Yvette Z'Graggen (Ecrivain)

  • français
  • 1992-11-11
  • Durata: 00:48:50

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Descrizione

Ce qui caractérise l'œoeuvre et la vie d'Yvette Z'Graggen, ce sont ses constantes interrogations sur la condition des femmes et la difficulté de leurs rapports avec les hommes. C'est aussi la recherche de ses origines, qui l'a conduite sur les routes du canton de Glaris. C'est encore cette réflexion sereine sur la mort, menée à travers sa dernière héroïne dans "La Punta". C'est enfin la question obsédante du génocide juif, qu'Yvette Z'Graggen creuse par le biais de ses propres souvenirs de la guerre.

00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Yvette Z'Graggen, écrivain, et tourné à Anières le 11 novembre 1992. L'interlocuteur est Françoise Fornerod.
00:00:11 – 00:01:09 (Séquence 1) : Yvette Z'Graggen parle de son nom et explique ses origines ainsi que celles de sa famille. Elle parle de son grand-père paternel, né dans le canton d'Uri à Schattdorf et exilé dans le canton de Glaris à 19 ans pour fuir la misère, après avoir passé le col de Klausen. Il a donc travaillé dans l'industrie textile, ce qu'elle a raconté.
00:01:09 – 00:01:57 (Séquence 2) : Yvette Z'Graggen parle de son histoire familiale et explique que si beaucoup de Glaronnais s'expatriaient outre-mer, les Uranais, plus pauvres, émigraient jusqu'à Glaris. C'est comme cela que son grand-père s'y est établi, marié et a ouvert une boucherie. Il a eu deux fils dont le père d'Yvette. A 13 ans, ce dernier a dû travailler à la boucherie. C'est pourquoi à 17 ans, il a décidé de refaire les études qu'il avait manquées. Il a donc fait une maturité à Zurich, puis des études de médecine et d'art dentaire à Genève.
00:01:58 – 00:03:05 (Séquence 3) : Yvette Z'Graggen raconte l'histoire de son père, qui a déménagé de Glaris à Genève en changeant radicalement de vie, de langue et de culture. Elle explique son ascension sociale quand il a repris le cabinet dentaire de son beau-père, viennois.
00:03:07 – 00:04:10 (Séquence 4) : Yvette Z'Graggen raconte son enfance dans un milieu genevois bourgeois traditionnel. Elle parle de l'effort d'adaptation de ses parents qui lui semblaient jouer un jeu social et profiter pleinement des années folles.
00:04:12 – 00:04:52 (Séquence 5) : Yvette Z'Graggen raconte son enfance et les problèmes qu'elle avait en rapport à son nom peu commun dans les milieux genevois.
00:04:54 – 00:06:06 (Séquence 6) : Yvette Z'Graggen parle de son livre "Un temps de colère et d'amour". L'interviewer lit un passage de ce livre et revient sur son non conformisme. Yvette Z'Graggen explique qu'elle voulait être non conformiste mais que ses parents n'avaient rien à voir avec cela et que c'est leur environnement conformiste et bourgeois qui provoquait cette réaction chez elle. Ses héroïnes d'écrits d'enfance faisaient donc à sa place les bêtises dont elle rêvait.
00:06:09 – 00:06:44 (Séquence 7) : Yvette Z'Graggen parle de son enfance et de sa formation dans une école privée, en rapport avec le statut bourgeois de ses parents. L'école était très rigoriste et elle raconte quelques anecdotes à ce sujet.
00:06:48 – 00:07:35 (Séquence 8) : Yvette Z'Graggen parle de l'atmosphère genevoise de la fin des années 1930. C'était la crise et sa famille en a pâti. Elle explique comment l'apparat bourgeois s'est peu à peu défait.
00:07:39 – 00:08:50 (Séquence 9) : Yvette Z'Graggen parle de ses amis quand elle était jeune, notamment par rapport au milieu bourgeois genevois où elle évoluait et à ses origines étrangères.
00:08:55 – 00:10:20 (Séquence 10) : Yvette Z'Graggen raconte comment elle n'a pu faire d'études après sa maturité car c'était la guerre. Elle s'est orientée dans le secrétariat car c'était des études courtes, de 1939 à 1940, et qu'elle voulait travailler le plus vite possible. Elle est donc entrée dans différents bureaux, avec de la peine au début à cause de la fixité des horaires. Petit à petit, elle a appris à aimer les rencontres qu'elle y faisait.
