Albert Munier (Vigneron, préfet du district de Rolle.)

  • français
  • 1997-10-30
  • Durata: 00:51:23

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Descrizione

Qu'est–-ce qu'un préfet vaudois ? C'est un représentant du Conseil d'Etat auprès des communes du district, et vice-versa. C'est pourquoi le préfet doit bien connaître les habitants de la région et ces derniers doivent lui faire confiance. Dans le petit district viticole de Rolle, l'important pour Albert Munier, c'est d'être resté près des habitants, d'avoir été leur confident et leur conseiller. Vigneron lui-même, bien enraciné dans la région, parlant le même langage, il a su les comprendre à demi-mot.

00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré Albert Munier, vigneron et préfet du district de Rolle, et tourné à Tartegnin le 30 octobre 1997. L'interlocuteur est Bertil Galland.
00:00:11 – 00:00:38 (Séquence 1) : Bertil Galland et Albert Munier sont installés à une table et boivent un verre de vin.
00:00:38 – 00:00:46 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-Fixes consacré Albert Munier, vigneron et préfet du district de Rolle, et tourné à Tartegnin le 30 octobre 1997. L'interlocuteur est Bertil Galland.
00:00:46 – 00:02:46 (Séquence 3) : L’interlocuteur souligne qu'Albert Munier a des racines profondes comme les plantes vignes à Tartegnin. Les Archives du Château de Vinci situé sur la commune révèlent qu'en 1532 déjà des Munier habitaient la région. Son père était paysan et vigneron, comme tous les citoyens de la commune. Toutes les exploitations étaient mixtes, elles comprenaient du terrain agricole et du terrain viticole. La famille a eu du bétail jusqu'en 1969, puis Albert Munier a étendu l'exploitation viticole à neuf hectares et a vendu une partie de la partie agricole pour financer l'achat des terrains. Albert Munier explique que, du temps de son père, le domaine était exploité par son frère et lui en copropriétaires. Par la suite deux frères ont repris une part. Albert Munier explique que dans sa famille, chacun était propriétaire de ses vignes, mais qu'elles étaient cultivées ensemble. Les terrains agricoles étaient, quant à eux, partagés.
00:02:47 – 00:04:51 (Séquence 4) : Albert Munnier se souvient que lorsqu'il était enfant, son père était secrétaire municipal et exerçait cette activité le soir après son travail. Il était également responsable de l'approvisionnement pendant la guerre. Puis, il est devenu municipal et syndic pendant 15 ou 16 ans. Il se souvient que les finances communales n'étaient pas brillantes, les domaines étant petits et les vignes ne rapportaient pas ce qu'elles rapportent aujourd'hui. "Le ménage communal" devait tourner avec 36000 francs par année. A cette époque, il y a eu la mévente des vins et les gens avaient si peu d'argent qu'ils ont écrit au Conseil d'Etat vaudois pour annoncer leur retard de paiements des impôts ou un paiement avec du vin.
00:04:53 – 00:05:36 (Séquence 5) : Albert Munier évoque les soucis financiers rencontrés par sa famille. Il a vu sa mère pleurer, car la cave était pleine de vin et que personne ne l'achetait. Il se souvient qu'il y avait beaucoup de commis voyageurs qui vendaient par exemple des lacets de souliers, des cravates et il a vu sa mère échanger des bouteilles contre un tablier. A défaut d'avoir des liquidités, sa famille avait du liquide.
00:05:38 – 00:06:26 (Séquence 6) : Le père d’Albert Munier a été de nombreuses années au conseil de paroisse qui regroupait quatre villages : Bursins, Vinzel, Gilly et Tartegnin. Il y a une église à Bursins et une autre à Gilly. En boutade, Albert Munier dit que "le postier est à Bursins, l'église à Gilly, et le Bon Dieu à Tartegnin". Il se rendait fréquemment les dimanches matin avec son père et parfois accompagnés de sa mère à l'église à Gilly, situé à environ 1 km.
00:06:28 – 00:07:47 (Séquence 7) : La mère d’Albert Munier était aide infirmière, puis demoiselle de réception chez un médecin. Elle parcourait le village pour poser des ventouses aux malades ou leur faire des piqûres. Puis, en tant que femme de syndic, elle a rendu de nombreux services à la commune. En effet faute de bureau communal, les gens venaient trouver le syndic chez lui, où il n'était pas toujours et son épouse parfois le remplaçait.
