Fernand Scheller (Une voix pour le développement)

  • français
  • 1996-11-19
  • Durata: 00:49:41

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Descrizione

C'est une longue route à travers les tragédies que nous parcourons avec Fernand Scheller: guerres sous toutes leurs formes, révoltes, famines, fléaux naturels, camps de réfugiés. Il rend compte, avec une certaine distance née d'une confrontation quotidienne avec les tréfonds de l'histoire et de la détresse humaine, des efforts pour apporter, partout où cela est possible, les secours attendus. Mais parfois l'Histoire (les hommes qui la font) déjoue les meilleures volontés.

00:00:00 – 00:00:23 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Fernand Scheller, fonctionnaire international, et tourné à Choulex le 19 novembre 1996. L'interlocutrice est Mireille Vallette.
00:00:23 – 00:03:01 (Séquence 1) : Fernand Scheller explique que sa carrière humanitaire s'est présentée un peu par hasard. Il a commencé en 1939, lors de la guerre. Un copain de son père, qui dirigeait l'agence de recherche du CICR, lui avait demandé de trouver des bénévoles. Au CICR arrivaient journellement des prisonniers et il n'y avait pas assez de personnel. Il a convaincu des amis du collège et des amis des routiers, les aînés des scouts. Ils allaient tous les jours classer des cartes à l'agence des prisonniers de guerre. Ils allaient aussi recevoir les trains des prisonniers blessés. En 1944, le CICR lui a demandé de faire des missions dans le domaine des transports. Il est allé en Allemagne où il a été en contact avec des réalités pénibles, comme les camps de concentration. Ensuite, il a été envoyé à la Ligue de la Croix-Rouge, car il n'y avait pas de Suisses dans l'organisation. Elle l'a envoyé faire plusieurs missions dans les transports. En Albanie, dans l'est de l'Europe qui se désagrégeait. En 1948, il a été envoyé au Moyen-Orient pour s'occuper des réfugiés palestiniens.
00:03:02 – 00:05:11 (Séquence 2) : Fernand Scheller explique qu'en 1948, à ses 25 ans, la Ligue des sociétés de la Croix-Rouge l'a envoyé au Moyen-Orient. A l'époque, la Ligue n'avait pas beaucoup de personnel, tout le monde était envoyé en mission. L'ONU leur avait demandé de s'occuper des réfugiés qui quittaient la Palestine vers les pays environnants. Ils ont dû mettre sur pied des camps au sud du Liban, dans la région de Beyrouth. Il a réalisé que les opérations d'urgence dans l'humanitaire mènent fréquemment à des désastres. Ils avaient loué les terrains pour les camps aux autorités ecclésiastiques, mais ces terrains se trouvaient souvent à de mauvais endroits. Le camp de Tel El Zaatar est devenu célèbre. Construit sur les hauteurs de Beyrouth, il avait été entouré par des usines qui profitaient des réfugiés. En 1975, la famille Gemayel voulait détruire le camp et tuer tout le monde. Grâce à un délégué du CICR, [ Jérôme Flieger ], et les efforts de Nations Unies et de la Croix-Rouge, ils ont évité un massacre.
00:05:12 – 00:06:34 (Séquence 3) : Fernand Scheller dit avoir réalisé les limites de l'humanitaire. Il cite une autre expérience tragique. Au Congo, Tschombé voulait se débarrasser des Balubas, des sortes de juifs du Congo. Les Belges les avaient déplacés un peu partout et, à l'indépendance, les autorités voulaient les concentrer dans un seul endroit. Tschombé lui avait fait part de son idée de les mettre dans le Jardin botanique. Une idée qu'il n'avait pas appréciée, car les Balubas allaient détruire les arbres. Ceci est effectivement arrivé.
00:06:35 – 00:08:08 (Séquence 4) : Fernand Scheller dit qu'il y a une tendance générale à minimiser l'humanitaire par rapport au développement. Il pense qu'il faut pratiquer et prôner les deux choses en même temps. Au Tchad, il a admiré les paysans qui ont planté les semences au lieu de les manger. Il aime aussi les paysans cambodgiens. Il construisait un barrage près de Phnom Penh. Le barrage et la construction des routes allaient prendre une partie de leurs terres. Les paysans ont négocié pour recevoir moins de terres en échange de la construction de routes plus larges.
