Anne Rosat (Papiers découpés, un art heureux)
- francese
- 2009-06-18
- Durata: 00:41:08
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Descrizione
A l'âge de 21 ans, Anne Rosat s'installe aux Moulins et découvre la grande richesse de l'art des découpages du Pays d'Enhaut qui remonte au Moyen Age. Elle se laisse envahir par cette façon de raconter des histoires en reconstituant les paysages et les modes de vie de son pays d'adoption avec du papier, des ciseaux à ongles, une pince et un peu de colle. Au bout de six mois de travail, période de découvertes, de doutes et d'enthousiasme, tout un choix de ses découpages est exposé à la galerie La Vieille Fontaine à Lausanne. C'est le début de la carrière féconde d'une artiste dont les papiers découpés s'illuminent de couleurs qu'elle introduit pour exprimer sa joie de vivre. Elle nous la fait partager en évoquant son enfance en Belgique occupée, le foisonnement culturel du pays après la guerre, le déracinement et l'intégration qu'elle accomplit grâce à son «art heureux». Nous retrouvons cet optimisme dans ses engagements en faveur des enfants en difficulté au Burkina Faso, en Iran et dans son pays natal.
00:00:00 – 00:00:09 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Anne Rosat et tourné aux Moulins dans le canton de Vaud le 18 juin 2009. L'interlocutrice est Claude Langel.
00:00:09 – 00:00:52 (Séquence 1) : L'interlocutrice, Claude Langel, introduit l'entretien de son invitée Anne Rosat. Celui-ci se déroule dans le chalet familial d’Anne Rosat qui date du XVIIIe siècle et qui se situe aux Moulins, près de Château-d'Oex, face aux Monts-Chevreuils. L'habitation compte un jardin "à la bernoise" avec des allées de buis et un jardin potager. Anne Rosat est Belge, elle est née à Ferrières près de Liège dans les Ardennes. Elle passe de nombreuses heures dans son atelier et effectue des découpages.
00:00:53 – 00:00:59 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Anne Rosat et tourné aux Moulins dans le canton de Vaud le 18 juin 2009. L'interlocutrice est Claude Langel.
00:01:01 – 00:03:12 (Séquence 3) : On interroge Anne Rosat sur sa vie avant sa rencontre avec son mari Aloïs. Les premiers souvenirs d'Anne Rosat datent de la guerre : elle se souvient que sa mère et elle pleuraient le départ de son père mobilisé en 1940. Anne Rosat, sa mère et son petit frère âgé de deux ans, ont quitté Bruxelles à pied avec une valise et un landau. Comme de nombreuses autres personnes, ils partaient vers le sud. Elle se souvient que leur mère avait attaché à leur chemise une étiquette en cuir souple identique à celle des valises sur laquelle étaient indiqués leur nom et leur adresse. Elle se souvient qu'il y avait beaucoup de vélos, de charrettes. Les films qui retracent l'exode sont semblables à ses souvenirs : les avions allemands volant bas et mitraillant. Elle se rappelle avoir été jetée dans un fossé et avoir été protégée des balles par sa mère. A 60 km de Bruxelles, dans le village d’Elsene dans lequel Anne Rosat et son père ont eu l'occasion d’y retourner après la guerre, une roue de la poussette a lâché. Ils ont été accueillis pendant 2-3 jours par des fermiers. Anne Rosat pense que ceux-ci ont convaincu sa mère de retourner à Bruxelles car la famille a ensuite fait demi-tour. Anne Rosat pense que la famille dormait aux bords des routes mais elle n'en a pas de souvenirs précis.
00:03:14 – 00:03:31 (Séquence 4) : Le père d'Anne Rosat a rapidement été fait prisonnier à Dunkerque. L'armée belge avait ordonné de rendre les armes afin d'éviter de répéter la guerre de 1914. Il est rentré à pied de Dunkerque. Anne Rosat précise qu’il a eu de la chance car les personnes qui sont montées dans les camions allemands se sont retrouvées en Allemagne en service obligatoire dans les camps de prisonniers pendant quatre ans.
00:03:33 – 00:04:40 (Séquence 5) : Anne Rosat pense qu'ils ont été mitraillés pendant l'exode car les avions allemands mitraillaient tout. On l'interroge sur l'empreinte de la guerre sur sa jeunesse. Lors de l'Occupation allemande, il y avait des cartes de rationnement, parfois il y avait des bombes. Ses parents avaient installé des couvertures et matelas à la cave. Ils se chauffaient au charbon. Son père comptait le nombre de bombes. Elle se souvient que les pires missiles étaient les V1 et V2 utilisés à la fin de la guerre, ils sifflaient, ils étaient rapides et creusaient d'énormes cratères.
00:04:43 – 00:07:12 (Séquence 6) : Près de la Libération, un grand nombre des membres de la famille d'Anne Rosat s'est retrouvé chez la grand-mère dans les Ardennes. Ils y ont vécu la retraite des Allemands. Anne Rosat se souvient qu'une compagnie allemande était venue à la maison. La famille avait compris qu’ils cherchaient les roues d’une voiture, grâce à une amie de la grand-mère, Céline, qui vivait avec eux et qui parlait allemand. Cette dame était en réalité, Madame [Yelinovitch], une juive cachée par la grand-mère pendant la guerre. Pour cette action, elle a reçu la médaille des Justes. Les Allemands partaient vers l'Allemagne. Anne Rosat se souvient de l'arrivée des Américains avec leurs bombardiers, les Forteresses Volantes qui mitraillaient sur la grand-route. Anne Rosat et ses cousins avaient cherché à ramasser des douilles tombées dans le jardin. Les Américains n'avaient pas l'intention de tuer les Allemands mais de les faire prisonniers. Ceux-ci avaient pris des charrettes et des chevaux qui ont été tués. Au départ des Allemands, les parents ont découpé de grands morceaux de viande de cheval, ils n’en avaient pas mangé depuis longtemps. Anne Rosat n'a plus jamais mangé de viande de cheval depuis cet événement car elle en a été écœurée.
