François Gross (Journaliste)

  • français
  • 1999-05-25
  • Durata: 00:49:55

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Descrizione

Il esquisse tout d'abord un portrait de son père qui l'a beaucoup marqué par son autorité et par sa connaissance de Lausanne, où il fut juge de paix. Sa mère lui a communiqué dès l'enfance le goût de la musique. Le collège Saint-Michel à Fribourg nourrit son admiration pour la vie monastique, tandis que son bref passage à Saint-Maurice l'initie au plaisir du bien écrire. Pierre Béguin, grande figure de la "Gazette de Lausanne", patron entre les patrons, lui apprend le journalisme tout en le laissant trouver librement sa voie et son style. En 1964, après un séjour de plus de quatre ans à Paris comme correspondant de la "Gazette", il regagne la Suisse et Zurich, où il travaille au téléjournal suisse. La date-clé de sa carrière est l'année 1970: il regagne Fribourg, sa ville d'origine et devient rédacteur en chef de "La Liberté". Son double objectif est alors de redonner au journal sa crédibilité, bien entamée, et d'en faire le quotidien de tous les Fribourgeois, tous milieux confondus.

00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à François Gross, journaliste, et tourné à Fribourg le 25 mai 1999. L'interlocuteur est Guy Ackermann.
00:00:11 – 00:00:41 (Séquence 1) : L'interlocuteur rappelle que François Gross a écrit 1500 éditoriaux dans le journal "La Liberté" en une vingtaine d'années. Après avoir longtemps résisté, il a décidé de passer à l'informatique.
00:00:42 – 00:00:52 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à François Gross, journaliste, et tourné à Fribourg le 25 mai 1999. L'interlocuteur est Guy Ackermann.
00:00:53 – 00:01:36 (Séquence 3) : L'interlocuteur retrace les grandes étapes de la carrière de François Gross. Considéré comme une autorité morale dans sa profession, il a pris les rênes de "La Liberté" à Fribourg. Né à Lausanne, il débarque à Fribourg depuis Paris en étant passé par Zurich.
00:01:38 – 00:03:46 (Séquence 4) : L'interlocuteur lance un défi à François Gross, il lui demande, en qualité d'éditorialiste, d'improviser un portrait de son père. Il répond que ce serait l'éditorial le plus difficile à écrire. Il explique que son père était un personnage impressionnant par la stature et l'autorité qu'il dégageait. Il n'a pas toujours vécu en entente avec lui. Il supportait peu les enfants, auxquels il préférait les adolescents et les adultes. Il ne souhaitait pas qu'il devienne journaliste, mais le "premier notaire catholique de Lausanne". Il se souvient s'être disputé avec son père, alors qu'il écrivait à la "Gazette de Lausanne". Ils ne s'étaient plus adressé la parole pendant trois mois.
00:03:48 – 00:05:26 (Séquence 5) : L'interlocuteur rappelle que François Gross est un Fribourgeois catholique, né à Lausanne. François Gross explique qu'à l'époque les catholiques étaient des Lausannois de seconde cuvée. Son père avait été nommé juge de paix à Lausanne : un papier fut publié dans la "Gazette de Lausanne" qui exprimait l'étonnement de la nomination d'un catholique. François Gross pense qu'il y aurait eu les mêmes réactions à Fribourg pour un juge protestant. Les catholiques étaient une communauté minoritaire, regroupée autour de quelques églises. La paroisse de sa famille était Notre-Dame de Valentin. Il est né au Valentin. Ils n'étaient pas persécutés, ni maltraités, mais ils savaient qu'ils étaient différents. Bien qu'à Lausanne depuis des générations, son père restait attaché à son origine fribourgeoise.
00:05:29 – 00:06:38 (Séquence 6) : L'interlocuteur demande à François Gross si son conflit avec son père lui a formé le caractère, aiguisé la plume. Il répond que son père ne l'a pas écrasé. Dans les dernières années de sa vie, il a beaucoup dialogué avec lui. Son père lui a énormément appris. Lausanne était une petite ville, son père était juge de paix, avant de devenir directeur de banque. Il lui décrivait les gens, les situations mesquines, le revers de la société auxquels il était confronté dans son travail de juge. Il avait beaucoup d'humanité envers les personnes qu'il voyait évoluer favorablement, après les avoir vues au tribunal.
