Claude Reymond (Le droit, le pays, les arts)

  • français
  • 1999-06-11
  • Durata: 00:49:44

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Descrizione

Fils de la romancière Catherine Colomb, Claude Reymond découvre l'œoeuvre de sa mère avec émotion. Il lui doit le goût des livres et celui d'un pays, La Côte, où se situent les intrigues de romans tel que "Châteaux en enfance". Son père était avocat et lui montre la voie. Il sera lui aussi avocat, mais également professeur aux universités de Lausanne et de Genève, et arbitre international, trois métiers qu'il exerce avec passion. Toute sa vie, il a cherché à approfondir la notion de pays, ce qui l'a amené à diriger le tome "Les Arts" de L'Encyclopédie vaudoise et lui a permis de mettre en valeur la richesse du tissu culturel du canton de Vaud.

00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Claude Reymond et tourné à Prilly le 11 juin 1999. L'interlocuteur est Bertil Galland.
00:00:11 – 00:01:13 (Séquence 1) : L'entretien de Claude Reymond se déroule dans sa maison à Prilly qui était la propriété de ses parents depuis 1946. Les meubles de jardin appartenaient aussi à ses parents et sa mère, Catherine Colomb, aimait s'y installer. Claude Reymond a eu trois enfants : Marie-Amélie qui est médecin et qui a quatre enfants ; Antoine qui est pasteur à la paroisse Saint-Paul – Saint-Matthieu et qui a quatre enfants également ; Etienne qui a suivi les cours de l'Académie de musique de Cologne, qui a longtemps été impresario avant de devenir assistant musical à la Tonhalle de Zurich. Claude Reymond se compare aux princes allemands du XVIIe siècle en disant qu'il a son aumônier, son maître de chapelle et son médecin.
00:01:14 – 00:01:23 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Claude Reymond et tourné à Prilly le 11 juin 1999. L'interlocuteur est Bertil Galland.
00:01:24 – 00:03:22 (Séquence 3) : La mère de Claude Reymond était l'écrivain Catherine Colomb. Le travail de sa mère était confidentiel et caché, mais il savait qu'elle avait écrit un premier livre, paru vers 1935, sous le pseudonyme de Catherine Tissot, le nom d'un ancêtre. Plus tard, elle lui a demandé conseil pour un manuscrit qu'elle avait envoyé à la "Guilde du livre" et pour lequel elle souhaitait savoir si elle pouvait citer des noms de famille existants. Claude Reymond et sa mère ont cherché ensemble des noms de familles vaudoises éteintes pour les personnages secondaires du livre. Il avait 21 ou 22 ans quand il a lu ce livre, il se souvient avoir été bouleversé par cette lecture qui mêlait émotion et accumulation de tristesse. Dans ce livre, Catherine Colomb parlait de son enfance, de la mort de sa mère quand elle avait 5 ans, et de son éducation par sa grand-mère à Begnins puis à Lausanne. Claude Reymond y a ressenti la souffrance de sa mère qu'il n'avait alors pas comprise jusque-là et aussi une impression de nouveauté et d'audace.
00:03:24 – 00:04:45 (Séquence 4) : Claude Reymond est interrogé sur la maison et les choses, qui ont une vie quasi autonome dans les livres de sa mère. Celle-ci parlait beaucoup de son enfance et de sa jeunesse et de la maison dans laquelle elle avait été élevée à Begnins, "au sommet des trois terrasses". Dans le livre "Châteaux en enfance" de Catherine Colomb, la maison est utilisée comme un véritable personnage. Les maisons ont joué un rôle considérable dans sa vie. Bien qu'elle ait vécu plus de 30 ans dans la maison où se déroule l'entretien, celle-ci n'a joué aucun rôle dans ses écrits.
