Etienne Delessert (Artiste graphique)

  • français
  • 2006-10-06
  • Durata: 00:50:29

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Descrizione

Les livres d'enfants ont fait connaître dans le monde entier ses animaux et ses splendeurs picturales. Ce film Plans-Fixes d'Etienne Delessert retrace sa conquête de la communication visuelle. Une émotion d'adolescent face aux affiches des rues de Lausanne suscite une éruption d'idées, de livres, de journaux. Projets, dessins et savoir-faire le portent à Paris et à New-York. Son apport au renouveau des arts visuels est vite reconnu. Sa collaboration avec des pionniers du graphisme, du théâtre ou de la psychologie, Lubalin, Ionesco ou Piaget autant qu'avec de jeunes créateurs proches, n'empêchent pas les milliers d'heures solitaires, crayon ou pinceau à la main, qui ont fait naître l'art de Delessert, visages et diables, plumages et paysages. Son message personnel nous saisit, incontournable, jailli d'une mise en page ou d'aquarelles intimes, d'un dessin de presse ou d'un conte fantastique.

00:00:00 – 00:00:09 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Etienne Delessert, artiste graphique, et tourné à Pully le 6 octobre 2006. L'interlocuteur est Bertil Galland.
00:00:09 – 00:01:12 (Séquence 1) : L'interviewer explique qu'Etienne Delessert est le fils d'un pasteur vaudois. Il a suivi une filière scolaire classique, grec-latin-français. Il lui demande comment ont réagi ses parents face à sa décision de ne pas poursuivre ses études après le bac et d'aller travailler dans le graphisme. Il raconte qu'il leur a annoncé sa décision séparément. Tous deux ont répondu la même chose, c'est-à-dire que si c'était son envie, il le ferait très bien. Il est entré d'un coup dans l'âge adulte.
00:01:13 – 00:01:24 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Etienne Delessert, artiste graphique, et tourné à Pully le 6 octobre 2006. L'interlocuteur est Bertil Galland.
00:01:26 – 00:02:47 (Séquence 3) : L'interviewer demande à Etienne Delessert qui l'a influencé dans son choix des arts visuels. Il répond qu'au collège classique il avait un professeur formidable, Pierre Ansermoz. Il était sévère, à la limite méchant, mais il l'adorait. Il a influencé sa vie. Pierre Ansermoz lui demandait d'écrire des dissertations avec un point de vue différent des autres, ensuite il lisait ses dissertations devant la classe. Il avait probablement envie de devenir écrivain, et ça n'a pas changé car il dessine en écrivant ou il écrit en dessinant.
00:02:50 – 00:04:43 (Séquence 4) : L'interviewer demande à Etienne Delessert qui l'a découragé à suivre une voie littéraire. Il répond qu'après le collège, il est entré au gymnase classique. Il a eu le professeur André Guex qui prônait la non-fiction, c’est-à-dire des documentaires avec une écriture réaliste, lui-même avait écrit "Le pilote des glaciers". Ce professeur lui a coupé son élan de créativité. Le choc fut violent. Malgré le climat de discipline et de respect des professeurs qui régnait à l'époque, à deux reprises ils ont failli se taper. André Guex a dissipé les encouragements de Pierre Ansermoz. Etienne Delessert en a déduit que si l'écriture devait reproduire uniquement le réel, alors il communiquerait visuellement.
00:04:46 – 00:06:53 (Séquence 5) : L'interviewer demande à Etienne Delessert ce que représentait pour lui l'art visuel à l'époque de son adolescence à Lausanne. Il répond qu'il avait une passion pour les affiches, qu'il voyait en rentrant de l'école. C'était une grande période pour le graphisme : Leupin, Donald Brun, Müller-Brockmann, Hoffmann, Piatti. Ces derniers, avec la revue suisse "Graphis", ont représenté son école. Il avait commencé à 14 ans à lire cette revue. En raison de cette passion, sa mère lui avait offert un livre de Steinberg, le seul publié par Gallimard et le premier publié en Europe. Steinberg l'a beaucoup marqué. Au début, Steinberg était plus caricatural, et par la suite il a fait un portrait psychologique de l'Amérique. Il est devenu le plus grand peintre des villes des Etats-Unis. Ce qui l'intéressait dans le travail de Steinberg résidait dans la présence et le renouvellement d'idées et de concepts. Il ne dessinait pas simplement un paysage, mais il le choisissait pour sa signification.
