Pierre-Alain Tâche (Poète et magistrat)

  • français
  • 2008-09-12
  • Durata: 00:47:08

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Descrizione

Malgré des dispositions littéraires reconnues et encouragées par son professeur de gymnase André Guex, P.-A. Tâche choisit le Droit à l'Université de Lausanne. Avocat, puis juge au Tribunal Cantonal en 1981, il assumera cette charge jusqu'en 2002. Parallèlement, il fructifie l'intériorité propice à la création, attentif à deux mots-clés de sa poésie: l'instant et le lieu. Avec sensibilité et subtilité il parvient à nous faire entrer dans son univers poétique. La chance favorise le jeune poète d'alors: la reprise des "Cahiers de la Renaissance vaudoise" par Bertil Galland qui publie son premier recueil "Greffes", le lancement de la "Petite collection Payot" dirigée par Jean Hutter et sa nomination à la rédaction de la "Revue de Belles-Lettres", qui lui permettra d'entrer en contact avec les poètes français qu'il admire.

00:00:00 – 00:00:09 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Pierre-Alain Tâche, poète et magistrat, et tourné à Lausanne le 12 septembre 2008. L'interlocuteur est Charles Sigel.
00:00:09 – 00:00:57 (Séquence 1) : L'interlocuteur et Pierre Alain Tâche sont installés dans la véranda. Pierre-Alain Tâche explique que le poète est autant un homme d'extérieur qu'un homme d'intérieur : il va au-devant des choses puis se penche sur ce qu'il a recueilli. Lui-même a été deux fois un homme de cabinet, car dans son métier d'avocat et de juge puis dans celui de poète, il a passé son temps entre quatre murs. Les deux hommes vont rejoindre l'intérieur de la maison.
00:00:57 – 00:01:05 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Pierre-Alain Tâche, poète et magistrat, et tourné à Lausanne le 12 septembre 2008. L'interlocuteur est Charles Sigel.
00:01:06 – 00:03:31 (Séquence 3) : Pierre-Alain Tâche a poursuivi ses activités professionnelles et artistiques parallèlement. Il n'était pas prédisposé par sa famille à suivre une carrière de juge ni celle de l'écriture. Son père est issu d'une famille paysanne composée de 11 frères et sœurs. Ses grands-parents étaient fermiers, ils avaient un petit domaine à Attalens dans le district de la Veveyse dans le canton de Fribourg. Son grand-père maternel était chef de train. Sa mère est originaire de Vallorbe. La famille comptait trois enfants. Aucun n'a eu l'occasion d'accéder à des études secondaires. Pierre-Alain Tâche souligne que son père a tout fait, tout seul. Il a commencé à travailler comme garçon de courses dans une pharmacie à Vevey, puis il a été engagé à Lausanne dans une pharmacie de la place de la Palud. Il y est resté jusqu'à la fin des années 1940. Comme il avait suivi quelques cours de chimie, il a ensuite été engagé comme représentant dans une entreprise de produits pharmaceutiques dont il a repris la direction à la fin de sa vie.
00:03:32 – 00:04:11 (Séquence 4) : Pierre-Alain Tâche est le premier membre de sa famille à avoir suivi des études universitaires. Il souligne qu'il n'était pas courant de poursuivre un parcours académique. Il se souvient de sa première journée au collège classique cantonal, il avait 10 ans. Sa mère avait souhaité qu'il s'habillât bien, cependant il ne portait pas la même tenue vestimentaire que l'ensemble de ses camarades et ceux-ci l'ont regardé d'un air condescendant.
00:04:13 – 00:05:03 (Séquence 5) : Pierre-Alain Tâche n'a pas eu immédiatement un goût pour la littérature. Il lisait la même littérature que les enfants de son âge : les bandes dessinées et Tintin. Il aimait beaucoup Alexandre Dumas. Il a découvert la littérature et la poésie à l'adolescence. Pierre-Alain Tâche est né en 1940. Dans cette période, il n'y avait pas une ouverture au monde et il pense que ce contexte l'a conduit à une certaine intériorité.
00:05:06 – 00:06:53 (Séquence 6) : Dans la famille de Pierre-Alain Tâche, il y avait peu de livres. Ses parents avaient acquis un volume des "Soliloques du Pauvre" de Rictus et illustré par Steinlen. La relation avec les plasticiens a marqué la vie de Pierre-Alain Tâche. Il a commencé à lire la poésie à l'adolescence. Elle était étudiée en classe et son champ couvrait de Villon à Baudelaire. A cette époque, Pierre-Alain Tâche a aussi découvert Rimbaud. Le langage fermé des "Illuminations" ne le dérangeait pas. Il pense qu'il est normal d'avoir une part d'hermétisme dans la poésie car elle permet de faire travailler l'imaginaire.