00:07:15 – 00:08:55 (Séquence 7) : Anne Rosat explique qu'à l'arrivée des Américains c’était la joie et le délire. Ils arrivaient sur la grand-route. Les gens recevaient du chewing-gum et du chocolat. Peu après s'est déroulée l'offensive von Rundstedt. Dans la maison de la grand-mère, les Américains qui n'étaient pas préparés à rencontrer de la neige avaient réquisitionné tous les draps de lit dont ils se servaient pour se camoufler. Les toiles des parachutes, rouges et jaunes en soie souple, utilisées pour lancer les munitions et les ravitaillements médicaux, remplaçaient les draps. Lors de l'offensive, les Américains dirigés par le général Patton sont repartis en laissant une caisse de chocolat dans le jardin de la grand-mère. Anne Rosat garde en mémoire que cette caisse mesurait un mètre cube et qu'ils ne pouvaient manger qu'un carré par jour de chocolat vitaminé.
00:08:59 – 00:09:47 (Séquence 8) : En dépit des difficultés de la deuxième guerre mondiale, Anne Rosat a eu une enfance heureuse. Sa jeunesse était partagée entre Bruxelles et la maison de sa grand-mère dans les Ardennes où elle passait toutes ses vacances scolaires. Elle garde un souvenir heureux des vacances passées chez sa grand-mère avec les cousins et cousines : ils allaient nager, faisaient des jeux de pistes et avaient quelques tâches ménagères.
00:09:52 – 00:11:34 (Séquence 9) : Anne Rosat a suivi sans difficulté l'école primaire et secondaire à Bruxelles. A la suite de la guerre, son père lui avait dit que les femmes devaient avoir un métier : il l'a laissée choisir entre la profession d'infirmière et celle d'institutrice. Anne Rosat n'a jamais regretté d'avoir opté pour la voie d'institutrice. Lors de cette formation, elle a été obligée de passer un diplôme de la Croix-Rouge et de devenir ambulancière. Pendant les quatre années de l'Ecole normale, elle prenait le tram. Un des arrêts du parcours se nommait "l'Abbaye de la Cambre" et dans le bâtiment, il y avait une école d'art. Anne Rosat enviait un peu les étudiants de cette école. A l'Ecole normale, elle devait suivre un cours de dessin. L'enseignante qui était une femme remarquable lui avait demandé, ainsi qu'à une camarade, de l'aider à effectuer une fresque. Elle se rappelle que c'était une belle période.
00:11:39 – 00:13:04 (Séquence 10) : Depuis l'âge de neuf ans, Anne Rosat a participé au scoutisme. Elle a suivi toutes les étapes : petite guide, éclaireuse, assistante puis cheftaine de meute des louveteaux. Elle appréciait les activités du scoutisme : ils étaient dehors, ils montaient des tentes, ils campaient, ils fabriquaient des tables et des bancs avec de la corde et le bois qu'ils découpaient. Pour Anne Rosat, c'était une période heureuse. Le scoutisme lui a appris le partage, la tolérance, la solidarité et le respect des autres. Elle jouait de la guitare et chantait. Lorsqu'elle est arrivée à Château-d'Oex, elle s'est rendu compte que le répertoire des sociétés différait peu de celui qu'elle chantait lorsqu'elle était scoute. Elle ne souhaite pas en chanter un exemple.
00:13:10 – 00:15:10 (Séquence 11) : Anne Rosat est invitée à parler des loisirs de la période d'après-guerre. Dans les années 1950, elle précise qu'ils étaient gâtés. Elle était à l'Ecole normale. Les étudiants avaient l'autorisation de quitter l'école deux fois par semaine à 11 h 30. Elle se rendait avec ses camarades au Théâtre du parc pour assister au midi de la poésie. Il existait les midis de la musique, du cinéma, du théâtre. Anne Rosat a eu l'occasion de rencontrer des gens qui sont devenus très célèbres, comme Jean Cocteau, Jean-Louis Barrault, Madeleine Renaud, Igor Markevitch qui démontrait comment diriger un orchestre. Elle explique qu'il y a eu aussi le jazz : ils allaient écouter Lionel Hampton, Dizzy Gillespie, Charlie Parker. Elle a aussi assisté aux débuts de Jacques Brel, de Félix Leclerc qui chantait dans un bistrot de la grande place. Au musée des Beaux-Arts, il y avait une salle de concert. Assister au concert était un grand bonheur pour Anne Rosat car elle adorait la musique. Bruxelles à l'instar de Paris appuyait le développement du domaine culturel comme pour rattraper le temps perdu.
00:15:16 – 00:17:03 (Séquence 12) : Anne Rosat, qui était très affectée par le décès de sa grand-mère en 1957, a été envoyée par ses parents à Château-d'Oex où elle a rencontré son mari Aloïs Rosat, un menuisier-ébéniste. Anne Rosat s'est alors installée au Pays-d'Enhaut. Elle a quitté Bruxelles en août 1958 après son mariage. Elle s’est installée avec son mari dans un appartement aux Moulins. Elle était l'étrangère. Excepté ses beaux-parents, elle ne connaissait personne au village. Elle a eu ensuite trois amies qu'elle voit toujours et qui l'ont aidée à s'adapter. Elle a essayé un peu la politique mais ce n'était pas le temps où les femmes étaient demandées. Elle a fait de la gymnastique et a passé le brevet sportif féminin. Elle a cherché à s'intégrer. Elle est allée au Musée dont elle a été la présidente pendant plusieurs années, où elle a appris à voir toute la richesse de l'art populaire de la vallée. Elle considère les Moulins comme son village, elle s'y sent chez elle mais elle a le sentiment d'être également européenne.