00:04:47 – 00:06:25 (Séquence 5) : Claude Reymond est convié à parler des influences stylistiques de l'écriture de sa mère, Catherine Colomb. Il souligne que ses parents appréciaient Proust. Il se souvient avoir été fasciné par l'histoire du monsieur qui n'était jamais fatigué et qui ne s'endormait pas. Sa mère a toujours aimé Balzac, le visionnaire. Elle a apprécié les romantiques allemands à l'époque. Claude Reymond précise que des romanciers comme Jean Paul n'ont jamais été oubliés grâce à la thèse d'Albert Béguin, "L'Ame romantique et le rêve". Dans ce genre littéraire, sa mère avait trouvé une libération, car elle se sentait libre de pouvoir écrire comme Jean Paul, d'abandonner le récit linéaire. Claude Reymond précise que les romans de Catherine Colomb expriment sa vision du monde dans laquelle le passé et le présent se superposent.
00:06:28 – 00:06:57 (Séquence 6) : La mère de Claude Reymond était consciente de l'influence des romantiques allemands sur la littérature. Catherine Colomb connaissait l'œuvre de Gustave Roud. Elle n'était pas liée au milieu littéraire. Plus tard, Gustave Roud et Catherine Colomb sont devenus de véritables amis et la poésie romantique allemande a été le lien de cette amitié.
00:07:00 – 00:09:09 (Séquence 7) : L'Angleterre a joué un rôle dans la vie de la mère de Claude Reymond, ce pays lui a donné une autre dimension. Elle a vécu l'été 1913, en Angleterre à Londres puis à la campagne chez Lady Ottoline Morrell, sœur du duc de Portland, qui souhaitait avoir pour sa fille une personne parlant français. Catherine Colomb a vécu dans un milieu qui était politique et littéraire. Le mari Philip Morrell était député au Parlement, du parti libéral dirigé par Asquith. Celui-ci venait jouer au tennis chez les Morrell. Ottoline Morrell a joué le rôle d'hôtesse littéraire. Dans les années 1920-1930, Morrell était au centre de la vie littéraire anglaise, à l'époque du Bloomsbury Group. Catherine Colomb continuait à avoir des nouvelles de la famille Morrell qui venait lui rendre visite à Yverdon, puis à Lausanne. Claude Reymond se souvient de l'une de ces visites et l'arrivée d'une grande Rolls-Royce vers 1925-1926. Il souligne qu’Ottoline Morrell était une femme extraordinaire dans son allure, dans sa présence et dans son intérêt pour les gens. Il pense que cette femme a joué un grand rôle dans l'écriture de Catherine Colomb en l'encourageant à écrire. Claude Reymond évoque une correspondance entre les deux femmes.
00:09:12 – 00:10:14 (Séquence 8) : La mère de Claude Reymond était attentive aux dimensions historiques des choses. Elle aimait ce pays et elle appréciait principalement la côte. Elle disait cependant qu'au-delà du Bois de Chêne c’était un monde inconnu. Elle était fascinée par le personnage de Davel, et le côté fou de son entreprise. Il représentait aussi pour elle un lien avec le piétisme allemand. Les 24 avril, Catherine Colomb emmenait la famille en pèlerinage à Vidy pour déposer des fleurs sur la stèle qui a été érigée à la mémoire de Davel. Claude Reymond est resté fidèle à cette coutume et continue dans la mesure du possible à s'y rendre chaque année.
00:10:18 – 00:11:27 (Séquence 9) : Le père de Claude Reymond était avocat. Enfant, il était intrigué par le Code civil et le Code des obligations qui traînaient sur la table. Son père travaillait beaucoup à la maison et à son bureau. Claude Reymond a suivi la lignée de son père en devenant à son tour avocat. Il précise qu'il y a davantage de dynasties de médecins que d'avocats ou de magistrats. Son père ne parlait pas beaucoup de droit à la maison. Il a découvert, avec une très grande admiration, une autre dimension de la personnalité de son père quand il est entré comme stagiaire puis associé dans le cabinet de son père.
