Mousse Boulanger (Une voix pour la poésie)

  • français
  • 2000-03-18
  • Durata: 00:46:49

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Descrizione

Le Jura, ses paysages et son ferment de révolte, elle porte tout cela en elle dès l'enfance. Quand elle rencontre Pierre Boulanger, elle aime déjà la poésie, et elle sait instantanément qu'avec lui c'est pour la vie. Ensemble, ils montent des spectacles poétiques et voyagent avec les poètes dans leurs bagages. Après la disparition de Pierre, Mousse continue seule, soutenue par sa passion pour la magie du mot, pour le poème, image d'une âme. Elle écrit aussi des nouvelles, des contes. Elle s'engage pour la défense des écrivains, avec la même fougue, le même feu. Elle a fait sienne cette mission portée très haut par Edmond Kaiser: le devoir de révolte. Ce portrait se clôt magnifiquement sur un poème d'Aragon, qui résume à lui seul toute la trajectoire de Mousse Boulanger; sur l'écran, l'image de ses yeux fervents ne nous quittera pas de longtemps.

00:00:00 – 00:00:11 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Mousse Boulanger et tourné à Mézières le 18 mars 2000. L'interlocuteur est Raphaël Aubert.
00:00:11 – 00:00:47 (Séquence 1) : L'interlocuteur dit connaître Mousse Boulanger depuis dix ans. Ensemble, ils ont lutté au sein de la Société suisse des écrivains pour les droits d'auteurs. Ils se sont aussi côtoyés à la radio. Mousse Boulanger habite dans sa maison, un petit paradis, depuis 1961. Jusqu'en 1978, elle y a habité avec Pierre son mari.
00:00:48 – 00:00:58 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Mousse Boulanger et tourné à Mézières le 18 mars 2000. L'interlocuteur est Raphaël Aubert.
00:00:59 – 00:01:52 (Séquence 3) : L'interlocuteur rappelle que Mousse Boulanger est née à Boncourt avant la guerre et qu'elle vit aujourd'hui à Mézières. Il lui demande si le Jura est une terre dans laquelle elle se reconnaît. Elle dit que le Jura a une couleur de terre unique, bordeaux. Le Jura où elle est née c'est la frontière, la France. Son enfance s'est déroulée plus en France qu'en Suisse. Avec le début de la guerre en 1939, les frontières ont été bloquées. A la réouverture de la frontière, elle s'est rendue à Paris avec sa sœur sans papiers.
00:01:54 – 00:03:02 (Séquence 4) : Dans son enfance Mousse Boulanger vivait chez des oncles et tantes paysans célibataires. Son plus grand bonheur était le dimanche quand, au lieu d'aller à la messe, elle amenait les chevaux se baigner dans la rivière. Elle se souvient qu’à l’âge de sept ou huit ans, elle est entrée dans la rivière avec un cheval qui s'est mis à nager, elle avait l'impression d'être sur un tapis volant, c'était son premier contact avec les contes merveilleux.
00:03:04 – 00:03:47 (Séquence 5) : Mousse Boulanger dit avoir besoin du contact avec la nature. Elle pense que, si elle n'avait pas fait carrière, elle serait devenue paysanne. Elle plante des patates particulières, des rattes, des haricots, des salades et des tomates. Ce travail lui donne un équilibre : lorsqu'elle ne supporte plus l'humanité sublime et pourrie, elle va gratter son jardin.
00:03:50 – 00:04:42 (Séquence 6) : Mousse Boulanger parle de son esprit de révolte, son ferment intérieur. Son origine est certainement dans son expérience de vie dans le Jura. Enfant, elle se souvient des divisions entre ceux qui étaient pour ou contre Berne, dont le Jura faisait partie. Elle avait une grand-mère et des oncles en France, à Saint-Dizier-l'Evêque. Pendant la guerre, elle ne pouvait donc pas ne pas être révoltée. Sa mère lui avait parlé aussi des nouvelles de la radio de Varsovie : des cris d'étudiants fusillés avaient retenti toute la nuit.