00:06:56 – 00:07:19 (Séquence 7) : La poésie de Pierre-Alain Tâche a évolué : elle est devenue moins hermétique. A ses débuts, il n'était pas gêné par cette fermeture mais il pense qu'il doit se diriger vers la simplicité.
00:07:23 – 00:09:37 (Séquence 8) : Pierre-Alain Tâche a exercé le métier d'avocat puis celui de magistrat. En sortant du gymnase, il ne savait pas quelle voie choisir, mais par élimination des branches scientifiques et des lettres, il s'est dirigé vers le droit. Il n'a pas regretté son choix. Ses études ont été formatrices pour l'esprit et lui ont donné une liberté. La voie juridique et son travail d'écriture étaient deux directions différentes. Il devait faire le grand écart entre deux systèmes de pensée et deux langages différents. Il n'y avait cependant aucune interférence entre ces deux domaines. En comptant son stage, il a pratiqué le barreau pendant 10 ans. Il a exercé son métier de magistrat au Tribunal cantonal du 1er janvier 1981 au mois de juin 2002.
00:09:42 – 00:11:04 (Séquence 9) : Pierre-Alain Tâche n'était pas totalement satisfait de son métier d'avocat. Il s'est rendu compte qu'il aimait davantage peser les affaires et écouter les défenses. C'était pour lui un jeu de gagner et de défendre une cause en partie indéfendable. Il a exercé la magistrature pendant 21 ans et demi. C'était une activité variée : il a présidé toutes les cours du Tribunal cantonal tant au civil qu'au pénal. Il en a également assumé la présidence pendant 2 ans.
00:11:09 – 00:12:18 (Séquence 10) : Pierre-Alain Tâche a mené une sorte de double vie. La semaine, il habitait Lausanne. Il divise sa vie en deux : la part professionnelle qui faisait partie du domaine de la raison et la part de l'écriture qui était du domaine de l'imaginaire. Il pense que la poésie est une attitude de vie. Il a vécu dans des courants parallèles avec le sentiment de pouvoir passer d'une réalité à l'autre.
00:12:23 – 00:13:31 (Séquence 11) : Pierre-Alain Tâche a une maison à Lausanne et une habitation en Valais. Son jardin de Lausanne est un endroit fondateur : un de ses recueils s'intitule "Le jardin du midi" dans lequel il fait allusion à son petit jardin de Lausanne. Il a eu le sentiment que l'accès à ce petit bout de jardin, de nature, lui offrait l'accès à l'univers entier. Le Val d'Anniviers est pour Pierre-Alain Tâche la découverte de la verticalité, la force du rocher, le bleu du ciel que Maurice Chappaz caractérise de ciel bleu cognac. Il pense que sans ce lieu, qu'il compare au Tibet, il n'aurait jamais pu tenir le coup.
00:13:36 – 00:15:26 (Séquence 12) : Pierre-Alain Tâche est invité à parler des personnes qu'il a côtoyées. Sa première rencontre décisive a été celle d'André Guex au Gymnase de Lausanne. Il était son professeur de français. Celui-ci a favorisé et encouragé son écriture. Il a aussi rédigé la préface de son premier livre : c'était des poèmes d'adolescent. Pierre-Alain Tâche ne renie pas ses écrits de jeunesse. Il pense qu'il faut avoir beaucoup de chance dans la vie pour s'en sortir bien. L'appui d’André Guex est arrivé au moment où Bertil Galland cherchait à développer les "Cahiers de la Renaissance" et à leur donner une orientation littéraire. Il en avait pris la responsabilité dans les années 1950. Le premier recueil de Pierre-Alain Tâche "Greffes" a été le premier livre qui entrait dans la ligne de ce projet. Il reconnaît avoir eu de la chance : il avait une maison d'édition et quelqu'un croyait en lui.
00:15:31 – 00:15:57 (Séquence 13) : Après le recueil "Greffes", Pierre-Alain Tâche a publié "Ventre des fontaines" en 1968 aux éditions "L'Age d'Homme". Le lancement de la "Petite collection Payot" dirigé par Jean Hutter fut une chance pour lui, une carte de visite. Il entrait dans une collection où la plupart des poètes, qu'il aimait, étaient représentés.