00:11:32 – 00:12:41 (Séquence 10) : Claude Reymond est interrogé sur le climat du barreau vaudois. Dans ce domaine, il pense que le XIXe siècle a duré jusqu'en 1950. Il a connu une étude d'avocat telle qu'elle avait été au XIXe siècle : il y avait deux secrétaires, deux lignes de téléphones et trois avocats. C'était une activité artisanale et individuelle. Dans le canton de Vaud, il n'y avait pas une grande organisation divisée en département comme il en existait déjà à Genève ou Zurich et surtout en Angleterre et aux Etats-Unis. L'informatique a changé le travail. Claude Reymond souligne que pendant longtemps l'avocat était un généraliste.
00:12:46 – 00:14:22 (Séquence 11) : L’interlocuteur interroge Claude Reymond à propos du barreau vaudois. Celui-ci dégageait une impression d'austérité. Claude Reymond souligne que les conditions d'entrée y étaient plus strictes que dans d'autres barreaux, il était nécessaire de posséder une thèse en droit, comme à Genève ou en Valais, mais il fallait également une thèse de doctorat qui exigeait un travail personnel. Cette exigence éloignait certains candidats. Il existait une aide à la thèse dont il est en partie responsable. Claude Reymond définit le climat qui y règne comme une "fraternité confiante" et parle d'une courtoisie formelle à l'égard des confrères notamment envers les aînés, les magistrats. Il pense que les choses ont passablement changé. Claude Reymond pense que les jeunes avocats cherchent à entrer dans ce système et à respecter les règles.
00:14:28 – 00:15:55 (Séquence 12) : Claude Reymond est interrogé sur les particularités de la procédure de droit vaudois. Il précise que c'est une procédure exigeante qui impose la présentation minutieuse des faits en fonction des preuves qui peuvent être apportées qu'elles soient écrites ou orales. Le barreau vaudois est plus rigoureux que celui d'autres cantons. Il pense cependant que l'atmosphère du barreau entraine une fermeture. Il souligne que certains confrères n'imaginent pas qu'il peut être différent au-delà de la Versoix ou du pont de la Sauge. Claude Reymond précise qu’il peut y avoir un certain byzantinisme dans l'examen des difficultés de procédures.
00:16:01 – 00:17:15 (Séquence 13) : L'interlocuteur interroge Claude Reymond sur l'arbitrage international. Il considère cette fonction comme un métier. Il a exercé trois métiers : avocat, professeur et arbitre. Il résume la fonction d'arbitrage : cela consiste à remettre à des arbitres désignés le règlement de conflit qu'on ne souhaite pas porter devant les tribunaux à cause de la méfiance des tribunaux de l'autre partie. Il donne un exemple de cet arbitrage pour un contrat de grand barrage en Poldavie orientale et explique que chaque partie pourrait avoir des doutes quant à l'indépendance des juges de la partie adverse. La solution de ce genre de contrat est l'arbitrage qui est devenu le mode normal de règlement des difficultés des affaires internationales. Il dit que c'est une privatisation de la justice internationale.
00:17:22 – 00:18:17 (Séquence 14) : Claude Reymond a été arbitre entre l'Etat français et Greenpeace dans l'affaire du Rainbow Warrior. Le service secret français avait coulé le navire de l'organisation. Il souligne qu'il peut parler du cas sans trahir le secret professionnel, car il y a eu des communiqués officiels. Dans cette affaire, l'Etat français a admis le principe de sa responsabilité. Ils ont dû fixer les éléments du préjudice. Le problème de ce cas était les dommages-intérêts punitifs du droit anglo-américain. Comme les faits s'étaient déroulés en Nouvelle-Zélande, il avait été décidé que le droit anglais était applicable. La sentence est la seule chose dans cette affaire qui demeure confidentielle.