00:06:57 – 00:08:51 (Séquence 6) : L'interviewer rappelle qu'Etienne Delessert a travaillé pendant trois ans chez le Graphiste Maffei. Il n'a pas voulu faire les beaux-arts. Il dit qu'il voulait aller vite, il est de nature active, il ne voulait pas suivre de cours. Il a trouvé un studio de graphisme à Lausanne, Maffei, qu'il avait découvert deux ans auparavant, avec une affiche que son interlocuteur, Bertil Galland, avait commandée pour le soixantième anniversaire de Gustave Roud. A l'époque, ils ne se connaissaient pas encore. Il s'est très vite bien entendu avec le patron de Maffei, et il a voulu travailler à plein temps. Il ne voulait pas suivre la journée de cours officielle prévue dans le cadre d'un apprentissage. Il a commencé par coller des textes qui apparaissaient dans le 24 Heures, à l'époque "La Feuille d'avis de Lausanne". C'était un travail pratique qui appelait des responsabilités, ce qui est la meilleure école. Il a ensuite adopté cette démarche avec ses collaborateurs de Carabosse.
00:08:56 – 00:10:31 (Séquence 7) : L'interviewer, Bertil Galland, explique qu'il a rencontré Etienne Delessert par l'intermédiaire de Marcel Regamey. Etienne Delessert dit connaître Regamey depuis l'enfance. Son père était un pasteur très libéral. Il se souvient des discussions philosophiques entre son père et Regamey, dans la maison de ce dernier, la Cabolette à Epalinges. Ses parents louaient un appartement tous les étés dans la maison de Regamey. Ils se promenaient dans les bois du Jorat. Ils allaient à Peney-le-Jorat, le lieu d'origine de sa famille depuis 1636. Sa famille est arrivée en Suisse avec Calvin, au moment où les huguenots quittaient la France. Actuellement, depuis la mort de sa mère, il y passe beaucoup de temps.
00:10:36 – 00:11:03 (Séquence 8) : L'interviewer, Bertil Galland, explique qu'au moment de concevoir graphiquement la nouvelle maison d'édition "Les Cahiers de la Renaissance vaudoise", Marcel Regamey a pensé à Etienne Delessert. C'est ainsi qu'ils ont commencé à travailler ensemble, Galland et lui. Etienne Delessert explique que ce fut son premier travail graphique d'importance, il avait fait jusque-là des couvertures de magazines. Marcel Regamey était préoccupé par le fait qu'il ne poursuive pas ses études, pourtant il l'a toujours suivi.
00:11:08 – 00:12:11 (Séquence 9) : Etienne Delessert dit que, par le biais du travail pour les Cahiers de la Renaissance vaudoise qu'il faisait à côté de son apprentissage, il a rencontré plusieurs écrivains : Chappaz, Chessex, Bouvier, Voisard. Des écrivains formidables qui sont passés ensuite des Cahiers aux Editions Bertil Galland, et qui ont dominé la littérature suisse romande. Bertil Galland a réussi à montrer aux écrivains et au public suisse romand que ce n'était pas nécessaire d'aller à Paris et que c'était possible d'avoir une audience en Suisse. Ces écrivains étaient amis de François Nourissier qui est devenu un de ses grands amis. Son contact avec les écrivains s'inscrivait parfaitement dans sa manière de penser et de travailler.
00:12:16 – 00:12:51 (Séquence 10) : Etienne Delessert explique qu'à 21 ans, il est devenu indépendant et est allé à Paris. Il avait pu constituer un dossier avec son travail d'apprentissage et ce qu'il avait fait en plus pour le soumettre à des agences publicitaires. Il était graphiste, et non quelqu'un qui dessinait.
00:12:56 – 00:13:53 (Séquence 11) : Etienne Delessert indique que les graphistes suisses étaient très bien accueillis à Paris. La scène graphique de la capitale était dominée par quatre ou cinq personnages. Il y avait Peter Knapp, directeur artistique de "Elle". Par son travail et celui de la rédaction, il a changé la perception que les femmes avaient d'elles-mêmes, de leurs maris, de leurs enfants, de la société et de leurs maisons. Preuve que les graphistes pouvaient avoir un impact social important. "Elle" avait changé les mœurs de la France, et même de l'Europe, puisque le travail des Français avait une grande résonance, plus grande qu'aujourd'hui.
00:13:59 – 00:15:04 (Séquence 12) : Etienne Delessert dit être intéressé, dans le domaine visuel, par les auteurs, ceux qui appuient le talent d'expression visuelle par une recherche d'idées. La communication visuelle se fait dans différents domaines : en typographie, en photographie, par le dessin. Elle permet d'exprimer la personnalité de l'auteur et ses sentiments, ses états d'âme. Parmi les peintres, il se sent proche de Paul Klee, et aussi de Soutter et d’Auberjonois.