00:17:10 – 00:17:49 (Séquence 13) : Anne Rosat a eu trois enfants nés en 1959, 1962 et 1964 : 2 filles et 1 garçon. Pendant dix ans, Anne Rosat et son mari ont accueilli un enfant de Terre des Hommes et ont hébergé un ami de leur fils qui est comme leur quatrième enfant. Anne Rosat aime quand toute la famille est réunie car cela forme une grande tribu.
00:17:56 – 00:19:13 (Séquence 14) : Dès son arrivée en Suisse en 1958, Anne Rosat a enseigné le français dans les pensionnats de jeunes filles. Elle préparait les élèves à l'examen de l'Alliance française. Par la suite, la commune lui a demandé d'effectuer des remplacements dans les écoles, dans toutes les classes, autant à l'école ménagère qu'à l'école primaire. Elle est reconnaissante envers tous ces élèves qui l'ont aidée à s'intégrer au Pays-d'Enhaut. Ils l'ont bien accueillie. En 1972 ou 1974, Anne Rosat a été pendant quatre ans maîtresse de dessin à l'école secondaire. A cette période, elle commençait à être connue pour ses découpages.
00:19:20 – 00:21:28 (Séquence 15) : Anne Rosat explique les circonstances qui l'ont conduite à pratiquer le découpage en 1969. Son mari, antiquaire, avait une collection de découpages anciens à vendre, de Hauswirth et Saugy. Il aurait aimé posséder un découpage mais cela coûtait trop cher. Anne Rosat lui a proposé de copier celui qu'il préférait. Et pendant plusieurs jours, après avoir effectué ses diverses tâches professionnelles et familiales, elle a commencé à faire du découpage. Elle a cherché d'abord à comprendre le système en utilisant des ciseaux à ongles, puis elle en a réalisé plusieurs. Un collectionneur zurichois, Bruno Bischofberger s'est intéressé à son travail et lui a acheté des découpages. Anne Rosat considère son habileté au découpage comme un don du ciel. Au début des années 1970, une galeriste a monté une première exposition à Lausanne six mois après les débuts d'Anne Rosat. L'exposition a eu du succès car personne ne pratiquait le découpage mis à part Schwizgebel et Regez. Anne Rosat a enchaîné les expositions. Un galeriste zurichois l'a exposée pendant 7 ans à Zurich.
00:21:35 – 00:21:50 (Séquence 16) : Anne Rosat trouvait fantastique de pouvoir raconter une histoire en reconstituant les paysages et les modes de vie de son pays d'adoption à l'aide de bouts de papier, de ciseaux, d'une pince et de la colle. Elle avait toujours rêvé écrire mais c'est avec du papier découpé qu'elle a trouvé le moyen de s'exprimer.
00:21:58 – 00:23:17 (Séquence 17) : Par le biais de sa passion, Anne Rosat a fait de belles rencontres dont celle de Schwizgebel. Il lui avait recommandé de découper en couleur car il était le plus fort dans le domaine du découpage en noir et blanc. Avec Regez et Schwizgebel, Anne Rosat est allée à New York et à Paris. Des musées et d'autres galeries se sont intéressés à son travail. Elle a eu des mandats pour l'UNICEF, pour Pro Juventute, pour la Fédération suisse de ski, pour laquelle Ogi, qui n'était pas encore conseiller fédéral lui avait commandé un découpage qui a ensuite été reproduit en lithogravure. En remerciement, elle avait reçu une photographie dédicacée par toute l'équipe suisse. Celle-ci avait été appréciée par les enfants d'Anne Rosat. Les expositions se sont enchaînées. Anne Rosat a fait la connaissance de gens passionnants et a toujours pensé que c'était dû au hasard. Elle se demande cependant si sa carrière artistique n'était pas écrite quelque part.
00:23:26 – 00:25:05 (Séquence 18) : Anne Rosat raconte les circonstances de la sortie d'un premier ouvrage. En 1961, elle avait exposé dans une galerie à Cortaillod chez Guy de Montmollin dans laquelle elle a eu l'occasion d'exposer son travail plusieurs fois. Il l'a présentée au patron des Editions Ides et Calendes de Neuchâtel qui aimait ce qu'elle faisait et qui lui a proposé de préparer un premier ouvrage. Un deuxième ouvrage est paru par la suite en 2004. Pour le premier titre, Anne Rosat avait rassemblé différents amis pour le réaliser : elle avait demandé à Claude Langel, l'interlocutrice de cet entretien, de lui écrire un billet d'humeur ; Claude Allegri avait écrit quelques pages sur l'histoire du découpage pratiqué depuis plus de dix siècles ; Yoki en avait rédigé la préface. Le livre a eu beaucoup de succès, il a été distribué dans les librairies et dans celle des Beaux-Arts à Paris.