00:18:25 – 00:20:03 (Séquence 15) : Claude Reymond a participé en Suisse à l'élaboration de la loi fédérale sur le droit international privé. La Suisse est un centre traditionnel d'arbitrage en raison de sa situation géographique, de sa neutralité politique et de son multilinguisme. Dans la loi sur le droit international privé, il y avait un chapitre sur l'arbitrage. Pour les praticiens de l'arbitrage, cet article leur paraissait mauvais. Ses amis Pierre Lalive, Marc Blessing, avocats à Zurich, et lui-même ont été conviés par la commission du Conseil national à présenter une proposition d'articles dans un délai de dix jours. Ils ont écrit un chapitre composé d'une vingtaine d'articles sur le droit de l'arbitrage international. Ce texte a ensuite trouvé écho en Europe et ailleurs. Il souligne que c'est sous le coup du hasard et de la nécessité qu'on travaille le mieux, comme le disait Jacques Monod. L'avantage de l'arbitrage est de permettre à chacun de venir avec ses propres avocats sans devoir consulter un spécialiste du pays dans lequel on se trouve.
00:20:12 – 00:21:01 (Séquence 16) : Après avoir parlé de ses métiers d'avocat et d'arbitre, Claude Reymond est convié à présenter sa fonction de professeur. Il a été nommé à l'Ecole des Hautes Etudes commerciales (HEC) en 1965. Il donnait des cours d'introduction au droit pour les étudiants de HEC et de sciences politiques. A Genève, il a été nommé professeur associé en 1971 ou 1972. Il enseignait des séances d'introduction au droit anglo-américain et présentait en parallèle deux droits différents.
00:21:10 – 00:22:27 (Séquence 17) : L'interlocuteur interroge Claude Reymond sur le monde anglo-saxon et sur sa connaissance de l'anglais. Claude Reymond a suivi au collège une formation classique, il a étudié le grec et le latin. Après s’être cassé la jambe lors d'un camp de ski universitaire, Claude Reymond a dû rester immobilisé. Il en a profité pour apprendre l'anglais. Par sa mère il était déjà sensibilisé à tout ce qui se rapporte à l'anglais. Plus tard, il a eu l'occasion de passer deux ans à Londres, chez la fille d’Ottoline Morrell qui est devenue une grande amie. Grâce à elle et à son mari, Claude Reymond a découvert l'Angleterre. Il a également suivi des cours de droit anglais dans un certain nombre de domaines.
00:22:37 – 00:23:44 (Séquence 18) : L'interlocuteur précise que parmi les intellectuels du canton de Vaud, il y a peu de gens qui possèdent une formation classique en grec et latin et qui ont une ouverture sur l'Angleterre. Cette ouverture a marqué sa vie et son comportement. Il dit qu’il est anglomane. Il se sent bien en Angleterre et y aime les jardins comme ceux de France ou d'Italie. Il précise que le droit anglais présente un intérêt intellectuel considérable : c'est pour lui un exercice passionnant que de chercher à le comprendre. Il estime que lorsqu'on connaît quelque chose d'autre, on connaît mieux ce qu'on a chez soi. C'était le but de son enseignement à Genève.
00:23:54 – 00:24:59 (Séquence 19) : Claude Reymond est interrogé sur la différence de climat entre les Universités de Lausanne et de Genève. Il estime qu’il y a une différence considérable entre ces deux établissements. Il rappelle que lorsqu'il a été nommé à Lausanne en 1965, l'Université était, comme le barreau, une université du XIXe siècle. Elle était en train de se transformer, car il était prévu que des étudiants étrangers viennent y étudier. Le projet de Dorigny était en cours d'étude. Le climat de l'Université était paisible et tout le monde se connaissait, ce qui n'empêchait pas quelques haines. A Genève, il pense que les gens confrontent plus facilement leur opinion, au contraire des vaudois qui n'aiment pas l'opposition. Il compare les Conseils des facultés lausannoise et genevoise. L'interlocuteur demande si l'attitude genevoise est le reflet de l'esprit républicain.