00:16:03 – 00:17:12 (Séquence 14) : Pierre-Alain Tâche a rencontré Jacques Chessex par le biais de la société d'étudiants, Belles-Lettres. Il y est entré en 1961. Jacques Chessex lui a fait comprendre que la littérature était quelque chose de sérieux et qu'elle nécessitait un total engagement de la personne. Il lui en est reconnaissant. Ecrire de la poésie est une manière de regarder le monde : cette activité nécessite de lire, d'avoir des contacts. La poésie doit engager la personne dans la durée car cela implique de creuser au fond de soi.
00:17:18 – 00:18:08 (Séquence 15) : Le nom de Pierre-Alain Tâche est souvent associé à ceux de Gustave Roud, de Cingria, ou de Jaccottet. Gustave Roud a été une figure tutélaire : les jeunes poètes traversaient Carrouge pour lui rendre visite et recevoir ses conseils. Pierre-Alain Tâche a passé des instants magnifiques. Il a honte de l'avoir dérangé, il n'avait pas grand-chose à lui dire. Gustave Roud était un poète à temps plein.
00:18:14 – 00:19:46 (Séquence 16) : Pierre-Alain Tâche est interrogé sur l'auteur Yves Bonnefoy. Pierre-Alain Tâche l'a découvert à travers son livre "L'arrière-pays". Il a eu une influence sur son travail : il l'a rendu attentif à la question du lieu. Il souhaite lire les premières lignes qui montrent une problématique importante sous-jacente à son travail. Ces premières lignes, il les a vécues et éprouvées lors de voyages. Cet auteur l'a conduit à prendre en compte l'environnement qui l'entoure.
00:19:52 – 00:21:46 (Séquence 17) : La revue romande de "Belles-Lettres" a tenu une place importante dans la vie de Pierre-Alain Tâche. Il a évoqué précédemment la figure de Jacques Chessex. Il souhaite parler de Jean Pache qui l'a précédé en tant que rédacteur. Pierre-Alain Tâche a repris la direction de cette revue de 1965 jusqu'en 1967 alors qu'elle était encore une revue d'étudiants. Notamment avec Bernard Christoff et Jacques Chessex, ils ont cherché à changer le ton de la revue. Il se souvient avoir préparé un numéro sur Charles-Albert Cingria. Ensuite, pour des raisons diverses, il a dû abandonner la rédaction. Florian Rodari et Rainer Michael Mason lui ont demandé de participer au comité de rédaction. Pierre-Alain Tâche a rejoint à nouveau le projet entre 1971 et 1988. La revue avait pris son envol et elle était devenue une vraie revue de poésie. Il a eu l'occasion d'être en contact avec des poètes qu'il admirait à l'époque : il a par exemple collaboré avec Jaccottet, il est allé le voir à Grignan. Il a rencontré Jacques Réda qui, plus tard, l'a invité à collaborer à la NRF, la Nouvelle revue française. Il a rencontré des personnes comme Pierre Oster ou Jean-Pierre Lemaire, qui sont devenus des amis. Tout un réseau s’est constitué qui ne s'est jamais vraiment démonté.
00:21:53 – 00:23:43 (Séquence 18) : Pierre-Alain Tâche est interrogé sur ses rencontres en poésie. En Suisse romande, il y a un milieu de poètes constitué d'Anne Perrier, de Pierre Chappuis, de Pierre Voélin et de Frédéric Wandelère. On lui demande s'il participe à cet esprit et s'il se sent proche d'eux. Ces gens participaient à l'aventure de la revue de Belles-Lettres. Ce sont également des amis. Pierre-Alain Tâche est ensuite entré en contact avec la poésie française de France. Il pouvait collaborer avec des gens qu'il admirait et c'était quelque chose de nouveau. Il lui paraissait naturel d'avoir des liens avec des poètes d'ici comme Anne Perrier ou Pierre Chappuis car il se trouvait dans le même coin de pays. Il ne pense pas qu'ils voyaient cependant le monde de la même manière. Leur point commun était de vivre une expérience poétique en Suisse.
00:23:51 – 00:24:52 (Séquence 19) : Pour Pierre-Alain Tâche, l'introspection caractérise certaines poésies romandes. Il cite l'exemple d'Alexandre Voisard qui a une écriture plus extravertie. Maurice Chappaz a une part d'introspection mais aussi une part extravertie. L'écriture de Pierre-Alain Tâche a aussi une ouverture vers le monde. Il n'apprécie pas le mot paysage.