00:10:25 – 00:11:35 (Séquence 11) : Yvette Z'Graggen raconte comment la guerre l'a éloignée de ses amis étrangers. On lui demande si elle savait ce qui se passait réellement à l'époque en Suisse et en Europe. Elle explique que le courrier était censuré mais que les informations leur parvenaient, via notamment les chroniques de René Payot. Mais comme elle l'écrit dans "Les années silencieuses", personne n'avait vraiment conscience de ce qui se passait par rapport aux Juifs. Elle essaye de s'expliquer cet état de fait.
00:11:41 – 00:13:25 (Séquence 12) : Yvette Z'Graggen parle de son métier de secrétaire qui était surtout alimentaire car elle voulait écrire. Elle commence son premier roman pendant les années de guerre. "La vie attendait" paraît en 1944 et connaît tout de suite le succès grâce à la pénurie de l'édition française et à l'engouement pour des romans de type anglo-saxon comme le sien. Elle n'a donc pas eu de grandes difficultés à obtenir un contrat chez l'éditeur Jeheber. Elle a écrit ce livre chapitre après chapitre, chez ses parents, après ses huit heures quotidiennes de secrétariat.
00:13:31 – 00:14:18 (Séquence 13) : Yvette Z'Graggen parle de ses rapports avec les écrivains de son époque. Elle explique que même si Alice Rivaz et Corinna Bille avaient ouvert la voie, une femme écrivain restait rare. Ceci a fait que les écrivains hommes en place se sont intéressés à elle, notamment Jacques-Edouard Chable, Jacques Chenevière et Edmond Jaloux entre autres.
00:14:24 – 00:15:46 (Séquence 14) : Yvette Z'Graggen parle de son second roman, "L'herbe d'octobre", paru en 1950 et écrit pendant des voyages qu'elle a effectués à cette période. Elle est allée en Italie, en Tchécoslovaquie et à Paris pour la Croix-Rouge et le Don Suisse. Elle raconte le choc de voir des villes détruites comme Milan, Turin ou Cassino.
00:15:53 – 00:17:24 (Séquence 15) : Yvette Z'Graggen parle de ses années de collaboration avec la Société européenne de culture, après avoir quitté la Croix-Rouge en 1946. Elle est entrée comme secrétaire en 1949 aux Rencontres Internationales et pour cette organisation, elle a passé un hiver à Venise à la Société européenne de la culture. Elle y a rencontré Jean Amrouche, Jean Lescure et Umberto Campagnolo.
00:17:32 – 00:18:28 (Séquence 16) : Yvette Z'Graggen parle de sa découverte de Montherlant et de ses romans de la série des jeunes filles. Elle a compris à travers lui le malheur d'être femme et de sa différence, de sa volonté d'être une femme libre.
00:18:36 – 00:18:39 (Séquence 17) : Yvette Z'Graggen parle de ses relations avec ses parents et de leur opinion quant à la façon dont elle menait sa vie. Son père n'était pas vraiment au courant et sa mère la soutenait totalement.
00:18:48 – 00:20:09 (Séquence 18) : Yvette Z'Graggen parle de l'année 1952, quand elle s'est mariée et a commencé sa carrière à la radio. Elle a commencé par une série de sujets sur les métiers féminins. Elle voit cette période comme équilibrée, d'autant plus que son mari et elle sont allés vivre à Villette, au pied du Salève.
00:20:18 – 00:20:54 (Séquence 19) : Yvette Z'Graggen raconte que le village de Villette était vivant et varié : il l'a inspirée dans son écriture. Elle y a écrit par exemple "Un été sans histoire", "Les filets de l'oiseleur" ou encore "La lézarde", une nouvelle parue dans le recueil "Chemin perdu". Tout ceci en parallèle de son activité à la radio et son statut de maîtresse de maison.
00:21:04 – 00:23:24 (Séquence 20) : Yvette Z'Graggen parle de la naissance de sa fille en 1963, à plus de 40 ans. Elle raconte le choc de cet événement, les difficultés et l'aide de sa mère. Yvette Z'Graggen a parlé de cet événement dans son livre "Un temps de colère et d'amour ". Elle fait le lien avec sa propre enfance et son rapport à la maternité. Elle a eu de la peine à se situer entre sa mère et sa fille, notamment quand cette dernière à grandi et qu'elle ne ressemblait pas à la petite-fille qu'Yvette avait été. Yvette Z'Graggen en profite pour poser une réflexion sur la génération de sa fille.
00:23:35 – 00:23:55 (Séquence 21) : Yvette Z'Graggen parle de se son activité d'écrivain qui s'est beaucoup réduite pendant sa période de travail à la radio sans pourtant s'arrêter complètement. Elle a écrit beaucoup de pièces brèves pour la radio, des articles et des nouvelles, mais pas tout à fait ce qu'elle voulait vraiment écrire.