00:08:10 – 00:09:08 (Séquence 5) : Fernand Scheller explique qu'au Congo il s'est occupé de développement. Il a été envoyé à chaque mission dans un pays en guerre ou qui avait des problèmes, car aux Nations-Unis on voyait qu’il avait travaillé au CICR. Il a été envoyé au Congo le 7 juillet 1960 pour voir, avec le gouvernement congolais, quelle assistance mettre en place. Il travaillait à l'époque avec la partie des Nations Unies qui s'occupait de questions techniques et qui est devenue plus tard le PNUD.
00:09:10 – 00:11:02 (Séquence 6) : Fernand Scheller explique qu'au Congo, il y a eu le 11 juillet 1960 la révolte de la force publique. Lumumba l'a convoqué et lui a demandé d'aller à New York avec son ministre des affaires étrangères pour demander une intervention des Nations Unies. Lumumba ne voulait pas une intervention belge. Fernand Scheller avait l'expérience du Moyen-Orient, où les forces envoyées en 1948 pour la trêve sont toujours restées en place. Il a conseillé Bomboko de ne pas demander une mission de maintien de la paix mais une force pour le rétablissement du Congo. Ils ont obtenu des soldats, des chars, de l’artillerie. Ils ont pu reconstruire le pays en quatre ans. L’action est discutable mais elle a eu un résultat évident : la province la plus riche et la moins peuplée qui voulait son indépendance est restée rattachée au Congo.
00:11:04 – 00:12:57 (Séquence 7) : Fernand Scheller explique qu'en situation de guerre, on apprend à reconnaître les précautions à prendre, ce qu’il doit aussi transmettre aux personnes avec qui il travaille. Il y a eu relativement peu de victimes parmi ses collaborateurs, et curieusement pas en guerre. Au Liban, pendant la guerre civile, sur 500 personnes, une personne est morte en faisant du jogging. L'écoute de la radio est importante, comme à Beyrouth quand elle indiquait exactement où il y avait des tirs. Ils n'habitaient pas les zones où l'on combattait dans la rue.
00:13:00 – 00:14:31 (Séquence 8) : L'interlocutrice rappelle que Fernand Scheller travaillait pour l'ONU et le PNUD et elle lui demande comment étaient perçues les organisations non gouvernementales et comment celles-ci travaillaient ensemble. Il y avait des méfiances réciproques. Il répond que le personnel des organisations non gouvernementales trouvait les collaborateurs de l'ONU trop bien payés. Le personnel de l'ONU pensait que les membres des ONG étaient des amateurs. Il y a une part de vérité dans les deux choses. Il pense que ce sont deux choses complémentaires. Les Nations Unies travaillent avec les gouvernements, ils sont obligés d'avoir l'avis du gouvernement en question. Les organisations non gouvernementales ont la possibilité de travailler sans l'avis du gouvernement, ce qui a parfois profité aux Nations Unies aussi.
00:14:34 – 00:17:19 (Séquence 9) : Fernand Scheller dit avoir été un des premiers à l'ONU qui a profité de la collaboration avec les ONG. En mission en Ouganda, en 1981, il y avait un million de personnes qui risquaient de mourir suite aux mauvaises actions d'Amin Dada. Lors de son départ, une partie du pays lui était favorable, le Karamoja, une région de troupeaux et de pasteurs. Dans le reste du pays, il y avait des céréales. Le pays vivait grâce aux échanges des deux biens mais à cause d'Amin Dada ces échanges se sont arrêtés. Les habitants des deux parties en souffraient. Le gouvernement ougandais avait dit ne rien pouvoir faire, ne pas pouvoir accéder à l'autre zone. Il a alors fait le tour des ONG pour en trouver une disponible pour les aider. Il savait que les ONG n'aimaient pas distribuer uniquement de la nourriture et il a proposé de leur financer un projet de développement. Un grand nombre d'ONG importantes ont accepté : Oxfam, SKF, Médecins sans Frontières, Action contre la faim. L’expérience a été très bénéfique.
00:17:23 – 00:19:23 (Séquence 10) : Fernand Scheller explique que la mission en Ouganda lui a été offerte en fin de carrière car un poste dure normalement quatre ans. Après sa retraite, lors d'une grande sécheresse au Tchad, il a été appelé à refaire la même chose, vu son succès en Ouganda. Il a cherché des ONG pour soutenir le travail de l'ONU. Deux ans après leur intervention, alors que nombre de personnes risquaient de mourir de faim, le pays est devenu autosuffisant, le seul de l'Afrique noire. Les Tchadiens ont réussi à emblaver, cultiver 36 % de plus que d'habitude. Ils avaient planté une partie de ce qui leur avait été donné à manger.
