il projette une collection romanesque, chez Gallimard d'abord, puis chez Plon. Dans cette dernière maison d'édition sont apparus ses trois premiers livres.
00:20:37 – 00:22:55 (Séquence 15) : Jean-Pierre Monnier parle de deux concepts, l'imagination et l'invention. L'interviewer cite une phrase de Monnier publiée dans la réédition de son premier livre "L'amour difficile" chez Bernard Campiche : "Comme autrefois, je pense toujours que c'est la forme qui appelle le fond, qu'elle le suscite, qu'elle le provoque, et que c'est à l'image qu'il faut obéir, à la faculté d'imaginer bien plus que celle d'inventer". Ramuz avait lui aussi parlé de la différence entre l'imagination et l'invention. Celui qui invente est ingénieux, celui qui imagine doit chercher ses images, celles qui correspondent à son fond. C'est la différence entre Dürrenmatt et Frisch. Le premier est un ingénieux, l'autre est un imaginatif qui a écrit ses romans à partir de ses propres problèmes. L'inventif va vers l'idée, alors que l'imaginatif va vers l'image. L'image dans un roman bouge tout le temps comme la métaphore et ceci peut, selon lui, rapprocher le romancier du poète. Ramuz aussi se voulait poète et non romancier.
00:23:02 – 00:24:25 (Séquence 16) : Jean-Pierre Monnier parle de son style d'écriture. Il explique qu'à la première lecture d'une de ses poésies, son ami Crisinel lui conseilla de laisser tomber cette idée. La tentation de la poésie s'est donc traduite dans le roman, dans une quête particulière du style. Kundera dans son essai "Art du roman" dit à propos de Flaubert qu'il fut le premier à songer, sans le savoir, au roman comme poème.
00:24:32 – 00:26:37 (Séquence 17) : Jean-Pierre Monnier parle de la figure du pasteur qui apparaît dans deux de ses romans, surtout dans "La clarté de la nuit". Le pasteur est pour lui un être qui sort de l'ordinaire. Il vit dans deux dimensions, dans l'immanence et dans la transcendance. Un monde spirituel qui est actuellement en "perte de vitesse", mais qui est très important. Le pasteur est un être seul, et son existence le fascine. Il a placé les histoires dans un cadre jurassien, comme la région de Sonvilier, au-dessus de la Vallée de Saint-Imier.
00:26:45 – 00:28:03 (Séquence 18) : L'interviewer demande à Jean-Pierre Monnier s'il a essayé de répondre à ses questions métaphysiques à travers la figure du pasteur, qui apparaît dans deux de ses romans, dont "La clarté de la nuit". Il répond affirmativement. Il précise qu'il ne s'agit pas de questions "théologiques". Il est en quête de réponses sur le sens de la vie, le mystère de la mort et le mystère de la foi. La solitude de l'homme l'a intéressé. Il explique qu'en général il ne relit pas ce qu'il a écrit. "La clarté de la nuit" fait exception car il lui arrive de relire quelques pages. Il a écrit ce roman après en avoir détruit un mauvais, dont il n'a pas gardé de traces. "La clarté de la nuit" est un roman qu'il voulait extrêmement sobre, à l'image de la sobriété du pays, de la montagne jurassienne et de la vie pastorale.
00:28:11 – 00:30:08 (Séquence 19) : L'interviewer demande à Jean-Pierre Monnier s'il a cherché dans son écriture un grand style paysan comme chez Ramuz. Il répond que non. Ramuz est, selon lui, un véritable terrien. Ses romans, sauf un, ne font pas allusion à l'hiver. Ils commencent au printemps et se terminent en automne. Ils couvrent les saisons du monde paysan qui rapportent les moissons, les vendanges. Pour Ramuz comme pour Gustav Roud, il était impensable de parler de l'hiver. Jean-Pierre Monnier lui n'a pas ce grand style paysan. S'il a un style, ce serait un style de sobriété protestante. Cette étiquette lui a été collée à Paris, après la parution de ses premiers livres. Au début, il ne l'avait pas bien accepté, maintenant il le considère presque comme un compliment. L'interviewer demande à Jean-Pierre Monnier s'il se reconnaît dans une écriture caractérisée par un régionalisme universel. Il répond qu'il faut effectivement essayer de partir d'une région pour atteindre l'universel.