00:15:11 – 00:16:57 (Séquence 13) : L'interviewer demande à Etienne Delessert s'il y a un art plus noble, celui des peintres d'atelier, et une autre moins noble, celui mêlé à la publicité et à la presse. Il répond que non. A 21 ans, il a réalisé qu'il n'y avait pas d'art pur et d'art commercial. Il y a les bonnes et les mauvaises images. Dans les galeries, il y a aussi de mauvaises peintures. Dans les journaux comme le "New York Times", on peut trouver une image qui marque les esprits. Dans son travail, il passe sans problème d'un domaine à l'autre, le dessin publicitaire, les affiches, les livres pour enfants ou les dessins pour des expositions. Cette manière de travailler lui permet de mieux s'exprimer.
00:17:05 – 00:19:33 (Séquence 14) : Etienne Delessert dit qu'à Paris, le Suisse Frutiger a révolutionné la typographie avec l'Helvetica, avec laquelle a été refaite la signalétique du métro. Un autre Suisse, Hollenstein, était arrivé à Paris en faisant de l'auto-stop dix ans avant Delessert. Hollenstein dirigeait une équipe de 100 personnes qui faisaient des compositions typographiques pour des magazines. Etienne Delessert a travaillé avec lui. Chez Hollenstein, il a connu une dessinatrice, Eleonore Schmid qui l'a accompagné ensuite à New York. Chez Hollenstein, il a travaillé comme directeur artistique pour le lancement de nouveaux magazines, comme il l’avait fait pour "Les Cahiers de la Renaissance vaudoise". Pour le lancement des Cahiers, il avait réfléchi à l'image de la maison d'édition. Il a repris le même principe pour la préparation des magazines : le "numéro 0", dans lequel on définit la mise en page, l'image et la collaboration avec les artistes, les photographes. Il a invité de grands dessinateurs français de l'époque qu'il admirait: Alain Le Foll, Folon, Topor, André François. Leur manière de travailler l'a inspiré et lui a donné envie de dessiner lui aussi. Ils prenaient toute l'information d'un texte et la concentraient en une image, cette démarche a déterminé sa manière de penser.
00:19:42 – 00:21:17 (Séquence 15) : Etienne Delessert dit qu'après trois ans et demi passés à Paris, il est parti pour New York. Il avait vu des livres pour enfants de Tomi Ungerer, Maurice Sendak et Domenico Gnoli dans un magasin américain, Brendano’s, à l’avenue de l’Opéra. Il a réalisé qu'il avait envie de raconter des histoires par des images, plutôt que de condenser les informations en une seule image, comme on le faisait dans le travail publicitaire et les dessins éditoriaux. Il a voulu devenir l'auteur de livres pour enfants. A l'époque, sauf Delpire, aucun éditeur ne produisait de livres pour enfants de qualité. Delpire sortait tous les deux ou trois ans un livre d'André François ou de Le Foll. C'est pour cette raison qu'il est parti aux Etats-Unis. Le fait d'y aller a été un mouvement de carrière normal, il était parti de Suisse pour Paris, avant de partir pour New York.
00:21:26 – 00:24:04 (Séquence 16) : Etienne Delessert dit qu'il est arrivé à New York sans parler anglais, il avait juste appris quelques phrases. Il raconte une anecdote liée à ses débuts en anglais. Il a contacté diverses personnes pour obtenir du travail, notamment Greta Davis aux Editions Time–Life, qui était belge et parlait français. Elle l'a beaucoup aidé et lui a donné du travail. Il a travaillé pour des grands magazines, Fortune Magazine, Redbook, McCall’s. Le travail au début se concentrait principalement sur du dessin de presse, alors qu'il voulait faire des livres pour enfants. Il explique que les dessins des journaux américains n'ont pas d'équivalent en Europe. Ils ne sont ni des caricatures, ni des bandes dessinées, mais des portraits, des interprétations, de belles œuvres d'artistes comme Ben Shahn, Steinberg. Ces artistes avaient envie d'intervenir dans la vie de la cité. Ben Shahn était très engagé politiquement. Ce sont des dessins conceptuels qui lui ont permis de rejoindre les enseignements d'Ansermoz, son professeur du collège classique. Sa fantaisie avait d'abord été encouragée par sa mère et ensuite par son professeur. Il a pu l'appliquer à des livres.