00:19:27 – 00:21:52 (Séquence 11) : Fernand Scheller explique qu'au début de sa carrière, il était célibataire, mais ensuite il s'est marié et a eu un fils. Sa femme l'a suivi dans les endroits où c'était permis. Dans certains pays, les missions sont interdites aux membres de la famille. Il a réussi à garder son fils auprès de lui, en particulier au Congo, où il a passé plusieurs années sans école. De retour à Genève, il a dû rattraper son retard. Les autorités genevoises lui ont conseillé de le mettre dans une école privée. Son fils parlait plusieurs langues mais pas bien le français. Il l'a mis à Florimont où il a passé un très bon baccalauréat. A partir de ce jour, sa femme est restée en Europe près de leur fils. Ils voyageaient beaucoup. L'ONU avait concédé à ses collaborateurs dans les pays en guerre des vacances chaque année au lieu de chaque deux ans. Son fils l'a rejoint pendant toutes ses vacances, comme au Cambodge.
00:21:57 – 00:22:44 (Séquence 12) : Fernand Scheller explique que pendant les missions des Nations Unies, les fonctionnaires sont bien logés. Les cadres supérieurs ont souvent une maison de fonction. Lorsque le logement est difficile à trouver, l'ONU loue des logements.
00:22:49 – 00:23:23 (Séquence 13) : L'interlocutrice demande à Fernand Scheller si les logements de l'ONU se trouvent à l'écart de la population. Il répond que ça dépend des pays. Au Congo, ils avaient placé des civils dans les alentours des camps militaires. Comme il a horreur de ça, il a toujours habité en dehors des villes. Dans le village où il habitait, il avait une plantation qui n'était plus opérationnelle. Il n'aime pas vivre tout le temps avec les personnes avec lesquelles il travaille. Il aime les mélanges de populations.
00:23:28 – 00:24:21 (Séquence 14) : Fernand Scheller dit avoir choisi son métier aussi parce qu'il ne tenait pas à rencontrer que des Suisses. Il a connu beaucoup de monde. Au Congo, après 15 jours, il était le seul Européen à aller dans la cité africaine. Ses copains africains ne le considéraient pas comme un blanc. Il n'était pas belge et ils lui disaient qu'il avait le cœur noir.
00:24:26 – 00:26:24 (Séquence 15) : Fernand Scheller parle de sa mission du PNUD en Cambodge. Lors du voyage en avion, il a rencontré le général [ Plekschat ], ministre du Plan, que tout le monde prenait pour un jeune de 25 ans alors qu'il en avait 50. Il n'avait pas aimé les Suisse, car à Berne lors d’une conférence tout le monde l'avait pris pour le fils du général. A son arrivée, Fernand Scheller a compris qu'il allait travailler avec lui. Il est resté 5 ans, les années les plus agréables de sa carrière, entre le début de Sihanouk et l'arrivée des Khmers rouges. C’était un pays sympathique et souriant, ce qui n'aide pas à comprendre ce qui est arrivé par la suite.
00:26:29 – 00:27:33 (Séquence 16) : Fernand Scheller explique qu'au Cambodge la guerre civile de cinq ans a fait 500000 morts, ce qui est beaucoup pour une population de 6 millions. Ce chiffre est encore peu par rapport à ce qu'ont fait les Khmers rouges par la suite. Pendant la saison des pluies, la guerre se calmait car les Khmers rouges ne pouvaient pas utiliser leur artillerie. La guerre reprenait pendant la saison sèche. Il a reçu des roquettes sur sa maison, mais elles étaient de mauvaise qualité et moins efficaces que les Katiuscha russes. Si la maison était en dur, le danger était minime, alors que dans les paillotes on risquait sa vie.
00:27:38 – 00:28:24 (Séquence 17) : Fernand Scheller explique qu'au Cambodge, il avait deviné le moment où le pays allait tomber dans les mains des Khmers rouges. Il avait envoyé une lettre à New York, à l'ONU, et il a eu le temps d'évacuer le personnel. Les derniers membres, il les a envoyés à Bangkok le 12 avril et les Khmers rouges sont entrés à Phnom Penh le 17.