00:25:10 – 00:26:37 (Séquence 20) : Claude Reymond a vécu le changement de l'Université. Le recteur Dominique Rivier incarne cette transformation des années 1970. Claude Reymond est convié à parler de cet homme. Celui-ci a conçu le régime d'une université indépendante de l'Etat. Le chef d'Etat, Jean-Pierrre Pradervand était ouvert à ce type de constitution. Le rectorat de Dominique Rivier n'a pas été facile. Il a dû expliquer aux professeurs le principe de cette Université. Claude Reymond souligne que les choses sont encore en train de changer et que l'on se dirige vers une université de masse.
00:26:49 – 00:27:34 (Séquence 21) : Claude Reymond est interrogé sur le conseiller d'Etat Jean-Pierre Pradervand. Il pense que les études de Jean-Pierre Pradervand aux Etats-Unis ont influencé ces décisions. Il était mieux disposé qu'un autre magistrat vaudois au transfert de l'Université du centre de la ville de Lausanne à Dorigny, à créer un système de campus et qu'il était ouvert à ce qu'il y ait un gouvernement fort au sein de l'Université. Le conseiller d'Etat précédent, Pierre Oguey qui venait de l'Ecole polytechnique, était également prêt à ce changement. Les Vaudois ont donc eu la chance d'avoir deux conseillers d'Etat ouverts et prêts à accepter ce difficile changement. Le Département de l'instruction publique abandonnait une partie de ses prérogatives.
00:27:46 – 00:28:43 (Séquence 22) : Claude Reymond faisait partie du groupe de réflexion du rectorat. Dominique Rivier souhaitait que plusieurs facultés y soient représentées et qu'il y ait une personne de l'extérieur. Ce groupe de réflexion était composé des membres du rectorat, le recteur, Dominique Rivier, le vice-recteur et historien Jean-Charles Biaudet qui a beaucoup participé aux recherches sur Benjamin Constant, le juriste Jean Brack, et des professeurs, notamment de HEC. Il y avait un secrétariat qui pour des raisons de discrétion était assuré par Philippe Hubler des Groupements patronaux. Claude Reymond souligne qu'il était utile d'avoir un représentant des milieux économiques qui réagissait aux propositions des professeurs.
00:28:56 – 00:30:07 (Séquence 23) : Claude Reymond est invité à s'exprimer sur le changement de comportement des étudiants. Il a le sentiment que les étudiants sont inquiets de leur avenir. Claude Reymond dit avoir connu l'époque où les entreprises venaient chercher les étudiants à la sortie de leurs études. Il pense qu'ils sont aussi très solitaires et qu'ils ne se connaissent pas entre étudiants de mêmes volées. Il a constaté également que le contact entre les étudiants et le professeur a changé. Dans ses cours, Claude Reymond a toujours invité les élèves à l'interrompre lorsqu'ils avaient des questions, ce qui ne se pratiquait pas à son époque.
00:30:20 – 00:31:34 (Séquence 24) : Claude Reymond est un bibliophile, il a toujours beaucoup lu. Il cite une phrase de Larbaud : "Ce vice impuni, la lecture !" Il se bat pour avoir du temps pour pouvoir lire. Il s'intéresse autant au contenu qu'au contenant. Il a collectionné les œuvres politiques de Benjamin Constant et collectionne depuis une dizaine d'années des livres de jardin. Il explique que le jardin est important dans la création d'un monde occidental. Claude Reymond en a visité plusieurs lors de ses voyages.
00:31:48 – 00:33:14 (Séquence 25) : Comme les gens de sa génération, Claude Reymond a été marqué par la poésie, notamment celle de Claudel et de Saint-John Perse. Il l’a découverte dans les "Cahiers du Rhône" des éditions de La Baconnière. Claude Reymond a découvert les surréalistes grâce à la Librairie F. Roth à Lausanne, il souligne que la Suisse s'intéressait surtout à Valéry. Il a aussi découvert Gracq. Il a beaucoup lu Balzac, Saint-Simon. Il s'est aussi intéressé à la philosophie. Claude Reymond explique qu'il y a eu un changement intellectuel dans la théologie de la philosophie avec notamment Kierkegaard. Claude Reymond avait été intrigué d'abord par le nom puis par ce personnage danois. Il a été marqué par un grand nombre des livres de cet auteur.