00:24:06 – 00:25:49 (Séquence 22) : Yvette Z'Graggen parle des ses romans témoignages. "Un temps de colère et d'amour" porte sur son enfance, "Les années silencieuses" sur les années de guerre et la question juive, puis elle a écrit sur les femmes de la quarantaine. Elle réfléchit ici sur son besoin d'autobiographie et se l'explique par manque de temps pour écrire et par besoin de faire le point. Cette fois c'est Michel Moret qui l'a éditée : elle lui rend hommage ici.
00:26:01 – 00:26:28 (Séquence 23) : Yvette Z'Graggen parle de ses recherches historiques pour un de ses romans. Elle a lu "La Suisse" sur un an, le journal que ses parents lisaient quand elle était petite. Elle conçoit que ses résultats auraient différé si elle avait choisi d'autres journaux, plus engagés. Mais son but était surtout de voir si en lisant ce type de presse on aurait pu, à l'époque, réaliser la question juive. Sa conclusion est qu'on aurait pu, déjà en ce temps-là, s'en apercevoir.
00:26:40 – 00:27:11 (Séquence 24) : Yvette Z'Graggen parle de son journal et de ce qu'elle en pense actuellement. Elle l'a tenu régulièrement entre 10 et 30 ans. Il lui a été utile pour écrire, notamment pour reconstituer les événements dans "Les années silencieuses".
00:27:24 – 00:31:39 (Séquence 25) : Yvette Z'Graggen explique l'importance du passé pour elle et de son troisième livre autobiographique où elle reconstitue l'histoire de son père. Elle est donc retournée dans le canton de Glaris à Luchsingen en 1988. A la base, elle voulait juste redécouvrir ce lieu où elle avait séjourné avec ses parents à deux ou trois reprises, mais elle s'est aperçue qu'elle ne se souvenait de rien, d'où le désir de chercher à combler cet oubli. Elle raconte l'anecdote d'avoir oublié l'endroit au point de rater le panneau indicateur. Par son livre, elle a voulu remédier à cet oubli et comprendre son père et son choix de partir. Pour ce faire, elle a fait des recherches, notamment au musée Freuler sur l'industrie textile. A Luchsingen, elle a aussi pu trouver des témoins, dont Monsieur Stüssi, historien de la vallée de la Linth, à Glaris, où avaient vécu ses grands-parents. Elle a également fait des recherches en archives. Après la publication du livre, traduit en allemand par Madame Spälti-Elmer, plusieurs personnes sont venues la voir pour lui offrir leur témoignage. Elle explique comment le livre a été présenté à l'église de Luchsingen et a ainsi entraîné l'intérêt de la population.
00:31:52 – 00:32:17 (Séquence 26) : Yvette Z'Graggen raconte comment en plus de retourner dans le canton de Glaris pour tracer son histoire familiale, elle a passé le Klausen pour visiter le village de Schattdorf, dont son grand père était originaire. Elle y a eu le plaisir de découvrir que le nom des Z'Graggen y était fortement représenté.
00:32:30 – 00:34:32 (Séquence 27) : Yvette Z'Graggen raconte comment, en 1982, elle s'est mise à travailler avec Benno Besson. Après avoir dû quitter la radio pour raison d'âge, elle a écrit à Benno Besson pour lui demander une place à la Comédie qu'il venait de reprendre. Elle y a donc travaillé sept ans, de 1982 à 1989.Yvette Z'Graggen était chargée de la rédaction des programmes mais, comme a toujours admiré les comédiens, elle a aussi beaucoup observé le travail de Benno Besson et des comédiens durant les répétitions. Yvette Z'Graggen avait écrit pour la radio mais jamais pour le théâtre. A la Comédie, elle a collaboré avec Philippe Macasdar et a apprécié de travailler avec ce jeune homme qui aurait pu être son fils.
00:34:46 – 00:35:06 (Séquence 28) : A côté de son activité régulière à la Comédie, Yvette Z'Graggen a trouvé le temps d'écrire son roman "Cornelia". Le livre est bien accueilli et parle d'une femme de 40 ou 50 ans découvrant l'amour.
