Jean Troillet (Performances et amitiés)

  • français
  • 2012-12-08
  • Durata: 00:46:45

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Descrizione

Depuis qu’il a obtenu un brevet de guide de haute montagne en 1969, Jean Troillet enchaîne des expéditions au Canada, aux Etats-Unis, en Amérique du Sud, en Afrique jusqu’à ce qu’il découvre en 1982 l’Himalaya et ses sommets encore peu explorés. En 1986, il fait avec Erhard Loretan l’ascension de la face nord de l’Everest. Ils atteignent le sommet en 43 heures aller-retour : un record de vitesse. A la source d’une nouvelle conception de l’himalayisme, Jean Troillet part à la conquête des plus hauts sommets du monde en style alpin, sans l’apport d’oxygène, tout en passant le moins de temps possible en altitude. Il reste fidèle à sa région et y revient pour se ressourcer. C’est avec émotion qu’il se souvient de son enfance à Orsières, de ses parents, de son frère Daniel, de leurs premières escapades et des années d’apprentissage. Son récit est riche en évocations de moments d’amitié, d’amour, de découvertes de lieux et du désir irrésistible d’aller au-delà de ses limites.

00:00:00 – 00:00:08 (Séquence 0) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Jean Troillet, performances et amitiés, et tourné à La Fouly (VS), le 8 février 2012. L'interlocuteur est Jean-Claude Pont.
00:00:08 – 00:01:08 (Séquence 1) : L'interlocuteur rappelle que dans l'inconscient collectif des Suisses, il y a toujours une place pour la montagne et que chez les Valaisans, cette place est sublimée par la présence des guides qui possèdent une place importante dans l'imaginaire valaisan. Depuis l'ère des pionniers de l'alpinisme, les guides valaisans ont apporté leur contribution à la légende de cette profession. Jean Troillet en fait partie.
00:01:08 – 00:01:19 (Séquence 2) : Générique de début du Plans-Fixes consacré à Jean Troillet, performances et amitiés, et tourné à La Fouly (VS), le 8 février 2012. L'interlocuteur est Jean-Claude Pont.
00:01:19 – 00:03:53 (Séquence 3) : Jean Troillet a eu une enfance privilégiée. Il se souvient d'un père qui les comprenait lui et ses 4 frères et qui savait utiliser leur énergie dans les moments où ils étaient difficiles. A l'âge de dix ans, à la sortie de l'école, il devait livrer des sacs de sucre et de farine, il arrivait ainsi le soir calmé à la maison. Jean Troillet se souvient que l'école était très dure pour lui, parce qu'il ne fallait pas bouger. Certains professeurs étaient durs et sadiques. Lorsqu'il rentrait à la maison il éprouvait un soulagement. Il se souvient de moments agréables avec son père lorsque celui-ci emmenait ses enfants dans la nature. Son père était chasseur et adorait la nature. Jean Troillet explique que le père, en prenant ses enfants avec lui, prévenait les soupçons de braconnage.
00:03:54 – 00:04:49 (Séquence 4) : L'interlocuteur, évoquant l'esprit rebelle des habitants de la montagne, cite une phrase du politicien valaisan Maurice Troillet: "Nous les Valaisans, les lois de Berne on les applique contre les murs". Pour Jean Troillet l'école de la vie a été celle de la ferme. Il évoque ses premiers souvenirs marquants au Val Ferret à Branche. Au moment des foins les oncles se joignaient à eux. Ils faisaient tout à la faux, se levaient à quatre heures du matin. L'enfant les regardait comme des hommes exceptionnels.
00:04:51 – 00:05:38 (Séquence 5) : Jean Troillet et ses frères sont tournés à la fois vers la nature et vers le sport: le football l'été et le ski l'hiver. Il fait son apprentissage de monteur en chauffage avec son grand frère, qui est aussi chasseur. Il apprend avec lui à braconner. L'alpiniste souligne que parmi ses frères Daniel est pour lui la personne importante dans son initiation à la montagne. Lorsqu'il rentre de son apprentissage, Daniel l'invite à partir en course au Grand Capucin.