00:06:41 – 00:08:05 (Séquence 7) : François Gross dit avoir toujours vu des livres dans sa maison. Il a rarement vu lire son père, qui avait beaucoup lu pendant sa jeunesse bellettrienne, à une époque ou la société Belles-Lettres était honorée par d'illustres visiteurs de Paris : André Gide, Jules Romains et d'autres écrivains. Sa mère venait d'une famille plus littéraire. Son père, Fribourgeois campagnard, avait épousé une fille de pasteur de l'Eglise libre. Sa mère avait non seulement épousé un catholique, ce qui était une trahison de son milieu, mais elle s'était également convertie. La famille de sa mère était une famille de littéraires, de bohèmes. François Gross avait un oncle critique musical à la "Gazette de Lausanne" et professeur à l'Ecole Nouvelle. Il a marqué des générations d'élèves, qui l'appelaient Didi Herzog au lieu d'Edouard.
00:08:09 – 00:09:18 (Séquence 8) : François Gross explique qu'il a grandi dans une famille œcuménique. Ils servaient la messe de minuit de Notre Dame, avant de célébrer le lendemain la fête de Noël chez sa grand-mère. Sa mère était pianiste, elle avait fait le conservatoire et donnait des cours. Ses sœurs ont été pianistes aussi. Il n'a jamais appris par jalousie, car il n'aimait pas les élèves qui venaient lui enlever sa mère. Enfant, il a beaucoup écouté de musique. Il accompagnait sa mère et son oncle à des concerts.
00:09:22 – 00:10:10 (Séquence 9) : L'interlocuteur demande à François Gross s'il éprouve de la tendresse lorsqu'il retourne dans la ville de son enfance, Lausanne. Il répond que oui, il connaît mieux Lausanne que Fribourg. Il déplore que le centre de Lausanne soit un peu mort, que des restaurants aient disparu. Le centre est devenu un lieu de bureau, un lieu désert. Il aime aller se promener sur le quai d'Ouchy. Il n'a pas voulu retourner vivre dans une ville qu’il ne connaissait plus, et où il avait perdu de vue ses camarades.
00:10:15 – 00:11:43 (Séquence 10) : François Gross explique qu'à la fin de la guerre, il n'était guère studieux, il préférait aller à la place Saint-François où se rassemblaient les étudiants. Ceci l'a amené à Saint-Maurice, et ce fut bien pour lui. Il n'aurait probablement pas continué ses études classiques s’il n’était pas passé par Saint-Maurice et Saint-Michel ensuite. Il a subi une profonde influence religieuse et développé un goût pour le chant grégorien et pour la vie monastique, mais pas assez grand pour y adhérer. Il a une grande attirance pour les cloîtres. Dans ces établissements, il a pris l'habitude d'écrire. Il a réalisé qu'il écrivait plus vite que ses camarades, probablement par paresse. A Saint-Maurice, les leçons d'écriture étaient très sévères.
00:11:48 – 00:12:08 (Séquence 11) : L'interlocuteur demande à François Gross s'il était le premier à avoir manifesté un don pour l'écriture dans sa famille. Il ne pense pas. Dans la famille de sa mère, chez les Herzog, il y avait le goût d'écrire. Son oncle, Edouard Herzog, avait une plume très élégante.
00:12:14 – 00:13:19 (Séquence 12) : L'interlocuteur rappelle que François Gross, comme étudiant à Saint-Michel à Fribourg, s’est révélé une plume élégante. Des branches lui sont restées fermées toute sa vie : les mathématiques, la physique et la chimie. Son incapacité en mathématiques ne l'a pas handicapé outre mesure dans sa carrière. Il a cultivé les matières comme le français, le latin et l'histoire, ce qui lui a permis de passer honorablement ses examens.
00:13:26 – 00:14:41 (Séquence 13) : François Gross dit avoir redoublé la première année du Collège Saint-Michel à Fribourg. Il a beaucoup lu, en particulier la correspondance d'André Gide avec Paul Claudel, ce qui lui a fait prendre en horreur ce dernier. Il avait gagné un prix d'éloquence et gagné un livre de Claudel, qu'il n'a jamais lu. Il a eu de grands professeurs : l'abbé Jean Bay, Pierre-Marie Emonet, l'Abbé Dutoit. Il a suivi les cours libres de Pierre-Henri Simon à l'Université de Fribourg. Quand il est arrivé à l'Université de Lausanne, il a mal supporté les cours de certains "illustres cuistres" de la Faculté des Lettres. Il a décidé après un semestre de bifurquer vers les sciences politiques.