00:25:00 – 00:27:38 (Séquence 20) : Pierre-Alain Tâche a l'habitude d'insérer des exergues dans ses livres. L'interlocuteur cite une phrase de Pierre Reverdy : "la poésie n'est en rien ni nulle part, c'est pourquoi elle peut être mise en tout et partout". Pierre-Alain Tâche ajoute que la poésie est partout où l'on veut bien qu'elle soit. Il pense qu'il n'y a pas de séparation. Il cite une remarque de François Cheng qui dit que chaque scène qui est unique en elle-même devrait fournir l'occasion de voir l'univers, comme pour la première fois, comme au matin du monde. Pierre-Alain Tâche considère que le poète est celui qui veut vivre deux fois. Il explique la notion de l'instant en poésie.
00:27:47 – 00:29:37 (Séquence 21) : Pierre-Alain Tâche est un mélomane et un marcheur. Sa poésie est celle de la marche. Schubert évoque les balades rêveuses mais il a des difficultés à conclure ses œuvres : le propos est traité indéfiniment dans la balade. Cette musique correspond à Pierre-Alain Tâche, elle lui ressemble, ce n'est cependant pas celle qu’il préfère. Les œuvres de Pierre-Alain Tâche et celles de Schubert n'ont pas le même souffle : les unes se concluent, les autres n'en finissent pas de finir. Il y a chez Schubert une liberté et une légèreté irremplaçables. Une symphonie de Schumann est trop forte pour la promenade. Pierre-Alain Tâche raconte comment un jour à Morges il a ressenti, avec la 3e symphonie de Schumann, un sentiment de symbiose entre la musique et la marche.
00:29:46 – 00:32:28 (Séquence 22) : Pour la marche en montagne, Pierre-Alain Tâche songerait à un répertoire musical rugueux et démonstratif comme celui de Mahler. Dans son recueil "Buissons ardents", Pierre-Alain Tâche dit marcher autant pour fuir que pour forcer le salut. Lors de son écriture, il pense qu'il cherchait à se dérober des piles de dossiers de son travail professionnel. L'interlocuteur l'interroge sur un autre extrait du "Ventre des fontaines" : "ainsi vais-je au-devant des mots, je m'égare… mais je ne puis abolir l'atroce devoir d'aller plus haut". Pierre-Alain Tâche explique que c'est une allusion à Pétrarque et à sa description du périple de l'ascension du Ventoux. Le "Ventre des fontaines" évoque la fontaine de Vaucluse. Dans son texte, il fait un parallèle entre une montée en Valais et celle évoquée dans le texte. L'expérience de Pétrarque a quelque chose d'atroce : il ressent de la crainte et il est prêt à renoncer à tout moment. Pierre-Alain Tâche a une expérience sereine de la marche. Ungaretti dit que la nature ne peut apporter qu'une chose à l’individu : le rétablissement du lien entre l'éphémère et l'éternel.
00:32:38 – 00:33:57 (Séquence 23) : Pierre-Alain Tâche est interrogé sur "l'être". Il précise que Bonnefoy parlerait de présence. Il explique que c'est une unité à reconquérir et que cette notion est postromantique. Pierre-Alain Tâche n'a pas le sentiment d'être perdu dans le paysage et d'avoir, comme le dit Novalis, le paradis épars sous ses yeux. Pour exprimer son sentiment, Pierre-Alain Tâche souhaite faire référence à Pessoa dont il a mis un extrait du texte "Le Gardeur de troupeaux" en exergue de "L'état des lieux". Pessoa dit que le monde n'est pas fait pour que nous pensions à lui. Pierre-Alain Tâche pense qu'il faut apprendre à regarder le monde avec un sentiment d'accord.
00:34:08 – 00:35:26 (Séquence 24) : L'interlocuteur cite un passage du poème "L'intérieur du pays" et demande à Pierre-Alain Tâche quelle est la source évoquée dans ce texte. Il ne pourrait la citer. Pierre-Alain Tâche parle de Georges Perros qui dit qu'écrire est un acte religieux hors de toutes religions. Pierre-Alain Tâche est agnostique, il ne trouve pas directement un nom pour ce qui le dépasse. "L'épars" évoqué dans l'extrait d'un poème est comme le résidu d'une pensée antérieure qu'il faudrait dépasser pour trouver un sentiment d'accord et d'harmonie.
00:35:37 – 00:36:29 (Séquence 25) : Les allusions à l'art religieux et au sacré sont très présentes dans l'œuvre de Pierre-Alain Tâche, même s'il est agnostique. Pour Pierre-Alain Tâche il est possible d'avoir un sentiment du sacré sans le rattacher à un courant. Le sentiment du sacré est l'acceptation qu'il existe quelque chose dans le monde qui excède la compréhension. Pierre-Alain Tâche a été élevé dans un monde auquel il tient. Il a une culture religieuse et précise que ce n'est pas parce qu'il n'a pas la foi qu'il ne trouve pas admirable une église romane, des fresques de Giotto ou de Piero della Francesca.