00:07:50 – 00:08:42 (Séquence 8) : Albert Munier parle de sa femme, qui gère en son absence les contacts avec les gens de la commune. Pour lui, il est évident qu'une femme de syndic est un second indispensable dans les petites communes, notamment pour les repas, souvent pris en retard et avec un invité-surprise. Il veut rendre hommage à cette épouse compréhensive qui a beaucoup participé à ses fonctions.
00:08:46 – 00:09:55 (Séquence 9) : Albert Munier évoque la figure de son père dont l'exemple lui a appris le rôle d'un homme dans les affaires publiques. Il a été confronté très jeune aux problèmes et affaires du village, notamment en rendant quelques services : faire signer des documents au syndic et acheminer la correspondance de la commune. Ces activités lui ont donné le virus de la politique.
00:09:59 – 00:11:43 (Séquence 10) : Albert Munier explique que le dimanche après-midi, il se promenait avec son père pour voir le patrimoine communal. Son père lui indiquait les bornes et les points de jonction avec les communes voisines. Cela l'a beaucoup marqué, d'autant plus qu'à l'époque, un des gros soucis était la pénurie d'eau potable : il fallait régulièrement contrôler le réservoir, ce que le père d'Albert Munier faisait souvent avec son fils. Ils plaçaient un récipient de 10 litres à la source et Albert Munier devait dire quand il était plein, pendant que son père contrôlait le temps écoulé.
00:11:47 – 00:12:25 (Séquence 11) : Albert Munier a longtemps participé avec son épouse au chœur mixte de Bursins où il a chanté pendant 18 ans.
00:12:30 – 00:13:02 (Séquence 12) : Depuis l'enfance, Albert Munier pratique beaucoup de sports. Il a fait du football et a suivi 26 saisons. Il continue à aller voir des matchs et aime bien suivre le Lausanne-Sports.
00:13:08 – 00:13:28 (Séquence 13) : Albert Munier dit être le premier membre de sa famille à s'intéresser au lac : il nage et possède un bateau. Il adore également aller à la pêche.
00:13:34 – 00:14:46 (Séquence 14) : Albert Munier a fait beaucoup de ski, surtout de piste, même si dans le Jura tout proche, les gens font davantage du ski de fond. Il va avec ses petits-enfants à la Dôle ou dans les Alpes vaudoises ou valaisannes. Il utilise d'ailleurs des skis fabriqués localement, par Nidecker.
00:14:52 – 00:18:19 (Séquence 15) : Albert Munier a effectué à 16 ans un séjour en Suisse allemande, pour améliorer ses capacités linguistiques. Il a séjourné dans le canton de Berne afin de travailler dans une ferme et d'y apprendre à obéir. Il a eu la chance d'avoir sur place des patrons corrects, ce qui lui a facilité le séjour, malgré la dureté du labeur. Son père lui avait recommandé d'être poli, obéissant, de manger de tout, de faire attention aux filles et de se conduire comme un homme. Ces paroles l'ont impressionné et rapproché de son père. Son attention a été attirée par de nouvelles responsabilités et, quand il est revenudans le canton de Vaud, il a pris la présidence de la société de jeunesse, dont la principale activité consistait à aller jouer du tambour le Premier de l'an.
00:18:26 – 00:21:29 (Séquence 16) : Albert Munier a fait partie des mouvements de jeunesse. Il a alors participé à la vie politique locale. Il y avait à l'époque un homme membre de la commission scolaire depuis des décennies et la Société de jeunesse n'en voulait plus. Elle a présenté une pétition au Conseil général pour fixer une limite d'âge aux membres de la commission. Les conseillers ont trouvé cela étrange surtout qu'Albert Munier a demandé le vote à bulletin secret. Or, de ce fait, la limite d'âge à 50 ans est passée avec deux voix de majorité. Les conséquences ont été plus drastiques que celles prévues puisqu'une bonne partie du personnel administratif a dû démissionner : la commune s'est retrouvée paralysée et le préfet a même dû intervenir. Albert Munier évoque sa première action d'éclat politique qui a eu pour conséquence de faire démissionner un secrétaire municipal. Le syndic est alors venu le trouver pour faire assumer son acte : il est devenu secrétaire municipal à 22 ans.
00:21:36 – 00:22:19 (Séquence 17) : Quand Albert Munier était jeune, son village de Tartegnin connaissait deux tendances politiques : le parti des paysans-artisans indépendants – futur UDC – et le parti radical. A l'époque, Albert Munier était très partagé, car il croyait très fort à la défense de la profession, même si sa famille était plutôt radicale.
00:22:27 – 00:22:48 (Séquence 18) : Albert Munier évoque les habitudes des radicaux du district de Rolle : par exemple, son père mangeait la choucroute le 24 janvier et il était très important de voir où il allait la manger. Il s'agissait d'une façon de marquer sa sympathie au parti.