00:04:46 – 00:06:06 (Séquence 7) : Mousse Boulanger parle de sa formation à Porrentruy. A l'école secondaire, elle avait une professeure qui leur faisait écouter des disques, elle se souvient de celui de Marie Dubas qui récitait du Verhaeren. Elle en cite des passages. Elle était fascinée et en répétait les vers en cachette à la maison. Elle en aimait la mélodie, le mouvement, les mots. A l'école cantonale, elle a eu le professeur [ Béglin ] qui, au lieu d'enseigner la matière, leur lisait des contes de Maupassant. Elle a rencontré Joseph Beuret qui avait récolté tous les contes, Pierre-Olivier Walzer et Jean Coutat. Ce sont ses premières émotions avec la littérature.
00:06:10 – 00:06:43 (Séquence 8) : Mousse Boulanger cite ses poètes préférés de l'époque : Péguy, qu'elle essayait d'imiter, Anna de Noailles, Baudelaire qui a été une découverte fantastique et qu'elle aime toujours. A côté de Baudelaire, il y a maintenant Rimbaud et Verlaine qui sont devenus des grands à côté des tout grands contemporains comme Eluard, Aragon, Prévert, Desnos, Artaud
00:06:48 – 00:07:28 (Séquence 9) : Mousse Boulanger parle de ses voyages en Grande-Bretagne. Elle est partie une première fois en train, et elle avait l'impression d'être dans une sorte de tunnel qui allait la cracher dans le pays des merveilles d'Alice. Elle a fait un deuxième voyage en avion à hélices. C'était la première fois qu'elle se trouvait près des nuages.
00:07:33 – 00:08:37 (Séquence 10) : Mousse Boulanger avait été émue, avant Londres, en découvrant la peinture à Bâle, au Kunstmuseum : Holbein, Cranach, Konrad Witz. A Londres, elle est allée à la Tate Gallery, où elle a découvert la sculpture contemporaine et Turner avec les brumes sur la Tamise. Elle a visité la National Gallery. Elle a assisté aux Concerts Promenade aux Albert Hall, où on ne payait presque rien. En Angleterre, elle gardait des enfants, elle était nanny. Elle allait aussi au théâtre, voir Shakespeare joué par l'Old Vic Company dirigé par Vivien Leigh et Laurence Olivier au Queen's Mary Park.
00:08:43 – 00:09:28 (Séquence 11) : Mousse Boulanger dit que son voyage à Londres a été un moment de liberté même si elle n'avait pas des parents sévères. Ils avaient un immense respect pour la liberté de leurs enfants, et pour ce qu'ils étaient. A son départ, sa sœur avait pleuré, elle croyait qu'elle ne reviendrait pas. Ils étaient du Jura de la partie d'Ajoie. Son père était né en Alsace. L'indépendance, la liberté, une structure personnelle profonde, étaient des caractéristiques bien présentes dans sa famille.
00:09:34 – 00:11:23 (Séquence 12) : Lors de son retour de Grande-Bretagne, Mousse Boulanger est allée à Boncourt en Suisse. Elle avait appris l'anglais, elle parlait assez bien l'allemand, elle a donc fait du secrétariat pour gagner sa vie. Elle est allée à Bienne où elle a commencé à faire du théâtre avec des étudiants. A Genève, elle a fondé un groupe de théâtre dans l'association "Connaître", au boulevard des Philosophes. Ils ont commencé à travailler avec Germaine Tournier, une comédienne de haut niveau. Ils montaient des spectacles et recevaient de grands artistes, comédiens qui passaient par Genève. Ils ont eu Gérard Philipe, qui leur parlait d'engagement. Il jouait le Prince d'Homburg au Parc La Grange. Elle a rencontré un grand professeur de mime, Etienne Decroux. Il avait été le professeur de Barrault et Marceau. Elle ignorait encore qu'elle allait rencontrer un membre de sa troupe qui changerait sa vie.
00:11:30 – 00:13:08 (Séquence 13) : Mousse Boulanger a réalisé sa vocation d'écrivain et poète avec la rencontre de Pierre Boulanger à Yverdon. Son groupe donnait la première partie d'un spectacle et Pierre Boulanger venait de Paris pour en donner la deuxième partie. Avec sa troupe, elle devait camper. Elle a croisé Pierre Boulanger sur le trottoir et lui a offert à boire et à manger. Ça a été le coup de foudre, ils ne se sont plus quittés. Il est rentré chez sa mère en lui annonçant qu'il se marierait un jour, qu'il avait trouvé sa femme. Pierre Boulanger a joué au Théâtre des Faux-Nez avec Charles Apothéloz. Il s'est installé chez elle à Genève et il l'a fait travailler la mise en scène. Elle a travaillé avec Hort, ancien membre de la troupe des Pitoëff. Elle a rencontré son mari à la Pentecôte 1954 et ils se sont mariés à Pâques 1955.