00:25:14 – 00:28:13 (Séquence 19) : Fin 1993, la maison Hermès a contacté Anne Rosat pour qu’elle réalise un foulard. Elle a rapidement donné son accord de principe. Pour réaliser ce travail, elle était obligée de découper le patron à l'échelle grandeur nature et devait être attentive aux couleurs. On lui a accordé 24 puis 26 passages, ce qui représente le nombre des couleurs différentes utilisées. Elle a rencontré un graphiste de chez Hermès qui lui a appris à faire un foulard. Elle a travaillé tout l'été 1994 sur ce projet. Elle a alterné les périodes de doutes et celles de frénésie. Pour préparer ce travail, elle avait mobilisé une chambre de la maison. Elle a appris à découper en grand : les personnages du foulard mesuraient neuf centimètres de hauteur alors que dans ses œuvres ils mesuraient au maximum deux centimètres. Elle se souvient qu'elle travaillait avec la musique de Maria Callas dont elle avait reçu les cédéroms. Elle n'imaginait pas que le foulard allait avoir du succès.
00:28:23 – 00:30:34 (Séquence 20) : Anne Rosat est conviée à parler de la source de sa force. Anne Rosat trouve l'énergie en elle-même et dans son environnement. Elle aime beaucoup la nature, elle se promène beaucoup. Elle a aussi la foi, cela l'aide beaucoup. Elle compte sur les conseils et critiques de son mari. Il la connaît depuis 51 ans. Il lui redonne courage quand elle doute. Elle puise aussi son énergie dans la lecture qui est pour elle synonyme de liberté. Elle lit beaucoup, écoute de la musique et visite souvent les expositions dont elle ressort parfois avec le sentiment d'être petite. Elle aime beaucoup les primitifs italiens tels que Piero de la Francesca ou les impressionnistes. Anne Rosat a visité à Bruxelles, peu avant cet entretien, l'exposition sur René Magritte. Elle pense parfois à la phrase de Cocteau qui dit que le découpage n'est pas un grand art mais un art heureux. Dans tous ses découpages, Anne Rosat essaie d'y mettre et de transmettre de la joie.
00:30:44 – 00:31:42 (Séquence 21) : Anne Rosat est conviée à parler du processus de création. Elle précise qu'elle n'a pas la hantise de la feuille blanche comme peut le ressentir un écrivain. Pour réaliser un tableau, elle commence par les éléments extérieurs. Elle découpe en premier une feuille noire qui est la trame, elle imagine les vides et réserve des places pour le chalet et les arbres comme dans les découpages illustrant une montée à l'alpage. Elle représente souvent les mêmes thèmes auxquels elle ajoute des fleurs, des cœurs ou des amoureux.
00:31:52 – 00:33:00 (Séquence 22) : L'interlocutrice souligne qu'Anne Rosat est fidèle en amour, en amitié et en partage, en particulier envers les enfants. On l'invite à raconter son engagement pour les enfants en difficulté en Belgique et en Afrique. Elle fait partie d'une ONG qui s'occupe d'éducation et dont le siège se trouve à Paris. Par cet engagement, Anne Rosat et son mari sont amenés à voyager souvent : par exemple au Burkina, la mission était surtout centrée sur l'éducation des filles et contre le mariage forcé ; en Iran, ils ont parlé du rôle du père.
00:33:11 – 00:34:35 (Séquence 23) : Lors d'un congrès au Burkina Faso qui s'intitulait "éduquer une fille, c'est éduquer une nation", Anne Rosat a rencontré Aminata. Cette femme, enseignante, avait créé une petite association nommée Maïa qui s'occupait des filles et leur apprenait un métier. Anne Rosat a trouvé en Suisse des dons et des parrainages pour ces projets. L'école a pu se développer. Il y a quatre classes orientées chacune dans un autre domaine : les classes de couture, de cuisine, d'impression sur tissu et de comptabilité.
00:34:46 – 00:38:14 (Séquence 24) : Anne Rosat a créé une fondation avec son mari, ses enfants et quelques amis. Elle a toujours pensé que la Belgique compte de nombreux immigrés. Il existe des écoles qui sont peu subventionnées par l'Etat : ce sont souvent d’anciennes écoles de religieuses. La fondation finance différentes écoles : une première école, par exemple, prend en charge uniquement les enfants trisomiques, une seconde école qui se trouve à Bruxelles accueille des enfants de trois handicaps différents, une troisième école qui se situe à Liège s'occupe d'adolescents âgés entre douze et seize ans, c'est une école professionnelle où l'on enseigne les métiers d'aide-infirmière et de comptabilité. Pour la deuxième institution, la fondation finance par exemple de l'hippothérapie. En outre tous les enfants vont à la piscine, même ceux dont les parents n'ont pas les moyens de participer aux frais de sortie. Ces familles sont souvent démunies et viennent du Maghreb, de l'Afrique noire et des pays de l'Est. Dans la troisième école, la fondation finance la semaine passion qui vise à mélanger les élèves et à cultiver la différence et non l'indifférence. Les élèves apprennent à se connaître. Anne Rosat explique que la fondation a un autre projet : l'éducation à la citoyenneté. Elle a pour but de favoriser l'intégration des étrangers en leur apprenant leurs droits mais aussi leurs devoirs. Anne Rosat récolte de l'argent auprès de ses amis en Suisse et en Belgique.
00:38:26 – 00:39:00 (Séquence 25) : Anne Rosat est interrogée sur des peintures qu'elle a chez elle. Ce sont des peintures d'adolescents qui souffrent d'autisme ou de trisomie 21 et qui, dans les ateliers de jour, font de l'art brut. La fondation leur a fourni du matériel pour réaliser ces ateliers de peinture. Anne Rosat invite ses amis au vernissage pour qu'ils achètent des peintures car la vente d'un tableau valorise les enfants.