00:14:48 – 00:15:32 (Séquence 14) : L'interlocuteur rappelle que François Gross était Fribourgeois d'origine. Il lui demande comment il a découvert cette ville. Il répond que Fribourg était une ville de "nonnes et de ratichons". Une ville de bonne bourgeoisie, conformiste, qu'ils essayaient de secouer en allant chanter sous les fenêtres des jeunes femmes du pensionnat Sainte-Croix. Ce n'était pas une ville où il pensait revenir.
00:15:39 – 00:16:44 (Séquence 15) : François Gross dit s'être engagé dans les sciences politiques sous l'influence d'un rédacteur de la "Gazette de Lausanne". Il travaillait pour ce journal comme documentaliste. Ensuite, il est devenu "saute-ruisseau", il était envoyé le soir pour faire des comptes-rendus dans les différentes sociétés de Lausanne. Il a fait parallèlement son stage de journaliste et ses études.
00:16:52 – 00:19:11 (Séquence 16) : François Gross dit que Pierre Béguin a été un patron qui lui a fait confiance. Il avait la capacité de pêcher, de "draguer" des jeunes comme Favrod, Jotterand, Sulser, François Landgraf, Jean Dumur, qui ont formé une équipe de qualité et de diversité rares. Pierre Béguin a eu la capacité de gérer une équipe avec des opinions diverses, opposées parfois. Il cite l'exemple de la chute du Congo belge. Béguin lui avait appris qu'il pouvait y avoir plusieurs vérités. François Gross sortait de deux ans de thomisme, il était frappé car c'était une grande leçon pour lui. Pierre Béguin était capable de discuter des détails aussi bien avec le critique musical qu’avec le critique artistique. Pierre Béguin a été un maître pour lui, mais pas un père. Il n'était pas très paternaliste. Ils ont tous été à un moment donné le préféré, avant de passer tout à coup dans les ténèbres. C'est ce qui lui est arrivé en quittant la "Gazette de Lausanne".
00:19:19 – 00:20:56 (Séquence 17) : L'interlocuteur rappelle que Pierre Béguin a formé des journalistes qui sont devenus des patrons. François Gross explique que Pierre Béguin avait une capacité très rare chez un patron, celle de laisser-faire. Il laissait les gens aller dans leur voie. Il n'a jamais eu le sentiment d'être écrasé par lui. François Gross a écrit, à la mort de Pierre Béguin, qu'il était le dernier rédacteur en chef de droit divin en Suisse romande. Il pense que ce type de patron ne correspond plus aux conditions actuelles. Dans sa carrière, il a aussi formé des gens. Il a été certainement inspiré par l'exemple de Pierre Béguin.
00:21:05 – 00:22:07 (Séquence 18) : François Gross dit que c'est le hasard qui l'a amené à Paris comme correspondant. Il n'a jamais posé de candidature dans sa vie. Il avait très envie d'y aller, Pierre Béguin l'a senti et l'a envoyé pour remplacer René Lombard. Il est arrivé à Paris en 1960. Il a assisté à une conférence au sommet qui lui a permis de voir Eisenhower, Macmillan, de Gaulle, Boukharine. Plus tard, il a vu aussi Khrouchtchev et Kennedy.
00:22:17 – 00:23:29 (Séquence 19) : L'interlocuteur demande à François Gross si un journaliste qui quitte sa province pour aller à Paris éprouve une sorte de trac. Il répond qu'il était inconscient du défi qu'il se donnait. Il a commencé à travailler à Paris avec un étonnement constant. Il n'était pas connu comme à Lausanne, mais il était un parmi quelques centaines de journalistes. Il travaillait pour un journal qui avait une bonne réputation mais qui avait été pétainiste pendant la guerre. Les journalistes américains, anglais et allemands étaient plus flattés que les Suisses.
00:23:39 – 00:24:44 (Séquence 20) : L'interlocuteur demande à François Gross s’il a acquis le goût d'un certain paraître à Paris ou s’il l'avait déjà avant. Il répond que la petite bourgeoisie de Lausanne d'où il venait avait l'habitude du "comme il faut". A Paris, la tenue était importante. Il a pris l'habitude d'adapter sa façon de s'habiller au milieu.