00:30:16 – 00:31:55 (Séquence 20) : Jean-Pierre Monnier parle d'une écriture caractérisée par un "régionalisme universel", qui se trouve chez plusieurs écrivains. Il pense d'abord à Ramuz,à des écrivains comme Faulkner, qui a créé une ville imaginaire, Jefferson, où tous ses romans commencent. à James Joyce encore avec Dublin. Il explique que le passage à l'universel ne se produit pas tout d'un coup. Il faut avoir une vision assez simple, et large, de l'homme pour atteindre ce qui chez l'homme constitue l'essentiel de son désir, de son espoir profond, de ses peurs, en particulier de la souffrance et de la mort. Rejoindre l'universel est possible par cette voie, à condition que le style soit d'une grande simplicité.
00:32:04 – 00:33:14 (Séquence 21) : Jean-Pierre Monnier pense ne plus écrire de romans. Il affirme que ce n'est plus le temps pour lui. A son avis, on écrit des romans quand on crée encore des personnages, qui sont comme des virtualités de son être propre, de celui qu'on aurait pu devenir. Il a pensé parfois à écrire des récits. Il aurait aimé, même s'il pense que le temps est passé, s'inspirer de certains écrivains roumains, tchèques, polonais et russes. Il pense à Panaït Istrati par exemple, un écrivain qui possède une sorte de vérité d'expression. Les personnages de ces auteurs sont l'expression de leurs êtres profonds.
00:33:23 – 00:34:35 (Séquence 22) : Jean-Pierre Monnier affirme qu'il n'y a pas de littérature sans vérité. A côté d'une littérature d'invention, il y a une littérature qui est comme une sorte de cri de l'auteur. Un cri qui peut être de joie. Il cite les mots de son ami Chappuis dans les entretiens avec le professeur Bevan: "Ecrire est une difficulté. Si on n'éprouve pas ce sentiment, inutile d'écrire. Ecrire offre indéfiniment à relire, si ce n'est pas le cas, n'écrivons plus, parlons". C'est la différence entre le langage parlé et l'écriture, qui fait la littérature.
00:34:45 – 00:37:10 (Séquence 23) : Jean-Pierre Monnier parle de la quête d'essentiel, dans son écriture et dans la littérature romande en général. Une quête qui est en opposition à une quête existentielle. Il a besoin de réponses essentielles, même si elles sont toujours très provisoires. Dans le mot "essentiel", il y a le mot essence, l'essence des choses et des êtres. Cette essence est pour lui très importante. Il a le sentiment que la littérature romande est essentialiste et non existentialiste, et que chez chacun des grands écrivains de Suisse romande, à partir de Rousseau, il y a une quête, un besoin de l'être. L'existence est une vie humaine avec ses aléas, ses avatars et la mort, et elle est remplacée par une autre. Il cite Saint-Exupéry. Dans ses descriptions de vieilles familles paysannes, la mort du grand-père se vit de manière naturelle, parce que la famille se renouvelle. C'est une continuité qui est dans l'ordre des choses. C'est l'être, la tentative de l'approcher, de savoir ce qu'est l'être, qu'il considère extrêmement important.
00:37:20 – 00:40:24 (Séquence 24) : Jean-Pierre Monnier parle de ses deux métiers, l'écriture et l'enseignement. Il explique comment il a réussi à les conjuguer. L'un enrichit l'autre. Il considère l'enseignement comme un enrichissement, surtout à travers ses élèves et le renouvellement des âges. Pendant quarante-deux ans, il a vu passer deux générations d'élèves. Son contact direct avec les adolescents a été important : être exceptionnel par leur âge, l'âge de la découverte du monde et de soi dans le monde. Il pense que l'enseignement gymnasial est un des plus beaux métiers qu'on puisse exercer. Le rapport entre écriture et enseignement est une question de discipline. Il faut se contraindre chaque jour à écrire. C'est difficile lorsqu'on écrit un roman, puisqu'il suppose une continuité sans ruptures. Il explique sa manière de travailler entre écriture et corrections de dissertations pour l'école. Retourner à l'écriture après ses devoirs d'enseignant n'est pas facile. Il y a des moments où ça va très bien, d'autres qui sont plus difficiles, de sécheresse, de vide. Il a toujours eu le sentiment qu'au final il pouvait dominer tout ça.