00:13:16 – 00:14:47 (Séquence 14) : Mousse Boulanger est entrée à la radio avec la création des émissions poétiques : "Marchand d'images", "Passage du poète", "Poésie universelle". Cette dernière a été le grand déclencheur et elle a commencé à monter sur scène. L'émission parlait de plusieurs pays européens. Un jour, un étudiant bulgare s'est plaint qu'ils n'aient jamais parlé de son pays et il leur a amené des livres de poésie dont un édité par Pierre Seghers, qui est devenu ensuite un ami très proche, livre traduit par Paul Eluard. Ils ont décidé d'en faire une émission. Ensuite, ils ont été invités à en faire un spectacle. Elle était déjà montée sur scène avec le théâtre mais jamais avec la poésie. Elle a monté le spectacle avec Pierre Boulanger. Ils sont allés en train à Sofia avec l'Orient Express.
00:14:55 – 00:16:12 (Séquence 15) : L'interlocuteur demande à Mousse Boulanger pourquoi elle a choisi la poésie plutôt que le théâtre. Elle répond qu'elle était imprégnée de poésie. Pierre Boulanger faisait des spectacles avec des parties de théâtre et des poèmes. Pour elle, la poésie est la magie des mots. Toute petite, elle répétait cent fois le même mot. Elle explique que si on répète un mot en boucle, le mot devient incompréhensible et change de signification, il révèle ce qu'il y a derrière, ce qui est convenu à partir de plusieurs siècles. Le poème est, selon elle, l'image, la parcelle d'une âme, de celui qui l'a écrit. L'âme d'un être humain a des millions de facettes, un poème reflète ces facettes qui au fil des lectures se dévoilent. La poésie est une magie.
00:16:21 – 00:17:24 (Séquence 16) : Mousse Boulanger explique que la peinture et la musique ont des éléments qui se rejoignent. La musique est poésie et vice-versa. La peinture est les images que la poésie véhicule en permanence. Elle dit qu'elle aimerait écrire un poème avec des passages de musique et des passages peints, pour pouvoir dire la totalité. La poésie est musique, peinture et magie. La poésie touche à la fois le paysan, l'intellectuel et l'ouvrier. Pour ce dernier, elle a pu le mesurer à la cafétéria de Rhône-Poulenc, dans les faubourgs de Lyon, ou encore dans les faubourgs de Marseille. Par la poésie, elle a touché des personnes qui ne lisent pas mais qui lui ont répondu : "C'est ça la vie".
00:17:33 – 00:18:33 (Séquence 17) : Mousse Boulanger explique que ses grands poètes sont Eluard, Desnos, Aragon, et Pierre Seghers qui a été souvent considéré comme un éditeur de poésies seulement. Il avait réuni une masse de poésies qu'il a appelée "Dis-moi ma vie", où tout un siècle se déroule dans ses poésies. Eluard voulait écrire pour les ouvriers mais sa poésie est difficile, ils ne la comprennent pas. Pierre Seghers peut parler à tout le monde, peut-être parce qu'il a été aussi éditeur. Pierre Seghers a été un ami très proche. Elle garde une image de lui à Montparnasse, se promenant avec Pierre Boulanger : l'un grand et l'autre petit.
00:18:43 – 00:19:35 (Séquence 18) : Mousse Boulanger dit avoir été, avec son mari Pierre, une "diseuse" de poésies. Ils n'ont pas donné de récitals mais des spectacles. La poésie est très peu lue, elle n'est plus enseignée à l'école. Ils ont décidé de la rendre vivante, ce que faisaient avant les troubadours. Ils transcrivaient les poésies de manière directe afin que le public puisse les saisir, qu'il puisse les recevoir comme un cadeau, une émotion.