00:36:40 – 00:36:55 (Séquence 26) : Dans un recueil qui évoque Bellil, Pierre-Alain Tâche dit avec ironie "s'exercer à brouter la ferveur, on ne peut pas être plus bêlant". Il trouvait l'image amusante et pense que dès l'instant où cela devient un acte volontaire, c'est ridicule. Il est possible de sourire aussi en poésie.
00:37:07 – 00:37:55 (Séquence 27) : L'entretien de Pierre-Alain Tâche se déroule chez lui à Lausanne. Il possède de nombreux tableaux, certains sont de son épouse Martine Clerc, d'autres Alexandre Hollan ou de Jean-Paul Berger. Ce sont des artistes avec lesquels il a travaillé. Toutes les oeuvres exposées dans la pièce où se déroule l’entretien sont reliées à des amitiés ou à l'expérience de Belles-Lettres. Il a beaucoup travaillé avec Jean-Paul Berger avec lequel il s'est notamment promené au pied du Jura. Ils portaient le même regard sur la nature.
00:38:07 – 00:40:36 (Séquence 28) : Pierre-Alain Tâche est interrogé sur la musique de ses poèmes. Selon le type de propos, il peut être conduit à écrire un mètre impair. Il n'écrit pas des vers réguliers. Si l'expression est plus ouverte sur le lyrisme, le module sera un alexandrin. Il a écrit de nombreux sonnets. Les rimes sont aussi présentes dans ses écrits, à travers l'assonance et des rythmes internes. Il pense que tout est lié à l'apprentissage de la musique. Deux expériences ont changé sa relation à la musique : sa collaboration avec Heinrich Sutermeister pour réaliser une cantate à l'occasion des 700 ans de la consécration de la cathédrale de Lausanne et la rencontre de [ Jean-Marie Oberson ]. L'un lui a appris à poser un son juste, le second lui a montré le lien entre la reprise d'un motif et de la rythmique. Grâce à lui Pierre-Alain Tâche a pu écrire de longs poèmes. Comme de manière symphonique, la phrase doit rebondir et trouver un juste développement et sa coda.
00:40:49 – 00:42:13 (Séquence 29) : Deux mots caractérisent les écrits de Pierre-Alain Tâche : lieu et instant. Une exposition consacrée à Pierre-Alain Tâche était intitulée "Une poétique de l'instant". Pierre-Alain Tâche explique que l'instant est la charnière, comme déjà évoqué auparavant, entre ce qui existe et la mémoire. Il est aussi le sentiment de notre fragilité et le sentiment possible d'une éternité. Dans le texte, "A hauteur d'instant", Pierre-Alain Tâche dit "affronter l'absolu du réel frémissant". L'instant c'est ce qui absout la durée, c’est une réflexion sur le monde comme Pessoa l'enseigne.
00:42:26 – 00:45:15 (Séquence 30) : Pierre-Alain Tâche ignore comment se passe réellement le travail d'écriture. Il sait que tout à coup une image naît. L'interlocuteur souligne qu'il y a parfois deux instants dans son écriture : le début semble tomber du ciel, tandis que la fin paraît être un travail de recomposition. Pierre-Alain Tâche évoque un livre d'Edmond Jabès dans lequel il dit que "si le monde a un sens, le livre a un sens". Pour Pierre-Alain Tâche, l'enjeu est de savoir quel est ce sens. Il explique que la réflexion est ce qui intervient au dernier moment et qui peut parfois boucler l'objet. Pierre-Alain Tâche pense qu'on ne peut pas prétendre recomposer dans un ordre nouveau. On traduit le monde à sa mesure ou à son image. Cette activité ne peut pas s'effectuer avec légèreté et sans réflexion. L'usage de la poésie diffère de la parole.
00:45:29 – 00:46:26 (Séquence 31) : Pierre-Alain Tâche considère le lieu comme tout ce qui est ailleurs et qui n'est pas à porter du regard. Bonnefoy parle des lieux qui nous sont dérobés. Pierre-Alain Tâche explique qu’il existe tout près de nous un lieu qui pourrait être celui de notre accord avec le monde. Le lieu c'est aussi l'emblème de la parole. Le chemin est une aventure intérieure.
00:46:41 – 00:46:53 (Séquence 32) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Pierre-Alain Tâche, poète et magistrat, et tourné à Lausanne le 12 septembre 2008.
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