00:05:40 – 00:06:49 (Séquence 6) : L'interlocuteur rappelle que le village d'Orsières, lieu de naissance de Jean Troillet, a la réputation d'un lieu politisé. Il demande alors à Jean Troillet quel est son rapport à la politique. L'alpiniste se souvient qu'il devait subir la politique, puisqu'il était par son nom toujours réduit au fils de ou petit-fils de. Il se rappelle que les moments d'élection communale étaient bizarres, puisqu'un ami qui n'est pas du même parti le repoussait par peur de s'afficher avec le parti adverse. Il se souvient d'avoir essayé de rentrer avec ses copains d'école à une soirée du parti adverse où on ne l'a pas laissé entrer.
00:06:51 – 00:07:33 (Séquence 7) : L'interlocuteur interroge Jean Troillet à propos de sa famille et de l'éducation stricte qu'il a reçue. Jean Troillet raconte qu'un jour il est parti livrer avec son père des sacs dans un village. Arrivé devant un chemin escarpé et couvert de cailloux, son père lui dit de ne pas descendre à cet endroit. Le jeune homme essaie tout de même de descendre derrière son père, il tombe et se déboîte l'épaule. Il se met à pleurer et son père lui ordonne d'arrêter de pleurer et de ne pas se plaindre.
00:07:36 – 00:09:51 (Séquence 8) : Jean Troillet raconte qu'à ses dix ans son père organise un échange linguistique avec un jeune de Gênes. Le jeune garçon part alors trois mois sur place. Jean Troillet souligne l'admiration que suscite le côté visionnaire de son père qui a tout de suite vu l'importance de l'apprentissage des langues. Il se souvient qu'après trois mois il parlait très mal le français et très bien l'italien. Il finit l'école secondaire à seize ans et son père décide de l'envoyer avec son frère pour une année en Allemagne. Il prend le train depuis Orsières avec 80 francs en poche et se débrouille pour faire les changements de train nécessaires afin de rejoindre l'Allemagne. Ils arrivent dans la nuit et sont séparés sur le quai de gare pour être placés dans des familles différentes. Les deux frères travaillant dans des endroits différents se voyaient le dimanche. Chacun faisait en alternance vingt kilomètres à vélo pour se rencontrer. Il raconte qu'à un mois de son retour il demande à son père s'il peut bientôt rentrer, celui-ci lui demande s'il parle bien l'allemand, il répond alors que son allemand est presque parfait le père lui enjoint alors de rester un mois de plus pour que son allemand soit parfait.
00:09:54 – 00:10:38 (Séquence 9) : Pour l'interlocuteur, envoyer ses enfants en séjour linguistique était une chose rare dans les milieux de montagne. Jean Troillet explique qu'au retour de son séjour à l'étranger les gens du village l'interrogent sur le sens de cette démarche. Il leur répond qu'il n'a fait qu'apprendre par cœur les langues à l'école et qu'il est nécessaire de partir sur place pour bien apprendre à communiquer.
00:10:41 – 00:11:52 (Séquence 10) : Jean Troillet explique qu'à son retour d'Allemagne, à l'âge de 17 ans, son frère vient de démarrer son entreprise de monteur en chauffage. Son père, voyant qu'il ne sait pas encore quoi faire, lui suggère d'aider son frère afin d'apprendre le métier. Jean Troillet fait quatre années d'apprentissage. Il se souvient qu'au moment de commencer son apprentissage il était plus âgé et possédait plus d'expérience dans le métier que les autres. Jean Troillet se souvient d'avoir trouvé extraordinaire que son patron lui donne des pièces plus difficiles, juste pour apprendre. Aux examens finaux de monteur en chauffage alors qu'il finit sa cheminée, son patron la donne à un élève arrivé en retard et demande à Jean Troillet d'en refaire une avec le matériel à disposition. Il explique qu'il a beaucoup appris sur l'endurance au travail avec ce patron
00:11:55 – 00:13:13 (Séquence 11) : L'interlocuteur invite Jean Troillet à évoquer ses débuts dans l'alpinisme. Jean Troillet raconte qu'à son retour d'Allemagne, il retrouve les montagnes par les parcours et les marches dans la nature. Mais son frère a envie de haute montagne et décide de faire le cours d'aspirant guide. Jean Troillet a une confiance énorme en son frère. Il se souvient qu'à partir du moment où il décide de faire de la montagne et de commencer à grimper, il doit travailler dur pour s'offrir sa première corde et sa veste duvet Lionel Terray. Il se souvient d'avoir testé sa veste par mauvais temps en montagne, et qu'elle tenait chaud malgré la pluie.