00:19:45 – 00:20:48 (Séquence 19) : Mousse Boulanger explique que leur démarche, celle de son mari et d’elle-même, de faire des spectacles de poésies était novatrice. Jacques Mauclair, un comédien de la Comédie française, avait trouvé ça scandaleux. Ils concevaient le spectacle en choisissant un thème comme le printemps, l'amour ou la guerre, à partir de celui-ci ils agrafaient les uns aux autres des poèmes de différents âges, d’auteurs du Moyen Age aux auteurs contemporains. Ils étudiaient la mise en scène, avec les costumes. Pierre Boulanger avait la vielle, la guitare et un théorbe. Sa musique s'intercalait avec les mots, les poèmes. Les poésies se liaient et formaient un ensemble. Sur scène, ils bougeaient et dansaient : c’était un spectacle de théâtre avec de la poésie.
00:20:59 – 00:21:44 (Séquence 20) : L'interlocuteur rappelle que Mousse et Pierre Boulanger avaient une façon de dire les poésies qui était différente de celle de la Comédie française. Elle explique que le plus difficile était de s'oublier, d'oublier qu'ils étaient des comédiens et de donner aux mots leur vraie force et leur signification. Ce n'était pas possible de faire des trémolos.
00:21:55 – 00:23:02 (Séquence 21) : Mousse Boulanger dit que certains poètes adoraient leur manière de réciter les poésies, d'autres pensaient qu'ils auraient dû mettre un masque pour effacer les expressions du visage et faire en sorte qu'il n'y ait plus que le mot. Ils se sont parfois maquillés. Ils avaient réussi à redonner toute sa force magique au mot. La poésie est le langage de l'image, comme une peinture qui vient à travers le mot et une musique. C'est ce qu'ils ont essayé de transmettre et qui a demandé un grand travail. Ils n'ont pas eu de successeur.
00:23:13 – 00:23:51 (Séquence 22) : Mousse Boulanger raconte leur tournée à Sophia. Elle considère Nicolas Vaptsarov comme un grand poète et le "frère" de Federico Garcia Lorca, car ils ont été tous deux fusillés par les nazis, les fascistes pour leurs idées de liberté. Avec Pierre à Sofia, ils disaient les textes de Vaptsarov en français. La mère du poète, une grande paysanne en costume de son pays, s'est présentée avec un interprète et leur a dit qu'elle ne comprenait pas le français mais que la poésie est un vrai langage universel.
00:24:03 – 00:25:22 (Séquence 23) : Mousse Boulanger raconte qu'après Sophia ils ont tourné dans toute l'Europe : Italie, France, Amsterdam, Bruxelles, Moscou. Elle se souvient de la nuit à Moscou, avec tous les comédiens de l'Union Soviétique qui leur ont dit des poèmes pendant toute la nuit. Ils ne comprenaient pas mais la poésie était un langage universel. Ils leur ont ensuite montré ce qu'ils savaient faire. A Saint-Pétersbourg, ils ont eu des futurs chanteurs et comédiens artistes qui ne les quittaient plus. Le jour de leur départ en train, le matin, ils étaient sur le quai avec des bouquets de fleurs, ils pleuraient les uns dans les bras des autres, tellement ils avaient communié. Les étudiants leur avaient donné toute leur jeunesse, leurs espoirs, et eux leur expérience, leur culture francophone. Ils lisaient des poésies suisses : Ramuz, Chessex, Roud, Renfer, Nicolet, Cuttat. Ils ont pu échanger car ils parlaient le même langage, celui d'un engagement pour la liberté de pensée, d'agir et d'être.
00:25:34 – 00:26:59 (Séquence 24) : Mousse Boulanger dit qu'ils ont été au festival d'Avignon. Ils disaient leurs poèmes dans le grand verger d'Urbain V. A Privat en Ardèche, ils ont récité dans un des plus grands Hôpitaux psychiatriques de France. L'hôpital avait sa salle de théâtre. Pendant une heure et demie, les malades ont oublié leurs souffrances, c'est ce qu'ils leur ont dit à la fin du spectacle. Des moments de vie d'une richesse, d'une profondeur et d'une vérité unique au monde. Ils ont été aussi à Kuala Lumpur dire des poésies dans le désert, et à La Havane pour les 80 ans de Nicolás Guillén, un grand poète révolutionnaire de Cuba. On lui a demandé de faire le discours pour l'Europe, ce qui n'était pas mal pour la petite Suisse.