00:28:30 – 00:31:54 (Séquence 18) : Fernand Scheller explique qu'il avait demandé à New York, à l'ONU, le droit de rester à Phnom Penh malgré l'arrivée des Khmers rouges. Il pensait que c'était des gens comme les autres. Il est resté avec un petit groupe de volontaires. Son idée était de parler avec le gouvernement des Khmers rouges, pour les convaincre qu'ils avaient besoin de leur assistance. Leur arrivée a été une suite de chocs. Le gouvernement a expédié la population hors de la ville et réuni les étrangers à l'ambassade de France. Il s'est promené en ville avec la Croix-Rouge. Il a vu qu'ils brûlaient l'argent de la Banque Nationale. Dans le quartier des bijoutiers, les soldats se sont emparés des montres. A l'hôpital, ils jetaient les malades par la fenêtre. Au marché, il a assisté à l'exécution d'un civil. Il a dû réaliser que les Khmers rouges n'étaient pas comme les armées qu'il avait connues jusque-là.
00:32:00 – 00:34:24 (Séquence 19) : Fernand Scheller explique que les Khmers rouges les ont mis à l'ambassade de France. Il parle de son contact avec les chefs des Khmers. Comme il représentait les Nations Unies, il avait été désigné comme porte-parole. Les Khmers rouges lui ont expliqué qu'ils avaient déplacé la population de Phnom Penh avant tout par peur d'être bombardés par les Américains, et ensuite parce qu'il n'y avait plus de nourriture. Il leur a montré les endroits où les Américains avaient stocké du riz. Il a réalisé qu'ils ne faisaient pas d'inventaire, ce que faisaient normalement toutes les armées vainqueurs. Il a expliqué que le fait d'envoyer les populations de plusieurs villes dans les campagnes les exposait au risque de mourir de faim.
00:34:31 – 00:35:14 (Séquence 20) : Fernand Scheller explique qu'il avait écrit et annoncé, dans une conférence de presse, les dangers des Khmers rouges, ce qui lui a été reproché. Pour lui, il était évident qu'un génocide se préparait. A son arrivée à Bangkok, le secrétaire général de l'ONU, Waldheim, lui a reproché par téléphone d'avoir trop parlé.
00:35:21 – 00:36:31 (Séquence 21) : Fernand Scheller dit avoir réalisé que l'opinion publique de gauche pensait que les Khmers rouges constituaient un gentil gouvernement de gauche qui avait remplacé un méchant gouvernement de droite. Il a expliqué au secrétaire général de l'ONU, Waldheim, qu'il connaissait la situation et qu'il y avait un risque de génocide. Le gouvernement précédant les Khmers rouges n'était pas spécialement de droite, il faisait simplement appel aux Etats-Unis pour ses armes. Les Khmers rouges faisaient appel à Pékin et à Moscou. Il avait réalisé, par son expérience, que les pays en guerre n'ont pas le temps de réfléchir sur l'orientation politique, de lire les œuvres de Marx ou de Smith, ils sont obligés de prendre des décisions: parfois elles se situent à droite et d'autres fois à gauche.
00:36:39 – 00:37:44 (Séquence 22) : L'interlocutrice rappelle que pendant trois ans, l'opinion publique a continué de percevoir les Khmers rouges comme un bon gouvernement de gauche. Fernand Scheller explique qu'en 1979 à Beyrouth, Waldheim avait admis qu'il avait raison en 1964. Entre temps, il y a eu deux millions de morts. Ce chiffre a été établi récemment par une équipe suisse ce qui a confirmé ses prévisions, à savoir le fait que le génocide était lié surtout à la bêtise. Sur les deux millions, un million et demi sont morts de faim ou de maladie.
00:37:52 – 00:39:13 (Séquence 23) : Fernand Scheller explique que pour quitter le Cambodge avec les autres étrangers de l'ambassade de France, il a dû préparer des listes. Les Khmers rouges allaient les transporter en camion. Pour éviter des dangers aux Américains, il les a mélangés aux Russes. Il a joint aussi les femmes des pays de l'Est qui s'étaient mariées avec des officiers cambodgiens tués et dont on a confisqué les enfants. Au milieu du parcours, le journaliste Sydney Schanberg, auteur de "La déchirure", s'était fâché avec les Russes car ils ne partageaient pas la nourriture avec les femmes. Il a réglé le problème.