00:39:12 – 00:39:38 (Séquence 26) : On donne la parole de conclusion à Anne Rosat. Elle souhaiterait pouvoir cultiver encore pendant longtemps l'enthousiasme et l'optimisme : ce qu'elle résume par la joie de vivre. Anne Rosat cherche à transmettre cette joie à travers ses tableaux.
00:39:50 – 00:40:18 (Séquence 27) : Des découpages de Anne Rosat défilent à l'image.
00:40:30 – 00:40:55 (Séquence 28) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Anne Rosat et tourné aux Moulins dans le canton de Vaud le 18 juin 2009.
Lien aux découpage sur la base de données original
00:00:00 – 00:00:09 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Anne Rosat et tourné aux Moulins dans le canton de Vaud le 18 juin 2009. L'interlocutrice est Claude Langel.
00:00:09 – 00:00:52 (Séquence 1) : L'interlocutrice, Claude Langel, introduit l'entretien de son invitée Anne Rosat. Celui-ci se déroule dans le chalet familial d’Anne Rosat qui date du XVIIIe siècle et qui se situe aux Moulins, près de Château-d'Oex, face aux Monts-Chevreuils. L'habitation compte un jardin "à la bernoise" avec des allées de buis et un jardin potager. Anne Rosat est Belge, elle est née à Ferrières près de Liège dans les Ardennes. Elle passe de nombreuses heures dans son atelier et effectue des découpages.
00:00:53 – 00:00:59 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Anne Rosat et tourné aux Moulins dans le canton de Vaud le 18 juin 2009. L'interlocutrice est Claude Langel.
00:01:01 – 00:03:12 (Séquence 3) : On interroge Anne Rosat sur sa vie avant sa rencontre avec son mari Aloïs. Les premiers souvenirs d'Anne Rosat datent de la guerre : elle se souvient que sa mère et elle pleuraient le départ de son père mobilisé en 1940. Anne Rosat, sa mère et son petit frère âgé de deux ans, ont quitté Bruxelles à pied avec une valise et un landau. Comme de nombreuses autres personnes, ils partaient vers le sud. Elle se souvient que leur mère avait attaché à leur chemise une étiquette en cuir souple identique à celle des valises sur laquelle étaient indiqués leur nom et leur adresse. Elle se souvient qu'il y avait beaucoup de vélos, de charrettes. Les films qui retracent l'exode sont semblables à ses souvenirs : les avions allemands volant bas et mitraillant. Elle se rappelle avoir été jetée dans un fossé et avoir été protégée des balles par sa mère. A 60 km de Bruxelles, dans le village d’Elsene dans lequel Anne Rosat et son père ont eu l'occasion d’y retourner après la guerre, une roue de la poussette a lâché. Ils ont été accueillis pendant 2-3 jours par des fermiers. Anne Rosat pense que ceux-ci ont convaincu sa mère de retourner à Bruxelles car la famille a ensuite fait demi-tour. Anne Rosat pense que la famille dormait aux bords des routes mais elle n'en a pas de souvenirs précis.
00:03:14 – 00:03:31 (Séquence 4) : Le père d'Anne Rosat a rapidement été fait prisonnier à Dunkerque. L'armée belge avait ordonné de rendre les armes afin d'éviter de répéter la guerre de 1914. Il est rentré à pied de Dunkerque. Anne Rosat précise qu’il a eu de la chance car les personnes qui sont montées dans les camions allemands se sont retrouvées en Allemagne en service obligatoire dans les camps de prisonniers pendant quatre ans.
00:03:33 – 00:04:40 (Séquence 5) : Anne Rosat pense qu'ils ont été mitraillés pendant l'exode car les avions allemands mitraillaient tout. On l'interroge sur l'empreinte de la guerre sur sa jeunesse. Lors de l'Occupation allemande, il y avait des cartes de rationnement, parfois il y avait des bombes. Ses parents avaient installé des couvertures et matelas à la cave. Ils se chauffaient au charbon. Son père comptait le nombre de bombes. Elle se souvient que les pires missiles étaient les V1 et V2 utilisés à la fin de la guerre, ils sifflaient, ils étaient rapides et creusaient d'énormes cratères.
00:04:43 – 00:07:12 (Séquence 6) : Près de la Libération, un grand nombre des membres de la famille d'Anne Rosat s'est retrouvé chez la grand-mère dans les Ardennes. Ils y ont vécu la retraite des Allemands. Anne Rosat se souvient qu'une compagnie allemande était venue à la maison. La famille avait compris qu’ils cherchaient les roues d’une voiture, grâce à une amie de la grand-mère, Céline, qui vivait avec eux et qui parlait allemand. Cette dame était en réalité, Madame [Yelinovitch], une juive cachée par la grand-mère pendant la guerre. Pour cette action, elle a reçu la médaille des Justes. Les Allemands partaient vers l'Allemagne. Anne Rosat se souvient de l'arrivée des Américains avec leurs bombardiers, les Forteresses Volantes qui mitraillaient sur la grand-route. Anne Rosat et ses cousins avaient cherché à ramasser des douilles tombées dans le jardin. Les Américains n'avaient pas l'intention de tuer les Allemands mais de les faire prisonniers. Ceux-ci avaient pris des charrettes et des chevaux qui ont été tués. Au départ des Allemands, les parents ont découpé de grands morceaux de viande de cheval, ils n’en avaient pas mangé depuis longtemps. Anne Rosat n'a plus jamais mangé de viande de cheval depuis cet événement car elle en a été écœurée.