00:13:17 – 00:14:08 (Séquence 12) : L'interlocuteur demande à Jean Troillet quelle a été l'attitude de ses parents devant son choix de faire de la montagne. Jean Troillet explique que son père, chef de la colonne de secours et connaissant les dangers de la montagne, enjoint à ses enfants d'être prudents. Sa mère avait aidé son père lors de rapatriement de blessés. Les deux premières années, il explique que lui et son frère voulaient que personne ne connaisse leur activité. Hormis leur père, personne n'était au courant. Il se souvient qu'ils partaient de nuit et rentraient de nuit à la maison, et s'ils devaient rentrer plus tôt ils rentraient furtivement par le balcon.
00:14:12 – 00:15:52 (Séquence 13) : L'interlocuteur invite Jean Troillet à citer les voies difficiles qu'il a réalisées au début de sa carrière. L'alpiniste raconte que son frère et lui décident de partir au Grand Capucin faire l'ascension de la voie Bonatti. Jean Troillet explique qu'il ne connaissait pas ce parcours mais qu'il faisait confiance à son frère. Il se souvient d'un moment extraordinaire où devant une cordée anglaise ils ne parviennent pas à avancer, ils doivent camper à une longueur du sommet sur une petite plateforme. Les Anglais par politesse leurs offrent une soupe puisque les deux frères n'avaient rien pris ne pensant pas bivouaquer. Il se souvient que ses parents ont passé un mauvais moment puisque Daniel devait rentrer prendre des clients dans la vallée, ses parents inquiets téléphonent toute la nuit pour retrouver leurs enfants. Le lendemain ils parviennent à rassurer leurs parents par téléphone.
00:15:57 – 00:17:44 (Séquence 14) : Jean Troillet parle de son frère Daniel comme d'une personne qui donne l'exemple et parle seulement si nécessaire. Il ajoute que Daniel lui a appris que à faire de la montagne d'abord pour soi et pour le plaisir. Il se souvient qu'ils partaient avec son frère quel que soit le temps, parfois simplement jusqu'au pied de la montagne. Il se souvient qu'ils sont partis un été à trois guides à l'éperon Walker aux Grandes Jorasses. Ils arrivent à la cabane où ils retrouvent d'autres guides. Ils commencent à grimper, mais la neige commence à tomber, ils doivent redescendre à la cabane de nuit et se retrouvent les douze guides ensemble. Jean Troillet précise que cela a été un moment important pour lui.
00:17:50 – 00:19:11 (Séquence 15) : L'interlocuteur évoque le milieu alpin d'Orsières et les fortes personnalités qui le constituent, il invite Jean Troillet à évoquer quelques-unes de ces figures. Jean Troillet cite Michel Darbellay, figure importante de l'alpinisme valaisan. Jean Troillet se souvient qu'il était l'image du vrai guide qui parle peu. Il cite également Michel Vaucher. Il se souvient qu'il parlait de la montagne sans se vanter et avec respect. Il se souvient encore du plus grand guide qu'il ait rencontré à son cours d'aspirant, Robert Coquoz de Salvan, à qui il voue un grand respect pour sa connaissance de la montagne.
00:19:17 – 00:21:11 (Séquence 16) : Jean Troillet est invité à parler de la période où il a exercé le métier de guide. L'alpiniste explique que le moment où il est devenu guide professionnel a coïncidé avec l'acquisition d'une grande responsabilité. Il raconte que lors de sa première course son frère lui conseille partir seul sur le glacier pour faire un repérage et poser des marques, afin qu'au moment du départ au petit matin, il y ait déjà des signes. Jean Troillet se souvient qu'il lui suggère encore prendre une carte dans la veste et de l'apprendre par cœur pour pouvoir répondre aux questions des touristes à propos du nom des montagnes. Jean Troillet n'a jamais excellé dans l'exercice de description des montagnes et raconte qu'il s'est parfois senti emprunté pour répondre à une question précise d'un client.