00:39:22 – 00:39:55 (Séquence 24) : Fernand Scheller dit avoir eu parfois peur. Il a dû le cacher aux autres. Dans des circonstances où il aurait pu perdre la vie, il s'en est sorti, et il a déduit qu'il avait de la chance.
00:40:04 – 00:40:29 (Séquence 25) : Fernand Scheller dit avoir essayé d'apprendre les langues locales pendant ses missions, ce qui n'a pas été facile. Son fils apprenait plus vite que lui car il passait du temps avec les populations indigènes, alors que lui communiquait principalement en anglais ou en français.
00:40:39 – 00:41:59 (Séquence 26) : Fernand Scheller parle des particularités des langues africaines. Elles sont des langues pauvres en abstraction, ce qui complique le travail humanitaire. Cet élément n'a pas été complètement enregistré par les membres du CICR. Des amis prêtres lui expliquaient qu'on ne pouvait pas traduire en Tchiluba la Bible, la notion d'amour de Dieu, car "amour" avait une connotation purement physique, l'acte sexuel. Dans ces langues, la notion de "neutralité" n'existe pas, ce qui complique le travail humanitaire. Ils ne pouvaient pas expliquer à des populations qu'ils soignaient aussi les blessés de leurs ennemis ce qui équivalait à être associé à l'ennemi. La seule langue congolaise qui avait des abstractions était le Swahili.
00:42:09 – 00:44:10 (Séquence 27) : Fernand Scheller explique que sa vision critique de l'humanitaire a commencé avec les camps du Liban. Dans l'humanitaire, le travail se fait toujours dans l'urgence, ce qui est dangereux. Dans certains pays, il y a le risque de casser l'agriculture, si par exemple on envoie du blé dans un pays qui cultive du riz. Les Comores en sont un exemple. Il se souvient d'une opération suite à un tremblement de terre en Nouvelle-Guinée, en Papouasie. Il a demandé à la communauté internationale des patates douces, mais elle voulait envoyer du riz. Il a expliqué que les populations n'avaient pas de casserole, qu'ils mettaient les patates directement dans le feu. Ils ont fini par envoyer du riz qu'ils ont dû vendre pour acheter des patates douces. On leur a ensuite reproché d'avoir vendu le riz.
00:44:20 – 00:46:21 (Séquence 28) : Fernand Scheller dit que le moment de prendre une retraite définitive a été difficile. Après la retraite officielle, il a continué à travailler neuf mois sur douze. Le problème que lui posait la retraite résidait dans le fait d'avoir vécu pendant 50 ans dans des pays en guerre où tout le monde rigolait, et de devoir vivre dans un pays en paix où tout le monde semblait triste. Le deuxième problème était que dans les pays où il avait vécu les vieux étaient respectés, alors que dans le pays de sa retraite, ils ne le sont pas. Il était amoureux de sa maison, de sa femme qui était malade, et de ses enfants et de ses petits-enfants. Il a décidé de rester et de combattre les problèmes. Il a décidé de fréquenter les banques, les magasins, les lotos, où il y a des gens souriants.
00:46:32 – 00:49:01 (Séquence 29) : Fernand Scheller parle de ses activités présentes. Aux Etats-Unis, il s'était occupé d'améliorer le sort des réfugiés cambodgiens. A Genève, des Cambodgiens lui ont demandé de faire partie de leur association. Il a refusé de devenir Consul honoraire du gouvernement cambodgien. Il leur a proposé, dans le cadre de conférences internationales des Nations Unies, de devenir leur observateur. Ensuite, un ami lui a demandé de faire partie du comité d'Helvetas Genève, c'est une association suisse pour le développement, située en Suisse allemande, une ONG plus grande que Caritas. Ils avaient monté à Genève un comité pour demander à la Fédération genevoise de coopération de les financer. Le problème était que les projets de l'association étaient gérés à Zurich. Sa voisine indienne lui a proposé ensuite de la rejoindre à Terre des Hommes, ce qu'il a fait. Le travail était intéressant, ce qui lui a permis de rester un peu entier.
00:49:12 – 00:49:29 (Séquence 30) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Fernand Scheller, fonctionnaire international, et tourné à Choulex le 19 novembre 1996.
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