00:07:15 – 00:08:55 (Séquence 7) : Anne Rosat explique qu'à l'arrivée des Américains c’était la joie et le délire. Ils arrivaient sur la grand-route. Les gens recevaient du chewing-gum et du chocolat. Peu après s'est déroulée l'offensive von Rundstedt. Dans la maison de la grand-mère, les Américains qui n'étaient pas préparés à rencontrer de la neige avaient réquisitionné tous les draps de lit dont ils se servaient pour se camoufler. Les toiles des parachutes, rouges et jaunes en soie souple, utilisées pour lancer les munitions et les ravitaillements médicaux, remplaçaient les draps. Lors de l'offensive, les Américains dirigés par le général Patton sont repartis en laissant une caisse de chocolat dans le jardin de la grand-mère. Anne Rosat garde en mémoire que cette caisse mesurait un mètre cube et qu'ils ne pouvaient manger qu'un carré par jour de chocolat vitaminé.
00:08:59 – 00:09:47 (Séquence 8) : En dépit des difficultés de la deuxième guerre mondiale, Anne Rosat a eu une enfance heureuse. Sa jeunesse était partagée entre Bruxelles et la maison de sa grand-mère dans les Ardennes où elle passait toutes ses vacances scolaires. Elle garde un souvenir heureux des vacances passées chez sa grand-mère avec les cousins et cousines : ils allaient nager, faisaient des jeux de pistes et avaient quelques tâches ménagères.
00:09:52 – 00:11:34 (Séquence 9) : Anne Rosat a suivi sans difficulté l'école primaire et secondaire à Bruxelles. A la suite de la guerre, son père lui avait dit que les femmes devaient avoir un métier : il l'a laissée choisir entre la profession d'infirmière et celle d'institutrice. Anne Rosat n'a jamais regretté d'avoir opté pour la voie d'institutrice. Lors de cette formation, elle a été obligée de passer un diplôme de la Croix-Rouge et de devenir ambulancière. Pendant les quatre années de l'Ecole normale, elle prenait le tram. Un des arrêts du parcours se nommait "l'Abbaye de la Cambre" et dans le bâtiment, il y avait une école d'art. Anne Rosat enviait un peu les étudiants de cette école. A l'Ecole normale, elle devait suivre un cours de dessin. L'enseignante qui était une femme remarquable lui avait demandé, ainsi qu'à une camarade, de l'aider à effectuer une fresque. Elle se rappelle que c'était une belle période.
00:11:39 – 00:13:04 (Séquence 10) : Depuis l'âge de neuf ans, Anne Rosat a participé au scoutisme. Elle a suivi toutes les étapes : petite guide, éclaireuse, assistante puis cheftaine de meute des louveteaux. Elle appréciait les activités du scoutisme : ils étaient dehors, ils montaient des tentes, ils campaient, ils fabriquaient des tables et des bancs avec de la corde et le bois qu'ils découpaient. Pour Anne Rosat, c'était une période heureuse. Le scoutisme lui a appris le partage, la tolérance, la solidarité et le respect des autres. Elle jouait de la guitare et chantait. Lorsqu'elle est arrivée à Château-d'Oex, elle s'est rendu compte que le répertoire des sociétés différait peu de celui qu'elle chantait lorsqu'elle était scoute. Elle ne souhaite pas en chanter un exemple.
00:13:10 – 00:15:10 (Séquence 11) : Anne Rosat est invitée à parler des loisirs de la période d'après-guerre. Dans les années 1950, elle précise qu'ils étaient gâtés. Elle était à l'Ecole normale. Les étudiants avaient l'autorisation de quitter l'école deux fois par semaine à 11 h 30. Elle se rendait avec ses camarades au Théâtre du parc pour assister au midi de la poésie. Il existait les midis de la musique, du cinéma, du théâtre. Anne Rosat a eu l'occasion de rencontrer des gens qui sont devenus très célèbres, comme Jean Cocteau, Jean-Louis Barrault, Madeleine Renaud, Igor Markevitch qui démontrait comment diriger un orchestre. Elle explique qu'il y a eu aussi le jazz : ils allaient écouter Lionel Hampton, Dizzy Gillespie, Charlie Parker. Elle a aussi assisté aux débuts de Jacques Brel, de Félix Leclerc qui chantait dans un bistrot de la grande place. Au musée des Beaux-Arts, il y avait une salle de concert. Assister au concert était un grand bonheur pour Anne Rosat car elle adorait la musique. Bruxelles à l'instar de Paris appuyait le développement du domaine culturel comme pour rattraper le temps perdu.
00:15:16 – 00:17:03 (Séquence 12) : Anne Rosat, qui était très affectée par le décès de sa grand-mère en 1957, a été envoyée par ses parents à Château-d'Oex où elle a rencontré son mari Aloïs Rosat, un menuisier-ébéniste. Anne Rosat s'est alors installée au Pays-d'Enhaut. Elle a quitté Bruxelles en août 1958 après son mariage. Elle s’est installée avec son mari dans un appartement aux Moulins. Elle était l'étrangère. Excepté ses beaux-parents, elle ne connaissait personne au village. Elle a eu ensuite trois amies qu'elle voit toujours et qui l'ont aidée à s'adapter. Elle a essayé un peu la politique mais ce n'était pas le temps où les femmes étaient demandées. Elle a fait de la gymnastique et a passé le brevet sportif féminin. Elle a cherché à s'intégrer. Elle est allée au Musée dont elle a été la présidente pendant plusieurs années, où elle a appris à voir toute la richesse de l'art populaire de la vallée. Elle considère les Moulins comme son village, elle s'y sent chez elle mais elle a le sentiment d'être également européenne.