00:21:18 – 00:22:26 (Séquence 17) : Lors de sa troisième course aux Grands Combins, Jean Troillet a un accident. A ce moment-là il comprend la valeur du métier de guide, puisqu'un des clients est mort lors d'une descente en cordée après une chute de 500 mètres. L'alpiniste explique que lorsqu'un client décède c'est un moment difficile. Le sauvetage est fait par Bruno Bagnoud une personne qu'il apprécie beaucoup. Au moment de l'arrivée de l'hélicoptère, Jean Troillet se souvient du regard et du sourire rassurant du sauveteur. A l'hôpital, on lui fait des tests. Il n'est pas présent lors de la réunion de familles lorsque ses proches apprennent la nouvelle. Il se souvient d'un moment fort lorsque son père descend à l'hôpital, lui met la main sur les yeux pour le calmer. Jean Troillet souligne que c'est un moment qui ne nécessite aucune parole.
00:22:34 – 00:25:24 (Séquence 18) : Après plusieurs saisons de guide, Jean Troillet quitte la Suisse régulièrement pour le Canada. C'est un film de Roger Frison-Roche "Peuple chasseur d'Arctique", ainsi que le film Jeremiah Johnson tourné dans le grand nord canadien, qui lui donnent envie à tout prix d'aller voir ce pays de grandes libertés. L'alpiniste évoque le hasard qui l'amène au Canada: lors d'une montée à la cabane du Trient pour le tournage d'un film pour la télévision il rencontre Sepp Renner un guide d'Andermatt qui est marié et habite au Canada. Sepp Renner est le premier à avoir lancé le ski-héliporté au Canada. Jean Troillet se souvient de sa surprise lorsque le guide lui demande s'il ne veut pas venir au Canada puisqu'ils ont besoin de francophones. Il accepte tout de suite. Il passe dix ans de liberté complète entre le Canada et l'Europe. Il travaille l'hiver et dépense tout l'été. La première année après le Canada il part au McKinley avec des guides de l'Oberland bernois. Lorsqu'il rentre, il rencontre Edgard Oberson et René Mayor qui lui proposent de les accompagner en Patagonie. Pour lui la Patagonie était associée à son maître Lionel Terray, il accepte donc. L'expédition étant onéreuse, ils décident de travailler puis de partir grimper. Ils partent en Amérique du Sud et réussissent à faire le sommet dans la tempête puis redescendent. Il se souvient par la suite d'expéditions extraordinaires dans le Grand Nord canadien.
00:25:32 – 00:26:26 (Séquence 19) : L'interlocuteur rappelle que cette période marque le passage de la carrière d'alpiniste professionnel à celle d'aventurier. Jean Troillet prend le passeport canadien. Il explique qu'il est très fier d'avoir pris le passeport canadien, parce que contrairement à son passeport suisse, c'est un choix qu'il a pu faire lui-même. Il ajoute que ce passeport lui permet d'aller travailler librement au Canada, et qu'il peut désormais le transmettre à ses enfants.
00:26:34 – 00:27:37 (Séquence 20) : Jean Troillet explique que l'acquisition du passeport canadien, tout comme le fait de grimper une montagne, appartiennent à des choses qui de l'extérieur paraissent sans utilité mais qui apportent beaucoup de choses à l'intérieur. L'interlocuteur demande à Jean Troillet si l'appellation de conquérant de l'inutile lui convient. Il explique que ce qu'il a réalisé ne lui est jamais apparu comme inutile mais comme nécessaire.
00:27:45 – 00:28:52 (Séquence 21) : L'interlocuteur invite Jean Troillet à parler de sa découverte de l'Himalaya. Jean Troillet souligne d'abord que "l'himalayisme" classique a été initié par ses prédécesseurs sans la connaissance de l'Himalaya que l'on possède aujourd'hui. Les pionniers de l'himalayisme commençaient toujours par installer un super camp au pied de la montagne puis montaient progressivement des camps en direction du sommet, toujours avec de l'oxygène. L'alpiniste précise que lui et ses amis suivaient plutôt les traces de Reinhold Messner qui a inventé le style dit "alpin".
00:29:01 – 00:30:02 (Séquence 22) : L'interlocuteur rappelle que si Reinhold Messner a révolutionné la façon d'envisager l'ascension de l'Himalaya, Jean Troillet y aura aussi introduit des éléments novateurs. Jean Troillet explique que lorsqu'il entreprend sa première ascension en 1982 il ne sait pas, malgré sa technique et sa pratique de la montagne, s'il aura les gènes de haute altitude. Il monte à 8200m avec Romolo Nottaris, mais se font prendre dans la tempête et sont contraints de redescendre. Jean Troillet explique qu'il se sent alors bien là-haut et comprend qu'il a les gènes. Il rentre à la maison sans sommet mais avec l'impression d'avoir été gratifié de quelque chose. Dès lors, il retourne chaque année dans l'Himalaya.