00:24:55 – 00:25:54 (Séquence 21) : L'interlocuteur demande à François Gross si à Paris il a développé son style d'écriture. Il répond que le correspondant devait surtout informer le public. A l'époque, de 1960 à 1964, il n'y avait pas de télévision à la maison, sauf pour quelques privilégiés. La télévision en Suisse avait une chaîne seulement, on ne voyait pas les chaînes françaises. Le correspondant de la "Gazette de Lausanne" informait un public qui ne connaissait la réalité française que par la presse écrite. La télévision a ensuite changé complètement la tâche des correspondants de Paris. A l'époque, seuls des étudiants et des bourgeois se rendaient à Paris, aujourd'hui tout le monde y va.
00:26:05 – 00:28:09 (Séquence 22) : François Gross dit avoir vécu une période extraordinaire à Paris. Le pays était déchiré par la guerre d'Algérie. Il y avait des manifestations nord-africaines avec des suites tragiques, des attentats de l'OAS. Des événements tragiques. Au-dessus de tout ça, il y avait Charles de Gaulle, monarque démocratique, pour lequel il garde presque un culte. Il a rendu à la France sa fierté après la perte de son empire colonial. Un moment de l'histoire qu'il ne regrette pas d'avoir suivi de près. Il a accompagné le Général dans des conférences franco-allemandes à Bonn, ou en province où il tenait de grands discours, parfois remplis de tautologies monstrueuses mais qui enthousiasmaient la foule. A Paris, il voyait la politique se faire sous ses yeux, à la différence de ce qui arrive dans une rédaction. Il se souvient des soirées lors du putsch des généraux, où était attendue l'arrivée de parachutistes à Paris. Les Français songeaient à s'armer contre la rébellion des généraux félons.
00:28:21 – 00:29:19 (Séquence 23) : François Gross explique qu'il appréciait les mondanités de manière ambivalente. Elles étaient l'occasion d’aller chercher des informations à la source. Il avait reçu dans ce domaine les leçons d'un grand ambassadeur de Suisse, Soldati. Il aimait observer presque de dehors le comportement des personnes devant les buffets, dans l'exercice cher à Pompidou, du verre de champagne et du petit gâteau.
00:29:31 – 00:30:48 (Séquence 24) : François Gross explique que pour le Lausannois qu'il était, Paris était en apprentissage de la vie en société. A Paris, mise à part l'exigence de qualité de l'écriture, il a profité de la liberté de choix. Chacun peut choisir son style de vie selon ses envies, sans tenir compte des convenances locales. Une leçon de vie qui lui a donné beaucoup de liberté avec lui-même.
00:31:01 – 00:31:39 (Séquence 25) : L'interlocuteur demande à François Gross si son style a été influencé par celui de Léon Savary. Il répond qu'il a beaucoup d'admiration pour Léon Savary. Il l'a très peu connu, il n'a pas été Bellettrien, même s'il a fréquenté ce milieu. Lorsqu'il l’a rencontré à Fribourg, il a découvert qu’il avait peu d'affinités avec lui, pour des raisons externes au journalisme.
00:31:52 – 00:32:55 (Séquence 26) : François Gross dit être resté à Paris pendant quatre ans et demi. L'expérience s'est mal terminée avec la "Gazette de Lausanne". Les moyens de la Gazette ne lui permettaient pas de vivre à Paris comme il le souhaitait. Il avait demandé à Pierre Béguin d'être à la fois le correspondant et le responsable des informations de la Chambre de commerce suisse en France. Une demande qu'il n'a pas acceptée. Il a choisi de passer à la Chambre du commerce, où il est resté quelques mois inutiles. Ensuite, il a été obligé de rentrer en Suisse. Il a décidé d'aller au téléjournal à Zurich et refusé une offre de la "Tribune de Genève". Il s’est décidé pour Zurich, car ça représentait une telle rupture qu'il n'aurait pas eu le temps de se remémorer ses années parisiennes.
00:33:09 – 00:34:12 (Séquence 27) : François Gross dit qu'il a été choisi pour agrandir la rédaction de langue française du téléjournal qui avait été centralisé à Zurich. Il n'a pas eu un accueil chaleureux de la part des journalistes. Il a engagé des journalistes qui sont restés par la suite à la télévision. Ils étaient trois au départ et 18 quand il est parti. Le téléjournal était diffusé six jours par semaine. Il a connu l'introduction de la couleur, de la publicité et l'épanouissement du téléjournal, dans les limites que la centralisation à Zurich permettait.