00:22:56 – 00:23:50 (Séquence 19) : Albert Munier évoque les étapes de sa carrière : secrétaire municipal puis municipal durant huit ans. Aux élections suivantes, après égalité, la place s'est jouée par un tirage au sort et il a perdu : il a été mis à l’écart de la municipalité pendant quatre ans. Plus tard, les villageois l’ont sollicité pour qu’il prenne une place: il a été municipal, puis il a exercé la fonction de syndic.
00:23:59 – 00:24:38 (Séquence 20) : Albert Munier évoque l'évolution de la tâche de syndic : il y a plus de paperasse et de complications. Tout doit être écrit pour être cru: son père allait en séance tous les 15 jours avec quelques papiers sous le bras, Albert Munier y va chaque semaine avec une grosse sacoche pleine à craquer.
00:24:48 – 00:26:04 (Séquence 21) : Albert Munier a été syndic et député pendant six ans. Conduire ces deux mandats en parallèle lui permettait de connaître les décisions nationales et d'anticiper leur impact sur le plan communal. Il a postulé par la suite à la fonction de préfet et a été choisi par le Conseil d'Etat. Il a donc arrêté sa fonction de député. Il a aussi remis l'exploitation viticole à son fils tout en continuant à travailler avec lui.
00:26:14 – 00:28:42 (Séquence 22) : Albert Munier est préfet vaudois. Il représente le Conseil d'Etat auprès des communes et des habitants de son district. Il précise que jusqu’en 1832 le préfet était nommé lieutenant de l’Etat. Le préfet a pour fonction de défendre les propositions du Conseil d’Etat, en somme de "faire passer le message" auprès des communes. Les syndics passent à son bureau ou l’appellent pour lui demander des renseignements et ils se rencontrent périodiquement à la séance commune des syndics du district. En tant que préfet, il représente aussi les administrés du district auprès du Conseil d’Etat. Il arrive parfois qu’un conseiller d’Etat avant un discours lui demande quels sont les problèmes du district. Lorsqu’un conseiller vient par exemple parler à des vignerons, Albert Munier peut le renseigner sur des sujets qui concernent la limitation de la quantité de récolte de la vigne ou l’instauration d’un degré de sondage minimum afin de défendre la qualité du vin. Albert Munier assure que les relations entre les préfectures et les conseillers sont excellentes.
00:28:53 – 00:30:48 (Séquence 23) : Albert Munier évoque ses relations avec les citoyens en tant que préfet. Il les connaît bien et réciproquement : c'est une relation de confiance, car il est du même coin. Il essaie d'appliquer la loi avec raison et bon sens, mais il se montre ferme envers les malhonnêtes. Il doit parfois intervenir dans des relations familiales ou de ménage, mais le plus souvent, il s'agit surtout de relations entre propriétaire et locataire.
00:30:59 – 00:32:57 (Séquence 24) : Albert Munier évoque les communes de son district. Au bord du lac : Allaman, Perroy, Rolle - la capitale, Bursinel et Dully. Sur le coteau, au milieu des vignes : Luins, Vinzel, Gilly, Tartegnin, Bursins et Mont-sur-Rolle. Dans les hauts : Burtigny et Essertines, deux grosses communes agricoles. Géographiquement, le district est cerné par le lac et le cordon boisé qui protège le vignoble des vents du Jura.
00:33:08 – 00:34:05 (Séquence 25) : Albert Munier évoque les liens de sa région avec le Jura tout proche : il touche en effet la commune de Burtigny. Les relations sont excellentes entre les différents villages, notamment car ce sont des producteurs de lait et de fromage, ce qui se marie bien avec le vin produit localement. Albert Munier lui-même se rend souvent en moto dans ce qu'il appelle le haut, pour manger une tomme. Il roule d'ailleurs en BMW 1000.
00:34:16 – 00:35:48 (Séquence 26) : Albert Munier évoque tous les châteaux qui peuplent son district, notamment celui de Vinzel, propriété de la famille Burckhardt. En fait, ce sont deux châteaux : celui de Vinzel et de La Bâtie. Le château de Luins appartient à la famille Baechtold et celui de Bursins a été habité par l'exploitant viticulteur local. Quant à Mont-sur-Rolle, le château et certains domaines attenants appartenaient à des familles bernoises. Il y a également à Mont-sur-Rolle, le domaine de Hautecourt, propriété de la famille Schenk.