00:30:11 – 00:32:40 (Séquence 23) : Jean Troillet explique que cette nouvelle pratique de l'himalayisme consiste tout d'abord à grimper en style alpin, ce qui veut dire sans oxygène, sans sherpas ni corde ou camp fixe. Il explique que par la suite ils ont inventé un autre style avec Erhard Loretan qui consiste à grimper jour et nuit pour passer le moins de temps en altitude. L'alpiniste souligne que c'est l'expérience qui leur a appris qu'à force de passer trop de temps en altitude le corps s'affaiblit. Jean Troillet raconte que la première expérience qu'ils ont faite c'était au K2 sans prendre de tente. Il se souvient d'un moment difficile lors de l'ascension du Dhaulagiri, à 8000 m d'altitude, lorsqu'ils doivent bivouaquer assis sur un sac à dos les pieds dans le vide, ils avaient alors un sac de couchage pour trois à des températures de -50°. Cette aventure va les forger pour la suite. Jean Troillet explique qu'ils décident de partir à l'Everest avec le minimum de matériel possible, un demi-litre d'eau froide et deux barres énergétiques. Il explique qu'ils n'étaient pas confiants au moment d'entreprendre cette expédition, aujourd'hui on en parle comme d'une ascension exceptionnelle. Il se souvient d'avoir eu un sentiment de plaisir pendant l'ascension et une fois au sommet.
00:32:50 – 00:33:12 (Séquence 24) : Jean Troillet raconte que dans son livre Reinhold Messner juge que ce que les deux alpinistes ont accompli sur la face nord de l'Everest en 43 h aller retour est un exploit supérieur à ses douze 8000. L'alpiniste est touché par les propos de Messner auquel il voue un grand respect et qu'il a pu rencontrer.
00:33:22 – 00:35:06 (Séquence 25) : L'interlocuteur invite Jean Troillet à raconter sa rencontre avec Erhard Loretan. L'alpiniste rencontre Erhard Loretan à vélo à Katmandou en 1984, puis lors d'un repas le soir même avec le Ministère du Tourisme. Jean Troillet décrit Erhard Loretan comme un homme attaché à ses racines gruériennes. Il raconte qu'ils prennent l'habitude Ehrard Loretan et lui de manger des fondues avant de commencer une ascension.
00:35:16 – 00:37:13 (Séquence 26) : L'interlocuteur invite Jean Troillet à parler des difficultés de mise en place dans la préparation d'expéditions. Jean Troillet raconte que lors de sa première expédition au K2, Erhard Loretan part en avance pour préparer les papiers à Islamabad, où il rencontre l'officier de liaison. Il envoie un fax à Jean Troillet lui signifiant qu'il ne peut monter au camp de base, il comprend alors que la décision est négative. Jean Troillet se fait alors passer pour un docteur. Après deux ou trois jours de marche il se retrouve nez à nez avec l'armée, puis un docteur amené par hélicoptère. Il souvient qu'il a dû inventer une histoire en disant qu'il a fait un propédeutique à Genève et qu'il fait une recherche en haute altitude pour une entreprise pharmaceutique. Il se souvient également qu'il a dû parfois s'improviser dentiste. Un jour un porteur montre ses dents pourries à Jean Troillet, il l'anesthésie et au moment où il crie parvient à lui arracher une dent, ce qui lui ôte sa douleur. Un deuxième arrive aussi avec une dents à moitié arrachée, mais l'alpiniste n'ose pas l'enlever de peur d'aggraver la situation.
00:37:24 – 00:38:00 (Séquence 27) : Jean Troillet explique qu'au niveau de la préparation, ils ne fait pas un entraînement spécifique puisque, étant guide, il ne fait que de la montagne. Il se souvient que pour les deux derniers sommets qu'il a faits avec Erhard Loretan il n'a pas fait de montagne avant mais d'autres sports pendant l'été afin arriver là-bas avec le feu sacré et l'envie de grimper. Il explique que cette fois-là bien qu'il souffre pour s'acclimater l'expérience est concluante.