00:33:29 – 00:34:21 (Séquence 26) : Claude Reymond s'est intéressé, à côté de la philosophie, à la théologie avec notamment Karl Barth, l'un des grands théologiens de l'histoire de l'Eglise. Lorsqu'il a étudié un semestre à Bâle, Claude Reymond a eu l'occasion d'écouter Karl Barth dans un séminaire en français. Il dit s'être retrouvé en face d'un génie avec une intelligence généreuse et détaché de ces actes. Alors que les étudiants notaient toutes ses paroles, Claude Reymond rapporte que Karl Barth disait de ne pas tout noter.
00:34:36 – 00:35:11 (Séquence 27) : Claude Reymond accorde une place importante à la foi. Parallèlement à Karl Barth, un grand nombre de théologiens suisses et français ont redécouvert l'œuvre des réformateurs, comme le pasteur de Saint-Pierre, Jean de Saussure. Celui-ci organisait des retraites et Claude Reymond y a assisté une fois.
00:35:27 – 00:36:00 (Séquence 28) : L'interlocuteur explique que c'est une époque où sont apparues la renaissance de la liturgie et la montée de l'œcuménisme. Claude Reymond a vécu cela comme un grand espoir. L'œcuménisme jouait un rôle important. En Allemagne, l'Eglise était persécutée. Le monde du complot contre Hitler était lié au monde œcuménique, comme Adam von Trott ou Stauffenberg.
00:36:16 – 00:36:44 (Séquence 29) : Claude Reymond a rencontré les fondateurs de Taizé au moment de leur création à Genève. Il explique que c'était à Presinges lors de la retraite organisée par Jean de Saussure qu'il a rencontré les jeunes gens qui ont fondé cette communauté : Roger Schutz, Max Thurian et Pierre Souvairan. Ils étaient plus âgés que lui. Ils se sont liés d'amitié. Claude Reymond a vu le départ de cette aventure qui a pris des proportions extraordinaires et inattendues.
00:37:01 – 00:38:02 (Séquence 30) : Claude Reymond précise que la famille de son père était musicienne : son père était violoniste et son frère était un bon pianiste amateur. Par leur intermédiaire, son adolescence a été bercée par Bach et la musique romantique. Sa femme chantait dans un chœur d'oratorio, nommé le chœur "Jean-Sébastien Bach". Sous son influence, il a entendu de nombreux concerts de musique chorale. Cette chorale a été dirigée par Pierre Colombo qui dirigeait aussi l'orchestre de la Suisse romande. Grâce à ses amitiés, il invitait de grands solistes à se produire avec eux. Claude Reymond a eu l'occasion d'entendre Rita Streich qui est venue chanter la Messe en do de Mozart et Hugues Cuenod, le cousin de sa femme, qui était un grand récitant, notamment pour les passions de Bach.
00:38:20 – 00:39:15 (Séquence 31) : Claude Reymond a toujours apprécié la nature et la montagne. Pendant les années 1938 à 1945, il précise que tout le monde en Suisse voyageait à bicyclette. C'est par ce mode de transport, qu'il a eu l'occasion de parcourir la Suisse allemande. Quand sa famille a construit un chalet, à la Sage au-dessus d'Evolène, il a fait beaucoup de montagnes avec des amis alpinistes. Il avait un excellent guide, Joseph Fauchère, qui est tombé à l'Himalaya il y a une quinzaine d'années. Pour Claude Reymond, le contact avec la très haute montagne a été très important.
00:39:33 – 00:39:56 (Séquence 32) : L’interlocuteur demande à Claude Reymond s'il y a un lien entre la vie intellectuelle et le travail professionnel. Claude Reymond a toujours pensé qu'une solution trouvée en marchant était une solution raisonnable. Il dit qu'il n'est pas le seul à avoir fait cette remarque sur l'importance de la nature.