00:34:27 – 00:36:04 (Séquence 28) : L’interlocuteur rappelle que les journalistes de la télévision n'étaient pas très respectés, ils étaient considérés comme des saltimbanques. Ensuite, l'audiovisuel s'est imposé du point de vue culturel et qualitatif. François Gross explique qu’à la "Gazette de Lausanne", ils utilisaient en effet le terme de saltimbanque pour désigner les journalistes radio et télévision. A la Gazette, ils avaient de la considération pour le "Journal de Genève", de l'admiration pour "Le Monde", et le reste n'existait pas. Il ne se réjouissait pas d'entrer à la télévision. A Zurich, il avait l'impression d'être confronté à un pays, la Suisse, qu'il ne connaissait plus. Il avait connu cette ville lorsqu'il avait milité dans des associations d'étudiants. Il n'a pas appris le suisse allemand, mais suffisamment l'allemand pour pouvoir travailler avec ses collègues alémaniques.
00:36:19 – 00:36:42 (Séquence 29) : François Gross dit avoir appris à diriger une rédaction à Zurich. Il a compris qu’après 1968, on ne dirigeait plus une équipe comme avant. Il est arrivé avec l'image du patron français, cassant et autoritaire, mais il a réalisé que les vents tournaient.
00:36:58 – 00:38:02 (Séquence 30) : François Gross dit n'avoir jamais regretté son départ de la télévision. Quand il avait accepté le poste à Zurich, en 1964, les prévisions disaient que le téléjournal allait être décentralisé, mais comme rien n'avait changé après quatre ans, il a accepté l'offre de Fribourg. La SSR avait tellement de hiérarchies parallèles, tout le monde était chef mais personne ne commandait, qu'il a préféré être un petit chef à Fribourg qu’un pseudo-grand chef à la SSR. Aussi, au téléjournal il n'écrivait plus et ça lui manquait. Grâce à Bezençon, il a pu collaborer avec la "Tribune de Lausanne" qui devenait "Le Matin". Jean Dumur en était le rédacteur en chef. Il a fait quelques reportages sur Zurich qui ne sont pas restés dans les archives du journalisme, mais c'était pour garder la main.
00:38:19 – 00:39:10 (Séquence 31) : L'interlocuteur rappelle que François Gross est arrivé à Fribourg en 1970, sa ville d'origine où il avait passé trois ans au Collège Saint-Michel. Il explique que la ville était en grande mutation, le Parti démocratique chrétien, conservateur catholique, avait perdu la majorité au Grand Conseil, après avoir dominé la vie politique du canton pendant longtemps. L'Eglise était balayée par le vent du Concile. Il y avait des autoroutes en construction qui allaient désenclaver Fribourg. Il y avait un nouvel évêque. Le vent de 1968 avait soufflé même sur l'Université de Fribourg.
00:39:27 – 00:41:37 (Séquence 32) : L'interlocuteur rappelle que 1970 est l'époque où se séparent trois pouvoirs à Fribourg : le religieux, le politique et le médiatique. François Gross arrive à "La Liberté" et crée un pouvoir médiatique. Précédemment, le journal était inféodé au régime. François Gross explique que "La Liberté" était appelée la menteuse. Sa première tâche a consisté à donner de la crédibilité au journal. Ensuite, il a voulu qu'il devienne le journal de tous les Fribourgeois. Il s'est efforcé de garder des contacts dans tous les milieux. Il n'a pas toujours réussi, car il a parfois soulevé beaucoup d'hostilité. Son environnement l'a aidé dans sa tâche. Homme de mondanité, il n'a jamais montré qu'en étant bien à table il donnerait des services en échange. Il a observé le microcosme fribourgeois avec une passion d'anthropologue. Un milieu très charitable, car c'est un pays de bons vivants, où les gens s’affrontent mais se réconcilient ensuite.
00:41:55 – 00:42:09 (Séquence 33) : Selon l'interlocuteur, François Gross a retrouvé le goût de l'écriture à Fribourg, et il a marqué le journalisme fribourgeois et suisse romand avec son style. François Gross explique qu'on attend du rédacteur en chef une plume si possible exemplaire ou en tout cas d'une qualité égale voire supérieure à celle de ses collaborateurs. Il s'y est appliqué, particulièrement dans son genre préféré : l'éditorial.