00:38:11 – 00:38:47 (Séquence 28) : Jean Troillet explique qu'avant chaque départ de course, les sherpas bouddhistes par un rituel demandent la protection des dieux. Il raconte que même les personnes athées qui faisaient partie de l'équipe pleuraient tellement elles étaient touchées. Jean Troillet explique qu'Apa Sherpa, qui a fait 21 fois le sommet de l'Everest, lui dit de prendre un sachet de riz pour se protéger des avalanches. Il se souvient d'avoir été emprunté au moment d'accepter, mais pense avoir été protégé.
00:38:59 – 00:40:51 (Séquence 29) : Jean Troillet explique le hasard qui l'a conduit à rencontrer Mireille sa future femme. C'est au camp de base de l'Everest, où elle accompagne sa sœur amie d'Erhard Loretan qu'il tombe amoureux. C'est à son retour qu'ils ont pu vraiment faire connaissance. Par la suite, il lui fait connaître le milieu, et l'emmène plusieurs fois en expédition, notamment pour sa descente de l'Everest en snowboard. Jean Troillet raconte qu'il l'a emmenée en secret au Québec pour se marier. Jean Troillet raconte que le moment le plus exceptionnel de sa vie est la naissance de sa fille Justine le 15 octobre 2000 peu après l'ouragan Lothar.
00:41:04 – 00:41:26 (Séquence 30) : Jean Troillet évoque la réaction de sa mère à son retour de l'Everest. Celle-ci met des bougies pour Erhard Loretan et toute l'équipe, espérant son fils au bout de ses aventures; lorsqu'il lui annonce qu'il retourne en expédition au K2 elle soupire en disant qu'il n'est pas guéri.
00:41:39 – 00:42:06 (Séquence 31) : L'interlocuteur demande à Jean Troillet s'il prend un drapeau lors de ses expéditions. L'alpiniste explique qu'il ne grimpe pas pour un pays, mais pour le plaisir d'être avec ses amis. Il explique que le matériel étant soumis à de lourdes taxes lors du passage de frontière il ne prend pas de drapeau. Il déroge parfois à cette règle lorsqu'il s'agit d'un sponsor qui a payé spécifiquement pour cela.
00:42:20 – 00:42:44 (Séquence 32) : Jean Troillet explique qu'il a du mal à adhérer à une religion qui met des barrières à la liberté des hommes, mais raconte que lorsqu'ils sont au sommet avec son ami Erhard Loretan, ils ressentent une présence sans savoir à quoi l'attribuer ni la rattacher à une religion en particulier.
00:42:58 – 00:43:53 (Séquence 33) : L'interlocuteur invite Jean Troillet à parler de la suite de son parcours d'aventurier dans le Grand Nord et dans les océans. Jean Troillet explique que c'est suite à l'invitation de Pierre Fehlmann au Sud de l'Espagne pour une compétition avec plusieurs guides qu'il rencontre Laurent Bourgnon qui l'invite sur un trimaran. Jean Troillet se rend par la suite chez lui en Bretagne et l'invite en montagne. L'alpiniste se rappelle qu'il a réussi à réunir sur un bateau Mike Horn et Laurent Bourgnon et se souvient des souvenir passionnants qu'ils ont pu échanger.
00:44:08 – 00:45:47 (Séquence 34) : Jean Troillet raconte sa rencontre avec deux jeunes, Sébastien Gay et Claude-Alain Vaillant, qui font toutes les montagnes autour de la frontière valaisanne. Après cette course, ils partent à l'Himalaya ensemble, et au retour, il part ouvrir une nouvelle voie au Cervin avec Sébastien Gay, qui a 30 ans de moins que lui. L'alpiniste explique que cela a été un honneur pour lui malgré le fait qu'il n'ait pas pu faire cette ascension à cause des intempéries. Deux ans plus tard ils finissent la voie en l'honneur de Sébastien, depuis décédé. A la descente de la cabane il téléphone au père du jeune homme pour lui annoncer que la voie portant le nom de son fils est ouverte. Il se souvient que le père était très ému. Jean Troillet raconte qu'ils laissent une urne à l'endroit où ils ont réalisé leur bivouac en hommage au jeune homme. L'urne y est toujours puisque des grimpeurs l'ont vue en 2012.
00:46:02 – 00:46:29 (Séquence 35) : Générique de fin du Plans-Fixes consacré à Jean Troillet, performances et amitiés, et tourné à La Fouly (VS), le 8 février 2012.
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