00:24:13 – 00:24:40 (Séquence 17) : Etienne Delessert dit avoir réalisé des livres pour enfants. Il répond aux critiques de ce choix en affirmant qu'ils représentent le meilleur public. Le meilleur âge se situe entre trois et sept ans, après tout se gâte à l'école. Plus les personnes vieillissent, plus elles deviennent sottes. Elles apprennent à penser d'une certaine manière, elles sont pleines de préjugés. Une situation actuellement évidente aux Etats-Unis, où l'administration fait accepter les pires mensonges.
00:24:50 – 00:26:02 (Séquence 18) : Etienne Delessert dit avoir écrit ses deux premiers livres pour enfants avec Eleonore Schmid chez un petit éditeur Quist. Elle a signé le premier, "L'Arbre", et son vrai premier livre d'auteur a été "Sans fin, la fête", l'histoire d'une arche de Noé. Il adorait dessiner des animaux. Le livre a été repris, copié et piraté dans le monde entier, car ses animaux avaient une âme. Le livre racontait une histoire complètement laïque. Il pense que cette aventure, un grand phénomène de la nature, a dû survenir et être expliquée ensuite par les structures religieuses.
00:26:12 – 00:27:48 (Séquence 19) : L'interviewer cite une description d'Etienne Delessert donnée par Ionesco. Il explique qu'il travaillait avec un petit éditeur, Harlin Quist, un Don Quichotte qui est entré dans l'histoire de l'édition. L'éditeur après son premier livre lui a proposé d'illustrer des textes d'autres auteurs. Il lui a proposé de lui apporter un texte de Ionesco ou de Beckett. Une semaine après, Harlin Quist est parti pour Paris rencontrer Ionesco et l'a convaincu de lui donner quatre textes. Ce sont des histoires que Ionesco racontait à sa fille, ou que sa fille lui racontait quand elle était petite. Ces histoires sont très proches de ses premières pièces de théâtre, elles partagent la même absurdité, le même imaginaire.
00:27:59 – 00:29:30 (Séquence 20) : Etienne Delessert explique qu'avec Sendak et Tomi Ungerer, ils ont cassé les règles anciennes de la littérature pour enfants illustrée. Sendak pouvait ainsi remonter à ses origines juives et à son mal de vivre. Tomi Ungerer avait une grande impertinence dans ses histoires. Etienne Delessert a voulu montrer que dans un livre pour enfant, on pouvait tout dire. Le même livre pouvait aussi être lu de manières différentes par les enfants et les adultes. Les livres avaient du succès et il a cherché quelqu'un qui puisse l'encourager dans ses démarches. Ainsi, il a été amené à travailler avec Jean Piaget, avec le livre "Comment la souris reçoit une pierre sur la tête et découvre le monde".
00:29:42 – 00:31:23 (Séquence 21) : Etienne Delessert explique qu'il ne connaissait pas Piaget. Il avait lu un article de lui dans le magazine du "New York Times". Il a pensé que Piaget pouvait lui dire si sa démarche avec les livres pour enfants était juste, si ses ambitions ne trahissaient pas le public. Il a pris rendez-vous et ils se sont rencontrés. Lors de l'entretien, il a réalisé que Piaget ne s'était jamais posé la question de savoir comment les enfants interprètent les images d'adultes. Piaget s'est penché sur la question et a soumis aux élèves de Suisse romande une histoire qu'il lui a envoyée. Piaget et son assistante Mosimann ont interrogé ensuite les élèves. C'est ainsi qu'est né son livre avec Piaget qui explique comment un enfant de cinq ou six ans découvre les phénomènes de la nature. Ils ont réalisé que la perception des enfants était très proche des légendes africaines et sud-américaines.
00:31:35 – 00:32:39 (Séquence 22) : Etienne Delessert explique que son livre avec Piaget a eu un grand retentissement. Ceci l'a amené à se poser la question de l'importance d'un livre pour enfants. Le livre était différent, ils avaient fait des tests, ils avaient étudié le concept du livre avec des enfants. Les éditeurs et les auteurs ont eu peur que ce livre devienne un modèle à suivre, ce qui n'a pas été le cas. Lui-même, par la suite, a fait des travaux différents. Ce livre montrait l'importance des contenus des textes, des paraboles, des fables presque politiques ainsi que l'importance de la beauté des images. Il réalise maintenant que ses livres ont marqué des personnes. Le public des enfants, jusqu'à sept ou huit ans, est très sensible et ouvert. Les enfants analysent chaque détail de l'image pour la reformer dans son ensemble, alors que les adultes regardent l'ensemble pour aller vers le détail.