00:40:34 – 00:42:04 (Séquence 25) : Jean-Pierre Monnier parle du livre qu'il est en train d'écrire, "Pour mémoire", d'inspiration autobiographique, une sorte de bilan de sa trajectoire d'écrivain. Une manière de comprendre ce qui s'est passé depuis le moment où il a commencé à écrire. Il fait intervenir dans ce texte ceux qu'il a connus, appréciés et aimés. C’est un livre dédié aussi à l'amitié. Un même besoin de bilan s'était imposé après l'écriture de quelques romans. Il écrivit alors "L'âge ingrat du roman", son premier essai. Un moyen pour se demander ce qu'était le roman, ceci à l'époque du "nouveau roman" qu'il n'a jamais apprécié. Il souligne qu'on en parle de moins en moins aujourd'hui, même si quelques auteurs tels que Claude Simon et Marguerite Duras demeurent.
00:42:15 – 00:43:26 (Séquence 26) : Jean-Pierre Monnier trace un bilan de sa trajectoire d'écrivain. Il essaie de comprendre son parcours. Au moment d'écrire "L'amour difficile", lorsqu'il était jeune, il ne savait pas ce qu'il allait faire par la suite. A la sortie du livre à Paris, il avait eu la naïveté de croire qu'il avait écrit "Le" livre. Il dit à Célia Bertin et Pierre Lescure qu'il s'arrêterait là. Aujourd'hui, même en comptant tous les ouvrages qu'il a écrits par la suite, il regrette de ne pas en avoir écrit davantage,
00:43:37 – 00:45:18 (Séquence 27) : Dans son livre "Pour mémoire", Jean-Pierre Monnier trace aussi un bilan de son époque et du présent. Il réalise avoir appartenu à une génération de grandes commotions et prises de conscience. Jeune garçon, il a connu la crise économique des années 1930, dans un milieu horloger. A vingt ans, il a été mobilisé pendant la deuxième guerre mondiale. Ensuite, il a vécu les années difficiles de l'après-guerre, avec la mauvaise conscience d'avoir traversé la guerre dans un pays neutre. Il évoque la particularité de la France qui a toujours été en guerre, alors qu'elle a créé les droits de l'homme. Il croit avoir vécu une époque extraordinaire et tragique.
00:45:30 – 00:46:34 (Séquence 28) : Pour cerner ce qu’il a cherché à traquer dans ses écrits, Jean-Pierre Monnier explique qu'il s'aide de critiques faites sur son œuvre. Constater l'existence d'une certaine cohérence dans son œuvre serait pour lui une forme de récompense. Il pense qu'en définitive un écrivain finit toujours par écrire la même chose.
00:46:46 – 00:47:43 (Séquence 29) : L'interviewer demande à Jean-Pierre Monnier le sens de son œuvre. Il répond que c'est peut-être le besoin de l'autre, le désir d'une rencontre heureuse et de sa difficulté, l'attente aussi de quelque chose et de quelqu'un. Un besoin qu'il retrouve dans certains de ses livres comme dans "La clarté de la nuit".
00:47:55 – 00:48:37 (Séquence 30) : Jean-Pierre Monnier explique que l'écriture a été aussi une manière de concilier la vie et la mort. Il cite Chessex qui disait qu'on n'écrit que contre la mort. Il cite Faulkner qui disait qu'un être extraordinaire et équilibré n'aurait aucun besoin d'écrire et de lire. Le lecteur est, en effet, un créateur en puissance.
00:48:49 – 00:50:29 (Séquence 31) : Jean-Pierre Monnier ne croit pas à l'existence du livre parfait, du livre rêvé. C'était un désir profond de Mallarmé, sa dernière tentative d'écrivain dont il cite un passage : "Je dois abandonner mon œuvre, mais croyez mes pauvres chéries, ça aurait été très beau". Il explique que tout le monde, au moment de la mort, a le sentiment de n'avoir pas tout fait, qu'il ne faut pas s'y résigner mais simplement l'accepter.
00:50:42 – 00:51:08 (Séquence 32) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Jean-Pierre Monnier, écrivain, et tourné à Epautheyres le 27 août 1991.
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