00:17:10 – 00:17:49 (Séquence 13) : Anne Rosat a eu trois enfants nés en 1959, 1962 et 1964 : 2 filles et 1 garçon. Pendant dix ans, Anne Rosat et son mari ont accueilli un enfant de Terre des Hommes et ont hébergé un ami de leur fils qui est comme leur quatrième enfant. Anne Rosat aime quand toute la famille est réunie car cela forme une grande tribu.
00:17:56 – 00:19:13 (Séquence 14) : Dès son arrivée en Suisse en 1958, Anne Rosat a enseigné le français dans les pensionnats de jeunes filles. Elle préparait les élèves à l'examen de l'Alliance française. Par la suite, la commune lui a demandé d'effectuer des remplacements dans les écoles, dans toutes les classes, autant à l'école ménagère qu'à l'école primaire. Elle est reconnaissante envers tous ces élèves qui l'ont aidée à s'intégrer au Pays-d'Enhaut. Ils l'ont bien accueillie. En 1972 ou 1974, Anne Rosat a été pendant quatre ans maîtresse de dessin à l'école secondaire. A cette période, elle commençait à être connue pour ses découpages.
00:19:20 – 00:21:28 (Séquence 15) : Anne Rosat explique les circonstances qui l'ont conduite à pratiquer le découpage en 1969. Son mari, antiquaire, avait une collection de découpages anciens à vendre, de Hauswirth et Saugy. Il aurait aimé posséder un découpage mais cela coûtait trop cher. Anne Rosat lui a proposé de copier celui qu'il préférait. Et pendant plusieurs jours, après avoir effectué ses diverses tâches professionnelles et familiales, elle a commencé à faire du découpage. Elle a cherché d'abord à comprendre le système en utilisant des ciseaux à ongles, puis elle en a réalisé plusieurs. Un collectionneur zurichois, Bruno Bischofberger s'est intéressé à son travail et lui a acheté des découpages. Anne Rosat considère son habileté au découpage comme un don du ciel. Au début des années 1970, une galeriste a monté une première exposition à Lausanne six mois après les débuts d'Anne Rosat. L'exposition a eu du succès car personne ne pratiquait le découpage mis à part Schwizgebel et Regez. Anne Rosat a enchaîné les expositions. Un galeriste zurichois l'a exposée pendant 7 ans à Zurich.
00:21:35 – 00:21:50 (Séquence 16) : Anne Rosat trouvait fantastique de pouvoir raconter une histoire en reconstituant les paysages et les modes de vie de son pays d'adoption à l'aide de bouts de papier, de ciseaux, d'une pince et de la colle. Elle avait toujours rêvé écrire mais c'est avec du papier découpé qu'elle a trouvé le moyen de s'exprimer.
00:21:58 – 00:23:17 (Séquence 17) : Par le biais de sa passion, Anne Rosat a fait de belles rencontres dont celle de Schwizgebel. Il lui avait recommandé de découper en couleur car il était le plus fort dans le domaine du découpage en noir et blanc. Avec Regez et Schwizgebel, Anne Rosat est allée à New York et à Paris. Des musées et d'autres galeries se sont intéressés à son travail. Elle a eu des mandats pour l'UNICEF, pour Pro Juventute, pour la Fédération suisse de ski, pour laquelle Ogi, qui n'était pas encore conseiller fédéral lui avait commandé un découpage qui a ensuite été reproduit en lithogravure. En remerciement, elle avait reçu une photographie dédicacée par toute l'équipe suisse. Celle-ci avait été appréciée par les enfants d'Anne Rosat. Les expositions se sont enchaînées. Anne Rosat a fait la connaissance de gens passionnants et a toujours pensé que c'était dû au hasard. Elle se demande cependant si sa carrière artistique n'était pas écrite quelque part.
00:23:26 – 00:25:05 (Séquence 18) : Anne Rosat raconte les circonstances de la sortie d'un premier ouvrage. En 1961, elle avait exposé dans une galerie à Cortaillod chez Guy de Montmollin dans laquelle elle a eu l'occasion d'exposer son travail plusieurs fois. Il l'a présentée au patron des Editions Ides et Calendes de Neuchâtel qui aimait ce qu'elle faisait et qui lui a proposé de préparer un premier ouvrage. Un deuxième ouvrage est paru par la suite en 2004. Pour le premier titre, Anne Rosat avait rassemblé différents amis pour le réaliser : elle avait demandé à Claude Langel, l'interlocutrice de cet entretien, de lui écrire un billet d'humeur ; Claude Allegri avait écrit quelques pages sur l'histoire du découpage pratiqué depuis plus de dix siècles ; Yoki en avait rédigé la préface. Le livre a eu beaucoup de succès, il a été distribué dans les librairies et dans celle des Beaux-Arts à Paris.
00:25:14 – 00:28:13 (Séquence 19) : Fin 1993, la maison Hermès a contacté Anne Rosat pour qu’elle réalise un foulard. Elle a rapidement donné son accord de principe. Pour réaliser ce travail, elle était obligée de découper le patron à l'échelle grandeur nature et devait être attentive aux couleurs. On lui a accordé 24 puis 26 passages, ce qui représente le nombre des couleurs différentes utilisées. Elle a rencontré un graphiste de chez Hermès qui lui a appris à faire un foulard. Elle a travaillé tout l'été 1994 sur ce projet. Elle a alterné les périodes de doutes et celles de frénésie. Pour préparer ce travail, elle avait mobilisé une chambre de la maison. Elle a appris à découper en grand : les personnages du foulard mesuraient neuf centimètres de hauteur alors que dans ses œuvres ils mesuraient au maximum deux centimètres. Elle se souvient qu'elle travaillait avec la musique de Maria Callas dont elle avait reçu les cédéroms. Elle n'imaginait pas que le foulard allait avoir du succès.