00:27:12 – 00:28:02 (Séquence 25) : Mousse Boulanger explique qu'en 1978, elle a perdu son mari Pierre. Elle a perdu sa moitié. Pendant plusieurs mois, elle a boité. Elle s'est repliée sur la Radio suisse romande qui a été très généreuse. Elle lui en est très reconnaissante. Elle a pu continuer les émissions poétiques, même si ça a été très difficile. Elle n'oubliera jamais la première fois qu'elle est retournée seule dans le studio. Il y avait une chaise vide et une opératrice qui pleurait. Elle avait un fils qui faisait des études, il fallait continuer de gagner sa vie. Elle dit que ça a été une victoire.
00:28:15 – 00:29:14 (Séquence 26) : Mousse Boulanger explique qu'elle a attendu presque quatre ans, après le décès de Pierre, pour continuer les tournées seule. Elle entendait toujours sa voix. Au bout de quatre ans, c'est le public et la poésie qui lui manquaient, elle en avait besoin. Elle a recréé un spectacle, elle s'est fait construire quelques praticables par son fils. C'était une provocation vis-à-vis d'elle-même, car elle l'avait appelé "La vie en fête". Elle voulait quelque chose de gai, contestataire et drôle. Elle a pu monter ce spectacle à l'Echandole à Yverdon-les-Bains. Ce lieu était un souvenir de sa rencontre avec Pierre Boulanger. Ensuite, elle a beaucoup tourné. Elle est reconnaissante envers Zaneth, qui était directeur de l'Echandole.
00:29:27 – 00:30:20 (Séquence 27) : Mousse Boulanger dit qu'elle a voulu reprendre les animations scolaires, c'était une vraie passion avec son mari. Elle s'est rendu compte que, seule devant 200 élèves, elle n'arrivait pas à occuper assez la scène. Elle a alors étudié des modèles pour déclencher l'envie d'écrire, d'entendre et de comprendre la poésie, et elle les a mis en place avec les élèves. Un travail interactif, ensemble ils ont créé des jardins et animaux fantastiques. Ils travaillaient les mots, ils les agençaient, ils les tripotaient et ils créaient des poésies.
00:30:34 – 00:32:15 (Séquence 28) : Mousse Boulanger explique qu'elle est repartie en France. Elle a été contente de réaliser qu'elle n'avait pas été oubliée, qu'on se souvenait des Boulanger. Elle a travaillé pendant de nombreuses années dans les Maisons des Jeunes et de la Culture, les MJC et dans les écoles. Au bout d'un moment, elle était fatiguée d'être seule. Elle voyageait et gérait seule ses spectacles : régler la lumière et l'espace, trouver les hôtels. Elle est revenue et a créé avec Heidi Molnar, flûtiste, et Rouja Eynard, harpiste, un spectacle : "Trois femmes en scène". Elles l'ont présenté à L'Echandole à Yverdon-les-Bains. C’était l'histoire de la femme à travers les siècles : au Moyen Age, l'image de la femme était celle d'une travailleuse ; ensuite, la femme du Romantisme, la femme de salon ; et pour finir la femme du XXe siècle qui faisait sa contestation. Le spectacle ne plaisait pas à tout le monde, mais il a beaucoup tourné.
00:32:30 – 00:33:06 (Séquence 29) : Mousse Boulanger parle d'un spectacle qu'elle a créé : "Dis-moi ma vie". Il avait l'ossature du grand poème de Pierre Seghers mais avec des poètes prisonniers pendant la guerre de 1939-1945. Dans ces poésies, il y avait une envie de qualité de vie, une envie de vivre et un rejet de l'injustice et de la pauvreté et une réaction contre la frénésie de consommation. Aujourd'hui, avec les difficultés dans le monde et le chômage, ce spectacle pourrait être d'actualité.
00:33:21 – 00:34:23 (Séquence 30) : Mousse Boulanger ne pense pas que la réception de la poésie ait changé depuis ses débuts. Que ce soit dans un ancien battoir, dans une cave de vignerons, ou avec des enfants, il y a toujours la même magie qui se produit : un miracle de la poésie. Aujourd'hui, il n'y a pas beaucoup de comédiennes qui se lancent dans ce travail. Avec son mari, ils avaient 12 heures de spectacles, de poèmes dans la tête. Seule, elle en avait huit. Elle avait des poèmes pour différents âges, des enfants jusqu'aux adultes. Elle en avait aussi selon le milieu, très intellectuel, élitaire, ou plus simple. Malgré les différences, l'accueil reste le même.