00:40:15 – 00:41:54 (Séquence 33) : Claude Reymond souligne que le Pays de Vaud est plus divers qu'un mouchoir de poche. Lors de ses promenades, il a toujours été frappé par la variété et la beauté des paysages. Claude Reymond est originaire de Gimel d'une famille qui a franchi au XVIIe siècle le Marchairuz. Ses parents ont joué un rôle dans l'attachement de Claude Reymond à son pays. Sa mère était de La Côte et son père de Gimel. Claude Reymond est né à Yverdon où son père était avocat. Sa femme était originaire de Vevey. Sa belle-sœur a une propriété au-dessus de Vevey, elle est la fille de Steven-Paul Robert. Il est très attaché à ce pays sans exclusivité. Il dit qu'il doit beaucoup de choses à tout ce qu'il a découvert en Suisse et à l'étranger. Il a un sentiment d'attachement et de devoir.
00:42:13 – 00:43:54 (Séquence 34) : Claude Reymond a été conseiller au Conseil communal de la commune de Prilly, pendant près de 20 ans, et du Grand Conseil pendant une dizaine d'années. Il a découvert que les dimensions d'un pays, si petit soit-il, dépassent souvent les connaissances qu'on en a. Il y avait de fortes personnalités dans toutes les parties, notamment Muret, le bellettrien. Gafner qui était directeur de l'hôpital cantonal dit un jour à cet homme : "Votre place, Monsieur Muret est à Moscou" et Muret lui avait répondu "Votre place, Monsieur Gafner, est à l'hôpital cantonal". Claude Reymond estime que pour faire une carrière politique, il faut de l'ambition. Il a œuvré dans la politique par devoir.
00:44:13 – 00:44:53 (Séquence 35) : Comme député et comme juriste, Claude Reymond a participé à l'élaboration de la loi pour la fusion des deux églises. Il était rapporteur de la commission qui s'est occupée du statut des catholiques vaudois. Il a pris part également à la préparation de la loi sur l'Université et a collaboré à un certain nombre de débats importants.
00:45:13 – 00:45:56 (Séquence 36) : Claude Reymond a dirigé deux volumes "Les Arts" de L'Encyclopédie vaudoise pendant sept ans. Ce projet lui a permis de mettre en valeur la richesse du tissu culturel du canton de Vaud : du point de vue de l'architecture, des Beaux-arts et de la littérature.
00:46:16 – 00:48:07 (Séquence 37) : Claude Reymond est interrogé sur son intérêt pour le personnage de Benjamin Constant. Sa mère s'était aussi toujours intéressée à cet homme et lui avait fait lire "Le Cahier rouge" nommé "Ma vie". Claude Reymond le considère comme un grand écrivain dans ses lettres ou dans ses écrits politiques. Claude Reymond a présidé un comité de publication des œuvres complètes de cet auteur dont le projet a été lancé par Pierre Cordey. De nombreux jeunes chercheurs s'intéressent à Benjamin Constant. Claude Reymond souligne que récemment un manuscrit inédit a été trouvé au Brésil. L'impulsion est partie de Suisse et le relais a été pris à l'étranger : en France, en Belgique, en Allemagne, en Angleterre, en Ecosse, en Italie. La recherche sur les œuvres de cet homme est devenue un grand projet international.
00:48:28 – 00:48:53 (Séquence 38) : Claude Reymond est invité à parler de son parcours. Il estime qu'il a eu beaucoup de chance et qu'il a eu l'occasion de rencontrer des gens merveilleux. Il dit ressentir un sentiment du passé. Il craint d'être comme cette vieille duchesse, dont parle Saint-Simon qui se faisait suivre d'un jardinier pour effacer la trace de ses pas dans le sable des allées.
00:49:15 – 00:49:22 (Séquence 39) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Claude Reymond et tourné à Prilly le 11 juin 1999.
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