00:28:23 – 00:30:34 (Séquence 20) : Anne Rosat est conviée à parler de la source de sa force. Anne Rosat trouve l'énergie en elle-même et dans son environnement. Elle aime beaucoup la nature, elle se promène beaucoup. Elle a aussi la foi, cela l'aide beaucoup. Elle compte sur les conseils et critiques de son mari. Il la connaît depuis 51 ans. Il lui redonne courage quand elle doute. Elle puise aussi son énergie dans la lecture qui est pour elle synonyme de liberté. Elle lit beaucoup, écoute de la musique et visite souvent les expositions dont elle ressort parfois avec le sentiment d'être petite. Elle aime beaucoup les primitifs italiens tels que Piero de la Francesca ou les impressionnistes. Anne Rosat a visité à Bruxelles, peu avant cet entretien, l'exposition sur René Magritte. Elle pense parfois à la phrase de Cocteau qui dit que le découpage n'est pas un grand art mais un art heureux. Dans tous ses découpages, Anne Rosat essaie d'y mettre et de transmettre de la joie.
00:30:44 – 00:31:42 (Séquence 21) : Anne Rosat est conviée à parler du processus de création. Elle précise qu'elle n'a pas la hantise de la feuille blanche comme peut le ressentir un écrivain. Pour réaliser un tableau, elle commence par les éléments extérieurs. Elle découpe en premier une feuille noire qui est la trame, elle imagine les vides et réserve des places pour le chalet et les arbres comme dans les découpages illustrant une montée à l'alpage. Elle représente souvent les mêmes thèmes auxquels elle ajoute des fleurs, des cœurs ou des amoureux.
00:31:52 – 00:33:00 (Séquence 22) : L'interlocutrice souligne qu'Anne Rosat est fidèle en amour, en amitié et en partage, en particulier envers les enfants. On l'invite à raconter son engagement pour les enfants en difficulté en Belgique et en Afrique. Elle fait partie d'une ONG qui s'occupe d'éducation et dont le siège se trouve à Paris. Par cet engagement, Anne Rosat et son mari sont amenés à voyager souvent : par exemple au Burkina, la mission était surtout centrée sur l'éducation des filles et contre le mariage forcé ; en Iran, ils ont parlé du rôle du père.
00:33:11 – 00:34:35 (Séquence 23) : Lors d'un congrès au Burkina Faso qui s'intitulait "éduquer une fille, c'est éduquer une nation", Anne Rosat a rencontré Aminata. Cette femme, enseignante, avait créé une petite association nommée Maïa qui s'occupait des filles et leur apprenait un métier. Anne Rosat a trouvé en Suisse des dons et des parrainages pour ces projets. L'école a pu se développer. Il y a quatre classes orientées chacune dans un autre domaine : les classes de couture, de cuisine, d'impression sur tissu et de comptabilité.
00:34:46 – 00:38:14 (Séquence 24) : Anne Rosat a créé une fondation avec son mari, ses enfants et quelques amis. Elle a toujours pensé que la Belgique compte de nombreux immigrés. Il existe des écoles qui sont peu subventionnées par l'Etat : ce sont souvent d’anciennes écoles de religieuses. La fondation finance différentes écoles : une première école, par exemple, prend en charge uniquement les enfants trisomiques, une seconde école qui se trouve à Bruxelles accueille des enfants de trois handicaps différents, une troisième école qui se situe à Liège s'occupe d'adolescents âgés entre douze et seize ans, c'est une école professionnelle où l'on enseigne les métiers d'aide-infirmière et de comptabilité. Pour la deuxième institution, la fondation finance par exemple de l'hippothérapie. En outre tous les enfants vont à la piscine, même ceux dont les parents n'ont pas les moyens de participer aux frais de sortie. Ces familles sont souvent démunies et viennent du Maghreb, de l'Afrique noire et des pays de l'Est. Dans la troisième école, la fondation finance la semaine passion qui vise à mélanger les élèves et à cultiver la différence et non l'indifférence. Les élèves apprennent à se connaître. Anne Rosat explique que la fondation a un autre projet : l'éducation à la citoyenneté. Elle a pour but de favoriser l'intégration des étrangers en leur apprenant leurs droits mais aussi leurs devoirs. Anne Rosat récolte de l'argent auprès de ses amis en Suisse et en Belgique.
00:38:26 – 00:39:00 (Séquence 25) : Anne Rosat est interrogée sur des peintures qu'elle a chez elle. Ce sont des peintures d'adolescents qui souffrent d'autisme ou de trisomie 21 et qui, dans les ateliers de jour, font de l'art brut. La fondation leur a fourni du matériel pour réaliser ces ateliers de peinture. Anne Rosat invite ses amis au vernissage pour qu'ils achètent des peintures car la vente d'un tableau valorise les enfants.
00:39:12 – 00:39:38 (Séquence 26) : On donne la parole de conclusion à Anne Rosat. Elle souhaiterait pouvoir cultiver encore pendant longtemps l'enthousiasme et l'optimisme : ce qu'elle résume par la joie de vivre. Anne Rosat cherche à transmettre cette joie à travers ses tableaux.
00:39:50 – 00:40:18 (Séquence 27) : Des découpages de Anne Rosat défilent à l'image.
00:40:30 – 00:40:55 (Séquence 28) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Anne Rosat et tourné aux Moulins dans le canton de Vaud le 18 juin 2009.
Lien aux découpage sur la base de données original
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