00:42:28 – 00:43:52 (Séquence 34) : François Gross explique que le journal et la rédaction se sont agrandis. L'éditeur et les Sœurs de Saint-Paul, propriétaires, ont fait preuve de compréhension afin de maintenir le journal en vie. Ils lui ont donné les moyens de le faire. C'était une période avantageuse, l'argent arrivait facilement par la publicité. Il avait hérité d’une rédaction assez âgée, et il a engagé de nouvelles personnes. Il cherchait aussi des esprits plus larges. Les nouvelles générations n'auraient jamais travaillé dans les conditions précédentes du journal. Elles avaient des exigences aussi bien spirituelles et intellectuelles que matérielles. Pour ce qui concerne l'électronique, il a mal pris le tournant. Il est resté accroché à sa machine à écrire.
00:44:11 – 00:44:54 (Séquence 35) : François Gross explique que sa plus grande qualité, en même temps que son plus grand défaut, est l’orgueil. Un orgueil qui ne lui a pas rendu la vie facile, à lui et à son entourage. Pendant 17 des 20 ans passés à Fribourg, il s'est senti bien dans sa peau. L'interlocuteur rappelle qu'il est arrivé à Fribourg comme un martien et peu après il connaissait le pays mieux que les Fribourgeois. François Gross dit que ça fait partie du travail de journaliste. Il a peut-être hérité d’une passion de l'humain qu'il avait l'occasion d'appliquer dans cette ville riche d'exemples humains originaux.
00:45:14 – 00:45:42 (Séquence 36) : François Gross explique qu’à la rédaction du journal, il arrivait toute forme de nouvelles, ce qui lui a permis, avec un goût de concierge, de s'intéresser à beaucoup de choses. Il était redouté par certains. Aujourd'hui qu'il n’a plus de pouvoir, il peut affirmer qu'il aimait en avoir.
00:46:02 – 00:46:10 (Séquence 37) : L'interlocuteur rappelle que François Gross avait de l'humour dans ses écrits, il lui demande s'il était toujours compris. Il répond que non parfois, lorsqu'il s'est exercé sur des personnes sensibles qu'il a blessées, et il le regrette.
00:46:31 – 00:46:51 (Séquence 38) : L'interlocuteur cite une phrase de François Gross qui dit qu'il aurait aimé être un chat ou un chanoine. François Gross dit qu'il aime être dans sa corbeille et ronronner en regardant d'un œil ce qui se passe autour de lui. Autrefois, il avait songé à devenir chanoine et être au milieu d'une grande bibliothèque. Un chanoine comme ceux qu’il avait connus à Saint-Maurice.
00:47:12 – 00:47:35 (Séquence 39) : L'interlocuteur rappelle que François Gross est à la retraite mais qu'il est très occupé. François Gross dit avoir eu un accroc de santé. Il a réalisé qu’il était mortel et a décidé de profiter des années qui lui restent. Il profite aussi de ne plus avoir de charges de pouvoir. Il s'applique à écrire et répond aux invitations qui lui sont faites pour des débats publics.
00:47:56 – 00:48:04 (Séquence 40) : L'interlocuteur demande à François Gross ce qu'est le ruban bleu qu'il porte au revers de son veston. Il répond que ce n'est pas de l'orgueil mais de la vanité, car il s'agit de l'Ordre du Mérite national français. Il lui a été donné par le Président de la République française pour les services rendus, en particulier à la langue française. Il l'a reçu en 1997.
00:48:25 – 00:48:53 (Séquence 41) : L'interlocuteur demande à François Gross comment il vit son statut d'autorité morale. Il répond qu'il faut avoir de l'humour pour ne pas se prendre trop au sérieux. Le travail accompli peut être un exemple, mais "il faut savoir aussi se regarder dans la glace le matin et se faire des grimaces". L'interlocuteur dit qu'il a passé aussi par des difficultés, des souffrances et des échecs, mais qu’il les garde secrets. François Gross explique que sa vie privée est un domaine qu'il n'expose pas volontiers.
00:49:15 – 00:49:33 (Séquence 42) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à François Gross, journaliste, et tourné à Fribourg le 25 mai 1999.
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