00:32:52 – 00:34:02 (Séquence 23) : L'interviewer fait un inventaire du succès d'Etienne Delessert. Il lui demande quel livre il a apprécié pendant son enfance. Il répond qu'il avait aimé les albums du Père Castor, avec des histoires d'animaux simples mais pleines d'émotions. Le livre était illustré par Rojankovsky, un peintre qui l'a influencé.
00:34:15 – 00:35:34 (Séquence 24) : Etienne Delessert dit avoir perdu sa mère naturelle à sa naissance et il a rencontré celle qui est devenue sa mère à deux ans et demi. Elle a développé son imagination, par la lecture et aussi par l'invention de pièces de théâtre qu'ils jouaient ensemble. Enfant, il avait un grand contact avec la nature, non seulement dans la maison de Regamey, la Cabolette, mais aussi dans le Jorat. Son père avait une grande connaissance des arbres et animaux. Son affection pour les animaux et la nature vient de son enfance. Il a eu une enfance heureuse, sans problème avec son père et sa mère.
00:35:48 – 00:36:11 (Séquence 25) : L'interviewer souligne une antithèse entre les personnages nés de l'imaginaire et la précision de détails des dessins d'Etienne Delessert. Il explique que ses dessins se rapprochent de ceux de Bosch. La mise en scène exige une précision pour qu'elle ait un certain poids. Dans d'autres dessins, comme ses "Prophètes et charlatans", les portraits imaginaires sont laissés plus libres, menaçants et inquiétants.
00:36:25 – 00:36:44 (Séquence 26) : Etienne Delessert dit être rentré en Suisse en 1972 pour des raisons familiales. Il avait connu dans son travail avec Piaget, Anne Van Der Essen qui a quitté son mari pour s'installer avec lui. Elle avait deux enfants petits, et il était indispensable qu’ils puissent voir leur père. Il ne serait pas revenu autrement.
00:36:59 – 00:37:56 (Séquence 27) : Etienne Delessert explique que l'émission américaine "Sesame Street", qui avait un grand succès aux Etats-Unis et dans le monde entier, lui avait demandé de produire des films. Avec Anne Van Der Essen, ils ont décidé de créer leur propre studio de création pour ces films, qui s'est appelé "Carabosse". Ils ont produit des films pour enfants, des films pour la télévision, les films de son personnage Yok Yok pour la campagne publicitaire de la marque d'eau Evian, ainsi que pour des films médicaux. Le studio est passé de 4 à 50 personnes. Il s'est retrouvé à la tête d'une structure complète avec les difficultés et les problèmes relationnels que ça implique.
00:38:11 – 00:38:54 (Séquence 28) : Etienne Delessert dit avoir été patron et père de famille de l'entreprise "Carabosse", avec tous les problèmes que cela comportait, même si tout s'est bien passé. Ils ont travaillé sur un long métrage jamais terminé, Supersaxo, une adaptation du "match Valais-Judée" de Maurice Chappaz, un livre superbe. Il avait assisté à la lecture d'un chapitre du livre faite par Chappaz avant la publication du livre. Il avait tout de suite réalisé que le livre se prêtait à devenir un film.
00:39:10 – 00:40:30 (Séquence 29) : Etienne Delessert explique qu'à côté de son studio "Carabosse", il avait les "Editions Tournesol". Le travail d'animation, bien qu'il permette de donner vie à des personnages, est long et ennuyeux. La maison d'édition lui a permis de publier des livres de divers auteurs, certains étaient des collaborateurs de "Carabosse", comme Monique Félix et John Howe. Il avait découvert également Roberto Innocenti, un formidable dessinateur italien, qui avait créé Rose Blanche et qu'il a publié. Il a toujours eu de l'intérêt pour le travail des autres. Il ne sait pas si c'est une qualité ou un défaut. Il a l'impression que ce serait plus confortable de ne rien connaître, comme un artiste d'art brut. Avec une vaste culture picturale, il y a à la fois l'envie d'originalité et l'absorption du travail des autres.