00:35:20 – 00:37:12 (Séquence 29) : Yvette Z'Graggen parle de ses héroïnes et du féminisme. L'interlocuteur souligne ce féminisme présent dès les premiers romans d'Yvette Z'Graggen dans les années 1940, bien avant le mouvement mis en branle par la parution du "deuxième sexe" de Simone de Beauvoir, et y voit une ressemblance avec Alice Rivaz ou Corinna Bille. Yvette Z'Graggen explique qu'au moment d'écrire ses premiers livres elle n'en était pas consciente. Elle avait simplement envie d'écrire des histoires, de faire vivre des personnages qui lui ressemblaient, des personnage qui, comme elle, n'acceptaient pas cet avenir tout tracé pour les filles de sa génération. Sa prise de conscience a été ultérieure à ses premiers écrits. Son premier livre "La vie attendait" à suscité quelques remous, car il racontait l'aventure amoureuse d'une jeune fille non mariée. L'interlocuteur appelle Yvette Z'Graggen "une Françoise Sagan suisse romande".
00:37:26 – 00:38:19 (Séquence 30) : Yvette Z'Graggen parle de l'image d'elle-même, libre et indépendante, qu'elle donne à travers ses héroïnes. Elle explique qu'elle a été mariée pendant 25 ans à un homme qui la comprenait notamment dans son métier d'écrivain, là où son époque considérait l'écriture féminine comme un passe-temps tel que la broderie.
00:38:33 – 00:39:28 (Séquence 31) : Yvette Z'Graggen parle de sa réorientation après que Benno Besson ait quitté la Comédie de Genève. Elle continue d'écrire et d'avoir une activité annexe notamment pour des raisons financières. Elle fait donc de la relecture et des traductions pour des maisons d'édition. Elle traduit depuis l'italien et l'allemand, par exemple "La vallée heureuse" de Annemarie Schwarzenbach. Actuellement, elle achève la traduction d'un auteur tessinois, Angelo Casè. Elle a donc eu beaucoup de temps pour écrire "La Punta".
00:39:42 – 00:42:13 (Séquence 32) : Yvette Z'Graggen parle de son nouveau roman, "La Punta", autobiographique : des personnages retraités, genevois, achètent une maison en Espagne, puis déchantent. Elle a choisi l'Espagne plutôt que l'Italie car cette dernière véhicule trop de souvenirs. Elle a découvert l'Espagne au cours d'un voyage et y a acheté une maison sur la Costa Blanca. Elle pose une réflexion sur le mal nécessaire des étrangers prenant leurs terres aux Espagnols mais qui, ce faisant, leur permettent de vivre.
00:42:28 – 00:43:46 (Séquence 33) : Yvette Z'Graggen parle de son roman "La Punta" et explique son titre : la Punta de Tarifa est l'endroit où la Méditerranée et l'Atlantique se rejoignent en Espagne. Son héroïne rêve depuis son enfance de ce lieu tout comme elle même a rêvé réellement qu'elle marchait dans ce lieu cerné de deux mers. Elle pose alors dans ce livre une réflexion sur la mort symbolisée par cet endroit. Elle fait le rapport avec les exilés africains essayant d'accoster en Espagne, à cet endroit précis, et y perdant parfois la vie.
00:44:01 – 00:46:10 (Séquence 34) : Yvette Z'Graggen parle de son roman "La Punta" et de son rapport à la mort et à la vieillesse. A l'époque où sa mère était à l'hôpital gériatrique, elle avait de la peine à regarder en face cette vieillesse qui serait aussi un jour la sienne. Yvette Z'Graggen cherche la sérénité face à la vieillesse et estime que l'héroïne de son roman est sans doute plus avancée qu'elle sur le chemin de la sérénité. Pour Yvette Z'Graggen, il est plus facile d'accepter la mort que la vieillesse et les pertes qu'elle entraîne. Sa mère est morte a 89 ans et Yvette a eu l'impression de vivre sa propre vieillesse à travers elle. Elle a trouvé très dur d'observer son déclin physique même si elle conservait ses capacités mentales. Dans son dernier roman, "La Punta", elle a essayé d'apprivoiser la vieillesse, cet aspect de la condition humaine qu'elle a tant de mal à accepter.
00:46:25 – 00:47:54 (Séquence 35) : Yvette Z'Graggen fait le bilan et explique que l'important est de rester jeune intérieurement, de s'intéresser, de se passionner tout le temps, sans avoir peur de l'inconnu ce qui arrive souvent lorsqu'on veillit. Elle estime qu'il est primordial de conserver intact sa capacité à s'indigner. L'indignation nous empêche, selon Yvette Z'Graggen, de sombrer dans l'égoïsme et le repli sur soi. Elle conclu sur l'essentiel : aimer et aller vers les autres.
00:48:10 – 00:48:34 (Séquence 36) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Yvette Z'Graggen, écrivain, et tourné à Anières le 11 novembre 1992.
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