00:34:38 – 00:35:32 (Séquence 31) : Mousse Boulanger a écrit trois recueils de poèmes publiés en France, par bonheur. Elle a ensuite arrêté car elle avait trop de travail. Après avoir arrêté les spectacles, elle s'est remise à l'écriture. Elle avait des nouvelles, des contes qui lui venaient de son enfance, la poésie, et elle voulait écrire un récit de vie. Parfois, le public lui manque, mais elle compense par des soirées de contes, de lecture. Elle lit la poésie à des vernissages : il y a l'interaction entre la musique, la peinture et la poésie. L'écriture a pris la plus grande place dans sa vie.
00:35:48 – 00:36:11 (Séquence 32) : L'interlocuteur demande à Mousse Boulanger si le fait d'avoir connu des poètes, d'avoir beaucoup fréquenté la poésie, a rendu difficile l'écriture de ses propres poésies. Elle répond qu'elle avait effectivement l'impression que tout avait été dit. Le compositeur René Gerber lui avait dit que chaque être humain a quelque chose d'autre à apporter, qu'elle devait dire ce qu'elle avait à dire et le reste n'avait pas d'importance.
00:36:27 – 00:37:33 (Séquence 33) : L'interlocuteur demande à Mousse Boulanger si la poésie doit toujours être engagée politiquement et socialement. Elle répond que ça ne pourrait pas être autrement. Ce n'est pas seulement politique ou social, la poésie est émotionnelle, elle est l'être humain. Elle pense qu'on a besoin de choses drôles mais ce n'est pas de la littérature. La littérature est une âme, une culture. Le jour où un peuple n'a plus sa culture, il n'y a plus de peuple. L'implication politique est importante, primordiale pour elle. Tant qu'il y a des injustices et des pauvres, elle sera de leur côté.
00:37:49 – 00:39:47 (Séquence 34) : L'interlocuteur rappelle que Mousse Boulanger s'est engagée comme syndicaliste des écrivains suisses. Elle a défendu les droits d'auteurs. Elle voulait leur faire comprendre qu'ils étaient importants, que leur voix restera dans les siècles. Ces idées ne sont pas très évidentes en Suisse. Dans ce pays très individualiste, elle a voulu réunir les gens de la littérature qui voulaient être reconnus. Quand elle a commencé à présider la société suisse des écrivains, il y avait des écrivains qui se contentaient d'un bouquet de fleurs lors d'une lecture publique. Elle n'était pas d'accord. Selon elle, c'est un métier et ils avaient le droit d'avoir un salaire. Après, elle est passée à "ProLettris", qui défend les droits d'auteurs des écrivains, des peintres, des photographes, des architectes et des graphistes. Ils ont réussi à faire revoir une loi sur les droits d'auteurs qui avait plus de 50 ans.
00:40:04 – 00:41:51 (Séquence 35) : Mousse Boulanger a besoin de militer, de participer à la vie de son pays qu'elle aime, et qui est encore une démocratie. Il faut néanmoins être vigilant maintenant, dans cette époque de libéralisme. Elle aime aujourd'hui encore prendre des risques en affichant et en distribuant des tracts, c'est l'adolescence qui revient. Elle a été une féministe très engagée. A la radio, elle avait travaillé avec Marie-Claude Leburgue. Elle se souvient être allée au Buffet de la gare rencontrer monsieur Chevallaz pour lui parler du féminisme et essayer de le convaincre de leur donner le droit de vote. Elle rappelle qu'elles l'ont obtenu en premier en Suisse. Elle pense que le féminisme est encore important, pas particulièrement en Suisse, mais en Afghanistan et en Algérie par exemple. C'est le devoir de ceux qui ont la liberté de s'exprimer de dire les choses.
00:42:09 – 00:45:54 (Séquence 36) : Mousse Boulanger explique qu'on a le devoir d'être en révolte. Elle dit qu'un homme extraordinaire est mort, Edmond Kaiser, qui avait pris ce devoir de révolte. Elle récite un poème d'Aragon qui résume tout ce qu'elle est, ce qu'elle pense, ce qu'elle avait envie de faire dans la vie et ce qui lui reste encore à faire.
00:46:12 – 00:46:31 (Séquence 37) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Mousse Boulanger et tourné à Mézières le 18 mars 2000.
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