00:40:46 – 00:41:28 (Séquence 30) : L'interviewer rappelle qu'Etienne Delessert a coupé les ponts avec l'Europe et est retourné aux Etats-Unis. Il explique qu'il avait eu un problème avec un film qu'il n'arrivait pas à finir avec son studio, un problème lourd. Aussi, il devait se refaire une santé. Il a voulu recommencer avec "un pinceau et un crayon". Entre temps, il a connu la femme de sa vie, Rita Marshall, une formidable graphiste d'édition. Elle était venue en Suisse pour le rejoindre, et elle serait restée, mais c'est lui qui a insisté pour partir. Ils ont recommencé à zéro, à Lakeville dans le Connecticut près de New York. L'endroit est en pleine nature, dans de beaux paysages semblables à ceux de la Suisse.
00:41:45 – 00:42:51 (Séquence 31) : Etienne Delessert explique que dans leur nouvelle maison aux Etats-Unis, Rita Marshall et lui, comme dans une cellule monacale, ont commencé par travailler les deux à la même table. Actuellement, ils ont chacun leur studio. Il aimait travailler avec elle, l'entendre parler à ses collaborateurs. Elle est directrice de création d'une grande maison d'édition, elle organise la production graphique de 100 à 120 titres par an, qui sont parmi les plus beaux aux Etats-Unis. Elle a apporté à son travail un côté presque européen, de fantaisie, de typographie classique mais toujours différente et dans leur mise en scène.
00:43:08 – 00:43:52 (Séquence 32) : Etienne Delessert dit avoir une grande admiration pour Rita Marshall, qui est à la fois une grande créatrice, une mère de famille et la femme d'un mari pas tout simple. Ils vivent dans une grande maison victorienne en bois. Elle a une émotion pour les gens et les choses qui touche Etienne Delessert.
00:44:09 – 00:44:53 (Séquence 33) : L'interviewer rappelle qu'Etienne Delessert a fait une série de peintures de sa femme Rita Marshall. Il explique qu'il a commencé à faire des peintures sur des thèmes tout en continuant à travailler sur les livres pour enfants et des dessins éditoriaux. Pour ses expositions, il choisit un thème, par exemple les oiseaux de proie, les anges ou une représentation idéale de comment il souhaiterait que les anges soient s'ils existaient. Il a travaillé aussi à l'aquarelle.
00:45:10 – 00:45:35 (Séquence 34) : Etienne Delessert dit avoir appris lentement à dessiner à ses 20-21 ans. Il n'avait aucun talent ou vocation particulière. A ses 16 ans, il avait fait le choix de son orientation professionnelle, il voulait faire de la communication visuelle. C'est à ce moment qu'il a appris les techniques. Il aurait pu choisir une autre voie professionnelle.
00:45:53 – 00:46:19 (Séquence 35) : L'interviewer dit qu'Etienne Delessert représente souvent des animaux humains et des hommes monstrueux. Il explique que le monde actuel est par moment oppressant ou enrageant. Il préfère se consacrer aux livres pour enfants. S'il devait faire la critique du monde tel qu'il le voit aux Etats-Unis, elle serait d'une telle férocité qu'à la longue ça lui pèserait.
00:46:37 – 00:47:04 (Séquence 36) : Etienne Delessert dessine le plus souvent à l'aquarelle, une technique qu'il a affinée au fil des années. Il commence par mettre des touches de couleurs au pinceau, très sèches. Ensuite, il mouille un mouchoir et le frotte sur les couleurs, ce qui lui permet de créer des flous, d'égaliser les couleurs. Le résultat est comme la surface d'une crème brûlée vaudoise.
00:47:23 – 00:47:59 (Séquence 37) : Etienne Delessert dit que dans son œuvre, il y a une grande cohérence, ce que certaines critiques ont aussi remarqué, entre ses premiers dessins et ses dernières peintures à l'aquarelle ou l'acrylique. Une cohérence qui s'est exprimée aussi dans les thèmes. Il a l'impression de s'être montré tel qu'il a été, d'avoir montré l'existence d'un homme qui a passé d'un continent à l'autre et qui a réagi aux problèmes sociaux, et qui a su trouver un grand amour avec sa femme Rita.
00:48:18 – 00:49:26 (Séquence 38) : Etienne Delessert présente une série de ses œuvres : un portrait d'Aaron Copland pour le "New York Times", Yok Yok, personnage de film et de livres, "Qui a tué Rouge-Gorge ?" livre pour enfants, "Prophètes et charlatans", paysage du lac de Lakeville, dessin éditorial du "New York Times", un de ses anges, "Un pas de trop" une sculpture à la Villa Reuge à Sainte-Croix.
00:49:46 – 00:50:09 (Séquence 39) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Etienne Delessert, artiste graphique, et tourné à Pully le 6 octobre 2006. L'interlocuteur est Bertil Galland.
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