00:36:00 – 00:36:57 (Séquence 27) : Albert Munier parle de la famille Schenk, un des plus grands grossistes viticoles d'Europe : une aventure économique locale. A l'origine, le grand-père Schenk était tonnelier à Nyon et son fils Arnold était un très bon commerçant et un excellent dégustateur de vin, ce qui l'a incité à ouvrir un commerce. Il a prospéré et mis en place une maison sérieuse dont tout le vignoble a pu bénéficier.
00:37:09 – 00:38:44 (Séquence 28) : Albert Munier explique les rapports entre la cave coopérative de Mont-Féchy que son père a créée et dont il a lui-même été longtemps président, et un grand grossiste comme la Maison Schenk. Arnold Schenk et un des précédents préfets, Emmanuel Reymond étaient d'excellents amis. Ils ont conclu un accord : la cave coopérative livrait toute sa récolte à la Maison Schenk qui s'engageait, d'année en année, à prendre toute la récolte. Les prix sont depuis, négociés à chaque vendange. Albert Munier a traité une quinzaine de récoltes avec cette maison. Les relations ont toujours été extrêmement courtoises et les accords ont été passés sans contrat écrit.
00:38:57 – 00:41:01 (Séquence 29) : Albert Munier cite les noms des familles vigneronnes du district de Rolle : à Luins, les Favre, les Dutruy, les Sordet ; à Vinzel, les Bourguignon, les Straub et les Monachon ; à Bursins, les Parmelin et les Menthonnex ; à Gilly, les Rolaz, les Lapierre ; à Tartegnin, les Munier, les Maréchal et les Téruaz ; à Mont-sur-Rolle, les Monnard, les Durand ; et à Perroy, les Blanchard et les Durand.
00:41:14 – 00:42:32 (Séquence 30) : Albert Munier parle de la vigne, menacée par la pression immobilière, mais très préservée dans le district, notamment en raison de la pénurie d'eau. Le taux d'imposition trop élevé a beaucoup freiné les promoteurs. Un plan de zone a été décidé en accord avec les désirs des propriétaires terriens. Tout le monde a opté pour la préservation du vignoble, car dans quasiment chaque exploitation, un jeune allait reprendre l’affaire.
00:42:46 – 00:43:49 (Séquence 31) : Albert Munier explique que les vignes ont été préservées notamment à la suite du remaniement parcellaire, qui a permis d'avoir des exploitations assurant la subsistance des exploitants. Le vignoble étant très pentu, des chemins de canalisations ont été construits pour récupérer l'eau lors des intempéries et éviter l'érosion, ce qui a obligé le regroupement des différentes parcelles. Certains propriétaires ont alors vendu des bouts de terrains à d'autres, qui ont ainsi pu avoir des domaines plus faciles à travailler.
00:44:03 – 00:47:00 (Séquence 32) : Albert Munier explique les différences de traitement de la vigne, depuis son père jusqu'à son propre fils. Avant, on sulfatait avec une boille sur le dos, puis au moyen d'un tuyau et maintenant cela est réalisé avec un tracteur à turbo. L'écartement des ceps est passé de 90 centimètres à 110 puis 220 centimètres. La perte du nombre de grappes est alors compensée par leur grosseur, due à un meilleur ensoleillement et au gain d'espace. Quant à la vendange, on opte de plus en plus pour la machine à vendanger, mais dans des endroits comme Lavaux l’utilisation de cette technique n’est pas possible. Les traditions disparaissent avec les techniques et les vendangeurs : on ne chante plus à la vigne, on n'a plus le temps de s'arrêter pour échanger.
00:47:15 – 00:48:45 (Séquence 33) : Albert Munier évoque le rôle du Guillon dans le maintien et la reconnaissance des vins locaux. Elle est très importante puisqu'elle compte 5000 membres et Albert Munier est membre du comité. Le Guillon perpétue par exemple la tradition du repas offert aux vendangeurs, au Château de Chillon. Tous les vins du canton sont présentés lors d'un repas aux chandelles qui reflètent bien les traditions locales. Ceci permet de présenter la confrérie du Guillon aux gens notamment de Suisse allemande.
00:49:00 – 00:50:29 (Séquence 34) : Albert Munier explique avoir toujours essayé de garder la même façon de vivre, la même vision des choses et les mêmes relations humaines, même une fois devenu préfet. En tant que syndic, il a retiré beaucoup de satisfaction à être proche des autres, ce qui a perduré à la préfecture, car il a toujours essayé de parler le même langage que les habitants de son district.
00:50:45 – 00:51:06 (Séquence 35) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré Albert Munier, vigneron et préfet du district de Rolle, le 30 octobre 1997 à Tartegnin.
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